King Curtis
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29 oct. 2013
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The New scene of King Curtis-Soul Meeting
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© Jazz Hot n°665, automne 2013
Réédition-Indispensable
Da-Duh-Dah, Have You Heard?, Willow Weep For Me, Little Brother Soul, In a Funky Groove, Soul Meeting, Lazy Soul, All the Way, Jeep's Blues, What Is This Thing Called Love, Do You Have Soul Now? King Curtis (ts), Nat Adderley (crt) except 3 et 8, Wynton Kelly (p), Paul Chambers (b) 1-5, Sam Jones (b) 6-11, Oliver Jackson (dm) 1-5, Belton Evans (dm) 6-11 Enregistrés à Englewood Cliffs, NJ les 21 avril 1960 1-5 et 18 septembre 1960 6-11 Durée : 1h 19’ 04” Fresh Sound Records 714 (www.freshsoundrecords.com)
Comme à son excellente habitude, le label Fresh Sound réunit ici avec cohérence deux albums – The New Scene of King Curtis et Soul Meeting – d’un ténor qui s’est illustré dans le circuit du blues et rhythm and blues plus que dans le jazz réduit à son sens stylistique et à son circuit commercialement étiqueté. King Curtis, c’est une biographie exemplaire de ces années d’après-guerre qui se finira comme un roman de Chester Himes. Cela ne doit pas cacher en quoi ce type de musicien est représentatif de son époque et de sa communauté. Né en 1934 et élevé au Texas, c’est là que Lionel Hampton, décidément amateur du texas sound pour les ténors, le remarque et l’entraîne à New York, et c’est bien dans le jazz de ce temps qu’on le retrouve aux côtés d’Horace Silver entre autres et ici de très belles sections rythmiques autour de Wynton Kelly et avec la participation de Nat Adderley. C’est dans cette époque que la cohérence musicale est à son zénith dans la communauté afro-américaine car pour être jazz, on n’en est pas moins blues ou soul, de Ray Charles à Duke Ellington, en passant par Horace Silver, Ray Bryant, Art Blakey, John Coltrane et des milliers d’autres dont Wynton Kelly. Effectivement ce disque est marqué autant par le blues que par la musique religieuse (« Soul Meeting ») que par l’esthétique jazz de son époque, le mainstream, le bebop et le hard bop. Le blues pour un ténor texan et la musique de l’âme pour un fils de pasteur, rien de très étonnant. On sait que King Curtis a fini prématurément en 1971 (un funeste coup de couteau) sa carrière musicale et sa vie comme directeur musical d’Aretha Franklin, après avoir eu un parcours des plus réussis dans le genre constitué commercialement sous l’étiquette soul-rhythm and blues music. C’est vrai que le succès de Ray Charles puis dans sa foulée d’une multitude de musiciens reprenant cette synthèse esthétique de l’histoire afro-américaine, a ouvert une voie chez Atlantic en particulier sous la houlette de Jerry Wexler, le label auquel King Curtis consacrera après 1960 la plupart de ses efforts. Mais ne nous y trompons pas, King Curtis connaît son jazz sur le bout des doigts et ces deux albums nous le montrent très à son aise dans cette esthétique, aussi émouvant dans les ballades (« All the Way ») qu’un Ben Webster, il peut partager aussi la véhémence d’Hawkins (« What Is this Thing Called Love »), avec un gros son et un swing qui font merveille au sein de formations magnifiques ou Paul Chambers alterne avec Sam Jones où Nat Adderley apporte un joli contrepoint, y compris dans le blues. C’est donc plus d’une heure de beau jazz puisant à toutes ses racines avec le naturel des musiciens de culture : King Curtis est effectivement intense dans le blues (« Jeep’s Blues »), inspiré dans la musique d’origine religieuse (« Soul Meeting ») et brillant dans tous les registres (« What Is this Thing Called Love »). Du grand jazz, éternel, et sa dernière question (« Do You Have Soul Now? ») est explicite.
Yves Sportis
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