CDs INFOS
Le jazz dans toutes ses dimensions : en complément de nos chroniques de disques détaillées, l'essentiel
sur une production discographique très éclectique qui relève parfois du
jazz, parfois un peu moins ou pas du tout……
© Jazz Hot n°680, été 2017
Nouveauté Mina Agossi UrbAfrika Jazz Family
016 (Socadisc)
Après avoir
chanté avec Archie Shepp et Ahmad Jamal, Mina Agossi se tourne vers ses racines
béninoises et, pour ce faire, s’allie au batteur-chanteur Jean Adagbenon, vedette
au Bénin, et au joueur de tambour KA guadeloupéen Laurent Succab, plus quelques
autres musiciens et invités plus près du jazz. Tous les thèmes sont de la chanteuse
avec des paroles en français ou en anglais. Elle possède une voix chaude de contralto,
charmeuse, avec une belle diction. Elle chante sobrement, avec force et
conviction et un feeling très prenant. Elle a parfois des brisures, des
inflexions à la Billie Holiday, comme
sur «Another Life» prise sur tempo lent et des nappes de synthé. C’est le
pianiste Thibaut Lemoine qui amène essentiellement la touche jazz dans ses
solos au piano électrique comme sur «Fille de la terre». Les percussionnistes
Paco Séry et Sanza apportent leurs emportements rythmiques sur trois morceaux:
«Si bien», «Otto Dagbe», «UrbAfrika»; ils déménagent, comme à leur habitude.
Mina Agossi chante en béninois avec Jean Adagbenon sur «Azosse» sur un fond
percussion métallique; un beau moment africain. C’est donc une plongée
belle et chaleureuse, effectuée avec ferveur par Mina Agossi, dans cette
musique peu connue chez nous. Serge Baudot
Nouveauté Pierre Bertrand Joy Cristal Records 3149028089523 (Harmonia Mundi)
Dans une sorte de suite en dix titres, le saxophoniste Pierre Bertrand
(ss, as, ts) voyage dans une traversée d’un jazz métissé de sonorités latines
(Argentine, Espagne). Toutes les compositions sont des originaux et permettent
au leader de parfaitement s’exprimer sur tous les registres de ses instruments.
La richesse de cet album vient aussi de l’excellent accompagnement de ses amis
Minino Garay (dm, perc), Jérome Regard (b), Alfio Origlio et Jean-Yves Jung (p)
et Xavier Sanchez (cajon) mais aussi des solistes invités, tel les guitaristes
Sylvain Luc et Louis Winsberg. Beau mariage pour un album à la production
soignée et au livret très chic. Par moment, Pierre Bertrand nous rappelle Nivaldo
Ornelas ou Mauro Senise, saxophonistes brésiliens qui ont œuvré auprès
d’Egberto Gismonti et de Milton Nascimento. Ne pas oublier les voix féminines
qui telles des chœurs antiques, rehaussent et colorent les ambiances. Michel
Antonelli Nouveauté Marc Boutillot Quartet Lumière sur la Nuit Classiquez ! (UVM
distribution)
Compositeur, comédien et professeur à l’école de jazz ARPEJ, le
clarinettiste Marc Boutillot interprète les thèmes qu’il a composé pour le film
éponyme de son album. Heureux mariage de la clarinette (souvent basse) et de la
guitare (Leonida Fava) soutenu par une rythmique de qualité, cet album nous
entraîne dans la nuit qui se présente comme une «dame parfois mystérieuse,
nostalgique, planante, souvent amoureuse». Michel Antonelli Nouveauté Brazzamerica Brazzamerica Autoproduit (www.brazzamerica.com)
Trois musiciens brésiliens, Leco Reis (b), Cidinho Teixeira (p), Edson
Ferreira (dm) installés à New York, nous proposent leur version jazz de
thèmes venus de leur terre natale qu'ils nous fredonnent à l’oreille. Un album
agréable mais sans véritable originalité. On notera quand même la qualité
musicale de chacun des musiciens.
Michel Antonelli Nouveauté Juri Dal Dan & Clara Rivieri Octet In the Still of the Night ArteSueno 138 (www.artesuono.it)
Nouveauté
Juri Dal Dan Trio / Francesco Bearzatti Josef Artesuono 140 (www.artesuono.it)
Ce premier CD de Juri Dal Dan (p)
commence comme une virile rumba cubaine, mais on plonge vite dans
l'univers asphyxiant des musiques de "variétés" voire de
bal musette d'un autre âge... Les
nappes de violons n'y peuvent mais, bien au contraire, entraînent
par le fond toute velléité de reprendre un peu d'air, même
lorsqu'il s'agit d'un standard de Gershwin ou de Cole Porter. Le
second CD, en trio, dépouillé des violons sirupeux et agrémenté
de la présence du très expressif Francesco Bearzatti (ts), est
heureusement d'un tout autre calibre. Le toucher et le phrasé
délicats du pianiste font sens, suivis comme une ombre par une
contrebasse efficace et une batterie subtile. Daniel Chauvet
Nouveauté Alban Darche L'Horloge Cristal Records 223 (Harmonia Mundi)
Doit-on parler de jazz ou de «musique
de chambre» contemporaine quand un trio de jazz d'"avant-garde"
(ts/p/b) s'associe à un quatuor à cordes? Musique savante, très
écrite, expérimentale certes, mais pas franchement jubilatoire et
qui, après une écoute attentive laisse, pour le moins, perplexe.
Daniel Chauvet
Nouveauté Simon Denizart Trio Between Two Worlds Autoproduit (www.simondenizart.com)
Natif de Créteil, le jeune pianiste Simon Denizart a choisi le Canada
pour faire carrière. Soutenu par Jeanne Corpataux (b) et Simon Bellemare (dm),
il nous livre ce premier opus sorti fin 2015. Compositions originales pour un
groupe d’une grande finesse. Révélation Jazz 2016-2017 par Radio-Canada, le
trio a sorti son deuxième disque, Beautiful People, à la fin de l’été
2016. A suivre avec intérêt. Michel
Antonelli
Nouveauté Guylain Deppe Two Faces. Songs
and Unsongs Cristal Records 251
(Harmonia Mundi)
Le pianiste Guylain Deppe (Palle Danielson, Marc Ducret, Christian
Vander, Stéphane Belmondo, Phil Abraham, Denis Leloup,...) reste peu connu du
grand public. Pourtant, son parcours est jalonné de moments forts, dont le trio
avec Humair et Jenny-Clarck, de nombreux concerts, notamment en solo (festivals
films muets); il est aussi, depuis 2003, le directeur artistique du festival
Touches de Jazz (Beynes, 78). Adoubé par Martial Solal et salué par Richie
Beirach (qui signe le livret), il nous livre avec Two Faces les
multiples horizons de son nouveau trio formé avec Marc-Michel Le Bevillon (b)
et Stéphane Huchard (dm). Tel un Janus, ces deux faces ouvrent les portes et
les passages du jazz, du passé vers le futur, en quatorze compositions personnelles,
pour un album fort agréable et qui s’écoute d’un seul trait. Michel Antonelli
Nouveauté Der Weise Panda MAM Double Moon Record 71171 (Socadisc)
Mené par la chanteuse et compositrice, Maïka Küster, ce premier album
du quartet allemand, Le Sage Panda (en version française), propose, comme son
nom le suggère, une musique assez calme. Une série de compositions originales,
en anglais et allemand, qui bien qu’agréable tombent dans la monotonie. Michel Antonelli
Nouveauté Nicolas Folmer & The Horny Tonky Experience Cristal Records 247 (Harmonia Mundi)
Ambiance Funky et jazz fusion pour ce nouveau groupe du trompettiste
Nicolas Folmer, lequel emprunte toutes les formes de ces genres. Sept titres
originaux servis par deux fois (versions longue et courte) Bien fait, mais rien de nouveau; on notera
la dextérité du leader solidement soutenus par des musiciens plus qu’aguerris,
en particulier Olivier Louvel (g) aux solos ravageurs. Les concerts doivent
être décapants. Michel
Antonelli Réédition Jazz Guitar Cristal Records 109.10 (Harmonia Mundi)
Cristal Records a ainsi réuni les "as" de la guitare jazz des années 40
avec les nouveaux maîtres de l’instrument, quasiment tous made in France. Le premier CD remonte à Django Reinhardt avant de
passer à Al Casey, Floyd Smith et Charlie Christian. Une très belle façon de
mentionner ces musiciens comme des incontournables de la sphère jazz et plus
particulièrement Christian. A partir de Billy Bauer, on passe à l’Après-guerre.
Le jeu des musiciens se fait plus soyeux. C’est le tour de Jimmy Raney ou de
Herb Ellis et son jeu tout en blues («Blues for Junior»). Puis, on atteint le summum
avec «Like Someone in Love» joué par Tal Farlow. Assisté de Vinnie Burke
(b) et Eddie Costa (p), l’Octopus montre son savoir faire sur l’instrument.
Après l’exposition du thème il s’aventure
dans des contrées où il aime à se perdre en compagnie de ses
partenaires. Un pur régal! La suite est
du même calibre avec des incontournables de la six cordes allant de Mundell
Love à Jim Hall en passant par l’expression savoureuse de René Thomas («How
Long Has this Been Goin’ On»), celle toujours aussi ouatée de Kenny Burrell («I
Never Knew») et bien sûr Maître Wes («Come Rain or Come Shine»). Mention spéciale
aussi pour Sacha Distel présent sur cette compilation avec «N°1 for
Sacha». Le second disque ouvre sur les
contrées hexagonales avec les fils de
Django: Sébastien Giniaux («My Serenade») et David Reinhardt («Thème for
Emmanuel») dans un format organ trio. Le jazz fusion ou contemporain se mélangent
au gré des plages. La marque de Pat Metheny se fait entendre avec Ulf Wakenius
et Dominique Fillon («Sur la terre étrangère»),
pour de beaux échanges entre deux esthètes de la note bleue. Le thème de
Sébastien Texier (as, cl, acl) accompagné de Pierre Durand (g), renvoie pour sa part à Jan Garbarek («Freamers»).
Les sonorités plus actuelles s’affirment et n’hésitent pas à montrer une
autre facette de l’instrument avec Serge Lazarevitch («Evidence») ou Gilles Rennes
(«Quand le chacal dort»). Notons aussi la présence de Carles GR qui se rapproche
le plus du premier CD dans son expression. Il revient à Jeff Homan, en
compagnie de Philippe Combelle (dm) et Philippe Petit (org), de confirmer le
tout par un thème de Brother Jack Mc Duff («Hot Barbecue»). Un disque que les
modernes et les traditionnels de la guitare jazz peuvent se procurer sans
risque d’être déçus. Michel Maestracci
Nouveauté Yaron Herman Y Blue Note 062557372618 (Universal)
Depuis ses débuts, le pianiste Yaron
Herman nous a livré des albums toujours très intéressants. Ici, il
a choisi une nouvelle voie marquée par l’électronique et le
chant. Ses aficionados risquent d’être surpris mais l’artiste
est libre de ses aventures qui semblent ici bien s’éloigner du
jazz pour un monde plus pop ou plus variété détonante. Y
comme Yaron pour son second opus signé chez Blue Note. On retrouve
son complice Ziv Ravitz à la batterie et en alter ego le
bassiste/claviériste Bastien Burger, les trois étant crédités en
tant que producteurs et au traitement du son. Cet album très
élaboré est aussi inspiré par les chanteurs invités qui apportent
leur timbre particulier à un concept original: Matthieu Chedid alias
M, Dream Koala et Hugh Coltman en sont les serviteurs et
inspirateurs. Il est évident que le pianiste emprunte pour cet
épisode une voie qui peut déplaire aux amateurs mais miracle de la
Toile on peut en écouter des extraits pour s’en faire soi-même
son opinion. Michel Antonelli
Nouveauté Daniel Karlsson Trio All the Feel Free Falafel Brus & Knaster
036 (www.brusoknaster.se)
Pianiste suédois, Daniel Karlsson, la quarantaine, mélange allégrement
piano acoustique et nappe de melotron, roland, etc., pour un jazz hybride. Il
rappelle par moments Joe Zawinul et à d’autres Egberto Gismonti, bien-sûr au
clavier électrique. Si le nom de l’album évoque la cuisine libanaise, un seul
titre, «The Daily Döner», se veut un peu orientaliste. Michel Antonelli Nouveauté Peedu Kass Peedu Kass Momentum PMM 010 (peedukass.com)
Peedu Kass est l’un des représentants de la jeune génération des
jazzmen d’Estonie. A ses côtés, on peut remarquer ses compères habituels,
Kristjan Randalu (p) et Toomans Rull (dm). Contrebassiste fort reconnu dans les
pays Baltes, il a effectué en novembre 2016 sa première tournée en France. Ce
trio interprète presque exclusivement ses compositions à l’exception, dans cet
album, d’une version de «Countdown» de John Coltrane. A découvrir. Michel
Antonelli
Nouveauté Petros Klampanis Minor Dispute Cristal Records 234 (Harmonia Mundi) Né en Grèce en 1981, mais établi à
New York, Petros Klampanis chante, joue du piano et, magnifiquement,
de la contrebasse. Il est l'auteur de presque tous les thèmes (mis à
part un morceau du prodigieux guitariste israélien Gilad Hekselman
, un de Tom Jobim et un air traditionnel grec). S'il signe tous les
arrangements, il a toutefois fait appel à quelques renforts de
qualité, dont le précieux pianiste Jean-Michel Pilc pour quatre des
sept plages. Compositions brillantes, ponctuées discrètement par
les cordes, belles harmonies et moments d'improvisations bourrés
d'énergie. Une musique originale et "planante" sans être
lénifiante, qui s'écoute avec plaisir. Daniel Chauvet Nouveauté Axel Kühn Trio
Zeitgeist Double Moon Records 71173 (Socadisc)
Un piano répétant à l'infini
d'insipides ritournelles ou des suites pentatoniques mille fois
entendues, une contrebasse qui martèle les fondamentales avec un son
de gros porteur et une batterie aussi souple qu'un engin agricole...
Il paraît qu'il y a un public pour les "héritiers" du
trio E.S.T... Daniel Chauvet
Nouveauté Didier
Labbé Quartet O grito
do passarinho Klarthe 010 (Harmonia Mundi)
Didier Labbé (s, fl) aime s’immerger dans l’univers de
musiciens du monde, après les Balkans, après un vibrant hommage à l’Afrique du
Sud à travers l’univers d’Abdullah Ibrahim (Dollar Brand), il rejoint ici les
rives du continent d’Hermeto Pascoal. Ce projet est un retour aux sources, à la
source infinie de la musique brésilienne. Didier Labbé a travaillé en 1992 avec
Hermeto Pascoal à Rio et avait a pu inviter le maître à venir en France. C’est
ainsi qu’en 1993, la Compagnie Messieurs Mesdames (formation de douze
musiciens) avait monté un programme entièrement écrit par Hermeto Pascoal. Dans
cet album où neuf titres sont signés par les musiciens et les trois derniers
sont des reprises du génial compositeur, les occitans ont pris un sérieux
rendez-vous avec le nordestin Pascoal. L’orchestration particulière avec
accordéon et tuba donne une teinte originale et les solos de chacun jaillissent
de la palette de ses coloristes. Les titres, tel des clins d’œil, par leur mise
en place et leur forme musicale, empruntent les routes de l’albinos, entre le
Brésil et le jazz. Il ne faut pas oublier qu’Hermeto a joué avec Miles Davis.
Les instruments aussi, sax, accordéon et tuba, ont fait partis de la panoplie
du pianiste improvisateur qui avait son Grupo a illuminé la nuit brésilienne.
La version de Bebe est particulièrement réussie et les disciples ont rejoint le
guide. Michel Antonelli
Nouveauté Lillabox Faidherbe Street
Comme le précise la présentation du groupe, il s’agit d’un style
«world» contemporain, qui se situe aux confins des sonorités jazz, rock ou
encore arabo-andalouses. Ce quatuor, où la guitare acoustique (Alexandre
Hetzel) se marie au violoncelle (Mathieu Deraniot), ne manque pas d’intérêt. Il
ravira sans aucun doute les amateurs de ces variantes musicales. Michel Antonelli
Nouveauté Stephanie Lottermoser Paris Song Book Downhill Records
084 (www.stephanielottermoser.com)
A l'issue d'un stage de six mois à Paris, cette jeune
allemande, plus convaincante comme saxophoniste que comme chanteuse, a décidé
de publier les «souvenirs» de son séjour sous forme de CD. Il en
ressort un patchwork de thèmes énergiques et séduisants façon
«funky/boogaloo», de chansons pop plutôt quelconques, voire de
rengaines sans grand relief et réminiscences de musique folk (revisitées à
Nashville) un peu fades. Dommage, elle a un très joli son de sax ténor, un bon sens du tempo et un drive d'enfer... A
l'occasion, notons que Torsten Goods, l'un de ses guitaristes, digne et très
brillant émule de George Benson mériterait d'être plus présent que sur les
seules deux plages où il propulse le groupe vers de hauts sommets. Daniel Chauvet
|
Nouveauté Maria Mendes Innocentia Sena MMCD001 (Harmonia
Mundi)
Si Maria Mendes, chanteuse venue du Portugal, n’amène pas la
Révolution, elle nous livre un ouvrage bien fait revisitant des grands titres
de compositeurs, brésiliens (Hermeto Pascoal, Radames Gnatalli, H. Villa Lobos,
Jobim-Moraes), anglophones (Charlie Chaplin, Sting, Metheny) et même notre
Michel Legrand national. Elle signe de sa plume deux belles ballades
«Innocentia» et «Inverso» qui font de cet album un ouvrage plus que correct. On
peut apprécier les interventions subtiles d’Anat Cohen (cl), le tout servi par
un quartet hollandais. Michel Antonelli Nouveauté Orchestra Nazionale della
Luna Orchestra Nazionale della Luna Jazz Avatars 001
(www.manuel-hermia.com)
Comme le dit leur communiqué,
l’Orchestra Nazionale della Luna est devenu l’un des plus
importants orchestres de la lune, faut dire que la concurrence n’est
pas rude. Ce quartet européen,
que l’on pourrait croire italien, réunit sous la houlette du Belge
Manuel Hermia (s, fl, bansuri) et du Finlandais Kari Ikonen (p,
moog), un groupe au propos original qui marie les influences
nordiques, jazz et l’improvisation. L’excellent contrebassiste
français, Sébastien Boisseau et le batteur belge Teun Verbruggen,
complètent cette formation qui nous offre des compositions
originales signées des deux leaders. Le groupe navigue parfois vers
des horizons orientaux, notamment indiens, soulignés par la flûte
de Manu Hermia, grand voyageur et homme de rencontres quant à Kari
Ikonen, maître du piano et du moog, il nous rappelle les diversités
des touches de ses claviers. Michel Antonelli
Nouveauté Ivan Paduart / Quentin Dujardin Catharsis Mons Records 874595 (www.monsrecords.de)
Belle carte de visite pour le pianiste belge, Ivan
Paduart, sollicité par Richard Galliano, Tom Harrell, Philip Catherine, Claude
Nougaro, Bob Malach, Peter King… et qui retrouve ici son compatriote, Quentin
Dujardin (g), avec lequel il a joué auprès de Toots Thielemans, Richard Bona.
Cet élégant album, gravé sur les terres de Wallonie, présente exclusivement
leurs compositions. La distribution est de prestige et met en valeur la
justesse et la clarté du propos des leaders. Juste répartition entre le piano
et la guitare, nulle récupération individuelle, une codirection parfaitement
maîtrisée. L’ambiance générale est la quiétude, nulle excitation mais de belles
balades dans un voyage qui frôle parfois les côtes et l’intérieur du Brésil (on
pense à Beto Guedes, Wagner Tiso, Pat Metheny, une virée du côté du Minas
Gerais) mais aussi le coin du feu d’une chaumière dans la verte mais pluvieuse
Belgique. En soliste d’honneur on ne peut qu’apprécier le son de la trompette
de Bert Joris («Délivrance», «Human Being»), l’harmonica chromatique d’Olivier Ker
Ourio («Retrouvailles») et la belle voix de Richard Bona (dans la droite ligne de
Milton Nascimento) sur «Catharsis». Un album sans aspérité qui convient notamment
aux cordes nylon caressées par Quentin Dujardin. Michel Antonelli
Nouveauté David Restivio The Waves Modica Music 15
(https://davidrestivo.bandcamp.com)
Pianiste de Toronto, David Restivio est à l’image de beaucoup de ses
compatriotes qui peinent à se faire connaître de ce côté de l’Atlantique,
tandis que la scène étasunienne leur est fermée. Vainqueur par trois fois des
Grammy Awards canadiens, il a notamment accompagné le célèbre chanteur Mel
Tormé. Nous l’avions rencontré lors du Festival de Bucarest (septembre 2016) où
il jouait avec le guitariste Dan Ionescu. Il signe la totalité des compositions
écrites pour son quintet ou chacun s’exprime à souhait, on citera la justesse
et la clarté du trompettiste Alexander Brown sur Honey Harbour ou encore le
saxophoniste Kelly Jefferson. Aussi à l’aise au piano qu’au Fender Rhodes,
David Restivio, signe un album (autoproduit) qui pourrait le propulser sur les
scènes européennes, pourvu qu’il parvienne à enjamber les obstacles économiques
et structurels. Michel Antonelli
Nouveauté Royal Stockholm Philharmonic Orchestra E.S.T. Symphony ACT 9034-2 (Harmonia Mundi)
Le trio E.S.T., qui a occupé le devant de la scène jazz
européenne pendant quinze ans, reste une référence pour de nombreux jeunes
musiciens. Après la disparition tragique de son leader, le pianiste Esbjörn
Swensson (1964-2008) lors d’une plongée sous-marine, ses deux compagnons sont
restés comme orphelins. Dan Berglund (b) et Magnus Öström (dm) ont aujourd'hui
décidé de prolonger l'existence d'E.S.T. en collaboration avec Hans K, chef
d’orchestre du Royal Stockholm
Philarmonic Orchestra, qui signe la quasi-totalité des arrangements. L’ensemble
voyage entre pop orchestrale, rock psychédélique à la Pink Floyd et traitement
classique, avec des intervalles très jazz. Marius Neset (ts) et Iiro Rantala
(p), sont les premiers orfèvres de cet hommage, basé sur le répertoire original
du trio, qui est déroulé comme une longue suite. Michel Antonelli Nouveauté Julien Vinçonneau Quartet A Close Land and People Autoproduit (jvqbooking@gmail.com)
Ce jeune guitariste s’est forgé au rock (notamment en Irlande) puis a
suivi un cursus jazz à Nantes. Pour ce premier album, il propose son univers
musical, à cheval entre deux rives, en remontant les méandres de
l’improvisation et en évitant les obstacles. Un parcours initiatique pour un
équipage solide renforcé par des invités de marque: Leila Martial (voc), Nelson
Veras (g), Geoffroy Tamisier (tp). Le titre éponyme de l’album laisse promettre
un bel horizon. Michel Antonelli
Nouveauté
Charlie Watts Meets The Danish Radio Big Band Impulse! 0602557244779 (Universal)
Dans la famille Rolling Stones on
connaissait, le bassiste Bill Wyman pour son amour du jazz et pour
ses participations à différents big band et au groupe de Ronnie
Scott. Désormais, on sait que Charlie Watts (dm) aime aussi le jazz
et le Danemark où il vécut au début des années 60 avec les
Stones. En attendant le succès, il jouait aussi dans les clubs de
jazz et de blues. Grace aux retrouvailles d’un ancien ami danois
qui collabore avec The Danish Radio Big Band, il est décidé qu’il
vienne enregistré à Copenhague lors d’un grand concert. Une
semaine de répétition, un concert complet et une bande enregistrée
qui en restitue les grands moments. Les puristes oublieront l’image
rock’n'roll du musicien pour se plonger dans un véritable album de
big band de jazz. Nulle supercherie ici, le batteur assume son rôle
discrètement et s’intègre à l’orchestre. Le répertoire rend
hommage à Elvin Jones (une suite en deux parties), évoque
«Satisfaction», «Paint in Black», «You Can’t Always Get What
You Want», signés par Jagger et Richards et nous livre des titres
aux arrangements soignés où s’illustrent plusieurs bons solistes.
Michel Antonelli
Nouveauté David Wise Till They Lay Me Down Autoproduit (www.davidgwise.com)
David
Wise, saxophoniste ténor et baryton, signe ici son premier album.
Ancien élève de Gary Bartz, sa carrière l’a amené à côtoyer
Lewis Nash, Nicolas Payton ou encore Marcus Belgrave, mais sa
notoriété reste surtout connue sur la côte ouest américaine. Pour
cette autoproduction, il est accompagné de musiciens de bonne
qualité mais dont la notoriété reste fort limitée: on retiendra
le guitariste Bruce Forman (présent sur le dernier album de Ray
Brown et salué par Kenny Burrel) qui apparaît au premier rang à
côté du leader. Cet album de forme très traditionnelle nous
délivre un jazz moderne et classique qui permet d’apprécier un
musicien solide qui lorgne parfois vers la variété chantée. La
plupart de ses compositions sont des ballades, à remarquer le
traditionnel
«Kol
Nidre»
interprété
en solo au baryton. Michel Antonelli
|
© Jazz Hot n°679, printemps 2017
Nouveauté EYM Trio Khamsin Kollision
Prod BM520PZ2907 (L’Autre Distribution)
A
vrai dire, EYM Trio n’est pas un jeune groupe car il tourne en
Europe depuis plus de cinq ans et ce nouvel album est le résultat de
cette déjà longue pratique et des rencontres musicales.
«Khamsin»,
c’est un vent chaud et d’Afrique du Nord. Violent, poussiéreux,
il emporte sable et feuilles sur son passage et coupe le souffle à
quiconque croise son chemin». Le pianiste, Elie Dufour, signe la
quasi-totalité de l’album mais c’est dans un esprit
communautaire qu’il a été élaboré. Les horizons du jazz sont
envahis par des musiques traditionnelles qui flirtent avec l’Orient,
notamment avec Mohamed Abozekry ou les Carpates avec Marian Badoï et
ouvrent leur style à des courants multiples. Ecumant les petites
scènes et les festivals, récompensé par de nombreux prix à des
concours, le EYM Trio est sans aucun doute un des groupes français à
tourner le plus. Vous le croiserez sans doute en concert pour un
moment intense, seul petit regret pourquoi faire aujourd’hui, comme
tant d’autres d’ailleurs, des albums si longs. Michel Antonelli
Nouveauté Hyper/Amir ElSaffar Saadif Nusica.Org O9 (www.nusica.org)
Après les envolées quart de ton du
trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf voici un rival sérieux
en la personne de l’Américano-irakien Amir ElSaffar, lui aussi
puisant son inspiration dans les musiques orientales; phénomène à
la mode. En outre il a joué sous la direction de Pierre Boulez,
Rostropovitch et Daniel Barenboïm. Il travaille sur les musiques
anciennes ottomanes et arabes. Il se frotte aussi au jazz, ayant
travaillé avec Don Byron, Cecil Taylor, Marc Ribot. C’est un
trompettiste à la sonorité traditionnelle jazz, chaude et cuivrée,
un phrasé parfait de clarté avec des notes bien détachées et des
attaques au diamant. Le voici en compagnie de trois musiciens
italiens, qui eux aussi sont friands de recherches et d’autres
musiques. Le saxophoniste Nicola Fazzini (as,ss) est le plus connu du
groupe grâce à son XY Quartet Alessandro Fedrigo est un spécialiste
de la guitare basse acoustique et il est le directeur artistique du
label Nusica.org. Luca Colusssi (dm) est lui aussi très éclectique.
Il y a de splendides unissons, des solos très prenants, notamment
celui de saxophoniste sur «Human Tragedy». Malgré de réelles
réussites, la musique se situe cependant au-delà du jazz. Serge Baudot Nouveauté Les Amants de Juliette & Majid Bekkas Quoi
de Neuf Docteur 079 (www.quoideneufdocteur.fr)
Quand
les jazzmen se mesurent aux musiciens «traditionnels» du Maghreb,
ils prennent le risque de vite s'épuiser face aux percussionnistes
imperturbables et soufflants experts en respiration circulaire. Quant
aux mystérieux méandres des métriques orientales, difficile d'y
trouver des repères... Archie Shepp en a sûrement quelques
souvenirs... Les
Amants de Juliette (Serge Adam, tp, Benoît Delbecq, p, Philippe
Foch, perc) ont semble-t-il réussi à éviter ces écueils en
invitant le Marocain Majid Bekkas, maître (maallem) gnawa du oud (le
luth oriental, sans frettes) et du guembri (le petit luth à trois
cordes des montagnes de l'Atlas). En effet, ces deux instruments
n'ignorent pas la valeur des silences et se prêtent aisément à une
pratique mesurée (selon notre sens occidental) des rythmes orientaux
les plus difficiles d'accès. C'est d'autant plus remarquable, car la
musique des Gnawas, qui est avant tout (en dehors de ses
représentations touristiques sur la place Jaama El Fna), une musique
de transe, aux nombreuses vertus thérapeutiques, a la particularité
de résister à toute tentative d'amalgame, y compris avec les
musiques des autres confréries présentes au Maroc. Pari gagné pour
Les Amants de Juliette qui ont su construire des passerelles
interculturelles louables, tout en laissant toute son originalité à
la musique des Gnawas. Daniel Chauvet
Nouveauté Sandro ZerafaMore Ligh Jazz & People 817001 (Harmonia
Mundi)
Né en 1975 à Malte, Sandro Zerafa est
installé à Paris depuis une dizaine d’année et poursuit un
parcours personnel intéressant. Si la grande notoriété n’est pas
encore au rendez-vous, sa carrière n’en demeure pas moins dans un
parcours original. Longtemps sideman (15 albums), il signe ici son
véritable quatrième album sous son propre nom. Véritable melting
pot, son groupe réunit deux musiciens d’origine israélienne,
Yonathan Avishaï et Yoni Zelnick, installés eux aussi en France et
un batteur venu de Cuba, complété ici sur trois titres par le
saxophoniste français David Prez. Cette distribution internationale
rejaillit sur le climat de l’album lui donnant sans doute un
rayonnement du au partage. Tous les thèmes signés par Sandro Zerafa
révèlent une finesse de jeu mis en valeur par chacun des musiciens
notamment le pianiste, lui-même leader et compositeur pour son trio.
Sandro Zerafa apporte une approche mélodique exigeante dans une
certaine douceur, nulle agressivité mais plutôt une caresse qui
entraîne l’écoute paisible et attentive d’un répertoire
soigné. Sans renier un Wes Montgomery il reste inspiré d’une plus
jeune génération, style Peter Bernstein, mais échappe à une
intellectualisation un peu répétitive et pénible de nombreux
jeunes guitaristes actuels, prodiges mais vite ennuyeux. Les
dialogues se croisent et se décroisent dans une harmonie sereine et
joyeuse. La rythmique subtile reste discrète mais n’en demeure pas
moins essentielle à la couleur musicale de l’album. A souligner
les deux belles versions du thème «Blurred Vision». Michel Antonelli
|
© Jazz Hot n°678, hiver 2016-2017
Nouveauté Maria
Baptist Orchestra Here
& Now Baptist
3031 (www.mariabaptist.com)
Née à Berlin (Est, à l'époque), la pianiste, arrangeuse
et chef d'orchestre Maria Baptist a
complété sa formation à New York, notamment aux côtés de Maria Schneider et ne
cache pas cette influence déterminante dans ses choix esthétiques. Elle partage
désormais sa vie professionnelle entre les deux métropoles. Son big band
berlinois, constitué de solistes de grande qualité, donne ici à entendre
quelques-unes de ses compositions personnelles.
Et c'est tout simplement splendide! Daniel Chauvet
Nouveauté Lou
Caputo/The Not So Big Band UH OH! Jazzcat
47 Records 1825 (http://loucaputo.com)
Le multi-instrumentiste (as, bs, ss, cl, fl) Lou Caputo
enregistre avec son Not So Big Band, un ensemble qu’il dirige depuis
plusieurs années et dont les membres ont tous des trajectoires riches. On entend
l’ensemble fréquemment au Zinc Bar de New York. UH OH! est basé sur les
compositions d’incontournables jazzmen (Shorter, Dejohnette, Corea, Dameron,
Gordon, Mary-Lou Williams...). Quelques compositions et arrangements sont
réalisés par des membres de la formation mais aucun par Lou. L’ensemble propose
un jazz très classique avec une section rythmique comportant des percussions
latines. Quelques thèmes swinguent bien («Black Nite», «New From Blueport», «Ape
& Essence», «Fried Bananas») et les solistes s’illustrent abondamment. Patrick Dalmace
Nouveauté Sébastien Charlier Precious Time 2.0 Allen
Beats Records 091 (www.alienbeatsrecords.com)
Harmoniciste reconnu pour ses talents d’enseignant et ses
multiples méthodes instrumentales, Sébastien Charlier nous livre un album de
fusion où l’originalité vient surtout de l’utilisation originale et le
traitement du son de l’instrument. Il sonne comme un clavier ou un EWI et déconcerte
par la multiplicité des possibilités qu’il invente. Il a réuni une fidèle bande
de sérieux musiciens, notamment Nicolas Espinasse (elg), complice de plusieurs
albums, et des valeurs sures du jazz-rock tels Dominique di Piazza (elb) et Yoann
Schmidt (dm). Le résultat ravira les amateurs d’une fusion proche de la variété
par moment, notamment dans les parties chantées. Nicolas Espinasse apparaît
comme son alter ego et ses nombreux solos agrémentent cet album dédié notamment
à Allan Holdsworth. Michel Antonelli
Nouveauté Chicago
Jazz Philharmonic Havana
Blue 316 Records 08 (www.orbertdavis.com)
Un repérage à Cuba l’année précédente n’a pas vraiment
apporté à cet enregistrement la saveur cubaine que l’on serait en droit
d’attendre d’un tel projet. Six des sept thèmes de la «Suite» plus «Scraphim» sont composés par le leader Orlando’s Walk Obert Davis (tp). Sans nier la
valeur du personnel de l’orchestre, aucun ne semble avoir les connaissances
nécessaires sur le plan rythmique en matière de musique cubaine ni dans la
manière d’interpréter des Cubains. La percussion n’apporte pas de dynamique et
la clave n’est pas toujours en place. Seul «Havana @12» nous sort un peu de
la léthargie (tp et perc.), sinon on s’ennuie passablement. Les applaudissements que l’on entend à la fin
des live ont plus à voir avec ceux du public d’un grand théâtre à l’issue de la
Cinquième de Beethoven qu’après un thème joué au Café Miramar ou à La Zorra y
el Cuervo! On espérait se rattraper avec les standards mais «Chega de Saudade»
est joué comme le reste, sans saveur. Reste «Manteca». Comme chez le chien de
Pavlov, rien que lire le mot fait saliver mais hélas… cela reste bien médiocre.
Il est vrai que tout le monde n’est pas Dizzy, ni Chano, ni Mongo... Patrick Dalmace
Nouveauté Chick
Corea The
Continents Deutsche
Grammophon 477 9952 (Universal)
La prolifique discographie du pianiste Chick Corea
appartient surtout au monde du jazz. Mais, il n'a jamais caché son amour de la
musique classique . C'est une sorte de fusion à laquelle il se livre pour ces
deux CDs. Son quintet y est entouré des 27 musiciens d'un orchestre de chambre
dirigé par le célèbre Steven Mercurio (entre autres ancien chef de l'Opéra de
Philadelphie) habitué à une mixité, déjà expérimentée en 1999 avec Chick Corea et le London
Philharmonic Orchestra. Il est possible
de préférer d'autres albums du pianiste, mais, celui-ci, diffusé par un label
prestigieux, n'est pas qu'un simple objet de curiosité, notamment grâce à la
présence du très brillant Tim Garland (ss, bcl, fl). Daniel Chauvet
Réédition Manu Dibango Merci! Thank You! Volume 1 EGT 3332802 (Wagram)
Ce gros coffret contient un petit livret plus intéressant pour les
photographies que pour le texte, sommaire. Et l’on ne connaîtra pas le nom du personnel
qui accompagne Manu Dibango. L’ensemble de ce Volume 1 plaira aux nostalgiques,
pas spécialement aux jazzeux. Les titres du premier CD laissent percer un peu
d’africanité avec quelques-uns plus swinguants: «Fogo», «Coco»,
«Blue on Green» (rien à voir avec «Blue in Green»). Le deuxième
disque est consacré aux musiques de films ou documentaires. Quinze extraits de
B.O. entre 1975 et 2003, des films essentiellement réalisés par des Africains.
Rien qui ressemble à du jazz. Pour le troisième CD, Manu Dibango invite au
gospel et au piano solo. On relève des versions – un peu édulcorées – de «Oh Happy Day», «Nobody
Knows» pour lesquelles il faut regretter de ne pas connaître les voix
féminines. Dibango se défend bien dans un style plus classique que jazz. Et évidemment
au saxophone. Les prestations les plus intéressantes à cet instrument s’intitulent
«Moussina», «Elie». Le reggae est à l’ordre du jour
avec le quatrième disque. Les inconditionnels de Dibango apprécieront. Pour clore
le coffret, un cinquième CD propose dix-huit compositions des années
soixante-dix. Là non plus rien ne s’approche du jazz. Peut-être dans le Volume
2?
Patrick Dalmace
Nouveauté Andy Emler Hopen Air Klarthe
Records 011 (Harmonia Mundi)
On retrouve dans cet album un Andy Emler compositeur au service de
différents ensembles issus de la musique classique et contemporaine. Il répond
avec cet Hopen Air, soit à des commandes
soit à des envies de composer pour d’autres formations que ses propres groupes,
ici quatre longues compositions. «Ciel de sable», concerto pour piano et
orchestre, joué par Yvan Robillard et l’Orchestre Victor Hugo, dirigé par
Jean-François Verdier, met en valeur la
dextérité du soliste sur des grands envols très classiques de l’orchestre. Avec
«Dynamos», l’ensemble de cordes (violoncelles) Nomos empruntent des voies
contemporaines qui bien qu’écrites peuvent faire penser à des improvisations
plus libres. Autre univers celui des vents du Quatuor Morphing (qui sont en
fait cinq) et naviguent sur une mer agitée. Le quatrième et dernier titre «7
for 2» est un long duo pour marimbas-vibraphones et percussions exécutés
par Philippe Limoge et Damien Petitjean évoluant dans un contexte plus
expérimental. On peut préférer, Andy Emler dans son Mégaoctet ou en trio,
surtout en concert, mais sa démarche prouve que ses talents sont multiples. Si
cet album peut ne pas ravir des adeptes du jazz il n’en reste pas moins une
étape dans la carrière de l’artiste. Michel Antonelli Nouveauté European
Union Quartet The Dark
Peak O.A.P.
Records 1101 (www.oaprecords.com)
Très influencé pour la forme par Pat Metheny, l'European
Union Quartet pratique un jazz onirique et sensuel. Pas franchement racoleur,
il se veut le reflet de la nature tourmentée et quelque peu angoissante du «
Peak District », parc national du centre de l'Angleterre, où rôdent, parait-il les fantômes des
aviateurs qui s'y sont écrasés... Tout sauf festive, leur musique n'est
toutefois pas sans charmes pour peu qu'on veuille bien se laisser aller à la
rêverie. Solistes brillants, compositions solides, swing. Troublant. Daniel
Chauvet
Nouveauté Five in Orbit Tribulus Terrestres Fresh Sound New Talent 495 (Socadisc)
Bien qu'ils ne se réclament d'aucun
style ni d'aucune chapelle, ces «cinq en orbite», dirigés par Ramon Fossati (tb), Olivier Brandily (as, fl) et Laurent Bronner (p), montrent une parenté évidente avec le
côté libertaire de la musique de Charlie Mingus. Ils y mêlent
d'autres influences, notamment dues à des origines géographiques
différentes (le leader est catalan), pour proposer un jazz très
original. L'emploi des conques marines à la Steve Turre, la pratique
de l'improvisation collective et le recours permanent (et pas
seulement sur les illustrations de la pochette) à un humour
iconoclaste, y sont pour beaucoup. Doux-amer, mais savoureux. Daniel Chauvet Nouveauté Manuel Hermia Jazz for Kids Jackal Productions AVA002
(L'Autre Distribution)
Belle
initiative du saxophoniste-flutiste qui évangélise nos jolies têtes blondes.
L’album est le reflet des prestations live
qu’il donne dans les écoles et dans les festivals en France et en Belgique.
Nous savons tous que c’est sur scène qu’on peut le mieux convaincre de
l’opportunité de donner son cœur au jazz. Quoi de mieux que ces comptines pour
faire le pas en avant. Jean-Marie Hacquier
Nouveauté Nicole Herzog/Don Menza That’s
Life MGB Jazz 19 (www.musiques-suisses.ch)
Chanteuse suisse, Nicole Herzog vit désormais au Danemark et se produit
régulièrement en Suisse, Allemagne et Autriche où une partie de ses musiciens
sont très actifs. Cette chanteuse possède une belle voix qu’elle met au service
d’un jazz classique ici avec comme invité le saxophoniste américain Don Menza (Maynard
Fergusson, Buddy Rich, Elvin Jones, Louis Bellson) qui signe les arrangements.
La tonalité générale est celle de la ballade à travers des standards (Blossom
Dearie, Ellington, Gershwin…) qui séduira les plus nostalgiques. Les musiciens,
vieux briscards de la scène jazz (Johannes Herrlich, tb, Olivier Kent, p,
Jesper Lundgaard, b, Bernd Reiler, dm), ont servi auprès de nombreuses vedettes,
du Mel Lewis-Thad Jones Orchestra à Billy Cobham…Ils apportent ici leur soutien
parfait à ce type de répertoire dont ils connaissent toutes les ficelles et
savent en tirer le meilleur parti. Un album non indispensable mais fort
agréable. Michel Antonelli
Nouveauté Sébastien Jarrousse Quartet Old Fellow Gaya Music Productions/VDS 016 (Socadisc)
Second album en quartet du saxophoniste Sébastien Jarrousse qui a
su s’entourer de très bons musiciens que l’on sait très actifs sur la scène
française. Il emprunte à Blake et Mortimer, célèbres héros de BD, l’expression Old Fellow pour signer cet album qui se
veut être le témoignage de sa «recherche
résolument ancrée dans une musique toujours plus improvisée et contemporaine où
rien n’est figé mais en perpétuelle évolution» dixit son livret. Le
quartet composé de Pierre-Alain Goualch (p,elp), Mauro Gargano (b), Mathieu
Charazenc (dm), avec en invité Magic Malik (fl, voc), sert parfaitement
l’univers recherché. On citera volontiers les deux titres qui terminent l’album
«The Intruders» et «Espéranzo» qui reflètent bien du climat très serein qui
baigne ses compositions où l’utilisation en particulier du soprano survole les
thèmes qu’il a peaufinés. Michel Antonelli
Nouveauté Ingrid and Christine Jensen Infinitude Whirlwind Recordings 4694 (www.whirlwindrecordings.com)
Ingrid (tp) et Christine (as,ss) Jensen évoluent dans la sphère du
jazz canadien et présentent une carrière internationale qui passe par les clubs
américains mais aussi de nombreuses tournées internationales. Elles signent
avec Infinitude un album fort
personnel aux arrangements bien soignés et improvisations originales qui
mettent en valeur leur qualité de solistes. Chacune mène
une carrière indépendante mais cet album est l’occasion de confirmer une
unité familiale avec Jon Wilkan (dm), mari de la trompettiste, le contrebassiste Fraser Hollins, compagnon de route de longue date, et l’étonnant et original Ben Monder. On comprend à l’écoute que
toutes deux travaillent avec des big bands et ont un souci d’exposer clairement
et de façon structurer leur thème pour encore mieux y plonger profondément. Huit titres sur dix sont signés par l’une ou
l’autre des frangines, complétés par une composition de Kenny Wheeler et une
autre de Ben Monder. Dans leur jeunesse elles ont côtoyé Diana Krall dans la
petite ville de Nanaimo où elles ont grandi. Et même si Christine a séjourné en
France en 2002 et commence à être reconnu, l’univers des sœurs Jensen reste à
découvrir. Michel Antonelli Nouveauté Martin Kälberer Morgenland Fine
Music 219-2 (www.glm.de)
Il ne s’agit pas ici de jazz mais d’un des univers du pianiste et
multi-instrumentiste Martin Kälberer qui nous offre une sorte de voyage
sidéral. Une quête zen vers une musique d’apaisement sans frontière. Il aurait
pu basculer vers un fond sonore digne de salon de relaxation mais sa curiosité
et son invention nous laisse rêveur. Rien à voir avec le swing ou une musique
plus contemporaine d’un Keith Jarret mais d’un profond délassement au-delà des
styles et des genres. Puristes s’abstenir, on lorgne plus vers du Pink Floyd ou
claviéristes pop qui pénètrent dans une nébuleuse planante. Agréable, et si on
aime la variété italienne on peut l’écouter aux côtés de Pippo Polina dans les
arènes de Vérone devant neuf mille spectateurs. Michel Antonelli Nouveauté Christophe
Lampidecchia Douce Joie Marianne Mélodie 783934 (www.mariannemelodie.fr)
Dédié à Gus Viseur (1915-1974), l'un des pionniers du
jazz à l'accordéon et dont le petit-fils (Pascal Baselli) est d'ailleurs invité
à la caisse claire sur un des morceaux, ce CD propose une savoureuse escapade dans
le monde un peu oublié, mais toujours vivant, du «jazz-manouche-musette». Salué
par Marcel Azzola, grande figure du genre, et pimenté par les percussions du
prolifique argentin Minino Garay, l'album présente, à parts égales, des
compositions de Gus Viseur, de
Christophe Lampidecchia, Christian Escoudé (également invité sur le
disque) et Diego Imbert, tous trois experts du genre. Un délice populaire et
bon enfant comme un air de fête foraine. Daniel Chauvet
|
Nouveauté Kirk MacDonald Orchestra Family
Suite for large ensemble Addo Records 013 (www.addorecords.com)
Arrangé pour grand orchestre par le tromboniste Terry
Promane qui a travaillé, entre autres avec Maria Schneider (qui elle-même a
collaboré avec les big bands de Thad Jones-Mel Lewis et de Gil Evans), ce CD, re-création d'un précédent Family Suite (écrit et enregistré en
quartet par Kirk MacDonald en 2010)
affiche clairement ses influences et son esthétique. Dans la droite ligne de
ses prestigieux modèles, Terry Promane a écrit des arrangements audacieux et
originaux d'une grande modernité que les solistes, tous très brillants,
utilisent comme tremplin pour des improvisations de haut vol. Une très belle
musique qui témoigne de la vitalité de la scène canadienne en général et de
celle de Toronto en particulier. Daniel Chauvet
Nouveauté Tom
McCormick South
Beat Manatee
Records (www.tommccormickmusic.com)
Ce disque, fort sympathique, respecte tant le jazz que
les musiques latines. On ne trouve pas de tours de force destinés à faire
croire que l’on révolutionne l’une ou l’autre de ces musiques. L’aspect latin
est offert par quelques américano-caribéens et les percussionnistes qui
dominent bien congas, bongó, güiro et autres percussions mineures. Notons que
Tom McCormick (ts, ss, fl) est un compositeur intéressant (six des dix thèmes)
et que son «Blue Cha» est excellent. Il offre aussi une belle prestation comme
saxo ténor sur «My Foolish Heart» et à la flûte sur «Blue Cha». Patrick Dalmace
Nouveauté Jean Marie Machado/Didier
Ithursarry Lua Cantabile 06 (l’Autre Distribution)
Dans un dialogue et une
entente parfaite, le Lusophone et le Basque marient leurs touches pour des
compositions originales signées de leur plume. Leur complicité date de l’époque
du groupe Danzas, dirigé par Jean-Marie Machado, où leur sensibilité a pu se confronter
et se rapprocher. Dans ce duel amical, la dualité n’a de cesse, chacun se
nourrissant de l’apport de l’autre. Lua,
la lune, brille sur leur tête et nul n’est besoin de rappeler leur haute
technicité instrumentale car la musique touche directement l’âme. Est-ce la
tristesse du fado ou l’évocation de Chopin («Nocturne n°1») qui
donne une tonalité très mélancolique à l’album qui dans sa pureté pourrait
déconcerter un auditoire pressé. Chaque thème traverse la nuit où resplendit le
rayonnement tranquille de l’astre silencieux doucement réveillé par ses humbles
prêtres. La totalité des compositions recèle un charme secret et en particulier
la superbe interprétation de «Perseguição d’Avelino» de Souza et
Carlos da Maia. Michel Antonelli
Nouveauté Ray Martínez Legacy Tropical Note Production 818495 (www.tropical.com)
Ce disque du
bassiste Ray Martínez se situe dans la lignée des conceptions musicales de la
diaspora dominicaine et plus largement caribéenne qui s’appuie sur l’héritage
cubain et aime à se revendiquer de la musique cubaine et de ses figures historiques
Chico O’Farrill, Machito, Mongo Santamaría plus d’ailleurs que d’un Mario Bauzá
ou Chano Pozo. Le son est celui que cette communauté latine des Etats-Unis
qualifie de «latin jazz». Martínez a travaillé avec Barreto,
Puente, Pacheco, Lavoe, Valentín, plus salseros que jazzmen. Les compositions
sont de Martínez et aucune n’est exceptionnelle. Ce sont
principalement les percussionnistes qui apportent une saveur aux thèmes («Black
Legacy» vaut par leur intervention). De même «Romance», auquel
on ajoutera l’excellente participation de Dave Valentín (fl) et le solo de Ray. Patrick Dalmace
Nouveauté Nicole
Mitchell's Ice Crystal Aquarius Delmark
5004 (www.delmark.com)
Très influencée par l'héritage de l'AACM dont elle fut
longtemps membre et même, la première femme à en prendre la présidence, la
flûtiste (et universitaire) Nicole Mitchell propose une musique à la fois
limpide et rugueuse. L'association flûte et vibraphone, porteuse d'ordinaire de
climats éthérés et soyeux, contraste avec une écriture complexe et des
improvisations dans la pure veine du free jazz caractéristique de Chicago. Une
musique intimiste, pas du tout lénifiante et débordant de créativité. Daniel Chauvet
Nouveauté Nico Morelli Un(Folk)ettable Two Cristal Records 246 (Harmonia Mundi)
Très présent en France, le pianiste Nico Morelli ne renie
pas ses racines. Après Pizzica & Jazz Project, où il revisitait, à sa
façon, quelques thèmes du folklore du sud de l'Italie, il augmente un peu la
focale en reprenant cette fois, et avec l'aide de Flavia Gervasi,
ethnomusicologue distinguée, les musiques traditionnelles des Pouilles, sa
région d'origine. Un(Folk)ettable, qu'on se rassure, n'est pas un disque de
musique folklorique, mais bien un remarquable disque de jazz contemporain. Et
le jeu de mot malicieux du titre avec le nom d'un des thèmes les plus connus de
Nat King Cole n'est pas qu'une figure de style. Daniel Chauvet
Nouveauté Nguyên Lê/Ngo Hông Quang Hà Nôi Duo ACT 9828-2 (Harmonia
Mundi)
Nguyên Lê nous a habitués
à ces rencontres avec l’Asie. Ici, c’est avec un nouveau complice, Ngo Hông
Quang (violon vietnamien), qu’il nous fait parcourir des horizons lointains. La
majorité des morceaux sont des originaux, signés par l’un ou l’autre, complétés
de trois thèmes traditionnels de style Quan Ho et Xàm. La qualité
d’enregistrement et les programmations sont parfaites et mettent en valeur tant
les orchestrations planantes que les solistes. Ngo Hông Quang utilise plusieurs
instruments vietnamiens (Dàn Bàu monocorde, luth Dàn Tihn, guimbarde Dàn Môi…)
ainsi que ses talents pour le chant. Nguyên Lê commande ses différentes
guitares électriques (Ebow, Sustainiac…) mariant allégrement des ambiances qui
peuvent désorienter, mais restent toujours subtiles. A leurs côtés, des invités
de marque tels Paolo Fresu (tp,flh), Mieko Miyazaki (koto), Pradbhu Edouard
(tablas), Stephen Edouard (udu) et Alex Tran (cajon) colorent de leurs palettes
sonores Ces parcours musicaux qui sortent du cadre du jazz. Michel Antonelli
Nouveauté Organic
Trio Saturn’
s Spell Jazz Family 007 (Socadisc)
Cet Organic Trio –à ne
pas confondre avec celui de John Scofield–, composé du Néo-orléanais, Brian
Seeger, du français, Jean-Yves Jung (org) et du Luxembourgeois Paul Wiltgen
(dm), nous propose son second opus. Compagnons de route depuis quatre ans, ils
se sont encore peu produits en France mais enregistreront en avril 2017 leur
prochain album au Duc des Lombards (Paris). En attendant, on peut découvrir
leur univers musical sur ce Saturn’s Spell où la totalité des compositions est
signée de leur plume. L’album baigne dans un calme où les titres s’enchainent
facilement; chacun est maître de sa technique, et même si le guitariste semble
se détacher, c’est bien à un son de groupe que l’on à faire. Pas d’effets
inutiles mais une écoute de l’autre pour dix titres soignés mais dont regrette
parfois le manque de vivacité. Michel Antonelli
Nouveauté Orient-Occident Orient-Occident Art & Spectacles 160501
(www.aurorequartet.com)
«Orient Occident. Deux
mondes, des centaines de civilisation, des milliers de kilomètres. Face à cela,
une langue: la musique. La musique pour les unir, la musique pour les lier. La
musique pour les faire parler» tel est l’une des présentations choisie par ce sextet qui se veut
donc un mariage entre toutes ses identités. Cet album, à ranger dans les
musiques du monde, voyage entre Grèce, Macédoine, Bulgarie et plus à l’orient, Turquie
et Arménie. Compositions et traditionnels donnent le ton qui ravira les adeptes
de ces évocations plutôt méditerranéennes interprétés par de bons musiciens
venus de Grèce, Turquie, Maroc, France (Aurore Voilqué, vln) et Suisse. Michel Antonelli
Nouveauté Jemal
Ramirez Pomponio First
Orbit Sounds Music 262 (www.firstorbitsounds.com)
Ce disque fait partie de l’interminable liste d’enregistrements
réalisés par des musiciens aux origines latino-américaines qui n’ont en réalité
plus aucun lien avec leurs racines caribéennes et qui n’ont pas non plus de rapport profond avec le jazz. Mais ils jouent une musique s’évertuant à mêler à
des doses très variables les deux genres. Sans aucun doute, Jemal Ramirez (dm)
veut s’inscrire dans le jazz avec seulement la pincée de latinité que
requièrent ses racines, dont il est fier à en croire le livret. Cette pincée
due aux percussions et au marimba en particulier, n’apporte rien à un jazz
assez pauvre, sans swing -à l’exception de «Citadel» et de Lodi Huggins»- malgré le choix de thèmes de
grands jazzmen (Hutcherson, Shorter, Hancock, Garrett). Le saxophoniste Howard
Wiley tire son épingle du jeu; Joel Behrman(tp) également sur le dernier thème
du disque dont il est l’auteur. Le grand John Santos (perc) est décevant devant
ses tumbadoras -sauf pour «Citadel» .
La ballade «Alone and I» n’est pas désagréable à écouter. On relève aussi
quelques moments moins ternes dans «Waltz for Monk». Patrick Dalmace
Nouveauté Little
Johnny Rivero Music in Me Truth
Revolution Records 022 (www.truthrevolutionrecords.com)
Ce disque n’est pas un disque de jazz mais s’inscrit dans
le courant des musiques caribéennes influencées par le jazz. Dans l’abondante
et souvent insipide production de ce type de musique Music in Me sort nettement
du lot. Plusieurs thèmes de ce disque pour lequel Johnny Rivero (perc) il s’est
entouré de musiciens assez talentueux comme Brian Lynch (tp) ou les jeunes
Zaccai (p) et Luques Curtis (b), sont intéressants. L’héritage musical de
Johnny est perceptible dans «Music in Me» qui s’appuie sur une belle clave.
D’une manière générale tous les titres permettent d’apprécier le travail de
Rivero aux congas et au bongó souvent en duo avec Anthony Carrillo comme pour «Mr
L.P.». «Bombazó» flirt légèrement avec le jazz. On y entend un tambour
typiquement portoricain le barril de bomba. Plusieurs invités s’incorporent à «Little
Giants», percussions, trompette, trombone pour une belle débauche sonore avec
un excellent solo de bongó de Carrillo. «Afro-Rykan Thoughts», très funky, joué
uniquement par le sextet de base, reste notre thème préféré avec de beaux soli
de percussions par Little Rivero, de trompette et de basse. Patrick Dalmace
Nouveauté Carol Saboya Carolina AAM Music 079 (www.aammusic.com)
Pour son second album, la
chanteuse carioca Carolina Saboya, sous la direction de son père,
Antonio Adolfo, pianiste et producteur signe son second album pour le
label AAM. Un joli filet de voix au
service d’un répertoire intéressant servi pas de bons musiciens
mais qui n’apporte rien de nouveau dans le traitement de ces titres
devenus pour certains des standards de la Musique Populaire
Brésilienne. Carolina interprète Jobim, Djavan , João Bosco, Edu
Lobo mais aussi Lennon/Mc Cartney ou Sting, et étonnamment brille le
plus sur une version de «Fragile» écrite par le leader
de Police. Sur le titre final «Zanzibar» signé par Edu
Lobo, ici vocalisé sans les paroles, le groupe se libère un peu
plus et prouve sa qualité mais le tout reste très commercial et
sans originalité.
Michel Antonelli
Nouveauté Jan Schröder
Quartet From
Here to Her O.A.P.
Records 1102 (www.oaprecords.com)
Si le caractère «planant», apparemment sans aspérités,
des mélodies du Jan Schröder Quartet évoque parfois une certaine pop des années
70, ce n'en est pas moins une authentique musique de jazz. Thèmes (tous écrits
par le guitariste leader) complexes , originaux, variés et riches en harmonies. Mises en place
précises, improvisations sereines et séduisantes, swing, et, belle prise de
son. Réjouissant. Daniel
Chauvet
Nouveauté Carol Viktoria
Tolstoy Meet
Me at the Movies ACT 9827-2 (Harmonia
Mundi)
Pour son onzième
album en leader, la chanteuse suédoise, Viktoria Tolstoy, descendante de Léon
Tolstoï, nous invite à une balade à travers les musiques des films qui l’ont
touchée. Cet agréable
album revisite non seulement un panthéon de films historiques mais aussi des
thèmes devenus des standards. Le traitement sonore oscille entre jazz, country et
rock et son personnel est parfaitement à son affaire. De Charlie Chaplin à Björk
ou Annie Lennox en passant par le Bagdad
Café, Casablanca ou encore La Cité des Anges, sa charmante voix
s’appuie sur de solides compositions aux arrangements sobres et soignées. Le
tromboniste Nils Landgren a parfaitement fignolé cette production au profit
d’une chanteuse qui s’impose avec un répertoire qui en devient original. Le
choix délibéré de la simplicité met en valeur la chaude voix de Viktoria
Tolstoy qui reste, malgré une carrière démarrée en 1993, encore peu connue en
France. Dans ce répertoire de haut vol on notera une version en suédois de «En
Man-Marlowe’s Theme» tiré du film Adieu ma
jolie et un très beau final en duo avec le guitariste Krister Johnson sur
le thème de Charlie Chaplin, «Smile» extrait des Temps Modernes. Michel Antonelli
Nouveauté Ryan
Truesdell Centennial.
Newly Discovered Works of Gil Evans ArtistShare 0114 (www.ryantruesdell.com)
Décédé en 1988, «Mister Birth of The Cool»,
l'arrangeur (et pianiste) Gil Evans,
aurait eu 100 ans en 2012. On ne saura jamais terminer l'inventaire de sa contribution à la musique de jazz... Miles
Davis, bien sûr, mais aussiClaude Thornhill, Steve Lacy, Kenny Burrell, Astrud Gilberto, Phil Woods,
Lee Konitz, Laurent Cugny... et tellement d'autres ont bénéficié de ses talents
ou l'ont suivi. Des partitions originales récemment découvertes sont ici mises
en valeur par un big band de très grand luxe (pas moins de 35 musiciens) mené
par Ryan Truesdell, et c'est, tout simplement, indescriptible et... magnifique.
Daniel Chauvet
Nouveauté Van Coillie Unit De Hipste Rail Note Records 001 (www.railnoterecords.com)
Truffé de références aux grands maîtres du «piano moderne»:
de Monk à John Lewis en passant par Horace Silver ou Ray Bryant, le CD du jeune pianiste belge Arne Van Coillie, a la particularité de présenter un jazz où les mélodies ne sont pas reléguées au
second plan au profit de «climats» troubles ou de rythmiques entêtantes. Il
signe la totalité des arrangements et
huit des dix compositions présentées, en mettant aussi à profit un sens aigu
des belles harmonies. Ses trois comparses étant de la même trempe (la fine
fleur du jazz flamand ?) affichent une totale cohésion et «Unit», le nom de son groupe, est parfaitement
justifié. Si «De Hipste» (le plus «hip», le plus «dans le coup?») fait
référence à son adolescence, lorsque ses amis fans de pop music se déchiraient
tandis que lui, déjà un peu décalé, passait son temps à écouter Ellington ou
Mingus, il livre ici une musique délicieusement intemporelle, indémodable et
d'une grande beauté. Daniel Chauvet Nouveauté Westchester
Jazz Orchestra Maiden
Voyage Suite WJO Productions (www.westjazzorch.com)
La musique d'Herbie Hancock en version big
band, voilà qui n'est pas si courant, mais le WJO qui a déjà appliqué la
formule aux compositions de Coltrane ou de Michael Brecker ou aux grands succès
de la Motown, maîtrise parfaitement le
sujet. Loin d'ensevelir les thèmes originaux sous des nappes de cuivres, les arrangements
(principalement du leader, Mike
Holober, p, mais aussi du chef d'orchestre Pete McGuiness (tb), de Jay
Brandford, as, et de Tony Kadleck, tp) les subliment en leur offrant un écrin
digne de leur valeur. Très inspirées, les larges plages d'improvisations des
solistes, tout à la fois respectueux et créatifs, ne font que confirmer le
succès de cette entreprise. Nul doute qu'Herbie Hancock s'en soit félicité... Daniel Chauvet
Nouveauté Roberto Zanetti Quartet N.P.U. Cat Sound Studio
01052016RZ (www.catsoundstudio.com)
Dans une facture classique Roberto
«Zizzi» Zanetti, pianiste italien peu connu de ce côté des Alpes,
propose un groupe sérieux pas dénoué de charme mais sans véritable
originalité. Le répertoire entièrement signé de sa main s’inspire
comme d’un âge d’or du jazz qu’il situe jusqu’au début des
années 60. Les titres pour la plupart autour de 5 minutes permettent
l’exposition du thème et de courts soli de chaque musicien.
«Valvoline» nous fait penser à un thème de Gato Barbieri et
Valerio Pontrandolfo trace la voie, épaulé par une rythmique
syncopé. Le jeu du pianiste n’est pas à remettre en question mais
cet album de bonne facture ne rentre pas dans les indispensables. Michel Antonelli Nouveauté Patrick Zimmerli Quartet Shores Against Silence Songlines Recordings 1619-2 (www.songlines.com)
Le compositeur et saxophoniste new-yorkais, Patrick Zimmerli, vit
et travaille entre sa ville natale et Paris. Sa musique se situe au croisement
de la musique classique et du jazz contemporain. Il est surtout connu pour ses
collaborations avec Joshua Redman, Brad Mehldau, Brian Blade et le quatuor à
cordes Escher. Bardé de prix et de commandes illustres, sa musique a été jouée
dans les plus grande salles de concerts, Carnegie Hall, Town Hal à New York, Wigmore Hall à Londres, Salle Pleyel à
Paris... On retrouve dans ce quartet des pointures tels, Kevin Hays (p), Larry
Grenadier (b) et Tom Rainey (dm) qui lui apportent une soutien de qualité. Ce
disque, enregistré sur Dat deux pistes en 1992, est le second volume d’édition d’archives
du label canadien, Songlines, qui sert plus de témoignage d’une rencontre que
de la restitution d’un travail régulier d’un groupe. Un souvenir non
indispensable mais qui souligne le haut niveau et l’entente de ces musiciens. Michel Antonelli
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