Georges Grenu
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23 juillet 2013
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25 juin 1925, Tourcoing (59) – 23 juillet 2013, Chaussée-Saint-Victor (41)
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© Jazz Hot n°664, été 2013
Georges Grenu,
saxophoniste (ténor, soprano, parfois alto), clarinettiste, flûtiste,
musiciens pour musiciens est décédé dans une clinique à Blois. Excellent
soliste jazz, il fut aussi capable de tout jouer bien (ce qui est
suspecte chez les « puristes »). Il n’encombre donc pas (et injustement)
les dictionnaires « de jazz ». Georges Grenu, très respecté dans le
métier, est aux anches ce que Roger Guérin fut à la trompette, ou son
ami Alphonse Masselier, à la contrebasse. Georges est avec Roger Guérin
dans de nombreux disques que ce soit à la clarinette pour Jean
Constantin (pour une séance genre Fats Waller, 1965) ou au saxophone
chez André Hodeir (cf. document Ina su 29 janvier 1972).
Georges Grenu débute à l’âge de 13 ans la pratique de la clarinette.
Il commence le métier de musicien pendant la guerre jusqu’en 1943. Il
s’engage dans le 1er Régiment d’Infanterie à Bourges puis rejoint le
maquis à Aubigny-sur-Nere (Cher). C’est donc en 1945 que débute vraiment
sa carrière dans des petits orchestres jazz du Nord et en Belgique. Il
joue à Lille avec les jazzmen locaux : Fernand Verstraete, Benny
Vasseur, Dante Agostini, Henri Van Haeke, Raymond Katarzynski. Autant
dire des super-techniciens qui feront une carrière similaire à la
sienne. En 1946, il se fixe à Paris. Il est engagé dans l’Orchestre de
Fernand Clare à l’Olympia de Paris et au Palais de la Méditerranée de
Nice. Il joue brièvement pour Aimé Barelli à Monaco puis remonte à
Paris. Il se produit au Maxim’s (1953) puis entre dans l’Orchestre de
Jacques Hélian où il partage le pupitre des sax avec Roger Lemaitre,
Pierre Gossez, Georges Blanc et Gérard Lévêcque. Les trompettes sont
Maurice Thomas, André Cornille, Louis DeHaes, Janot Morales, les
trombones Guy Destanque, Henri Tallourd, Henri Degouy. On trouve
Ladeslas Czebanik à la basse, Marcel Bianchi, guitare, Armand Molinetti,
drums. Il est resté trois ans chez Hélian avec lequel il a copieusement
enregistré. Georges joue aussi au Moulin-Rouge et au cabaret Nouvelle
Eve. Il devient « requin », sollicité pour les disques, à la télévision
(émission de Jean Nohain), puis les musiques de film (1959, J'irai cracher sur vos tombes avec Alain Goraguer ; 1960, L’eau à la Bouche ;
etc). Il remplace Bobby Jaspar dans le Jazz Groupe de Paris d’André
Hodeir ce qui lui vaut de ne pas être totalement ignoré des très
sectaires jazzfans. Il participe à l’album Le Jazz Groupe de Paris joue André Hodeir
(1956). Mais Georges traverse aussi la vogue rock’n roll sans problème
tant pour Georges Guétary (« Georges, viens danser le rock’n roll ») que
pour Johnny Hallyday chez Vogue (avec Alphonse Masselier, b, Teddy
Martin, dm). Il retrouve Johnny Hallyday à l’Olympia (septembre-octobre
1961). Comme ses amis, les frères Hrasko, il est membre régulier de
l’Orchestre de l’Olympia (Georges Gay, lead tp). Il participe aux 45
tours de son confrère Pierre Gossez : Alan Gate et son soprano (19
mai 1960, avec Pierre Sellin, tp, Benny Vasseur, tb, Alphonse Masselier,
b, Gus Wallez, dm, Festival 2187), Alan Gate-Dixieland (avec
Vincent Casino, tp, Charles Verstraete, tb, Georges Arvabitas, p,
Christian Garros, dm). Georges a enregistré sous son nom (« Cadbury the
Bird »), ainsi que pour Benny Vasseur (1956), Martial Solal (1956,
1957), Armand Migiani (1956), Christian Chevallier (1956), Jo Moutet (joue les airs de l’opérette Pacifico, avec Daniel Deffayet, as), Eddie Barclay (arr. Quincy Jones : 1957, Et Voilà !; 1958), Kenny Clarke (1959), Pierre Michelot (1963, Round About the Bass, Mercury 125500), Boulou Ferré (1964), Ivan Jullien (1968, Big Jullien & his All Star,
Rivera), Jean-Claude Naude (1971). Georges a remplacé Budd Johnson dans
l’Orchestre Quincy Jones, joué sous la direction de Duke Ellington,
accompagné Thelonious Monk (années 1960) et il s’est produit avec Elek
Bacsik. Le
19 août 1972, il fait une émission télévisée avec les Old Sharks de
Fred Gérard. Mais le plus gros du travail de ces vrais jazzmen est dans «
les variétés », on trouve donc Georges Grenu dans l’orchestre (de
studio) de Lucien Lavoute (1970-1, Travelling Orchestra, Epervier LP
18004) avec la crème des requins : Fred Gérard, Henri Van Haeke, Georges
Gay, Jean Baissat, Pierre Dutour, René Léger (tp), André et Michel
Paquinet, Benny Vasseur, Gaby Vilain (tb) ; Georges Bessière, Jo et
Marcel Hrasko, René Nicolas (anches), Lou Gamme (fl), Barthélemy Rosso
(g), Alphonse Masselier (b), Armand Molinetti (dm), Jean-Pierre Drouet,
Michel Lorin (perc). Il enregistre aussi pour Roger Simon (1973, avec
Gilbert Dias, Jean Baissat, tp, Jean-Louis Chautemps, ts, Maurice
Vander, p, Guy Boyer, vib, Guy Pedersen, b, André Sibton, dm) et pour
François Rauber (Musique de Cirque avec Romain Mayoral, cl-s). Georges
enregistre bien sûr pour Serge Gainsbourg (1960, Romantique 60, Philips), John William (1963-4, Negro Spirituals,
LP Polydor 46135), Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Claude François,
Jeanne Moreau, Jacques Brel. On l’a vu à la télévision avec Alice Dona,
et entendu derrière Liza Minelli et Sammy Davis Jr.
L’essentiel de son activité jusqu’en 1987 est à la télévision pour Maritie et Gilbert Carpentier, Jacques Chancel (Grand Echiquier) puis le Thé Dansant
de Jacques Martin au sein des Merry Boys de Bob Quibel, tout d’abord
avec Henri Van Haeke puis Maurice Thomas (lead tp), Loulou Vezant, Fred
Gérard, Jean-Claude Naude (tp).
En 1987, il se retire à Cagnes-sur-Mer. Il a l’occasion de jouer avec Roger Guérin.
En 2007, il s’installe à Saint-Aignan sur Cher. Il est immédiatement
sollicité par Marc Robert qui l’intègre au Big Band du Val du Cher qui
utilisa souvent François Guin (tb) et Marc Laferrière (ss) comme
solistes invités. J’ai eu l’occasion de jouer avec cet orchestre et
Georges encore en pleine forme en 2010. Georges a aussi joué avec son
quintet pour le Jazz Club de Tours.
Jusqu’en 2011, nous retrouvions Georges Grenu à la Ste Cécile à
Montmartre, où les anciens professionnels de tous styles aimaient à se
retrouver. Georges Grenu est alors victime d’une redoutable maladie. Il
est décédé dans la nuit du 22 au 23 juillet 2013. Les obsèques ont eu
lieu à Saint Aignan le vendredi 26 juillet à 15 heures. Adieu l’artiste
et toutes nos condoléances à Simone, son épouse.
Michel Laplace
Photo©Lisiane Laplace
vidéos
29 janvier 1972, studio TV des Buttes Chaumont, André Hodeir joue
ses oeuvres maîtresses :"Transplantation", "Catalyse", un extrait de
"Anna Livia plurabelle", "Comin' on the Hudson" (adaptation du thème de
Thelonious Monk). L'orchestre est composé des saxophonistes Roger
Simon, Jacques Nourredine, Georges Grenu et Armand Migiani, des
trombonistes André Paquinet et Charles Verstraete, des trompettistes
Roger Guérin, Christian Bellest et Maurice Thomas, du contrebassiste Guy
Pedersen et du batteur André Arpino : http://www.ina.fr
Fred Gérard & his Old Sharks, 1972
http://www.youtube.com/watch?v=cVS5iAHknSo
Big Band du Val du Cher, 2010
http://www.youtube.com/watch?v=xFXwZg4uNCo
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