George Cables at Ronnie Scott's, London, 28 May 2008 © David Sinclair
George CABLES
The Composer
Pour George Cables, il n’y a rien de plus essentiel que la personnalité musicale d’un groupe, sa voix propre, son intensité. Cet illustre sideman, et excellent leader, au toucher magnifique, au jeu chargé d’âme, de groove, joue collectif. C’est ce qui donne tout son sens à l’idée même d’une contribution au jazz, vécue comme une expérience humaine. Cette conception «spiritual», il la tire de l’écoute des groupes de Miles Davis dont les disques ont changé sa vie.
De son cadre familial également… Né le 14 novembre 1944 à Brooklyn, New York, c’est en voyant, dès l’âge de 6 ans, sa mère institutrice jouer du piano à la maison et de l’orgue à l’église qu’il s’intéresse à cet instrument. Pianiste classique de formation, il poursuit ses études à la High School of the Performing Arts, puis à la Mannes School of Music à New York. Le jazz, George Cables le découvre «sur le tard» au lycée (1958-1962). Bouleversé par l’enregistrement Thelonious Monk Orchestra at Town Hall, il se met à fréquenter, dès 18 ans le Five Spot Café; l’occasion d’entendre Thelonious Monk, Charles Mingus, Eric Dolphy et tant d’autres musiciens, de se familiariser avec cette nouvelle langue, et d’absorber l’énergie qui se dégageait de ces concerts.
Avec des camarades de classe, il forme les Jazz Samaritans. Batteurs et contrebassistes se succèdent: Billy Cobham, Lenny White, Clint Houston. C’est avec eux que George Cables fait ses premiers pas de musicien professionnel, obtenant un gig au Top of the Gate, puis au Slug’s. Marqué alors par la musique de Wynton Kelly, Herbie Hancock, McCoy Tyner, Cedar Walton, Chick Corea, et, plus tard, par de celle d’Art Tatum, le jeune homme est vite remarqué par ses pairs. A la fin des années soixante, il enregistre avec Paul Jeffrey (Electrifying Sounds of the Paul Jeffrey Quintet, 1968), Bobby Hutcherson (Now!, 1969). En 1969, c’est aux côtés d’Art Blakey et des Jazz Messengers qu’il joue, puis avec Sonny Rollins. Cette même année, il commence une collaboration avec Joe Henderson qui va durer deux ans. En 1971, il quitte New York pour la Californie, vivant entre Los Angeles et San Francisco. Très demandé dès le début des années soixante-dix, il multiplie les enregistrements: Max Roach (Lift Every Voice and Sing, 1971), Curtis Fuller (Crankin, 1971), Woody Shaw (Blackstone Legacy, 1971; Song of Songs, 1972), Sonny Rollins (Next Album, 1972), Freddie Hubbard (Keep Your Soul Together, 1973), Joe Chambers (The Almoravid, 1973), Bobby Hutcherson (Montara, 1975). C'est l'époque du piano électrique, des rythmes funky, d’un jeu très soulful, une patte immédiatement reconnaissable!
Sur la West Coast, il accompagne Freddie Hubbard (1971-1976), Art Pepper (1979-1982), devient pianiste en résidence au Keystone Korner, à San Francisco, où il joue régulièrement avec Bobby Hutcherson. C’est dans ce club mythique qu’il accompagne pour la première fois Dexter Gordon, peu après son grand retour d’Europe. Ces deux années passées aux côtés du ténor sont sans doute celles qui l’ont le plus marqué. La profondeur du saxophoniste, sa façon de vivre le jazz, son état d’esprit, sa bienveillance à son égard, l’ont marqué à jamais… De retour à New York en 1983, George Cables poursuit de nombreuses collaborations avec Freddie Hubbard, Bobby Hutcherson, Max Roach, Charlie Rouse, Eddie Henderson, Chico Freeman, Gary Bartz, etc. En plus de cinquante ans de carrière, il enregistre en sideman une centaine d’albums. Même affaibli par des problèmes de santé au début des années 2000 (il est sous dialyse pendant cinq ans avant d’être opéré en 2007, puis en 2008, d’une double greffe foie-rein), il cofonde les Cookers en 2007, avec Billy Harper, Eddie Henderson, David Weiss, Cecil McBee et Billy Hart.
Sideman inestimable, George Cables est un leader tout aussi passionnant! Depuis son premier album Why Not? (1975), il n’a cessé de poursuivre une œuvre personnelle et de nourrir une discographie de plus de 40 albums, aussi à l’aise au piano électrique (Cables’ Vision, 1979) qu’acoustique, dans le funk que dans le straight ahead. S’il a enregistré surtout en trio (ces dernières années avec Essiet Essiet et Victor Lewis), il compte aussi des albums en solo et en duo (Art Pepper, Frank Morgan…), développant, au fil des années, un véritable répertoire, qui comprend de très beaux thèmes («Think on Me», «Dark Side, Light Side», «Quiet Fire», «Helen’s Song», «Morning Song», «I Told You So», «Ebony Moonbeams»). Lesquels ont été souvent repris et enregistrés par d’autres musiciens, de Woody Shaw à Jeremy Pelt, en passant par Freddie Hubbard, Gene Harris, Donald Brown, Alex Sipiagin. C’est sur cet aspect de sa carrière, souvent moins mis en valeur, que nous avons choisi d’interviewer le très discret et élégant George Cables. Le faire parler de ses compositions personnelles, c’est inévitablement évoquer les musiciens qui ont le plus compté pour lui.
Propos recueillis par Mathieu Perez Photos de David Sinclair et Pascal Kober
© Jazz Hot n°680, été 2017
Jazz Hot: Quand vous êtes-vous mis à la composition?
George Cables: «Happiness» doit faire partie de mes premières compositions. Je devais avoir 21 ans. Vous savez, j’ai commencé à jouer du jazz sur le tard. Vers 17, 18 ans.
Comment êtes-vous venu au jazz?
J’avais rencontré des musiciens à l’église, avec qui je jouais dans un groupe. Au départ, il y avait Billy Cobham à la batterie, puis Lenny White l’a remplacé. A la contrebasse, il y a eu Artie Heaton puis Clint Houston. Au saxophone, Bernard Scavella, Steve Grossman ont fait partie du groupe à un moment. Tous me donnaient des conseils pour composer. Ils me disaient toujours de commencer par bien apprendre les standards. C’est à cette époque que j’ai composé «Face the Consequences» et «S.F.C.B» («Straight From Cables’ Basement»).
Avant de vous lancer dans le jazz, vous aviez une formation de pianiste classique. Cela vous a-t-il servi?
Pas autant qu’on voudrait le croire. J’étudiais encore la musique classique quand je me suis intéressé au jazz. Mais je n’avais pas la bonne attitude, parce que le jazz, c’est une autre langue. Ça n’a rien à voir avec la musique classique. J’ai beaucoup appris de la musique classique, comme mon toucher au piano, et j’ai beaucoup appris du jazz.
Quelle a été l’importance de voir Thelonious Monk en concert?
Quand j’ai vu Monk au Five Spot, je devais avoir 18 ans. A cette époque, je cherchais à habituer mon oreille à cette musique nouvelle pour moi. Et puis, pendant les concerts, regarder la façon dont les musiciens interagissaient a été très important. J’ai d’abord commencé par écouter les musiciens contemporains. L’histoire du jazz, comme Tatum, c’est venu après. Au Five Spot, je voyais Coleman Hawkins ou Rahsaan Roland Kirk. Une fois, Wilbur Ware est entré. Un copain l’avait reconnu, moi, je ne savais pas qui c’était. Alors, après, on allait se renseigner sur ces musiciens. (Rires)
Woody Shaw a été le premier musicien à enregistrer vos compositions sur Blackstone Legacy en 1971. Comment cela s’est-il passé?
Oui. Il a enregistré «Think on Me» et «New World». Woody et moi étions très proches. Il m’avait même trouvé un gig avec Art Blakey en 1969. Il s’intéressait à beaucoup de musiques différentes. Il adorait Bartók. J’avais un an de plus que lui, mais il était plus mûr que moi.
Comment ça?
Il baignait dans le jazz depuis plus longtemps que moi. Quand je l’ai rencontré, il avait déjà travaillé avec Horace Silver et pleins d’autres groupes.
Comment l’avez-vous rencontré?
C’était grâce à Jim Garrison. Il était promoteur à l’époque et s’intéressait aux jeunes musiciens. Il s’est mis à chercher des gigs pour la section rythmique que je formais avec Lenny White et Clint Houston pour accompagner des souffleurs. Un week-end, il nous a trouvé un gig à Westbury, Long Island, pour accompagner Woody Shaw et Booker Ervin. C’est comme ça qu’on s’est connus.
C’était en quelle année?
1968. Un an après, on travaillait au Slug’s, où Jim Garrison s’occupait de la programmation; puis on est parti en tournée au Mexique.
Avec ce même groupe?
Non. Il y avait Art Blakey, Woody Shaw, Billy Harper, Buster Williams et moi.
«Dark Side Light Side» est l’un des thèmes les plus connus de votre répertoire.
Je l’ai écrit il y a longtemps! John Hicks l’avait enregistré. C’est lui qui a produit mon premier album, Why Not, en 1975. Art Blakey aussi jouait ce thème.
A quand remonte votre collaboration avec Art Blakey?
J’ai joué avec Art en 1969; puis j’ai travaillé un peu avec Sonny Rollins. Des années plus tard, Art m’a demandé si je voulais faire une tournée avec lui. Bobby Watson (as) venait de le rejoindre. Il y avait peut-être aussi David Schnitter (ts) dans le groupe. C’était un gig temporaire. J’ai ensuite recommandé James Williams (p) à Art.
Freddie Hubbard a enregistré «Ebony Moonbeams», puis Bobby Watson. Qu’attendez-vous d’un musicien qui joue vos compositions?
Oui, Freddie l’avait enregistré sur High Energy. Bobby Hutcherson aussi, sur Un Poco Loco. Je m’attends à ne pas retrouver la même chose. Quand quelqu’un enregistre vos compositions, et quand, vous, vous enregistrez celles des autres, vous devez montrer votre point de vue. Je suis honoré quand on enregistre ma musique, et je suis toujours curieux de voir comment ces musiciens s’y sont pris. Alex Sipiagin a enregistré «Think on Me». Ce qu’il a fait est très différent. Je dis souvent: «Ce n’est pas parce que c’est ma composition que mon interprétation est la bonne.» Je veux dire par là que je n’attends pas des autres musiciens qu’ils jouent le thème exactement de la façon dont je l’ai écrit. J’espère qu’ils le joueront avec leur point de vue. Parce que c’est ce que je vais faire quand je joue leur musique. J’ai appris ça de Miles Davis. Quand j’ai écouté «Footprints» sur Miles Smiles, c’était magique! C’est même devenu la version de référence. Tout le monde le jouait comme ça après Miles. Je ne sais pas si c’était composé comme ça mais la façon dont le groupe le jouait fonctionnait pour ce groupe en particulier, avec les souffleurs. Puis, Adam’s Apple est sorti. C’était la première fois que Wayne Shorter enregistrait «Footprints». C’était complètement différent. C’était le même thème, mais le concept était différent, le son était différent. Mais je pense que Miles Davis a saisi la magie de cette composition. Je devrais plutôt dire Miles Davis et son groupe, Tony Williams, Ron Carter, Herbie Hancock. Leur interprétation était magique!
En leader, vous avez essentiellement enregistré en trio. Etait-ce par goût?
C’est parce que je voulais jouer la mélodie une fois de temps en temps! (Rires) Je pense avoir quelque chose à offrir, avec ma façon de toucher le piano. Mais rien que de jouer la mélodie, c’est important pour moi. C’est devenu important pour moi. Quand je joue en trio, j’écoute les autres musiciens, et je réagis à ce qu’ils font, et je contrôle un peu plus la situation. Je pense aussi que ma voix se fait mieux entendre.
Cables’ Vision (1979) est un condensé de la sphère George Cables avec vos complices Freddie Hubbard et Bobby Hutcherson.
Oui, j’ai beaucoup travaillé avec Freddie Hubbard et Bobby Hutcherson. Pour cet album, je pensais qu’ils pouvaient vraiment servir cette musique. Et puis, j’adore leur façon de jouer. Et ce n’est pas une mauvaise idée de faire appel à des musiciens qui jouent à fond! (Rires) Certains vous diront de ne pas prendre des musiciens qui jouent mieux que vous parce qu’ils risquent de prendre toute la place. (Rires) Mais j’ai écrit presque toute la musique de cet album. On a enregistré un thème de Freddie, un de Bobby. Ils ont rendu cette musique vivante. Je pense que ma personnalité est bien là dans cet album et qu’ils ont pris toute la place. Malgré ce, c’était une expérience très positive pour moi.
Vous avez joué avec des batteurs d’exception. Etiez-vous proche de l’un d’eux en particulier?
C’est une question difficile. J’adorais Tony Williams, son concept. Grandir avec la musique de Miles Davis et son groupe a été très important pour moi. Et puis, il y avait Billy Higgins… Tous les batteurs vous offrent quelque chose de différent. J’aime l’idée d’avoir pu travailler avec Roy Haynes, Art Blakey, Billy Higgins, Max Roach, Elvin Jones, Kenny Clarke, Jimmy Cobb, Victor Lewis, Lenny White, etc. Jouer avec chacun d’entre eux a été un vrai plaisir. Chacun contribuait de façon magnifique à cette musique. J’avais l’habitude de dire que Tony Williams était mon batteur préféré, mais Lenny White aussi est excellent, comme tant d’autres. Ils m’ont tous appris quelque chose sur moi et ma propre musique. En ce moment, je joue avec Victor Lewis parce que c’est un excellent batteur, très musical. Nous avons une excellente relation musicale, et c’est un ami. Victor Lewis est le batteur avec lequel vous avez la plus longue relation musicale. Quel leader êtes-vous avec votre trio?
Je ne suis pas un leader autoritaire. C’est un dialogue, vous savez, même si je peux avoir envie de tourner autour d’un certain concept. Et Victor a le don de saisir ce que c’est! (Rires)
Qu’appréciez-vous chez Victor Lewis en particulier?
Il y a des années, on jouait au Jazz Alley, à Seattle. Je me souviens qu’on jouait «I Mean You». En général, on le joue un peu toujours de la même façon. On l’a donc joué comme ça, et Victor s’est mis à faire quelque chose de différent, une sorte de contre-mélodie. Je ne l’oublierai jamais! Je me souviens exactement de ce qu’il a joué et le feeling de ce moment précis. Billy Higgins avait fait quelque chose de similaire sur «My Funny Valentine» sur l’album Some of My Favorite Things. Il nous avait embarqués quelque part, c’était inattendu. Je l’ai regardé, et il m’a fait un grand rire. (Rires) C’était super! Quand vous voulez obtenir le plus de quelqu’un et le garder auprès de vous, lui donner le plus de liberté possible est une bonne chose. Jouer cette musique, le jazz, a toujours été un apprentissage de la vie pour moi. Parce qu’on joue avec des être humains, on construit des relations humaines, on entretient ces liens. Parfois un nouveau musicien rejoint votre groupe, et la musique change; ou c’est peut-être que vous avez laissé la musique devenir autre chose que ce qu’elle était avec le groupe précédent, parce que ce nouveau musicien apporte quelque chose d’autre. C’est ce qui se passe quand vous apportez la musique à des êtres humains.
George Cables at Ronnie Scott's, London, 17 April 1997 © David Sinclair Le jazz, c’est avant tout une relation humaine?
La musique, c’est comme la vie. C’est, en tout cas, mon approche. Je ne pense pas qu’on crée quoi que ce soit. Etre créatif, c’est être capable de découvrir; tout est là, suspendu dans les airs; tout est déjà là. La question, c’est comment découvrir des choses nouvelles. Cette façon de voir les choses vous permet d’éviter d’avoir la grosse tête, de regarder avec bienveillance ce que vous avez aujourd’hui, et ce qui se dessine devant soi. Pour moi, il a toujours été question d’apprentissage et de contribution à la musique. Dexter Gordon était comme un père musical pour moi. Quand je l’ai rencontré, ce n’était pourtant pas le premier musicien avec qui je jouais, loin de là. Il incarnait tellement l’histoire et l’avenir du jazz que sa musique, ses leçons musicales résonnaient en moi. Dexter vivait le jazz. C’était son art de vivre.
Quand avez-vous rencontré Dexter Gordon pour la première fois?
La première fois, Dexter vivait encore en Europe. J’ai joué avec lui peu de temps après qu’il se soit réinstallé à New York.
Comment avez-vous rejoint son groupe?
Grâce à Woody Shaw et à Todd Barkan. Le Keystone Korner est le premier club où j’ai joué avec Dex. J’habitais alors à Los Angeles.
Etiez-vous à l’aise en jouant avec lui?
Moi, j’étais à l’aise, mais la question était de savoir si lui allait être à l’aise avec moi, et si j’étais compatible avec lui! Dexter savait ce qu’il cherchait, ce qu’il voulait faire, et ce qui lui permettait d’être Dexter. Laisser les autres être comme ils sont, les comprendre, s’adapter à eux, je pense que c’est l’un des mes points forts.
Qu’avez-vous appris de leaders comme Dexter Gordon et Sonny Rollins?
Avec Sonny Rollins, j’avais commencé déjà à jouer out et contre ce qui était écrit. Il m’a alors demandé de jouer les accords réguliers; même chose avec Joe Henderson; c’est une des leçons que j’ai apprises. Parfois, il faut qu’on nous dise les choses deux fois pour comprendre ce qu’ils veulent et ce qui leur permet de faire de la musique. Ça m’a aidé à grandir.
Parmi les souffleurs, vous avez joué longtemps avec Dexter Gordon, Freddie Hubbard, Joe Henderson.
Je n’ai joué qu’un an avec Joe Henderson et deux avec Dexter… Nous étions plus libres avec Joe et Freddie. J’ai été très influencé par Herbie Hancock, McCoy Tyner, Bill Evans, Chick Corea. Nous avions plus de liberté parce qu’on jouait une musique contemporaine. Mais, en y réfléchissant, Dexter aussi nous donnait beaucoup de liberté. Avec Freddie, je jouais beaucoup de piano électrique. Avec Joe, aussi. Avec Dexter, je me suis remis au piano acoustique. Un soir, on jouait une ballade. Soudain, Rufus s’est arrêté de jouer. Puis, Dexter s’est arrêté. Là, j’ai joué un vrai solo de piano. Le soir suivant, Dexter a joué une ballade et m’a fait le même coup. J’adorais jouer avec Dexter parce que tout était groove, tout était swing. Il était si créatif quand il jouait. A chaque fois, c’était comme si ce qu’il jouait était nouveau. J’ai beaucoup appris avec lui. J’ai grandi avec lui. Avec Art Pepper, il fallait jouer la ballade jusqu’au bout avec le même tempo avec lequel on avait commencé. C’était très important pour lui. C’était un musicien très mélodique, et avec beaucoup d’énergie. Dexter était plein d’énergie. C’était le maître du groove. Il jouait derrière le beat. Ça créait cette tension! Le groupe avait développé son propre son, sa personnalité. Dexter avait un gros son. Avec Art, c’était un peu différent, il jouait ses propres thèmes. Le contrepoint était important pour ces gars qui se considéraient comme des musiciens de la West Coast. C’était une autre expérience! (Rires) Comment êtes-vous parvenu à trouver votre voix face aux influences importantes qu’ont exercé McCoy Tyner, Herbie Hancock, Chick Corea?
C’était un apprentissage. On prend un peu ici, un peu là, on compose un thème qui incorpore ces concepts. Mais c’était surtout les nouvelles possibilités qu’ils offraient qui m’intéressaient. S’ils peuvent faire ceci, alors je pourrais faire ça. Reprendre exactement, ça n’a pas de sens. C’est comme ça que j’ai cherché ma place dans cette musique.
Vous nous avez raconté vos débuts de soliste grâce à Dexter Gordon. Vous avez aussi enregistré des duos. Le premier, était-ce bien Goin’ Home (1982) avec Art Pepper?
Oui. Nous étions très proches avec Art Pepper. Il y avait une grande confiance entre nous. Avoir confiance en l’autre, c’est très important pour jouer cette musique. Nous avions un lien très fort. Je ne sais plus comment cet album s’est fait. Nous en avions parlé, on a enregistré Goin’ Home et Tête à Tête au même moment. Je voulais appeler l’album comme mon thème «Goin’ Home» que j’avais composé en hommage à ma belle mère qui venait de mourir. Puis, Art est mort peu de temps après la session d’enregistrement. Alors on a appelé l’album comme ça, dans l’idée qu’Art était reparti chez lui. J’avais composé «Tête à Tête» pour lui.
Quel souvenir gardez-vous de cette session d’enregistrement?
Art était toujours nerveux. Je me souviens qu’il voulait refaire les prises. L’ingénieur du son n’arrêtait pas de venir dans le studio pour nous donner des conseils. C’était infernal! On a fini par s’enfermer à clé! (Rires) On avait besoin d’espace. Sur «Goin’ Home», Art jouait de la clarinette. Il avait un son magnifique, très personnel.
Vous avez aussi enregistré Double Image (1986) et Mood Indigo (1989) en duo avec Frank Morgan. De quand date cette collaboration avec l’altiste?
Nous avons commencé à joue en duo dans un collectif d’artistes. Vous savez, il rentrait et sortait de prison. Frank pouvait être son pire ennemi. Il rendait les musiciens nerveux, les mettait mal à l’aise. Ce n’était pas très sympa. Avec moi, il savait que s’il me cherchait, je me lèverais du piano, et je m’en irais. Ça, il le savait. Du coup, on s’est bien entendu. (Rires)
Etiez-vous un habitué du Bradley’s?
Au départ, pas tant que ça. A cette époque, je vivais en Californie. J’y ai vécu de 1971 à 1983. Mais quand je passais à New York, il m’arrivait d’y jouer avec Rufus Reid. Quand je me suis réinstallé là-bas, j’y jouais plus souvent.
Avec un bassiste en particulier?
Avec Santi Debriano; et avec Gary Bartz, quand il y avait des souffleurs.
Comment est venue l’idée de faire l’album A Letter to Dexter (2006)?
Dexter a exercé une grande influence sur moi. Il m’a aidé à cristalliser mon concept. C’était une façon de le remercier pour cette époque avec lui, pour sa musique.
Composez-vous beaucoup en ce moment?
En ce moment, pas mal! La vocaliste Sarah Elizabeth Charles a aussi enregistré mes thèmes avec des paroles pour un album qui devrait s’appeler le George Cables Songbook (sorti chez HighNote Records, fin 2016).
Vous jouez avec votre trio (Essiet Essiet, Victor Lewis) essentiellement à New York?
A New York, à Washington, D.C. Je suis assez occupé avec les Cookers, et je travaille avec d’autres groupes. Je n’ai jamais pris autant de plaisir à jouer. J’ai toujours le sentiment d’apprendre quelque chose de nouveau et d’affirmer ma personnalité musicale.
Vous enseignez aussi à la New School?
J’y enseigne depuis quelques années. Je donne aussi des cours privés. C’est très intéressant d’apprendre des jeunes, leur concept de la musique, ce qu’ils écoutent. Je me suis toujours intéressé à différents types de musique. J’aime le funk, la musique classique. Je réécoutais récemment Debussy, Ravel et les concertos pour piano de Rachmaninov, surtout le troisième.
A la New School, vous dirigez le Herbie Hancock Ensemble (20 étudiants max), et vous explorez les compositions d’Herbie Hancock des années soixante aux années quatre-vingt. Quel effet cela fait-il de se replonger dans ce répertoire et ces concepts musicaux qui ont tant compté pour vous?
C’est amusant. Ça me fait revenir à mes sources et examiner les concepts qui m’ont formé. J’ai beaucoup changé depuis cette époque, mais c’est intéressant de revisiter cette période.
Dans votre album In Good Company (2015), vous avez enregistré «Lush Life». Pour finir de dérouler le fil débuté plus haut, comment abordez-vous un tel standard?
Je joue «Lush Life» depuis longtemps. Parfois, vous changerez un accord ici, un autre là, mais, quand vous le jouez, on doit comprendre ce que ce thème signifie pour vous. Forcer les choses pour montrer qu’on est différent des autres, ça ne vaut rien. Il faut plutôt laisser la musique venir à soi et se laisser emporter par elle.
Depuis 2007, vous faites partie des Cookers, ce groupe all stars qui se compose de Billy Harper (ts), Eddie Henderson, David Weiss (tp), Cecil McBee (b), Billy Hart (dm) et, selon les albums, de Craig Handy (as, fl), Donald Harrison (as).
Les Cookers, c’est un peu comme être en famille. C’est un défi aussi, car ce groupe ne va pas dans la même direction musicale que moi. C’est en fait un groupe de souffleurs, mais son concept musical fait partie de mon histoire; et ça peut m’amener dans d’autres directions.
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GEORGE CABLES et JAZZ HOT: n° 575, 2000
A LIRE Ethan Iverson, Interview with George Cables (part 1) https://ethaniverson.com/interviews/interview-with-george-cables-part-1/
Ethan Iverson, Interview with George Cables (part 2) https://ethaniverson.com/interviews/interview-with-george-cables-part-2/
DISCOGRAPHIE Leader CD 1975. Why Not, Candid 79402 (Whynot 32ED2013) (George Cables Trio) LP 1979. Circles, Contemporary 14015 CD 1980. Cables’ Vision, Contemporary-OJC 725-2 (14001) LP 1980. Some of My Favorite Things, Atlas 1002 (George Cables Trio) CD 1981. Whisper Not, Atlas 1010 (George Cables Trio) LP 1982. Old Wine, New Bottle, Atlas 1015 (George Cables Trio) LP 1983. Wonderful L.A, Atlas 1022 (George Cables Trio) LP 1983. Sleeping Bee, Atlas 1026(George Cables Trio) LP 1984. Bebop and Beyond, Concord Jazz 244 CD 1984. The Big Jazz Trio, East World 5022 (George Cables Trio) LP 1985. Phantom of the City, Contemporary 14014 (George Cables Trio) CD 1987. By George: Plays the Music of George Gershwin, Contemporary 14030-OJC 1056-2 (George Cables Trio) CD 1991. Cables’ Fables, SteepleChase 31287 (George Cables Trio) CD 1991. Night and Day, DIW-606 (George Cables Trio) CD 1991. Beyond Forever, SteepleChase 31305 (George Cables Trio) CD 1993. I Mean You, SteepleChase 31334 (George Cables Trio) CD 1994. Live at Maybeck: Maybeck Recital Hall Series Vol. 35, Concord Jazz 4630 CD 1994. Quiet Fire, SteepleChase 31357 (George Cables Trio) CD 1995. Person to Person, SteepleChase 31369 (solo) CD 1995. Alone Together, GR 110 (George Cables Trio) CD 1995. Skylark, SteepleChase 31381 (George Cables Trio) CD 1997. Dark Side, Light Side, SteepleChase 31405 (George Cables Trio) CD 1998. Bluesology, SteepleChase 31434 (George Cables Trio) CD 2000. One For My Baby, SteepleChase 31487 CD 2001. Senorita De Aranjuez, Meldac 2011 (George Cables Trio) CD 2001. Shared Secrets, Muse 1001 CD 2002. Live in Belgrade, Production non officielle CD 2000. New York Concerto, Meldac 28101 (George Cables Trio) CD 2003. Looking For the Light, Muse 1005 CD 2004. Is Paris Burning?, Meldac 22 CD 2004. Cocktail Hour: Piano Jazz, Sunset Records/Sharon O’Connor’s Musiccooks (George Cables Trio) CD 2006. A Letter to Dexter, Kind of Blue 10006 (George Cables Trio) CD 2006. Live in Bollate, Musica Jazz 1176 (George Cables Quartet) CD 2008. Morning Song, HighNote 7182 CD 2008. You Don’t Know Me: Piano Solo, Kind of Blue 10024 CD 2012. My Muse, HighNote 7244 CD 2014. Icons & Influences, HighNote 7255 CD 2015. In Good Company, HighNote 7275 CD 2016. The George Cables Songbook, HighNote 7292
Coleader CD 1982. Art Pepper & George Cables, Goin’ Home, Galaxy-OJC 679-2 LP 1982. Joe Farrell/Georges Cables/John Dentz/Tony Dumas, Someday, Realtime 308 CD 1982. Pepper/Farrell/Cables, Darn That Dream, Realtime 3009 CD 1983. Art Pepper & George Cables, Tête à Tête, Galaxy 5147 LP 1984. Bruce Forman & George Cables Dynamics, Concord Jazz 279 CD 1985. Bobby Hutcherson/George Cable/Herbie Lewis/Philly Jo Jones, Four Seasons, Timeless SJP 210 CD 1987. Frank Morgan/George Cables, Double Image, Contemporary 14035-2 CD 2010. The Cookers, Cast the First Stone, Plus Lion Music 4536 CD 2011. The Cookers, Warriors, Jazz Legacy, Productions JLP 1001009 CD 2012. The Cookers, Believe, Motema Music 233644 CD 2014. The Cookers, Time and Time Again, Motema Music 233883 LP 2015. Gary Smulyan-George Cables Duo, Two For Thad: Remembering Thad Jones, Edition Longplay 15 CD 2015. Danila Satragno/George Cables, Odla, Splasc(h) CD 2016. The Cookers, The Call of the Wild and Peaceful, Smoke Sessions 1607
Sideman CD 1968. Paul Jeffrey Quintet, Electrifying Sounds of the Paul Jeffrey Quintet, Savoy 50602 CD 1968-69. Frank Foster, Manhattan Fever, Blue Note 3 85191 2 CD 1969. Art Blakey & the Jazz Messengers, Rutgers University, NJ, April 15th 1969, Hi Hat 006 LP 1970. Joe Henderson-At the Lighthouse, If You’re Not Part of the Solution…, Milestone 9028 LP 1971. Joe Henderson, In Pursuit of Blackness, Milestone 9034 CD 1971. Woody Shaw, Blackstone Legacy, Contemporary 7627/28-2 CD 1971. Max Roach With the J.C. White Singers, Lift Every Voice and Sing, Atlantic 27274 LP 1972. Luis Gasca, For Those Who Chant, Blue Thumb 406 CD 1972. Joe Henderson, Black Is the Color, Milestone 90193 CD 1972. Sonny Rollins, Next Album, Milestone 25218631228 CD 1972. Curtis Fuller, Crankin’, Mainstream 333 LP 1972-73. Art Blakey and the Jazz Messengers, Child’s Dance, Prestige 10047 (CD=24130-2) LP 1972. Paul Jeffrey, Family, Mainstream 376 CD 1973. Billy Harper, Capra Black, Strata East 19739 CD 1973. 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2013. Jazz Masters All Stars ·George Cables· «I Should Care» Nathan Davis (ts), Benny Golson (ts), Claus Reichstaller (tp), Jon Faddis (tp), George Cables (p), Abraham Laboriel (eb), Dennis Mackrel (dm). https://www.youtube.com/watch?v=DyLiuXUld0M
2015. Live at Dizzy’s Club February The Music of Dexter Gordon, A Celebration - 1st Set George Cables (p), Joe Locke (vibes), Craig Handy (ts), Abraham Burton (ts), Gerald Cannon (b),
Lewis Nash (dm)
https://www.youtube.com/watch?v=HPJ3l4_DgBU
2015. Stanley Clarke (b), Lenny White(dm), George Cables (p) «Helen’s Song» - The Blue Note, NYC - https://www.youtube.com/watch?v=IdAcMQIZAXk 2016. George Cables (p), Essiet Essiet (b), Victor Lewis (dm) au Café Central, Madrid https://www.youtube.com/watch?v=tbroVafoEBo
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