90 ANS DE JAZZ HOT OH, HAPPY BIRTHDAY !
 Jazz Hot n°1, Mars 1935, Couverture par Charles Delaunay
Pour ses 90 ans, Jazz Hot a décidé d'offrir aux lecteurs et aux générations futures –aux Martiens à défaut– au-delà de ses articles (interviews, biographies, discographies, vidéographies, histoire), une palette d’outils issue de l’IH (intelligence humaine) générative! Si les humains commencent à comprendre depuis peu de temps que la nourriture naturelle non transformée est moins toxique que la nourriture artificielle issue des laboratoires (et ce n’est pas gagné), ils n’ont pas encore compris que l’intelligence humaine, depuis Socrate jusqu’au jazz, en passant par l’Encyclopédie des Lumières, est la seule génératrice d’intelligence nouvelle et de démocratie. Le postulat étant, d’après nous, que la démocratie est préférable, pour les humains, le jazz et l’art.

Affiche du concert inaugural de la revue Jazz Hot, Coleman Hawkins (dessin Charles Delaunay), 23 février 1935, avec Arthur Briggs et son orchestre et Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France Le 23 février 1935, Jazz Hot, la première revue ne portant que sur l'essence artistique et populaire du jazz, naissait à Paris. D’autres revues existaient et existent sur ses aspects commerciaux, instrumentaux, techniques, mais les fondations et les développements sur le jazz en tant qu’art original afro-américain portent la marque de Jazz Hot. Au cœur de ces années 1930, dans une période de fièvres racistes liées aux volontés de pouvoir taylorisé (couleur, classe sociale, religion, sexe, prédations diverses) s’opposant de manière frontale à l’universalisme des Lumières porté par 1789 et à un siècle et demi de révolutions populaires, le jazz est venu déverser ses spirits, son âme, son love supreme, sa pratique démocratique live et immortalisée par l’enregistrement, ses émulations joyeuses et coopératives par des voies pacifiques entre artistes, amateurs, publics et autres arts (musiques de culture, danse, cinéma, théâtre, peinture-dessin…), comme un baume revivifiant sur le champ traumatique des guerres et exterminations du moment et à venir. Aujourd’hui, le vice reptilien de la domination a repris la main avec son faux nez, très rentable car addictif, de la société de consommation de masse, ludique, qui a finalement abouti à la bêtise intéressée si ancrée que les prédateurs se sont ouvert une nouvelle source de profits: l’addiction aux (in)intelligences artificielles, comme un nouveau paradis de drogués.Alors, quels cadeaux pouvait encore offrir Jazz Hot à ses lecteurs pour ces 90 ans? Une grande saga de plusieurs personnages liés par l’énergie qui leur avait fallu trouver pour traverser l’Océan Atlantique, celui-là même qui avait été le théâtre du mortifère et toujours rentable commerce triangulaire, de trafics d’humains, un océan devenu, par une pirouette de l’histoire (qu’on peut qualifier de dialectique), le vecteur d’échanges artistiques libres, parmi lesquels le jazz, devenu jazz hot au début des années 1930 pour le préserver –déjà!– des contrefaçons commerciales, ludiques ou académiques. L’imagination, l’énergie et la volonté tenace d’une poignée d’amateurs, de part et d’autre de cet Océan, en ont fait une revue spécialisée, Jazz Hot, des maisons de disques spécialisées dont Swing de Charles Delaunay fut la première ébauche, des clubs, etc., tout un monde d’amateurs d’art développant une véritable alternative de vie, de pensée et de pratique artistique, avec un fond politique au sens noble qui ne fait aucun doute, même si ce fond est depuis largement nié et bafoué, volontairement effacé dans l’entreprise de lessivage des cerveaux et de réécriture de l’histoire mise en œuvre depuis 1945, et particulièrement efficace au XXIe siècle avec les nouvelles technologies. Nous avons souvent évoqué, au cours des précédents anniversaires, l’équipe de Jazz Hot des origines, de ses fondateurs Charles Delaunay et Hugues Panassié, de ces inconnus, comme Pierre Nourry, Jacques Bureau, ou de plus célèbres, comme Boris Vian, qui ont fait cette revue originale (bilingue à sa création, internationale dans ses collaborations), et résistante (sa durée et son indépendance).
 Les mondes de Max Gordon, Alfred Lion et Francis Wolff © Sandra Miley, 2025, dessin Pour ces 90 ans, nous avons choisi de traverser l’Atlantique une nouvelle fois, pour mieux revenir à l’Europe car l’histoire est faite de racines et d'éternels retours. Vous naviguerez avec les héros visibles et invisibles de New York surtout mais pas seulement (Los Angeles, Detroit, Chicago…), et cette fois de partir à une redécouverte (car notre point de vue documenté n'est pas banal) du Village Vanguard de Max Gordon, de la maison de disques Blue Note Records d’Alfred Lion et Francis Wolff, à la rencontre surtout de personnages d’une profondeur insondable, en raison de leur éthique, pour la plupart de nos contemporains, tous liés à Jazz Hot par de nombreux fils, par une communauté de destin, par un amour sincère du jazz et un engagement moral et politique qui ont servi de rempart, pour leurs toujours «petites» entreprises, indépendantes comme Jazz Hot, contre beaucoup de tentations, de perversions ou corruptions qu’offraient la société américaine et sa transposition en Europe par deux guerres et par le plan Marshall à partir de 1947. L’imagination en bandoulière, ces amateurs de jazz possédaient l’amour de l’art qu’élaborait l’Afro-Amérique. Doués d’un sens politique certain, intuitif ou conscient, d’audace et d’esprit d’entreprise, ils ont accompli la véritable prouesse d’accompagner et de permettre le développement du jazz en tant qu’art, de construire un public spécialisé, connaisseur, à même de partager leur passion pour le message artistique et humaniste de l’Afro-Amérique. Ils ont avec les artistes de jazz eux-mêmes, immortalisé, préservé et transmis cet art populaire à l’échelle nationale et internationale. Ils ne sont pas les seuls. Jazz Hot dans ses presque 850 numéros (suppléments et spéciaux compris) a déjà évoqué des milliers de ces héros du jazz au quotidien, comme Norman Granz et tous ces grands activistes de l’aventure du jazz, aux côtés des artistes, connus ou moins connus d'extraction véritablement populaire. Dans les récits de ce mois, vous découvrirez la construction des premières ramifications qui ont fait du jazz hot (authentique) ce qu’il est, un art, une culture, une philosophie, l’art majeur sur le plan qualitatif du XXe siècle, même si le cinéma en est un autre. Nous avons aussi voulu célébrer pour ces 90 ans, deux des «esprits» passés par Jazz Hot qui hantent encore nos murs et pas seulement pour le jazz: le doux Cabu assassiné il y a 10 ans pour l’humanité de ses dessins par ce délirant XXIe siècle, et Alain Corneau, un des accros du jazz et du cinéma, si nombreux dans l’équipe de Jazz Hot de 1935 jusqu’à ce jour.  Enfin, voici le cadeau «spécial» de l’équipe de Jazz Hot aux lecteurs, amateurs de jazz, musiciens, curieux d’histoire et de culture, chercheurs d’or du jazz, des outils magiques aussi pour notre travail, rendus possibles par l’IH (à notre échelle, les travaux d’Hercule et des moines copistes combinés!). Notre inspiration se trouve également dans la fable universelle Le Laboureur et ses enfants de La Fontaine (à relire tous les matins au réveil, c’est un antidote contre les travers du XXIe siècle). Il s’agit de 3 sommaires plus un ensemble d'index interactifs établis par nos soins, beaucoup plus détaillés qu’une simple table des matières:
• Un sommaire de 1935 à ce jour (800 pages en PDF renseignant les 732 numéros et 50000 pages environ de l'ensemble de l'histoire). • Un sommaire des Suppléments et Compacts on line (60 pages) reprend le début de l’aventure du site internet (1999-2009), quand le site était un prolongement nécessaire, déjà gratuit, de la revue éditée en papier. • Un sommaire des chroniques de disques (535 pages), par numéro, par la dernière équipe de Jazz Hot qui œuvre depuis 35 ans; une revue étendue de la production enregistrée nouvelle et rééditée en CDs (l’âge d'or de la réédition avec des inédits) depuis 1991, soit environ 19000 chroniques de disques. • De nombreux index interactifs (chroniques de disques, vidéographies, discographies, bibliographie/bibliothèque du jazz, films, intégrales…) permettent de trouver ce que vous cherchez dans le site et même de découvrir ce que vous ne cherchiez pas! Enfin, nous vous rappelons la mise à disposition en PDF dans notre boutique de tous les numéros depuis 1935, y compris des éditions numériques en libre accès (qui sont réunies en PDF par numéro retravaillé en maquette «papier», un autre travail de l’IH) dans le cadre de notre volonté de préservation de ce vrai trésor international qu’est Jazz Hot, né à Paris il y a 90 ans, et s'y trouvant encore en 2025, même si l’aventure de Jazz Hot commence à ressembler à la fable philosophique du film très mésestimé, La Soupe aux choux de Jean Girault, où la préservation d’un art de vivre dans l’environnement de la société de consommation de masse (déjà obscène et corrompue en 1981) oblige à l'exil sur Mars, avec un Louis de Funès (pianiste de jazz dans les années 1940) truculent dans son humanité enracinée. Le scénario du film est basé sur un roman de René Fallet, écrivain-poète, qui participa aussi à Jazz Hot dès 1948… Vous le savez, depuis 2013, vous avez gratuitement le libre accès à la totalité des articles nouveaux (des milliers de pages: articles, interviews, biographies, nécrologies, chroniques, discographies, vidéographies, filmographies…), au détail des archives (sommaires par numéro dans notre boutique), le tout traduit en 17 langues si besoin, et un accès à l’intégralité des archives avec les PDFs de chacun des numéros, et maintenant des nouveaux sommaires réunis, payants que vous pouvez recevoir rapidement sur votre messagerie. A ce propos, le passage aux envois par internet, rendu possible par la numérisation de tous les numéros, a permis de contourner la destruction de la poste française qui a pour conséquence d'imposer des coûts postaux délirants et des contraintes bureaucratiques sans fin. Les lecteurs peuvent ainsi constater que non seulement le prix des revues d'archives n'a pas augmenté depuis 15 ans, mais que du fait de la disparition de ces frais d'envois délirants, cela revient à une baisse effective et très consistante (parfois de moitié selon le pays) pour une plus grande rapidité de livraison. Aujourd'hui, les deux-tiers de notre lectorat est domicilié hors de France. Nous espérons que vous apprécierez, que vous creuserez, comme les enfants du laboureur, avec patience dans cette terre très fertile du jazz, pour la collectivité comme pour vous-même, car la reconstitution des archives et le classement interactif de l’Encyclopédie en live Jazz Hot, auxquels nous travaillons depuis 1991, a été un lourd et long travail de 35 ans d’une petite équipe indépendante et sans subventions, une entreprise humaine, et c’est un exemple rare, unique à notre connaissance*, de traitement de l’information sur un art majeur, une civilisation à la couleur de la planète bleue, tant le jazz a de messages à dispenser avec comme voix, la beauté vertigineuse de cette musique et de ses grands artistes, les Louis, Duke, Billie, Ella, Count, Tatum, Dizzy, Parker, Mingus, Blakey, Max, Horace, Coltrane, McCoy Tyner, Lee Morgan, Ron Carter et tant d’autres, des milliers d'artistes de génie.
L’ÉQUIPE DE JAZZ HOT © Jazz Hot 2025 * Signalez-nous d’autres exemples comparables si vous en avez connaissance; il est toujours agréable de savoir que nous ne sommes pas isolés à ramer à contre-courant!
|