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Jimmy Scott

12 juin 2014
17 juillet 1925, Cleveland, Ohio-12 juin 2014 à Las Vegas, Nevada City, CA
© Jazz Hot n°668, été 2014


Jimmy Scott au Ronnie Scott's, 13 janvier 2003 © David Sinclair


Né le 17 juillet 1925 à Cleveland (Ohio), le vocaliste « Little » Jimmy Scott, de son vrai nom James Victor Scott, est décédé le 12 juin 2014 à Las Vegas.
Né dans une famille de 10 enfants, Jimmy Scott est formé à la musique auprès de sa mère et à l’église. Il commence très jeune à se faire remarquer comme chanteur dans les clubs.
Il perd sa mère à l’âge de 13 ans et est abandonné par son père déjà largement absent. Jimmy Scott développe le syndrome de Kallmann qui voit sa croissance stoppée avant la puberté. Il conservera une voix et une stature d’enfant, une absence de pilosité et sera même parfois présenté comme un enfant au début de sa carrière adulte.

Après avoir travaillé dans le spectacle de la danseuse et contorsionniste Estella Young, il part pour New York en 1947 et fera partie de l’orchestre de Lionel Hampton en 1948. Il fait sensation avec « Everybody’s Somebody’s Fool » mais son nom n’est pas indiqué sur la pochette. Il commence néanmoins à se faire connaître. Il enregistre avec Charlie Parker (« Embraceable You ») et signe chez Savoy en 1955 (If You Only Knew et Very Truly Yours). Des problèmes liés à son contrat chez Savoy semblent l’empêcher d’enregistrer pour d’autres labels. On note cependant Falling in Love Is Wonderful, produit par Ray Charles en 1963 (avec Ray Charles et des violons) mais qui sera retiré de la vente, puis The Source (1969).

Entre crooner et rhythm and blues sentimental, il a du mal à trouver un cadre esthétique distinct. Il se retire du monde de la musique et travaille comme liftier, bagagiste, cuisinier, employé d’hôpital. Il reste une référence pour de nombreux chanteurs, dont Marvin Gaye ou Frankie Valli qui ne l’oublient pas.

C’est ainsi que, selon les dernières volontés de Doc Pomus, il chante « Someone to Watch Over Me » aux funérailles du compositeur et l’enregistre pour Sire Records en 1991, puis signe chez Warner Bros. S’il était revenu à New York depuis 1984, encouragé par sa quatrième épouse, c’est seulement à ce moment-là que son come-back devient un véritable succès. Il chante pour Bill Clinton en 1993, sur le film Philadelphia, et apparaît même dans les épisodes de Twin Peaks de David Lynch. Son album All the Way reçoit un Emmy Award (1992). Après Dream (1994) avec Milt Jackson et Heaven (1996) avec Jacky Terrasson, sa musique prend un tour plus proche de la variété (1998, Holding Back the Years, reprenant Sinead O’Connor ou Prince). Il signe son autobiographie avec David Ritz en 2002 (Faith in Time: The Life of Jimmy Scott).

Admiré par Ray Charles, Lou Reed, Doc Pomus ou Nancy Wilson pour sa sensibilité et sa musicalité, Jimmy Scott a connu un succès public dont les raisons ont pu être parfois extra-musicales, notamment du fait de sa voix aiguë et son apparence frêle. Il avait refusé des opérations permettant son développement hormonal : « I was afraid of entering uncharted territory. Besides, fooling with my hormones might mean changing my voice. Whatever the problems that came with the deficiency, my voice was the one thing I could count on. », expliquait-il dans son autobiographie. Il accède à une notoriété tardive mais intense, devenant la coqueluche du public dans les années quatre-vingt dix, notamment du fait de l’admiration explicite de Madonna. Jimmy Scott aurait pu être un chanteur dans un registre proche de Billie Holiday, mais son expression s’est limitée à un certain sentimentalisme.
Jean Szlamowicz
photo Jimmy Scott au Ronnie Scott's, 2003 © David Sinclair