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Christian Escoudé

6 jan. 2014
Saint-Germain-des-Prés
© Jazz Hot n°666, hiver 2013-2014

Nouveauté-Indispensable
Midnight in Paris, Django, Delauney’s Dilemna, Milestone, Milano, Saint-Germain-des-Prés, Concorde, Mirjana, La Ronde, Skating in Central Park, Afternoon in Paris
Christian Escoudé (g), Stéphane Belmondo (tp, flh), Lew Tabackin (ts, fl), Jean-Baptiste Laya (g), Thomas Bramerie (b), Billy Hart (dm)
Enregistré les 9 et 10 juillet 2012, Bruxelles
Durée : 52' 16''
EmArcy 322 271-5 (Universal Music)


Ce qu’il y a de bien avec un artiste comme Christian Escoudé, c’est que l’on a l’impression que le répertoire du jazz est en perpétuel mouvement, ce qui est relativement vrai. Pour son dernier opus, le guitariste Charentais rend une nouvelle fois hommage à Django, l’un de ses maîtres, mais en s’appuyant sur l’œuvre de John Lewis. L’ancien membre du MJQ imprégné de culture française et très francophile avait en son temps mis en valeur le travail du divin manouche en composant « Django », mais aussi « Delauney’s Dilemna » ou « Afternoon in Paris ». C’est sans surprise que le guitariste reprend à son compte les compositions du pianiste américain en leur proposant de passer au moule de la chaleureuse guitare ouatée d’Escoudé. Pour cette occasion, il est soutenu par Lew Tabackin et Billy Hart pour ce qui constitue la partie américaine du combo. Stéphane Belmondo, Thomas Bramerie et Jean-Baptiste Laya complètent la formation.
L’entrée en matière se fait via « Midnight in Paris » où après l’exposition du thème Lew Tabackin laisse parler son instrument pour nous dire son amour du jazz. Le leader vient ensuite placer ses notes bien ciselées pour poursuivre la discussion de ce moment de la nuit à Paris. La musique s’envole pour annoncer de la meilleure des façons « Django ». Là encore, la subtilité du phrasé d’Escoudé fait mouche. Bien soutenu par le jeu sur les cymbales de Billy Hart et les sonorités évanescentes de Stéphane Belmondo, le combo parvient à recréer une atmosphère qui renvoie aux grands moments de la note bleue. Ses partenaires sont tout aussi géniaux lors de leurs interventions. Stéphane Belmondo lance le combo sur des rouges et entraînent dans sillage ses partenaires qui ne demandent pas mieux que d’entrer dans ce jeu (« Delauney’s Dilemna »). Cette façon de procéder dénote d’un partage de la lumière par Christian Escoudé qui rappelle que la musique en générale et le jazz en particulier est avant tout partage (« Milestone »). Christian Escoudé reprend tout de même la main en exposant solitairement « Saint-Germain-des-Prés », puis c’est un duo de haute voltige qu’il nous livre en compagnie de Lew Tabackin. Ce dernier imprègne le morceau de sa présence en diffusant des notes surprenantes de sa flûte pour « Skating in Central Park ». Après un moment échevelé lors de l’exposition de « La Ronde », Escoudé décide de clore le chapitre, débuté autour de minuit, dans l’après-midi avec « Afternoon in Paris ». Entre minuit et midi, Escoudé et ses amis ont bien travaillé. Ils parviennent ainsi à rendre un hommage flatteur au grand pianiste et compositeur qu’était John Lewis tout en conservant une couleur à la saveur d’un des suiveurs de Django et ouvrent ainsi d’autres pistes de réflexion pour conserver à la musique du XXe siècle cette saveur ineffable.

Michel Maestracci