Nouveauté-Sélection
Eparges Airlines, Kilomètre 1096, Adieu Fovea, Nostalgie Avenue de Friedland, Mangala Vallis, De la neige sur le toit, Agathnambule, Mademoiselle Vanille, Fermeture à l'aube, Béton ciré, Le flamant rose rêvait d'un été brumeux.
Philippe Laudet (tp, flh), Olivier Sabatier (tb), Ferdinand Doumerc (s), Grégoire Aguilar (p, clav); Serge Oustiakine (b, voc), Pierre Thuries (dm), Jérôme Cotte (voc)
Enregistré les 30 et 31 octobre & 2 novembre 2008 à Muret (Hte-Garonne)
Durée : 57' 18"
Le Chant du Monde 274 1888 (Harmonia Mundi)
Dans la continuité des séances d'enregistrement de Jazz Odyssée, toujours au Studio du Moulin “hors les murs” à Muret, infatigable et/ou peu avare de ses efforts, à moins qu'il n'ait été frappé de boulimie phonographique, Philippe Laudet a persévéré dans son exploration de Terrestre Extra, ici en tant que trompettiste à la tête de son quartet, ayant sur quelques pièces demandé la coopération d'amis.
Les pièces, dont les titres interrogent déjà, sont toutes des compositions personnelles de Philippe Laudet, certaines empruntant le canevas de standards connus (« Fermeture à l'aube » en référence à « Sweet Georgia Brown » par exemple). Elles sont parfois si récentes qu'elles ne figurent pas au catalogue de la Sacem.
Dans cet album, Philippe Laudet se révèle être un très brillant trompettiste dans la veine de Clark Terry qu'il évoque souvent, que ce soit à la trompette (« Nostalgie Avenue de Friedland ») ou au flugelhorn (ballades « Mangaala Vallis » ou en tempo soutenu sur « Le flamant rose »). Il n'est pas sans rappeler parfois certains boppers des années cinquante comme Philippe Gilbeau (« Béton ciré » très churchy), Art Farmer, Lee Morgan (« De la neige sur le toit », dont le thème évoque certains enregistrements Blue Note de cette époque, relayé au reste de façon très convaincante par le trombone de Sabatier et le ténor de Doumenc, la manière du pianiste sur cette pièce évoquant certaines tournures de Barry Harris et de Wallace Bishop). Mais la culture est ainsi ; une façon de se souvenir tout en étant soi-même.
Nous connaissions l'orchestrateur, le chef d'orchestre, le pianiste ; mais Philippe Laudet s'avère être un excellent trompettiste, possédant une verve mélodique féconde et une belle maîtrise instrumentale fort appréciée et appréciable dans ses improvisations. Ce qui ne gâche rien, il est très bien entouré. Aguilar est ici excellent, qui non seulement le soutient et l'accompagne avec sureté mais sait lui renvoyer la balle et le solliciter. Il possède déjà une belle musicalité dont on apprécie son touché clair et précis. Serge Oustiakine, dont la mise en place est irréprochable, déroule un tapis à ses partenaires. Et Pierre Thuries remplit parfaitement son rôle d'accompagnateur, intervenant sans jamais casser la construction d'ensemble.
Laudet nous livre un excellent second album de jazz, différent de Jazz Odyssée mais tout aussi généreux et pertinent.
Félix W. Sportis
|