Alvin Queen, Percfest Laigueglia, Italie, 2012 © Umberto Germinale-Phocus
Alvin QUEEN
Feeling Good
Alvin Queen est dans le paysage jazz depuis plus de soixante ans. Installé en Europe depuis quarante-cinq ans, il s’est rendu indispensable auprès des musiciens américains de passage sur le Vieux Continent en quête d’une section rythmique in the tradition. Son incroyable énergie swing et son drive légendaire en font, à 74 ans, l’un des grands maîtres de son instrument, possédant toute l’histoire de la batterie au bout des baguettes. La liste des musiciens qu’il a soutenus de son infaillible sens du swing, est impossible à dresser de façon exhaustive: Joe Newman, Zoots Sims, Horace Silver, George Benson, Charles Tolliver, Art Farmer, Harry Sweets Edison, Arnett Cobb, Eddie Lockjaw Davis, George Coleman, Al Grey, Horace Parlan, Jay McShann, Dizzy Gillespie, Milt Jackson, Wild Bill Davis, Junior Mance, Pharoah Sanders, Kenny Drew, Eddie Cleanhead Vinson, Tommy Flanagan, Hank Jones, Randy Weston, Oscar Peterson, Cedar Walton, Dee Dee Bridgewater, Mulgrew Miller, Roy Hargrove, Wynton et Branford Marsalis, Jessie Davis(1)… Sans oublier les musiciens européens –parmi lesquels Toots Thielemans, Tete Montonliu, Gianni Basso, Guy Lafitte, Dany Doriz, Georges Arvanitas, Michel Sardaby, Duško Gojkovic, Jesper Thilo, Niels Land Doky, Ulf Wakenius(1)…– ni la kyrielle de contrebassistes avec lesquels il a fait équipe: Ray Brown, Jimmy Woode, Slam Stewart, Reggie Johnson, George Mraz, Essiet Essiet, Ray Drummond, Pierre Boussaguet, Chris McBride ou encore son cher Niels-Henning Ørsted Pedersen(1).
Né le 16 août 1950 dans le Bronx à New York, NY, Alvin Queen a grandi, dès ses 2 ans, un peu plus au nord, à Mount Vernon, NY, une localité où le jazz était omniprésent. Le tout premier apprentissage musical d’Alvin Queen s’est effectué à l’église où il chantait et jouait du tambourin. Suivant l’exemple de son frère Willie, de cinq ans son aîné, qui l'initie à l'instrument, il entre à 8 ans comme batteur dans l’orchestre de son école. Alvin Queen nous avait en partie raconté dans Jazz Hot n°572 (juillet-août 2000) ce parcours d’une incroyable richesse sur lequel il revient plus en détail aujourd’hui et toujours avec la précision sans concession qui sied à un grand jazzman sur l'art et les utilisations du jazz. 2024 a été marquée par la sortie de deux de ses albums, Feeling Good (Stunt), que nous avons récemment chroniqué, et The Jazzcup Café Blues (Cellar Music) qui sort le 15 novembre. Rencontre avec un personnage du jazz chaleureux dont le sourire éclatant et l'abord direct se conjuguent avec harmonie à une profondeur de vue et de sentiments; à l'image de son art.
Propos recueillis par Jérôme Partage
Photos Umberto Germinale-Phocus, Jacky Lepage,
Collection Alvin Queen, by courtesy
Images extraites de YouTube et sur INA.fr
Avec nos remerciements
© Jazz Hot 2024
Alvin Queen à 5 ans
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Jazz Hot: Quels souvenirs gardez-vous de l’environnement musical dans lequel vous avez grandi?
Alvin Queen: Le jazz était partout autour de moi. A 7 ans, je chantais les chansons de Billie Holiday. Tous les gamins connaissaient le jazz, parce que leurs parents en écoutaient, et parce que la musique sortait des jukebox des cafés et des nombreux clubs. De plus, chaque samedi, mon père allait chez le coiffeur à Harlem. Je demandais toujours à l’accompagner parce que je savais qu’après, nous irions voir le nouveau spectacle de l’Apollo Theater. A cette époque, beaucoup de Noirs se lissaient les cheveux comme Erroll Garner ou Oscar Peterson. Le grand boxeur Sugar Ray Robinson avait ouvert un salon de coiffure(2) à Harlem. Tout le monde y allait, notamment Miles Davis… et mon père! Et c’est comme ça que j’ai vu à l’Apollo Theater Michael Jackson à 5 ans avec les Jackson Five, Stevie Wonder qui en avait 12, Charli Persip, Fats Domino, Count Basie, Jimmy Smith, Marvin Gaye, Art Blakey, Billy Eckstine, John Coltrane… Je voulais être comme eux! Le premier concert auquel j’ai assisté était avec Cannonball Adderley et Nancy Wilson. Après l’Apollo Theater, nous allions en face, chez le disquaire, acheter les vinyles des artistes que nous venions d’entendre avant de rentrer à la maison.
Vous avez grandi en plein Mouvement pour les droits civiques. Cela vous-a-t-il marqué?
Et comment! J’étais en plein milieu de ça! J’ai grandi à Mount Vernon, dans l’Etat de New York, où il y avait de la ségrégation: la voie ferrée séparait la ville entre le South Side, à majorité noire, et le North Side où vivaient les Blancs. Mais il y avait aussi parmi nous quelques immigrés italiens; leurs enfants étaient mes camarades de classe. La cohabitation entre communautés se passait bien pour autant que chacun reste à sa place. Il y avait tout ce qu’il fallait dans notre quartier, c’était magnifique! La plupart des commerces étaient tenus par des Italiens déjà installés ou des Juifs. Ils acceptaient toujours de nous faire une avance quand nous n’avions pas assez d’argent jusqu’à ce que ma mère, qui était femme de ménage, touche sa paie le vendredi. La plupart des clubs dans notre voisinage appartenaient à des Italiens qui vivaient dans le North Side, mais ils étaient dirigés par des Noirs, comme mon père qui travaillait dans un bar le soir, The 8th Avenue Bar, en plus de sa journée dans un laboratoire médical. A l’époque, il y avait aussi le problème de la conscription (1948-1973) qui touchait davantage les Noirs qu’on envoyait au Vietnam. J’ai été appelé, mais heureusement je ne suis pas parti. J’ai vu le racisme à l’œuvre bien des fois: toutes ces situations étaient liées, et il fallait faire avec; alors, j’ai cherché à m’en sortir; c’est difficile et tout le monde n’y arrive pas. Je connais d’excellents musiciens qui ne sont pas arrivés à faire carrière. Mais il faut se battre pour soi.
Alvin Queen, studio d'Andy Lalino,
Mount Vernon, NY, 1962
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Qu’est-ce que le combat de Martin Luther King, Jr. a changé?
Il a donné aux Noirs la fierté de leur identité. Sur le plan musical, ça a donné James Brown, Stevie Wonder et des labels créées par les Noirs comme Motown.
Vos parents avaient-ils les moyens de vous payer des cours particuliers ?
Voici comment les choses se sont passées: je faisais les courses de Noël avec ma mère, et j’ai aperçu un enfant en train de jouer de la batterie à la fenêtre du studio d’Andy Lalino: un batteur d’origine sicilienne. J’avais environ 9 ans, je cirais les chaussures dans la rue pour me faire de l’argent. J’ai abordé Andy Lalino, et je lui ai dit que je jouais de la batterie dans la fanfare de mon école. Il m’a dit de demander à ma mère de l’appeler, ce qu’elle a fait. Mais elle lui a expliqué qu’elle n’avait pas les moyens de me payer des cours. Mes parents avaient cinq enfants à charge. Andy lui a répondu: «Mrs. Queen, je ne veux pas qu’Alvin tourne mal. Je lui donnerai des cours gratuitement en échange de petits travaux au studio: balayage, café, etc.» Voilà comment, j’ai commencé avec lui. Et je suis devenu son protégé. Il voulait montrer à tout le monde ce que j’étais capable de faire, et il me trimbalait dans les clubs de Manhattan.
Quel a été votre premier boulot?
Jimmy Hill (as, 1926-2004) jouait en trio dans un club de Mount Vernon, The Ambassador Lounge, avec l’organiste Richard Levister. Son batteur a fait faux bond au dernier moment. Il avait entendu parler de moi par Andy Lalino. Il est allé trouver mon père, qu’on surnommait «Dead Eye», pendant qu’il travaillait au bar. Il voulait me recruter pour la soirée. J’étais avec ma mère, à la maison, juste au coin de la rue. Jimmy et mon père ont débarqué chez nous et m’ont demandé si j’étais capable de jouer le répertoire de Jimmy Smith et d’Art Blakey. J’ai répondu: «Si ces morceaux se trouvent dans la collection de disques de mon père, je peux vous aider.» J’ai enfilé un costume, et je suis parti faire le gig avec Jimmy. J’avais 11 ans.
Elvin Jones et Alvin Queen, vers 1962
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Elvin Jones a été particulièrement important pour vous…
Quand j’ai débuté, j’étais encore un môme, et il n’y avait pas énormément de batteurs. Elvin fait partie des musiciens qui m’ont pris sous leur aile. En 1962, Andy Lalino m’a emmené, avec l’autorisation de ma mère, au Drum Show du Roseland, à Manhattan. C’est là que j’ai rencontré Elvin Jones. Andy m’a fait jouer, et Elvin s’est écrié: «That’s my boy!». Quelques temps plus tard, Andy m’a conduit à la Gretsch Drum Night au Birdland: il y avait Mel Lewis, Art Blakey, Max Roach, Poppa Jo Jones, Charli Persip, Elvin Jones, Red Garland, et il me semble Paul Chambers. Tous les batteurs ont joué; j’étais éberlué. Elvin m’a reconnu et a dit aux autres: «C’est mon fils, c’est mon fils!» (Rires) Il m’a attrapé et m’a installé à la batterie: c’est ce jour-là que ma vie a commencé. Tous les batteurs de New York m’ont vu! A la suite de cette soirée, un type nommé Bobby DeFranco a voulu me faire enregistrer un disque à Nola Studios, à Manhattan. Il a pris Joe Newman comme directeur musical qui a engagé Zoot Sims, Art Davis (b) et Hank Jones. Mais Hank ne pouvait pas faire tout l’album à cause de son contrat avec ABC Records. Joe a donc recruté également Harold Mabern pour assurer l’autre moitié du disque. Mais Riverside ne l’a jamais sorti, je ne sais pas pourquoi. J’étais là aussi le soir (8 octobre 1963, ndlr) où John Coltrane a enregistré «Afro Blue» pour son Live at Birdland (Impulse!) avec McCoy Tyner, Jimmy Garrison et Elvin. Il y avait un autre groupe programmé en première partie avec Terry Gibbs et Alice McLeod, la future femme de Trane (John Coltrane), c’est ce soir-là d’ailleurs qu’ils se sont rencontrés. Elvin m’avait installé à une table, avec sa femme, près de la batterie, d’où je pouvais observer ses pieds. J’étais fasciné! Soudain, en plein concert, il s’est écrié: «Il faut que le gamin apprenne ça!», et il m’a installé à sa place. C’était incroyable! Tous les musiciens qui étaient là pour voir Trane se sont ensuite rappelés de moi à cause de cet épisode: Grant Green, Wes Montgomery, Eric Dolphy et même Reggie Johnson qui faisait alors son service militaire. A cette occasion, j'ai été repéré par George Braith (s, 1939) qui a demandé à ma mère la permission de me faire jouer au Blue Coronet, à Brooklyn avec Larry Young (p) et Ernie Farrow (b), le demi-frère d’Alice McLeod. Tous ces Anciens m’ont énormément apporté, ils me manquent aujourd’hui. Avec eux, j’ai acquis une sagesse, une vibration qui vous rend humble.
George Braith (ts), Alvin Queen (dm), Ernie Farrow (b), Larry Young (p),
Blue Coronet, Brooklyn, NY, 1963 © Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Quand avez-vous commencé à jouer en groupe?
A 15 ans, je fréquentais les clubs de Harlem et Manhattan. J’avais des copains qui pouvaient me conduire en voiture. Ce n’était pas très loin de Mount Vernon. Je faisais le bœuf sur un morceau à la fin du concert pour me faire connaître et engager par les musiciens. C’est comme ça que j’ai travaillé avec Willis Jackson (ts, 1928-1987), Grant Green, Tiny Grimes (g, 1916-1989) et Wild Bill Davis. J’ai aussi eu un engagement de six mois dans le trio de Don Pullen avec la chanteuse Ruth Brown. A cette époque, je me souviens avoir vu Thelonious Monk au Five Spot, Tony Scott, Reggie Johnson et Walter Perkins au Doom, Kenny Barron dans le loft du vibraphoniste Ollie (Oliver) Shearer.
Durant votre jeunesse, avez-vous assisté aux sessions du New York's Jazzmobile de Billy Taylor?
J’y ai même joué! Vers 15-16 ans, j’ai appartenu au Billy Taylor’s Youth Band avec Larry Willis et le bassiste Steven Fowler. J’y ai aussi participé avec Horace Silver, plus tard en 1969.
Alvin Queen, studio d'Andy Lalino, Mount Vernon, NY, 1965
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
C’est l’année où vous avez remplacé Billy Cobham dans son quintet…
Oui, j’ai rejoint le quintet d’Horace Silver en septembre après avoir passé une audition avec dix autres batteurs. A cette époque, le groupe comprenait Randy Brecker, Bennie Maupin et John B. Williams. Mais ça n’a duré que neuf mois car Horace prenait chaque année trois à six mois de vacances. J’ai donc dû trouver un autre emploi. Mais à cette époque, entre 1969 et 1973, je travaillais aussi beaucoup en freelance par l’intermédiaire de Jimmy Boyd, un agent qui plaçait la plupart des groupes de Harlem comme ceux de Grant Green, Lonnie Smith, Charlie Earland (s,org, 1941-1999), Etta Jones, Stanley Turrentine, Seleno Clarke (org, 1930-2017) ou encore Jimmy Smith avec lesquels, de ce fait, je collaborais ponctuellement. Jimmy Boyd était aussi le manager de George Benson qui en 1971 recherchait un batteur et m’a auditionné. Son groupe était alors constitué de Ronnie Cuber et Lonnie Smith, plus tard remplacé par Charles Covington. Je suis resté deux ans avec George. Je me souviens d’un gig à Buffalo, NY, pendant une tempête de neige. Le club était donc vide, et le propriétaire m’a dit: «Pour qui jouez-vous? il n’y a personne…». Je lui ai répondu que je voulais être payé, et il m’a dit: «Tu seras payé, assied-toi et prends un verre!» Et pendant que nous buvions, B.B. King est entré avec deux jeunes femmes, car il ne pouvait se rendre jusqu’au lieu de son concert. Il a dit à George Benson: «Si tu changes un peu ton style, tu auras du succès.» Et c’est ce qu’il a fait avec l’album Breezin’ (Capitol, 1976).
Stanley Cowell (p), Wayne Dockery (b), Charles Tolliver (tp,perc), Alvin Queen (dm),
émission TV «Jazz Session», Paris, 1971, images extraites de YouTube (cf. vidéographie)
En 1971, vous avez aussi commencé à travailler avec Charles Tolliver…
Au cours de cette première année avec George Benson, Charles Tolliver m'a contacté pour me demander si je voulais l’accompagner pour une tournée de deux semaines en Europe. J’ai donc dû trouver un batteur pour me remplacer chez George Benson qui avait un gig permanent au Bluebook Club à Harlem. A la même période, Jimmy Boyd m’a permis de rencontrer John Bowden, le directeur artistique de Septic Records, une division du label gospel Hob (de Detroit), pour lequel j’ai effectué de nombreux enregistrements, notamment avec The Swan Silver Tone, Shirley Caesar, James Cleveland et The Five Blind Boys of Alabama. Puis, en 1972, Horace Silver, qui remontait son quintet, m’a rappelé. J’ai alors quitté George Benson. Je suis resté avec Horace jusqu’en 1974 ou 1975. Bennie Maupin avait été remplacé par le frère de Randy Brecker, Mike. Par la suite, Tom Harrell et Bob Berg ont pris leur place; Anthony Jackson, puis Mike Richmond se sont succédé à la basse. Il arrivait qu’on joue «Song for My Father» quatre fois dans une soirée. Je lui disais: «Horace, je n’en peux plus de jouer ce morceau! —C’est mon tube, alors il faut le jouer: les gens viennent écouter ce qu’ils connaissent!»
Alvin Queen avec Horace Silver, chez lui à Los Angeles, CA, 1983
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Vous avez aussi vécu à Montréal…
Après Horace Silver, j'ai décidé de m’installer à Boston, MA pendant quelques mois jusqu’à ce que je reçoive l’appel d’un organiste de Montréal, Eddie Davis, qui jouait une musique dans le style de Barry White. Ce n’était pas vraiment ma tasse de thé, alors j’ai trouvé un autre engagement, avec un trompettiste de jazz, Billy Martin. On jouait beaucoup dans les supper clubs où les gens dînaient. Je ne pouvais pas m’y exprimer à mon aise. Du coup, après le concert, je sautais dans un taxi pour aller au Rockhead's Paradise, faire le bœuf avec Ivan Symonds (g, 1933-1991). Assez rapidement, il m’a pris comme batteur trois soirs par semaine dans le club. Je suis resté à Montréal en faisant des allers-retours réguliers à New York, jouant dans différentes formations, jusqu’à ce que je retourne en Europe avec Charles Tolliver vers 1976-1977.
Y avait-il une intention politique dans la musique de Charles Tolliver?
Non, nous voulions simplement montrer qui nous étions.
Quelle a été votre expérience au sein du projet Music Inc.?
J’ai passé presque dix ans avec Charles Tolliver, de 1971 à 1979, mais par intermittence. Il y a eu d’autres batteurs en même temps que moi, y compris Daniel Humair. En 1971, quand Charles m’a engagé pour notre premier voyage à Paris, nous répétions dans le Westbeth Artists Housing, à Manhattan, un complexe de logements et d’ateliers d’artistes. Enormément de musiciens y travaillaient ou y vivaient: Gil Evans, Reggie Workman, Billy Harper… Stanley Cowell y avait un appartement.
Vous apparaissez pour la première fois dans Jazz Hot (n°278) sur deux comptes rendus: un concert du 13 novembre 1971 à la Gaité-Montparnasse avec Charles Tolliver, Stanley Cowell et Barre Phillips, puis un autre soir dans un bœuf au Jazz Inn avec Michel Graillier, Alby Cullaz, Bernard Lubat et Eddy Louiss. Vous en souvenez-vous?
Je me souviens du concert. C’est probablement à cette occasion que j’ai rencontré Eddy Louiss et sûrement en prenant un verre après le gig! (Rires) Je suis content que vous vous en souveniez! (Rires)
Arnett Cobb (ts), Paul Thommen (p), John Clayton (b), Alvin Queen (dm),
New Morning, Genève, Suisse, 1981 © Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Quel a été votre ressenti en arrivant à Paris où les relations entre les individus étaient très différentes des Etats-Unis?
J’étais terrorisé en arrivant! (Rires) C’était un autre monde; j’avais l’impression d’être dans un film! A notre première arrivée, l’Aéroport Charles de Gaulle n’existait pas encore. Maurice Cullaz est venu nous accueillir. Lors de nos séjours à Paris, je descendais soit à l’Hôtel Saint-André-des-Arts, soit à l’Hôtel La Louisiane, rue de Seine. Il fallait que je survive sans avoir aucune expérience de l’Europe, sans parler le français, en manipulant une autre monnaie… Je me suis adapté petit à petit. New York vous apprend à être agressif, mais j’ai compris qu’avec les Français, il fallait au contraire rester poli, et vous obteniez tout ce que vous vouliez. Quand nous venions en Europe pour une tournée, Paris nous servait de base arrière. Charles Tolliver louait un van dans lequel on transportait nos valises, la contrebasse, la batterie et un petit piano droit, car tous les endroits où nous jouions n’en étaient pas équipés. On allait comme ça, en van, depuis Paris, au Portugal comme à Oslo! C’était dingue! Aujourd’hui, il serait très difficile pour moi de retourner vivre aux Etats-Unis car j’ai adopté un tout autre style de vie.
Comment trouviez-vous la vie jazzique à Paris dans les années 1970?
C’était le paradis! J’y ai joué avec Harry Sweets Edison, Eddie Lockjaw Davis… Il y avait tellement de clubs: Le Chat qui pêche, Le Riverbop, Le Méridien avec Moustache et plus tard le Magnetic Terrace (ouvert vers 1983). J’ai joué dans chacun de ces clubs, avec d’excellents musiciens français: Michel Sardaby, Georges Arvanitas, Jacky Samson, Alby Cullaz… J’ai beaucoup appris d’eux. J’ai fait partie du premier groupe à s’être produit au Palais des Congrès de la Porte Maillot en 1974, programmé par André Francis. J’allais voir Art Simmons au Living Room, Aaron Bridges au Concorde Lafayette, René Urtreger au Montana, Lou Bennett, Jimmy Gourley et Kenny Clarke au Bilboquet… Et il y avait «The Green Star», boulevard St-Germain(3) où venaient tous les Américains. Ce qui était fantastique, c’est que ces musiciens ne s’exprimaient pas tous dans la même esthétique, mais tous voulaient jouer, et tous avaient été imprégnés par les standards. A Paris, quand je faisais le tour des clubs, je ne rentrais pas à mon hôtel avant 5 ou 7h du matin! Paris était le New York de l’Europe. Et la communauté des musiciens était comme une famille. Paris est toujours une ville magnifique, mais tout ça a disparu.
Alvin Queen, Dizzy Gillespie, Wynton Marsalis, concert avec Horace Parlan et Santi Debriano,
Pompei Jazz Festival, Italie, 1982 © Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Le jazz a aussi disparu des festivals de jazz…
J’ai vu les choses changer. J’ai été le batteur maison du festival de Juan-les-Pins à la grande époque ainsi que celui de la Grande Parade à Nice, avec Simone Ginibre où je jouais quatre sets par jour sur différentes scènes en accompagnant Dizzy Gillespie, James Moody… Une des plus belles expériences de ma vie. Aujourd’hui, les festivals cherchent avant tout la rentabilité. C’est comme à Montreux: ils utilisent le mot «jazz», mais ce n’est pas cette musique-là qu’ils programment. De fait, si vous ne vous donnez pas les moyens d’avoir une scène jazz d’un certain niveau, vous ne l’atteignez jamais. Pour ma part, j’essaie de garder cette musique vivante car c’est avec elle que j’ai grandi.
Dans notre précédente interview (Jazz Hot n°572, 2000), vous disiez que tout le monde ne peut pas être batteur. Pensez-vous que le sens du swing est un don particulier?
Oui. Tous les batteurs que j’ai connus avaient ce don: Tony Williams, Elvin Jones… Ils avaient leur propre approche de la musique, et c’est quelque chose qui ne s’apprend pas au conservatoire. On ne peut pas non plus apprendre à devenir danseur comme on apprend à devenir docteur ou avocat. (Rires) Je ne dis pas ça pour rabaisser qui que ce soit, mais pour moi, oui, c’est un don. Et quand j’entends un musicien qui a ce feeling, cela veut dire que nous appartenons à la même famille. A l’inverse, il est difficile pour moi de partager la scène avec quelqu’un qui a le nez sur ses partitions alors que de mon côté j’essaie de jouer avec mon cœur. Cela signifie que nous ne sommes pas en phase.
Le jazz est une expérience de vie, pas un apprentissage académique…
C’est ce que je dis toujours aux gens à propos d’Elvin Jones dont j’étais très proche: vous pouvez transcrire ses solos, mais pas sa façon d’être. Vous pouvez jouer exactement ce qu’il joue, mais lui ne jouait jamais la même chose. Chaque jour, il changeait, c’était différent. Si la plupart des batteurs sortent des conservatoires, que devient la musique? Ce n’est plus la même qu’auparavant. Elle est encore dans les disques qui ont été enregistrés par le passé, mais elle n’est plus là aujourd’hui.
Alvin Queen (dm), Slam Stewart (b), Branford Marsalis (ss), Georges Arvanitas (p), jam-session de
l’Hôtel Beach Regency, Grande Parade du Jazz, Nice, 1985 © Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Que vous a appris le contact avec les aînés?
Lorsque je suis arrivé à Paris, j’étais immergé dans la musique de John Coltrane alors que la scène parisienne était davantage orientée middle jazz avec des gens comme Guy Lafitte. Il a fallu que je m’adapte. Je me suis retrouvé dans une tournée, montée par Jean-Pierre Vignola, avec le guitariste John Collins accompagné d’Harry Sweets Edison, Dolo Coker (p, 1927-1983) et Jimmy Woode(4). Pour les musiciens de cette génération, la grosse caisse était le cœur rythmique de l’orchestre, battant sans irrégularités, alors que j’étais habitué à un usage plus libre de la batterie. Les gars m’ont dit: «Alvin, fais-nous plaisir, arrête de lâcher des bombes!... Tu dois tenir le rythme, essaie encore et fais attention!»(5) (Rires) J’ai cru que j’allais être viré. C’est comme ça que j’ai appris, grâce aux Anciens, à ne donner à mes partenaires que ce dont ils ont besoin. Un orchestre n’a pas besoin de solos de batterie, il a besoin d’une assise rythmique, du groove.
Quand vous êtes-vous installé en Suisse?
En 1979. En fait, je ne m’y suis jamais réellement installé, mais je m’y suis marié. J’étais constamment en tournée à travers le monde. Par exemple, j’ai travaillé pour l’US Information Agency(6) avec Jean-Philippe Allard qui a organisé pour moi une tournée à travers dix pays d’Afrique. Il m’a également fait participer aux disques de Christian Escoudé, Plays Django Reinhardt (EmArcy, 1991), et de Lou Levy, Ya Know (Verve, 1993). Pierre Michelot figurait sur les deux albums. J’ai progressivement construit mon réseau en Europe, notamment dans les pays scandinaves où mon premier groupe comprenait Toots Thielemans, Mulgrew Miller et Niels-Henning Ørsted Pedersen. Puis, ce dernier a monté un autre groupe avec Ulf Wakenius et moi. Par la suite, NHØP et moi nous sommes retrouvés avec Kenny Drew puis Oscar Peterson. Mais c’est certainement en France que j’ai le plus joué, notamment grâce à Jean-Pierre Vignola. De manière générale, les gens ont plus de considération pour le jazz en Europe qu’aux Etats-Unis. D’ailleurs quand un Américain veut faire un film sur un jazzman, c’est en Europe qu’il trouve le plus d’archives! Les Américains n’ont jamais pris le jazz au sérieux, alors que les Européens l’ont largement documenté. Et puis, en Europe, j’ai gagné ma vie comme jamais auparavant. J’ai pu fonder un label, Nilva Records, et produire 21 disques.
Ce label existe-t-il toujours?
J’ai dû arrêter la production au début des années 1990 parce que je n’avais pas les moyens de rééditer le catalogue en CD. Mais j’ai toujours les masters et je prévois de reprendre ce travail(7).
Alvin Queen (à gauche), Martin Rivera, Harold Ashby (au centre), Junior Mance (à droite),
Anvers, Belgique, années 1980 © Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Le premier disque que vous avez sorti sur Nilva Records est également votre premier disque en leader, Alvin Queen in Europe (1980)…
J’avais passé tellement de temps au service des autres! J’ai effectué un enregistrement pour l’émission de Pierre Granjean, «Hot Line», sur la Radio Suisse Romande, à Lausanne, avec Fred Smith (tp,flh), Maurice Magnoni (ts), Francois Lindemann (p) et Jean-Yves Petiot (b); et j’ai demandé à acheter la bande. J’ai fait concevoir la pochette à Paris, et je me suis occupé du pressage. J’étais tellement fier de ce premier disque que j’avais financé sur mes propres deniers! Sur le deuxième disque, Ashanti (1981), figure James Spaulding avec lequel je venais de jouer dans le big band de Randy Weston sur une tournée en France. J’ai aussi produit deux albums avec Junior Mance (cf. Hommages & discographie) que j’avais connu à Berne.
A la même époque, en février 1981, vous avez enregistré Jaw’s Blues (Enja) avec Eddie Lockjaw Davis, Horace Parlan et Reggie Johnson…
C’était un live au Domicile(8), à Munich. J’accompagnais Eddie qui était en tournée, comme je le faisais régulièrement avec les Américains de passage en Europe. C’est moi qui lui ai proposé d’engager Reggie Johnson qui venait de quitter les Etats-Unis. Enja a pris tous les morceaux d’ouverture de sets, sans Eddie, mettant en avant le piano, et a sorti un deuxième disque sous le nom d’Horace Parlan (Pannonica).
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Alvin Queen (dm), Jimmy Woode (b), Eddie Lockjaw Davis (ts), Limmatquai 82, Zürich, Suisse, 1982 |
au centre: Horace Parlan, Reggie Johnson, Alvin Queen,
Japon, octobre 1994 |
© Photos X, Collection Alvin Queen by courtesy
Quelle doit-être pour vous la relation entre la contrebasse et la batterie?
Ils doivent jouer le même rythme («beat») tandis que le piano fait monter les accords. Le groupe doit être en osmose sur le plan rythmique, et ça ne fonctionne pas toujours avec les jeunes musiciens. Je ne peux pas jouer avec n’importe qui, sinon je risque le crash, comme sur une autoroute quand on ne contrôle pas sa vitesse. Quand j’étais jeune, j’avais demandé conseil à Elvin Jones: «Elvin, j’ai un problème: à chaque fois qu’on me donne un solo, j’ai l’impression de sortir du morceau. —Quand tu prends un solo, chante-toi la mélodie. Si tu n’arrives pas à chanter aussi vite, c’est que le rythme est trop rapide.» C’est le genre de leçons que tu prends avec des gars plus âgés. Les jeunes ne peuvent pas t’apprendre ce genre de choses. C’est une question d’expérience.
Avec quel contrebassiste avez-vous préféré jouer?
Mon number one, c’est Jimmy Woode qui était un formidable partenaire. Il l’a été aussi pour Kenny Clarke. Jimmy avait vécu en Suède, puis il s’est installé en Suisse. Il travaillait régulièrement au Popcorn, à Genève, avec les musiciens locaux. Mais il voyageait également beaucoup et participait à différents groupes. Une anecdote très drôle: un jour, Jimmy Woode qui devait faire un gig avec Joe Newman lui dit: «J’ai sous la main un jeune batteur très doué à te proposer, il s’appelle Alvin Queen. —Alvin Queen? Mais je l’ai pratiquement élevé ce gamin!» Jimmy ne savait pas que j’avais enregistré avec Joe à 12 ans! (Rires)
Alvin Queen (dm), Wild Bill Davis (org), Guy Lafitte (ts), Suisse, 1984
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Quels autres musiciens ont vécu en Suisse depuis votre arrivée?
Beaucoup y ont séjourné: Larry Coryell, Francy Boland, Michel Sardaby, Byron Pope... Mais les villes qui comptaient avant tout étaient Paris, pour rayonner au sud de l’Europe, et Copenhague pour le nord.
En 1987, à San Francisco, CA, vous avez enregistré avec Pharoah Sanders (A Prayer Before Dawn, Theresa)…
Exact, et juste avant cette session studio, nous avions joué une semaine au Yoshi’s, à Oakland, CA, qui avait été enregistrée, mais le label n’a jamais sorti les bandes en raison d’un problème technique. En fait, j’avais enchaîné deux semaines aux Yoshi’s et, la précédente, c’était avec George Coleman, Harold Mabern, Ray Drummond qui a donné le disque At Yoshi’s, produit par le même label.
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Niels-Henning Ørsted Pedersen, Ulf Wakenius, Alvin Queen, tournée en Scandinavie, 1991 |
Alvin Queen et Kenny Drew
avec deux clients du Key Stone Club Tokyo, Japon 1991
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© Photos X, Collection Alvin Queen by courtesy
Entre 1988 et 1992, vous avez enregistré une quinzaine de disques avec Kenny Drew, en trio avec Niels-Henning Ørsted Pedersen. Comment cela a-t-il débuté?
Nous nous sommes d’abord retrouvés ensemble sur un concert, en Suisse. Niels connaissait bien mon jeu mais pas Kenny. A l’issue, Kenny s’est dit qu’on pourrait travailler ensemble et m’a pris dans son trio à la place d’Ed Thigpen. Les producteurs japonais du label Alfa Jazz nous ont envoyé une liste des thèmes qu’ils voulaient: des ballades en particulier, adaptées au grand public japonais. Et nous avons enregistré ainsi plusieurs disques par an. Je suis resté avec Kenny jusqu’à sa mort en 1993, comme avec Oscar Peterson, de 2004 à 2007; et toujours avec NHØP qui nous a fait venir, Ulf Wakenius et moi, car nous nous connaissions bien. C’était un peu compliqué avec Oscar en raison de l’attaque qu’il avait eue. Mais jouer avec Kenny ou Oscar, c’était se placer à un niveau d’exigence très élevé: soit vous leur apportez quelque chose, soit vous dégagez. Et c’est le cas de tous les leaders avec lesquels j’ai travaillé: ils étaient durs…
Alvin Queen et Oscar Peterson,
Montreux Jazz Festival, Suisse, 2005
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Quelle était votre relation avec Oscar Peterson?
Un jour, j’ai dit à Oscar que j’avais un rhume. Il m’a répondu: «Nous avons tous un rhume.» Ça voulait dire: «Ne ramène pas tes problèmes sur scène, je n’ai pas de compassion pour toi. Tu fais le concert et ensuite tu rentres dans ta chambre d’hôtel.» C’est comme ça que ça fonctionne! Avec Oscar, j’ai atteint un niveau supérieur, celui du JATP de Norman Granz! Il était dur, mais je n’ai pas eu de problèmes avec lui. Il était comme un chef de famille: il demandait du respect. Il m’a appris qui j’étais. La mort de Niels en 2005 a été terrible! D’autant que c’était lui qui s’occupait de l’organisation de la scène. Les choses sont devenues plus difficiles sans lui.
Vous avez aussi joué avec Ray Brown…
Je me souviens de ce concert au New Morning, en 1996, avec Art Farmer, Roy Hargrove et Jacky Terrasson. J’ai aussi remplacé Lewis Nash sur deux dates lors de la tournée Hank Jones-Ray Brown. C’était vers 2001.
James Morrison (tp), Ray Brown, Alvin Queen,
Hank Jones, Espagne, vers 2001
© Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Parlez-nous de Roy Hargrove. Vous avez également joué avec lui à Toulouse, avec Kirk Lightsey, en 2006…
Roy était un génie; c’était quelqu’un de très spécial avec une énergie formidable. Il avait toujours beaucoup de respect pour ses aînés. Il adorait faire le bœuf sur les concerts des autres. Je me souviens d’un soir à Aix-en-Provence, j’étais en trio avec Dado Moroni et Walter Booker. J’ai senti quelqu’un me tapoter la jambe au bas de la scène; c’était Roy Hargrove. Il avait sa trompette à la main, il voulait faire un morceau avec nous. De la même façon, à chaque fois qu’il participait à une jam-session, il voulait jouer avec tous les musiciens présents. Dès qu’il en avait l’occasion, il jouait! (Rires) Il cherchait sans cesse à apprendre de ses nouvelles expériences.
Vous avez joué à plusieurs reprises avec Monty Alexander. Quel est votre rapport aux rythmes caribéens?
Monty m’a beaucoup aidé sur ce plan car je ne les connaissais pas bien. C’est un magnifique pianiste. J’ai eu aussi une belle expérience avec Michel Sardaby qui était de la Martinique. J’arrive à ressentir d’où viennent les gens dans leur façon de jouer. Chacun joue avec un accent différent en fonction de sa culture.
Comment abordez-vous le jazz pour un public de danseurs, comme par exemple au Caveau de La Huchette?
Je dois leur donner ce dont ils ont besoin. J’ai joué à maintes reprises à La Huchette avec Dany Doriz, Georges Arvanitas et Patricia Lebeugle. C’est un endroit pour les swing dancers; donc, là-bas, je ne vais pas jouer du bebop ou la musique d’Elvin Jones; il faut respecter l’esprit de l’endroit où l’on joue. La musique a des formes différentes, il faut donc s’adapter aux différentes situations, sinon vous n’avez rien à faire là!
Y-a-t-il un échange avec les danseurs, un transfert d’énergie réciproque?
Absolument! D’ailleurs beaucoup de batteurs, comme Buddy Rich, étaient aussi des tap dancers. Regardez les Nicholas Brothers: ils sont en osmose avec les musiciens.
Jouer avec des tap dancers est-il différent?
Non, c’est la même chose. Ils jouent ce que je joue. Ce qui est vraiment important, c’est la discipline du tempo.
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Alvin Queen, Hélène Manfredi-Mondoloni (agent artistique),
Johnny Griffin, Mulgrew Miller, Jazz aux Remparts, Bayonne, 2001
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Alvin Queen, Lonnie Smith, Joe Lovano, Lou Donaldson,
North Sea Jazz Festival, Pays-Bas, 2006
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© Photos X, Collection Alvin Queen by courtesy
Vous nous avez parlé de votre lien avec les pays scandinaves. Vous avez notamment beaucoup enregistré à Copenhague, et vos derniers albums ont été produits par le label danois Stunt.
Copenhague compte plusieurs clubs et a toujours un bon festival. J’ai beaucoup travaillé avec Niels Lan Docky qui a ouvert un club (en 2013), The Standard, où j’ai souvent joué. J’ai eu d’excellents échanges avec les musiciens danois, comme Jesper Thilo. En 2017, j’ai été invité à la soirée des Danish Music Awards pour rendre hommage à Oscar Peterson, en trio avec Zier Romme Larsen et Ida Hvid. Par la suite, les gens du label Stunt sont venus me voir et m’ont proposé de faire un disque. Ça a donné O.P.: A Tribute to Oscar Peterson (2018).
Avec quels musiciens européens pouvez-vous jouer aujourd’hui?
C’est difficile à dire… Il y en a encore quelques-uns de très bons, comme Pierre Boussaguet.
Et Claus Raible?
Ah, oui! On a fait un disque ensemble (cf. discographie) et une tournée dans quelques clubs. C’est un excellent pianiste, dans le style d’Elmo Hope avec lequel j’ai aussi joué d’ailleurs.
Vous êtes retourné aux Etats-Unis pour enregistrer votre dernier album, Feeling Good (Stunt, 2023). Pouvez-vous nous en parler?
Il faut d’abord dire que je n’ai pas pu me rendre aux Etats-Unis pendant trois ou quatre ans en raison d’un problème administratif absurde. Mais j’y suis retourné en septembre 2023, j’ai loué un studio, et j’ai choisi les musiciens. Ça n’a pas été simple. J’avais d’abord pris un saxophoniste, mais ça n’a pas fonctionné avec lui. Je me suis donc limité à un trio et j’ai trouvé un magnifique pianiste, Carlton Holmes, dont tout le monde m’avait dit le plus grand bien. De même, Danton Boller est excellent, mais surtout il est capable d’écouter, d’ouvrir son esprit. Je suis très fier de cet album. Je ne joue pas forcément pour un public de mon âge, mais pour des gens capables d’apprécier mon travail. J’ai fait ce disque parce que j’aime les mélodies. Parfois, je me dis que j’en ai assez de jouer, mais quand j’entends toutes ces belles mélodies de l’American Songbook, ces chansons de Broadway, j’ai envie de les jouer!
Quels sont les musiciens d’aujourd’hui que vous appréciez?
J’aime le batteur Alvester Garnett qui travaille avec Regina Carter. Il y a encore de jeunes musiciens très bons. J’essaie de les aider quand je le peux. Le problème est qu’ils n’ont pas un vécu comme le mien: ils lisent les partitions! Le pire, c’est ceux qui veulent m’apprendre à jouer! (Rires) J’ai soixante ans de carrière, je ne compte pas retourner à l’école! (Rires) La musique va souvent trop vite aujourd’hui. Tout ce que je joue sur scène, c’est pour faire bouger les gens; j’ai autant besoin du public que des musiciens; je veux faire partie de la vie des gens, je ne suis pas là pour leur faire une démonstration. Mais si on leur donne le bon feeling, ils vous suivent n’importe où. Le fait est que la musique qui se fait aujourd’hui est intéressante, mais elle ne peut être comparée avec les disques qui ont été enregistrés les décennies précédentes.
Alvin Queen, Dinant, Belgique, 2011 © Jacky Lepage
Enseignez-vous dans une institution?
Non. Mais je transmets mon savoir aux gens que je trouve intéressants. Sinon, à l’occasion de concerts ou en festivals, on me demande régulièrement de donner des master-classes. J’apprends aux participants quelles sont les règles d’un orchestre. Je les entends généralement parler des notes, jamais du temps et de la discipline.
Russell Malone nous a quittés en août dernier. Vous aviez travaillé avec lui…
Je suis encore sous le choc… On s'est retrouvés à différentes occasions pour des tournées all-stars à travers l’Europe dans les années 1980 et 1990. Il racontait toujours de bonnes blagues et des anecdotes avec un large sourire sur le visage. Il m’interrogeait aussi sur les nombreuses personnes avec lesquelles j'ai joué, en particulier George Benson. Russell était ami avec John Collins –le guitariste de Nat King Cole– avec lequel j’ai tourné et enregistré. Il a également passé du temps dans le trio de Diana Krall, ce qui m'a donné l'occasion de partager avec lui mon expérience dans le quartet d'Oscar Peterson avec NHØP et Ulf Wakenius. Je crois que la première fois que je l’ai rejoint en tournée c’était dans le quartet de Mulgrew Miller, avec Darryl Hall. La deuxième fois, nous avons fait une petite tournée sous son nom, avec Anthony Wonsey et Pierre Boussaguet. Russell était un très bon guitariste et un musicien polyvalent qui écoutait et apprenait beaucoup de ses mentors.
Benny Golson, Alvin Queen, Cedar Walton, concert avec David Williams (b),
Stockholm, Suède, 1995 © Photo X, Collection Alvin Queen by courtesy
Benny Golson a également rejoint l'Olympe des jazzmen en septembre...
Benny Golson était quelqu’un d’une grande spiritualité et très respecté dans la communauté du jazz pour son travail. J’étais ami avec lui depuis de nombreuses années. La dernière tournée que j’ai faite avec lui passait par l’Europe et l’Afrique du Nord, entrecoupée d'une croisière sur la Méditerranée en 1991. Elle comprenait Kenny Burrell, Al Grey, Roland Hanna et Red Holloway. Benny avait découvert McCoyTyner qui était membre de son Jazztet avec Art Farmer avant de rejoindre John Coltrane. A la même époque, il a écrit un de ses thèmes les plus célèbres, «Killer Joe». Benny me parlait souvent des musiciens de Philadelphie qu’il avait aidés et comment il avait participé aux Jazz Messengers d’Art Blakey avec les Philadelphiens Lee Morgan, Bobby Timmons, Jymie Merritt, une formation pour laquelle il a composé l’un de ses titres phares: «Along Came Betty». Il va nous manquer.
Quelle est votre actualité, vos projets de scène?
Je sors un disque, The Jazzcup Café Blues, avec Jesse Davis, Dezron Douglas et Danny Grissett. C’est un enregistrement que j’avais effectué au Domicile(8), à Pforzheim, en Allemagne, en 2019. Stunt Records n’était pas intéressé, mais Cellar Music, le label canadien de Cory Weeds, l’a ajouté à son très beau catalogue. Pour mon prochain album, je songe à enregistrer avec Gary Bartz et Eddie Henderson une musique à l’énergie comparable à celle de Charles Tolliver à l’époque de Music Inc. Côté scène, je suis en train de monter un tournée en leader à travers l'Europe, les Etats-Unis et le Japon pour les prochains mois.
2. Rogers Simon, coiffeur personnel de Sugar Ray Robinson, officiait dans ce salon, le plus réputé de Harlem. Il avait inventé sa propre technique de lissage des cheveux crépus. Celle-ci nécessitait un entretien hebdomadaire. Les salons de coiffure avaient un rôle d'agora dans la communauté afro-américaine, cf. Ernest J. Gaines, L'Homme qui fouettait les enfants.
3. Dans son hommage à Stanley Cowell, Alvin Queen évoquait déjà cette «croix verte». Il s’agit en fait du Drugstore Saint-Germain (ou Drugstore Publicis, 1965-1995), jouxtant la brasserie Lipp et faisant face au Café de Flore. Cet établissement ouvert sept jours sur sept, jusqu’à deux heures du matin, comportait une brasserie, une galerie marchande, un bureau de tabac et une pharmacie dont l’enseigne –une croix verte– surmontait l’entrée (cf. archives INA).
4. Alvin Queen a enregistré à Paris, en février 1982, avec ce groupe: The Incredible!... John Collins (Nilva).
5. «Lâcher des bombes» renvoie à la technique inventée par Kenny Clarke dans les années 1940 consistant à donner des accents irréguliers et imprévisibles à la grosse caisse et à la caisse claire.
6. L’United States Information Agency (1953-1999) est née, sur décision du président Eisenhower, de la fusion des différents services d’information installés dans les ambassades américaines à travers le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette agence a financé différents programmes allant de la propagande appuyée ou douce née avec Voice of America, à la soft diplomatie pendant la Guerre froide et la Lutte pour les droits civiques par les Jazz Ambassadors, à l’initiative du pasteur et politicien Adam Clayton Powell Jr., le mari de la pianiste Hazel Scott. Un programme auquel Louis Armstrong, Dizzy Gillespie, Dave Brubeck ou Duke Ellington ont contribué et qui relevait d’une politique d’influence particulièrement tournée vers l’Afrique et parfois les pays de l’ex-COMECON, dit de l’Est.
Cf. l'article «De l'usage des médias à des fins de propagande pendant la guerre froide», Cairn.info
7. Quelques titres du catalogue ont été réédités en CD dès les années 1980 par le label suisse Divox Jazz, puis dans les années 1990, par les label Sound Hills (Japon) et Evidence (USA). Les dernières productions du label, entre 1989 et 1992 sont parues directement en CD. Alvin Queen a réactivé Nilva en 2008 pour rééditer l’album Jammin' Uptown (cf. discographie).
8. Le Domicile «historique» de Munich a existé de 1965 à 1981. Ce club à la réputation internationale, comparable à celle du Jazzhus Montmartre de Copenhague, a accueilli de nombreux enregistrements live. Le Domicile de Pforzheim, ville du sud-ouest de l'Allemagne, près de Stuttgart, existe depuis 1975.
ALVIN QUEEN & JAZZ HOT (non exhaustif)
n°251, juin 1969: flash «Horace Silver a changé de batteur. Il a engagé un jeune musicien de 18 ans, Alvin Queen, dont on dit monts et merveilles.»
n°278, décembre 1971: comptes rendus concert Charles Tolliver/Music In. à La Gaîté Montparnasse, bœuf au Jazz Inn., novembre 1971
n°572, juillet-août 2000: interview, discographie par Félix W. Sportis,
Spécial 2005: Art Blakey vu par Alvin Queen
n°581, juin 2001: compte rendu Dany Doriz Quintet (Gianni Basso, Georges Arvanitas, Patricia Lebeugle, Alvin Queen) + guests Ted Curson et Enrico Granafei au Caveau de La Huchette, avril 2001
n°635, décembre 2006-janvier 2007: compte rendu Roy Hargrove Quartet (Kirk Lightsey, Reggie Johnson, Alvin Queen), Jazz sur son 31, Toulouse, octobre 2006
n°663, printemps 2013: compte rendu Alvin Queen Quartet au Duc des Lombards
n°664, été 2013: compte rendu Guitar Conférence Band (Larry Coryell, Mark Whitfield, Philip Catherine, Ulf Wakenius), Jazz en Comminges
Autres comptes rendus sur Alvin Queen:
Jazz Hot n°468-1989; n°548, n°555-1998; n°573, Supplément n°574-2000; n°584-2001; n°586-2001-2002; Supplément n°590, n°595-2002; n°602, n°604-2003; n°615-2004; n°617-2005; n°633, n°634-2006; n°642-2007; n°648-2009; n°657-2011
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DISCOGRAPHIE
Leader/Coleader LP 1980. Alvin Queen in Europe, Nilva 3401 Fred Smith (tp,flh), Maurice Magnoni (ts), Francois Lindemann (p), Jean-Yves Petiot (b), Lausanne, Suisse, 8 février CD 1980-92. Alvin Queen, Hear Me Drummin' to Ya!, Jazzette 036 Lobi Kakraba (mar,vib), Ray Drummond (b), Big Black (perc), Hrvoje Rupcic (cga) LP 1981. Alvin Queen, Ashanti, Nilva 3402 (=CD Divox Jazz CDX-48703) Dusko Gojkovic (tp,flh), James Spaulding (as,fl), Bill Saxton (ts,ss), John Hicks (p), Ray Drummond (b), White Plains, NY, 18 août LP 1982. Alvin Queen, Glidin' and Stridin', Nilva 3403 (=CD Divox Jazz CDX-48702) Junior Mance (p), Martin Rivera (b), New York, NY, 29 juillet LP 1983. Alvin Queen & Dusko Gojkovic, A Day in Holland, Nilva 3407 (=CD Sound Hills 8057) Dusko Gojkovic (tp,flh), Sal Nistico (ts), Cees Slinger (p), Fred Pronk (b), Monster, Pays-Bas, 23 mars
LP 1985. Alvin Queen Quartet, Introducing: RTB Big Band, Plainisphare 1267-23 Stjepko Gut (tp,flh), Milos Krstic (p), Misa Blam (b), Belgrade, Yougoslavie, 12-13 avrilLP 1985. Alvin Queen/Lonnie Smith, Lenox and Seventh, Black & Blue 33.178 (=CD 928.2) Dr. Lonnie Smith (org), Melvin Sparks (g), Paris, 28 mai CD 1985. Collectif, Jugoslavenski Festival Jazza Bled '85, Jugoton 66261 1 titre avec Alvin Queen Quartet: Stjepko Gut (tp,flh), Milos Krstic (p), Misa Blam (b), Bled, Yougoslavie, 21-22 juin LP 1985. Alvin Queen, Jammin' Uptown, Nilva 3413 (=CD JAM 9164-2)
Terence Blanchard (tp), Robin Eubanks (tb), Manny Boyd (ts,as,ss), John
Hicks (p), Ray Drummond (b), White Plains, NY, 24-25 août CD 1992. Alvin Queen Quintet, I'm Back, Nilva NQ 3421 Fabio Morgera (tp,flh), Amadou Diallo (ts), James Weidman (p), Fred Hunter (b), Copenhague, Danemark, 24 juin CD 1998. Alvin Queen and Stepko Gut Big Band and String Ensemble, Nishville, Moju Music 003 Stjepko Gut (tp,flh,voc), Peter Mihelich (p), Reggie Johnson (b), Willie Kotoun (perc) + RTS Big Band, Belgrade, Yougoslavie, 27 février-4 mars
CD 2001. Jesper Thilo Meets Alvin Queen, This Is Uncle Al, Music Mecca 3075-2 Jesper Thilo (ts), Olivier Antunes (p), Jesper Lundgaard (b), Copenhague, Danemark, 29-30 septembre
CD 2005. Alvin Queen, I Ain't Looking at You, Tokuma 32115 Terell Stafford (tp,flh), Jesse Davis (as), Mike LeDonne (org), Peter Bernstein (g), Barcelone, Espagne, 9 juin CD 2008. Alvin Queen, Mighty Long Way, Justin Time 8549-2
Terell Stafford (tp,flh), Jesse Davis (as), Mike LeDonne (org), Peter
Bernstein (g), Elias Bailey (b), Neil Clarke (cga,perc), New York, NY,
25-26 mars
CD 2018. Alvin Queen Trio, O.P.: A Tribute to Oscar Peterson, Stunt 18152 Zier Romme Larsen (p), Ida Hvid (b), Copenhague, Danemark, octobre CD 2019. Alvin Queen, The Jazzcup Café Blues, Cellar Music 091523 Jesse Davis (as), Danny Grissett (p), Dezron Douglas (b), Cesar Granados (perc), Domicile, Pforzheim, Allemagne, 13-14 mai CD 2021. Alvin Queen, Night Train to Copenhagen, Stunt 21062 Calle Brickman (p), Tobias Dall (b), Elsinore, Danemark, 22-23 mars CD 2023. Alvin Queen Trio, Feeling Good, Stunt 24042 Carlton Holmes (p,kb), Danton Boller (b), Paramus, NJ, 26,27,29 septembre
Sideman (sélection)
LP 1970. Leon Thomas Recorded Live March 15, 1970: At Fillmore East, New York, Flying Dutchman 136 LP 1972. Charles Tolliver/Music Inc, Impact: Recorded Live at the Domicile, Enja 2016 (=CD 2109-2) LP 1972. Charles Tolliver’s Music Inc, Live at the Loosdrecht Jazz Festival, Strata-East 19740/1 (=CD Black Lion 760145) CD 1973. Horace Silver Quintet, The 1973 Concerts: Finland, Boston + NYC, Further 658927 LP 1977. Charles Tolliver, Compassion, Strata-East 8001 (=LP New Tolliver, Baystate 6025/CD New Tolliver, Strata East 660-51-007) CD 1979. The Charles Tolliver Big Band, Mosaic Select 037 LP 1980. Art Farmer Sextet, Round About Midnight, Jugoton LSY66127
LP 1981. Eddie Lockjaw Davis, Jaw's Blues, Enja 3097 (=CD 3097-08) LP 1981. Horace Parlan, Pannonica, Enja 4076 (=CD 4076-2) LP 1981. Eddie Lockjaw Davis Quartet, We Are Here, Mr. Jazz 1001 LP 1983. Guy Lafitte/Wild Bill Davis, Three Men on a Beat, Black & Blue 33.181 (=CD 973.2) LP 1983. Dusko Gojkovic, Snap Shot, Diskoton 8147 (=CD Cosmic Sounds 30073) LP 1983. Dusko Gojkovic With His International Quintet, Blues in the Gutter, Diskoton 8114 (=CD Cosmic Sounds 30072)
CD 1984. Junior Mance Trio, The 1st: Live at 3361 Black, Tokuma 3034 CD 1986. Niels Lan Doky Trio, Here or There, Storyville 4117
CD 1987. George Coleman, At Yoshi's, Theresa 126 CD 1987. Pharoah Sanders, A Prayer Before Dawn, Theresa 127 CD 1988. Tete Montoliu Trio, Fresh Sound 5060 CD 1988. Jerome Richardson and the Tete Montoliu Trio, Groovin' High in Barcelona, Fresh Sound 5065 CD 1988. Kenny Drew Trio, Impressions, Alfa Jazz 32R2-14 CD 1989. Kenny Drew Trio, Recollections, Alfa Jazz 29R2-59 CD 1989. Kenny Drew Trio, Christmas Song, Alfa Jazz 18R2-58 CD 1990. Kenny Drew Trio, Expressions, Alfa Jazz 65 CD 1990. Kenny Drew Trio, Piano Night, Meldac 30018 CD 1990. André Villéger, Connection, Jazz aux Remparts 39.641 2 CD 1991. Kenny Drew Trio, Live in Tokyo, Pony Canyon 30210 CD 1991. Kenny Drew Trio, Autumn Leaves, Alfa Jazz 114 CD 1991. Kenny Drew Trio, Standards Request Live at the Keystone Korner Tokyo, Alfa Jazz 88/89 CD 1991. Collectif, Springtime Jazz Fever '91, Jazzette 007 (1 titre avec Kenny Drew Trio+1 titre avec Scott Hamilton Quartet) CD 1991. Junior Mance & Frank Wess, Opus De Funk, Lob Inc. 1066 CD 1991. Christian Escoudé With Strings, Plays Django Reinhardt, Gitanes Jazz Productions/EmArcy 510 132-2
CD 1991. Kenny Drew Trio, Evergreen, Alfa Jazz 134 CD 1992. Kenny Drew Trio, At The Brewhouse, Storyville 8318 CD 1992. The Harry Sweets Edison Quintet, Swingin' "Sweets", L+R Records 45076 CD 1992. Kenny Drew Trio, Cleopatra’s Dream, Alfa Jazz 230 CD 1992. Kenny Drew, Live, Laser Disc 0078-6 CD 1992. Kenny Drew Trio, Plays Standards, Alfa Jazz 260/61 CD 1992. Kenny Drew Trio, The Last Recording, Alfa Jazz 315 CD 1993. Lou Levy, Ya Know, Gitanes Jazz Productions/Verve 519 700-2 CD 1994. Dusko Gojkovic-Gianni Basso Quintet, Live at Birdland Neuburg, Birdland Neuburg 004 CD 1994. Dusko Gojkovic, Bebop City, Enja 9015-2 CD 1995. Junior Mance, At Town Hall, Vol. 1, Enja 9085-2 CD 1995. Junior Mance, At Town Hall, Vol. 2, Enja 9095-2 CD 1995. Warren Vaché, Talk to Me Baby, Muse 5547 CD 1998. Bennie Wallace Quartet, Audioquest 1051 CD 1998. Pierre Boussaguet, Charme, EmArcy 538 468-2 CD 1998. Gianni Basso and His Sax and Rhythm Sextet, Giants of Jazz 53285
CD 2000. Benny Powell, The Gift of Love, Faith 003 CD 2000. George Robert & Phil Woods, Soul Eyes, Mons Records 874-361 CD 2000. Johnny Griffin & Steve Grossman Quintet, Dreyfus 36615-2 CD 2004. Bennie Wallace, Disorder at The Border: The Music of Coleman Hawkins, Enja 9506-2 CD 2011. Michel Sardaby Trio, Nature, Sound Hills 8142 CD 2012. Cedric Caillaud Trio Featuring Alvin Queen, Swingin' The Count, Swing Alley 022 CD 2012. Dado Moroni, Five for Trane, Via Veneto Jazz 089 CD 2018. Claus Raible, Trio!, Alessa 1081
Catalogue complet Nilva Records (enregistrements édités entre 1980 et 1992)
LP 1975-79. Khaliq Al Rouf & Salaam, The Elephant Trot Dance, Nilva 3404 (avec Alvin Queen) LP 1980. Alvin Queen in Europe, Nilva 3401 LP 1981. Alvin Queen, Ashanti, Nilva 3402 (=CD Divox Jazz 48703) LP 1982. Alvin Queen, Glidin' and Stridin', Nilva 3403 (=CD Divox Jazz 48702) LP 1982. Charles Davis, Super 80, Nilva 3410 LP 1982. John Collins, The Incredible!..., Nilva 3412 (avec Alvin Queen) LP 1983. Junior Mance-Martin Rivera Duo, The Tender Touch of, Nilva 3405 LP 1983. Big John Patton, Soul Connection, Nilva 3406 (avec Alvin Queen) LP 1983. Alvin Queen & Dusko Gojkovic, A Day in Holland, Nilva 3407 (=CD Sound Hills 8057) LP 1984. Bill Saxton, Beneath the Surface, Nilva 3408 (avec Alvin Queen) LP 1984. Ray Drummond, Susanita, Nilva 3409 (avec Alvin Queen) LP 1985. Bob Cunningham, Walking Bass, Nilva 3411 (avec Alvin Queen) LP 1985. Alvin Queen, Jammin' Uptown, Nilva 3413 (rééd. CD 2008: Nilva JAM 9164-2) LP 1985. Ronnie Mathews, So Sorry Please, Nilva 3414 (=CD Sound Hills 8089, avec Alvin Queen) CD 1985. Ray Drummond, Maya’s Dance, Nilva 3415 (avec Alvin Queen) LP 1985. Edmund J. Wood, Immanent Domain, Nilva 3416 CD 1985-88. John Hicks/Elise Wood, Luminous, Nilva 3419 (=CD Evidence 22033-2, avec Alvin Queen) CD 1988. Collectif, Piano Seven: Live!, Nilva 3417 CD 1988. Raymond Court, Beautiful Friendship, Nilva 3418 (avec Alvin Queen) CD 1989. Moncef Genoud Trio, Waiting for Birth, Nilva 3420 (avec Alvin Queen) CD 1992. Alvin Queen Quintet, I'm Back, Nilva 3421
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VIDÉOGRAPHIE
Alvin Queen (dm), Niels Henning Ørsted-Pedersen (b), Oscar Peterson (p), Festival International de Jazz de Montréal, Canada, 10 juillet 2004, image extraite de YouTube
Chaînes YouTube d'Alvin Queen
réal. Marc Pavaux, prés. André Francis https://www.youtube.com/watch?v=58mnFI2Sm7o
1981. Alvin Queen, Eddie Lockjaw Davis (ts), Horace Parlan (p), Reggie Johnson (b), The Domicile, Munich, RFA https://www.youtube.com/watch?v=Hwm7FHWibLQ
1985. Alvin Queen, Junior Mance (p), Martin Rivera (b), «Girl of My Dream», émission TV, Barcelone, Espagne https://www.youtube.com/watch?v=HnQb0mYj5mo
1986. Alvin Queen, Johnny Griffin (ts), Woody Shaw (tp), John Hicks (p), Reggie Johnson (b), Club Subway, Cologne, RFA, novembre https://www.youtube.com/watch?v=oqt6ghV8k6U
1991. Alvin Queen, Tommy Flanagan (p), George Mraz (b), «Well You Needn't», «’Round About Midnight», Jazzfestival Bern, Suisse, 5 mai https://www.youtube.com/watch?v=TT6UcBMBd9M https://www.youtube.com/watch?v=ZiyK_D701Kw
1992. Alvin Queen, Junior Mance (p), Horacio Fumero (b), «Jubilation», émission TV, RTVE, Espagne, 4 juin
1992. Alvin Queen, Kenny Drew (p), Niels Henning Ørsted-Pedersen (b), Brewhouse Theatre, Taunton, Angleterre, Royaume-Uni, 22 mars
1996. Alvin Queen, Tete Montonliu (p), Tom Harrell (tp), Gary Bartz (s), Pierre Boussaguet (b), 50 ans de jazz de Tete Montoniu, Teatro Monumental de Madrid, Espagne
1998. Alvin Queen, Ron Affif (g), Essiet Essiet (b), Jazz à Vienne, 2 juillet https://www.youtube.com/watch?v=dIS5IzFvroQ https://www.youtube.com/watch?v=xWcZC43Z-mw https://www.youtube.com/watch?v=R0-S8hqvSPc https://www.youtube.com/watch?v=kN090zbMwyc
1999. Alvin Queen, documentaire: Sur la route: L’Homme aux baguettes d’or/The Man With the Golden Sticks de Patrick Savey, New Morning Productions, Genève, Suisse https://www.youtube.com/watch?v=aMr0w4IO_cw https://www.youtube.com/watch?v=FeYzax2Exd0 (sous-titré en français)
2000. Alvin Queen, George Coleman (ts), John Hicks (p), Curtis Lundy (b), «Cherokee», North Sea Jazz Festival,
2003. Alvin Queen, Jon Faddis (tp), Michael Brecker (ts), Ulf Wakenius (g), Benny Green (p), Niels Henning Ørsted-Pedersen, Christian McBride (b), Tribute to Ray Brown, Jazz Baltica, Palais de Salzau, Fargau-Pratjau, Allemagne, 5 juillet https://vk.com/video-124453287_456240075 https://www.youtube.com/watch?v=DRcVWD6TSlQ
2004. Alvin Queen, Oscar Peterson (p), Ulf Wakenius (g), Niels Henning Ørsted-Pedersen (b), Festival International de Jazz de Montréal, Canada, 10 juillet https://www.youtube.com/watch?v=ElaZ4tHd0GQ https://www.youtube.com/watch?v=R-rfw_Oq5_w
2004. Alvin Queen, Oscar Peterson, Oliver Jones (p), Ulf Wakenius (g), Niels Henning Ørsted-Pedersen (b),
2024. Sortie le 15 novembre de l’album Alvin Queen, The Jazzcup Café Blues avec Jesse Davis (as), Danny Grissett (p), Dezron Douglas (b), Cesar Granados (perc), Cellar Live, enregistré les 13 et 14 mai 2019 au Domicile jazz club, à Pforzheim, Allemagne https://www.youtube.com/watch?v=8A242y0OleU
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