Tina May
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13 jan. 2014
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Divas
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© Jazz Hot n°666, hiver 2013-2014
Nouveauté-Sélection Why Don't You Do Right, There's a Lull in My Life, Forgetful, Can't Get Out of This Mood, When the World Was Young, Where You At, Surabaya Johnny, Baltimore Oriole, Let's Get Lost, I Will Wait For You, You Don't Know What Love Is , All Through the Night Tina May (voc), Frank Griffith (clt, ts, arr), Freddie Gavita (tp), Adrian Fry (tb), Bob Martin (as), Dave Cliff (g), John Pearce (p), Andy Cleyndert (b), Bobby Worth (dm), Winston Clifford (voc 6) Enregistré les 1er et 2 juin 2013, Londres Durée : 1h 00’ 52” Hep Jazz 2099 (www.hepjazz.com)
Les lecteurs de Jazz Hot commencent à connaître Tina May non seulement pour l’interview qu’elle nous accorda (n°637, 2007), mais parce qu’elle enregistre régulièrement, et qu’elle se produit souvent en France en festival aussi bien qu’en club, notamment au Caveau de La Huchette. Il est d’ailleurs prévu qu’elle y joue au printemps 2014 (19-22 mai). Voici donc son dernier enregistrement paru, intitulé «Divas», en hommage à des voix à travers des chansons, un répertoire original, pas seulement puisé dans l’univers du jazz (Lotte Lenya, Michel Legrand et Edith Piaf…). Tina May avec ses qualités habituelles – justesse de voix, drive, swing, versatilité, une capacité exceptionnelle d’adaptation à beaucoup des sensibilités du jazz, du jazz mainstream au jazz moderne, et on se souvient de ses collaborations régulières avec Tony Coe, Nikki Iles ou exceptionnelle avec Ray Bryant – donne ici une nouvelle facette de son talent, avec un orchestre très étoffé brillamment arrangé et conduit par un excellent Frank Griffith. Tina May est une vraie musicienne, elle aime donc les musiciens et laisse toujours beaucoup de place à la musique, aux chorus, à l’architecture, et donne non pas un show mais bien une œuvre construite, avec toujours beaucoup d’humilité, tout en imposant sa personnalité chaleureuse et charmante. Elle est en cela parfaitement dans l’esprit du jazz, authentique, sincère et originale, loin des maniérismes et autres minauderies qui affectent des voix du jazz et non des moindres en matière de notoriété. Les arrangements très recherchés de cet enregistrement, aussi bien de Frank Griffith (« Why Don't You Do Right»…) que d’Adrian Fry («Surabaya Johnny») fournissent un environnement que nous ne connaissions pas à Tina May, et c’est une belle découverte, sa voix prenant dans ce cadre enrichi une belle dimension, grâce aussi à la qualité de l’enregistrement, très clair. Autre découverte, Tina May partage une chanson, «Where You At», avec Winston Clifford, une voix splendide, possédant les qualités de swing et d’expression parfaites pour le jazz. C’est un très beau duo, soutenu par de bons arrangements.
Enfin, soulignons que pour n’être pas très connus de ce côté de la Manche, les musiciens sont remarquables aussi bien individuellement que pour leur performance d’ensemble. Une excellente heure de jazz enregistré qui ne peut qu’encourager les amateurs de jazz à découvrir ces musiciens, Tina May comprise, qui font toute la richesse du jazz, et peut-être espérer qu’un jour Tina May aura les moyens d’une tournée sur le continent avec ses groupes britanniques pour donner aux amateurs français une meilleure idée de la diversité de son expression.
Yves Sportis
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