Nouveauté-Sélection 9 titres Titres
et personnel communiqués sur le livret Enregistré
dans le New Jersey (date non communiquée) Durée :
43' 20'' Autoproduit
(www.suehalloranandkenhitchcock.com)
Les
chanteuses, c’est un peu comme les champignons. Ça pousse
n’importe où, n’importe comment et "ça profite" de l’environnement pour croître. Mais non, je n’ai jamais dit
qu’elles étaient des parasites ! Voyons, je les aime moi, les
chanteuses, je les adore surtout quand elles chantent juste, bien et
sans hurler. Ce serait le cas de miss Sue Halloran, honnête
professionnelle qui, sans répondre exactement aux critères de
base, a néanmoins comme circonstances atténuantes – à en croire
la pochette et sa profession de foi – développé des dons de
cuisinière où elle semble bien réussir. Hélas, pas question de
postuler. Son soufflant de mari – de toutes les flûtes aux
clarinettes via tous les saxs – Ken Hitchcock, co-leader de la
session, ne le permettra d’autant moins que c’est leur première
galette commune après de nombreuses décennies à servir loyalement
la musique sous toutes ses formes. Bien sûr, le couple a mis
tous les atouts dans son jeu pour frapper fort ; ban et
arrière-ban ont été convoqués : Romero Lubambo à la guitare
sur la plage d’ouverture, le City of Prague Philharmonic pour deux
interventions, l’arrangeur argentin Carlos Franzetti titulaire d’un
latin grammy award gagné en 2001 pour son album Tango Fatal,
responsable de la musique du fameux film The Mambo Kings et
connu aussi pour son étroite collaboration avec Paquito D’Rivera.
Le somptueux décor du restaurant ne serait pas complet si j’oubliais
les moyennes formations comme les accompagnateurs réguliers qui
passent les plats avec talent au rang desquels Mark Soskin au piano
(ça va de soi), David Fink à la basse, ni les indispensables
ingénieurs du son requis pour répondre aux multiples re-recordings.
Effets garantis. Evidemment, le menu est alléchant même si
l’auberge est plus espagnole que spécialisée. Destiné à un
large public, il propose un choix très éclectique de mets tous
habilement concoctés : de la samba luxuriante comme « Somewhere
in the Hills » servie avec un petit Lubambo de derrière les
fagots, à « My Funny Valentine », ballade finale un peu
chargée en passant par quelques plats maison roboratifs. En
définitive, si les nombreux tutti voix/orchestre, voix/flûte(s) –
marque de la maison – comme les interventions de Ken Hitchcock
peuvent capter l’attention et séduire, je ne suis pas sûr que les
amateurs de jazz y trouveront leur compte tant la démesure,
l’exubérance finit ici ou là par prendre le pas sur la musique.
Repu certes, mais lourd ! Dommage.
Jean-Jacques Taïb
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