2012. Arthur Hoyle Quintet, Gary, April 29, 2012, 25th Anniversary Celebration of the Greater Gary American Jazz Association
Arthur HOYLE
Du grand Art
La disparition d'Arthur
Hoyle, affectueusement appelé Art, a attristé le monde des cuivres et du jazz.
Outre ses qualités d'artiste, Art symbolise l'activité jazz à Chicago qui ne
s'est jamais éteinte contrairement à ce que font croire des historiques aussi
convenus qu'inexacts. On se complaît dans une chaîne évolutive factice avec
des genres géographiques qui disparaissent soi-disant dès l'émergence d'une
nouveauté (New Orleans, Chicago, New York, West Coast). A travers Arthur Hoyle,
on parcourt une scène chicagoanne aussi active que diversifiée, avec
d'irréductibles vétérans comme Franz Jackson, les débuts de Sun Ra (1956-57) et
des artistes comme Eddie Johnson, Von Freeman, Ira Sullivan, Bobby Lewis et
bien d'autres. Pour ne rien dire du blues qui bien sûr a nourri grandement le
jazz à Chicago. Art est aussi le symbole d'un artiste qui n'a pas cherché à se
mettre en avant et qui, donc, est ignoré du New Grove Dictionary of Jazz
comme des Trumpet Kings de Scott Yanow (2001), mais heureusement pas de
la défunte revue suisse Brass Bulletin (n°4, 1973) qui l’a sorti de
l'ombre. Eh, oui! Art n'a pas signé de
disque sous son nom, mais il en a commis un bon nombre pour les autres avec la
versatilité qui caractérise les instrumentistes des studios d'enregistrements
devant s'adapter sur l'instant à toute exigence, du jazz au classique en
passant par la pop. Souvent ces musiciens sont négligés des jazz fans car pour
être un «pur», il ne faudrait jouer que du «jazz». Comme beaucoup de musiciens
de studio, Art s'offrait le plaisir de jouer du jazz, ses racines, à côté et en
plus de ses activités de métier et de tournée, dès qu'il en avait le loisir,
notamment dans la ville de ses débuts à laquelle il est resté fidèle.
Il est né dans le Mississippi, à Corinth, où
son père a ouvert une école. Puis, Art a été élevé dès le début des années 1930
dans l'Oklahoma, à Stillwater et Muskogee. Pour lui, le jazz «était juste une inévitable partie de la vie
communautaire noire quand je grandissais. Vous pouviez l'entendre partout –jazz
et blues, et musique gospel bien sûr. C'était tout simplement un élément de la
vie quotidienne (was just an inevitable part of the black community when I was
growing up. You heard it everywhere –jazz and blues, and gospel music, of
course. It was just part of everyday living)». La musique prend une plus
grosse part encore de sa vie lorsqu'il reçoit en cadeau une trompette pour son
huitième anniversaire. Un présent qu'il attendait depuis longtemps! En effet,
sa mère avait suivi des cours de troisième cycle à l'Université de Lexington
dans l'Oklahoma pour être qualifiée afin d'enseigner dans cette région, et à
une occasion où il l'accompagnait, Art, à 5 ans, a ramassé une trompette dans
la salle de musique et put jouer quelques notes! Tout le monde a été stupéfait, et Art a aimé être le centre de l'attention. Il a alors décidé qu'il voulait
jouer de la trompette. Art n'est pas un autodidacte. Sa mère lui a appris à
lire la musique. Ses qualités exceptionnelles de lecteur l'imposeront dans les
studios. Il a suivi les cours de l’Hampton Institute. Plus tard, il a étudié
la trompette auprès d'Ernest Bennett et à Chicago, auprès du célèbre Renold
Schilke (Roosevelt University, 1949).
En 1942, il se fixe à Gary, dans l'Indiana,
avec sa mère divorcée. Trois ans plus tard, il y étudie à la Roosevelt High
School. Il joue d'abord dans le Concert Band de ce lycée. Et Art a l'ambition
de vivre de la musique. Dès l'âge de 15 ans, il joue avec un orchestre scolaire
dans les clubs et dancings à Gary. C'est la guerre, et beaucoup de musiciens
professionnels sont enrôlés dans l'armée. Alors qu'il est encore au lycée, Art
jouait déjà beaucoup pour la danse, non seulement à Gary mais aussi à l'Est de
Chicago. Il passait d'un engagement à l'autre. Un de ces jobs hebdomadaires
l'employait le dimanche de 1h à 5h du matin! Puis il rentrait
ensuite chez lui pour dormir.
Art a fait son service
militaire dans l'US Air Force (1951 à 1955). Il y suit une formation musicale
pour la musique d'harmonie, d'abord dans le Nord de l'Etat de New York, puis à
Wright-Patterson (base aérienne dans l'Ohio), San Antonio (Kelly Air Force) et, enfin, pour ses 18 derniers mois à Warner
Robins en Georgie. L'orchestre militaire dont il faisait partie jouait à toutes
les occasions imaginables (fêtes agricoles, fêtes de la pêche, etc.). C'est à
l'armée, à San Antonio, qu'Art a connu le saxophoniste John Gilmore
(1931-1995). Ils ont eu l'occasion de quelques jobs en dehors des
obligations militaires. Gilmore a été démobilisé avant Art. Lorsque son tour
est venu, c'est Gilmore qui le fait entrer dans la formation de Sun Ra à
Chicago (décembre 1955 à 1957). L'activité jazz à Chicago est menée par une
multitude d'artistes tels que Leroi Nabors, King Kolax, Gail Brockman, Ted
Butterman, Chris Clifton, Fip Ricard (tp), Cy Touff (btp), Ira Sullivan (tp,
flh, ts, as), Franz Jackson (cl, ts), Frank Chase, Bill Reinhardt (cl), Al Wynn,
Harlan Bobby Floyd, Julian Priester (tb), Lil Hardin-Armstrong, Art Hodes,
Little Brother Montgomery, Sun Ra, Claude Jones (p), Eddie South (vln), Eddie
Johnson, Von Freeman, J.T. Brown, Oett Sax Mallard, John Gilmore (ts), Johnny
Board (as, ts), Andrew Goon Gardner (as), Pat Patrick (as, bs), Mac Easton,
Charles Davis (bs), Johnny Pate, Victor Sproles (b), Lonnie Simmons (org),
George Freeman (g), Red Saunders, Bruz Freeman (dm), et on en passe, plus
encore.
Art nous donne des informations de première
main sur Herman Poole Blount (Sun Ra): «son écriture était exceptionnelle. Il
ne prenait pas en considération les caractéristiques des instruments. Il
mettait juste dans les notes ce qu'il voulait y mettre (His writing was
outstanding. It didn't take into consideration the characteristics of the
instruments. He just put in the notes that he wanted to put in)». Il y avait
des répétitions tous les jours pendant cinq jours de la semaine: «et il fallait
ça pour jouer cette musique (it took that to play that music)». Art considérait
Sun Ra comme très compétent et bon pianiste. A partir de fin 1956, Art
enregistre copieusement, à Chicago, pour Sun Ra notamment sur son label Saturn.
Les formations avaient un noyau stable de musiciens: Art (tp), Julian Priester (tb),
John Gilmore (ts), Laurdine «Pat» Patrick, Jr. (bs), Victor Sproles (b). Dès sa
première séance le 13 avril 1956, Art s'impose dans «New Horizons» comme un
remarquable trompettiste. Art semble, rarement, avoir été en équipe avec les
trompettistes Walter Strickland, Phil Cohran et un Dave Young à ne pas
confondre avec le superbe sax ténor chicagoan du même nom. Dave Young est aux
côtés d'Art qui est soliste dans «Brainville» de juillet 1956, et c'est lui que
l'on voit sur la photo de pochette de la réédition Fresh Sound (avec Julian Priester, tb). Au sein de l'Arkestra de Sun Ra, Art Hoyle se produisait au
Budland Cafe de Chicago où ils accompagnaient des vedettes comme Little Miss
Cornshucks, Al Hibbler et Ruth Brown. Le 21 novembre 1956, la séance de l'Arkestra
donne une version en effectif réduit de «Blues at Midnight» par Hoyle (tp),
Gilmore (ts) et la rythmique avec timbales en introduction. C'est cet
enregistrement que l'on entend à 4'05'' dans le court métrage de 34', The
City of Jazz d'Edward O. Bland, décédé en 2013, qui a mis deux ans à le
réaliser, jusqu'en octobre 1958 d'après le Chicago Defender. Le film est sorti
en avril 1959, et il a été réédité en DVD. Mais c'est un autre orchestre que
l'on voit à l'écran, filmé à l'été 1958 comprenant John Gilmore (ts), Ronnie
Boykins (b), Hobart Dotson (tp), William «Bugs» Cochran (dm). Ces musiciens
font du mime sur l'enregistrement de 1956, les doigtés de Dotson ne
correspondent pas à ce que l'on entend (à partir de 12') et on entend Art à
partir de 10'19''. Sun Ra a mis à la disposition de Bland ses enregistrements
pour Saturn, libres de droit. Rien de ce que l'on voit dans le film n'a été
enregistré en live. Mais les scènes de l'Arkestra ont été tournées en club
entre 1956 et 1958. A 13'10'', on entend «Demon's Lullaby» jusqu'à 14'10" (Art
à la trompette à partir de 13'39"). Ce sont des musiciens de Sun Ra tenant un
rôle à l'écran pour les scènes dites de «Cool jazz» et de «New Orleans Jazz».
Le «cool» commence à 14'14" avec Paul Severson (tb, 1929-2007), membre de
l'orchestre Ralph Marterie qui joue dans la bande-son, avec Kenny Soderblom
(ts, bs), Mel Schmidt (b) et Bob Tilles (dm) («Too Much» et à 21'48''«Who Me?»
avec à l'écran Gilmore, Boykins et deux autres). A 18'13", il y a le jazz
traditionnel avec à l'écran Pat Patrick (cl) et, à mon avis, Dotson avec des
lunettes (tp) (la bande son est probablement due à Eddie Higgins, p, avec je
pense Warren Kime, tp). On entend à 19'39'' le «Urnack» de Julian Priester par
l'Orchestre de Sun Ra et quelques secondes filmées au Budland en août 1956
montrant Jim Herndon (timbales), Robert Barry (dm), Victor Sproles, peut-être, (b), Pat Patrick,
Julian Priester, John Gilmore, Art Hoyle et Sun Ra, mais vite remplacés par les
prises de vues de 1958 avec Gilmore et Dotson. A 20'40", la séquence bebop
montre Gilmore et Dotson avec des lunettes (comme pour le dixieland). A 23', on retrouve l'orchestre de Sun Ra dans «A Call for all Demons», filmé en 1957
(Sam Thomas, g, Marshall Allen, as, Jim Herndon, timbales). Le trompette que
l'on voit n'est pas Hoyle, mais je pense Dotson. Enfin à 15'20", ainsi qu'au
générique de fin à partir de 32'36", on entend «My Rhapsody» par Kenny Soderblom, Hobart Grimes (b), Kime
(tp), Severson (tb), Higgins (p), Schmidt (b) et Tilles (dm). Donc, on entend plus
Art Hoyle qu'on ne le voit!
Mais en dehors de ces
bidouillages, la musique du film est excellente, et c'est un document important
qui reflète bien les années 1950 aux Etats-Unis. Le pourquoi de cette marmelade
est sans doute qu'en décembre 1956, Sun Ra a eu des problèmes avec son
syndicat, le Local 208, parce qu'il a employé Art Hoyle, affilié au Local 203,
pour ses séances de disques. Il a dû payer une amende de 25 dollars. Cela peut
aussi expliquer que le crédit du film prétend que «toute la musique a été
enregistrée en Europe», ce qui est faux. Le Local 208 a été contourné.
Toujours avec Sun Ra, Art a participé
régulièrement à des prestations en partage d'affiche avec les Compass Players
d'Elaine May et Mike Nichols, une troupe de comédie improvisée qui deviendra la
Second City. Ils faisaient 40 minutes chacun dans un club au Nord de Broadway à
Chicago. La dernière séance d'Art pour Sun Ra prit
place en décembre 1956 (Sound of Joy). Julian Priester avait déjà quitté
la formation, remplacé par John Avant, un musicien de studio.
Ensuite, en compagnie du tromboniste Julian
Priester, Art est engagé en 1957 dans l'orchestre de Lionel Hampton. Art a
beaucoup apprécié cette vie de tournées, jusqu'en 1960. Avec Lionel Hampton, il
a joué pendant seize semaines en Europe et en Afrique du Nord. Ils ont passé deux
semaines au Waldorf-Astoria de New York, joué pour l'anniversaire de Winthrop
Rockefeller, puis dans des clubs à Hollywood et pendant seize semaines au Riviera de Las Vegas. Le concert de l'orchestre donné à Liège en février 1958 a
été filmé (Art, Andy McGhee et Billy Mackel sont solistes dans «Hamp's Piano
Blues»), un vibrant témoignage tout comme leur participation à un Johnny Otis
Show et à des Timex Shows le 30 avril 1958 (avec Louis Armstrong!) et le 10 novembre
de la même année (avec Gene Krupa, Anita O'Day). C'est vers cette époque
qu'avec son collègue de pupitre, Dave Gonzalez, il rencontre les saxophonistes
Herman Green et John Coltrane. Et avec le big band de Lionel Hampton, Art Hoyle
enregistre le 13 avril 1959 à New York. Outre Art, la robuste section de
trompettes comprend aussi Ed Mullens, Dave Gonzalez, Donald Byrd, Ed
Williams et Cat Anderson. On note aussi la participation de Lou Blackburn (tb), Bobby Plater
(as, fl), Andy McGhee (ts), Wade Legge (p), Billy Mackel (g), Charli Persip et
Wilbur Hogan (dm)! Mais, on le sait, le travail de trompettiste chez Lionel
Hampton est physiquement dur, et le chef ne payait pas bien ses musiciens. Donc
en 1961, Art quitte Hampton et retourne à Gary tout en jouant désormais surtout
à Chicago.
En 1960-61, Art est dans la section des souffleurs de l'orchestre de
Lloyd Price qui fait une tournée avec Big Joe Turner, Chuck Berry, Bo Diddley
et Jimmy Reed. John Patton tenait le piano. Ce qui représente 67 concerts de
New York à Los Angeles et retour. Art est ensuite employé par le batteur Red
Saunders (1912-1982), grande figure du jazz à Chicago, passé chez Tiny Parham
(1934), Albert Ammons (1937) et dans les lieux historiques que furent le Savoy
Ballroom, le club DeLisa (où il fut chef d'orchestre jusqu'en 1958). C'est en
1962, au Regal Theatre qu'Art joue pour Red Saunders. Red employait aussi le
méconnu Fip Ricard (tp), John Avant (tb) et des arrangements de Sonny Blount
devenu Sun Ra («Trust in Me», «Piece A-Puddin'», «Mambo in Trumpet», etc.).
Peu
après, le trompette John Howell introduit Art Hoyle dans le milieu des
musiciens de studio. Ils jouent ensemble pour le saxophoniste Sonny Cox
(Chicago, 1966, The Wailer), pour Terry Calliet (1972, What Color Is
Love) et pour Harry Stone (Right On!). Mais c'est Red Saunders qui a
joué avant cela, un rôle déterminant dans la carrière d'Art Hoyle en le faisant
entrer dans l'orchestre d'une chaîne de télévision à Chicago (1962 à 1964). Red
Saunders était de mèche avec le président du syndicat des musiciens de Chicago
qui lui a demandé, à des fins d'intégration, de lui recommander trois musiciens
de sa communauté pour les studios CBS (WBBM-TV). Art fut l'un des trois avec
Frank Derrick (as) et Charles Parham (b). Le directeur artistique Frank Smith a
indiqué qu'ils touchaient 225 dollars pour environ 10 heures de travail.
Malheureusement, c'est survenu peu avant que la télévision ne supprime
progressivement l'utilisation d'orchestres en direct dans leurs programmes.
Pendant ses deux années à la CBS, Art a été de moins en moins sollicité. La
dernière année, il n'est venu qu'une fois dans les studios. Art a été soulagé
lorsque son contrat a pris fin, car il lui était interdit de faire autre chose.
Il joue dans le Sherman House Orchestra et au Mill Run Theater. Dès 1964, Art
commence à enregistrer pour les chanteurs (on l'entend dans «Summertime» de
Billy Stewart, gravé le 6 octobre 1965 pour Chess), des jingles publicitaires pour la radio,
la télévision et autres (TWA, United Airlines, bière Schlitz), puis des musiques
de films. Et parallèlement, il joue dans les théâtres, hôtels, dancings.
C'est le 19 mars 1964, qu'il enregistre à l'Universal Recording Studio pour
Oliver Nelson aux côtés de pointures comme Snooky Young (tp), Tony Studd (btb),
Jerome Richardson (fl, bs), Phil Woods (as, cl), Ben Tucker (b) et Grady Tate
(dm). Le 16 mars 1969, Art est soliste invité au premier concert Journey
Through Jazz donné au Simpson Hall du Field Museum de Chicago, avec J.B.
Hutto, Franz Jackson, Lil Armstrong mais aussi l'AACM et Richard Abrams.
Art Hoyle fait des tournées avec Lena Horne,
Tony Bennett, Johnny Mathis, le chef d'orchestre-trompettiste Ralph Marterie,
Burt Bacharach, Peggy Lee et Henry Mancini. Il enregistre pour Sarah Vaughan,
Quincy Jones, Woody Herman, Natalie Cole. Il a également travaillé pour Ella
Fitzgerald, Carmen McRae, Billy Eckstine, Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy
Davis, Jr., Louie Bellson, Joe Williams, Nelson Riddle, Gene Ammons, Dionne
Warwick. En août 1970, au North Park Hotel de Chicago, Art participe au Charlie
Parker Memorial Concert, à la même affiche que Dexter Gordon, Von Freeman, Red
Rodney, Kenny Dorham, Ray Nance, Joe Daley, Howard McGhee, etc. Il fait partie
du combo de Lee Konitz (as, ts) en compagnie de John Young (p) et Philly Joe
Jones (dm). Le double LP qui en a résulté offre «Scrapple From the Apple», «Yardbird
Suite» et trois titres en accompagnement d'Eddie Jefferson (voc): «Now's the
Time», «Parker's Mood» et un medley («Disappointed/Oh, Lady Be Good»).
Art est membre fondateur, en 1972, du groupe The
Forefront dirigé par son confrère trompettiste Bobby Lewis et qui se produit
l'année même au Chicago Brass Seminary et au Denver Trumpet Symposium. En fait, c'est la réunion d'une équipe de studio qui souhaitait sortir de l'anonymat.
Bobby Lewis, George Bean et Art Hoyle ont notamment mis leur savoir-faire en
travail d'ensemble au service de Jerry Butler (1972). La section complète avec
le quatrième larron en plus, Russ Iverson, a travaillé pour Les Hooper (1977).
Le groupe The Forefront a remporté un vif succès auprès d'un public spécialisé
au 1er Congrès International des Cuivres à Montreux (juin 1976). J'y ai été
tout spécialement impressionné par The Trumpet Section Suite de Bobby
Lewis qui figure sur leur deuxième album, In, enregistré à Chicago en mars
1975 et janvier 1976 (AFI Records U64389). Elle comporte quatre parties: «Knocking
on the Kings Door» («twenties jazz in the manner of King Oliver and Louis
Armstrong»), «By Night» («reminiscent of the thirties and forties section and
early Duke Ellington with a nod to Harry James»), «It's got that Swing» («with
fire and drive of the sections of the fities and sixties, Woody, Maynard, Basie»)
et «Another Dimension» («a contemporary sound piece»). Si Art se limitait à
jouer la trompette, le bugle et le cornet, le reste de la section ajoutait la
trompette alto, la trompette piccolo et la trompette soprano en mi bémol! Rufus
Reid (b) et Jerry Coleman (dm) complétaient cette formation techniquement
convaincante (précision de la mise en place, justesse) et artistiquement
originale à travers les compositions de Bobby Lewis, du saxophoniste Joe Daley
et de leur confrère Bob Ojeda (cf. Tears). Notons qu'à Montreux, Steve LaSpina remplaçait
Rufus Reid. Les deux premiers albums ont été réédités en double CD avec en plus
une séance inédite de novembre 1977 où Cy Touff (btp) est ajouté à la section
et où Art est le soliste dans «Bluesery» de la suite Trumpetry de Bobby
Lewis. Il n'y a pas beaucoup d'ensembles de trompettes réguliers avec
rythmique. Le plus souvent ce furent des réunions pour un disque. Malgré ses
atouts, The Forefront n'a pas duré. Et en août 1979, Bobby Lewis a réalisé sa
dernière séance, seul, en re-recording pour toutes les voix (bugle, trompette
avec sourdine, trompette piccolo). Pour l'année scolaire 1980-81, Art est
l'artiste en résidence de la Lew Wallace School.
En 1981, il joue en solo dans «Michelle» sur un
album commercial, Three Piece Suite (Columbia), du pianiste Ramsey Lewis. En 1985, il retrouve Bobby Lewis
pour une tournée du groupe EARS au Japon. Il participe avec le trombone Russ
Phillips (ex-musicien de Louis Armstrong) à l'album Breakin' Out du big
band de Bob Stone dans lequel il est copieusement soliste («Back to Basie», «Leaving»,
«The Countless of Monte Cristo»). Au début des années 1990, Art co-fonde avec
Richard Wang, le Fletcher Basington Orchestra dédié à la musique de Fletcher
Henderson, Count Basie et Duke Ellington. Il monte aussi un quintet pour jouer du jazz à
Gary, lorsqu'il en a le temps. Dans son groupe, il a employé le saxophoniste
Bunky Green et pour un temps, le pianiste Muhal Richard Adams. A partir de
1999, son quintet donnait aussi des animations scolaires pour River Music
Experience, à Gary. En 1999, Art et James Scales participent à Chicago à un
concert hommage à Sun Ra. C'est aussi le moment où Art joue dans l'Ensemble
Stop-Time, basé au Columbia College's Center for Black Music Research. Il joue
aussi pour Jon Faddis et le Chicago Jazz Ensemble aux côtés de Larry Brown
(tp).
En novembre 2007, il participe au concert des
95 ans du légendaire Franz Jackson. En 2010, Arthur Hoyle a fait la couverture du Chicago
Jazz Magazine de juillet-août. En avril 2012, techniquement un peu diminué,
il est invité avec son quintet par la Greater Gary American Jazz Association.
Le 29 août 2018, Art retrouve Bobby Lewis au Millennium Park durant le Chicago
Jazz Festival pour jouer avec le trompette Orbert Davis du Chicago Jazz
Philharmonic.
Dans les années 1970, Art jouait une trompette
Olds, modèle Recording, qu'il utilisait encore en 2011, avec une embouchure
Giardinelli 3M, et il a employé un bugle Yamaha.
Arthur Hoyle est décédé au Methodist Hospitals
Southlake Campus de Merrillville, dans l'Indiana, des suites de la maladie
d'Alzheimer d'après son épouse Ruth.
Les funérailles ont eu lieu le 11 juin à la St. Timothy Catholic Church.
«Un grand ami et un
modèle. Il me manque (A great friend and role model. I miss him.)», a dit Brad Goode, son confrère trompettiste et enseignant de Chicago.
Il «pouvait jouer derrière n'importe quel vocaliste. C'était un vrai
musicien de jazz. C'était le cœur, l'expression, il y avait le blues, c'était
poétique (could play behind any vocalist. Beautiful. He was a true jazz
musician. It was soul, it was expression, it has the blues, it was poetic).», remarquait Pharez Whitted, trompettiste, neveu de Slide Hampton.
1972. Super Fly
de Gordon Parks Jr, musique de Curtis Mayfield
1974. Caroline de
John Berry, avec Diahann Carroll, musique de Curtis Mayfield
1976. Sparkle de
Sam O'Steen, musique de Curtis Mayfield
1977. A Piece of the
Action de Sidney Poitier, avec Poitier et Bill Cosby, musique de Curtis
Mayfield
1977. Short Eyes
de Robert M. Young, musique de Curtis Mayfield
DISCOGRAPHIE
Sideman LP 1956. Sun Ra, Super-Sonic
Sounds, Impulse! AS 9271
LP 1956-61. Sun Ra and
his Myth Science Arkestra, We Travel The Space Ways, El Saturn Records
409
LP 1957. Jazz by Sun Ra, vol.1, Transition trlp 10 LP 1957. Sun Ra and the Arkestra, Sound of Joy, Delmark 414 CD 1959. Lionel Hampton.
Hamp's Big Band, RCA 74321 21821 2
LP 1961. Lloyd Price, Cookin'
with…, ABC Paramount 382
LP 1964. Oliver Nelson
& his Orchestra, Fantabulous, Argo, 737 LP 1965. Fontella Bass, The New Look, Checker 2997
LP 1966. Sonny Cox, The
Wailer, Cadet 765
LP 1966. Herb Lance, The
Comeback, Chess 1506
LP 1966. Bunky Green, The
Latinization of Bunky Green, Cadet 780
LP 1967. Kenny Burrell, Ode
to 52nd Street, Cadet 798
LP 1970. Charlie
Parker Memorial Concert. Bellaphon 6509
LP 1972. Terry Callier, What
color is love, Cadet 50019
LP 1972. The Dells, The
Dells sing Dionne Warwicke's Greatest Hits, Fermata 304 1029
LP 1972. Jerry Butler, The
Spice of Life, Mercury 2 7502
LP 1972. Bo Diddley, The
London Bo Diddley Sessions, Chess 50029
LP 1973. Shirley Scott, Superstition,
Cadet CA 50036
LP 1973. Terry Callier, I
Just Can't Help Myself, Cadet 50041
LP 1974. Oscar Brown Jr., Fresh, Atlantic 18106
CD 1976/7. Bobby Lewis, In
the Forefront, Southport 0079
LP 1977. Les Hooper, Dorian
Blue, Churchill Records 67234
LP 1980. Curtis
Mayfield, Something to Believe In, RSO 2394 271
LP 1981. Ramsey Lewis, Three
Piece Suite, Columbia 37153
LP 1982. The Jazz
Psalms, Tecsongs Music Co 41157
LP 1986. Bob Stone Big
Band, Breakin' Out, Fantasia 1001
CD 1995. Don Bennett,
Chicago Calling!, Candid 70713
CD 1998. Francine Griffin, The Song Bird, Delmark 512
DVD
1956-58. The Cry of
Jazz d'Edward O. Bland, KHTB Prod. (1959), reissue Atavistic UMS DJ-865
«The film demonstrates the unifying tension between
rehearsed and improvised jazz. Cry of Jazz is a historic and
fascinating film that comments on racism and the appropriation of jazz by those
who fail to understand its artistic and cultural origins» https://www.youtube.com/watch?v=gNv5l8KuoZw
VIDEOS
1956. Sun Ra & his Myth
Science Arkestra: Sun Ra (p), Art Hoyle (tp), Julian Priester (tb), James
Scales 'as), Pat Patrick (bs), Wilburn Green (eb), Robert Barry (dm), John
Gilmore (space bells, perc), Balkan Studio, Chicago, April 13, 1956, New
Horizons, Saturn HK 5445 https://www.youtube.com/watch?v=1IOQGy9RLoY
1956. Sun Ra & his
Arkestra: Sun Ra (p), Art Hoyle (tp), Julian Priester (tb), John Gilmore (ts),
Pat Patrick (bs), Wilburn Green (b), Robert Barry (dm), RCA studios, Chicago,
May 16, 1956, Urnack (Priester), Saturn Z222B &The Cry of Jazz (film
soundtrack not edited) https://www.youtube.com/watch?v=M-f7orZXxoQ
1956. Sun Ra & his
Arkestra: Sun Ra (p), Art Hoyle, Dave Young (tp), Julian Priester (tb), James
Scales (as), John Gilmore (ts), Pat Patrick (bs), Richard Evans (b), Wilburn
Green (eb), Robert Barry (dm), Jim Herndon (tympany), Universal Recording,
Chicago, July 12, 1956, Brainville (Ra) https://www.youtube.com/watch?v=2dIjmPYX8rg
1958. Lionel Hampton (vib, p,
dm) & his Orchestra: Dave Gonsalves (lead tp), Arthur Hoyle, Eddie
Williams, Ed Mullens (tp), Wade Marcus Jr, Larry Wilson (tb), Lou Blackburn
(solo tb), Leon Zachery (as), Bobby Plater (as, cl), Andy McGhee (ts), Lonnie
Shaw (bs), Oscar Dennard (p), Billy Mackel (g), Julius Brown (bg), Wilbur Hogan
(dm), Hot Club of Belgium, Opéra Royal de Wallonie, Liège, February 17, 1958,
full concert https://www.youtube.com/watch?v=UQG69Ectxcw
1958. same as above (Art
Hoyle, solo tp) + Gene Krupa (dm), Timex Show, 1958 https://www.youtube.com/watch?v=UVEBPEDhpiw
1964. Oliver Nelson (ts) &
his Orchestra: Snooky Young, Art Hoyle (tp), Roy Wiegand (tb), Tony Studd
(btb), Phil Woods (as), Bob Ashton (ts), Jerome Richardson (bs), Patti Brown
(p), Ben Tucker (b, Grady Tate (dm), Chicago, March 19, 1964: «Hobo Flats» https://www.youtube.com/watch?v=8qcbwphn5r4
1966. Herb Lance (voc), Art
Hoyle (tp), John Avant (tb), Bunky Green (as), Rubin Cooper Jr (ts), Delbert
Hill (bs), Charles Stepney (p), Roland Faulkner (g), Cleveland Eaton (b),
Maurice White (dm), Chicago, Ter Mar Recordng Studios, May 1966: «Close Your
Eyes» (arr. Phil Wright) https://www.youtube.com/watch?v=rhPq80ucc4Y
1972. The Dells with Arthur
Hoyle & Bobby Lewis (tp, flg), 1972, «Wives & Lovers» https://www.youtube.com/watch?v=p66uwXXbFb0
1972. Bo Diddley (g, voc),
Art Hoyle (tp), London Sessions, August 1972 https://www.youtube.com/watch?v=--UMiaMvnv4
1973. Shirley Scott (org) with
Art Hoyle, Murray Watson (tp), Clifford Davis (ts) Jimmy Ponder (g), Ron Carter
(b), Grady Tate (dm), Chess studio, Chicago, 1973: 30:35 «Liberation Song»,
35:19 «Rainy Days», «Mondays Always Get Me Down» https://www.youtube.com/watch?v=aFftcrIM0Ms
1987. Bob Stone Big Band,
Moosehead Bar & Grill, Chicago, February 1987 featuring Bob Rzeszutko (as),
Art Hoyle (tp): My Old Flame (arr. Marty Paich) https://www.youtube.com/watch?v=N1diaiLadrU
2007. Franz Jackson, 95th Birthday (ts),
Eric Schneider (as), Art Hoyle (flh), Jim Pickley (p), Darrel Tidaback (b),
Billy Nicks (dm), November 2007: «Stardust» https://www.youtube.com/watch?v=VJIe5JGhtVg
2012. Arthur Hoyle Quintet,
Gary, April 29, 2012, 25th Anniversary Celebration of the Greater
Gary American Jazz Association https://www.youtube.com/watch?v=AqblNIv1ri4
2012. Elizabeth Doyle (voc)
quartet with Art Hoyle (tp, flh), Chicago, May 7, 2012: Peggy Lee Birthday
Tribute https://www.youtube.com/watch?v=SM8l7_phlm4
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