Gene Ammons & Sonny Stitt
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28 nov. 2013
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Blues Up & Down
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© Jazz Hot n°665, automne 2013
Réédition-Indispensable
Blues Up & Down, Counter Clockwise, There Is No Greater Love, The One Before This, Autumn Leaves, Red Sails in the Sunset, But Not For Me, A Pair of Red Pants, We'll Be Together Again, A Mess, New Blues Up & Down, Headin' West (Water Jug), Autumn Leaves, Time on My Hands Gene Ammons (ts), Sonny Stitt (ts, as 3,12), John Houston (p), Charles Williams (b), George Brown (dm) Enregistré les 26 et 27 août 1961, Chicago, Ill. Durée : 1h 19’ 34” Fresh sound Records 695 (www.freshsoundrecords.com)
Réunion de deux albums originaux, Boss Tenors (27 août) et Dig Him! (26 août), parus respectivement chez Verve et Argo puis Prestige, cette réédition est donc un grand classique de ces rencontres d’excellence au ténor sur fond de blues, au moins par l’esprit quand ce n’est dans le texte (quelques standards), permet de confronter la sonorité élégante et suave de Sonny Stitt, un altiste parkérien de la première heure, excellent également au ténor (voie de gauche), à celle plus profonde, plus ténor dans la tradition des gros sons de la première époque, de Gene Ammons (voie de droite), le tout baignant dans une atmosphère de virtuosité n’enlevant rien à la qualité de l’expression. Cette balance des voies est vraie pour Boss Tenors mais sur Dig Him!, les ténors sont à droite et la section rythmique à gauche. Les deux séances ont en fait été enregistrées en deux jours, successifs (dans l’ordre inverse de celui présenté), et il est probable que ces deux ténors pouvaient jouer ad libitum dans ce registre sans aucune faute de goût, car c’est un langage partagé, enraciné, sur fond de blues. Sonny Stitt et Gene Ammons faisaient l’objet d’articles et de discographies détaillés dans le n° Spécial 2007 de Jazz Hot, il est encore temps de (re)découvrir ces beaux talents sous-estimés d’un jazz dans son âge d’or qui en regorgeait tant. Et ce disque en est un des témoignages, car avec une section rythmique sans faiblesse où l’on retrouve les sobres mais essentiels John Houston, Charles Williams et George Brown, les deux ténors (Stitt embouche parfois l’alto) font étalage de ce que le jazz a de plus caractéristique : énergie, naturel, individualité, sonorité, enracinement, blues, swing. Les deux ténors passent en revue le registre de ces chases, rivalisant d’inventivité dans ces échanges aujourd’hui d’un grand classicisme, avec redoublements de tempo, citations multiples, phrases vertigineuses dans la veine parkérienne, toujours parfaitement en place, et grosse sonorité dans la filiation des ténors essentiels (Hawkins, Young, Webster). Le jazz d’après guerre a fourni de multiples exemples de ces rencontres avec les Dexter Gordon, Wardell Gray, Sonny Rollins, John Coltrane, Stan Getz, Johnny Griffin, et on en oublie beaucoup, mais l’abondance de ces rencontres ne doit pas faire oublier la beauté exceptionnelle de ces moments de créativité brute qui n’ont rien de léger malgré leur apparence enlevée. Elles sont les archétypes de la créativité musicale d’une époque enracinée dans ses fondements culturels, d’un instrument et du jazz dans un de ses moments les plus riches.
Yves Sportis
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