Michel Décourrière,
publicité A. Dumont, années 1950
© archives Michel Laplace
Le 29 septembre au matin, Michel Decourrière s'est
éteint paisiblement dans une maison de retraite à Rambouillet où il vivait avec
son épouse Christiane. Michel
Decourrière est un personnage connu de tous les trompettistes des années 1950
et 1960.
Michel
Decourrière fut un brillant élève de Raymond Sabarich au Conservatoire National
Supérieur de Musique de Paris (1946-49). Il a remporté son premier prix de
trompette la même année que son ami Roger Guérin (1949). Sabarich aurait d’ailleurs
aimé placer Michel Decourrière, tout comme Roger Guérin, dans les orchestres symphoniques
parisiens, mais l'un comme l'autre ont préféré les grands orchestres de danse
(très jazzy à cette époque) et de jazz. A l'inverse de Roger Guérin, Michel
Decourrière a fait des remplacements dans les ensembles classiques prestigieux
à l'ORTF (mai 1956 à 1965: au National –direction Charles Münch, 1956-, au
Lyrique -1957 et 1962–, au Philharmonique), aux Concerts Pacra, Concerts
Lamoureux, Concerts Pasdeloup, au Théâtre Mogador (1951, avec Luis Mariano: La
Belle de Cadix) et il a joué dans les grands orchestres mi-classique mi-jazzy
comme ceux de Guy Luypaerts, Paul Bonneau, Paul Durand et Wal-Berg (avec Robert
Fassin, tp). Mais surtout, et c'est pour cela qu'il est une légende dans le
métier, il a (comme Roger Guérin d'ailleurs), joué, après son service militaire
dans la Musique de l'Air (1945-49), dans tous les établissements prestigieux de
Paris: Moulin Rouge (1955, direction André Dabonneville, puis des remplacements
1965-80), au Lido (début 1957), aux Folies-Bergères (1959 à début 1962), à
l'Olympia (1958, 1961) et au Casino de Paris (direction Roger Guérin; avec Fred
Gérard, Loulou Vezant, tp). Il joue dans les clubs comme Nouvelle Eve (1952,
1955), il accompagne les chanteurs en vogue comme Joséphine Baker (1958),
Charles Aznavour (1959), les Platters lors de la tournée 1958: Algérie (Oran), Tunisie (Tunis), Maroc (Casablanca), et il fait des tournées Holiday on Ice en 1965, avec Coco Barbier, disciple oublié
d'Harry James. Il réalise sa première séance de disque pour Jacques Jay (1951,
chez Vogue). Il fait beaucoup de séances pour Faustin Jeanjean (1954, avec
Maxim Gravis, tp) et pour les musiques de film avec Jacques Météhen. «Delicado,
samba boléro» ou «Mon cœur bat, fox» par l'orchestre de Noël Chiboust montrent
comment sonne une section de trompettes du temps de Michel Decourrière, il en va
de même pour divers titres par Jerry Mengo sur le même label Ducretet-Thomson.
En fait, et comme c'est usuel dans les années 1950 et 1960, son nom n'apparaît
pas sur les pochettes de beaucoup de disques par les grands orchestres dans
lequels il est passé, à savoir Camille Sauvage (Juan-les-Pins, Cannes, Paris),
Jacques Hélian (à l’occasion), Hubert Rostaing, Aimé Barelli, Alix Combelle,
Noël Chiboust, Jerry Mengo, Benny Bennet, Daniel Janin (1961). Pour eux, il a
fait aussi des enregistrements pour la radio, puis pour la télévision. Michel
Decourrière cesse de jouer régulièrement à Paris en 1977. Il a notamment
enseigné à l'école de musique de Rambouillet (1976-88).
de gauche à droite: Michel Laplace, Michel Décourrière, Fred Gérard,
Chennevières-sur-Marne (94), 17 août 1989 © Lisiane Laplace
Ami personnel, Michel
Decourrière a joué dans mon trio DeFaLa avec Robert Fassin (1982) puis mon
groupe, les Trompettes de France, avec Fred Gérard, Robert Fassin (1989). Il était un très solide trompettiste de section, souvent premier
trompette. Une anecdote que m'a confiée Roger Guérin et qui concerne Michel
Decourrière, en début de carrière: un jour, il lui demande d'assurer le solo
d'un morceau, ce que Michel accepte sans savoir improviser d'après les accords
qui à l'époque n'étaient pas seulement chiffrés mais aussi notés de façon
basique sur les partitions. Arrive son tour, et on entend Michel jouer les notes
écrites sur la partition au lieu de broder dessus: do-mi-sol, do-mi-sol (l'accord de do), et de la même façon la séquence de douze mesures sur les accords de base. Du coup, Roger Guérin a ensuite composé le «Decourrière blues» en reprenant le do-mi-sol,
do-mi-sol de Michel. Michel
Decourrière, superbe technicien de la trompette, très ami avec le regretté
Robert Fassin, était resté passionné par la trompette et la musique après sa
retraite. Toutes nos pensées vont à son épouse Christiane, et à son fils
Jean-Jacques Decourrière, trompettiste.
Michel Laplace Photo: Lisiane Laplace
SOURCE: Le Monde de la Trompette et des
Cuivres de Michel Laplace (2014-2020)
SELECTION DISCOGRAPHIQUE
CD 1948-53. Camille Sauvage et son orchestre, Le
temps de la radio, AMR 801 45t 1955. Camille Sauvage et son Orchestre, You
Belong to Me, RCA F75.029
LP 1956. Camille Sauvage et son Orchestre,
Surprise partie chez Camille Sauvage, RCA 130 048
LP 195?, Camille Sauvage et son Orchestre (P.
Thibaud, solo tp), Blues and Rhythms, Monde Melody 3319
LP 1955. Noël Chiboust et son Orchestre, Une heure
de musique de danse, Ducretet-Thomson 8646
VIDEOS
Orchestre Camille Sauvage, incl. Michel
Decourrière (tp1-first from the left), 1950s, unidentified title https://www.youtube.com/watch?v=9sWDk1liClY
Daniel Janin (Jeannin) & son Orchestre:
(gauche à droite) Louis Toesca, Jacques Solet, Gilbert Dias, Roger
Deblock-screamer, Michel Decourrière, Jean Liesse (tp), Emile Vilain, Raymond
Fonsèque, François Guin, Marc Steckar (tb), Pierre Dubois (fl) + Dominique
Chanson, Fernand Pasteris (as), Marcel Canillar, Roland Audefroy (ts), Henri
Jouot (bs), Janin (vib), Christian Jouan (g), Roland Lobligeois (b), René Nan
(dm), Paris, studio A, 1961: Waiting My Day (Janin) solistes: Dominique Chanson
(as), Raymond Fonsèque (tb)
https://www.youtube.com/watch?v=cvK_BZKcPrY
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