Une soirée placée sous des références précises et marquantes. Nous ne serons ni trompés, ni donc déçus. Le premier set débute par un « Daahoud » de Clifford Brown musclé, dans l’esprit du modèle où se succèdent d’excellents solos de Jeremy Pelt (tp), Roxy Coss (ts) (soutenue par de belles lignes de basse de Dezron Douglas), Danny Grisset (p) puis une alternative entre les souffleurs et Willie Jones III (dm). Suit une belle version de « Joy Spring » de Clifford Brown où Jeremy Pelt choisit de s’exprimer avec la sourdine harmon sans tube. Roxy Coss démontre une qualité de sonorité que nombre de saxophonistes actuels ne nous habituent pas. Grisset termine son discourt par une citation bien venue du thème et Dezron Douglas a droit à un solo. Le groupe vire un peu vers le post bop avec une composition de Gary Bartz qui donne l’occasion d’un solo de batterie, puis une chose pour pianiste. Ce set se termine avec « St Louis Blues » revu par Max Roach, exposé au soprano par Roxy Coss suivie d’une intervention de trompette qui n’est pas sans évoquer Nicholas Payton, puis le tempo est doublé avec d’excellents solos à la clé. Le second set débute par « Surely » de George Coleman avec la même structuration qu’en débute de premier set. Si Jeremy Pelt cite Clifford Brown, Booker Little et Freddie Hubbard c’est à ce dernier qu’il fait le plus penser comme dans ce « No More » de Jymie Merritt (exubérance, vibrato, growl, pistons mi-course). Version longue et clou de ce set avec un remarquable solo de Roxy Coss : peu de notes, du feeling, un travail sur le son dans la cadence ad lib. Le public ne s’est pas trompé et a positivement réagi. Suit « Parisian Thorougfare », thème plaisant pour lequel Jeremy Pelt reprend sa sourdine harmon. Pelt est seul aux commandes pour un « Embraceable You » plein de feeling, avec une cadence ad lib introductive flamboyante. Le groupe termine le set par l’arrangement de Richie Powell sur « Get A Kick Out Of You ». L’adhésion du public nous donne droit à un bis. Jimmy Heath a enseigné à Jeremy Pelt de ne jamais quitter le public autrement que sur un blues. Il a choisi « Sandu » de Clifford Brown, sur tempo médium lancé par Danny Grisset qui proposera un bon solo avec effet en block chords. Si Jeremy Pelt et Dezron Douglas (avec derrière la belle partie de balais de Willie Jones III) ne sont pas en reste, c’est à nouveau Roxy Coss qui se montre particulièrement pertinente dans le blues avec une qualité de sonorité au ténor qui est dans la lignée du Benny Golson des années 1950. Bref, un public connaisseur, reparti comblé.
Michel Laplace
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