Philippe LeJeune
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3 juillet 2013
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Groovin' Blues
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© Jazz Hot n°664, été 2013
Nouveauté Sélection
Freddie Freeloader, Groovin’ Blues, Soul Food Jam, Blues in the Closet, Blue Monk, Six Key Boogie, Hymn to Freedom, Swingland Special, After Hours, Pink Panther Boogie, Waltzin’ the Blues, Cubano Chant, Piano Blues in Alabama.
Philippe LeJeune (p), Bernard Baldous (b), Dominique Lambrey (g), José Fillatreau (dm)
Enregistré les 25 et 26 juillet 2012, Saint-Jean (31)
Durée : 1h 06' 40''
Black & Blue 769.2 (Socadisc)
Pas besoin de faire de long discours pour présenter le pianiste Philippe LeJeune, sorte d’anticonformiste de sa génération qui au lieu de creuser le sillon de la trilogie « Hancock-Coréa-Jarrett » comme ses condisciples, a préféré faire le chemin inverse en explorant les racines du blues et du boogie et en cultivant auprès de ses maîtres, que sont Memphis Slim ou Lloyd Glenn, l’art de la note bleue. Pour lui, l’avenir du jazz consisterai en une exploration vivante de son passé, en mettant au point un style original se démarquant de ses collègues pianistes se limitant au genre blues et boogie.
C’est du côté des Gene Harris, Junior Mance, Ray Bryant qu’il faut voir évoluer le jeu de Philippe LeJeune. Il y a d’ailleurs une certaine évidence à écouter ses productions sur le label Black & Blue tant il se dégage une certaine nostalgie de ses projets. En effet, le label si cher à Jean-Pierre Tahmazian et Jean-Marie Monestier, fleuron du jazz meanstream des années 70, prolonge avec lui ses illustres productions où l’on retrouve des pianistes tels que Sammy Price, Jay McShann en compagnie de guitaristes tels que Tiny Grimes ou Al Casey.
A 59 ans, ce normand, toulousain d’adoption, a décidé, une fois n’est pas coutume, d’enregistrer son nouvel album en France, et non outre-Atlantique, avec sa rythmique locale, préférant délaisser une forme d’excellence culturelle au profit d’une cohésion d’ensemble.
On retrouve dans le répertoire de son nouvel album un aspect d’équilibre entre compositions et thèmes de jazmmen pas forcément issus de son idiome tels que Miles Davis, Monk, Pettiford mais avec ce souci permanent de faire swinguer le blues. Ce dernier au cœur de sa musique intemporelle avec des évocations churchy sur « Hymn to Freedom » mettant en lumière comme sur « Six keys boogie » une walking basse solide et un sens du blues enraciné par la transmission qu’il a reçu des plus grands. La rythmique fonctionnelle assure l’essentiel avec une mention à Bernard Baldous (b) profitant d’un espace de liberté sur « Blues in the closet ». L’apport du guitariste Dominique Lambrey déjà présent sur le dernier opus américain du leader donne une couleur plus riche à l’ensemble dans un jeu en accords proche de Wes sur « Blue Monk ». Une belle réussite dans un genre qui pour une fois ne respecte pas trop la poussière.
David Bouzaclou
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