Un siècle de chaos organisé
2016 est aussi mal partie que 2015, et nous aurons les mêmes attentats tout au long d’un XXIe siècle tristement inauguré par le 11 Septembre 2001. Les populations d’Europe s’y habituent avec fatalité bien que cela soit aussi insoutenable en Belgique qu’à Madrid, Londres, Paris; et l’assassinat de Charlie Hebdo semble déjà très loin…
Vu la confusion organisée et la corruption qui président aux affaires des différentes nations de la planète, de moins en moins démocratiques même en occident quoi que prétende la caste politique européenne ou américaine, vu l’absence de volonté et de courage politiques, en dépit des discours de matamores, de droite à gauche, du nord au sud et de l’est à l’ouest, quels que soient les types de régimes, il semble impossible d’enrayer ce qui est devenu une guerre de religion et une guerre civile à l’échelle planétaire car des citoyens tuent au hasard des concitoyens désarmés sous des prétextes religieux. La France comme la Belgique, l'Europe et la planète sont d'abord en guerre avec elles-mêmes, contre une partie de leurs concitoyens, nés et élevés sur place, et les fauteurs de cette guerre se trouvent, entre autres, dans la caste politique européenne et américaine affidée aux oligarchies de la planète. C’est l'un des résultats de la mondialisation que l'ensemble du personnel politique mondial, corrompu, écologistes compris, continuent de présenter comme un choix sans alternative. Rappelons que le choix d'une alternative est le fondement de la démocratie.
L’accélération des migrations est un catalyseur de cette guerre civile planétaire à fondement religieux, inédite à ce jour bien que prévisible depuis 1945, et plus fortement depuis les événements de même nature qui, depuis Munich en 1972, puis de 1973 à nos jours et cette guerre souterraine déclarée par pétrole interposé par le monde musulman, accompagnent une mondialisation économique du commerce et de la main-d’œuvre voulue par les oligarques pour la rationalisation de leurs profits, unis comme ne le sont pas les travailleurs.
L’oligarchie manipule les foules comme les capitaux, avec dextérité, pour son plus grand profit, divise pour régner et dresse avec cynisme les uns contre les autres, organise ce chaos avec méthode. L’oligarchie encourage ainsi une pression démographique démentielle, phénomène suicidaire pour la planète en terme politique, social, sanitaire, culturel, économique et de pollution (dont les écologistes et les humanitaires oublient systématiquement de parler car la pollution et la misère humaine sont leur fonds de commerce, autre type de corruption). La croissance démographique devient une arme politique et militaire (invasion migratoire de l’Europe par le monde musulman, plus irrémédiable que les armées de Soliman), une arme de marchandage (comme avec la Grèce et la Turquie), une arme de chantage économique, de concurrence déloyale et de pression contre les populations (pénurie de travail, délocalisations) précarisées, en France comme ailleurs, avec efficacité et avec le soutien d'une caste politique quasi-unanime.
Les migrations récentes, leur acceptation par l’Allemagne en particulier pour son caractère massif, loin d’une œuvre humanitaire, ne sont que l’organisation d’un nouveau commerce triangulaire de main-d’œuvre et de population qui ne dit pas son nom au même titre que les contrats «détachés» à l'intérieur même de l’Europe. Les oligarchies européennes en tirent l’avantage d’une pression sur le salariat traditionnellement plus combatif en Europe, en France en particulier; les potentats religieux de l'islam exportent leur idéologie conquérante, leurs schémas de soumission, et leur trop plein démographique sert leur politique d'expansion panislamiste.
La planète devient un gigantesque bourbier, paralysant les énergies et les capacités humaines de penser autre chose que leur survie dans cette guerre asymétrique qu’est le terrorisme (opposant des civils armés à des civils non combattants), proposant la religion et la consommation sans autre projet de vie, annihilant toutes les velléités d’esprit critique, de luttes et de résistances sociales qui subsistent encore dans les ex-démocraties, comme en France, jusque dans les moindres territoires et secteurs (démolition de l'agriculture française par exemple), avec des directives de plus en plus kafkaïennes-bureaucratiques faisant de notre liberté une peau de chagrin.
Les ressources de l’intelligence et la richesse épargnée en Europe sont tournées vers la recherche militaire (numérique et espace en particulier), le renforcement du contrôle social et vers la systématisation de la consommation de masse (jusqu'à la culture, ou du moins son ersatz), une «normalisation» sans alternative du monde dont les bureaucraties allemande ou russe à leur zénith ne pouvaient même pas rêver.
La caste politique, en particulier française, continue aujourd'hui d’encourager cette croissance démographique et sa résultante, ces migrations à fondement géopolitique et économique, à vocation secondaire géostratégique, alors qu’elle n'est pas foutue car elle n’en a pas la volonté, d’imaginer du travail pour la moitié de la jeunesse du monde aujourd’hui, en France et ailleurs, et qu'elle n’a aucune volonté de faire respecter la dignité humaine. On manque de travail mais aussi d’eau (et tous ses dérivés sanitaires), deux éléments essentiels du contrat social, mais on va en chercher quelques molécules sur Mars.
La seule pratique sociale de la caste politique est de légiférer pour déréglementer et déconstruire en quarante ans l’édifice social et culturel démocratique si difficilement construit dans si peu de nations pendant des siècles, et qui servait de modèle alternatif à la planète. De l’espérance révolutionnaire de 1789, on en est arrivé, en une génération, au nivellement par le bas, à la régression de la condition humaine à cadence accélérée.
Si nous ne trouvons pas de parades aux événements qui ensanglantent le monde aujourd’hui bien au-delà de l'Europe, c’est parce que le sombre travail de l’oligarchie a trouvé un allié performant pour démolir l’édifice démocratique. Et cet allié, aujourd’hui, c’est l’islam universel, depuis l’Iran de Khomeiny jusqu’à Daesh en passant par l’Arabie Saoudite et le Qatar, islam dont la stratégie de conquête épouse celle de destruction de la démocratie des oligarques. La soumission des peuples est leur projet commun, même si pour les uns c'est à la puissance financière et pour les autres à l'islam.
Comme hier avec Hitler, l’oligarchie occidentale et sa courroie de transmission politique (de Daladier à Hollande, de Chamberlain à Cameron, de Roosevelt à Obama) ont pactisé avec l’obscurantisme contre la démocratie: marchés d’armes florissants, transferts de compétences industrielles et militaires, décorations, passe-droits –sans oublier les affaires jamais élucidées dans ce trou noir de la corruption internationale entre pétrole, drogue, armes et mafias– entre l’occident et les pays qui financent le djihad. Les dictatures nationalistes (Chine, Russie mais aussi l’Egypte après l'épisode des frères musulmans) offrant finalement, pour l'instant, plus de résistance à l'islam, tout en négociant avec lui.
Ces pouvoirs transnationaux non élus, même en Europe (la communauté européenne représente un exemple parfait de détournement de la démocratie au profit d'une oligarchie), jouent les gros bras contre la démocratie (Portugal, Italie, Grèce, Irlande, France, état d’urgence et législations d’exception pour l’Europe), et ils ne veulent pas les jouer contre l’islam, un bon partenaire dont ils partagent le premier objectif: la destruction de la démocratie. Ils l’encouragent en commerçant, en décorant, en armant ceux qui commanditent le terrorisme, quand ils n’arment pas directement les djihadistes comme en Libye et en Syrie, avant de les combattre du haut des cieux, d’assez loin pour que ça dure. Le double discours, aux frais des contribuables, alimente l’industrie de guerre, d’une guerre que personne ne veut gagner, ne veut voir se terminer, car elle est très lucrative, entretient un climat de peur et de soumission, et qu'elle est indispensable à la destruction des démocraties qu'elle appauvrit et qu'elle muselle sur le plan social.
L’appareil
judiciaire, policier et militaire qui continue de fonctionner, parfois
correctement quand le terrorisme se manifeste plus durement, est une autre manière, avec ces bombardements entre
autres, de sauver les apparences, un élément indispensable du double
discours qui, depuis Machiavel, est l’arme absolue de la caste
politique, une deuxième nature: faire exactement le contraire de ce qu’on prétend.
Le monde coalisé des armées les plus puissantes de la planète, avec ses stratèges «Bac+10» et ses drones, qui détecte un bouton de culotte et une goutte d'eau à la surface de Mars, n’arriverait pas à bout d’une bande de pillards et de fanatiques infantiles «bac-10» qui jouent à la guerre de razzia (un classique culturel), paradent en pick-up BMW ou VW ou Toyota armés de neuf, du Nigéria à l'Afghanistan en passant par la Libye, le Liban, la Syrie et l'Iran. Le monde coalisé, qui repère un ordinateur sur la planète en 15 secondes sans souci des libertés individuelles, ne parviendrait pas à enrayer la propagande sur la toile des djihadistes qui forment des combattants européens à une guerre civile contre une population anesthésiée et désarmée par une propagande pacifiste et «antiraciste» unilatérale. Le monde coalisé, qui est virtuose en matière de flux financiers quand ils s'agit de maximiser les profits, n'identifierait pas les flux financiers de leurs commanditaires –les potentats islamiques– qui supervisent l'horreur permanente.
L'argument mis en
avant pour ne pas identifier l’islam serait d’éviter la stigmatisation des
musulmans et d’éviter d’attiser le «racisme», en assimilant la critique d’une idéologie politique et religieuse à celle d’une population (l'islam et les musulmans).
Rejeter l’islam, et son système de valeurs basé sur la soumission, est aussi légitime et nécessaire en démocratie que de rejeter toute forme idéologique non démocratique. On le fait pour le nazisme et les totalitarismes en général. C’est un élément de défense de notre liberté. C’est aussi, constater que l’islam, dans sa diversité, rejette par les armes et partout aujourd'hui la séparation du temporel et du spirituel, l’égalité des hommes entre eux, l’égalité des hommes et des femmes, qu’il porte, en ses textes sacrés, les principes toujours réaffirmés –et tragiquement actifs– de devoir s’imposer aux autres, y compris par le meurtre. Préceptes incompatibles avec la démocratie et plus précisément avec la loi française et celles de beaucoup de nations européennes, même si la caste politique de l’ensemble des pays européens, et plus largement occidentaux, a procédé depuis quelques décennies à des abandons de souveraineté nationale, territoriale, juridique, en particulier au profit de l’islam, renvoyant une partie de la population –les femmes– et pour son malheur, à sa «communauté» supposée, l’opposant au reste de la société, en consacrant son isolement et sa différence communautaire.
Ça fait plus de quarante ans que l’oligarchie (caste politique et économique) travaille à légitimer l’islam en occident avec l’objectif très clair de faire que ses valeurs de soumission pénètrent les sociétés qui depuis quelques siècles prennent des libertés avec les croyances religieuses et les rapports de pouvoir. Le rapport dominant-dominé du religieux correspond à l’idéal oligarchique, le modèle féodal de l’un au modèle hiérarchique de l’autre. La féodalité musulmane s'accommode très bien de l'ère du numérique et de la consommation de masse. Le chaos migratoire organisé, malgré les doubles discours, répond à cet objectif social et économique de soumettre les populations et d’abaisser leur capacité de revendication en occident. L’accession des femmes à l'égalité en est durablement bloquée, sauf à penser que certaines femmes sont moins françaises ou européennes que d'autres en raison de la religion qu'on leur suppose, qu'on leur impose.
Il n’existe pas en démocratie, et au sein d’une république laïque, d’exception cultuelle, pas plus pour l’islam que pour une autre religion. La France a, au moins, donné l’exemple qu’une religion, même dominante comme le catholicisme, ça se discute, ça se remet à sa place avec une fermeté extrême s'il le faut; sa place, c’est-à-dire dans les replis de la conscience individuelle, dans le cadre des réflexions philosophiques de chacun, mais pas au centre du fonctionnement de la société et encore moins au cœur de l'intime de chacun.
La première victoire de l’islam aujourd’hui est non seulement de s’être imposé au centre du jeu politique mondial (la plupart des conflits le concernent), de nos sociétés, plus encore que le nazisme de 1933 à 1945, d’imposer son calendrier, son histoire et ses préceptes dans l’ensemble des médias, des débats, des pensées, d’imposer enfin un statut particulier, supérieur, aux idéologies religieuses. Ce qui explique le soutien des autres idéologies religieuses (judaisme, catholicisme…) à l'islam dans le débat qui l’a opposé à feu-Charlie Hebdo, d’abord sur le plan judiciaire, puis sur le plan des armes en janvier 2015.
Quant aux musulmans, ceux qui adhèrent à cette idéologie religieuse par conviction, ancrage ou hasard culturel et géographique, comme d’autres sont nés dans les mondes chrétien, juif, athée, etc., ou encore sous le communisme, le nazisme, les musulmans, donc, ont la responsabilité, la liberté et l’égalité, car ce sont des égaux dans les nations européennes dont ils sont des citoyens, de réfléchir à leur philosophie-croyance-idéologie, d’y renoncer, de l’amender, de réformer durablement et fondamentalement l’islam, de le combattre dans sa forme actuelle, c’est-à-dire de se solidariser de la nation dont ils font partie plutôt que d'un pouvoir politique et religieux meurtrier et étranger. Quand ils privilégient leur croyance a priori au détriment de leur environnement, même sous la forme d’une non-intervention dans leur propre famille, leur entourage, ils ont la même responsabilité que les Allemands qui ont soutenu ou laisser faire Hitler et ses nervis il y a 80 ans et que les Français qui ont collaboré un peu plus tard avec les nazis ou se sont tus.
A propos des migrations actuelles de gens persécutés par Daesh ou le régime syrien, il est une évidence morale et politique que cette population, en âge de combattre, retourne immédiatement, formée et armée par les pays d’accueil en Europe, pour combattre sur le terrain ceux qui les ont privés de leur pays, de leur maison et de leur dignité, plutôt que de se faire surexploiter (et nuire aux avancées sociales), consommer et prier en Allemagne, en Angleterre, en France ou ailleurs. La Syrie, la Libye, l’Irak, etc., libérés par leurs ressortissants, voilà ce qui serait le fondement de la citoyenneté, de la dignité. Ce serait la base d’un règlement à long terme des problèmes du monde musulman alors libéré de l'obscurantisme, et l'assurance d'une place seulement spirituelle de l'islam dans les sociétés de ces pays. C’est un très long processus, hors d'atteinte aujourd'hui parce que ces migrations organisées les privent de leur dignité. Le combat kurde, malgré la duplicité turque, donne la preuve que c'est possible. C’est ce qu’ont fait au sein des armées américaine et anglaise ceux qui d’Europe ont fui Hitler, Mussolini, Pétain, Franco, en revenant libérer leur pays ou en rêvant de le faire (pour les Espagnols, les Polonais). Vider les populations des pays qui sont des dictatures pour en faire des éternels réfugiés errant sur la planète, installés dans des camps de fortune et dans l’espoir de consommer, est une absurdité avec des conséquences multiples à long terme, aussi dommageables pour ces migrants que pour les pays d'accueil; et le faire penser à ces populations –les migrants ou les pays d'accueil– est une manipulation criminelle.
Si les démocrates, les résistants de tous les horizons n’exercent aucune pression sur leurs concitoyens musulmans non solidaires de la démocratie contre l’islam conquérant actuel, sous le prétexte que combattre cette idéologie politique et religieuse serait «raciste» (on ne l'a jamais dit à propos des autres religions quand il s'est agi d’imposer la laïcité), alors il n’y a plus d’issue démocratique, et la guerre civile généralisée et permanente est à attendre pour de longues années.
A nous, à chacun de choisir.
Yves Sportis Rappel: L'oligarchie est un régime politique comme la démocratie, l'aristocratie, la monarchie. Voici la définition qu'en propose Le Grand Robert de la langue française: «du grec oligarkhia, "commandement de quelques-uns”. Régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes, à quelques familles, à une classe restreinte et privilégiée. Par analogie: Elite puissante. Contraire: Démocratie.» La correspondance exacte de cette définition, déjà ancienne, avec la nature des pouvoirs planétaires qui régissent aujourd'hui notre planète suffit à savoir sous quel régime politique nous vivons. Même si la comédie électorale qui se joue au sein de la caste politique entre droite et «gauche de droite» reste un élément de (double) discours.
© Jazz Hot n°675, printemps 2016 |