Julio (de son vrai nom Jules) Pamies est décédé à Tours le 16 février 2010 (enterré à Nice, le 20). Il était né à Oran en 1925 (mais il a souvent dit 1929 !) et il pratiquait avec bonheur sax ténor, clarinette, flûte et piano. C’est à l’âge de 9 ans qu’il débute l’étude du piano. Il découvre le jazz en 1943 et commence le sax ténor en autodidacte. Fin 1946, il entre dans l’orchestre de Bob Cockné et c’est avec cet ensemble qu’il arrive en France. Professionnel, il ne pratique les instruments à anche au cours de la période 1947 à 1956. En 1948, avec Bob Cockné, Julio est en résidence au Palais de la Méditerranée de Nice alors que se déroule l’historique festival du Jazz. Julio à cette occasion participe à des jam sessions avec notamment le fameux Lucky Thompson. L’orchestre de Cockné comprend à cette époque les trompettistes Henri Van Haeke, Pierre Lamidiau et Jean Audier (cf photo). Julio joue ténor, clarinette et flûte. Il passe aussi au Maxim’s de Nice. A Casablanca, en 1949, Julio s’est mesuré à Don Byas pour un bœuf. Il revient en France et s’y fixe. En 1950-51, il est titulaire dans l’orchestre de jazz du trompettiste Vincent Casino. Avec ce groupe, il joue à Trouville, Marseille, Juan-les-Pins. Il est ensuite membre de l’orchestre du pianiste Gérard Gustin (1952-53). En 1953, il joue au Casino de Trouville dont la vedette est Gilbert Bécaud. En 1956, il revient à la pratique du piano, qui est alors son instrument principal. En 1958-59, il fait les galas du saxophoniste Pepe Luiz à la tête d’un orchestre « Typique » où passent les Pierre Sellin, Yves Lalouette, Al Mone, Jacques Jay à la trompette. Julio apparaît à la télévision avec cet ensemble. Il entre ensuite dans l’Orchestre du saxophoniste Jack Ary au Casino de Biarritz, qui pour un temps a eu Sylvio Gualda comme batteur et le fameux Al Mone, trompettiste très doué pour le registre aigu (été 1959). En 1962-1975, Julio Pamies se produit surtout avec son propre orchestre dans lequel joueront le guitariste Alain Wilsch et le trompette Jacky Barrier. Dès 1956, il joue aussi, à l’occasion, comme pianiste du cabaret La Paix à Tours. Il y fit même le bœuf avec Count Basie ! En 1967, il se fixe à Tours et en plus de ses activités de musiciens, il s’occupe du magasin Pamies-Musique (Alain Wilsch y a donné des leçons de guitare). Nous l’avons connu à partir de 1977, au sein du big band de Marc Robert. Cet ensemble de 1976 à 1978 a lancé un nombre incroyable de jeunes talents comme les trompettistes Guy Bodet, Philippe Corcuff, les saxophonistes Marc Chisson, Jean-Pierre Aupert, piano/percussion Jack Robineau, les batteurs Bertrand Maillot, Thierry Lange-Berteaux qui, tous, firent ensuite parler d’eux. Pamies, ténor solo, parfois pianiste (petite influence Garner) y était un sage « du métier ». Nous avons retrouvé Julio une seconde fois dans une formation d’effectif plus réduit à nouveau sous la conduite du saxophoniste Marc Robert pour lequel Julio avait beaucoup d’estime. Cet ensemble de jazz a été engagé, par ailleurs, pour une séance d’enregistrement pour le cirque Pinder dirigée par le trompettiste Jacques Jay que Julio connut à Paris (novembre 1980). Dés lors, en plus des orchestres de Marc Robert, Julio prêtait son expérience aux orchestres de Jacques Jay, comme pianiste, notamment un remake des Trumpet Brothers dont nous avons fait partie (1981) et les Jay’s Dixieland Stompers (1981-83) qui se sont produits au Festival du Jazz à Dresde. Son saxophoniste préféré était Stan Getz ce qui s’entendait dans sa conception de la sonorité qu’il pouvait rendre plus « saignante » quand le répertoire l’imposait.
Michel Laplace
© Jazz Hot n°650, hiver 2009-2010
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