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Freddie Bryant + Kaléidoscope

20 déc. 2013
Live Grooves… Epic Tales
© Jazz Hot n°665, automne 2013

Nouveauté-Sélection
Drum On, Drum On, Blues Koan, La, La Ohh !, Alone, Boop Bop, Bing Bash, Beginner’s Mind, Goddess, Passages, Bo Diddley, Bolero
Freddie Bryant (g, voc), Patrice Blanchard (b), Willard Dyson (dm), Donny McCaslin (ts), Yosvany Terry (as, perc), Juan Galiardo (p), Steve Wilson (fl)
Enregistré en février 2011, Paramus (USA)
Durée : 1h 16' 21''

Hipnotic Records 10009 (www.hipnotic.com)


Avec Freddie et sa joyeuse bande de fous furieux, on est à des années lumière des palinodies politiques et des « engatses » en tous genres. Les, « vous allez voir ce que vous allez voir », les « retenez-moi ou j’fais un malheur », heu ! non, après tout, on n’y va plus, on a un Monopoly et une tarte à la crème à finir. Finalement, une mauvaise histoire… d’O. ! Autant de tergiversations que les jeunes gars qui officient sur ce cinquième album du guitariste ne connaissent pas. Certes, les enjeux ne sont pas les mêmes. Mais eux, se fichent comme d’une guigne de l’angoisse métaphysique de ces pères fouettards tartarinesques. Ils se contentent de jouer et de bien jouer. Evidemment, c’est une musique de « djeunes » qu’on ne peut pas faire décemment à jeun. Mais c’est de la bonne ! Sur « la vie de Brian », pardon Bryant. Et généreux avec ça !Musicien tous terrains – du Ben Riley’s Monk Legacy Septet, ou du Mingus Orchestra aux râgas indiens du Dharma Jazz, via la musique brésilienne – bien campé sur ses cordes quand elles déclinent, en la dépassant, la tradition – « Blues Koan » – ou qu’elles officient dans des contextes plus ou moins aventureux un tantinet à la Steve Coleman – « Drum On, Drum On » –, Freddie Bryant n’en finit pas de distribuer habilement sa carte de visite. En nous laissant admirer à travers un kaléidoscope une infinie combinaison de sons et de couleurs, le leader signe une belle profession de foi où la versatilité le dispute à l’intransigeance musicale.
Toujours maîtrisée, subtile – « Bo Diddley » et sa clave en 3/2 – même quand elle est d’une féroce sauvagerie, la musique, rodée par des mois de tournées, ne faillit jamais d’autant que les invités de service ne restent pas les doigts gourds. A Donny McCaslin, au ténor dont la réputation n’est plus à faire, s’ajoutent ici de solides musiciens latins : l’altiste cubain Yosvany Terry, un peu desservi par une médiocre prise de son et le pianiste Juan Galiardo sujet de sa gracieuse majesté Juan Carlos, grand chasseur en tous genres devant l’éternel.
Omniprésent mais avec suffisamment de tact pour laisser faire, Freddie Bryant respire et vénère le blues à la manière de John Scofield. Sa musique en est totalement imprégnée. Allez voir du côté de « Godess » au léger parfum du dernier Mingus.
Du beau travail qui pourrait séduire de jeunes oreilles à condition qu’elles soient ouvertes et pas trop crétinisées par des années d’imbécilités sonores.

Jean-Jacques Taïb