Karin KROG
The Many Faces of…
Karin Krog est une légende du jazz vocal norvégien. Elle a abordé toutes les facettes du jazz (et pas seulement), des standards (qu’elle chante en anglais) à la musique improvisée, aussi à l’aise avec Dexter Gordon que Don Ellis, Archie Shepp que Scott Hamilton, Warne Marsh que Bengt Hallberg, sans oublier les complices de toute une vie musicale, Niels-Henning Ørsted Pedersen, Kenny Drew, Steve Kuhn, Jan Garbarek, Jon Christensen, et, bien sûr, John Surman. Karin Krog (née le 15 mai 1937, à Oslo), c’est une curiosité de tous les instants, une voix comme aucune autre. Et aussi une pudeur et une sensibilité, comme elle nous le montre dans cette interview en évoquant les rencontres qui ont jalonné un très riche parcours.
Propos recueillis par Mathieu Perez Photos by courtesy of Karine Krog: Randy Hultin, Grox-Guenther Groeger, X
© Jazz Hot n°683, printemps 2018
Jazz Hot: Y avait-il de la musique dans votre environnement familial?
Karin Krog: Il y a toujours eu des musiciens dans la famille. Mon père était batteur. Ma mère chantait des chansons de folk. On écoutait beaucoup de jazz à la maison. Ma grand-mère maternelle était aussi chanteuse et mon arrière-grand-père Anders Heyerdahl était violoniste et compositeur.
Quand avez-vous commencé à chanter?
Dès le plus jeune âge.
Avez-vous appris à jouer d’un instrument?
J’ai essayé d’apprendre le piano trois fois, mais il ne s’accordait pas avec moi. (Rires)
Qu’est-ce qui vous attirait dans le jazz?
Il y avait quelque chose dans cette musique... On était une bande de jeunes, on allait dans les clubs de jazz, on jouait ensemble, on a tous été attirés par cette musique.
Vous racontez avoir séché les cours pour aller voir Billie Holiday en concert, c’est bien cela?
Oui! Ce devait être vers 1955. Elle faisait un concert le soir, c’était complet. Mais il restait des places pour le concert donné en matinée. J’ai séché les cours pour aller la voir. C’était dans un cinéma. Billie Holiday était incroyable!
Ce concert vous a marquée?
Ah, oui!
Vous aviez vu d’autres chanteuses de jazz sur scène avant Billie Holiday?
Des chanteuses comme Doris Day... Mais la Norvège a été occupée par les Allemands durant la guerre. On trouvait difficilement des disques de jazz dans ces années-là.
Vous écoutiez du jazz surtout à la radio?
Oui, à la radio. Il y avait aussi beaucoup de jazz qui venait de Suède, qui était dans une autre situation.
A 18 ans, vous devenez la chanteuse de la formation du pianiste Kjell Karlsen. Comment cela s’est-il passé?
Kjell venait de former un sextet. Il cherchait une chanteuse. J’ai fait partie de ce groupe pendant deux ans. Les musiciens étaient un peu amateurs, mais c’était une bonne expérience.
Que chantiez-vous?
Des standards.
C’est à cette époque que vous participiez aux jam sessions du Penguin Club d’Oslo?
Oui, il y avait dans ces jams les meilleurs musiciens norvégiens. Il y avait aussi un club de dixieland.
Y avait-il beaucoup de clubs de jazz à Oslo?
Ces deux-là, c’est tout. Puis, le Metropol Jazz Club a ouvert ses portes vers 1959.
C’était le club incontournable?
Ouvert tous les jours de la semaine. J’ai vu Bud Powell jouer là-bas; il était là une semaine. J’ai vu Dexter Gordon aussi. En 1963, il y avait un club à Bergen, le Neptun. J’y ai joué pendant deux semaines. A la dernière minute, le proprio m’a dit qu’on lui avait proposé d’embaucher Dexter Gordon. Je me suis dit qu’il allait annuler mon gig. Mais non, il nous a embauchés tous les deux. J’ai fait la première partie de Dexter pendant deux semaines. C’est comme ça que je l’ai connu.
En 1962, vous formez votre groupe en leader.
C’était avec Egil Kapstad (p), Kurt Lindgren (b) et Jon Christensen (dm). En 1964, on a joué au festival de jazz d’Antibes. Cette même année, j’ai enregistré avec eux mon premier album By Myself.
C’était le début d’une longue collaboration avec Jon Christensen.
Il faisait partie des jeunes musiciens d’Oslo. Il est devenu rapidement l’un de nos meilleurs batteurs. C’est pour ça que je l’ai embauché.
Dans ces années, vous avez étudié avec la chanteuse soprano Anne Brown. Qu’avez-vous appris d’elle?
J’ai étudié avec Anne pendant six ans. C’est elle qui a créé le rôle de Bess dans Porgy and Bess. Puis, elle a rencontré un skieur norvégien, et elle est venue s’installer en Norvège. Elle faisait aussi des récitals classiques, elle chantait du Schubert, etc. Elle avait beaucoup d’expérience. J’ai pensé qu’elle pouvait m’apprendre beaucoup de choses. Elle était formidable! Elle m’a appris la technique, ce qui tourne autour de l’interprétation, de la diction.
A partir de quand vous liez-vous avec des musiciens afro-américains?
Dès le début des années 1960; quand des musiciens américains, comme Don Byas ou Lucky Thompson, passaient à Oslo, le patron du Metropol me demandait de m’occuper d’eux, de leur montrer les environs. C’est comme ça que je les ai connus.
Vous avez eu une amitié très forte avec Niels-Henning Ørsted Pedersen et Kenny Drew.
Je les ai rencontrés dans un festival de jazz en Norvège. Plus tard, j’ai eu l’occasion de chanter à Copenhague, et quand on m’a demandé les musiciens que je voulais pour m’accompagner, j’ai dit Niels et Kenny. Dans les années 1980, nous avons fait une belle tournée au Japon avec Ed Thigpen. Travailler avec eux, c’était formidable! Je pouvais aussi jouer en duo avec chacun d’eux.
Avant d’enregistrer Jazz Moments en 1966, avec NHØP, Kenny Drew et Jon Christensen, vous jouiez ensemble?
Pas vraiment, on se connaissait.
Comment les sessions d’enregistrement se sont-elles passées?
C’était le bonheur. Pendant les sessions, ils donnaient des conseils, faisaient des suggestions. Ils rendaient les choses faciles. C’étaient de vrais pros.
Et avant d’enregistrer By Myself, votre premier album en leader, formiez-vous déjà un trio avec Egil Kapstad (p), Kurt Lindgren (b) et Jon Christensen (dm)?
Oui, on jouait dans les clubs. Je suis un peu plus âgée qu’eux. Lorsque j’ai été plus établie, je les ai embauchés.
Ils avaient aussi accompagné George Russell. George Russell a-t-il eu un impact musical sur eux?
Difficile à dire... George Russell avait ce concept chromatique lydien. Mais des musiciens comme Jon Christensen et Jan Garbarek avaient déjà de vraies personnalités musicales. Ils ont surtout dû chercher la meilleure façon d’accompagner George Russell, parce qu’ils étaient d’excellents musiciens. C’est pour ça que George les avait engagés.
La rencontre de Don Ellis a été décisive. Comment l’avez-vous rencontré?
Il était à Oslo, il arrivait de Stockholm. Des gens que je connaissais en Suède m’ont demandé de m’occuper de lui. Mon mari (Johs. Bergh, 1932-2001, musicien et historien du jazz norvégien) travaillait avec les musiciens de jazz... Don a logé chez nous. J’avais des gigs. Il m’y a accompagnée, a fait le bœuf. Ça, c’était lors de son premier séjour. Puis, il est revenu à Oslo. Il jouait avec des musiciens norvégiens. On a joué ensemble. Plus tard, il a écrit une partition de big band pour moi, avec l’orchestre de la radio. Ce devait être vers 1963. Un jour, il m’a appelée parce qu’il avait besoin d’une chanteuse pour un disque qu’il enregistrait à Los Angeles. Je suis partie à Los Angeles; j’en ai profité pour travailler un peu là-bas. Je suis restée un mois.
Vous avez enregistré «In Your Arms» et «Lady Night» (Brave Records) avec le Don Ellis Orchestra en 1967. Que retenez-vous de cette expérience?
C’était intéressant. L’orchestre avait quelque chose comme trois bassistes, trois batteurs etc. Au départ, j’étais terrifiée! (Rires) Mais les années 1960 étaient un temps très spécial pour expérimenter. Don étudiait avec Lukas Foss à New York. Moi, je m’intéressais à la musique électronique avec certains des plus grands compositeurs norvégiens, comme Arne Nordheim. Don et moi parlions de tout ça. On s’entendait bien. C’est lui qui m’a conseillée d’utiliser l’Echoplex.
Vous utilisez l’Echoplex dans l’album Joy (1967). Qu’est-ce que cela vous apprend sur l’improvisation dans ce contexte?
J’ai compris que si on veut utiliser l’Echoplex, on peut difficilement le faire en chantant des standards. Il faut que la situation soit plus ouverte, qu’il y ait plus d’espace. Donc, je me suis mise à composer. C’était un travail sur les sons, cela vous donne plus de liberté pour aborder un tas de choses. Le plus difficile a été de trouver comment improviser tout en développant de nouveaux sons.
Quelles chanteuses vous intéressaient alors?
Cathy Berberian m’a beaucoup inspirée. J’écoutais aussi de la musique caribéenne. Et aussi Oum Kalthoum, une chanteuse que j’ai découverte lors d’un voyage en Egypte. Là-bas, on écoutait Oum Kalthoum comme nous écoutions du jazz.
Quand commencez-vous à utiliser la voix comme un instrument de musique?
C’est une approche que j’ai développée en jouant avec Jan Garbarek. Il y a bien des façons d’utiliser la voix pour raconter une histoire. On peut le faire avec des paroles. Et on peut aussi utiliser la voix comme un instrument. En fait, la voix est un instrument.
Lester Bowie et Karin Krog © photo X, by courtesy of Karin Krog
En 1970, vous faites partie de l’European Free Jazz Orchestra de Lester Bowie lors d’un concert donné à Francfort. Cet orchestre se composait d’une vingtaine de musiciens, notamment de l’AACM (Roscoe Mitchell, Malachi Favors…), mais aussi de Joachim Kühn, Jeanne Lee… Quels étaient vos liens avec Lester Bowie et l’AACM?
Je connaissais déjà un peu Lester Bowie. Je savais aussi qui était Jeanne Lee. Elle était venue en Norvège dans les années 1960. C’était l’une des premières chanteuses à chanter de façon très différente. Chanter avec cet orchestre, c’était un sacré défi.
Quel leader était Lester Bowie?
Il était très encourageant. Il me laissait libre de chanter comme je voulais. Cette même semaine, à Francfort, j’ai pu jouer avec mon propre groupe. Je pense que j’ai même chanté en duo avec Norma Winstone; on était accompagné de Dave Holland.
En 1970, vous enregistrez Some Other Spring avec Dexter Gordon. Comment s’est passée la session d’enregistrement avec lui? Comment l’avez-vous convaincu de chanter «Jelly Jelly»?
J’avais préparé des chansons de mon côté. Puis, j’ai demandé à Dexter ce qu’il voulait faire. C’est lui qui a proposé le thème «Some Other Spring». C’est une chanson de Irene Kitchings, qui fut mariée un temps avec Teddy Wilson. Dexter adorait cette chanson. Je savais qu’il avait joué dans le big band de Billy Eckstine, je lui ai donc proposé «Jelly Jelly». J’avais les paroles sous la main. Il a été d’accord tout de suite. (Rires) Je crois que c’est la première fois qu’il chantait dans un enregistrement. Karin Krog et Dexter Gordon © Randy Hultin by courtesy of Karin Krog On retrouve aussi NHØP et Kenny Drew…
Les trois se connaissaient bien. Ils jouaient ensemble au Montmartre Club de Copenhague.
Combien de temps a duré la session?
Ils sont arrivés un dimanche matin. A 20h, on avait fini. C’est vous dire s’ils étaient pros!
Vous connaissiez Dexter Gordon depuis ce fameux gig au Neptun, en 1963, dont vous nous avez parlé au début de l’interview. Jouiez-vous avec lui régulièrement?
Un peu. Il y a eu ce premier concert. Une autre fois, j’ai fait le bœuf avec lui. J’avais aussi fait une émission télé à Copenhague, et j’avais demandé à être accompagnée par Dexter et Niels. Il y avait aussi Tootie Heath.
Au début des années 1970, de quels musiciens se composait votre trio?
Des musiciens avec lesquels j’ai enregistré Joy: Terje Björklund (p), Arild Andersen (b), Svein Christiansen (dm). Il y a aussi Jan Garbarek sur cet album. On jouait au Metropol, à Oslo et dans d’autres villes.
Votre collaboration avec Steve Kuhn date de ces années. Comment a-t-elle débuté?
Steve était marié à la chanteuse suédoise Monica Zetterlund. En 1970, ils vivaient à Stockholm. J’ai rencontré Steve et Monica à un festival de jazz norvégien. Je trouvais que c’était un excellent pianiste. J’avais ses disques avec Joe Henderson. Un jour, il m’a dit qu’il avait écrit des chansons, et me demanda si je voulais les chanter, Monica étant occupée à faire du cabaret. Ça a débuté comme ça. Quand il est venu à Oslo, on a fait des concerts. En 1974, j’ai eu la possibilité d’enregistrer chez Universal. J’ai demandé à jouer avec Steve Kuhn, Steve Swallow et Jon Christensen. Ensemble, on a fait We Could Be Flying.
Vous connaissiez donc déjà les chansons «The Meaning of Love», «Hold Out Your Hand», «Raindrops, Raindrops», «Time to Go», que vous avez enregistrées sur We Could Be Flying en 1974?
Oui, parce que je les avais chantées avec lui en concert, à Oslo. J’aimais beaucoup «The Meaning of Love». Le disque est passé un peu inaperçu. En 1987, quand j’ai créé mon label, Meantime Records, j’ai récupéré les droits de mes disques petit à petit. En 2007, j’ai réédité We Could Be Flying.
Sur cet album, il y a «Sing Me Softly of the Blues» de Carla Bley.
Oui, j’aime beaucoup ce thème. J’ai écrit les paroles pour pouvoir le chanter.
Jon Christensen faisait partie du trio de Steve Kuhn?
Steve a vécu pendant quatre ans en Suède. Quand il partait en tournée en Europe, il y avait toujours Jon Christensen. Ils se connaissaient bien.
Et lorsque Steve Kuhn jouait à Stockholm, quels musiciens prenait-il?
Il jouait avec Niels et Aldo Romano.
NHØP est sans doute l’un des musiciens avec lesquels vous avez le plus joué?
Oui, on peut dire ça. C’est très vrai pour les enregistrements en studio. Au fil des années, j’ai beaucoup joué avec Kenny Drew, Steve Kuhn et Bengt Hallberg.
En 2014, vous avez retrouvé Steve Kuhn pour un album en duo: Break of Day.
Oui. Nous avons aussi fait une tournée au Japon ensemble il y a quelque temps. A la fin des années 1980, j’avais fait aussi une tournée au Japon avec Niels, Kenny Drew et Ed Thigpen.
Un autre compagnon de route, c’est John Surman. On avait pu vous voir ensemble sur la scène du Théâtre du Châtelet, à Paris, en octobre 2016. Quand rencontrez-vous John Surman?
Ça remonte à la fin des années 1960. En 1967-1968, nous étions plusieurs musiciens européens en tête du Palmarès annuel des critiques de Down Beat. Il y avait Jean-Luc Ponty, Eddie Louiss, Daniel Humair, John Surman, Albert Mangelsdorff, Francy Boland, Niels et moi. Le critique de jazz allemand Joachim Berendt nous a demandés de jouer ensemble. On a fait le disque Open Space (1969). Puis, en 1970, à l’occasion de l’Exposition universelle qui avait lieu au Japon, nous sommes tous partis là-bas.
Karin Krog et John Surman © Grox-Guenther Groeger by courtesy of Karin Krog Sur Open Space, vous chantiez un thème de John Surman…
Oui, j’avais enregistré le très beau «Hello Thursday». John et moi, nous nous sommes bien entendus. Plus tard, j’ai enregistré avec lui à la BBC, à Londres. Et puis, il est parti s’installer à Paris pour composer la musique des spectacles de Carolyn Carlson. Il est resté longtemps en France. Je ne l’ai pas revu avant plusieurs années. Il m’avait demandé alors si je faisais toujours de la musique électronique. Me voyant un peu découragée, parce que je ne connaissais aucun musicien que ce type de musique intéressait, il m’a proposé de faire un disque ensemble.
Des musiciens de jazz s’intéressaient à la musique électronique?
Non, pas en Norvège. Beaucoup de gens trouvaient que ce n’était pas du jazz. D’autant plus qu’elle était difficile à jouer en direct.
Il y a des points communs très forts entre vous et Norma Winstone: un travail sur l’expérimentation, vous avec John Surman, elle avec Kenny Wheeler…
Norma Winstone et moi avons fait un duo à Baden-Baden. Pour la radio aussi, à la BBC. Il y avait John Taylor, John Surman, Norma et moi. C’était une belle expérience. Norma est une excellente chanteuse. Oui, nous jouons avec beaucoup de musiciens qui se connaissent bien. On s’intéresse à l’expérimentation, mais nous sommes très différentes.
Quel a été l’impact du free jazz sur vous?
Il y a des années, j’ai eu la chance de rencontrer Cecil Taylor. Je lui avais demandé s’il était chanteur, quel type de musique il ferait. Il m’a répondu qu’il ferait des sons, qu’il chanterait sans mots. Ça m’a donné à réfléchir. J’ai essayé d’explorer cette piste. A Baden-Baden, j’ai rencontré Joachim Kühn, Albert Mangelsdorff; nous avons joué ensemble. J’ai fait un disque avec Eje Thelin (tb) et Joachim Kühn. On peut entendre trois pistes sur Different Days, Different Ways.
Votre expérimentation du chant sans paroles date de l’album Joy?
De «Maiden Voyage» dans Joy, oui. C’était le début, du moins dans ce que j’ai enregistré. Puis, j’ai fait Different Days, Different Ways. Lors de mon séjour à Los Angeles en 1970, Don Ellis m’avait conseillée d’acheter un ring modulator Oberheim. J’avais déjà un Echoplex. C’était intéressant.
Comment la musique contemporaine a-t-elle nourri votre pratique du jazz?
En travaillant avec des compositeurs de musique électronique, j’ai notamment découvert l’enregistrement multipistes.
Vous vous êtes aussi intéressée à la musique folk norvégienne dans Folkways…
Mon arrière-grand-père, Anders Heyerdahl, était actif dès les années 1880. Il collectionnait les chansons traditionnelles norvégiennes. J’ai étudiée tout ce travail qu’il avait effectué, et j’ai enregistré des chansons. Pour ce projet, j’ai travaillé avec John Surman. On a pu obtenir une commande publique et faire un concert dans le coin où vivait mon ancêtre. John s’est occupé des arrangements. Il est très intelligent avec ce genre de choses. La musique folk ne lui est pas étrangère.
C’est à l’International Jazz Festival de Ljubljana, en 1973, que vous rencontrez Archie Shepp pour la première fois (cf. Live at the Festival, 1973, avec des performances de Bill Evans, Archie Shepp, Karin Krog, Bobby Hutcherson). Comment s’est fait l’album Hi-Fly avec Archie Shepp et vous, en 1976?
Oui, on s’est rencontrés à Ljubljana, puis j’ai revu Archie au Festival de jazz de Nuremberg en 1976. On parlait de faire un disque ensemble. Un mois plus tard, j’accompagnais un de mes enfants à la gare, il partait en colonie de vacances. Soudain, je vois Beaver et Archie qui viennent vers moi; ils me demandent si je venais les chercher! (Rires). Je leur explique que j’accompagnais un de mes enfants... (Rires) Ils repartaient pour un autre festival. Puis, ils me demandent si on allait enregistrer ce disque dont on avait parlé. Je les ai alors ramenés chez moi; c’était un matin; j’ai passé un coup de fil à un label qui a validé tout de suite le projet. J’ai trouvé un studio, et on a enregistré toute la nuit jusqu’à 7h du matin. C’était une soirée très stressante. (Rires)
Comment s’est déroulée la session avec Charles Greenlee (tb), Jon Balke (p), Arild Andersen (b), Cameron Brown (b), Beaver Harris (b)?
Les musiciens étaient parfaits, très respectueux. Je trouve cet album magnifique.
Qui a choisi les thèmes «Hi-Fly» et «Soul Eyes»?
C’est moi qui les ai choisis. J’adorais ces thèmes, Archie aussi…
Revenons à John Surman. Comment est né l’album Cloud Line Blue, sorti en 1979?
Ce même soir, lorsque j’ai croisé Archie Shepp et Beaver Harris au Festival de jazz de Nuremberg, j’ai croisé John. Je ne l’avais pas vu depuis des années. Il vivait à Paris. Il s’intéressait toujours à la musique électronique. Il m’a demandé si j’en faisais de mon côté, et il a proposé qu’on fasse un album ensemble. Ce devait être en 1976. On a loué un studio à Londres et on s’est mis à enregistrer ses compositions. Il y avait le batteur, Stu Martin, et la pianiste Janet Cooke, la femme de John. Puis, on s’est trouvé à court d’argent, et il a fallu attendre deux ans avant d’achever ce qui allait être Cloud Line Blue.
Il restait encore beaucoup à faire?
On avait peut-être enregistré les deux tiers de l’album. Mais il restait un gros travail de montage à faire. Comme John est un artiste ECM, j’ai proposé qu’on travaille avec l’ingénieur du son Jan Erik Kongshaug au Rainbow Studio.
Vous le connaissiez bien?
Oui, parce que j’ai travaillé avec lui sur presque tous mes albums. Il a été partant tout de suite.
Quel était votre état d’esprit en revenant à la musique électronique avec John Surman?
C’était super! Les compositions de John me laissaient de la place pour improviser. C’était une situation très créative. Je n’ai pas utilisé d’effets électroniques sur ma voix. C’était davantage un travail pour trouver ma place dans ces compositions tout en improvisant à ma façon.
Quel est le rapport de John Surman à la voix?
Pour John, la voix est essentielle. Il aime beaucoup la voix humaine. Enfant, il était choriste. Quand on travaille avec lui, tout est simple. Il a toujours de bonnes idées. Il vous donne beaucoup de liberté. Au fil des années, nous avons enregistré beaucoup d’albums ensemble, Cloud Line Blue, Bluesand, Freestyle, Such Winters of Memory, Nordic Quartet, Folkways.
Comment a évolué cette relation musicale?
Nous avons d’excellents rapports. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre.
Quels étaient vos rapports avec Manfred Eicher lors de l’enregistrement de Such Winters of Memory chez ECM?
Je le connaissais déjà, depuis 1970, il était très inspirant. Il nous encourageait beaucoup, nous laissait libres.
Et concernant votre utilisation du ring modulator?
Pendant l’enregistrement, il est venu nous voir dans le studio. Je pensais que ça n’allait pas... C’était pour nous encourager à continuer.
Aujourd’hui, vous utilisez les effets électroniques sur la voix?
Plus beaucoup. Je m’en sers quand je joue avec John Surman.
Comment vous êtes-vous retrouvée à enregistrer avec Warne Marsh? C’est bien vous qui l’aviez recommandé pour enseigner un temps en Norvège?
Warne était l’un de mes saxophonistes préférés. On s’était rencontrés à Los Angeles. Puis, il est venu en Suède pour travailler avec Red Mitchell qui vivait en Suède depuis des années. J’avais rencontré Red dans l’orchestre de Don Ellis. Il me posait des questions sur la Suède, et il a fini par venir s’y installer. Red jouait régulièrement à Oslo. Quand j’étais à Stockholm, je jouais avec lui. On a même enregistré un album en duo, qui s’appelle But Three's A Crowd (1977). Et donc, quand Warne était à Stockholm, il venait à Oslo. Je lui ai proposé qu’on fasse un disque, et on a fait I Remember You (1980) avec Red. Warne et Red jouaient à merveille ensemble! Il y avait un conservatoire à Tornell qui s’intéressait au jazz. Je leur ai conseillé d’embaucher Warne. C’est ce qu’ils ont fait. Warne y a enseigné une saison, peut-être.
Avez-vous eu l’occasion de jouer avec Warne Marsh?
On n’en a pas vraiment eu l’occasion. Nous avons fait ce disque... Mais quand on l’écoute, on dirait qu’on se connaît bien. (Rires)
Quel souvenir gardez-vous de l’enregistrement de I Remember You?
Warne était venu à Oslo directement de New York. Je me souviens que, sitôt débarqué, il n’avait qu’une envie, aller au studio et jouer de la musique. Nous avons fait deux sessions.
Bengt Hallberg (p, 1932-2013) a beaucoup compté pour vous…
Nous avons beaucoup joué ensemble dans les années 1980. Puis, il a un peu disparu, il a eu des soucis personnels; il est revenu en 2012, et s’est mis à jouer en solo. Il m’a proposé de l’accompagner. On a joué ensemble deux ans environ, jusqu’à sa mort. C’est dans ces années que nous avons enregistré Cabin in the Sky. Bengt est une rencontre importante pour moi. C’était un musicien exceptionnel. Il pouvait jouer du jazz classique comme du moderne. Tout ce qu’il jouait, c’était toujours l’excellence. Dans le coffret de 6 CDs The Many Faces of Karin Krog, on peut entendre «At the Opera», un morceau inédit. C’est de l’improvisation libre. Ça vous montre à quel point il était moderne.
Ces derniers temps, vous jouez avec Scott Hamilton.
Jouer avec lui, c’est un plaisir. Il connaît toutes les chansons! Il est incroyable! Il ne doit pas y avoir une chanson qu’il n’ait pas déjà enregistrée! (Rires) On s’est rencontrés lors d’un hommage à Billie Holiday. Puis, nous avons fait un concert à Stockholm. Depuis, ça continue. Ça fait deux ans.
Avec quelles formations jouez-vous aujourd’hui?
Avec Scott. J’ai aussi un duo avec John Surman. Un trio avec des musiciens norvégiens, piano-basse-batterie, que j’appelle les Meantimes. Un autre, les In-Between Times, avec guitare et basse.
Vous préférez les petites formations?
C’est pour des raisons économiques. (Rires) C’est un métier difficile… J’aime bien chanter avec des big bands. J’avais fait un hommage à Michel Legrand. Un album qui s’appelait You Must Believe in Spring (1974) avec un orchestre d’une dizaine de musiciens, dont Niels et Philip Catherine. Le trompettiste danois Palle Mikkelborg avait fait les arrangements. C’était magnifique! *
CONTACT: www.karinkrog.no
DISCOGRAPHIE
Leader/coleader 45t 1963. Metropol Jazz, Harmoni 505-506 LP 1964. By Myself, Philips 631062 LP 1966. Public Ennemies, Sonet 9522/9525 LP 1966. Jazz moments, Sonet 1404 (CD Meantime Records 12) CD 1966. Jazz Jamboree '66, Polskie Radio 2061 (avec Mal Waldron, Jan Garbarek, Kurt Lindgren) 45t 1967. Karin Krog/Don Ellis, In Your Arms/Lady Night, Brave Records 100 (CD Jubilee, Verve 523 716-2) 45t 1967. Karin Krog/Don Ellis, Spring Affair/A Quiet Place, Brave Records 101 (CD Jubilee, Verve 523 716-2) LP 1967. Eleven around Karin, NDR Jazz Workshop ’67, NDR 67/599865 LP 1968. Joy, Sonet LP 1405 (CD Meantime Records 15) LP 1969. Blues Eyes/Break of Day in Molde, Sonet 9541 (CD Grappa 4219) LP 1969. Open Space/The DownBeat Poll Winners in Europe, MPS Records 15 259 (John Surman, Albert Mangelsdorff, Francy Boland, NHØP, Daniel Humair) LP 1969. Gittin' to Know y'All, MPS 15269 (2 titres, autres titres part d'autres) LP 1970-72-74. Different Days, Different Ways, Philips 202 LP 1970. Blues and Ballads/Some Other Spring, Sonet 1407 (CD Meantime Records 10) (avec Dexter Gordon) CD 1970. Two Sides of Karin Krog, BBC Radioplay Music 7565 (avec Dave Pike Group) CD 1972-79. European Trends, TCB Records 8730 LP 1973. Live at the Festival, Enja Records 2030 LP 1973-74-89. Gershwin With Krog, Polydor 2382 045 (CD Meantime Records 4) LP 1974. You Must Believe in Spring, Polydor 2382 044 (CD Meantime Records 5) LP 1974. We Could Be Flying, Polydor 2382 051 (CD Meantime Records 13) (avec Steve Kuhn) LP 1975. Jazz Jamboree 1975, Vol. 2, Muza 1340 LP 1976. Karin Krog/Archie shepp, Hi-Fly, Compendium/Fidardo 2 (CD Meantime Records 3) (avec Archie Shepp) LP 1976. As You Are/The Malmö Sessions, RCA 40015 (avec Nils Lindberg) LP 1977. A Song For You, Phontastic 7512 (LP Overseas Records KUX-59-V; CD Meantime Records 7) (avec Bengt Hallberg) LP 1977. But Three's a Crowd, Bluebell 106 (CD Meantime Records 7) (avec Red Mitchell) LP 1977-78. Cloud Nine Blue, Polydor 2382093 (CD Meantime Records 11) (avec John Surman) LP 1980. With Malice Towards None, Bluebell 115 (CD Meantime Records 7) (avec Nils Lindberg) LP 1980. I Remember You, Spotlite Records 22 (CD Meantime Records 8) (avec Warne Marsh et Red Mitchell) LP 1980. Live I Oslo Konserthus, Polydor 2382 115 (avec Sandvika Storband, Bjarne Nerem, Frode Thingnæs) LP 1982. Two of a Kind, Four Leaf 5063 (CD Meantime Records 1) (avec Bengt Hallberg)LP 1985-86. Freestyle, Odin 4017 (avec John Surman) CD 1989. Something Borrowed… Something New, Meantime Records 2 CD 1990. Jazz Vocal Summit, Kvark 6000 905/6 K7 1990. Dance Song (avec John Surman) CD 1994. Nordic quartet, ECM 1553 (avec John Surman) CD 1994. Dave Frishberg & Karin Krog, House Concert, Baybridge 20404 CD 1994. Det var en gang, Meantime Records 17 CD 1995. Huskonsert i Aurskog/music by Anders Heyerdahl, Meantime Records 6 CD 1996-2009. Folkways, Meantime Records 16 (avec John Surman) CD 1997-99. Bluesand, Meantime Records 9 (avec John Surman) CD 2000. Karin's Voyage, UCCM 4005 CD 2001. Where Flamingos Fly, Grappa 4189 (avec Jacob Young) LP 2002. Meaning of Love-Remix, Crippled Dick Hot Wax! 082 (avec Mathew Herbert) CD 2002. New York Moments, Enja Records 1277 (avec Steve Kuhn) CD 2002. Where You At?, Enja 9144-2 (avec Steve Kuhn) CD 2005. Seagull, Grappa 4219 (avec John Surman et Bergen Big Band) CD 2005. Together Again, Grappa 4247 (avec Steve Kuhn) CD 2007. Wildenvey I Ord Og Toner, Grappa 4249 (avec Liv Dommersnes et John Surman) CD 2011. Cabin in the Sky, Gazell 1112 (avec Bengt Hallberg) CD 2012. In a Rag Bag, Meantime Records 19 (avec Morten Gunnar Larsen) CD 2013. Songs about This and That, Meantime Records 20 (avec John Surman) CD 2014. Break of Day, Meantime Records 22/Muzak 1305 (avec Steve Kuhn) CD 2014. Infinite Paths, Meantime Records 23 (avec John Surman et Ben Surman) CD 2015. The Best Things in Life, Stunt Records 15192 (avec Scott Hamilton)
Compilations CD 1963-1999. Karin Krog, Don't Just Sing, Light in the Attic 129 CD 1964-2002. Karin Krog, Jubilee, Verve 523 716-2 CD 1967-2017. The Many Faces of Karin Krog, Recordings 1967-2017, Odin 9560 (6 CDs) CD 1968-1985. Karin Krog, Raindrops, Raindrops, Crippled Dick Hot Wax! 081
Sidewoman LP 1969. Baden Baden Free Jazz Meeting 1969, Sittin to know you, MPS 15068 LP 1970. European Jazz All Stars, Jazz Festival 70, Liberty 845 LP 1970. 12th German Jazz Festival, Born Free, Scout 11 LP 1970. Various artists, NDR Jazz Workshop 1970, NDR 654 094 LP 1971. New Jazz Ensemble 1971, New Jazz Meeting, Altena 1971, JG Records 28 LP 1972. Happy Reunion Jazzband, Happy Jazz, Karussell 2915 018 LP 1972. Various, European Trends, TCB Records 8730 LP 1973. Various, Popofoni, Sonet 1421/22 LP 1978. Rolf Jacobsen, Til jorden, Zarepta 34016 LP 1979. Kampen Janitsjarorkester, As time goes by, Sonet 1459 LP 1980. Per Borthen Swing Dept. Ltd., Swingin Arrival, Talent 4041 LP 1980. Sandvika Storband, Live i Oslo Konserthus, Polydor 2382 115 LP 1982. John Surman, Such winters of memory, ECM 1254 LP 1983. Jazzbühne Berlin '83, Amiga 856 035 LP 1984. Espen Rud, Hotelsuite, Odin 13 LP 1985. Per Husby Orchestra, Dedications, Hot Club 21 CD 1990. Bjørn Alterhaug, Constellations, Odin 4035 CD 1990. NDR Big Band, Bravissimo II, ACT 9259-2 CD 1992. P. A. Nilsson, Random Rhapsody, Random 5207 CD 1995. Per Husby Orchestra, If You Could See Me Now, Gemini 89 CD 1996. Various, Stories for friends, Network 26983 CD 1997. Various, Kvirre virre vitt, Sony 487 998-2 CD 1997. Dave Frishberg, Knäck mig en nöt, Gazell 1020 CD 1998. Various, Oslo Jazz Circle jubileumskonsert, Herman 4002 CD 2000. Tore Johansen, Man, Woman And Child, Gemini Records 105 CD 2004. Ophelia Orchestra, Sound & Smoke, PROV 04001 CD 2005. Tore Johansen, Like That, Gemini Records 121 CD 2006. Ravi, Ravi kjøper gitar, Sony 828768738429 CD 2010. Terje Gewelt, Azure, Resonant Music 22-2
VIDEOS
1964. At Molde Jazz Festival, Live 2'10'' https://www.youtube.com/watch?v=9H5qy6-pQd4 1964. Karin Krog, «By Myself» https://www.youtube.com/watch?v=mShGG01nP7M
1968. Avec Kenny Drew, NHOP, Jan Garbarek,... Live 18'58'' https://www.youtube.com/watch?v=VMYfBacTQ2k 1968. Karin Krog, «Mr. Joy» https://www.youtube.com/watch?v=qz57W89y-xo
1969. At NRK (Radio Norvège) «Lyset Flommer overalt» (Light My Fire), 17 mai 1969 Live 3'01'' https://www.youtube.com/watch?v=r34K-SxTtco
1969. At NRK (Radio Norvège), Karin Krog & Red Mitchell, Live 17'48'' https://www.youtube.com/watch?v=MqKsmBd83e0
1970. Karin Krog & Dexter Gordon, «Jelly Jelly» https://www.youtube.com/watch?v=Soh0FO1WkjA
1974. Karin Krog & Steve Kuhn, The Meaning of Love » https://www.youtube.com/watch?v=Ry3aUHyu_L4
1976. Karin Krog & Archie Shepp, «Hi-Fly» https://www.youtube.com/watch?v=9yzrWbSnPwM
1976. Karin Krogh & NHØP, «Here’s That Rainy Day», Kristianstad Jazzfestival, Suède https://www.youtube.com/watch?v=DnN176L2EiQ
1976. Karin Krog & John Surman, «Cloud Line Blue» https://www.youtube.com/watch?v=3u_tgNtfXDY
1977. Karin Krog & Bengt Hallberg, «Stardust» https://www.youtube.com/watch?v=xfLdr4EgE30
1980. Karin Krog, Warne Marsh & Red Mitchell, «I Remember You» https://www.youtube.com/watch?v=YuA6MQaM7aM
2014. At Jazzbasillen Jazzfestival, Henie Onstad Kunstsenter, avec John Surman, «The Wild Bird» , 24 octobre 2014, Live 2'34'' https://www.youtube.com/watch?v=csmoyKOcX94 2015. Karin Krog Documentary - Clip 1, Live 4'04'' https://www.youtube.com/watch?v=VL6hkACiwZM
2015. Karin Krog Documentary - Clip 2, Live 4'23'' https://www.youtube.com/watch?v=r1LG9yohCHw
2015. Karin Krog & Scott Hamilton, «How Am I to Know» https://www.youtube.com/watch?v=rmlNQBQI3dY
2015. Copenhagen Jazz Festival, Live 13'57'' Karin Krog (voc), Jan Lundgren (p), Hans Backenroth (b), Jacob Fisher (g), Kristian Leth (dm), Scott Hamilton (ts) https://www.youtube.com/watch?v=o-77-4CYzyk
2016. Au Vestnorsk Jazzsenter, 25 Års Jubileums konsert for Bergen Big Band, Live 3'20'' https://www.youtube.com/watch?v=opBDu9Jbwxc
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