Nouveauté-Sélection Drum On,
Drum On, Blues Koan, La, La Ohh !, Alone, Boop Bop, Bing Bash,
Beginner’s Mind, Goddess, Passages, Bo Diddley, Bolero Freddie
Bryant (g, voc), Patrice Blanchard (b), Willard Dyson (dm), Donny
McCaslin (ts), Yosvany Terry (as, perc), Juan Galiardo (p), Steve
Wilson (fl) Enregistré
en février 2011, Paramus (USA) Durée :
1h 16' 21'' Hipnotic
Records 10009 (www.hipnotic.com)
Avec Freddie et sa joyeuse
bande de fous furieux, on est à des années lumière des palinodies
politiques et des « engatses » en tous genres. Les,
« vous allez voir ce que vous allez voir », les
« retenez-moi ou j’fais un malheur », heu ! non,
après tout, on n’y va plus, on a un Monopoly et une tarte à la
crème à finir. Finalement, une mauvaise histoire… d’O. !
Autant de tergiversations que les jeunes gars qui officient sur ce
cinquième album du guitariste ne connaissent pas. Certes, les enjeux
ne sont pas les mêmes. Mais eux, se fichent comme d’une guigne de
l’angoisse métaphysique de ces pères fouettards tartarinesques.
Ils se contentent de jouer et de bien jouer. Evidemment, c’est une
musique de « djeunes » qu’on ne peut pas faire
décemment à jeun. Mais c’est de la bonne ! Sur « la
vie de Brian », pardon Bryant. Et généreux avec ça !Musicien
tous terrains – du Ben Riley’s Monk Legacy Septet, ou du Mingus
Orchestra aux râgas indiens du Dharma Jazz, via la musique
brésilienne – bien campé sur ses cordes quand elles déclinent,
en la dépassant, la tradition – « Blues Koan » – ou
qu’elles officient dans des contextes plus ou moins aventureux un
tantinet à la Steve Coleman – « Drum On, Drum On » –,
Freddie Bryant n’en finit pas de distribuer habilement sa carte de
visite. En nous laissant admirer à travers un kaléidoscope une
infinie combinaison de sons et de couleurs, le leader signe une belle
profession de foi où la versatilité le dispute à l’intransigeance
musicale. Toujours maîtrisée, subtile – « Bo Diddley »
et sa clave en 3/2 – même quand elle est d’une féroce
sauvagerie, la musique, rodée par des mois de tournées, ne faillit
jamais d’autant que les invités de service ne restent pas les
doigts gourds. A Donny McCaslin, au ténor dont la réputation n’est
plus à faire, s’ajoutent ici de solides musiciens latins :
l’altiste cubain Yosvany Terry, un peu desservi par une médiocre
prise de son et le pianiste Juan Galiardo sujet de sa gracieuse
majesté Juan Carlos, grand chasseur en tous genres devant
l’éternel. Omniprésent mais avec suffisamment de tact pour
laisser faire, Freddie Bryant respire et vénère le blues à la
manière de John Scofield. Sa musique en est totalement imprégnée.
Allez voir du côté de « Godess » au léger parfum du
dernier Mingus. Du beau travail qui pourrait séduire de jeunes
oreilles à condition qu’elles soient ouvertes et pas trop
crétinisées par des années d’imbécilités sonores.
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