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Snooky Young

5 mai 2011
3 février 1919, Dayton, OH - 5 mai 2011, Los Angeles, CA
Snooky Young
Eugène (Edward) Young, dit Snooky, nous a quitté le 5 mai 2011 à Los Angeles. Il est un soliste jazz mainstream connu, sinon reconnu, pour ceux qui donne un sens à ce genre musical, mais aussi, et plus encore, un musicien pour musicien, aimé de plusieurs générations de trompettistes jazz, de variétés et de studio. Celui que ses confrères surnomment Mr Lead Trumpet ou Sack est né à Dayton dans l’Ohio. C’est une de ses tantes qui l’a appelé Snooky et ça lui est resté. Il vient d’une famille de musiciens . Son père jouait le banjo et la guitare qu’il a enseigné à sa mère. La sœur de Snooky a étudié le piano. A Dayton, c’est Ed Saunders qui lui enseigne la trompette alors qu’il est un enfant, à partir de l’âge de 5 ans. Cet ancien musicien des McKinney’s Cotton Pickers fut aussi le professeur de son frère Granville Young, dit Catfish, que Snooky considérait comme meilleur que lui. Une rivalité qui eut le mérite de le motiver. Dès l’âge de 7 ans, Snooky remporte un crochet amateur comme trompette-chanteur dans les succès de Louis Armstrong (« When You’re Smiling », « You, Rascal You »). Il a d’ailleurs rencontré son idole à Dayton, dans la rue et c’est sa mère qui le présente comme un jeune disciple. Par la suite, Snooky s’inspire aussi de Roy Eldridge. Il a joué dans l’orchestre familial, les Young Snappy Six, une formation qui a tourné dans le Sud avec le show burlesque, les Brown Skin Models. Snooky Young joue aussi pour Eddie Heywood Sr. Puis, Gerald Wilson et Snooky jouent déjà ensemble dans le « territory band » de Clarence ‘Chic’ Carter dans l’Ohio (1937-39). Gerald Wilson entre ensuite chez Jimmie Lunceford et six mois après, il fait engager Snooky. Chez Jimmie Lunceford, le morceau de Snooky était « Uptown Blues », au disque (1939, Vocalion) comme en concert (l’un d’eux en 1940 à Omaha devant un Neal Hefti subjugué). C’est ce qui le fait connaître. Il n’a que 20 ans. L’orchestre de Lunceford l’amène à Hollywood car il est engagé pour le film Blues in the Night d’Elia Kazan, en 1941. C’est Snooky qui joue mais c’est Jack Carson qu’on voit à l’écran. En 1942, il quitte Lunceford pour Lionel Hampton (1942), Les Hite, Benny Carter (1943), Count Basie une première fois (juin 1943), son ami Gerald Wilson, et à nouveau Lionel Hampton.
Parfait trompette de big band, Snooky sera aussi parfait premier trompette de section que soliste. Selon Snooky lui-même, il n’est pas sans se soumettre à l’influence de Dizzy Gillespie dont il sera l’ami. Mais il cherche son propre style : « I was trying to find a style of my own. All the other trumpet players had things going their own way. I wanted to find a style of my own. I started to use the cup mute and the plunger. There were other people who did that, but that's where I wanted to go and that's the way I went. I used the plunger, but then I started using the cup mute just like a plunger with the same effect, but it had a little different sound ». Il retrouve Count Basie (1945-47) puis dirige son orchestre à Dayton jusqu’à un retour comme lead trompette chez Count Basie d’octobre 1955 à juin 1962, de nombreux grands disques à la clé comme le fameux album Atomic Basie (1957) pour le label Roulette. Il sera encore chez Basie en 1963 et 1965 lorsque Chuck Findley se souvient de l’avoir entendu dans cet orchestre : « There was love in every note ».

Snooky a également joué pour Charlie Mingus (fin 1962). C’est Clark Terry qui le fait entrer dans les studios de la NBC (1967-92). Snooky connaissait Clark depuis longtemps, l’ayant rencontré en jam à St . Louis. C’est pour la NBC qu’il entre dans l’orchestre de Doc Severinsen pour le Tonight Show (émissions enregistrées le week end). L’estime qu’a Doc Severinsen (technicien consistant de le trompette) pour Snooky fait qu’il l’utilise aussi pour ses tournées et prestations à Las Vegas. En parallèle à cet emploi stable, Snooky travaille aussi pour d’autres big bands : Steve Allen, Benny Goodman (1964), Clarke-Boland Big Band (Lugano, 1965), Thad Jones-Mel Lewis dont il est membre dès les débuts (1966-67, tournée en Europe de 1969), Lionel Hampton à Newport (1967), Clark Terry (1967) et Charlie Barnet (1967). On ne peut faire la liste exhaustive des séances d’enregistrement à son actif : Quincy Jones (1962), Milt Jackson, Lalo Schifrin, Ray Charles, Wes Montgomery, Jimmy Smith (1964), Shirley Scott (1964), Coleman Hawkins (1965), Oliver Nelson pour lui (1966) ou pour Hank Jones (1966) ou Pee Wee Russel (1966), Clark Terry avec Chico O’Farrill (1966), J.J. Johnson, Johnny Hodges, Jerome Richardson, etc.
Si Snooky Young fait merveille comme soliste avec un jeu wa-wa personnel, sa compétence technique est encore plus sollicitée. Cette connaissance de l’instrument l’amènera à jouer très « classique », au long de sa carrière, comme en quintette de cuivres avec le MJQ ou dans la section de trompettes de l’American Jazz Philharmonic aux côtés de Warren Luening (lead), Charley Davis et George Stone. C’est lui qui crée en 1971 au Philharmonic Hall de New York, le Concerto for Trumpet, Saxophone and Orchestra de Charlie Mingus. Oscar Brashear a fait une séance publicitaire pour la boisson Wink, à laquelle participait Snooky. On a demandé à Snooky de tenir une bouteille de Wink dans une main et la trompette de l’autre tout en jouant un contre la! Plusieurs prises et jamais Snooky n’a loupé la note! C’est dans le contexte des big bands que Bobby Shew l’a côtoyé (chez Louie Bellson) et il a déclaré : « the experience teaches you everything you need to know about trumpet playing ». Snooky Young a toujours été à l’écoute et encourageant pour les nouveaux venus dans un orchestre. Snooky joue pour Basie Alumni (1981), Bill Berry Big Band, Capp-Pierce Juggernaut, Clayton-Hamilton Jazz Orchestra, le Frank Wess-Harry Edison Orchestra (1989), Bob Belden & Wallace Roney (Puccini, In Questa Reggia). Quincy Jones témoigne du « plus » qu’amenait Snooky : « He’s one of the most precious human beings I have ever known ». Mais évidemment c’est le trompettiste que tout le métier a salué : « I just find out about the lost of one of the greatest lead trumpet players in history, Mr Snooky Young, today is a sad day, especially for all trumpeters who love and admire him as I do. Snooky will be missed. »(Arturo Sandoval), « God Bless Snooky Young, the greatest lead trumpet player EVER » (Rick Baptist), « Trumpet players in heaven, move down a chair- Snooky Young is in the house. RIP Snooky. » (Wayne Bergeron). Les disques et les images témoigneront toujours du passage de Snooky Young sur terre!
Michel Laplace
(source : CD-Rom, Trompette, Cuivres & XXe Siècle de Michel Laplace)
Photo © Jacques Bisceglia : Snooky Young, Count Basie Alumni ; Grande Parade, Nice, juillet 1981.

Solo sur Lil’ Darlin’’: http://www.youtube.com/watch?v=RlX0b-AJWz4

© Jazz Hot n°655, printemps 2011