Nouveauté-Indispensable My Blues
House, Whisper Not, Brielle Samba, Dear Kathy, Step Lightly, Uptown
Afterburn, From Hearth to Hearth, Along Came Betty, Fairweather,
Killer Joe, Blues March, Golson, Speaks Jens
Søndergaard (as, ss, cl), Bob Rockwell (ts), Thomas Bornø (p), Marc
Davis (b), Dennis Drud (dm) Enregistré
en juillet 2011 et mars 2012, Copenhague (Danemark) Durée :
1h 02' 56'' Stunt
Records 12042 (www.sundance.dk)
Vibrant et magnifique hommage
rendu par ce quartet danois dirigé par le multi instrumentiste Jens
Søndergaard à l’une des dernières living legend du jazz :
sa majesté Benny Golson, toujours bon pied, bon œil,
saxophoniste/compositeur/arrangeur, vénéré – assez rare pour
être mentionné – par toute la profession. Et pour la
circonstance, la formation, d’une belle cohésion, n’a pas hésité
à s’adjoindre les services inspirés d’un invité de marque :
le ténor américain Bob Rockwell installé au Danemark. De
l’inévitable « Blues March », complètement rajeuni et
repris ici en 6/8 et 4/4, à quelques perles dénichées dans le
vaste répertoire golsonnien comme ce « Brielle Samba »
ou ce « Dear Kathy », poignante balade, ce ne sont pas
moins de douze compositions réappropriées et relues – « Whisper
Not » avec un pont exposé en contrepoint au ténor et à la
clarinette est de toute beauté ! – par ce combo dont
l’intelligence musicale le dispute à l’élégance à l’instar
du maître lui-même. Hors toute démonstration ou soumission, les
hommes de Jens Søndergaard ont sûrement regardé plusieurs fois où
ils mettaient leurs oreilles, avant de donner libre cours à leur
interprétation personnelle de l’univers de celui dont la carrière
n’est plus à raconter. Soigneusement travaillées, les
compositions toujours mélodiques, inextricablement liées au blues,
laissent percer, outre leur canevas harmonique à l’évidence pas
si évidente que cela, tout un jeu de couleurs chatoyantes qui
avaient pu parfois nous échapper. Le travail de création est réel
et le résultat formidable. Les solistes, tous excellents,
partenaires dans le passé de Benny Golson, comme le chef
d’orchestre, livrent, totalement détendus, presque nonchalamment,
quelques soli de bon aloi soutenus par une rythmique attentive et de
qualité ; si Bob Rockwell, souvent plus proche de Dexter Gordon que
de Golson, excelle dans « Along Came Betty » ou sur la
« Dear Kathy » de toute à l’heure, si Thomas Bornø
au piano, se montre inventif sur ce vieux « Killer Joe »,
Jens Søndergaard, très à l’aise avec ses différents tubes
ajoute à tout ce savoir-faire indispensable, la pratique retenue de
l’art de la paraphrase. Il est, par ailleurs, très convaincant sur
« Uptown Afterburn ». Du beau travail. A mettre entre
les deux oreilles pour oublier les pantalonnades internationales.
Remède souverain.
Jean-Jacques Taïb
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