© Jazz Hot n°663, printemps 2013
Deux heures de musique intense sans entracte. Bobby Watson d’entrée de jeu nous parle de « jazz from America », soulignant au passage : « No America, No Jazz ». Et il commence par « Cousin Mary » de John Coltrane dans lequel son alto joyeux est plus dans la lignée de Lou Donaldson que dans le style de l’auteur du thème. Chaque membre se présente en solo : Dado Moroni (p), Marco Panascia (b), Alvin Queen (dm). C’est plus tard, dans « Wheel Within’ A Wheel » (paroxysmes de l’altiste) et plus encore dans « The Nubian Breakdown » que l’atmosphère (modale) est coltranienne, Moroni et Queen savent installer cette tension digne du tandem McCoy Tyner-Elvin Jones. « Quiet as it’s kept » met en valeur la qualité de sonorité de Bobby Watson. Puis c’est « Confirmation » de Charlie Parker avec un remarquable solo d’Alvin Queen. « Always A Friend » est une ballade qui permit d’apprécier les rondeurs de son du bassiste et un relais plus qu’échange entre Watson et Moroni. C’est en référence au « I have A Dream » de Martin Luther King que Bobby Watson a composé ce « Sweet Dreams » qui est un thème joyeux exposé à la manière d’un Cannonball Adderley poussé par un Alvin Queen très Blakey. A signaler ici, un solo de piano, riche, varié, puissant. Après un standard exécuté en trio, Bobby Watson propose un medley Strayhorn-Ellington dont on retiendra « In A Sentimental Mood » soulignant le respect de l’altiste (né en 1953) pour Johnny Hodges (bon solo de piano aussi). On est déjà arrivé au bis qui est « Moanin’ » : solo rageur, véhément de Bobby Watson, survolté de Dado Moroni, puis du bassiste autour du thème et enfin d’Alvin Queen en puissance. Le succès est tel qu’un second bis (« Minority » de Gigi Gryce) nous fut accordé ! Une belle révision de l’histoire de l’alto en « jazz from America » !
Michel Laplace
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