Réédition-Indispensable 19
titres
Titres et personnel communiqués sur le livret Enregistré
le 1er octobre 1960, Californie Durée : 57' 50'' + 1h 03'
34''
Fresh Sound Records 710 (www.freshsoundrecords.com)
Sans
vouloir contrarier l’histoire officielle, on pourrait suggérer
d’ajouter au, déjà chargé, samedi 1er octobre 1960 –
indépendance du Nigéria, condamnation à mort de Francis Jeanson
(gracié et amnistié), grande grève des syndicats de l’électricité
aux USA etc. – ce superbe concert donné par The Concert Jazz Band
de Gerald Joseph "Gerry" Mulligan (1927-1996) at The
Santa Monica Civic Auditorium pour le plaisir sans cesse renouvelé
qu’il procure à nos oreilles. Ce ne serait déjà pas mal ! En
quête perpétuelle de nouvelles aventures sonores, Gerald Joseph
n’est jamais resté les doigts rivés sur son baryton ou accroché
à son fabuleux quartet pianoless. Ingénieux alchimiste du son
depuis l’âge de19 ans, il a eu le temps avec Gene Krupa, Miles
Davis, Elliot Lawrence, Stan Kenton de soigner ses travaux
d’écriture. Homme de challenge, il réussit, en 1960, la gageure
de faire sonner une moyenne formation – treize musiciens – comme
un grande tout en précisant aussi que : « my idea…[is] that
we have a big-band feel in the way that a big-band ought to be ».
Une double exigence liée en partie aux conditions économiques et
humaines comme un formidable défi d‘autant mieux atteints que
l’immense talent d’écriture trouve a dream team à sa mesure
pour l’exprimer. Et ce qui ne gâte rien, with a frange on top :
brother Zoot Sims en vacances provisoires de grands orchestres, comme
invité. Arrangés aussi par quelques grands maîtres californiens :
Bill Holman, Bob Brookmeyer, présent sur scène, Johnny Mandel, Al
Cohn, les dix-neuf thèmes, ici présents, jamais surjoués, "sursoufflés" – "une ligne rouge" à
ne pas essayer de franchir chez l’intransigeant Mulligan ! –
ont tous cette particularité d’être interprétés de manière
aérienne. Issus ou pas du répertoire habituel du saxophoniste,
marqués parfois du sceau de l’originalité due à l’utilisation
particulière d’une seule clarinette à l’octave – tenue ici
par Gene Quill – trempés dans la meilleure des fontaines de
jouvence, ils ouvrent aux solistes un vaste espace de liberté dans
lequel ils s’engouffrent tous en choeur. Outre le patron qui se
taille la part du lion, ce sont les envolées bien enlevées de
Brookmeyer, de Zoot Sims et de Conté Candoli qui retiennent
l’attention avec une mention spéciale pour le sous-estimé et
pré-cité Gene Quill à l’alto, particulièrement en verve sur ces
« Eightheen Carrots for Rabbit » destinées à Johnny
Hodges. Ces deux CDs – de très bonne qualité sonore –
complètent les 6 des 19 performances enregistrées à Santa Monica
et éditées, il y a quelques années, par Mosaïc. Jean-Jacques Taïb
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