Boris Vian
Le voyage en Amérique
La relation entre Boris Vian et
l’Amérique est fusionnelle. De ses premières amours musicales à
ses dernières traductions de science-fiction, Vian aura poussé le
désir de connaissance bien plus loin et bien plus durablement que la
plupart de ses compatriotes qui découvraient les Etats-Unis au
moment de la Libération. Pourtant, son Amérique à lui est restée
fantasmée, un rêve éveillé alimenté par une ardeur de recherche
peu commune sur tout ce qui touchait à cette terre nouvelle, et
il ne fera finalement le « grand voyage » que par la
puissance de son imagination.
Christelle Gonzalo Photos, illustrations by courtesy of Fond'action Boris Vian et Jazz Hot
© Jazz Hot n°671, printemps 2015
Né
le 11 mars 1920 à Ville d’Avray d’une famille bourgeoise
atypique, Boris Vian est bercé, enfant, par les tangos de Gardel
qu’affectionnait son père Paul et les classiques du piano
interprétés par sa mère, dite « la mère Pouche »1.
Paul est rentier mais non oisif : fameux bricoleur (il
construisit, aidé de ses trois fils, une salle de bal qui fit frémir
d’angoisse la population dagovéranienne, effrayée par la débauche
musicale et morale de la jeunesse d’avant-guerre), traducteur
d’Allemand, lecteur éclectique, photographe amateur, il transmet à
ses enfants sa curiosité et sa culture cosmopolites.
Le
jazz arrive à Ville d’Avray aux alentours de 1934. Premières
impros, premiers disques, premiers orchestres : Boris à la
trompette (dans le style de l’un des rares musiciens blancs qu’il
estimait, Bix Beiderbecke), Lélio à la guitare et Alain à la
batterie. Voisins et camarades de classe constituent le reste des
formations prenant pour exemples les big
bands américains. Une photo
célèbre immortalise le trio autour de jeunes camarades parmi
lesquels on remarque le futur ministre François Missoffe.
En
1937, Boris Vian devient membre du Hot Club de France. Il conservera
sa carte toute sa vie. Il assiste ainsi à des concerts organisés
par le HCF, et notamment ceux de Benny Carter et de Coleman Hawkins.
C’est à cette période que la fameuse salle de bal dans le jardin
des Vian commence à accueillir la jeunesse de Ville-d’Avray pour
des écoutes de disques et des concerts. En 1945, Boris Vian contera
non sans fantaisie, dans son premier roman Vercoquin
et le plancton, les tribulations de
cette jeunesse certes enjazzée, mais moins zazou que ne le voudrait
la légende. En toile de fond, un jazz naturellement swing en
provenance des USA, mais dont les titres sont savamment pastichés,
pour reprendre l’idée de Delaunay de traduire en Français les
standards américains afin de déjouer la censure.
Le 3
avril 1939, Boris Vian assiste au concert de Duke Ellington au Palais
de Chaillot, qui marqua durablement son goût pour la musique du
maître américain. Au début de la Seconde Guerre mondiale, réformé
du fait de sa maladie de cœur, il est admis à l’École Centrale.
Durant l’été 1940, il rencontre sa future épouse Michelle
Léglise, dont le rôle dans l’américanophilie de Vian est
indéniable. C’est Michelle qui lui enseigne les subtilités de
l’anglais et qui cosignera par la suite leurs premières
traductions des « Série Noire » de Gallimard. En
attendant, le couple se promène sur les quais à la recherche des
éditions américaines de leurs auteurs de prédilection :
Faulkner, Steinbeck, Hemingway…
En
1941, les surprises-parties et les « thé swing »
reprennent de plus belle à Ville d’Avray, qui retrouve son rôle
d’épicentre des loisirs de la jeunesse locale 2.
Boris se rend également rue Chaptal, le siège de la revue Jazz Hot, alors terre de résistance du jazz (un bulletin de liaison perdure pendant la durée de la guerre), et même terre de résistance tout court (cf. Jazz Hot n° 651), où il approfondit ses relations avec Charles
Delaunay, Django Reinhardt, Alix Combelle, etc. L’année suivante,
l’ingénieur devient papa, est embauché à l’Afnor et rencontre
le polytechnicien et clarinettiste Claude Abadie. Ce dernier cherche
à reconstituer un orchestre et enrôle Alain Vian puis son frère
aîné Boris dans une formation qui durera, bon an mal an, jusqu’à
la fin des années 1940. Son style ? Le new
orleans, qui ne se pratiquait plus
guère et que l’orchestre a contribué à relancer3.
Les concerts commencent à la fin de l’année 1942 et leur
fréquence s’accélère à mesure que la fin de la guerre approche.
Le 7 octobre 1944, Boris Vian dirige même le Swingtette
du HCF à Rambouillet, au profit des
FFI.
La
Libération libère l’appétit d’Amérique de Boris et de
Michelle : Boris court les cachets avec Abadie et consorts,
surtout dans les cantines américaines ; Michelle se fait
traductrice et guide pour Américains à Paris. Leur curiosité pour
les Etats-Unis est intarissable. Ils rencontrent, dialoguent,
interrogent sur la société, la culture, le jazz, mais sont souvent
déçus par le manque de connaissances de leurs témoins américains
en matière de jazz. Milton Rosenthal, un GI collaborant aux Temps
Modernes, devient un correspondant
privilégié des époux Vian. Rentré au pays, il leur décrit
l’atmosphère des villes, leur envoie des menus de restaurant, des
articles de presse, des cartes routières, etc. Milton sera
d’ailleurs, selon la légende, co-traducteur de la version
américaine postérieure de J’irai
cracher sur vos tombes, avec Boris
Vian 4.
En
1946, Vian rencontre progressivement l’équipe des Temps
Modernes, la revue de Jean-Paul Sartre
et, dès le mois de juin, il collabore à la rédaction. Pour le
numéro double 11-12 de l’été, spécial USA, Boris Vian propose
un texte truculent – mais refusé par la rédaction – dont on ne
peut que recommander la lecture : les « Impressions
d’Amérique » relatent l’arrivée fantasmée de l’auteur
à New York, en sous-marin (pour éviter les « préjugés »).
On y croise tour à tour Hemingway, André Breton et Henry Miller ;
aucun stéréotype n’est oublié : drugstore, technicolor,
juke-box, pin-up, puritanisme, Coca-Cola, baseball, etc. Sous couvert
de comique confinant à l’absurde, Vian livre surtout une virulente
charge antiraciste 5.
Mais c'est bien sûr par sa rapide intégration dans le milieu du jazz, à travers une participation régulière à la revue Jazz Hot, que Boris Vian développe, comme l'ensemble des amateurs de jazz, une curiosité insatiable de l'Amérique, dans un moment rare, la Libération, où la présence américaine se manifeste autant humainement (des musiciens en particulier) que par l'arrivée massive d'enregistrements dont les amateurs ont été privés. Cette forme d'abondance, dans une période de restrictions, explique un enthousiasme, une soif d'Amérique dont on trouve la traduction dans ce Jazz 47, de la revue America, élaboré par Charles Delaunay et Robert Goffin, auquel participent le « gratin » du jazz européen, l'équipe de Jazz Hot, Boris Vian en tête, mais aussi des philosophes, des dessinateurs, des peintres, des poètes – Jean-Paul Sartre, Hergé, Magritte et bien d'autres…
Si
c’est par le jazz que Boris Vian prend conscience du problème
afro-américain, toutes les tribunes sont bonnes ensuite pour
s’exprimer sur le sujet et fustiger le racisme : articles
publiés dans des revues (La Rue,
Jazz Hot,
Combat),
romans (J’irai cracher sur vos tombes,
Les Morts ont tous la même peau 6),
émissions radiophoniques, notamment les quarante-cinq émissions
écrites directement en anglais pour la radio new-yorkaise WNEW 7,
et chargées de présenter le jazz créé et enregistré en France
durant les années 1930-1940. Plus encore, les nouvelles écrites
pour les journaux les plus divers, de Blues
pour un chat noir à Martin
m’a téléphoné en passant par Le
Rappel et En
rond autour de minuit, témoignent du
grand intérêt que porte l’auteur aux USA et au genre plus
anglo-saxon que français des short-stories.
Dans le seul recueil de nouvelles qu’il publie de son vivant, Les
Fourmis 8,
neuf des onze textes s’ornaient initialement d’une dédicace à
un musicien de jazz, et sept furent même traduites par Vian en
anglais, sans doute un exercice de style qui lui permettait d’user
et d’abuser de l’argot anglo-américain.
La
traduction fut aussi pour Boris Vian un excellent exercice de
compréhension sociologique du monde américain. Pour Gallimard, il
traduit Raymond Chandler et Peter Cheyney (en « Série
Noire »), puis James M. Cain, Nelson Algren, sans compter Le
Jeune Homme à la trompette de Dorothy
Baker, une vie romancée de Bix Beiderbecke, qui rétablit le rôle
majeur des Afro-Américains dans l’évolution du jazz, et dont des
extraits sont parus en pré-originales dans Jazz
Hot entre novembre 1948 et juillet-août
1949 ; pour différentes revues enfin il traduit Richard Wright,
Lewis Padgett, F.-M. Robinson, et surtout, il prend en charge la
revue de presse de Jazz Hot
entre 1947 et 1958, tribune qui laissait une large part aux revues
étrangères et particulièrement anglophones (Down
Beat, Jazz
Monthly, Melody
Maker…).
Dans
les années 1950, la curiosité littéraire américaine de Boris Vian
le porte vers la science-fiction, un genre encore balbutiant qu’il
contribue à faire connaître en France aux côtés de quelques
amateurs éclairés tels que Raymond Queneau et Pierre Kast. Lecteur
adolescent du britannique Herbert-George Wells, de Maurice Renard et
de Rosny aîné, il devient l’un des tout premiers Français à
traduire de la science-fiction d’outre-Atlantique, et notamment le
chef-d’œuvre non-aristotélicien du Canadien Van Vogt : Le
Monde des à 9.
En outre, il publie, entre 1951 et 1958, plusieurs articles pour les
supports les plus divers (Les Temps
Modernes, La
Gazette de Lausanne, L’Écran,
notamment) afin de faire découvrir aux lecteurs français ce genre
littéraire méconnu et pour le moins méprisé.
On
ne s’étendra pas sur les affinités de Boris Vian avec le cinéma
américain10 ;
il suffit de préciser qu’il affectionnait tout particulièrement
les comédies musicales, les westerns, les films de science-fiction,
et qu’il abhorrait par-dessus tout le néo-réalisme. Curieux des
films de jazz au point d’animer des soirées dans des ciné-clubs,
il s’exprime également, dans un article intitulé : « Une
victime du cinéma américain : le jazz »11,
sur le racisme latent des studios américains, qui leur fait
reléguer les Afro-Américains au second plan, même lorsqu’il
s’agit de jazz.
Boris
Vian est victime d’un malaise cardiaque le 23 juin 1959, alors
qu’il assiste à la projection privée d’un film dont il
désapprouvait la réalisation : l’adaptation par Michel Gast
de son roman J’irai cracher sur vos
tombes. Son propre scénario avait été
refusé, et le tournage s’était déroulé sur les hauteurs de
Nice, ce qui rendait pour le moins difficile la transposition au Sud
profond. Après avoir visionné quelques minutes du film, Vian se
serait exclamé : « Ces
types-là sont Américains comme mon cul ! » ;
ce furent peu ou prou ses dernières paroles.
Boris
Vian, devenu américanophile du fait de sa passion pour le jazz,
aura-t-il jamais eu vraiment le désir de se rendre aux Etats-Unis ?
Il semble que Vian se soit renseigné pour être opéré du cœur aux
USA aux alentours de 1955, mais qu’il ait dû renoncer à cette
idée ; raisons financières ? Opération trop risquée ?
Difficultés d’obtention d’un visa du fait de ses démêlés
judiciaires autour de J’irai cracher
sur vos tombes ? Impossibilité de
prendre l’avion pour cause médicale ? Peur de la
confrontation du rêve et de la réalité ?
Au
final, il a, « de
loin »,
acquis une connaissance et un ressenti des mœurs et de la culture
américaines d’une grande profondeur, qualité qui trouve son
explication dans une curiosité insatiable, une imagination sans
limite et une passion véritable pour un monde toujours nouveau dans
l’après-guerre et le cerveau de Boris Vian.
1. Nicole Bertolt, François
Roulmann et Marc Lapprand, Le Swing et
le Verbe, Paris, Textuel, 2008. 2. Dans sa biographie
destinée à la publication de L’Écume
des jours par Gallimard en 1947, il
note « Reprends fin 40 la
trompette – Réaction contre prohibition musique noire
américaine ». 3. L’orchestre enregistra
d’ailleurs un unique disque, Swing n°212, sous l’impulsion de
Charles Delaunay et dont Jazz Hot
livre un compte-rendu élogieux dans son n°9 de septembre-octobre
1946. 4. La version "américaine"
de J’irai cracher sur vos tombes
a vu le jour en 1948, soit deux ans après la version « française »
(prétendument traduite de l’américain par Boris Vian), sous le
titre I Shall Spit on your Graves,
dans le but de prouver au juge que Boris Vian était bien le
traducteur du roman en langue française et non son véritable
auteur… Vernon Sullivan, l’ « alter-negro » fictif de
Boris Vian, doit probablement son nom au sax-ténor français Paul
Vernon et au pianiste américain Joe Sullivan. Naturellement, le
personnage de Vernon Sullivan est un écrivain afro-américain à la
peau presque blanche qui aurait « passé la ligne ». 5. Boris Vian, Chroniques
du menteur, Christian Bourgois, 1974. 6. Les quatre romans que
Boris Vian publie sous le nom de Vernon Sullivan dressent un
véritable plan de l’Amérique : du Sud profond à New York,
de Los Angeles à Washington. L’auteur s’aidait de cartes
routières pour rendre crédibles les pérégrinations de ses
protagonistes. 7.
Articles réunis par Gilbert Pestureau en édition bilingue sous le
titre Jazz in Paris (Fayard, 1996). 8.
Publié aux Éditions du Scorpion en 1949.
9.
Le Monde des à et
Les Aventures des Ã
furent publiés dans la collection Le Rayon fantastique de Gallimard en 1953 et 1957. 10.
On peut se référer à l’étude publiée par Gilbert Pestureau
sous le titre Boris Vian,
les amerlauds et les godons,
qui dresse un état complet des influences anglo-américaines de
Boris Vian (U.G.E., « 10/18 », 1978).
11.
Publié dans L’Écran français
n°133, 13 janvier 1948 et repris en volume dans Boris Vian, Cinéma/Science-fiction,
Christian Bourgois, 1978 et dans Œuvres
romanesques complètes de Boris Vian,
Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, t. I, 2010.
Boris Vian dans Jazz Hot : Boris Vian a écrit dans Jazz Hot, avec une grande régularité, de 1947 à 1958, et son nom est présent dans l'ours de la revue jusqu'à mars 1959. Outre sa fameuse revue de presse, il a signé plusieurs articles et tribunes, certains sous des pseudonymes dont il avait le secret : Bison Ravi, Dr. Gédéon Molle, etc.
Articles sur Boris Vian :
« Jazz
à la carte : France… », Jazz Hot n°145, juillet-août
1959 Michel
Perez, « Les films : J'irai cracher sur vos tombes »,
Jazz Hot n°146, septembre 1959 Jacques
J. Gaspard, « Hommage à Boris Vian », Jazz Hot n°147,
octobre 1959 Claude
Léon, « Boris Vian ou la sorcellerie au 20e
siècle », Jazz Hot n°147, octobre 1959 Jacques
J. Gaspard, « Il y a un an mourait Boris Vian », Jazz
Hot n°156, juillet-août 1960 Jacques
J. Gaspard, « Blues for Boris Vian », Jazz Hot
n°171, décembre 1961 Jean
Tronchot, « Le grand Boris. B.V. vit toujours.
Aujourd'hui... », Jazz Hot n°194, janvier 1964 André
Hodeir, « Les livres : Boris Vian », Jazz Hot
n°207, mars 1965 Yves
Buin, « Au delà de la légende : un nouveau livre sur Boris
Vian », Jazz Hot n°218, mars 1966 Michel
Le Bris, « Dossier Vian : Un bricoleur de génie », Jazz
Hot n°237, décembre 1967
Bruno
Vincent, « Dossier Vian : De l'écume au plancton », Jazz
Hot n°237, décembre 1967 Philippe
Constantin, « Dossier Vian : Les dimanches soirs de Ville
d'Avray », Jazz Hot n°237, décembre 1967 Boris
Vian, « Dossier Vian : Les chroniques de Jazz (extraits) »,
Jazz Hot n°237, décembre 1967 Bruno
Vincent, « Dossier Vian : Zizique et pognon », Jazz
Hot n°237, décembre 1967 Philippe
Constantin, « Dossier Boris Vian : La fonction du déserteur »,
Jazz Hot n°237, décembre 1967 Jacques
Canetti, « Dossier Boris Vian : I Remember Boris », Jazz
Hot n°237, décembre 1967 Alain
Vian, « Dossier Boris Vian : Boris, mon frère », Jazz
Hot n°237, décembre 1967 Mouloudji,
« Dossier Boris Vian : Moi aussi ... », Jazz Hot
n°237, décembre 1967 Magali
Noël, « Dossier Boris Vian : Boris tout rose », Jazz
Hot n°237, décembre 1967 Marie-José
Casanova, « Dossier Boris Vian : Un homme », Jazz Hot
n°237, décembre 1967
Pierre
Cressant, « Boris Vian à la trompette », Jazz Hot
n°242, août-septembre 1968 Goddet
Laurent, « Livres : Images de Boris Vian », Jazz Hot
n°362, juin 1979 Charles
Delaunay, « Boris Vian et Pierre Cressant », Jazz Hot
n°419, mars 1985 Mike
Zwerin, « Hot News: Livres », Jazz Hot n°459,
janvier 1989 Lucien
Malson & al., « Boris Vian. L'écume du Jazz », Jazz
Hot n°469, décembre 1989 Maurice
Cullaz, « Hot News : Dernier coup d'archet », Jazz Hot
n°473, avril 1990
Yves Sportis et Hélène Sportis, « Boris Vian », Jazz Hot
n° Spécial 2000, décembre 1999 Nicole Bertold, « Boris Vian (Cité Véron) », Jazz Hot
n° Spécial 2000, décembre 1999 Charles Delaunay, « Boris Vian », Jazz Hot
n° Spécial 2000, décembre 1999 Christelle
Gonzalo, « Tears : Ursula Vian Kübler », Jazz
Hot n°650, hiver 2009-2010 Christelle
Gonzalo, « Claude Abadie. Vian, Duke et les autres »,
Jazz Hot n°661, automne 2012
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