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Norma Winstone. at Purcell Room, 15 November 2003 © David Sinclair
Norma Winstone, at Purcell Room, 15 November 2003 © David Sinclair

Norma WINSTONE

A Timeless Place

2017. Norma Winstone, Descansado, ECM

Donner une tonalité nouvelle, amplifier une tradition en n'écartant aucune possibilité, du côté de l’avant-garde, du jazz ou de la musique classique, tel est le défi que s'est imposé, très tôt dans l'histoire des musiques improvisées européennes, Norma Winstone. Dès ses débuts, la chanteuse britannique (née le 23 septembre 1941, à Londres) s’est intéressée aussi bien à la poésie qu’aux standards et à l’improvisation libre, assistant aux débuts de la scène free jazz anglaise, l'une des plus précoces et des plus riches, aux côtés de musiciens qui, comme elle, développaient une expression très originale: Michael Garrick, John Surman, Kenny Wheeler, John Taylor parmi beaucoup d'autres. Avec ces deux derniers, elle a formé le trio Azimuth en 1977. Leur premier album Azimuth (ECM) est le pionnier d’un jazz de chambre, une sorte de matrice pour le label en terme d’atmosphère et de son. C’est le point de départ d’une aventure musicale qui va durer une trentaine d’années et l’affirmation du lien indéfectible qui unit ces improvisateurs. Selon les enregistrements et les concerts, on les retrouve en duo et dans le big band du trompettiste canadien décédé en 2014.
En 2002, une nouvelle aventure débute pour Norma Winstone. Elle est invitée par le pianiste italien Glauco Venier et le saxophoniste-clarinettiste basse allemand Klaus Gesing à rejoindre leur formation. Depuis, le trio a enregistré cinq albums, le dernier, Descansado: Songs for Films, est sorti en janvier 2018 chez ECM. Mais si la chanteuse n’a pas son pareil pour aller à l’essence même d’une mélodie, elle manie les mots de façon tout aussi subtile et poétique lorsqu’elle écrit des paroles pour des thèmes de Jimmy Rowles, Ralph Towner, Kenny Wheeler, Steve Swallow et Fred Hersch…

Propos recueillis par Mathieu Perez
Photos David Sinclair


© Jazz Hot n°684, été 2018


Jazz Hot: Depuis quand écrivez-vous des paroles?

Norma Winstone: Depuis qu’on me l’a demandé! (Rires) Kenny Wheeler m’a proposé un jour d’écrire des paroles pour une composition qu’il allait enregistrer. Les compositions de Kenny sont complexes, avec des phrases musicales longues. Il est toujours difficile d’y faire tenir des phrases entières. (Rires) Ça a commencé comme ça. Puis, j’ai cherché des thèmes nouveaux. J’en avais entendu de magnifiques de Ralph Towner, d’Egberto Gismonti, mais ne connaissant aucun parolier, je m’y suis collée. C’était pour étendre mon répertoire. Et ça m’a passionnée.

Il y a une vraie poétique dans vos textes. Lisez-vous de la poésie?

J’aime la poésie. A l’école, j’aimais déjà beaucoup ça.

Comment vous y prenez-vous pour écrire des paroles?

La musique doit être l’inspiration première. Tout ce que je fais, c’est d’essayer de trouver les mots qui sont déjà quelque part dans une composition. J’écoute, je réécoute un thème et des mots me viennent, s’agencent avec la phrase musicale qui m’occupe. Parfois, je sais exactement où je me dirige. Parfois, c’est plus impressionniste. Il n’y a pas souvent d’histoires dans mes textes. Mais je reste le plus près possible de la mélodie. Il arrive que les paroles éloignent de la musique, la détruisent même.

1999. Fred Hersch-Norma Winstone-Kenny Wheeler-Paul Clarvis, 4 in Perpective, Village Life
«Norma a tout compris»: c’est en ces termes que Fred Hersch nous parlait de vous dans son interview (cf. Jazz Hot n°679).


Fred est très méticuleux. Et il a raison de l’être. Qu’il accepte les paroles que j’ai écrites pour lui, c’est gratifiant.

Comment est née cette collaboration?

Fred allait venir en Angleterre pour des concerts. Son agent lui avait suggéré d’étoffer sa formation pour changer un peu de la routine. On m’a alors appelée pour jouer avec lui. Il y avait aussi Kenny Wheeler. Je connaissais le travail de Fred, j’avais certains de ses albums. Je me suis dit que je pourrais peut-être écrire des paroles pour un ou deux thèmes. C’est ce que j’ai fait. Je lui ai montré le résultat pendant les répétitions. Ça lui a plu. Puis, il est revenu en Angleterre pour une autre tournée. Et j’ai écrit des paroles pour d’autres thèmes. J’ai fini par avoir un vrai répertoire de chansons à lui. Un jour, il m’a proposé d’enregistrer un album.

2003. Fred  Hersch-Norma Winstone, Songs & Lullabies, Enodoc
Pour l’album Songs and Lullabies (2002), les paroles des chansons étaient déjà faites?


Non, Fred m’envoyait des thèmes qu’il venait de finir. Pendant la session d’enregistrement, il a demandé à Gary Burton de jouer sur quelques titres.

Vous dites que Fred Hersch était méticuleux. Vous voulez dire sur le choix des mots?

Oui, on passait beaucoup de temps à tout relire. Ce travail l’intéressait beaucoup. J’aime cette façon de faire. Ce n’est pas toujours le cas. Pour Fred, il est très important que chaque mot soit le bon.

L’une de vos premières expériences en tant que parolière est «The Peacocks» de Jimmy Rowles. Comment cela s’est-il passé? Et comment avez-vous découvert ce thème au départ?

J’ai d’abord entendu Bill Evans jouer ce thème. J’en étais dingue! Là encore, j’ai juste essayé d’écrire des paroles... Je ne connaissais pas du tout Jimmy Rowles. Peu de temps après, j’ai eu l’occasion d’enregistrer avec le NDR de Hanovre. Le pianiste Steve Gray faisait les arrangements. Je lui ai proposé «The Peacocks». J’ai toujours pensé que ce thème fonctionnerait à merveille avec des instruments à vent. Mais Steve ne voulait pas l’arranger avant que j’aie achevé les paroles. Je me suis mise au travail. Et j’ai pensé que je devais les envoyer à Jimmy Rowles. Je l’ai fait. Aucun retour. Il ne les avait peut-être jamais reçues? J’ai trouvé son numéro de téléphone, et je lui ai passé un coup de fil. Il m’a dit qu’il n’avait rien reçu, qu’il était souffrant, que quelqu’un avait sans doute jeté ma K7 à la poubelle par erreur. Je les lui ai donc renvoyées. Et puis, il m’a rappelée et m’a dit qu’il adorait mes paroles, mais il y avait un problème. Quelqu’un avait déjà enregistré des paroles pour «The Peacocks»... Peu de temps après, on s’est reparlé. Il avait rencontré l’avocat de Johnny Mercer qui lui conseillait de changer le titre du thème. Tout simplement! C’est ce qu’on a fait. C’est devenu «A Timeless Place». Jimmy m’a alors demandé avec qui j’allais enregistrer le thème. Lui, bien sûr! Mais, il n’était pas sûr de pouvoir. Il était souffrant... J’ai eu l’occasion d’aller à Los Angeles. Je l’ai vu. Il avait de vrais problèmes de santé, il se déplaçait avec une bouteille d'oxygène, des tubes dans le nez. Il avait de l’emphysème. Ça a dû être très pénible pour lui de faire cette session d’enregistrement... Mais il l’a faite! C’était magnifique!


Norma Winstone, at Queen Elizabeth Hall, 14 January 2005 © David Sinclair
Norma Winstone, at Queen Elizabeth Hall, 14 January 2005 © David Sinclair

C’est la seule fois où vous l’avez rencontré et avez joué avec lui?

Oui, c’était juste pour cet album. (Rires) Après ça, on se parlait régulièrement au téléphone. Jimmy était un homme charmant et un pianiste exceptionnel.

Qu’est-ce qui donne envie d’écrire des paroles pour un thème?

Quand j’écoute un thème, il faut que je ressente quelque chose... quelque chose qui spontanément me fasse chercher les mots qui pourraient aller avec ce thème. Parfois, le titre donne le début, comme «The Peacocks» (les paons). Une fois, j’ai joué dans un jardin qui aurait pu accueillir des paons. Je me suis souvenue de tout ça; j’ai vu une maison... je me suis alors mise à décrire ses fenêtres, ce jardin, je me suis demandée à quoi pouvait ressembler son propriétaire; un aristocrate peut-être? Qui ressemble même à un paon? Et sa femme, à quoi ressemble-t-elle? Je passe par une sorte de rêverie et je réécoute la musique.

Kenny Wheeler est-il le compositeur pour lequel vous avez écrit le plus de paroles?

J’ai écrit pas mal pour Kenny Wheeler… Beaucoup pour Fred Hersch et beaucoup pour Steve Swallow. Mais ces chansons-là n’ont jamais été enregistrées, sauf «Ladies in Mercedes», bien sûr. Il faut vraiment que je les enregistre! (Rires)

Avez-vous interprété les chansons de Steve Swallow avec lui?

Nous avons fait plusieurs concerts ensemble à Londres en 2005. Ses thèmes, mes paroles.

2012, Kenny Wheeler-Norma Winstone, London Vocal Project, Mirrors, Edition
En juin 2012, vous avez participé à un projet étonnant qui a donné l’album Mirrors. Vous interprétiez les poèmes de Stevie Smith, de W.B. Yeats, de Lewis Carroll, avec le sextet de Kenny Wheeler accompagné du London Vocal Project (24 choristes). Comment le choix de ces poètes s’est-il fait?


J’avais proposé à Kenny les poèmes de Steve Smith. Lewis Carroll ne pouvait que plaire à Kenny. Il adorait les jeux sur le langage. Voyez les titres qu’il choisissait pour ses compos, «Deer Wan», «Gnu High». C’est toujours très mystérieux! (Rires)

Avez-vous eu d’autres expériences avec des chœurs?

Après ça, j’ai chanté une fois avec un chœur au Canada, avec Kenny. Mais je n’ai pas souvent chanté dans ce contexte. Ce que Pete Churchill a fait avec le Vocal Project est formidable!

Avec le London Vocal Project, vous avez aussi participé à Miles Ahead, la version vocalese1 de l’album de Miles Davis que Jon Hendricks avait commencée à la fin des années 1960.

Pete a passé plusieurs années sur ce projet. Il a convaincu Jon Hendricks de terminer les paroles de ce projet fou. Puis, Pete a fait tous les arrangements. Nous l’avons créé en mai 2017 à Kings Place, Londres. Avec Michele Hendricks et Kevin Fitzgerald Burke, nous étions le trio vocal. C’était une très belle soirée. Avant cela, il y avait eu une création à New York. Jon Hendricks était venu assister au spectacle. C’était incroyable!

Quel rapport entretenez-vous avec le vocalese?

Le vocalese ne m’a jamais vraiment intéressée. Mais j’ai dû en faire pour Miles Ahead. Chanter ainsi les solos de Miles, c’était un défi passionnant.

Quels sont les chanteurs et les chanteuses qui vous ont marquée à l’adolescence?

J’adorais Frank Sinatra, Lena Horne, Ella Fitzgerald. Puis, j’ai découvert Carmen McRae… et puis Dave Brubeck, Miles Davis. A l’époque, on ne pouvait étudier le jazz nulle part. Il n’y avait pas d’écoles spécialisées comme aujourd’hui. Il fallait écouter très attentivement. Je me suis formée comme ça, en écoutant la musique que j’aimais. Quand j’ai rencontré Kenny Wheeler et John Taylor, avec eux, les influences convergeaient, le jazz américain et la musique classique que j’aimais, notamment les compositeurs français, Ravel, Debussy...

Comment avez-vous abordé la scène jazz de Londres?

Au début, j’allais dans les pubs écouter des trios et, à ceux que j’aimais bien, je demandais à faire le bœuf. J’ai rencontré John Taylor comme ça. Puis, un jour, on s’est retrouvé pour un gig. Il y avait alors beaucoup de pubs à Londres. C’est là qu’on apprenait. (Rires)


Norma Winstone, at Vortex, 5 December 2002 © David Sinclair
Norma Winstone, at Vortex, 5 December 2002 © David Sinclair

Fréquentiez-vous un club comme le Ronnie Scott’s? Quel jazz vous intéressait alors?

Au Ronnie Scott’s, j’avais vu des musiciens américains, Dexter Gordon, etc., mais pas beaucoup de chanteurs. Le jazz vocal m’intéressait moins que le jazz instrumental. A la fin des années 1960 et au début des années 1970, il y avait un petit groupe de musiciens qui gravitaient autour de Londres, chacun composant sa propre musique. Je veux parler de Mike Westbrook, John Surman, John Taylor, Kenny Wheeler...

Où se retrouvaient ces musiciens?

Il y avait le Little Theatre Club, à Soho. C’est là que le free a commencé. J’y ai rencontré John Stevens (dm) avant qu’il ne joue free. D’ailleurs, c’est John qui m’a recommandée au Ronnie Scott’s. Puis, il a découvert le free et, à partir de là, il ne voulait plus jouer que free. Il m’a invitée à venir à ses sessions musicales. On se retrouvait tous les samedis matin, je ne sais plus où. Il y avait Kenny Wheeler... Beaucoup de musiciens avaient leur propre lieu. Ça n’a duré qu’un temps... Il y avait aussi les gigs dans les universités.

Quel a été l’impact du free jazz dans le développement de votre expression?

Je me suis rendu compte dans ces sessions free à quel point les musiciens s’écoutaient jouer entre eux et comment chacun essayait de contribuer à l’ensemble avec ses propres idées musicales. Dans ces situations, on apprend beaucoup sur soi et à écouter les autres. Puis, après un temps, j’en ai eu assez. L’harmonie, le tempo m’intéressaient davantage. Mais j’ai gardé des éléments free que j’utilise avec mon trio actuel.

L’idée que la voix est un son, et qu’elle peut être utilisée comme un instrument de musique, vous est-elle venue dans ce contexte?

Pas vraiment. La première fois que j’ai entendu Kind of Blue, je me suis demandée si une voix humaine pouvait être impliquée dans cette musique aussi intensément que les instrumentistes. Je n’avais pas la moindre idée si cela signifiait chanter avec ou sans mots, et même si on pouvait y parvenir. Plus tard, j’ai rencontré le trompettiste Ian Carr. Grâce à lui, j’ai connu son pianiste, Michael Garrick. Nous avons fait le bœuf ensemble, j’ai chanté ses compos’ sans paroles. Puis, il m’a proposé de rejoindre sa formation pour remplacer le saxophoniste qui quittait le groupe. C’était une idée magnifique! Je chantais donc la section saxophone, parfois avec des mots. Puis, Kenny Wheeler m’a demandé de faire partie de son big band. 

Votre place dans la formation de Kenny Wheeler était-elle la même que dans celle de Michael Garrick?

Oui, au départ, Kenny a arrangé un standard pour moi. La fois suivante, j’avais une partition pour instrument. Je me suis rendu compte que j’adorais me fondre avec les instruments. En un sens, j’ai fini par faire ce que j’avais imaginé en entendant la musique de Miles Davis.

Quels étaient vos rapports avec les musiciens dans ce contexte?

Les musiciens m’ont toujours encouragée. Je n’ai jamais eu le moindre différend avec un musicien.

D’autres chanteuses ont-elles eu cette même approche?

Non... Il y avait Maggie Nichols. Mais quand je l’ai rencontrée, je m’intéressais moins au free. Ce n’est que bien plus tard que j’ai rencontré Jay Clayton. Il n’y avait personne qui faisait vraiment ce que je faisais. Et ce que je faisais n’était pas du goût du public. (Rires). Mais j’ai continué à faire ce que j’aimais.

Depuis le début des années 1990, vous faites partie du Vocal Summit avec Jay Clayton, Urszula Dudziak et Michele Hendricks…

Bobby McFerrin et Jay Clayton faisaient un workshop. Puis, Bobby a fait «Don’t Worry, Be Happy» et sa carrière a explosé. Jay m’a invitée à la rejoindre. Puis, Michele Hendricks est venue. Nous avons fait trois ou quatre concerts en 2017. C’est une expérience très intéressante, il y a beaucoup de liberté.

Vous avez dit que, pendant longtemps, vous avez eu beaucoup de mal à vous entendre enregistrée. Qu’est-ce qui a changé ce rapport à votre voix?

Tout a changé à partir du moment où j’ai été bien enregistrée. Ça s’est passé avec l’album Azimuth chez ECM, vers 1977. Une fois que vous avez le bon son dans la tête, les choses deviennent plus faciles. Avec Azimuth, j’ai trouvé un temps, un espace, une liberté que j’aimais. Jouer avec Kenny, c’était si inspirant, et c’était l’occasion de l’écouter jouer avec ce son qui n’appartenait qu’à lui, et d’essayer de me fondre dans sa musique.

1977. Azimuth, ECM

Le groupe Azimuth, au départ, était un duo composé de vous et John Taylor, c’est bien cela?


John et moi cherchions à nous faire enregistrer par un label. C’était très difficile. Mais, à l’époque, on pouvait encore décrocher un rendez-vous avec Manfred Eicher. (Rires) Manfred connaissait John parce que Kenny lui en avait parlé. C’est ainsi qu’on a fait un premier album chez ECM. La veille de l’enregistrement, en jouant sur le synthétiseur qu’il venait d’acheter, le Synthi AKS, il avait trouvé une mélodie et m’avait demandé d’improviser dessus. Quand Manfred a entendu ça, il a dit qu’il voyait bien un bugle pour nous accompagner. Il a proposé que Kenny se joigne à nous. Nous étions emballés par cette idée, bien sûr! Le thème de John n’avait pas encore de titre. Manfred trouvait que ça tournait autour de la notion de direction. John a pris un dictionnaire, a regardé le mot «direction» et a vu que «azimuth» était donné comme synonyme. On en a parlé à Manfred, et il a tout de suite proposé qu’on appelle l’album
et même le groupe «Azimuth». Voilà comment Azimuth est né! (Rires)

Vous  étiez déjà
tous les trois très complices…

Je jouais avec John depuis des années. J’avais fait de la musique free avec Kenny. Kenny connaissait John, jouait dans son sextet… On se connaissait bien. Jouer avec eux, c’était très fort. J’adorais la liberté de Kenny, son imagination.

A cette époque, Kenny Wheeler jouait avec Anthony Braxton, et John Taylor s’était rapproché des musiciens de l’AACM2. Comment cela a-t-il nourri Azimuth?

Qui sait? Tant de choses nous marquent sans qu’on s’en aperçoive! La musique d’Anthony Braxton ne m’a jamais passionnée. Mais le plus intéressant avec l’AACM, c’était que ces musiciens nous faisaient entendre autre chose que ce qu’on disait être du jazz. Beaucoup de critiques de jazz ont dit à propos de Azimuth que ce n’est pas vraiment du jazz. Ce qui n’a pas de sens! Nous venons tous du jazz, nous pratiquons l’improvisation. Mais ce que nous faisons n’a pas la forme du jazz américain; c’est plus européen, plus proche de la musique classique. Et Azimuth joue des compositions originales, celles de John, de Kenny. Il m’est arrivé d’écrire des paroles sur leurs compos. Souvent, cette musique se passe de mots, car l’essentiel est dans le son des instruments.

Pourquoi était-il important pour vous d’enregistrer l’album Like Song, Like Weather (1998) en duo avec John Taylor?

Avec John, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de thèmes qu’on jouait ensemble n’avaient jamais été enregistrés. On voulait les documenter.

Cela fait 17 ans que vous jouez en trio avec Glauco Venier (p) et Klaus Gesing (bcl, ss). Comment est née cette formation?

Glauco et Klaus m’ont invitée à me joindre à eux. Ils jouaient déjà en duo, et formidablement bien. Ils avaient leur son, une approche musicale personnelle. Ils adoraient tout ce qu’avait fait Azimuth. Pour notre première collaboration, je leur ai apporté des thèmes que je chantais. Je me suis rendu compte qu’ils étaient vraiment d’excellents musiciens, et qu’ils voulaient aller plus loin, expérimenter davantage. Sur les albums qu’on a faits, la solidarité qu’il y a entre nous est palpable. Dans les concerts, on étire les thèmes beaucoup plus.

Comment a évolué le trio?

On n’a pas besoin de parler de ceci ou de cela. On est sur la même longueur d’onde.

Ces derniers temps, on vous retrouve en duo avec la pianiste Nikki Iles et aussi avec sa formation les Printmakers (Mike Walker, g, Mark Lockheart, ts, Steve Watts, b, James Maddren, dm).

Oui, Nikki et moi jouons en duo, en trio aussi avec Mark Lockheart, le saxophoniste des Printmakers, et avec les Printmakers. Tout m’intéresse dans la musique!


1. Paroles chantées à l'imitation des chorus instrumentaux, une forme de synthèse entre le scat et le chant avec paroles. Eddie Jefferson (1918-1979) en fut l’un des artisans majeurs, sans doute le plus marquant avec Jon Hendricks (1921-2017).
2. AACM: Association for the Advancement of Creative Musicians, une association à caractère coopératif créée en 1965 à Chicago, par Muhal Richard Abrams,
Jodie Christian, Phil Cohran, Malachi Favors, Steve McCall pour aider les musiciens autant sur le plan professionnel administratif ou promotionnel qu’artistique. Anthony Braxton rejoint l'AACM en 1968. Cf. Jazz Hot n°356-57, 1978.

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CONTACT: www.normawinstone.com

DISCOGRAPHIE
Leader/coleader

CD 1971. Edge of Time, Dusk Fire 108

CD 1984. Live at Roccella Jonica, Splasc(H) Records 508

CD 1986. Somewhere Called Home, ECM 1337/831107-2

CD 1989. M.A.P., L+R Records 45021 (avec John Wolf Brennan et Urs Leimgruber)

CD 1990. Vocal Summit, Live at Willisau, Conference of the Bird, ITM Pacific 970070 (avec Jay Clayton, Urszula Dudziak, Michele Hendricks)

CD 1993. Far to Go, Grappa Records 4056

CD 1995. Well Kept Secret, Enodoc 003

CD 1997. Siren’s Song,
Justin Time Records 8465-2
CD 1997. La Voce, JARO 4208-02

CD 1998. Manhattan in the Rain, Enodoc 001

CD 1999. Like Song, Like Weather, Enodoc 002 (avec John Taylor)

CD 1999. In Concert, ENO 1 (avec John Taylor)

CD 1999. 4 In Perspective, Village Life 00909VL (avec Fred Hersch, Kenny Wheeler, Paul Clarvis)

CD 2000. One More Time, A-Records 73202 (avec Kenny Wheeler et UMO Jazz Orchestra)

CD 2002. Now and Now Again, Justin Time Records 8491-2 (avec Kenny Wheeler, John Taylor, Maritime Jazz Orchestra)

CD 2003. Chamber Music, Universal U986 596-0

CD 2003. Songs and Lullabies, Enodoc 004 (avec Fred Hersch)

CD 2006. It’s Later Than You Think, Rent a Dog ‎2009-2 (avec NDR Big Band)

CD 2008. Distances, ECM 2028

CD 2010. Stories Yet to Tell, ECM 2158

CD 2011. Here’s a Song for You (avec Mike Gibbs et NDR Big Band), Fuzzy Moon Records ‎005

CD 2013. Kenny Wheeler-Norma Winstone,
London Vocal Project/Mirrors, Edition 1038
CD 2014. Dance Without Answer, ECM 2333

CD 2017. Descansado: Songs for Films, ECM 2567-578 6989

1971. Norma Winstone, Edge of Time, Dusk Fire1984. Wheeler, Taylor, Winstone, Live at Roccella Jonica, Splasc(H)1986. Norma Winstone, Somewhere Called Home, ECM1993. Norma Winstone, Far to Go, Grappa











1997. Kenny Wheeler-Norma Winstone-John Taylor, Siren's Song, Justin Time2002. Kenny Wheeler-John Taylor-Norma Winstone, Now and Now Again, Justin Time2010. Norma Winstone, Stories Yet to Tell, ECM2014. Norma Winstone, Dance Without Answer, ECM






Azimuth (Kenny Wheeler, John Taylor, Norma Winstone)
CD 1977. Azimuth, ECM 1099
CD 1978. The Touchstone, ECM 3 1546-48 (LP ECM 1130)
CD 1979. Départ, ECM 3 1546-48 (LP ECM 1163) (Invité Ralph Towner)
CD 1985. Azimuth '85, ECM 3 1546-48 (LP ECM 1298)
CD 1994. How It Was Then… Never Again, ECM 1298/523 820-2

1977. Azimuth, ECM1994, Azimuth, How it Was Then… Never Again, ECM,







Sidewoman
CD 1969. Spontaneous Music Ensemble, Oliv & Familie, Emanem 5033
LP  1969. Joe Harriott, Amancio D'Silva Quartet, Hum Dono, Columbia 6354
LP  1970. Michael Garrick, The Heart Is a Lotus, Argo 135
LP  1970. Mike Westbrook, Love Songs, Deram 1069
CD 1971. Mike Westbrook, Metropolis, Beat Goes On 454
LP  1971. Spontaneus Music Ensemble, Life, View Records VS 0015
CD 1972. Paul Rutherford & Iskra 1912, Sequences 72 & 73, Emanem 4018
CD 1973. Kenny Wheeler, Song for Someone, PSI 0401
LP  1973. Ian Carr with Nucleus, Labyrinth, Vertigo ‎6360 091
LP  1973, Michael Garrick, Troppo, Argo 163
LP  1973. Heads Hands & Feet, Old Soldiers Never Die, Atlantic  40465
LP  1974. Michael Garrick, Troppo, Argo 163
LP  1975. Will Power, A Shakespeare Birthday Celebration in Music, Argo 164/5
LP  1978. Chris Hinze Combination, Bamboo Magic, Atlantic 19185
LP/CD 1979. Eberhard Weber, Fluid Rustle, ECM 1137
LP  1979. Laurie Holloway, Cumulus, Hobo 503
LP  1979. Neil Ardley, Harmony of the Spheres, Decca 133
LP  1984. Christy Doran, 01.05.1984, Plainisphare 1267-18
CD 1990. Kenny Wheeler, Music for Large and Small Ensembles, ECM 1415/16 843 152-2
CD 1992. Karsten Houmark, Follow Me Follow You, Stunt Records 19202
CD 1993. John Stevens Works, S.M.E. Big Band & Quintet, Konnex Records 5045
CD 1993. Phil Minton / Veryan Weston, Songs from a Prison Diary, Leo Records 196
CD 1995. Erwin Vann, Worlds, J.A.S.
CD 1998. Dickwalter & Jazzcraftensemble, Secretmoves, ASC Records 29
CD 1999. Colin Towns' Mask Symphonic, Dreaming Man with Blue Suede Shoes, Provocateur Records 1017
CD 1999. Roberto Dani, Images, Splasc(H) Records 807.2
CD 2000. Thierry Péala, Inner Traces - A Kenny Wheeler Songbook, Naive 226102
CD 2004. Eberhard Weber, Selected Recordings, ECM
CD 2007. Chris Laurence, New View, Basho 18-2
CD 2010. Gerardo Frisina, Join the dance, Schema ‎452
CD 2015. The Printmakers, Westerly, Basho Records 46-2
CD 2017. University of Toronto Jazz Orchestra, Sweet Ruby Suite


VIDEOS

1974. Michael Garrick, «Troppo»
https://www.youtube.com/watch?v=6zEZiQZiLRY

1979. Azimuth avec Ralph Towner, «The Longest Day»
https://www.youtube.com/watch?v=GHx5oz0fjnA

1995. Norma Winstone, «A Timeless Place»
https://www.youtube.com/watch?v=i6seXOCwrlc

1997. Kenny Wheeler, Norma Winstone, John Taylor with the Maritime Jazz Orchestra, «Winter Sweet»
https://www.youtube.com/watch?v=xXDFUAvHvmM   

1999. Norma Winstone & John Taylor, «Ladies in Mercedes»
https://www.youtube.com/watch?v=Xl9aLz8DEBI

2003. Norma Winstone & Fred Hersch, «A Wish»
https://www.youtube.com/watch?v=9R9lPk2Gkg0

2008. March, Norma Winstone, Lee Gibson at jazz course gala night at the Hythe Imperial Hotel

2008. Orchestra Jazz della Sardegna meets Norma Winstone, Sassari-Teatro Civico, Scrivere in Jazz
«Old Devil Moon» (Lane/Harburg) arranged by Steve Gray

2012. Norma Winstone, Klaus Gesing, Glauco Venier at Jazzfest Bonn: Kunst und Ausstellungshalle, «Giant's Gentle Stride»

2012. Feb., Norma Winstone, Klaus Gesing, Glauco Venier at the Musical Hermitage Festival

2012. March, Norma Winstone et Bill Carrothers at Dolans in Limerick «A Timeless Place» (Jimmy Rowles)

2012. Avril, Orchestra Jazz della Sardegna Meets Norma Winstone, Sassari-Teatro Verdi, Scrivere in Jazz «It's Later Than You Think», «Big Yellow Taxi» (Joni Mitchell), Colin Towns conductor, arranger 

2013. Kenny Wheeler, Norma Winstone & London Vocal Project, «Tweedledum»
https://www.youtube.com/watch?v=K0n6XXfEJEY

2013. Norma Winstone Trio, «Dance Without Answer»
https://www.youtube.com/watch?v=vrMB_phpyuU

2014. December, Tribute to Kenny Wheeler, New Morning, Norma Winstone, Bruno Angelini, Michel Benita, Steve Arguelles, «Sea Lady»

2016. Winstone's 75th birthday concert, EFG London Jazz Festival, Royal Academy of Music
«Life in the Modern World» (Ivan Lins/Brock Walsh, arr. Steve Gray), with Glauco Venier, Klaus Gesing 
«House of Reflections» (comp, arr.Vince Mendoza)

2016. Juillet, Norma Winstone & Ralph Towner at Ravello Festival, «Beneath an Evening Sky»

Norma Winstone, Tommy Halferty & the Bill Carrothers Trio: «Everybody's Song But My Own» (Kenny Wheeler), Kevin Barry Room, National Concert Hall, Dublin

In Conversation with Norma Winstone at If Music Records, London

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