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La venue du Roi d’Angleterre et du souverain pontife, aka le Pape, a redonné à la France des allures nostalgiques de «fille aînée de l’Eglise» et de royauté présidentielle qu’elle est de fait, avec un Emmanuel Ier se pavanant sur tous les tapis rouges en hôte Louis quatorzien à Versailles, ou en Napoléon-le-petit au Stade-Vélodrome de Marseille. L’hypocrisie de ces pouvoirs réunis en France en ce triste vendredi 22 septembre 2023 était au centre de ce grand théâtre de boulevard où le faste le plus monarchique côtoyait avec indécence et mauvais goût les appels aux dons pour les restos du cœur, les bons vœux sur l’écologie, les discours sur la pauvreté et la tragédie des migrants, ceux qu’on n’accueille pas alors qu’on pille leur continent consciencieusement, à la différence des Ukrainiens, dans une guerre où l’on soutient avec des armes et des milliards des néo-nazis, et alors qu’on poursuit une politique post-coloniale de pillage en Afrique, entre autres théâtres des armées. Molière était à Marseille, incarné –la providence, sans doute en ce vendredi «mal saint»– par Saïd (sans précision du nom, rapporté par le quotidien La Provence en ligne du 23 septembre*), SDF instrumentalisé à la rencontre papale: «En 2000, j’ai déjà rencontré Jean Paul II au cours d’un voyage de 50 SDF à Rome. J’espère que le troisième me fera un chèque!» Le naturel de Saïd, intuitif, loin de la remarque du journaliste («il plaisantait») nous ramène, dans une réplique digne de Molière, à la dure réalité que le Paradis est toujours pour demain pour ceux qui souffrent. Georges Brassens qui prophétisait: «Il y a peu de chances qu'on détrône le Roi des cons», disait aussi: «Le 22 septembre, aujourd'hui, je m'en fous.» * https://www.laprovence.com/article/societe/4657125554300715/le-pape-a-la-rencontre-des-pauvres-ce-samedi-matin-cest-un-geste-prophetique-de-vivre-en-freres
Yves Sportis Directeur de la publication © Jazz Hot 2023
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