CDs INFOS
Le jazz dans toutes ses dimensions : en complément de nos chroniques de disques détaillées, l'essentiel
sur une production discographique très éclectique qui relève parfois du
jazz, parfois un peu moins ou pas du tout……
© Jazz Hot n°681, automne 2017
Nouveauté
All So
Swing
Sweet
Songs
Autoproduit Roro002/3 (www.romainbrizemur.com)
Deux guitares (belles copies de la Selmer mythique de
Django) et une contrebasse pour un choix de mélodies françaises et de standards
que le trio fait allégrement swinguer dans la veine du Divin Manouche.Daniel Chauvet
Nouveauté
Michaël Attias Quartet
Nerve Dance
Clean
Feed Records 411 (www.cleanfeed-records.com)
Sans avoir recours à des sonorités provocatrices, le
saxophoniste new-yorkais d'origine israélienne Michaël Attias développe, dans
ce CD enregistré en quartet, une conception très personnelle du free jazz. Sa
musique recèle des charmes surprenants mais reste le plus souvent très
hermétique. Daniel Chauvet
Nouveauté
George
Baicea
Trafic
Greu
Green
Records 150561-2 (www.green-records.ro)
George Baicea, guitariste hybride baigné dans le blues,
est un véritable homme-orchestre qui rend hommage à ses maîtres. Il est
difficile de cerner sa personnalité car ses solos dans chaque titre sonnent
comme le modèle choisi, imitateur ou fervent admirateur de guitars heroes, il
en restitue la mémoire. «Twist» commence comme un twist puis part en quatrième
vitesse en blues survitaminé dans la droite ligne de Johnny Winter. Plus assagi
sur «Imi Spune Mama» et «Ai Plecat», ce sera un rappel du rôle essentiel de
Mike Bloomfield, en particulier sa période avec Al Kooper et ses prestations
sur la West Coast au Filmore West de San Francisco. L’étape suivante dans
«Blues», il part en Grande-Bretagne pour rejoindre Fleetwood Mac, première
époque et cite Peter Green. Dans «Jimi & Jaco», nul besoin de présentation
pour savoir qui sont ces exemples; Jaco Pastorius l’accompagne encore sur
«Irina», laissant un peu d’espace à Cristian Soleanu très John Klemmer dans son
improvisation. Pour le final un peu de Jaco et de Mike Stern, voire de Weather
Report mixé avec Miles Davis et le tour est joué, la boucle est bouclée, le
guitariste caméléon a fait la totale. Véritable clone de ces multiples
références, il devrait trouver sa voie quand il choisira un chemin plus
original. Michel Antonelli
Nouveauté
Blue
Rhythm Band & Jo Ann Pickens
Am I
Blue ?
Autoproduit
(www.bluerhythmband.c.la)
Comme il l’autoproclame, le Blue Rhythm Band, qui est né
en 1951, «est le plus ancien orchestre amateur de jazz français». Et tout en
revendiquant ce titre, il prouve sa toujours verdeur. Pour ce troisième album,
le groupe revisite les goûts de chacun des musiciens, qui vont de Chippie Hill
à Vladimir Kosma en passant par Jelly Roll Morton, Ellington et Gershwin. Le
pianiste, Serge Dutfoy signe les arrangements de cette bande de copains qui se
font plaisir depuis des années. La chanteuse, Jo Ann Pickens, native du Texas, et
leur ami Jacques Silvert (ts, cl) leur apporte leur amical soutien. Michel
Antonelli
Nouveauté
Michelle
Bradley
Body and
Soul
Merry
Lane Records (https://merrylanerecords.com)
Le pianiste Art Fristoe (dont le double CD est également
chroniqué dans ce numéro), est ici présent avec le même trio pour accompagner
celui de la chanteuse Michelle Bradley. Le groupe s'enrichit de la présence de
quelques magnifiques musiciens dont le subtil guitariste Brennen Nase. Quant à
la chanteuse que le groupe est censé mettre en valeur, joli bourgeon récemment
sorti de l'arbre, il lui faudra encore du temps pour
fructifier et gagner sa place dans le verger sacré des chanteuses de jazz. Daniel
Chauvet
Nouveauté
Jonathan Butler
Living My Dream
Artistry 7041
(www.mackavenue.com)
Il y avait un petit moment que nous n’avions plus de
nouvelles de Jonathan Butler. Ce guitariste qui s’est fendu d’une quinzaine
d’albums depuis 1985, nous revient pour nous faire apprécier la délicatesse de
son phrasé. Ses compositions fleurent bon le temps passé, mais ce que l’on
retient aussi c’est la douceur des thèmes exposés et la qualité des
intervenants. Comme sur «Be Still», où
le piano de George Duke vient illuminer
les phrases saccadées du guitariste. La magie opère toujours et l’impression
d’être dans un environnement intimiste se conjugue sur les thèmes proposés.
Notons aussi un clin d’œil à Alan Parsons sur «A Prayer». «Sweet Serenade»
traduit à lui seul le contenu de ce CD, tout en finesse. Michel Maestracci
Réédition
Chicago Soul
Soul Jazz Records 93 (www.souljazzrecords.co.uk)
Avec comme sous-titre «The New Sound of Chicago in the
1960s», cette compilation renvoie aux grandes heures de la musique
afro-américaine des années soixante. Si l’on peut faire un distinguo des
différents morceaux présents sur ce CD on classera d’abord les blues classiques
d’Howlin Wolf («Evil») ou Muddy Waters («I Just Want to Make Love to
You»). Buddy Guy est plus surprenant avec sa version de «She Suits
Me to a Tree» aux accents browniens. Cette sensation se retrouve à
travers plusieurs morceaux comme «Stereo Freeze» des Stereos ou
«In My Body House» de Gene
Chandler. Avec «Tell Mama», d’Etta James, que l’on retrouve un peu
plus loin («You Got It»), l’album aborde les voix féminines. Fontanella Bass («Leave in the Hands of
Love») est délicate tout autant que Lorez Alexandria («Baltimore
Oriol»). Enfin, ressorte encore du lot, Phil Upchurch («The Way I
Feel») et son magnifique touché, Ramsey Lewis pour une compo où le piano
fait "jammer" l’assistance et le Majestic Choir. Enfin, comment ne
pas être séduit par le «Memory Band» du Rotary Connection pour plonger
dans l’univers insouciant des sixties. Michel Maestracci
Nouveauté
Nels Cline / Julian Lage
Room
Mack Avenue 1091 (www.mackavenue.com)
Ce duo de guitaristes nous invite à découvrir des
aspects qui dépassent le cercle habituel
des prestations guitaristiques. Nels Clin et Julian Lage maîtrisent
parfaitement l’instrument. Ils sont quasiment classiques sur «Blues Too», quand
bien leurs échanges se font dans un registre innovant. «Racy» est plus
énergisant quand les deux guitaristes se "tirent la bourre" pour s’exprimer, manière qu’ils renouvellent sur «Amenette». «Fressia the Bond» est un peu
plus apaisant, mais le background reste toujours un brin avant-gardiste pour
donner à ces thèmes une couleur agréable et rafraichissante. Michel Maestracci
Nouveauté
Roger
Davidson Trio with Henrik Meurkens
Oração
para Amanhã
Soundtrush
Records 1038 (www.soundtrush.com)
Le pianiste américain Roger Davidson nous
livre son amour du Brésil dans un «live» gravé dans son club préféré de
New York, le Zinc Bar. Il célèbre la paix en dédiant cette «Prière pour demain»
au monde et à sa muse/épouse brésilienne. Il signe la totalité des titres que l’on
semble reconnaître tant ils s’inscrivent dans la tradition d’un jazz brésilien
classique, tel celui du Zimbo Trio des années 60 et 70. Pour rehausser le
propos il a inventé Henrik Meurkens, harmoniciste et vibraphoniste allemand, qui
lui aussi est un habitué de ce répertoire. La qualité des musiciens, Eduardo
Belo (b) et Adriano Santos (dm) apporte la touche complémentaire à un agréable
album qui reste loin d’être indispensable mais qui ravira amateur du Brésil, du
piano et de l’harmonica. A noter l’excellent thème «Amor Brasileiro» qui aurait
pu parfaitement illustrer des images d’un film dans la veine de Lelouch. Michel
Antonelli
Nouveauté
Trillo De Angelis Quartet
Origo
Klarthe Records 014 (Harmonia Mundi)
Ils ont bien de la chance tous ces jeunes musiciens
formés dans les plus grands conservatoires. Ils ont une technique, une
connaissance de la grammaire du jazz et des musiques périphériques que leurs aînés
n'ont pas toujours eues. Mais ces derniers compensaient tant bien que mal ces
manques par le feeling, l'imagination et... le swing. Et c'est l'essentiel de cette
expression jazz qui échappe à ces jeunes pousses bien formatées. Daniel Chauvet
Nouveauté
East Village
Non Entropy
Green Records 009 (www.green-records.ro)
Marta Hristea, des accents de Janis Joplin mais aussi de
Stevie Nicks (groupe Fleetwood Mac) dans la voix, a opté pour la sobriété
soutenue par un duo harmonieux. Le guitariste Sorin Romanescu se démultiplie
dans un allègre jeu de miroirs et ses interventions en soliste sont des plus
intéressantes dans l’art du dialogue croisé. L’album emprunte des voies bien
diverses et le titre «Under a Cristal Time» aurait bien pu paraître sur le
label ECM sans démériter. Le son de Sorin Romanescu et son jeu rappellent ceux
du Bill Frisell du début, et, au fil des titres, c’est son univers qu’il
propose. Le ton général est zen, le titre éponyme de l’album est une ballade
murmurée qui plane sur fond de volutes guitaristiques. «Temporary Lovers»
illustre bien l’univers du guitariste qui s’inspire de ses ainés: Metheny,
Rosenwinkel, périodes calmes, laissant Vlaicu Golcea offrir un bref solo très
imprégné de blues. L’album se termine avec un long voyage voix-guitare «After
the Love Is Gone» qui n’apporte rien de plus, une aventure qui commence,
s’égare, se perd, sans aucune folie, une maîtrise agréable mais qui reste assez
froide, une réelle opposition entre le blues du début et le reste de l’album. Michel Antonelli
Nouveauté
Jørgen
Emborg Quartet
What’s
Left ?
Stunt
Records 17032 (Una Volta Music)
Le pianiste danois invite l’harmoniciste Mathias Heise
pour peaufiner un répertoire agréable, bien mené, mais sans émotion. Le groupe
parfaitement soudé enchaîne dix titres rodés où l’harmonica est souvent en
premier plan et où Jørgen Emborg alterne entre claviers électriques et piano
acoustique. Sans surprise, cela pourrait rappeler des combinaisons que l’on
retrouve chez les harmonicistes Mauricio Einhorn ou Henrik Meurkens. A découvrir
plus pour les fans de l’harmonica que pour le swing du groupe. Michel Antonelli
Nouveauté
Ethnotic Project
Șapte Scāri
Soft Records 048-2 (www.softrecords.ro)
Il s’agit ici du mariage de la musique traditionnelle
avec le swing, interprété en partie avec des instruments traditionnels. Belle
surprise et étonnement car les bougres balancent d’enfer! Le doudouk se marie parfaitement avec la guitare
électrique et, même si certains morceaux sonnent vraiment variétés locales, on
ira au-delà pour apprécier le groupe des frères Cezar et Anatol Cazanoi. La
voix fort agréable d’Irina Sārbu invente un scat dans la tradition sur «Lelita
Sāftitā», se mariant allégrement avec la flûte aiguë de Cezar Cazanoi. Le
doudouk, utilisé dans le folklore arménien, trouve ici sa place en dialoguant
avec les percussions ou à l’unisson avec la guitare sur «Tonakan Par» issu
justement de la tradition arménienne. La basse fretless apporte un son moderne
à l’ensemble des titres et les curiosités sonores nous titillent: pour exemple
l’étonnante intro de «On the Hill at Cornātel». Pour le final, on a droit
à un medley loufoque et bien rythmé qui nous entraîne dans la danse frénétique
de «Cālușarii & Ciocārlia». Une curiosité. Michel Antonelli
Nouveauté
Art Fristoe
Double
Down
Merry
Lane Records (https://merrylanerecords.com)
Ce double album du pianiste et organiste texan Art
Fristoe présente, en trio, des reprises du groupe rock Nirvana, des Beatles ou
du guitariste Lionel Loueke, quelques standards (de Duke Ellington et Kurt
Weill, Arthur Schwartz ou Victor Young, à Steve Swallow, en passant par Tom
Jobim ou Osvaldo Farres), et, aussi, six compositions personnelles. Le tout est
joué avec finesse et une belle technique et s'écoute avec plaisir surtout quand
le bassiste utilise sa contrebasse plutôt que sa Fender bass aux sonorités un
peu typée «thé dansant...» Daniel Chauvet
Nouveauté
Macha Gharibian
Trans Extended
Jazz Village 570132 (Harmonia Mundi)
La chanteuse Macha Gharibian a gardé le souvenir de ses
racines orientales et le goût du métissage. Elle s'exprime dans un mode proche
du jazz tout en ne se pliant pas totalement à ses codes. Elle écrit ses textes,
ses mélodies planantes et ses arrangements et s'accompagne élégamment au piano.
Sur scène, elle bénéficie d'un charisme certain. Et tout cela ne manque pas de
charme. Daniel Chauvet
Nouveauté
Fabio
Giachino
North
Clouds
Tosky
Records 019 (www.toskyrecords.com)
Titulaire de nombreux prix dans son pays, et élève de
Fred Hersch à New York, le jeune Fabio Giachino fait figure d'étoile
montante du piano jazz italien. Profitant d'une résidence artistique à
Copenhague, il y a enregistré huit de ses propres compositions plus un thème de
Duke Ellington («Azalea») avec une rythmique et un saxophoniste danois,
auxquels s'est joint son compatriote Paolo Russo au bandonéon. En écoutant ce
CD, il est facile de comprendre pourquoi les brillants saxophonistes italiens
Rosario Giuliani et Stefano Di Battista l'ont très tôt accepté comme l'un de
leurs pairs. Inventif, volubile, élégant et d'un swing redoutable, son jeu de
piano s'inscrit dans la lignée prestigieuse des Stefano Bollani, Franco
d'Andrea, Giovanni Mirabassi et autre Enrico Pierranunzi. Daniel Chauvet
Nouveauté
Vlaicu
Golcea/Marta Hristea
Lina
Music for 1001 Poems
Green
Records 012 (www.green-records.ro)
Avant tout, il ne s’agit pas de jazz mais de poésie
chantée ou vocalisée sur fond musical: essentiellement des claviers planants.
La voix de Marta Hristea ne manque pas d’intérêt mais devient très répétitive
car les titres en majorité très lents sonnent un peu à l’identique. Ce disque
fait partie d’un projet à l’initiative de l’ambassade de l’Allemagne en
Roumanie, en coopération avec vingt-et-un autres pays de l’Union Européenne;
projet intitulé «1001 Poèmes, Diversité dans l’Europe Poétique». On retiendra
néanmoins deux long morceaux très intéressants par leur caractère hypnotique:
«November» avec un long solo à la clarinette basse d’Alex Harding et «Dusk»
pour le solo au hautbois de Oana Maris. Michel Antonelli
Nouveauté
Kellye Gray
Rendering. Standards in Gray
Grr8 Records 0010 (www.kellygray.com)
Originaire du Texas, la chanteuse Kellye Gray qui vit
désormais en Californie, propose en un seul coffret deux enregistrements: l'un
de ses débuts en 1989, l'autre de 2015. Comme elle est constante dans le choix
de ses standards, elle y présente deux «rendus» (le sens de Rendering, le titre
du coffret), différents avec, en particulier, deux versions de «Don't Explain, «Morning»,
«Insensitive», et «Good Morning Heartache» ses principaux chevaux de bataille,
magnifiquement accompagnées. Daniel Chauvet
Nouveauté
Jean-Marc
Jafet
Le
Meilleur moment du monde
VLF
Production (UVM
Distribution)
Le contrebassiste Jean-Marc
Jafet propose un album réalisé entre amis, ceux de Nice (sa ville de cœur) et
ses partenaires réguliers. Un album dont le titre s’inspire d’une chanson de
Gilberto Gil «O Melhor Lugar do Mundo » et qui rappelle que Jean-Marc a
joué avec de nombreux musiciens brésiliens. Un album qui voyage entre chansons
variétés et jazz où interviennent des musiciens de grandes valeurs, entre autres Stéphane Guillaume (ts,ss, fl), Frank
Amsallem (p). Jean-Marc Jafet est l’auteur de toutes les compositions qui mettent
chaque musicien en valeur, à tour de rôle. Le voyage musical s’appuie sur le
duo de voix formé par Marjorie Martinez et Christian Fernandez. On fait escale
au Brésil, à Cuba et sur la Promenade des Anglais. A signaler le
professionnalisme des musiciens «locaux» niçois, Linus Olsson (originaire de
Suède) à la guitare et Alain Asplanato, vieux complice de Jafet à la batterie
(Marcia Maria, Biréli Lagrène, Michel Legrand…) et qui joue avec le Nice Jazz
Orchestra. Michel Antonelli
Nouveauté
Anthony
Jambon Group
Precious
Time
Klarthe Records 013 (Harmonia Mundi)
Faut-il s'en réjouir, la musique du guitariste Anthony
Jambon est tout à fait dans l'air du temps. Excellent musicien, l'ancien élève
de l'école de Didier Lockwood développe un univers où les influences de Pat
Metheny, Tigran, E.S.T. et même Ibrahim Maalouf sont plus que présentes. Au
final, un jazz qui se veut contemporain mais qui est déconnecté de ses racines. Daniel
Chauvet
Nouveauté
Michael
Janisch
Paradigm
Shift
Whirlwind
Recordings 4676 (www.whalingcitysound.com)
Fondateur
du label Whirlwind Recordings, spécialisé dans la musique «d'avant-garde»
ce bassiste/contrebassiste américain installé à Londres se présente en modèle
d'une originalité radicale dans ses productions. Paradigm Shift (changement de paradigme), son dernier CD, en est un
parfait exemple. Un peu déroutante, mais non dénuée de charme cette musique,
très savante, s'écoute pourtant avec plaisir pour peu que l’on accepte
l'abandon des repères habituels. «Be Free» étant le sous-titre de
ce double album, ses propres compositions très écrites et, tout autant, celles
du trompettiste Jason Palmer et du pianiste Leonardo Geovese ne manquent ni de
richesse, ni de variété ni de surprises. Malgré les interventions remarquables
des solistes et de vrais moments d'un jazz familier tout à fait savoureux ce n’est
pas le type de disque que l’on réécoute, passée la découverte initiale. Daniel
Chauvet
Nouveauté
Jazzybirds
On the Road
Soft Records 050-2 (www.softrecords.ro)
Ce groupe est centré autour de la voix charmeuse de
Krista Koncz qui flirte entre jazz, pop et variétés servis par des jazzmen. Le
pianiste András Srép fignole de belles harmonies qui sonnent bien pop;
plusieurs titres rappellent la sonorité du groupe anglais Procol Harum. Les
tempos sont pour la plupart binaires et n’empruntent à aucun moment les
sentiers du swing. Le répertoire chanté en anglais et roumain est agréable mais
n’apporte rien de nouveau. Michel
Antonelli
Nouveauté
Jazzy Bit
Horizon
EM Records 74020216 (contact.emrecords@gmail.com)
Ce groupe se définit, selon Teodor Pop son leader, par
son influence «loud-jazz». Le trio est originaire de la ville de Timisoara,
en Roumanie, et débute professionnellement en 2012 en proposant une énergique
combinaison du rock et de la fusion jazz. On pense entendre l’orgue de Brian
Auger ou de George Duke mâtiné de synthétiseur funky. Jazzy Bit tourne
essentiellement en Roumanie, Hongrie et en Italie. En 2014, il signe son
premier album, Touch the Sky. Pour ce second, il enregistre dans le prestigieux
studio hongrois, Super Size Recording, à Budapest. Un disque cohérent qui
propose toutes les variations du trio claviers + rythmique. Teodor Pop
interprète avec maestria un jazz qui se veut «progressiste» (sic): une sorte d’EST
(Esbjörn Svensson Trio) version roumaine. «Equilibium» exprime parfaitement le
cheminement du groupe et l’agencement des morceaux révèle une recherche dans le
déroulement de la musique. Même si certains solos sont un peu répétitifs,
l’album reste à découvrir avec plaisir. Michel Antonelli
Nouveauté
Billy
Jones
3's a
Crowd
Acoustical Concepts Records 49 (www.acrecording.net)
«3's a Crowd»: trois, c'est une foule. En effet, ce CD
ne contient que des duos du batteur californien Billy Jones avec différents
musiciens. Lui qui a, un temps, participé à de grosses machines comme Grease
avec Al Jarreau à Broadway, joué pour Sammy Davis Jr, Bill Cosby, The
Temptations, ou le Glenn Miller orchestra, se découvre des envies de musique
plus intimes. Sa batterie dialogue ici avec divers instruments (as, tp, p, vb ,
b, voc, fl, bcl, ts)... leur donnant la réplique, en soutenant ou en
contredisant leur propos. Original, le concept assez austère ravira, à coup
sûr, les batteurs. Tout se passe ici comme si Billy Jones avait laissé les
coudées franches à chacun de ses interlocuteurs et découvrait leur musique, en
grande partie improvisée, en même temps que l'auditeur. L'élaboration de cette
création « dans l'instant » du rôle de la batterie dans la musique de jazz,
est, tout simplement, passionnante. Daniel Chauvet
Nouveauté
Lefteris Kordis
Mediterrana
Innercircle 052 (www.leftchordmusic.com)
Pour son cinquième album, le pianiste grec Lefteris Kordis évoque
l’histoire d’une femme qui prend différentes formes, comme la déesse grecque
Artémis. La musique délivrée possède une
couleur moyen-orientale marquée que la
présence d’une flûte accentue («In the Land of Phrygians»).
«Yota», est plus classique dans sa structure sans pour autant
swinguer vraiment. «Mediterrana» balance bien sous un rythme
propulsé par le luth de Roni Eytan ce qui permet au leader de s’aventurer sur
des sentiers plus exposés dans ses choruses.
Après une partition jouée rapidement, le musicien revient sur des climats plus
apaisés pour clore son opus, sans oublier de faire un clin d’œil aux Beatles
via une interprétation de «And I
Love Her». Michel Maestracci
Nouveauté
Oliver
Lake / Flux Quartet
Right
Up On
Passin’
Thru 41236 (www.passinthru.org)
Oliver Lake (as) écrit qu’il collabore depuis plus de
vingt ans avec des quatuors à cordes, et que le Flux Quartet, avec lequel il
joue depuis 2002, est le plus enthousiaste; en bref, son préféré. Son écriture sert une interprétation qui est en équation avec les
variations du temps et de l’espace. La longue suite d’une vingtaine de minutes
«Einstein 100» illustre sa théorie et chaque musicien y trouve son espace
d’expression. Ces pièces sont composées pour cet ensemble en quartet
mais peuvent aussi intégrer des invités solistes. Pour comprendre sa démarche
il faut de nouveau écouter l’artiste: «Comme la vie elle-même, les musiciens
commencent tous ensemble ce voyage et arrivent à la même destination chacun
ayant emprunté son propre chemin». L’idée aurait pu s’appliquer au sein de
World Saxophone Quartet dont on préférera les enregistrements. Michel Antonelli
Nouveauté
Suzana
Lascu
Brains
on Fluffy Pillows
Fiver
House Records 017 (www.fiverhouse.com)
Equipe très soudée autour de la jeune chanteuse roumaine
Suzane Lascu qui hésite à choisir entre le jazz et un rock progressif «art
noise». Le batteur joue complétement déstructuré sur élucubration free du sax
et un délirant guitariste. Le répertoire ressemble à celui de Gong, première
formule, à une époque où des musiciens jazz de la scène underground
franco-anglaise empruntaient un rock iconoclaste. L’utilisation de la voix,
souvent parlé, crié, chanté ne manque pas de piquant mais on semble revenu à de
la poetry fin années 60 électrifiée. Une sorte de jazz expérimental parfois
bien chanté, dialoguant avec la clarinette basse ou les saxophonistes
s’égosillant. Si la chanteuse est roumaine, les musiciens semblent néerlandais
et l’accompagnent notamment sur les scènes de Groningen où elle a étudié au
conservatoire. Une curiosité. Michel Antonelli
Nouveauté
Ana-Cristina
Leonte
Secret
Lover
Fiver
House Records 009 (www.fiverhouse.com)
La chanteuse Ana-Cristina signe la plupart des
compositions à part le traditionnel «Sora Soarelui», chanté en roumain, qui
tranche sur le ton général de cet album qui est calme et en anglais. Le second
titre, «Putine Vorbe», ressemble à une introduction d’Egberto Gismonti,
inspirée du Minas Gerais; il est chanté très tendrement et sobrement. Albert
Tajti, pianiste limpide est la colonne vertébrale de l’album, son soutien
permanent et attentif permet à la chanteuse d’évoluer sans risque sur ses
ballades. Les compositions sont toutes agréables mais se ressemblent troublées
parfois par le saxophone ténor très chaud d’Alex Munte comme sur «In the Middle
of Somewhere» ou «All Be Idea». Michel Antonelli
Nouveauté
Edouard Leys Trio
La Ligne jaune
Black
& Blue 855.2 (Socadisc)
Avec des modèles revendiqués comme Oscar Peterson ou Brad
Mehldau, l'aide d'un batteur aussi swinguant que Mourad Benhammou et le renfort
de la trompette de Malo Mazurié, il était difficile pour le pianiste Edouard
Leys de produire une musique quelconque, à moins, ce qui est un peu le cas ici,
que la basse soit un cran en-dessous et que la chanteuse ne s'applique trop à
suivre les traces de Melody Gardot. Qu'importe, ce n'est déjà pas si mal, et la
suite est attendue avec impatience. Daniel Chauvet
Nouveauté
Ed Maina
In the
Company of Brothers
Autoproduit (https://edmaina.hearnow.com)
Dès la première mesure, on pense à Gato Barbieri dont le
saxophoniste (soprano, alto et ténor) et flûtiste Ed Maina doit être un fan,
ainsi que de David Sanborn, comme il le fait entendre un peu plus tard. Ce
professeur de musique de la région de Miami, auteur de tous les titres, sauf
un, et de tous les arrangements, définit lui-même sa musique comme «pop
instrumental, latin jazz, smooth jazz, funk», mais avec une constante: un
superbe son de saxophone. Daniel Chauvet
Nouveauté
Ben
Markley Big Band
Clockwise
The Music of Cedar Welton
OA2Records
22102 (www.originarts.com)
Cet album a le mérite de nous faire redécouvrir l’œuvre
du pianiste et compositeur Cedar Walton, finalement peu repris par d’autres
musiciens. Le pianiste Ben Markley (qui disait ne pas trop apprécier ses
expériences en big band) remercie ici son mécène, le Wyoming Arts Council, de
lui permettre d’enregistrer à la tête d’une grande formation. Il signe les
arrangements et mène son petit monde sur les chemins du répertoire d’un
pianiste de grande stature. Parmi les solistes, on remarquera en particulier le
guitariste, Steve Kovalchek. Michel Antonelli
Nouveauté
Tina
May With the Andy Lutter Trio
Café
Paranoia
33Jazz
256 (www33jazz.com)
La chanteuse anglaise et le trio du pianiste allemand
Andy Lutter rendent hommage au chanteur et parolier américain Mark Murphy (1932-2015).
Les compositions sont toutes signées du pianiste et jouées dans un style épuré par
un trio aguerri et quelques invités. Au total quinze titres, dont certains sous
forme de haïkus musicaux, pour 74 minutes dignes d’intérêt. A remarquer
l’hommage au peintre Turner «After a Year». Agréable. Michel Antonelli
Nouveauté
Elena
Mîndru
Evening
in Romania
EM
Records 72110714 (contact.emrecords@gmail.com)
Elena Mîndru, jeune chanteuse roumaine, vit désormais en
Finlande et collabore avec de nombreux musiciens nordiques, notamment le
pianiste (et compagnon à la ville) Tuomas J. Turunen qui cosigne avec elle
plusieurs compositions. Si le titre évoque une soirée en Roumanie, il a été
enregistré à l’évidence en Finlande avec son groupe local. Le premier titre
«Jocul Tambalelor» du pianiste Johnny Raducanu, gloire du jazz roumain, est
chanté en roumain et Elena Mîndru, belle voix cristalline, scatte rapidement
suivi d’un solide solo, bien dans la tradition, du violoniste Sampo Hiukanen.
Elena propose sept compositions de sa plume (épaulées sur certaines par
Tuomas). Sur «Swan (Balçad)», Tuomas J. Turunen prouve son talent de soliste,
très sollicité d’ailleurs dans les pays scandinaves. Ce titre en anglais, comme
la plupart, marie l’improvisation et une présence certaine de l’interprète.
Comme toute chanteuse romantique elle nous propose une ballade nostalgique avec
«Reflection» suivi d’un «Evening in Romania» plus enlevé sur fond de musique
traditionnelle. Une mention spéciale au final, en roumain «Mai Uitām» (Un
autre regard), qui met en évidence le rôle du pianiste comme fédérateur du
groupe. Michel Antonelli
Nouveauté
Elena
Mîndru
Third
Stream Project/Quart Phonic
EM
Records 75230416 (contact.emrecords@gmail.com)
Pour son troisième album, Elena Mîndru réalise son rêve
d’enregistrer avec un quatuor à cordes. Un savant équilibre entre comédie
musicale de Broadway, jazz et classique dont Elena Mîndru signe la quasi
intégralité des titres interprétés en anglais. Le quatuor censé apporter de
l’originalité à l’ensemble, n’évite pas une certaine monotonie. A saluer, quand
même, le voyage au pays des merveilles d’«Alice» qui penche vers un romantisme
aigu. Malgré une prise de risque évidente sur les arrangements et le répertoire
original, l’album reste assez froid. Michel Antonelli
Nouveauté
Yoko
Miwa Trio
Pathways
Ocean
Blue Tear Music (http://yokomiwa.com)
Originaire du Japon, la jeune pianiste Yoko Miwa, a suivi
une formation classique avant de s'initier au jazz à Kobé auprès de Minoru
Ozone, le père du célèbre pianiste Makoto Ozone, puis d'obtenir une bourse à la
Berkeley School de Boston et de s'installer à New York où elle joue dans les
plus grands clubs et fréquente assidûment le Lincoln Center de Wynton Marsalis.
Elle a déjà enregistré une demi-douzaine de disques. Si elle peut évoquer Oscar
Peterson, pour son swing, et Bill Evans, pour sa capacité d'introspection,
l'écoute de ce CD –particulièrement réjouissante– rappelle aussi Brad Melhldau. Yoko Miwa y présente quelques-unes de ses compositions personnelles et des
reprises de deux thèmes du contrebassiste Marc Johnson et une chanson de Lennon
et McCartney («Dear Prudence»). Son trio, composé de jeunes et fines gâchettes
fait mouche pour chaque titre avec une fraîcheur harmonique, une inventivité
mélodique et un swing tout à fait convaincants. Daniel Chauvet
Nouveauté
Quinsin Nachoff
Ethereal Trio
Whirlwind
Recordings 4706 (www.whirlwindrecordings.com)
Originaire de Toronto et désormais installé à New York,
le jeune Quinsin Nachoff pratique un jazz sans concession où seuls son
contrebassiste et son batteur répondent aux véhémentes adresses de son
saxophone ténor. Ceci pourrait paraître un peu austère et évoquer fâcheusement
certains délires free connus par le passé... Fort heureusement, la musique est
suffisamment maîtrisée et alterne judicieusement les climats et modère les
excès. Daniel Chauvet
|
Nouveauté Marco
Pacassoni Quartet Grazie Nassweter 030 (www.nasswetters.de)
Le son tellement particulier du vibraphone (et
accessoirement du xylophone et des marimbas) ne connaît dans l'histoire du jazz
que peu de réussites flagrantes. Lionel Hampton, Red Norvo, Milt Jackson, Bobby
Hutcherson, Cal Tjader ou Gary Burton... La liste est assez courte des «grands
maîtres des mailloches» ayant accédé à une vraie notoriété. L'italien Marco
Pacassoni, tente à son tour l'aventure, accompagné par un «trio piano» et
quelques invités au bugle, à la guitare et au bandonéon. Il présente ses propres
compositions dans un genre qui s'écarte, peut-être un peu trop souvent de notre
idiome de prédilection... où il est pourtant bien plus convaincant. Daniel
Chauvet
Nouveauté Barbara Paris/Billy Wallace Nine
Decades of Jazz Perea
Productions 006 (www.barbaraparis.com)
Billy Wallace (86 ans) a, un temps, joué avec Max Roach,
Illinois Jacquet et Charlie Parker. C'est une grande figure du piano jazz à
Denver (Colorado), où sa carrière a commencé en 1947. En champion des
pianos-bars les plus prestigieux, et doué d'une mémoire prodigieuse il a,
paraît-il, plus de 4000 thèmes à son répertoire! Louée soit donc la chanteuse
Barbara Paris, une de ses fans depuis l'enfance, qui l'a convié à célébrer une
amitié vieille de plusieurs décennies et à enregistrer en sa compagnie quelques
standards, où entouré de ses musiciens les plus fidèles et les plus talentueux,
il déploie tout son talent avec une grâce toute juvénile. Loin d'être formaté,
voilà un disque sans prétention et à l'écoute sans surprises, certes, mais
néanmoins très émouvante, qui raconte une triste, mais bien belle histoire. A
ce titre, il mérite la plus grande attention et le plus grand respect. Daniel Chauvet
Nouveauté Olivier Py Birds of Paradise Black Fables Vent d’Est 1703-10 (L’Autre
Disribution)
Pour son
second album avec son groupe Birds of Paradise (Jean-Philippe Morel, b, et
Franck Vaillant, dm) le saxophoniste Olivier Py poursuit ses aventures
démarrées en 2012 avec ses oiseaux de paradis, dont le répertoire initial était inspiré des relevés de
chants d’oiseaux d’Olivier Messiaen. Le résultat était des plus surprenants; ici,
dans la même veine, les compositions sont inspirées de
«certains fragments des transcriptions de Messiaen, ou dérivent plus librement
de la vivacité de leur geste musical». Black
Fables aurait pu rappeler par le titre et par un clin d’œil des fables à la
Mingus. L’album reste dans le champ d’action habituel du trio qui laboure le
même sillon. Un groupe vraiment fusionnel qui dégage une émotion instantanée et
intense. A écouter de préférence sur scène. Michel Antonelli
Nouveauté Reis-Demuth-Wiltgen Places
in Between Double Moon Records 71174 (www.doublemoon.de)
L'influence du trio E.S.T. (et de ses dérives) étant
devenues planétaires, il n'est désormais plus possible de découvrir un nouveau
trio piano sans que ses rythmiques ne s'inspirent de celles de Jimi Hendrix à
Woodstock et que ses harmonies ne se calquent sur celles des Doors à l'île de
Wight... (tout en piquant, au passage, à Keith Jarrett quelques «plans» bien
sentis du concert de Cologne...). De quoi susciter une certaine lassitude... Daniel
Chauvet
Nouveauté Yvan
Robillard The
Unspoken Klarthe Records 007 (Harmonia Mundi)
Le pianiste Yvan Robilliard, dont l'appétence pour la
musique classique transparaît à chaque note, est un habitué des récitals en
solo. Jouée sur un piano «Fiazoli grand concert», il présente ici sa version de
quelques standards (dont «Cantaloupe Island» d'Herbie Hancock et «All the Things
You Are» de Jerome Kern) et surtout des compositions personnelles (dont un
hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015). Les amateurs de «beau piano»
apprécieront comme il se doit sa musique. Les amateurs de jazz remarqueront,
bien sûr, que le swing n'en est pas la valeur première, loin s'en faut. Daniel
Chauvet
Nouveauté Pascal Salmon D'une rive à l'autre Jazz Family 032 (Socadisc)
Les douze compositions sont signées du pianiste Pascal
Salmon. Six d'entre-elles sont chantées par Hidegarde Wanzlawe sur des textes
de Eduardo Lopes, qui joint aussi sa flûte à l'occasion. Romain Salmon à l'accordéon
et Julia Salmon au violoncelle, les enfants du pianiste, prêtent leur concours
au projet. C'est un peu comme une réunion de famille où quelques amis choisis
seraient aussi invités, pour fêter la musique brésilienne. Daniel Chauvet
Nouveauté Kathy
Sanborn Recollecting
You Pacific
Coast Jazz 36134 (www.kathysanborn.com)
Finalisé en Inde (on ignore pourquoi), le CD de la chanteuse californienne
Kathy Sanborn, s'efforce de fédérer plusieurs courants musicaux dans l'air du
temps. Le jazz y est présent, certes, mais en filigrane, et tellement noyé par
des nappes de violons et de synthétiseurs que cette easy listening music aura
du mal à séduire les lecteurs exigeants de Jazz Hot. Dommage, Kathy Sanborn a
une voix superbe! Daniel Chauvet
Nouveauté Sebastian Spanache Trio A Pasha’s Abstinence Fiver House Records 008 (www.fiverhouse.com)
Cette formation est originaire de la région de Timisoara,
en Roumanie, et les musiciens ont tous étudié dans son conservatoire. Pour leur
second album, au répertoire entièrement original, ils puisent leur inspiration
du côté ottoman de leur région, longtemps sous le joug des Turcs. Complétement
structuré autour du jeu du pianiste, ce groupe présente une approche moderne du
trio jazz traditionnel. Les invités interviennent sobrement et les titres
s’enchainent avec facilité et plaisir. La longueur relative des morceaux permet
une mise en valeur de chacun même si les titres, sur la fin, commencent à se
ressembler. Un groupe à découvrir pour sa sensibilité et un propos clair et
précis. Michel Antonelli
Nouveauté Colin
Steele Quartet Diving
for Pearls Marina
Records 82 (www.marinarecords.com)
Musicien écossais, Colin Steele qui joue aussi du cor
dans des groupes de musique traditionnelle, est ici à la trompette, dans le but
de traduire dans la langue du jazz, quelques thèmes de David Scott, compositeur
contemporain spécialiste des musiques écossaises. L'emploi constant de la
sourdine Harmon maintient un climat de mélancolie un peu brumeuse, dont on
devine que la remarquable rythmique qui l'accompagne sortirait volontiers. Daniel
Chauvet
Nouveauté Matthew Stevens Woodwork Whirlwind
Recordings 4677 (www.whalingcitysound.com)
Tout jeune guitariste adepte
d’un jazz «fusion» est appelé à être comparé à Pat Metheny. Le New
Yorkais Matthew Stevens mérite pourtant sans doute mieux. Il montre, en effet, un
redoutable sens tactique de l'articulation des solos. Bien que souvent
soulignée par des «effets de son» un peu trop présents et malgré l'emploi
systématique d'une «chambre de réverbération» réglée à son
maximum, ainsi que le choix d'une batterie sans aucune nuance ni swing,
sa musique ne manque pas d'originalité. Daniel Chauvet
Nouveauté Jeannie
Tanner Words
& Music Tanner
Time Records (www.jeannietanner.com)
Ce double album est la collection de chansons et musiques
composées par Jeannie Tanner (p, voc), ici interprétées par douze chanteurs/euses
de jazz de Chicago. On remarque d'ailleurs plusieurs belles voix féminines: Abbigail
Riccards, Typhanie Monique, Kimberly Gordon, Rose Coletta ou encore les crooners
Paul Marinaro et Andy Pratt (g, voc), largement au niveau des voix promues
par l’industrie musicale actuelle. Plusieurs thèmes sont d’inspiration bossa nova
et, même si la production est soignée (section de cuivres, violons), leur traitement reste au niveau de la variété jazzy. Michel Antonelli
Nouveauté The
Passion of Charlie Parker Impulse!
00602557421767 (Universal)
La passion pour Charlie Parker, voilà qui est plutôt
louable, mais n'excuse pas pour autant l'oubli par les éditeurs de ce CD (à
usage promotionnel) de tout renseignement
discographique. Dommage, il est plutôt pas mal, quoique un peu inégal, ce
disque. Sur des thèmes de Charlie Parker (et des textes signés par on ne sait
qui), on y entend, entre autres, les voix bien connues de Madeleine Peyroux,
Kurt Elling, Melody Gardot, et Camille Bertault. Du beau monde! En bonus, Gregory
Porter (présent sur toutes les prises, semble-t-il) chante, d'une voix qui
évoque un peu celle de Jimmy Scott, «Yardbird suite», un morceau peu connu de
l'inventeur du bebop. Daniel Chauvet
Nouveauté Manuel
Valera Trio The
Seasons Mavo
Records 1108 (www.manuelvalera.com)
Installé à New York où il a terminé sa formation
musicale, ce jeune pianiste cubain, qui revendique les influences de Bill
Evans, Chick Corea et Keith Jarrett, a aussi, sans s 'en vanter, dans son jeu
dynamique et chantant, un petit quelque chose de Bud Powell et de McCoy Tyner .
Autant dire qu'il est inspiré par quelques-uns des plus remarquables créateurs
de l'histoire du piano jazz. Il signe toutes les compositions de ce CD, à
l'exception de «What Is This Thing Called Love» de Cole Porter, et ce choix en
dit long sur sa connaissance des fondamentaux. Dynamisme, fraîcheur
d'invention, sens de la mélodie et des ruptures et goût certain pour les
harmonies somptueuses et, technique sans failles, Manuel Valera a déjà en main
toutes les qualités attendues d'un excellent pianiste de jazz. Epaulé dans
cette entreprise par un contrebassiste et un batteur du même calibre, il livre
ici une musique tout à fait remarquable. Manuel Valera, un nom à retenir. Daniel
Chauvet Nouveauté The New
Vision Sax Ensemble Musical
Journey Through Time Zaki
Publishing (www.nervisionsax.com)
Beaucoup de lecteurs de Jazz Hot se souviennent sans
doute des concerts du World Saxophone Quartet dans les années 80 et 90 (Julius
Hemphil, Oliver Lake, David Murray, Hamiet Bluett, Arthur Blythe, Chico
Freeman…): quatre saxophonistes, qui, fonctionnant à la façon d'un "micro
big band", tissaient un accompagnement rythmique et harmonique précis (et
très écrit), pour accompagner celui d'entre eux qui improvisait son chorus.
Dans leurs pas s’inscrit New Vision Sax, composé de jeunes musiciens new-yorkais
aux saxophones soprano, alto, ténor et baryton (et à la clarinette), reprenant
de cette manière originale quelques perles signées Scott Joplin, Monk,
Gillespie, Richard Rogers, Gershwin ou Leonard Bernstein. Et c'est une totale
réussite. Daniel Chauvet
Nouveauté Jean-Philippe
Viret Les Idées
heureuses Mélisse
666019 (www.melisse.fr)
Pour son huitième opus, Jean Philippe Viret poursuit ses
envies, délaissant les trios ou quartets habituels pour se recentrer sur le
quatuor à cordes avec lequel il avait déjà enregistré en 2011 Les Barricades mystérieuses. Avec Les Idées heureuses, il s’inspire de François Couperin, dont un titre donne le nom à
l’album, et défend son idée de la musique «mariage de toutes les cordes, des
plus graves au plus aigües, mariage de l’écriture et de l’improvisation, contrôle
de l’instrumentiste et lâcher prise de l’artiste…». Même si cette musique ne
s’inscrit pas dans le domaine du jazz et de sa périphérie, elle l’est dans son esprit
d’ouverture et de partage. Ce quatuor mené par le contrebassiste et compositeur
qui signe la totalité des titres, à l’exception de «La Muse Plantine» de Couperin,
nous propose un bel album qui peut dénoter sur les étagères de collectionneurs;
mais la curiosité apporte aussi son lot de récompenses. A noter la qualité des
productions du label Mélisse qui se constitue petit à petit un catalogue de
haute tenue. Michel Antonelli
Nouveauté Ronny
Whyte Shades
of Whyte Audiophile 353 (www.jazzology.com)
A près de 80 ans, et après une longue carrière de danseur
et d'acteur shakespearien, le pianiste et chanteur Ronny Whyte enregistrait
encore en 2016, un choix de standards et de quelques-unes de ses compositions
avec une verve très juvénile. Nostalgie, nostalgie, c'est un peu comme si on se
retrouvait dans le confort du lobby d'un grand hôtel new-yorkais dans les
années soixante... A part le son du trompettiste, rien n'a vieilli. Délicieusement
rétro. Daniel Chauvet |
|