Réédition-Sélection 15
titres Titres et personnel communiqués sur le livret Enregistré
le 15 octobre 1959, Freiburg (Allemagne) Durée : 1h 16'
07'' Jazzhaus 101704 (www.jazzhaus-label.com)
Que ce soit
dit une bonne fois pour toutes. Je bénis Goodman sans retenue contre
ceux qui l’ont condamné jadis et le condamnent encore pour ce
qu’il était. Sans jamais l’écouter. Je bénis Goodman, soir et
matin, pour son immense talent, pour sa musique de danse exigeante
comme pour ses petites formations dont le fantastique quartet avec
Lionel Hampton, Teddy Wilson et Gene Krupa. Je bénis Goodman sans
restriction pour son swing même s’il n’en était pas le King,
pour avoir donné à la clarinette un style et un son qui continuent
de faire école, pour son esprit d’ouverture, son courage et pour
tout ce que j’ai pu oublier. C’est sans appel. En 1959, le
très actif clarinettiste, étoile pâlissante aux USA mais populaire
à l’étranger, en déplacement musical perpétuel, vient tout
juste de passer la cinquantaine alors que sa consœur, Anita O’
Day, sa benjamine de dix ans, connaît, après des années de galère
– nonobstant une très intense et remarquable activité
discographique – une notoriété retrouvée en 58 lors de son
passage au festival de Newport. Deux carrières deux individualités
différentes, deux philosophies de vie opposées qui vont ainsi se
croiser le temps d’une tournée en Europe. Un simple gig pour
l’une, une tournée de plus pour l’autre. Rien, hors ce bel
enregistrement, pris lors du premier concert, ne transpirera de cette
cohabitation qui les conduit après Fribourg à Stockholm, Brême,
Berlin, Bâle et Vienne. Avec une moyenne formation subtilement
dosée – les anciens, légèrement minoritaires côtoient, les
jeunes be-boppers, inconnus pour certains – et un répertoire que
le public veut entendre – du « Let’s Dance »
d’ouverture au medley de fermeture ( de « Don’t Be That
Way » à « Bei mir bist du scheen ») – la
musique, sans être exceptionnelle, n’en est pas moins très
soignée. Benny Goodman, détendu, est égal à lui-même,
oubliant même les paroles sur « Gotta be this or that ».
Comme à l’accoutumée, les solistes, tous excellents, ont la part
belle. Si le vétéran Red Norvo n’est pas en reste, Jack Sheldon à
la trompette, – amusant dans le rôle de Roy Eldridge sur « Let
Me off Uptown » – Jerry Dodgion à la flûte et l’élégant
Russ Freeman au piano insufflent une énergie supplémentaire à
l’orchestre. Quant à Anita O’ Day, présente seulement sur
5 plages, elle se conduit en grande professionnelle. Outre, un bel
exposé d’ « Honeysuckle Rose » avec la basse,
elle se montre particulièrement inspirée sur « Come Rain or
Come Shine » et impériale dans son scat sur « Four
Brothers ». Grands regrets de ne pas l’entendre un peu
plus ! PS : Une erreur, un détail, un rien à
signaler : le bassiste se nomme Red Wooten et non Wootton comme
le mentionne le livret.
Jean-Jacques Taïb
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