Err

Bandeau-pdf-web.jpg
Steve Kuhn

A Quiet Man


Steve Kuhn © photo X by courtesy of stevekuhnmusic.com

Le 24 mars 2014, Steve Kuhn a fêté ses 76 ans au sommet de son art. Son phrasé, sa technique, sa sérénité et son sens de la mélodie en font un musicien d’exception.
En 1960, à la Jazz Gallery, à New York, John Coltrane est en passe de mettre sur pied la formation qui deviendra le plus fameux quartet de l'histoire du jazz. Après Cedar Walton et Tommy Flanagan, il intègre un jeune pianiste qui vient de quitter l'orchestre de Kenny Dorham (1959-1960) : Steve Kuhn a tout juste 21 ans… Il demeure avec le saxophoniste pendant huit semaines jouant six soirs par semaine, expérience essentielle pour le jeune artiste, même si par la suite John Coltrane fait appel à McCoy Tyner…
Steve Kuhn a eu à Boston une formation classique avec Margaret Chaloff, la mère de Serge avec lequel le jeune pianiste débute professionnellement à 13 ans. Diplômé de Harvard – bien que jouant tous les soirs en club avec Arnold Wise et Chuck Israels – il a joué aussi bien avec Stan Getz (1961-1963) et Art Farmer (1964-1966) avant de voler de ses propres ailes et d'avoir ses propres trios, formation qu'il affectionne. Dans ce registre, il joue avec Steve Swallow et Billy Drummond depuis des années. Compositeur, il dispose d'un large répertoire et certaines de ses compositions sont devenues des standards. Sa personnalité musicale et sa longue collaboration avec ECM témoignent de sa permanente recherche de nouvelles couleurs musicales où le groove et le soul, délicatement présents, ne sont pas des éléments dominants. Le fils d'émigré hongrois, après des débuts dans le courant plus churchy du jazz, a trouvé sa voie dans une musique tout aussi lyrique, plus tempérée, où il excelle : « Toucher le cœur des auditeurs est ce que je recherche avant tout. » Une belle devise !


Propos recueillis par Mathieu Perez
Discographie établie par Guy Reynard
Portrait photo X by Courtesy of stevekuhnmusic.com
Autres photos © Serge Baudot


© Jazz Hot n° 667, printemps 2014


Jazz Hot : Vous avez étudié le piano dès le plus jeune âge et avez eu Margaret Chaloff 1 comme professeur. Qu’avez-vous appris d’elle ?

Steve Kuhn : Je l’ai rencontrée quand j’avais 12 ans. J’ai commencé le piano à 5 ans quand nous vivions encore à Brooklyn, puis nous avons déménagé à Chicago puis Boston. C’est là que nous avons entendu parler d’elle. Elle était entièrement dévouée à l’enseignement. Elle enseignait les techniques de l’école russe qui vous permet un jeu très dynamique, aussi rapide ou lent que le son que vous avez en tête et avec une projection qui soit naturelle. Vous poussez depuis les pieds et le son monte aux genoux puis aux mains et à la bouche jusqu’à pouvoir souffler sur les touches du clavier comme si c’était un cuivre. La respiration est la même pour le diaphragme que vous soyez bassiste, batteur, trompettiste ou pianiste. Beaucoup de pianistes jouent avec de la tension dans les avant-bras et le son est bloqué. Je jouais alors Chopin, Bach, Beethoven, Prokofiev, Rachmaninov, essentiellement de la musique classique. Son fils, Serge Chaloff, était un très bon musicien de jazz, et elle aimait beaucoup le jazz. Elle connaissait très bien la musique de Charlie Parker.

Vous avez baigné dans le jazz très tôt.

Mon père avait une collection de 78 tours. Quand il les passait, j’étais très excité. J’arrivais, avant même de savoir parler, à reconnaître les pochettes de disques. J’ai toujours su que je serais musicien. Dès le plus jeune âge. A 5 ans, mon père a insisté pour que je prenne des cours de piano mais cela m’ennuyait de devoir répéter constamment les mêmes morceaux. Pour me garder en éveil, mes professeurs me donnaient à jouer un peu de boogie-woogie en guise de récompense. Mais j’avais envie d’improviser. 

Steve Kuhn © Serge Baudot


Vous avez étudié à Harvard ?


J’ai eu la chance d’être admis à Harvard. J’avais choisi la musique comme spécialité, mais je n’y étais pas pour la musique.

Comment le jazz était-il alors perçu ?

J’étais le mouton noir. Pour la plupart des professeurs, la musique s’était arrêtée avec Stravinsky. Le jazz était pire que de la mauvaise musique. Personne n’avait de respect pour le jazz à l’exception de Walter Piston 2, un compositeur reconnu à l’époque. Il prenait sa retraite à la fin de l’année, donc son enseignement était très détendu. Il enseignait la composition musicale du XXe siècle. Chaque semaine, il nous demandait de préparer quelque chose dans l’esprit des compositeurs du dodécaphonisme et d’autres. Il avait du respect pour le jazz. Les autres ne sortaient pas de Palestrina 3, Bach et Beethoven.

Vos camarades ne s’intéressaient pas au jazz ?

Mes camarades étaient des musiciens classiques. Je ne peux penser à personne d’autre, avant moi, qui soit passé de Harvard au jazz.

Après Harvard, vous avez suivi le programme à Lenox School of Jazz.

J’ai obtenu une bourse pour étudier pendant les trois semaines de session à Lenox School of Jazz. C’était l’été 1959. Bill Evans, Gunther Schuller, George Russell et Kenny Dorham y enseignaient. Les élèves étaient répartis en groupe. Cette année-là, il y avait notamment Ornette Coleman, Don Cherry, Gary McFarland et je me suis retrouvé dans le même groupe qu’Ornette et Don.

Etait-ce votre première expérience aux côtés d’autres musiciens de jazz ?

J’ai commencé à jouer en concert à l’âge de 13 ans à Boston. Je remplaçais des musiciens. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai joué en solo au Stable et au Storyville dont George Wein était le propriétaire. J’étais une sorte d’enfant prodige. C’était partout dans les journaux. Puis j’ai joué avec mon trio avec Coleman Hawkins et Chet Baker.

Beaucoup de musiciens qui ont suivi ce programme ont en effet eu de grandes carrières… Par exemple, Gary McFarland 4 avec qui vous avez enregistré l’album The October Suite: Three Compositions of Gary McFarland en 1966.

Gary n’avait pas une formation académique. C’était un talent naturel. Il avait étudié à la Berklee School de Boston mais n’y était pas resté longtemps. Il n’avait pas du tout aimé. Puis, il est parti pour New York. Ornette est arrivé à New York à la même époque que moi, à l’automne 1959. Il a commencé à travailler avec Don Cherry et avec le groupe de Charlie Haden. Quand je suis arrivé à New York, j’ai mis au courant tous ceux que j’avais rencontrés à Lenox et à Boston de ma disponibilité. Kenny Dorham cherchait alors un pianiste pour son quintet. Nous avons joué dans un coin de Brooklyn, qui s’appelle Bedford Stuyvesant, un quartier noir. De toute façon, j’étais le seul Blanc du groupe. Nous avons tourné aux Etats-Unis et au Canada.

Revenons sur les professeurs de 1959 à Lenox. Gunther Schuller a joué un grand rôle dans votre vie. Quel lien aviez-vous avec lui ?

J’avais beaucoup d’admiration pour Gunther Schuller car il avait une connaissance incroyable de la musique et de la musique classique. Et il adorait le jazz. Il avait une émission à la radio à New York sur la musique du XXe siècle. Il avançait chaque semaine par ordre chronologique, de 1900 au milieu des années 1950. J’écoutais l’émission dès que je pouvais car on apprenait beaucoup. Il était entièrement dévoué à la musique. Coltrane était pareil. Ce sont les deux personnes que j’ai rencontrées à mes débuts à New York qui se concentraient sur la musique. Ils ne vivaient que pour ça.

Steve Kuhn, Jazz Fort Napoléon, La Seyne-sur-Mer 2012 © Serge Baudot


Bill Evans est sans doute le pianiste avec qui vous aviez le plus d’affinités. Quand le rencontrez-vous ?


La première fois que j’ai rencontré Bill, il jouait avec George Russell à la Brandeis University où j’ai eu la chance de le voir en concert. Il avait dix ans de plus que moi et était plus construit musicalement. Il jouait de la façon que je m’efforçais d'atteindre. Il fallait que je trouve ma voix. Je devais apprendre de cette expérience. Quand je suis arrivé à New York, beaucoup m’ont comparé à Bill.

Qu’aimiez-vous chez lui ?

Bill était un virtuose pour déchiffrer la musique. En un coup d’œil, il savait comment jouer la partition. Ce qui se développe à force de travail. Il avait une très belle technique qu’il ne mettait jamais au premier plan, mais la minorait. Peut-être mon sens du swing était plus intense que le sien. J’étais probablement plus influencé par le swing et Charlie Parker qu’il ne pouvait l’être.

Vous êtes-vous toujours intéressé à la musique dodécaphonique et sérielle ?

J’ai fait beaucoup de découvertes grâce à l’émission de radio de Gunther. Je m’intéressais beaucoup à Messiaen 5, John Cage 6, Boulez 7. Quelle que soit l’influence que cela a eu sur moi. A une époque, je jouais plus free, disons plus comme Cecil Taylor, tout en ajoutant ma griffe. Je cherchais ma voix.

Après avoir suivi le programme à Lenox, vous travaillez avec Kenny Dorham…

J’ai joué avec Kenny deux-trois semaines. C’était un ange. Un musicien plein de talent. Il  composait, jouait de la trompette et était bon chanteur, ce que peu de gens savent. Il avait un son très doux à la trompette. Il souffrait hélas du manque de reconnaissance. Il pensait qu’il la méritait tout autant que Dizzy ou Miles. C’était un musicien singulier mais pas toujours concentré à 100 % sur la musique. Il aimait courir après les filles et se défoncer un peu.

Vous jouiez dans le trio de Kenny Dorham quand vous avez appris que John Coltrane  quittait Miles Davis. Comment avez-vous rencontré Coltrane ?

Il venait de quitter Miles. J’ai eu son numéro de téléphone et je l’ai appelé : « Je sais que vous ne me connaissez pas mais je travaille actuellement avec Kenny Dorham, et j’aimerais beaucoup vous rencontrer, parler de musique et jouer un peu. » Une semaine ou deux plus tard, il me passait un coup de fil. J’imagine qu’il avait eu Kenny ou s’était renseigné sur moi. Nous nous sommes rencontrés dans un petit studio d’enregistrement à deux pas de mon hôtel à Midtown, une pièce minuscule avec un piano droit et une chaise. On a joué quelques morceaux que je connaissais et nous avons parlé. Il n’a rien ajouté de plus. Il m’a remercié, et nous nous sommes quittés. Une semaine ou deux plus tard, il m’a appelé à nouveau et m’a invité à dîner chez lui dans le Queens. Sa femme préparerait un plat, et nous pourrions parler et jouer de la musique. J’ai pris le métro, et il se passa la même chose que la première fois dans le studio. Il m’a ramené en voiture à Manhattan et n’a rien ajouté. Quelque temps plus tard, le téléphone sonne à l’hôtel ; c’était Coltrane : « Est-ce que 135 dollars par semaine, ça t’irait ? » Je gagnais alors 100 dollars par semaine avec Kenny. Ce n’était pas qu’une promotion. J’étais très heureux de jouer avec lui.

Vous jouiez alors à la Jazz Gallery…

Il avait été embauché pour deux à quatre semaines à la Jazz Gallery de New York. Le club n’a cessé de renouveler deux semaines supplémentaires. Il y joua en tout pendant vingt-six semaines d’affilée ; du jamais vu ! Aujourd’hui plus personne ne joue dans un club plus d’une semaine. J’ai accompagné Coltrane huit, dix semaines, six jours sur sept. C’était une expérience formidable, je ne l’oublierai jamais. C’est plus tard que j’ai appris que Coltrane voulait initialement McCoy Tyner. Il jouait dans le Jazztet avec Art Farmer, Benny Golson et Curtis Fuller. Il était sous contrat et ne pouvait partir. Mais John ne me l’a pas dit quand il m’a engagé. Huit, dix semaines après mon arrivée, McCoy était libre et a rejoint le groupe. Le temps que j’ai passé avec John était très spécial. Tous les musiciens avaient leur solo. Il y avait de la place pour chacun. John parlait peu. Il était très humble, très discret. Son dévouement à la musique était extraordinaire. C’était très inspirant d’être autour de lui. Après ça, je suis reparti avec Kenny pendant six mois. Scott LaFaro m’a appelé pour me dire que Stan Getz revenait de Copenhague vivre aux Etats-Unis et voulait mettre sur pied un quartet. Scott était partant s’il pouvait choisir la rythmique. Il travaillait alors avec Bill Evans. Nous nous sommes tous rencontrés avec Scott et Pete La Roca au Village Vanguard et avons joué ensemble. Nous étions embauchés. C’était le quartet original de 1961. Après deux semaines, Scott n’était pas satisfait avec Pete La Roca. Il voulait entendre plus les toms et moins les cymbales. Pete aimait les cymbales. Scott a menacé Stan de partir s’il ne le remplaçait pas. Il voulait Roy Haynes. C’est ce qui s’est passé jusqu’à la mort de Scott. Il est mort dans des conditions tragiques à peine quatre-cinq mois après la naissance du quartet. A ce jour, il me manque. C’était un homme formidable, très talentueux, accro’ au sport et à la vie.

Vous avez fait partie du trio de Stan Getz. Etait-il facile de travailler avec lui ?

J’ai joué pendant deux ans avec Stan avec une pause de huit mois au milieu. Après la mort de Scott, John Neves, un de mes amis de Boston, a rejoint le quartet. Nous avons joué avec Roy Haynes jusqu’à ce que le groupe se sépare. Huit mois plus tard, Stan m’a rappelé pour m’inviter à le rejoindre avec le batteur Al Harewood et le bassiste Tommy Williams. Nous avons joué pendant un an. Puis, j’ai rejoint Art Farmer avec Pete La Roca et Steve Swallow après le départ de Jim Hall. Stan était un excellent musicien mais avait plusieurs personnalités. Il pouvait être aussi charmant qu’épouvantable à certains moments. Cela dépendait du nombre de verres qu’il avait bus ou de la cocaïne qu’il avait prise. Il manquait de confiance en lui. Après mon départ du quartet de Coltrane, John et Stan ont été engagés à la Jazz Gallery pour jouer le même soir. Stan était très parano à l’égard de Coltrane. A l’époque, on ne parlait que de John. Mais Stan n’avait aucune raison de réagir comme ça, c’était un très bon musicien mais ils jouaient différemment. Cette semaine-là, Stan était complètement fou. Il ne cessait de me dire que je préférerais jouer avec Coltrane plutôt qu’avec lui. Il n’était vraiment pas de bonne humeur…




Dans quel contexte s’est fait votre premier album Country and Western Sound of Jazz Pianos en 1966 ?


Au départ, le producteur Tom Wilson avait une maison de disques à Boston. C’était aussi un ancien de Harvard, un peu plus âgé que moi. Il avait créé Transition Records. C’était le premier à produire un album de Cecil Taylor. A un moment, il avait travaillé à United Artists Records. Il devait me connaître de Harvard ou de Boston. Je l’ai rencontré quand je jouais en trio, avec Chuck Israels et Arnold Wise, qui ont travaillé des années plus tard avec Bill Evans. Nous sommes partis à New York en 1958 enregistrer pour United Artists Records un album qui n’est finalement jamais sorti. C’était la première fois que j’enregistrais en studio. J’ai toujours les bandes et le test pressing. Je les sortirai peut-être un jour. Pour Dauntless Records, le label jazz de Audio Fidelity, Tom Wilson trouvait qu’il serait intéressant d’un point de vue commercial de mélanger le piano jazz à la musique country. Il voulait deux pianistes, Herbie Hancock et moi ; mais Herbie n’était pas disponible. La Japonaise, Toshiko Akiyoshi, fut alors embauchée. Eddie Summerlin fit les arrangements de ces chansons jazz et country pour deux pianos. Il y avait Barry Galbraith à la guitare, deux basses, John Neves et David Izenzon, et Pete La Roca. Il espérait toucher le public du jazz et celui de la country mais au final il n’en eut aucun !

Steve Swallow est un compagnon de route que vous n’avez jamais quitté. Sa rencontre date-t-elle de ces années, de l’album Three Waves de 1966 ?

J’ai rencontré Steve avant Three Waves au début des années 1960. Nous avions travaillé ensemble dans différents contextes. C’est le frère que je n’ai jamais eu. Jim Hall travaillait avec Art Farmer qu’il quitta. Pete La Roca et Steve lui ont suggéré de me prendre. Et j’étais embauché. Nous sommes restés ensemble pendant un an.

Steve Kuhn, Steve Swallow, Billy Drummond, Jazz Fort Napoléon, La Seyne-sur-Mer 2012 © Serge Baudot


Vous privilégiez toujours le trio. Qu’aimez-vous tant dans cet ensemble ?


C’est l’ensemble que j’apprécie le plus. Avec un quatrième musicien, ce n’est pas pareil. Le concept du trio est une conversation. C’est une démocratie. On s’écoute mutuellement. Cela peut partir dans toutes les directions. J’ai appris ça très tôt des trios de Ahmad Jamal et de Bill Evans. C’était une bonne leçon. J’essaie de poursuivre cette idée. Quand on est jeune, on veut tout jouer, raconter toute sa vie et rapidement. Plus je vieillis, plus je ralentis la cadence et joue davantage la musique qui vient du cœur. C’est comme ça qu’on touche les gens, pas en jouant rapidement ou lentement. L’essentiel est de toucher les gens sur le plan affectif. C’est ma raison d’être.

Vos premiers albums comptent peu de compositions. Pourquoi ?

Ecrire est difficile. Je n’ai pas cette discipline. En 1969, j’enregistrais à Paris Childhood Is Forever avec Steve Swallow et Aldo Romano. A la fin de la session, j’avais enregistré toutes les chansons de mon répertoire. J’avais besoin de matière. Steve m’a poussé à écrire. Je vivais en Suède à l’époque et ma femme, qui était chanteuse et jouait avec nous, a aussi insisté pour que je m’y mette. Durant l’été 1969, j’ai écrit treize compositions en deux mois et des paroles pour certaines d’entre elles.

Vous avez vécu à Stockholm de 1967 à 1971, était-ce l’appel du jazz ?

Je suis tombé amoureux d’une actrice suédoise, qui était aussi chanteuse. Elle avait beaucoup de talent pour la comédie et les rôles dramatiques. Elle a beaucoup tourné. Elle s’appelait Monica Zetterlund. Nous avons vécu ensemble pendant quatre ans. Vivre à l’étranger était une très belle expérience. Je travaillais beaucoup en Scandinavie avec mon trio, Palle Danielsson et Jon Christensen, et avec d’autres bassistes et batteur comme Aldo Romano. Nous avons travaillé avec Monica quelques fois. A cette époque, le public européen semblait plus s’intéresser au jazz. Il y a cette tradition en Europe d’avoir davantage de respect pour les artistes, ce qui n’existait pas aux Etats-Unis. Ça s’est amélioré.

Comment a commencé votre collaboration avec ECM, qui est toujours votre label ? Est-ce votre album The October Suite qui a retenu l’attention de Manfred Eicher ?


Je vivais en Suède quand Manfred Eicher a commencé son label. J’avais entendu dire qu’il s’intéressait à moi. A mon retour à New York en 1971, il m’a contacté et m’a proposé un projet. Puis nous avons échangé des lettres et des appels. Notre premier album s’est fait en 1974.

De 1974 à 1984, tous vos albums contiennent essentiellement des compositions originales.


C’était à la demande de ECM. Cela m’a forcé à écrire. Manfred Eicher est un excellent producteur. Il est extraordinairement doué dans ce qu’il fait. Il a commencé son label et ça a très bien marché. C’est un des labels qui continuent à faire des disques.



Les albums Ecstasy et Trance, de 1974, ont-ils été faits en même temps ?


Ecstasy a été enregistré à New York et nous sommes allés le mixer à Oslo. Une fois en Norvège, Manfred m’a dit que, si le studio était disponible, il voulait m’enregistrer en solo. C’est comme ça que Trance s’est fait. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire. Le studio était disponible et nous avons tout fait en trois heures. J’étais stupéfait. Manfred est un très bon guide.



Comment s’est passée la production des deux albums dans lesquels vous réinterprétez la musique classique, Pavane for a Dead Princess (2006) et Baubles, Bangles and Beads (2008) ?

C’était pour le label japonais Venus Records. Nous avons fait Pavane for a Dead Princess et Baubles, Bangles and Beads. J’en ai fait beaucoup pour eux. Les producteurs voulaient des albums avec des morceaux de musique classique. J’ai choisi les thèmes avec lesquels j’avais grandi et d’autres qui m’étaient très chers. J’ai parcouru le Fakebook de musique classique, et j’ai arrangé les morceaux en changeant les harmonies de telle façon que je puisse les jouer. Les albums ont bien marché au Japon. C’était un défi.



Vous avez enregistré
Mostly Coltrane et participé au concert annuel donné à la mémoire de John Coltrane au Birdland. Quelle période de John Coltrane est mise en valeur ?

Nous avons joué beaucoup des morceaux plus tardifs de Coltrane avec lesquels je n’étais pas très familier. Joe Lovano s’occupait du concert à l’époque, et il a apporté des morceaux tardifs. Je n’avais pas suivi Coltrane à cette époque, et je ne connaissais pas très bien les mélodies. J’ai dû les apprendre et les jouer de façon à pouvoir les personnaliser. C’était bien.



*

1. Julius et Margaret Chaloff
2. Walter Piston

3. Giovanni Pierluigi da Palestrina
4. Gary McFarland, cf. www.dougpayne.com
5. Olivier Messiaen
6. John Cage
7. Pierre Boulez




Contact : http://stevekuhnmusic.com/





Discographie


Leader
CD 1963. Country and Western Sound of Jazz Pianos, Dauntless Records 6003
 (LP
Dauntless Records 6308)
CD 1966. The October Suite: Three Compositions of Gary McFarland, Impulse! 23035 (LP Impulse! 9136)

CD 1966. Three Waves, BMG 38085

CD 1968. Watch What Happens, MPS 9019
LP 1968. Steve Kuhn in Europe, Prestige 7694
CD 1969. Childhood Is Forever, Charly Records 129 (LP BYG Records 529136)
CD 1971. Steve Kuhn, Sony COCB-53597 (LP Buddah Records 5098)
LP 1972. Raindrops (Steve Kuhn Live in New York), Muse MR-5106

CD 1974. Ecstasy, ECM UCCE-3004  (LP  ECM 1058)
CD 1974. We Could Be Flying, P-Vine Records 22061 (coleader Karin Krog)

CD 1974. Trance, ECM UCCU 5248 (LP ECM 1052)

LP 1977. Motility, ECM 1094
LP 1978. Non-Fiction, ECM 1124

LP 1979. Playground, ECM 1159 (coleader Sheila Jordan)

LP 1982. Last Year’s Waltz, ECM 1213

CD1984. Mostly Ballads, New World Records 80351-2

CD 1986. The Vanguard Date, OWL 3819062
CD 1987. Life’s Magic, Blackhawk Records 522-2
CD 1988. Porgy, Evidence 22200
CD 1989. Jazz City Christmas, Jazz City 00036
CD 1989. Jazz City Christmas Vol. 2, Jazz City 00166
CD 1989. Oceans in the Sky, OWL R2-79232

CD 1991. Looking Back, Concord Jazz 4446
CD 1990. Live at Maybeck Recital Hall Vol 13, Concord Jazz 4484
CD 1991-92. Romeo and Juliet : Cinematic Jazz no 5, Cinema City 6497
CD 1991-92. 13 jours en France : Cinematic Jazz no 6, Cinema City 6498
CD 1991-92. Love story : Cinematic no 8, Cinema City 6500
CD 1992. Years Later, Conxord Jazz 4554

CD 1993. Aladdin - Cinematic Jazz N°13, Cinema City 8077
CD 1993. New Cinema Paradise – Cinematic Jazz N°14, Cinema City 8078
CD 1995. Remembering Tomorrow, ECM 2-1573
CD 1995. Seasons of Romance, Postcards 71009
CD 1997. Dedication, Reservoir 154

CD 1998. Countdown, Reservoir 157
CD 1999. Trio, TK 35081
CD 1999. The Best Things, Reservoir 162
CD 2000. Jazz and Emotions, (no information)
CD 2000. Sing Me Softly the Blues, Venus 35108
CD 2001. Quiéreme Mucho, Venus 35142
CD 2002. Pastorale, Sunnyside 1175
CD 2003. Love Walked In, Venus 35062
CD 2003. Temptation, Venus 35098
CD 2004. Promises Kept, ECM 1038
CD 2005. Quiéreme Mambo, Sunnyside 145
CD 2006. Pavane for a Dead Princess, Venus 35545
CD 2006. Together Again, Grappa 4247 (coleader Karin Krog)
CD 2006-10. Hilary Kole, You Are There: Duets, Justin Time 85612
CD 2007. Live at Birdland, Blue Note 373992-2

CD 2007. Two by 2, Owl Records 9847558 (coleader Steve Swallow)
CD 2008. Plays Standards, Venus 35395

CD 2008. Baubles, Bangles and Beads, Venus 1003

CD 2009. Mostly Coltrane, ECM 2701114 2099
CD 2008. Life's Backward Glances, ECM 1779946 (coleader Steve Slague-Michael Smith)
CD 2010. I Will Wait for You : The Music of Michel Legrand, Venus 78190
CD 2012. Wisteria, ECM 2794578 2257




Sideman

CD 1957. Kenny Dorham, Jazz Contrasts, Riverside/Original Jazz Classics (OJC) 028
CD 1959. Ornette Coleman, Lenox School of Jazz/Concert, Royal Jazz 513
LP 1960. Kenny Dorham, Jazz Contemporary, Time 52004
LP 1960. Johnny Rae, Opus de Jazz Vol 2, Savoy 12156
CD 1961. Bob Brookmeyer / Stan Getz, Recorded Fall 1961, Verve 549 369-2
CD 1961. Stan Getz, Stan Getz Special Vol 1, Moon 040
CD 1961. Stan Getz, Tune Up, Natasha 4008
CD 1961-66. Stan Getz, Baubles, Bangles and Beads, Get Back Records 2032
CD 1963. Bill Barron, West Side Story Bossa Nova, Dauntless Records 6004
CD 1963. Stan Getz, with Guest Artist Laurindo Almeida, Verve 823 611-2
CD 1965. Art Farmer Quartet, Sing Me Softly of the Blues, Warner Jazz 7567807732 (LP Atlantic SD 1442)
CD 1965. Pete La Roca, Basra, Blue Note 8 32091-2 (LP 4205)
LP 1965. Don Heckman, Improvisational Jazz Workshop, Ictus 101
CD 1965. Stan Getz, The Vancouver Concert 1965, Gambit 69291
CD 1966. Oliver Nelson, Sound Pieces, Impulse!/GRD 103
LP 1966. Pee Wee Russell, College Concert of Pee Wee Russell and Henry Allen, Impulse! AS9137
CD 1966. Karin Krog, Raindrops, Raindrops, Crippled Dick Hot Wax 81
CD  1968. Lee Konitz, Alto Summit, Verve 843 139-2 (LP MPS Records 15 192)
CD 1975. Sheila Jordan, Confirmation, East Wind 8024
CD 1979. Steve Swallow, Home, ECM 513 424-2 1160
CD 1979. Bob Moses, Devotion, Soul Note 121173-2
LP 1980. Bob Moses, Family, Sutra 1003
CD 1981. David Darling, Cycles, ECM 843172-2 1210
CD 1983. Bob Moses, Visit with the Great Spirit, Gramavision 79507
LP 1983. Carol Fredette, Love Dance, Devil Moon 001
CD 1991. Steve Swallow, Swallow, WATT 314 511960-2
CD 1993. Carol Fredette, In the Shadows, OWL 830484-2
CD 1995. Carol Fredette, Everything I Need, Brownstone Recordings 9903
CD 1998. Stéphan Oliva, Jazz'n(e)motion, BMG/RCA Victor

CD 1998. Sheila Jordan, Jazz Child, HighNote 7029
CD 1998. Bob Moses, Nishoma, Grapeshot Records 9001
CD 2002. Bob Mintzer, Bop Boy, Pony Canyon Records 30047
CD 2002. Sheila Jordan, Little Song, HighNote 7096
CD 2003. Charles McPherson, But Beautiful, Venus TKCV-35182
CD 2006. Mark Masters , Wish Me Well, Capri 74078
CD 2008. George Garzone, Among Friends, Stunt 09022
CD 2011. Jazzanova, Coming Home by Jazzanova, Stereo Deluxe 20927
CD 2011. Tessa Souter, Beyond the Blue, Motéma Music 87



Vidéos

2013 Interview lors du  Montreal Jazz festival
2012 Steve Kuhn Trio - Confimation
2012 Steve Kuhn Trio - Trance et + Oceans in the sky
2012 Steve Kuhn Trio Trance into Oceans in the Sky William Paterson U
2012 Steve Kuhn Trio - Jazz à Foix 2012
2012 Steve Kuhn Trio - Minuet #4 de Bach – TVJazz.tv
2011 Live at Duc des Lombards Dean johnson (b) Joey Barron (dm) Mostly Coltrane

2011 Jazz Is Intoxicating with Derrick Gardner (tp), Avery Sharpe (b), Steve Johns (dm)
2010 Interview Montreal Jul 4, 2010

2008 Joe Lovano / Steve Kuhn Quartet "Remembering John Coltrane" Fragment 1
2008 Joe Lovano / Steve Kuhn Quartet "Remembering John Coltrane" Fragment 2

2008 Joe Lovano / Steve Kuhn Quartet "Remembering John Coltrane" – jazz Baltica David Finck (b), Joey Barron (dm) Impressions
2008 Joe Lovano / Steve Kuhn Quartet "Remembering John Coltrane" – jazz Baltica David Finck (b), Joey Barron (dm) My Little Brown Book
2008 Joe Lovano / Steve Kuhn Quartet "Remembering John Coltrane" – jazz Baltica David Finck (b), Joey Barron (dm)

2007 Steve Kuhn Sings + Sheila Jordan New yrok 2007

2004 Sheila Jordan & Steve Kuhn Trio - Blackbird - Chivas Jazz Festival Brasil
Trio in Napoli David Fink Bass + Billy Drummond




*