Carol Leigh
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22 déc. 2020
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25 décembre 1933, Redwood City, CA - 22 décembre 2020, Ansonia, CT
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© Jazz Hot 2020
Carol Leigh, Souillac, 3 avril 2010
© Lisiane Laplace
Sans doute mieux
connue aux Etats-Unis qu'en France, sauf dans le milieu du jazz traditionnel,
Carol Leigh a pourtant chanté en professionnelle pour de nombreux engagements à
San Francisco, de 1961 à 1971, avec les célébrités les plus diverses comme
George Pops Foster, Wellman Braud, Frank Big Boy Goudie, Kid Thomas, Elmer
Snowden, Cal Tjader, Slim Gaillard et même Rahsaan Roland Kirk. Mais on n'a peu
de chance de la trouver dans les ouvrages des spécialistes du jazz comme du
blues. Pourtant, selon nous, Carol Leigh est l'héritière d'une étape
fondamentale qui, en rompant progressivement avec le ragtime, fait naître de
l'intime relation qui s'est établi entre les chanteuses dites de blues et les
premiers instrumentistes ce qu'on appelle le jazz. On connaît encore, grâce à
des biopics douteux, les noms de Bessie Smith et de son aînée Ma Rainey qui a
découvert le blues en 1905. Une mode (blues craze) s'est imposée surtout à partir
du deuxième disque de Mamie Smith gravé le 10 août 1920, «Crazy Blues» (alias
«Harlem Blues») qui fut un énorme succès commercial, jusqu'en novembre 1933,
date de la dernière séance d'enregistrement de Bessie Smith («Gimme A Pigfoot»).
Pour le profit, une multitude de chanteuses sont lancées que les Anglo-Saxons
classent en fortes voix du «Classic Blues» (Ida Cox, Maggie Jones, Mae Alix
alias Edna Hicks, Chippie Hill, Ada Brown, Helen Proctor) ou, en style plus
délicat, le «Vaudeville Blues» (Ethel Waters,
Eva Taylor, Alberta Hunter). Quantité de Smith (Clara, Trixie, Ruby, nièce de
Jack Gee mari de Bessie), Henderson (Katherine, Edmonia, Rosa) et Johnson
(Margaret, Mary) font une séance d'enregistrements (Louise Johnson) ou beaucoup
plus dans ce créneau négligé des historiens. Certaines sont excellentes,
d'autres médiocres voire pire, mais elles sont accompagnées par les premières
générations valeureuses, des musiciens de transition (Johnny Dunn) ou déjà des
jazzmen (Louis Armstrong, Joe Smith, Charlie Green, Jimmy Harrison, Sidney
Bechet, Coleman Hawkins, Willie Le Lion Smith, James P. Johnson, etc.). De
plus, grâce à elles, on adopte des tempos autour du médium en métrique 4/4 qui
ont permis l'émergence du swing, d'un phrasé instrumental «vocal» et d'un
répertoire pas limité au strict blues de 12 mesures. Ces chanteuses
amoureusement qualifiées de «Black Pearls» ne disparaîtront pas. Elles
cesseront d'être sous les projecteurs des commerçants voilà tout. Ainsi des chanteuses qui ont enregistré dans les années 1920 exercent encore à New Orleans
dans les années 1940 (Ann Cook) et 1950 (Lizzie Miles). D'autres en Californie
(Monette Moore). Il y aura même une timide relance du genre dans les années
1960 (Victoria Spivey, Sippie Wallace). Carol Leigh qui avait une culture jazz
énorme savait tout cela. Bien sûr pour certains, son physique ne sera pas celui
de l'emploi. C'est ignorer que dès les débuts du genre, il y eut des musiciennes au
look semblable comme la pionnière Marion Harris (1896-1944) qui dès 1916 enregistre
le «It Ain't Got Nobody» de Spencer Williams qu'elle reprendra avec un bon «St
Louis Blues» accompagnée par Bennie Krueger (1923, Brunswick), mais aussi la
sexy Gilda Gray (1895-1959) qui fit sensation dans Gaities of 1919 à
Broadway. C'est sa collaboration avec les Original Salty Dogs à Chicago qui
lance vraiment Carol Leigh. Elle n'eut guère de rivales de son temps. Si l'on
excepte à New York Natalie Lamb (1932-2016) pour une séance avec Doc Cheatham
et Sammy Price (1979), ces blues-jazzwomen sont concentrées sur la Côte Ouest: en dehors de
son aînée Claire Austin (1918-1994) qui a réussi un disque crédible avec Kid
Ory et Don Ewell (1954, «Down Hearted Blues»), il y a les recrues du banjoïste
Dick Oxtot, Barbara Dane (1927) responsable d'un sympathique «Good Morning Blues»
avec George Lewis (juin 1956) et même la jeune Janis Joplin (1943-1970) qui a
montré des dispositions (1965, «Mary Jane») vite oubliées au profit d'autres
rivages.
Notre héroïne
s'est prénommée Carol parce qu'elle est née le jour de Noël. Son nom de jeune
fille est Karney. Carol est née à Redwood City en Californie, près de San
Francisco. L'un de ses grands-pères était violoniste. Carol a été élevée à San
Francisco. Très tôt, elle s'intéresse à la musique et elle commence même à chanter
à partir de l'âge de 5 ans dans des spectacles d'amateurs et des réunions
fraternelles. A 11 ans, ses préférences musicales sont le blues, de toutes les
époques, y compris celui qu'on trouve sous l'étiquette «Rhythm & Blues».
Vers 14 ans, elle ajoute à sa vie, l'amour du jazz, principalement celui des
années 1920 à 1940. Elle a la faculté de retenir les paroles des chansons
entendues à la radio. C'est en 1953, à 20 ans, qu'elle épouse James Leigh
(1930-2012), tromboniste qui joue au nord de San Francisco, au Pier 23 Cafe,
avec des célébrités locales comme Turk Murphy (tb), Bob Scobey (tp) et une
jeunette, Janis Joplin (!). James, admirateur de Kid Ory, est un passionné de
jazz. Carol fait des études au San Jose State College (1956-57) tout comme son
mari James qui les a reprises là (1957) et y enseigne (1958). Ils retournent à
San Francisco et Carol s'implique dans le jazz à partir de 1959. A cette date,
elle fait ses débuts professionnels au Swinging Door Club de San Francisco avec
le Jazz Band du pianiste-trombone Alan Hall. Elle nous a parlé de cette époque:
«Il y avait beaucoup de travail dans la
région. De gros clubs de jazz programmaient de la musique six voir sept soirs
par semaine. Il y avait des petits bars où de vieux musiciens et des débutants
pouvaient jouer ensemble, et il y avait un tas de jam sessions le dimanche ou
en Blue Monday. Les heures usuelles étaient de 9 heures du soir à 2 heures du
matin. Il y avait des boîtes après ces heures ouvrables, de 2 à 6 heures du
matin. J'ai chanté dans l'une d'elles, le Streets of Paris, pendant un an, et
de bons jazzmen venaient y jammer. Quel grand frisson c'était de chanter et
d'avoir Cat Anderson ou Henry Coker pour vous accompagner! Coker avait joué
chez Basie et était alors chez Ray Charles [1966]. Et il y avait un autre lieu
après l'«après heures ouvrables», ouvert de 6 à 11 heures du matin les samedis
et dimanches...c'était alors le bon temps. Ainsi, on avait cinq ou six clubs de
jazz et deux grands hôtels [à San Francisco] pour les musiciens célèbres qui
tournaient par là, et un tas d'endroits pour faire travailler les types du coin»
(interview, avril 1996). En effet, Carol chante six soirs/nuits par semaine au
Hotsy-Totsy Club de San Francisco (1961-62). C'est là qu'elle a l'occasion de
se produire avec Wingy Manone, Wellman Braud, Pops Foster. Certes, hormis Ma
Rainey, sans la majesté, aucune chanteuse n'a l'ampleur et la puissance sans
forcer de Bessie Smith, comme aucun trompettiste n'a le volume et la puissance
de son décontractés de Louis Armstrong avec cette même autorité impériale et
une large gamme d'émotions. Même les plus grandes chanteuses qui suivront,
c'est à dire Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Dinah Washington, Sarah Vaughan
n'ont pas cette puissance expressive et lorsque la grande Ethel Waters imite
Bessie c'est par le phrasé et la diction de celle-ci. Alors à quoi bon
reprocher à Carol Leigh l'inaccessible?
Carol travaille
aussi au Mexique, à Cuernavaca, à La Hora del Pueblo (1962). Puis, elle
apparait dans le show d'Al Collins à la télévision (1963, San Francisco, chaîne
KPIX). On l'entend avec Slim Gaillard à Oakland notamment pour la radio avec
Bill Cosby (vers 1965). A San Francisco, elle passe au Sabella's (1968) puis se
trouve en résidence avec le clarinettiste Bill Napier, au Pier 23 Cafe
(1968-71). A plusieurs reprises dès 1969 et pendant les années 1970, elle se
produit avec les New Orleans Rascals d'Osaka. Carol Leigh a la chance d'être remarquée par le tromboniste-batteur Big
Bill Bissonnette (1937-2018). Leader du Easy Riders Jazz Band dans le
Connecticut, il a pris la bonne habitude d'inviter des vétérans à jouer avec
tout ou partie de son orchestre pour des tournées de concerts et des disques
sur son label clairement nommé: «Jazz Crusade». En 1964, il a convié la Black
Pearl, Victoria Spivey. Son December Band de 1965 avec les Louisianais Kid
Thomas Valentine (tp), Capt John Handy (as), Sammy Penn (dm) est un succès. Il
utilise à nouveau cette formule gagnante pour une série de concerts Californie
et une première séance au Earthquarke McGoon's de San Francisco en février
1969. «BBB» comme on l'appelle tient à faire une seconde séance de sa troupe
avec Carol Leigh le 10 mars suivant. «J'étais
devenu instantanément un fan de Carol Leigh après l'avoir entendue dans un petit
enregistrement privé parvenu jusqu'à moi. Être fan de Carol Leigh en 1969 était
autre chose que de faire partie de la légion de ses fans aujourd'hui [1992].
Quand je l'ai entendue pour la première fois, j'ai voulu l'enregistrer. J'ai un
assez bon dossier de 'découvertes' de jeunes talents...que j'ai été le premier
à enregistrer en Amérique. J'ai compris ce qu'était cette fille à la minute où
je l'ai entendue et j'ai voulu l'aider à percer». BBB revient sur cet
épisode dans son autobiographie The Jazz Crusade (1992). A la fin des
engagements, ils retournent en studio à San Francisco pour enregistrer deux
morceaux avec Carol. Elle a choisi un succès de Mae West, «I Wonder Where My
Easy Rider's Gone?» et BBB lui a demandé de chanter «Make Me a Pallet on the
Floor» que Sara Martin a gravé sous le titre «Atlanta Blues» en 1923 avec
Clarence Williams. Ils ont travaillé jusque tard dans la nuit pour finalement
obtenir de chacun une prestation remarquable. «Pallet» est pris en tempo lent
bien introduit sobrement et de façon low
down par Cyril Bennett (p). La voix sensuelle de Carol apparaît ensuite. Le
vétéran Kid Thomas Valentine (1896-1987) joue un solo de trompette wa-wa simple
et plein de feeling, puis Carol harangue de façon érotique le brave Kid, en
répétant «Make it, Baby». Carol a déjà le talent d'obtenir le meilleur de ceux
qui l'accompagnent. Elle poursuit avec d'abord le contre-chant plein de swing
de Capt John Handy (as), et enfin tout l'orchestre derrière elle, mené par le
drive du Kid. C'est sans doute la première grande réussite enregistrée par
Carol Leigh. «I Wonder Where» est swingué en tempo moyen, avec un superbe solo
de Capt John Handy très swinguant comme toujours. Carol y est bien dans
l'esprit des Black Pearls avec beaucoup de dynamisme et un timbre vocal bien à
elle. Finalement, la prise de son n'a pas plu à BBB et ces deux titres dont
nous avons deux prises sont restés inédits jusqu'à la réédition en CD. On
aurait souhaité plus. BBB n'aura pas été pour Carol le lanceur de talent qu'il
avait souhaité être. Mais, à notre opinion, Carol Leigh est ici dans son
domaine avec des musiciens qui jouent sur le feeling plutôt que dans la
démonstration, et avec un swing lazy
plus qu'une crispation rythmique ce dont font, hélas, preuve beaucoup des
dixielanders américains qui vont l'employer. Carol Leigh a aussi chanté à
Papeete, Tahiti, au Pu'o'Oro Plage Club (1970). En 1971, le pianiste Dudley «Big
Tiny» Little l'emploie pour des concerts et dans le show télévisé de Bob Braun
à Dayton et Cincinnati. En 1972, Carol monte son propre trio afin de chanter à
travers les Etats-Unis pour la chaîne Holiday Inn. C'est aussi l'année où elle
apparaît avec le pianiste Dave Frishberg à la Southern California Hot Jazz
Society de Los Angeles. Enfin Carol Leigh apparaît dans le film Your Three Minutes Are Up de Douglas
Schwartz, sorti en 1973.
Cette même année,
Carol divorce de James Leigh, mais elle garde ce nom de scène même après son
deuxième mariage ans quatre plus tard avec le saxophoniste-clarinettiste Russell Whitman qui a grandi à Chicago.
Elle se fixe donc à Chicago dès 1973. Elle passe au Big Horn Jazz Festival de
Mundelein dans l'Illinois (1974). Elle se joint pour une occasion (sit in) avec l'Original Salty Dogs Jazz
Band et ce sera le début d'une collaboration fréquente: des engagements à Saint
Louis, pour la Ragfest et sur le Goldenrod Showboat (1974-77). L'Original Salty Dogs
Jazz Band a une déjà forte réputation dans le milieu du jazz traditionnel et un
curriculum vitae très respectable puisque la formation a invité des pionniers
de la scène de Chicago comme Jabbo Smith (tp), Preston Jackson (tb), Darnell
Howard, Franz Jackson (cl), Little Brother Montgomery, Lil Hardin-Armtrong (p),
Ikey Robinson (bjo). Malgré cela, le feeling n'a pas été, selon nous,
totalement assimilé et l'orchestre sonne un peu «mécanique» malgré de bons éléments
comme Lew Green (cnt), Wayne Jones (dm) et de moindre façon Kim Cusack,
disciple de Darnell Howard (cl, as). On n'attend pas Carol Leigh à Chicago où
le jazz et le blues sont encore bien vivants. Little Brother Montgomery
s'occupe de Jeanne Carroll (1931-2011) qu'il utilise en disque dès 1969 et qui
fut sollicitée par l'Original Salty Dogs Jazz Band (1969) puis Art Hodes (1974)
et Franz Jackson. Et surtout, la Black Pearl des origines, Edith Wilson
(1896-1981), reprend du service à Chicago, après dix ans d'interruption de
carrière, juste au moment où Carol arrive sur cette scène. Edith qui grava des
disques dès 1921 avec Johnny Dunn, remet ça dans la grande tradition avec les
musiciens de Little Brother Montgomery (séances réussies, pour le feeling, de
1973 et 1975 avec Ikey Robinson, Preston Jackson, Red Saunders, dm, Truck
Parham, b, les trompettes Leon Scott ou Leroi Nabors, les clarinettistes Franz
Jackson ou Oliver Alcorn). Avec l'âge, la voix d'Edith Wilson a pris de
l'étoffe. A notre avis, alors que Sheldon Harris aligne pour Carol les influences
de Leroy Carr, B.B. King (!), Ma Rainey et Bessie Smith, nos oreilles relèvent
formellement l'empreinte de cette Edith Wilson tardive sur Mme Leigh, dans le
phrasé, la façon de raconter, les inflexions, un peu le timbre de voix parfois.
En tout cas, ce qui aurait convenu à Carol, c'est cet orchestre de Little Brother
Montgomery, en tout cas en disque, car en club elle les fréquente. En 1974-75,
Carol chante régulièrement avec le trio de l'excellent contrebassiste Truck
Parham dans les clubs de Chicago. En 1976, elle a aussi fait une tournée avec
l'Original Salty Dogs Jazz Band dans le Massachusetts.
On l'entend chanter en invitée avec l'estimable Hall Brothers Jazz Band à
Mendota, dans le Minnesota (1976-77). A la même période, elle se produit aussi
à Toronto, au DJ's Bar, avec le Climax Jazz Band. On la trouve ensuite en
résidence à la Carriage House de Rochester avec les Salt City Six du
clarinettiste Jack Maheu. La télévision canadienne l'engage dans le show du
vibraphoniste Peter Appleyard (1978). À diverses périodes, Carol Leigh a chanté
pour Turk Murphy (1979-81), Dick Wellstood, les Black Eagles. Mais elle est
surtout la chanteuse de l'Original Salty Dogs Jazz Band.
Le meilleur, en
disque, de la collaboration discographique de Carol avec l'Original Salty Dogs
Jazz Band, commencée en 1975, nous semble être «Midnight Mama» de Jelly Roll
Morton où après une introduction up tempo trop «dixieland», l'orchestre opte
pour un tempo lent et low down. Carol y est merveilleuse dans une imitation
d'Edmonia Henderson bien soutenue par John Cooper (p) qui se souvient de Jelly
Roll. Le solo de Lew Green avec le plunger est bon, et les graves de clarinette
de Kim Cusack sont dignes de Darnell Howard. Les lignes de basse de Mike
Walbridge sont dans la lignée Lawson Buford. Tom Bartlett est bon en collective
et Wayne Jones on ne peut plus discret. Enregistré en juin 1983, sort un très
bon disque en duo voix et piano, If
You Don't, I Know Who Will, avec Jim Dapogny (texte du livret par
l'excellent pianiste-clarinettiste Butch Thompson). La voix restée juvénile de
Carol y fait merveille (sont réussis: «You can't Do What My Last Man Did», «My
Papa Doesn't Two-Time No Time», «Changeable Daddy of Mine», «He Likes it Slow»).
Se produit alors
un événement d'abord néo-orléanais puis national. Le chanteur, danseur, acteur
Vernel Bagneris (New Orleans, 1949) lance une nouvelle génération de Black
Pearls grâce au succès de son spectacle One Mo'Time d'abord d'estime (à
partir de 1978) puis bien solide le menant de New Orleans à New York, et même
en Angleterre et Australie. Un succès tel qu'il doit inventer une suite Further
Mo' à partir de 1990. Mais ce qui est significatif, même si les «spécialistes
français» n'y ont porté aucune attention, c'est que ces spectacles révèlent des
chanteuses qui ont retrouvé les clés de l'authenticité des «hot mamas» ou
autres «vaudevilleries»: Lillian Boutté, et de 1981 à 1985, Juanita Brooks,
Thaïs Clark, Topsy Chapman, Sylvia «Kuumba» Williams, Wanda Rouzan pour n'en
citer que quelques-unes. L'amateur éclairé n'en revenait pas, et il s'est mis à
espérer, oubliant qu'un malade va généralement mieux avant de mourir. En
effet, le soufflé est retombé, même si les artistes ont continué une gentille
carrière, certaines avec Lars Edegran qui d'ailleurs fut l'auteur des
arrangements du show. Mais ce spectacle tout comme le film Wild Women Don't Have the Blues de Carol Doyle van Valkenburgh (1987) ont remis en mémoire,
pour un temps, une épopée musicale. Carol Leigh n'en a pas tiré plus que ça un
bénéfice. Pas plus avec la sortie en 1984 de l'album que George Buck produit d'après diverses séances qui ont notamment sollicité Ernie Carson (cnt),
Knocky Parker (p) et Hal Smith (dm) (Go Back Where You Stayed Last Night).
Buck produira d'autres titres dans un deuxième album douze ans plus tard. En
juin 1984, Carol enregistre un disque sous son nom à Chicago, avec Jim Dapogny
et des membres des Salty Dogs comme Tom Bartlett (tb), Kim Cusack (cl), Wayne
Jones (dm) («I'm Busy and You Can't Come In» de Clarence Williams). Cette
année-là, Carol s'est produite en Suède avec Bill Allred (tb), Chuck Hedges
(cl), Jack Lesberg (b), Buzzy Drootin (dm) et le légendaire Wild Bill Davison
(cnt). Heureusement qu'elle a du métier parce qu'elle n'était malheureusement
pas en voix, et très probablement, elle n'a pas pu imposer ce qu'elle voulait à
ces éléphants, notamment la tonalité des morceaux. Seul Wild Bill sembla
s'intéresser à elle, acceptant même de s'adonner au scat. Mais ce «I'll Be a
Friend With Pleasure» en concert, à la gloire de Bix, n'est pas une réussite,
malheureusement il est filmé et diffusé. A l'inverse, ce même morceau par Carol et
Wild Bill tardivement publié en disque en 2018 par Nagel-Heyer, est impeccable;
Carol y est adorable (Who's Sorry Now).
Le hasard qu'elle
saura saisir amène l'étape suivante de sa carrière. En 1989, un groupe français
de jazz traditionnel se constitue, les Dumoustier Stompers. Au printemps 1990,
Olivier Mericq (p, chef de chœur) revenant des Etats-Unis remet à Laurent Verdeaux (cnt, tp),
leader du groupe, une cassette audio dans laquelle il y a une chanteuse qu'il
recommandait. C'est sur la face B qu'elle chante le répertoire de Bessie
Smith. Verdeaux intéressé, prend contact. Carol s'était déjà fixée avec Russ,
son mari, à Ansonia, CT. Il lui propose de jouer avec son groupe au festival Jazz à Montauban. Il reçoit le
répertoire de Carol la semaine qui suit l'appel téléphonique: plus de 400
morceaux et la mention «si vous voulez
quelque chose qui n'est pas dans la liste, dites-moi quoi, j'apprends vite». En
plus, Carol connaît les couplets depuis longtemps oubliés de ces morceaux, pas
tous célèbres. Carol arrive donc pour le festival et la surprise des musiciens
qui l'ont entendue sur la cassette sans l'avoir vue fut sa couleur aspirine et
sa silhouette de jeune première hollywoodienne des années 1930. Mais, là n'est
pas l'essentiel. Carol avait prévu sans concertation la partie chantée du
programme. Elle a distribué aux musiciens les grilles harmoniques des thèmes et
dicté les tempos. Si elle a élevé, musicalement, ce groupe d'enthousiastes,
elle a positivement vécue cette «douce surprise» qu'elle raconta ainsi: «Au Festival de Montauban, sans
présentation, laissés seuls sans répétition, pour un petit bœuf en plein air,
ils m'ont joué le Blues!». Il y avait un potentiel, mais on peut dire que
Carol Leigh, parfois sans ménagement, a tout appris du métier de jazzman aux
Dumoustier Stompers. Quand elle disait «gémissez
le blues!», il fallait être dans le coup. Pour Carol cet ensemble a su
l'être: «Chéri! Ils le font superbement»
(interview, avril 1996). En retour, comme avec l'équipe de Big Bill Bissonnette
plus de vingt ans plus tôt, Carol Leigh trouve là un ensemble qui fonctionne sur
le feeling assis sur la solidité rythmique du guitariste Dominique Brigaud (27 août 1941-6 décembre 2020, rédacteur en chef du Bulletin du HCF), décédé seulement sept jours avant la chanteuse. Ce cadre comme nous
l'avons dit convient à Carol Leigh. Elle nous a expliqué: «Il y a un moment où un morceau n'est pas que bien joué, mais il vous
élève là où le feeling est si bon que vous désirez que le morceau et cette
impression ressentie ne cessent jamais. Et une fois que ça c'est arrêté, il y a
une vraie vibration venant de cette sensation qui ne se dissipe que progressivement.
Les musiciens ressentent ça et une grande partie du public aussi»
(interview, avril 1996).
C'est au festival Coups de vent, au Havre, le 13
juillet 1991, que j'ai vu pour la première fois en scène Carol Leigh dans un
répertoire qui touchait à celui de Mahalia Jackson, Bessie Smith et Ethel
Waters. Ce qui m'a séduit c'est son charisme plus que ses dispositions vocales.
Un sens de la scène qui lui amenait l'adhésion du public, et force est de
constater, celle des musiciens car là, à l'évidence, les Dumoustier Stompers montaient
à l'étage au-dessus, dès l'arrivée de la Dame. Cette impression s'est confirmée
lors du 18e Jazz in Marciac,
lorsque j'ai revu le 12 août 1995, Carol et les Dumoustier aux arènes (avec
Alain Marquet, cl). Fort aimablement mon fils et moi avons été invités à jouer
trois morceaux (blues en mi bémol, «Easy Rider» et «Dr Jazz») avec cette équipe
sur la Place du Chevalier d'Antras, le lendemain, dans le cadre du Festival Bis
(Jean-Pierre Rougeron, ss, à la place de Marquet). Carol était enchantée. Il
était tout à fait évident qu'elle inspirait les musiciens. Mais les documents
audios et vidéos ne transmettent pas ces vibrations indéfinissables. Cette
osmose fait que c'est avec les Dumoustier Stompers que Carol Leigh a laissée
certaines de ses meilleures traces enregistrées. Tout de suite après le succès
remporté au Festival de Montauban, les Dumoustier Stompers ont voulu
enregistrer avec la chanteuse. La première séance s'est tenue dans le salon de
la maison de Jean-Claude et Tina Vartanian, Aux Essarts-le-Roi, le 8 décembre
1990. Elle laisse vers 2h du matin le lendemain, une bonne version de «St Louis
Blues» en effectif réduit à Alain Martien (tp), Laurent Verdeaux (tp avec
sourdine), Jean-Claude Vartanian (p), Bruno Bonté (dm). Notons que le couple
Vartanian deviendra très ami avec Carol, surtout l'épouse new-yorkaise du
pianiste, Tina, elle-même chanteuse.
Une autre
formation européenne, le Kustbandet, l'a accompagnée. Le trombone
Jens Lindgren qui en fut membre depuis 1964, parle d'un «lovely partnership» avec la chanteuse. De son côté, elle l'a
apprécié: «Jens Lindgren et son
Kustbandet sont excellents. C'est le top» (interview, avril 1996). Carol
est superbe dans son évocation réussie sur parfait tempo médium, de Billie Holiday pour «Swing Brother Swing» mis en boîte à Stockholm le 30 juin 1992 avec le
Kustbandet (solos de Lindgren, Jan Akerman, cl, John Hogman, ts, Bent Persson,
tp). Une version à connaître. Il y a au moins un autre enregistrement où Carol
démontre qu'elle connaît tout de Billie, qu'elle peut l'évoquer sans
caricaturalement la copier, c'est «Confessin'» gravé en août 1995 à
Paris avec un Alain Martien particulièrement inspiré, «in the groove». Si Carol inspire des musiciens, l'inverse est
d'ailleurs vrai aussi. En fait, Carol très attachée à la culture jazz n'est pas
mécontente d'exercer son talent en France: «Nous
savons tous que des musiciens et chanteurs américains sont venus en France il y
a au moins 80 ans. Il y eut une longue histoire d'écoute et de compréhension du
jazz, immensément aidée par des gens comme Charles Delaunay et Hugues Panassié»
(interview, avril 1996). Elle revient enregistrer en France, chez les
Vartanian, le 17 septembre 1993, notamment un vigoureux «Doctor Jazz» avec
toute l'équipe des Dumoustier Stompers, comme elle le donnait en concert (Alain
Marquet, cl). Elle laisse aussi des prestations en petit effectif. D'abord «Gulf
Coast Blues» à la gloire des Black Pearls avec Henri Perrier (tb), Bruno Bonté (dm)
et excellent, Jean-Claude Vartanian (p). Dans «My Daddy Rocks Me» en tempo
médium, avec Alain Martien, très bon, à la place de Perrier, et l'apport solide
du tandem Dominique Brigaud (g) avec Olivier Chabot (tu), Carol est à son meilleur niveau
et ça swingue. Le même effectif réduit, mais avec Alain Marquet (cl) à la place
d'Alain Martien, laisse le lendemain un dynamique «Oh, Sister, Ain't That Hot?».
Les 16 et 17 août
1995, il y a la réalisation d'autres bons témoignages enregistrés par Carol
Leigh et les Dumoustier Stompers. Le très low down «Christmas Morning Blues» de
Victoria Spivey est parfaitement dans le genre des Black Pearls. Les
collectives sont menées par Alain Martien selon les directives de Carol.
Perrier et Verdeaux (avec plunger) prennent de solides solos dans l'esprit.
Bien en voix, Carol est au fond du blues, parfaite. Carol, dans l'album qui lui
est consacré, mélangeant les séances 1993 et 1995, a repris le vif «Nobody's
Fault But Mine» que Sister Lottie Peavey avait enregistré à San Francisco au
printemps 1944 avec Bunk Johnson. Alain Marquet, flamboyant, y est
particulièrement inspiré (1993). C'est l'un des ses chevaux de bataille. En
duo, Jean-Claude Vartanian amène avec talent «Young Woman's Blues» de Bessie
Smith, dans un tempo sur mesure pour Carol (1993). Un autre duo réussi est «The
Joint Is Jumpin'» dans l'esprit de Fats Waller (1995). Alain Martien mène bien dans
l'introduction de «Trouble in Mind» de Richard M. Jones qui fut enregistré par
Chippie Hill avec Louis Armstrong en 1926 puis Lee Collins vingt ans plus tard.
Cette version avec un bon passage parlé n'est pas une copie et fonctionne bien
(1993). «Reckless Blues» en tempo lent est aussi un tremplin favorable pour
l'expressivité touchante de Carol qui fait positivement réagir les musiciens
(1993). Dans «Tell'Em About Me», en tempo moyen, Carol sait évoquer le phrasé
et les inflexions de la grande Ethel Waters, seulement accompagnée ici par
Verdeaux inspiré par Joe Smith et le toujours bon Vartanian (1995). Verdeaux
(cnt), Marquet (cl), Brigaud (g) introduisent seuls «Mandy, Make Up Your Mind»
avant l'entrée de tout l'orchestre et d'une Carol Leigh très habile dans le
mi-parlé mi-chanté (1995). En 1998, George
Buck édite un album de Carol en compagnie d'un quartette comprenant deux
musiciens qu'elle admirait, Bent Persson (tp, cnt) et Neville Dickie (p),
sous-titré «A Tribute to Louis and the 1920 Singers» (Special Delivery).
C'est un de ses meilleurs disques («The Flood Blues»). Cette année-là, Carol
monte un programme Jazz & Blues avec le vétéran clarinettiste Bob
Helm pour lequel elle a beaucoup d'affection.
De gauche à droite: Carol Leigh, Henri Perrier, Laurent Verdeaux, Jean-Marc et Michel Laplace, Marciac, 1995 © Lisiane Laplace
Carol écoute,
remarque. Outre les New Orleans Rascals d'Osaka, le Kustbandet avec Jens
Lindgren et Bent Persson, et ses élèves Dumoustier Stompers («la montée du feeling ne peut pas être
forcée. Elle ne peut être qu'encouragée»), elle a tout spécialement aimé
les musiciens français me citant: «Pierre
Boyer, Benny Vasseur, Claude Luter, François Rilhac, les frères Chéron, les
types du Hot Antic Jazz Band, et Alain Marquet, Gérard Gervois, Louis Mazetier
et le reste du Paris Washboard. Oh, oui, j'aime Alain Bouchet -un bon
trompettiste, très musical» (interview, avril 1996). A Paris, au studio
Sysmo, les 28 et 29 juillet 1999, les Dumoustier Stompers enregistrent à
nouveau. «Carol est de retour, s'est
coiffée avec des couettes et enregistre (en short) deux versions de «Lonesome
Road»». La première figure dans l'album Agora Stomp, l'autre dans «inédits».
Elles se valent. Il y a d'excellentes introductions piano-voix dans «You'll
Want Me Back» et «Melancholy Blues» où elle montre son sens du tempo. Plusieurs
titres sont interprétés en duo avec Jean-Claude Vartanian, «Ticket Agent» où
elle joue la petite fille, «Come Up and See Me Sometime» et «Guess Who's in
Town?» plus joués que chantés, et bien. La dernière rencontre avec Carol se
situe les 3 et 4 avril 2010 pour Pâques
en Jazz à Souillac. Le parcours des Dumoustier Stompers s'est arrêté le
11 juillet 2009 sur leur lieu de naissance, Montauban. Mais afin de lancer un
double DVD mémorial du groupe, il a été reconstitué à cette occasion. Le 3, au
Palais des Congrès après un repas où le signataire a passé un moment convivial
avec Carol Leigh, les Dumoustier Stompers reconstitués sont montés en scène,
d'abord avec Natasha Border, puis avec Carol, 76 ans qui n'avait rien perdu de son
charisme («I'm Confessin'», «Ticket Agent», «Hit the Road Jack», «Old Stack
O'Lee», «Gee, Baby», «Bye and Bye», «Reckless Blues» et avec Natasha qui lui
avait succédé dans l'orchestre, «See See Rider»). Un ensemble de circonstance
s'est ensuite installé autour d'Alain Martien. Le signataire ayant lancé l'idée
d'un ensemble de trompettes (Martien, Boss, Thibaud Bonté et lui) ainsi fut
fait avec d'autres dont Jean-Louis Laclavère (ts), Philippe Carment (p) et
Dominique Brigaud (dm) pour un up tempo sur «China Boy». Cela a motivé Carol
Leigh et elle est venu faire une démonstration de son «jam up» (cuisine ça) que
lui a enseigné Frank «Big Boy» Goudie. Elle a lancé le titre «Stomping at the
Savoy», une tonalité et elle a organisé «on the spot» l'accouchement musical
autour d'elle. Les musiciens aimaient Carol qui en faisait ce qu'elle voulait.
Mais elle les aimait aussi et à cette occasion elle a félicité Laclavère pour
sa sonorité. Carol n'était pas impressionnée par l'exhibition, mais une
sonorité pouvait la toucher. Ces miracles en instantané sont de l'improvisation
pure, tout comme sa façon de placer les mots, de leur donner une couleur et ces
commentaires ajoutés motivés par l'instant. Pour certains, l'improvisation se
limite au scat que je ne l'ai jamais entendu pratiquer elle-même. Et tant
mieux, car n'est pas Ella Fitzgerald qui veut, qui d'ailleurs n'en faisait pas
un emploi systématique contrairement aux redoutables «jeunes» chanteuses qui
encombrent le XXIe siècle d'un scat scolaire aggravé par un maniérisme
consternant et totalement dépourvu de swing, ce qui constitue les moments
obligés les plus redoutables pour ceux qui ont une idée argumentée de ce qui
fait le jazz. Carol toujours disponible pour l'émotion, a participé le
lendemain, 4 avril, à l'office en l'église de Souillac où avec Natasha elle a
interprété «Precious Lord», «Amen» et «When the Saints».
Alain Martien et Carol Leigh, Souillac, 3 avril 2010 © Lisiane Laplace
Carol Leigh est
décédée trois jours avant son 87e anniversaire. Elle était resté en
contact téléphonique presque quotidien avec Tina Vartanian, décédée elle-aussi,
d'un cancer de la gorge à le 11 novembre 2019, et bloquée dans son lit pour
d'autres raisons depuis dix ans. La fin de vie de Carol n'a pas été moins
triste. Le 17 août 2011, elle est tombée dans un escalier, chez elle. Il s'en est
suivi des fractures notamment du crâne et une hémorragie interne. Elle s'est
retrouvée en soins intensifs. Le 22 août, elle allait mieux bien que confuse.
Le 1er septembre, elle est transférée dans un centre de rééducation
fonctionnelle tout près d'Ansonia. Elle est rentrée chez elle le 20 du mois.
Elle a progressivement retrouvé son sens de l'humour, mais pas totalement la
lucidité d'esprit. Elle passa sa fin de vie devant la télévision et lors du
dernier contact avec Tina Vartanian, elle semblait coupée des réalités et sans
souvenirs. Carol n'était pas sans déplorer une situation dégradée depuis les
années 1990: «Vous savez, un tas de
musiciens n'aiment pas jouer le blues; ils n'ont donc pas appris à le jouer»
(interview, avril 1996). Son répertoire allait au delà, incluant des tremplins
à swinguer qu'elle nommait encore «stomps», et de jolies chansons douces (elle
disait «pretty and sweet songs»).
Toutefois, nous pensons que c'est dans le blues ou le climat blues qu'elle se
distinguait et rejoignait le rang des Black Pearls.
Elle a laissé des
regrets:
«I just heard that Carol Leigh has
passed away. I'm crying at this very sad news. She was one of a kind! One of my
idols when I was young, and she was very kind and encouraging to me early in my
career.» (Tom
Saunders, 30 décembre 2020).
«So sorry to hear Carol Leigh has
passed. I enjoyed our time shared on stage and at Jazz Festivals over the years.
Her voice is just a recording away but her voice is always closer in my
memories.» (Banu Gibson, 30 décembre 2020).
«She was a lovely singer with a lot
of flair and humor.» (Jens Jesse Lindgren, 30 décembre 2020)
«I knew her since I was 9!» (Tommy Bridges, 30 décembre 2020).
«Nous avons eu beaucoup de chance: grande professionnelle américaine à la
culture ès-jazz hyperbolique, pourvue d’une mémoire qui avait engrangé plus de
quatre cents morceaux, véritable bête de scène, c’est bien elle qui a fédéré
notre orchestre et nous a appris le métier et ses exigences, parfois sans
ménagement.» (Laurent Verdeaux, 30 décembre 2020).
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Leader/coleader
LP 1975. Carol Leigh with the Original
Salty Dogs Jazz Band, Wild Women Don't Have the Blues, GHB 88
LP 1977. Carol Leigh, You Don’t Give Me Some, GHB 136
LP 1978. Carol Leigh, Blame It on the Blues, GHB 152
LP 1979. Carol Leigh, Go Back Where You Stayed Last Night, GHB 137
LP 1983.
Carol Leigh and Jim Dapogny, If You Don't, I Know Who Will, Stomp Off 1064
LP 1984.
Carol Leigh & Jim Dapogny with the Mysterious Babies, I'm Busy and You
Can't Come In, Stomp Off 1087
CD 1990. Carol Leigh/The Dumoustier
Stompers, Back Water Blues, Black & Blue 59219-2
CD 1993-95.
Carol Leigh/The Dumoustier Stompers, Cakewalking Babies, Black & Blue 281.2
CD 1997. Carol Leigh and Her Bent-Dickie Boys, Special Delivery. A Tribute
to Louis and the 1920's Singers, GHB 388 CD 1998. Bob Helm/Carol Leigh, Ma'n Bessie Greater Tent Show, Stomp Off
1332
Sidewoman
CD 1969. Kid
Thomas, In California, GHB 296
CD 1980-92.
Original Salty Dogs Jazz Band. Joy Joy Joy, Stomp Off 1233
LP 1981.
Turk Murphy Jazz Band of San Francisco & The Original Salty Dogs, The
Biggest Bear Stomp of All!!!, Jazz & Jazz 6437 156
LP 1985. Original Salty Dogs Jazz Band with Carol Leigh, Greetings from
Honky Tonk Town, Stomp Off 1115
LP 1987. Original Salty Dogs Jazz Band with Carol Leigh, Ace in the Hole,
GHB 207
CD 1989. Original Salty Dogs Jazz Band with Carol Leigh, Long, Deep and
Wide, GHB 237
CD 1990-99. The Dumoustier Stompers feat. Carol Leigh, Inédits 1990-1999,
Jazz Odyssey 12
CD 1963-1994. Jen "Jesse” Lindgren, Jesse's Jubilee
Album 1995, Jesse's Jazz 20-30S (1 titre avec Kustbandet et Carol Leigh, 1992)
CD 1992-94. Kustbandet with Carol Leigh, On Revival Day, Stomp Off 1294 (7
titres avec Carol Leigh, 1992-93)
CD 1999. The Dumoustier Stompers & Carol Leigh, Agora Stomp, Black &
Blue 661.2
CD 2000. Franz Jackson and The Salty Dogs, Yellow Fire, Delmark 237 CD 2010. The Dumoustier Stompers, On Stage, Jazz Odyssey 13
DVD
DVD 1989-2009, Dumoustier Stompers, Dumoustier
Jazz'n Blues, Jazz Odyssey DVD10
VIDEOS
Carol Leigh (voc),
Kid Thomas Valentine (tp), Big Bill Bissonnette (tb), Capt John Handy (as),
Cyril Bennett (p), Nick Griffith (bjo), Jim Tutunjian (b), Sammy Penn (dm), San
Francisco, 10 mars 1969: «Make Me a
Pallet on the Floor» (master take)
https://www.youtube.com/watch?v=lb1oakLgcoc
Carol Leigh (voc),
Climax Jazz Band: Bob Erwig (cnt), Geoff Holmes (tb), Jim Buchmann (saxello),
Jack Vincken (bj), Chris Daniels (tu), Steve Tattersall (dm), Peter Appleyard
(vib), Canada, 1976: «Trombone Cholly»
https://www.youtube.com/watch?v=X7o6NYSFCsw
Carol Leigh (voc),
Jim Dapogny (p), Juin 1983, «You Can't Do What My Last Man Did»
https://www.youtube.com/watch?v=YPDosfDudmk
Carol Leigh (voc),
Jean-Claude Vartanian (p), Marciac, 12 août 1995: «Young Woman's Blues»
https://www.youtube.com/watch?v=MXXzi_J94G0
Carol Leigh (voc),
Bent Persson (cnt), Neville Dickie (p), Martin Wheatley (g), 1998: «The Flood
Blues»
https://www.youtube.com/watch?v=1X8dMqnFIuE
Carol Leigh (voc)
& Dumoustier Stompers: Alain Martien, Laurent Verdeaux (tp), Henri Perrier
(tb), Alain Marquet (cl), Jean-Claude Vartanian (p), Dominique Brigaud (g),
Olivier Chabot (tu), Bruno Bonté (dm), Le Rouret, 24 juillet 1993: «Cake
Walking Babies»
https://www.youtube.com/watch?v=PbSWhaq_nfA
Carol Leigh (voc), Alain Martien (tp), Jean-Claude Vartanian (p), Loudun, 1996: «I'm Confessin’» https://www.youtube.com/watch?v=mW4Pj5tTZZw
Carol Leigh (voc)
& Original Salty Dogs Jazz Band: Lew Green (cnt), Tom Bartlett (tb), Kim
Cusack (cl), John Cooper (p), Jack Kuncl (bjo), Mike Walbridge (tu), Mike
Albiniak (dm), Indianapolis, 24 septembre 2006, «On Revival Day»
https://www.youtube.com/watch?v=GCHfPIAY_bQ
Carol Leigh (voc),
Thibaud Bonté, Michel Laplace, Alain Martien (tp), Xavier Leprince (tb), Boss
Quéraud (cl), Jean-Louis Laclavère (ts), Philippe Carment (p), Dominique Brigaud
(g), Denis Wenisch (tu), René Sarnet (dm), Souillac, 3 avril 2010: «Stomping at
the Savoy»
https://www.youtube.com/watch?v=RX5d6QQLLo0
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