Alphonse «Totol» Masselier
|
3 mai 2013
|
12 août 1925, Paris - 3 mai 2013, Villemoisson-sur-Orge (91)
|
© Jazz Hot n°663, printemps 2013
Alphonse «Totol» Masselier est né dans le XXe arrondissement de Paris. Son père, de Dunkerque, est venu s’installer dans la capitale en 1919. Lui et sa femme (couturière) pratiquaient le chant amateur. Alphonse a suivi des cours de violon de l’âge de 5 à 12 ans. Mais c’est à l’harmonica (basse) qu’il débute en duo puis quartet d’amateurs. L’un des membres du groupe, Jean Fritz, passe à la clarinette, et Alphonse (qui deviendra « Totol » pour tous) opte pour la contrebasse. Il étudie auprès du professeur du CNSMP de l’époque, Alphonse-Joseph Delmas dit Boussagol (1891-1958). Pour un temps, Totol pratique aussi le dessin industriel. En tant que musicien, son premier engagement payé remonte à 1946, lorsqu’il joue avec Boris Vian, Claude Luter et Jean-Claude Fohrenbach au Chatelet du Lac. En 1947-48, devenu professionnel, il joue dans le trio Jacques Denjean, notamment en première partie du concert à Pleyel du big band de Dizzy Gillespie. Il part ensuite en tournée avec Kenny Clarke en compagnie de Jean-Claude Fohrenbach et Michel de Villers. On l’entend aussi au Club St Germain avec les frères Fol, Raymond et Hubert, et toujours Fohrenbach qui l’aide à comprendre les enchaînements d’accord. Totol joue pour Noël Chiboust (Cannes, 1949 ; Evian, 1950), Sidney Bechet-Pierre Braslavsky (1949 : club St Germain, Pleyel), Charlie Paker, James Moody, Coleman Hawkins, Roy Eldridge, Zoot Sims, Roger Guérin, Bernard Hulin, Don Byas. Totol entre dans le Quintet Django Reinhardt (avec André Ekyan, Ralph Schecroun, Roger Paraboschi) avant d’être engagé par Bernard Hilda (1952-53). Excellent lecteur, Totol est très sollicité et devient requin de studio (disques, films, génériques d’émissions radiophoniques). Il suit des cours de perfectionnement auprès de Gaston Logerot. Dès lors, Totol est sur tous les fronts : Emil Stern, Léo Chauliac, André Persiani, Sadi, Bobby Jaspar, Guy Luypaerts, Frank Pourcel, Paul Piot, Benny Bennet, Pierre Spiers, Petula Clark, Paul Mauriat (1969), Jacques Brel, Claude Guillot, Oswald d’Andrea, Pierre Sellin, Raymond Bernard trio (1972, avec Yves Legrand, dm), Jerry Lewis (Olympia, 1980), Charles Trenet (Pleyel, 1999). Il enregistre à tour de bras : Claude Bolling (1956, Nuances), Hubert Rostaing (1957), Jacques Denjean (1960 avec Pierre Sellin, Jean Aldegon, Dominique Chanson), Pierre Gossez alias Alan Gate (Come Bach avec Maurice Vandair, Arthur Motta, Barclay), Pierre Michelot ( !), Roger Bourdin (1972), ainsi que des chanteurs comme Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Dick Rivers, Guy Béart, Jacqueline Dorian (1965, avec Pierre Cullaz), Eddy Mitchell. Sa séance d’enregistrement préférée fut pour le film Mon Oncle de Jacques Tati avec Alain Romans (1956-57). Il termine sa carrière en enseignant au conservatoire de Marly-le-Roi, à la tête du Big Band Marly Swing College et au sein du Sidney Bechet Memory de Christian Azzi et Poumi Arnaud. Totol était une figure du métier que l’on avait plaisir à retrouver à la Sainte Cécile qui se tenait à Montmartre jusqu’en 2011. Alphonse Masselier a connu la mutation technique de son instrument : « L’arrivée dans les années 1950 de cordes métalliques ad hoc marque, à mes yeux, le départ de la contrebasse moderne ». Enfin, Alphonse Masselier dispensait de remarquables lignes de basse, claires et rondes. En soliste, il était l’un des rares spécialistes du chorus à l’archet en chantant à l’octave.
Michel Laplace
photo 2001 © Lisiane Laplace
Discographie sélective dans Jazz Hot n°600-2003
|
|