Garnett BROWN Memphis Confidential (suite)
La discographie de Garnett Brown est longue, très longue. Il fait partie de ces nombreux musiciens indispensables de la riche histoire du jazz dont le nom reste une douce musique aux oreilles des amateurs pour choisir un bon disque: leur présence dans un enregistrement est une garantie de qualité.
De son arrivée à New York en 1962 à son départ pour Los Angeles en 1975, le tromboniste a été l’un des sidemen les plus demandés: de Louis Armstrong à Lena Horne, de Chico Hamilton à Lionel Hampton, de Lou Donaldson à Dizzy Gillespie, d’Art Blakey & the Jazz Messengers à Albert Ayler, en passant par Antonio Carlos Jobim, Carmen McRae, The Modern Jazz Quartet, Charles Tolliver, The Manhattan Transfer, Freddie Hubbard, Randy Weston, McCoy Tyner, Yusef Lateef, Horace Silver, Ahmad Jamal, Gerald Wilson, Kenny Burrell, et le Thad Jones/Mel Lewis Orchestra, avec lequel il resta cinq ans. Il a côtoyé l'histoire du jazz dans toutes ses dimensions. Dans les années 1970 et 1980, il a poursuivi les sessions de studio, même s’il se consacrait également à une nouvelle carrière d’arrangeur. Cette interview peut aussi se lire en regard de celle d’Harold Mabern parue dans Jazz Hot n°666, hiver 2013-2014 et prolonge également celle du même Harold Mabern de cet automne 2017. Ces rencontres racontent le jazz et les villes du jazz, ici Memphis, une ville particulièrement fertile pour la musique. Ces deux musiciens sont des amis d’enfance. Ils sont nés et ont grandi à Memphis, dans le Tennessee. Ils ont côtoyé les mêmes musiciens, Charles Thomas, Frank Strozier, Phineas Newborn Jr., Charles Lloyd, George Coleman… Leur expérience de la musique dans ces années d’apprentissages est similaire.
Garnett Brown, né le 31 janvier 1936, revient ici sur son enfance, ses années de formation, le service militaire, l’arrivée à New York, et, avec une modestie très jazz, à sa participation à quelques disques fameux parmi beaucoup d'autres, dans une discographie tout simplement incroyable malgré l'absence de disque en leader!
Propos recueillis par Mathieu Perez
© Jazz Hot n°681, automne 2017
Jazz Hot: Quels souvenirs gardez-vous de Memphis?
Garnett Brown: Memphis était une grande ville. Il y avait des lignes de démarcation entre les Blancs et les Noirs. La ségrégation était encore très forte, mais ça ne nous préoccupait pas tant que ça, parce qu’on avait de bons clubs, aimés des musiciens et du public. Il y avait aussi d’excellentes écoles comme Hamilton, Carver, Booker T. Washington, Manassas, etc.
Quand commencez-vous à jouer d’un instrument?
Eh bien, au départ, je voulais faire du football. Mais ma mère insistait pour que ma sœur et moi jouions du piano. Ma sœur chantait dans le chœur de l’église. Elle avait une prof’ de chant.
Vos parents étaient-ils musiciens?
Non. Je ne crois pas avoir jamais entendu ma mère chanter, mais mon père chantait dans la cuisine. (Rires) Sa musique préférée était les spirituals et le gospel. Il avait arrêté l’école à 9 ans, mais il a appris à écrire. Il lisait la Bible tous les jours.
Vos parents étaient de Memphis?
Ma mère est née à Memphis ou dans le Kentucky, je ne me souviens plus. Mon père était de Clarksville, dans le Mississippi. Il était aiguilleur dans les chemins de fer.
Vos parents étaient religieux. A quelle église alliez-vous?
On n’allait pas à la même église que mon père. Il était méthodiste et ma mère, baptiste. Il travaillait tout le temps, et c’est vraiment elle qui s’est occupée de nous. Elle voulait que ma sœur et moi allions dans un bon lycée; alors elle nous a mis à la Lutheran Cooperative School. L’école était gérée par deux Blancs, un pasteur et une vieille femme.
Votre premier instrument était donc le piano.
Ma sœur et moi prenions des leçons, mais je préférais aller au cinéma. J’ai fini par dire à ma mère que je n’aimais pas le piano. Plus tard, on a joué du trombone à l’école pendant trois ans. Ma sœur avait un an de plus que moi. Elle est allée à Hamilton en 1948 et moi en 1949.
Pourquoi avoir choisi le trombone?
A cause de ma sœur. Elle en jouait. Je voulais jouer au football, mais quand les entraîneurs m’ont vu arriver, ils se sont mis à rire. (Rires) Un jour, le chef d’orchestre est venu chez moi, et a dit à ma mère que je devrais me mettre au trombone. C’est comme ça que ça a commencé. Il m’a donné deux gammes et un trombone. Mes débuts étaient très mauvais! (Rires)
Quelle musique écoutiez-vous alors?
Je n’écoutais pas les trombonistes. A l’époque, il y avait un petit commerce à deux pâtés de maisons de la Lutheran Cooperative School. On y allait pour le jukebox, et on passait cette musique de George Shearing. On trouvait ça vraiment génial, et très différente des autres. A l’époque, il y avait deux jeunes pianistes qui jouaient partout dans Memphis. Je serais surpris que Harold Mabern ne vous ait pas parlé de Charles Thomas (1935-1999). L’autre, c’était Phineas Newborn. Ils étaient formidables!
Quand avez-vous rencontré Harold Mabern?
Harold faisait partie d’un petit groupe dont je n’étais pas, mais on se voyait quand nos groupes de musique jouaient dans les écoles, dans les parades, dans les festivals. C’est là qu’on se voyait. Ce n’était pas le cas de George Coleman. Il avait un an de plus. J’ai découvert ça bien plus tard. Il était si mûr pour son âge. Je pensais qu’il avait au moins cinq ans de plus que moi.
Et Frank Strozier?
Je l’ai rencontré à cette époque. J’ai connu Charles Lloyd, Frank Strozier, Harold Mabern, le frère de George Coleman qui jouait aussi du saxophone. Et bien sûr la famille Newborn qui avait son propre petit groupe. Ils m’invitaient à jouer avec eux au Flamingo Ballroom. (Rires) C’est là que j’ai vu Sarah Vaughan avec son trio. A la pause, son batteur m’avait même invité à jouer avec eux. J’étais terrifié!
Quand vous intéressez-vous au jazz?
Au lycée. Mais, pour moi, ça a pris un peu de temps, alors qu’à 15 ans, Frank Strozier était déjà un génie de l’alto. Tant de musiciens avaient déjà trouvé leur propre voix. Il y avait comme ça cinq altos à Memphis. Tous excellents. On allait souvent jouer au Christian Brothers College avec Frank, George Coleman, et peut-être Charles Lloyd aussi, parce qu’il y avait des jams. Avec Frank, on jouait dans l’orchestre de Luther Steinberg (tp, lead, 1929-1999). Il venait d’une famille de musiciens, lui aussi. Il m’avait pris sans me faire passer d’audition. C’est comme ça qu’on a passé nos deux dernières années de lycée. C’était super! C’est pour ça qu’on ne se souciait pas de la ségrégation. Ne pas traîner trop tard et ne jamais répondre aux policiers, voilà ce qu’il fallait savoir! (Rires) On n’avait pas peur à cette époque.
Où êtes-vous allé à l’université?
A l’Université de l’Arkansas, à Pine Bluff. C’était une école normale, avec un programme de musique, destinée à former des prof’s. Mais je ne voulais pas enseigner. Et de toute façon, j’ai fait mon service militaire à ce moment-là.
Où étiez-vous basé?
J’étais à Fort Ord, en Californie. C’est vers Big Sur1. Charles Lloyd était là. Et puis, j’ai été envoyé à l’Ecole de musique de la Marine, à Washington D.C., pendant trois mois et demi. Après ça, vers fin 1959, début 1960, on m’a envoyé à Fort Leonard Wood, dans le Missouri. Il y avait un orchestre. Jack Wilson était le pianiste. Il y avait aussi un trompettiste classique qui s’appelait Vincent Penzarella.
A quel moment arrivez-vous à New York?
J’ai fini l’armée en avril 1961, après deux ans. Je suis retourné un peu chez moi, et Charles Lloyd m’a appelé pour me demander si je voulais jouer avec Chico Hamilton et lui. J’ai dû faire ça pendant un an. On tournait un peu partout. On est passé par Pittsburgh où l'on a rencontré le tromboniste George Bohanon. Mais une fois arrivé à New York, je leur ai dit que je voulais rester. Je pense aussi qu’ils voulaient George.
Comment était New York?
Il s’y passait plein de choses! (Rires) Des musiciens comme Cannonball et Clark Terry ont été si gentils avec moi. J’avais un peu peur parce que je n’avais pas de travail. Alors j’allais voir Ernie Wilkins (sax, arr, comp), et on parlait longuement. Il n’habitait pas loin d’où j’étais. On ne pouvait pas être plus gentil que lui.
Où habitiez-vous?
Au départ, j’étais dans un hôtel sur la 47e Rue, à l’angle de la 7e Avenue. Chico logeait toujours là.
Dans quels clubs alliez-vous pour écouter du jazz?
Partout où ça ne coûtait pas cher! J’allais au Birdland. Pee Wee Marquette2 ne faisait pas payer les musiciens. J’allais surtout au Birdland, au Slugs aussi. Il se passait beaucoup de choses downtown à New York University, et uptown à Columbia.
Et dans quels bars?
Il y en avait un sur la 7e Avenue. La scène était derrière le bar. Il y avait un miroir énorme. J’y ai joué avec Lionel Hampton.
Quel était votre premier grand gig?
Celui avec Lionel Hampton devait être le plus important. J’ai eu l’occasion de faire des arrangements pour son orchestre, mais il ne payait pas grand-chose.
Le début des années 1960 était une période difficile pour vous?
Je suis arrivé vers juin 1962. J’ai appelé tous ceux que je connaissais: Harold Mabern et Frank Strozier ont été mes sauveurs. Il y a des fois où je n’avais pas un sou en poche…
Quels musiciens prédominaient la scène? Etiez-vous marqué par John Coltrane à cette époque?
On digérait encore ce qu’il faisait. On lui donnait beaucoup d’attention. Les saxophonistes savaient qu’il se passait quelque chose avec lui. On écoutait sa musique pour la qualité de ses compositions. Il y avait cette sincérité qui passait dans chacune de ses compos. Plus tard, on a compris que ça venait de la religion; mais il ne montrait ce côté-là à personne. Il savait que sa puissance résidait là. C’est pour ça qu’il n’arrêtait pas de s’exercer pendant des heures, pour avoir assez de technique pour s’exprimer sans aucun blocage.
Etiez-vous proche d’autres trombonistes?
Oui. Le premier était Jack Gale. Il vivait à Brooklyn. Il m’a présenté à plein de gens que je n’aurais jamais rencontrés sans lui. Des gens comme Joe Wilder (tp). Joe était comme Ernie Wilkins, toujours gentil et chaleureux.
Et Curtis Fuller?
Il devait déjà être avec les Messengers. Ce groupe, c’était du tonnerre! On se connaissait, mais on ne se voyait pas beaucoup.
Quelle a été votre première session d’enregistrement?
La première, c’était ici, à Los Angeles. C’était pour Drumfusion de Chico Hamilton. Et puis, il y a eu le disque de George Russell. C’était très intéressant. Il était si créatif. Il savait exactement ce qu’il faisait.
Vous avez beaucoup travaillé avec Duke Pearson (p) et enregistré plusieurs disques ensemble, dont Honeybuns était le premier en 1965.
Quand j’ai eu mon premier appartement, il habitait au bout de la rue. Bob Cranshaw (b) et Mickey Roker (dm) étaient inséparables à l’époque. Avant tous ces disques, c’était censé être le groupe de Duke Pearson et Donald Byrd comme il y avait celui de Thad Jones et Mel Lewis.
Etiez-vous proche de Donald Byrd?
Très proche! Je me souviens du disque A New Perspective qu’on avait fait avec Coleridge-Taylor Perkinson (directeur du chœur). Il s’était occupé du chœur pour «Cristo Redentor». Donald était une figure iconique.
Quand rencontrez-vous Dizzy Gillespie?
La première fois que je l’ai vu, ce devait être dans les années 1960. A l’époque des badges «Dizzy for President». Je l’ai croisé sur la 57e Rue juste avant d’arriver à Carnegie Hall. Il avait une cape avec des couleurs vives et pleine de motifs. Vous ne pouviez pas le rater! Je pensais que c’était un prince africain! Il avait des Stacy Adams aux pieds. Des chaussures très réputées pour la qualité et le style! (Rires) Mais j’étais jeune et trop gêné pour lui parler. Plus tard, en 1988, on a fait une de ces longues tournées organisées par George Wein.
Vous avez enregistré son Live at the Vanguard en 1967…
Oui, avec Elvin Jones, Pepper Adams, Chick Corea, etc. Ce n’était pas un groupe à proprement parler. Tout avait été monté par la maison de disques. J’étais très surpris qu’on m’appelle. C’était formidable!
Quand commencez-vous à faire des arrangements?
Au Flamingo, en 1953. Je bricolais… Je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Phineas Newborn m’a beaucoup aidé. Il connaissait bien la musique. Un an plus tard, je suis parti étudier à l’université.
Vous avez beaucoup enregistré avec Lou Donaldson. Que retenez-vous de ces sessions?
On se voyait aux sessions d’enregistrement. Il n’y avait aucune répétition. On se pointait et puis, voilà. Les répétitions n’existaient pas à l’époque, sauf pour Blue Note qui en payait trois…
Combien de temps êtes-vous resté avec le Thad Jones-Mel Lewis Orchestra?
A peu près cinq ans. Jouiez-vous en dehors de New York?
Très peu. Le gig, c’était tous les lundis au Village Vanguard. En dehors de New York, ça n’avait pas vraiment de succès. Et puis, les musiciens étaient occupés de leur côté. Beaucoup avaient d’autres gigs.
Quelles étaient vos autres expériences de big band?
Lionel Hampton, Duke Pearson, deux ou trois autres.
Pourquoi Thad Jones était-il important pour vous?
Thad a changé tout le concept de l’arrangement pour big band. Il faisait des choses qu’on n’avait jamais entendues. Sa musique était séduisante, exigeante et naturelle, comme lui. Et ses solos étaient comme ça. Rien n’était jamais forcé. Il pouvait composer sans son instrument. Et son bassiste, Richard Davis, était dingue!
Quand commencez-vous à composer davantage?
J’ai commencé à l’armée, puis j’ai arrêté. J’ai repris à New York. Une fois, une mélodie m’est venue alors que je m’entraînais, ça ne m’était jamais arrivé auparavant. On l’a même enregistrée avec Thad sur un de ses disques live.
C’était laquelle?
«Bachafillen».
Vous étiez proche de Hubert Laws. De quand date cette amitié?
A New York, on est devenu colocataires. Il m’a trouvé des gigs. Comme il est du Texas, j’ai appris que nos équipes de football jouaient l’une contre l’autre. Les gars des Crusaders sont aussi du Texas. Ils étudiaient au Texas Southern College.
Vous connaissiez donc les Crusaders avant d’enregistrer Street Life en 1979?
Oui. J’ai même failli devenir un Crusader après le départ de Wayne Henderson. Pendant longtemps, ce groupe, c’était de la dynamite. Je me souviens que Wayne, ça ne l’intéressait pas d’enregistrer en sideman. Puis il s’est mis à produire des groupes vocaux, de la pop. Il voulait faire de l’argent comme ça, et ça a marché.
Comment s’est fait The Prisoner en 1969? Quel était l’état d’esprit d’Herbie Hancock dont la musique s’inspire du mouvement des Droits civiques?
C’était le concept d’Herbie. Je ne l’entendais jamais parler de Droits civiques. Il en a parlé avec sa musique. Il y a bien ce titre «The Prisoner» et d’autres compos qui parlent de ça. Cette musique ne ressemblait pas à ce qu’il faisait avant. C’était magnifique! Bien des années après, cet album est toujours aussi frais, et son message n’a rien perdu de sa force. *
1. Big Sur, partie de la côte californienne entre Carmel et San Simeon, où la montagne jouxte la mer, célèbre pour la beauté de ses paysages. 2. William Clayton «Pee Wee» Marquette (1914-1992) était le MC (Maître de cérémonie) du Birdland, célèbre pour ses annonces de sa voix égrillarde et sonore qu'on entend sur quelques enregistrements live, et pour les habitués du lieu, pour sa petite taille. Il commença sa carrière comme danseur et chansonnier dans les spectacles itinérants avant de se fixer à New York et de devenir l’hôte du Birdland de 1949 à 1965.
DISCOGRAPHIE
COLEADER
CD 1967. Garnett Brown/Chick Corea/Richard Davis/Joe Farrell/Elvin Jones/Marvin Stamm, Jazz for a Sunday Afternoon-Live at the Village Vanguard, Blue Note 0777 7 89280 2
SIDEMAN
LP 1962. Chico Hamilton, Drumfusion, Columbia 1807 LP 1962. George Russell, The Outer View, Riverside 9440 LP 1963. Donald Byrd, A New Perspective, Blue Note 4124 (Garnett Brown non mentionné parmi les musiciens, en parle) LP 1965. Duke Pearson, Honeybuns, Atlantic 3002 LP 1965. Roland Kirk, Slightly Latin, Limelight 82033 LP 1966. Booker Ervin, Heavy!, Prestige 7499 LP 1966. Thad Jones/Mel Lewis Orchestra, Solid State 18008 LP 1967. Duke Pearson, The Right Touch, Blue Note 4267 LP 1967. Lionel Hampton, Newport Uproar, RCA-Victor 3891 LP 1967. Stanley Turrentine, New Time Shuffle, Blue Note GXK 8189 LP 1967. Lou Donaldson, Lush Life, Blue Note 84254 LP 1967. Thad Jones/Mel Lewis Orchestra, Live at the Village Vanguard, Solid State 18016 LP 1967. Dizzy Gillespie, Live at the Village Vanguard, Solid State 18034 (CD=Blue Note 0777780508-2) LP 1967. Teddy Edwards, It’s All Right, Prestige 7522 LP 1967. Art Blakey & the Jazz Messengers, Hold On, I’m Coming, Limelight 6001 LP 1967. Jack Wilson, Easterly Winds, Blue Note 84270 CD 1967. Booker Ervin, Booker ’n’ Brass, Pacific Jazz 72434 94509-2 LP 1968. Jimmy Smith, Stay Loose, Verve 8745
LP 1968. Eddie Harris, Plug Me In, Atlantic 1506 LP 1968. Duke Pearson, Now Hear This!, Blue Note 84308 LP 1968. Thad Jones/Mel Lewis Orchestra, Monday Night, Solid State 18048 LP 1968. Frank Foster, Manhattan Fever, Blue Note 84278 LP 1969. Herbie Hancock, The Prisoner, Blue Note 84321 LP 1969. Albert Ayler, New Grass, Impulse! AS9171 LP 1969. Herbie Hancock, Fat Albert Rotunda, Warner Bros./Seven Arts Records 93172 LP 1969. Hubert Laws, Crying Song, CTI 1002 LP 1969. Gil Evans Orchestra, Blues in Orbit, Enja 3069 LP 1969. Gary McFarland, America the Beautiful, DCC Jazz 615 LP 1970. Louis Armstrong, What a Wonderful World, RCA/Blue Bird 88310 LP 1970. Antonio Carlos Jobim, Stone Flower, CTI 6002 LP 1970. Antonio Carlos Jobim, Tide, A&M Records 3031 LP 1970. Gene Ammons, My Way, Prestige 10022 LP 1970. Ray Bryant, MCMLXX, Atlantic 1564 LP 1970. Louis Armstrong, Louis Armstrong and His Friends, Philips 6369 401 LP 1970. Carmen McRae, Just a Little Lovin’, Atlantic 1568 LP 1970. Oliver Nelson, Black, Brown and Beautiful, Flying Dutchman 116 LP 1970. Charles Tolliver, Music Inc., Strata-East 1971
LP 1971. Lena Horne, Nature’s Baby, Buddah Records 5084 LP 1971. Quincy Jones, Smackwater Jack, A&M Records 3037 LP 1971. The Modern Jazz Quartet, Plastic Dreams, Atlantic 1589 LP 1971. Lena Horne, Nature’s Baby, Buddah Records 5084 LP 1971. The Manhattan Transfer, Jukin’, Capitol 11405 LP 1971. Houston Person, Houston Express, Prestige 10017 LP 1972. Bernard ‘Pretty’ Purdie, Soul Is… Pretty Purdie, Flying Dutchman 10154 LP 1972. Freddie Hubbard, Sky Dive, CTI Records 6018 LP 1972. Eumir Deodato, Prelude, CTI Records 6021 LP 1972. Hubert Laws, Morning Star, CTI Records 6022 LP 1972. Hermeto Pascoal, Hermeto, Cobblestone 9000 LP 1972. Charles Earland, Charles III, Prestige 10061 LP 1972. Randy Weston, Blue Moses, CTI Records 6016 LP 1973. Roy Ayers Ubiquity, Virgo Red, Polydor 6016 LP 1973. Joe Chambers, The Almoravid, Muse Records 5035 LP 1973. McCoy Tyner, Song of the New World, Milestone 9049 LP 1973. Roy Ayers Ubiquity, Red, Black & Green, Polydor 5045 LP 1973. Dakota Staton, I Want a Country Man, Groove Merchant 521 LP 1973. Roy Ayers, Coffy, Polydor 5048 LP 1974. Herbie Hancock, Treasure Chest, Warner Bros. 2807 LP 1974. Charles McPherson, Today’s Man, Mainstream Records 1027
LP 1974. Reuben Wilson, The Cisco Kid, Groove Merchant 523 LP 1974. Lou Donaldson, Sweet Lou, Blue Note LA259-G LP 1974. Yusef Lateef, Part of the Search, Atlantic 1650 LP 1974. Billy Cobham, Crosswinds, Atlantic 7300 LP 1974. George Benson, Bad Benson, CTI Records 6045 LP 1975. The Manhattan Transfer, The Manhattan Transfer, Atlantic 18133 LP 1975. Freddie Hubbard, The Baddest Hubbard, CTI Records 6047 LP 1975. Freddie Hubbard, Polar AC, CTI Records 6056 LP 1975. Herbie Hancock, Man-Child, Columbia 33812 LP 1975. Charles Tolliver, Impact, Strata-East 9001 LP 1975. Reuben Wilson, Got to Get Your Own, Cadet Records 60033
LP 1976. Horace Silver, Silver ’n’ Wood, Blue Note LA581-G LP 1976. Eddie Harris, How Can You Live Like That?, Atlantic 1698 LP 1976. Randy Crawford, Everything Must Change, Warner Bros. 2975 LP 1976. Eumir Deodato, Daybreak, Record Bazaar 83 LP 1976. George Benson, Blue Benson, Polydor 6084 LP 1976-77. The Manhattan Transfer, Pastiche, Atlantic 19163 LP 1977. Herbie Hancock, Sunlight, CBS 82240 LP 1977. Ray Barretto, Eye of the Beholder, Atlantic 19140 LP 1977. Freddie Hubbard, Bundle of Joy, Columbia 34902 LP 1978. Joe Sample, Rainbow Seeker, ABC Records 1050
LP 1978. Joe Farrell, Night Dancing, Warner Bros. 3225 LP 1978. Hubert Laws, Land of Passion, Columbia 35708 LP 1979. The Crusaders, Street Life, MCA Records 3094 LP 1979. Alan Broadbent, Palette, Granite 7901 LP 1980. Ahmad Jamal, Night Song, Motown M7-945R1 LP 1981. Gerald Wilson, Lomelin, Discovery 833 LP 1982. Gerald Wilson, Jessica, Trend Records 531 LP 1983. Hubert Laws, Make It Last, Columbia 38850 45t 1983. Herbie Hancock, Rockit, CBS 3577 LP 1984. Gerald Wilson, Calafia, Trend Records 537 CD 1987. Gene Harris All Star Big Band, Tribute to Count Basie, Concord Jazz 4337 CD 1991. Diane Schuur, Pure Schuur, GRP-GRD 9628 CD 1992. Diana Ross, Stolen Moments, Motown 74636340-2 CD 2000. Buddy Collette, Live From the Nation's Capital, Bridge 9096 CD 2007. Kenny Burrell, 75th Birthday Bash Live!, Blue Note 0946374906-2
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