Fiedrich Gulda
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19 nov. 2013
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Live at Birdland
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© Jazz Hot n°665, automne 2013
Réédition-Indispensable Dark Glow, Scruby, Air From Other Planets, Vienna Discussion, A Night in Tunisia, Dodo, Bernie’s Tune, New Shoes, Quintet, Introvert, Teheran, Cool Hill, Out of Nowhere, Lullaby of Birdland, All the Things You Are Fiedrich Gulda (p), Idress Sulieman (tp), James Cleveland (tb), Phil Woods (as), Seldon Powell (ts), Aaron Bell (b), Nick Stabulas (dm) Enregistré en 1956, New York Durée : 1h 16’ 58” Membran Music 233156 (www.membran-online.de)
Celles et ceux qui n’auraient jamais eu de frissons en entendant la voix gouailleuse de Pee Wee Marquette annoncer de la scène du Birdland-Jazz Corner of the World le quintet d’Art Blakey en 59 n’en auraient pas eu davantage, trois ans auparavant, lorsqu’il annonçait, cette fois-ci, le septet du pianiste Friedrich Gulda (1930-2000). Plaignons-les mes très chers frères ! Je ne voudrais pas être à la place de leurs oreilles ! Bardé de diplômes prestigieux, plus connu pour ses interprétations des sonates de Beethoven ou de Mozart son "champion du monde" en passant par celles des English Suites de Bach au clavecin, Friedrich Gulda, curieux, fantasque, n’a jamais posé son dévolu et ses doigts sur un unique univers musical. Le jazz a fait partie de son panthéon au grand dam des amateurs de tous bords aux oreilles bouchées. Bref, un précurseur sincère de l’ouverture de bon goût, loin des modes et des attrape-gogos. Tout comme son compatriote et colistier Joe Zawinul, mais un peu avant lui, Fiedrich Gulda, déjà habitué aux séjours outre atlantique, en profite pour se produire au fameux club new-yorkais à la tête d’un septet de professionnels de haut vol. Le résultat est tout simplement magnifique. En 10 originaux et 5 standards, la messe est dite. La plage d’ouverture, « Dark Glow » une belle ballade, magnifiquement interprétée par Phil Woods ne peut que vous laisser pantois. Elle laisse augurer du reste. Et le reste n’est pas en reste ! L’écriture contrapunctique, raffinée, west coastienne en diable, laisse une large place à de sérieux clients. James Cleveland au trombone sur « Scruby » et le sous-estimé Seldon Powell au ténor sur « Dodo » ou « Bernie’s Tune », deux morceaux de bravoure de l’orchestre font merveille comme d’ailleurs le reste des compagnons de route. Avec un phrasé percussif, une articulation détachée et discours limpide à la clef, Fiedrich Gulda, « vagabond entre deux mondes », n’est pas le dernier à swinguer comme un beau diable. Proche de Bud Powell, il se montre inspiré de bout en bout. Outre un superbe solo sur l’un des thèmes fétiches de Gerry Mulligan, son intervention exemplaire sur l’indémodable « A Night In Tunisia », son dialogue avec le batteur Nick Stabulas comme les derniers mesures de la coda jouée presque de manière classique est un sommet de l’album. Parfait ! A découvrir ou redécouvrir de toute urgence. Jean-Jacques Taïb
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