Bruxelles Jazz Orchestra, les 20 ans !
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21 mars 2013
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Bruxelles, Flagey, 21 mars 2013
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© Jazz Hot n°663, printemps 2013
En avril 1993, des jeunes musiciens se retrouvaient tous les mardis au Sounds Jazz Club pour jammer. Ces rendez-vous hebdomadaires, s’enrichirent très vite d’arrangements, sous l’impulsion de Frank Vaganée (as) et Marc Godefroid (tb). Le groupe prit – sans grande originalité – le nom de « Brussels Jazz Orchestra ». Aujourd’hui, cinq musiciens de la formation originelle font encore partie d’un band qui compte des solistes fougueux et dix-sept excellents lecteurs : 5 saxes, 4 trombones, 4 trompettes, guitare, piano, basse, batterie.
Remarqué, encouragé et subventionné par les instances culturelles de Flandre, le B.J.O. progressera sans cesse pour atteindre son niveau actuel, invitant souvent des solistes et des compositeurs de renommée internationale. En vingt années, l’orchestre a réalisé une quarantaine d’enregistrements, joué en tournées dans une vingtaine de pays, dont les Etats-Unis qui lui attribueront la troisième place au referendum de Down Beat.
Le 21 mars, le Studio 4 de Flagey accueillait Frank Vaganée (as, fl, pipo) à la tête de son herd de seize hommes et une femme (Nathalie Loriers - p). Après « Hoppin’ Around » de Joris Piets (leur ingé-son) en guise d’indicatif, Michel Herr vint diriger trois de ses compositions : « Springboard » d’abord avec un solo magistral de Bart Defoort (ts), puis : « Extrêmes » qui débute par un lead de Dieter Limbourg à l’alto suivi de crescendos sax-trompette, une transition plus retenue allant du piano à la basse puis à la batterie, des backings saxophones + trombones et des solos de Kurt Van Herck (ts), Nathalie Loriers (p) et Hendrik Braeckman (g). Frank Vaganée tint à remercier Michel Herr pour les arrangements qu’il a confiés à l’orchestre, soulignant au passage que le succès international du B.J.O depuis 2007 tenait en grande partie à la richesse de son travail. Pour suivre, David Linx (voc) fit étalage de sa maîtrise vocale, le band restant dirigé par Michel Herr (« Bess, You Are My Woman Now »). « Portrait of Jennie » : une ballade de Kenny Werner, toute en nuances et en couleurs, débuta par un solo de piano suivi par un beau crescendo de Frank Vaganée à l’alto. La chanteuse Tutu Puoane a reçu le « Sound Affrican Music Awards » avec le B.J.O. Dans cet esprit, elle nous offrit un long chant dialectal ponctué de claquements de langues puis, son : « Hlompha Bophelo » avec, en intermède : la lecture du discours prononcé à l’ONU en 1963 par Myriam Makeba. Avec « What More Could Be Right », arrangé par Lode Mertens (tb), nous avons vibré sur le solo tonique de Frank Vaganée (as). Bert Joris (tp) a composé « For The Time Being », l’occasion pour Tutu et David de se mettre en avant par des dialogues en approches fort différenciées. Après la ballade « Cafésieste » qui mit en valeur Pierre Drevet (flh) et Dieter Limbourg (as), Bert Joris (tp, flh) rejoignit l’orchestre pour un réjouissant « Innocent Blues » qui nous rappela combien ce musicien, compositeur sensible, aurait mérité de figurer au panthéon Outre-Atlantique. Toots Thielemans (hca) a, lui aussi, enregistré avec le B.J.O. Mais Toots, qui doit se ménager, n’était pas présent à ce rendez-vous de l’excellence. Il laissa donc la vedette à un jeune septuagénaire : Philip Catherine (g). Bert Joris et Philip jouèrent « Letter From My Mother » et « Happy Tears » : des compositions du guitariste parfaitement orchestrées et mises en place autour des solos majestueux. En clôture, le band revint seul avec « Warp 9 » et des solos de Kurt Van Herck (ts), Frank Vaganée (as) et Toni Vitacolonna : le jeune et nouveau drummer du B.J.O. Après les vivas, les fleurs et les bisous, tout ce beau monde revint pour interpréter, de concert « Dance For Victor » : le désormais standard de Philip Catherine. Solos de Marc Godefroid (tb), Bert Joris, Philip Catherine, David Linx et Tutu Puoane.Deux heures trente de concert plus tard : le champagne et les petits fours seront offerts aux huiles et à la presse flamande. Chope de bière pour les autres ! Pour moi : petite coda au Sounds où Sergio Duvaloni entame sa vingt-septième année à la barre de son jazz club. Ce soir-là : du solide, classe et classique, avec Stéphane Mercier (as), Gino Lattuca (tp), Vincent Bruyninckx (p), Hendrik Vanattenhoven (b) et Wimm Eggermont (dm).
Jean-Marie Hacquier
Photo Michel Herr © Jos Knaepen
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