Nouveauté-Indispensable Midnight
in Paris, Django, Delauney’s Dilemna, Milestone, Milano,
Saint-Germain-des-Prés, Concorde, Mirjana, La Ronde, Skating in
Central Park, Afternoon in Paris Christian Escoudé (g),
Stéphane Belmondo (tp, flh), Lew Tabackin (ts, fl), Jean-Baptiste
Laya (g), Thomas Bramerie (b), Billy Hart (dm) Enregistré les 9
et 10 juillet 2012, Bruxelles Durée : 52' 16'' EmArcy 322
271-5 (Universal Music)
Ce
qu’il y a de bien avec un artiste comme Christian Escoudé, c’est
que l’on a l’impression que le répertoire du jazz est en
perpétuel mouvement, ce qui est relativement vrai. Pour son dernier
opus, le guitariste Charentais rend une nouvelle fois hommage à
Django, l’un de ses maîtres, mais en s’appuyant sur l’œuvre
de John Lewis. L’ancien membre du MJQ imprégné de culture
française et très francophile avait en son temps mis en valeur le
travail du divin manouche en composant « Django », mais
aussi « Delauney’s Dilemna » ou « Afternoon in
Paris ». C’est sans surprise que le guitariste reprend à
son compte les compositions du pianiste américain en leur proposant
de passer au moule de la chaleureuse guitare ouatée d’Escoudé.
Pour cette occasion, il est soutenu par Lew Tabackin et Billy Hart
pour ce qui constitue la partie américaine du combo. Stéphane
Belmondo, Thomas Bramerie et Jean-Baptiste Laya complètent la
formation. L’entrée en matière se fait via « Midnight
in Paris » où après l’exposition du thème Lew Tabackin
laisse parler son instrument pour nous dire son amour du jazz. Le
leader vient ensuite placer ses notes bien ciselées pour poursuivre
la discussion de ce moment de la nuit à Paris. La musique s’envole
pour annoncer de la meilleure des façons « Django ». Là
encore, la subtilité du phrasé d’Escoudé fait mouche. Bien
soutenu par le jeu sur les cymbales de Billy Hart et les sonorités
évanescentes de Stéphane Belmondo, le combo parvient à recréer
une atmosphère qui renvoie aux grands moments de la note bleue. Ses
partenaires sont tout aussi géniaux lors de leurs interventions.
Stéphane Belmondo lance le combo sur des rouges et entraînent dans
sillage ses partenaires qui ne demandent pas mieux que d’entrer
dans ce jeu (« Delauney’s Dilemna »). Cette façon de
procéder dénote d’un partage de la lumière par Christian Escoudé
qui rappelle que la musique en générale et le jazz en particulier
est avant tout partage (« Milestone »). Christian Escoudé
reprend tout de même la main en exposant solitairement
« Saint-Germain-des-Prés », puis c’est un duo de haute
voltige qu’il nous livre en compagnie de Lew Tabackin. Ce dernier
imprègne le morceau de sa présence en diffusant des notes
surprenantes de sa flûte pour « Skating in Central Park ».
Après un moment échevelé lors de l’exposition de « La
Ronde », Escoudé décide de clore le chapitre, débuté autour
de minuit, dans l’après-midi avec « Afternoon in Paris ».
Entre minuit et midi, Escoudé et ses amis ont bien travaillé. Ils
parviennent ainsi à rendre un hommage flatteur au grand pianiste et
compositeur qu’était John Lewis tout en conservant une couleur à
la saveur d’un des suiveurs de Django et ouvrent ainsi d’autres
pistes de réflexion pour conserver à la musique du XXe siècle
cette saveur ineffable.
Michel Maestracci
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