Walter Wolfman Washington
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22 déc. 2022
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20 décembre 1943, New Orleans, LA - 22 décembre 2022, New Orleans, LA
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© Jazz Hot 2022
Walter Wolfman WASHINGTON Walter Wolfman Washington, Festival de Getxo Blues 1996 © Fernand Iza
Le guitariste et chanteur de blues Walter Wolfman Washington était une figure de New Orleans, LA, dont il a choisi d’être un des piliers de la vie musicale au détriment parfois d’une carrière internationale qui l'aurait trop souvent éloigné des rives du Mississippi. De même, il a relativement peu enregistré sous son nom –une quinzaine d'albums–, privilégiant le contact direct avec le public des clubs, restaurants et salles de concerts de Crescent City à l'ambiance feutrée des studios. Il a cependant beaucoup tourné, en Europe en particulier, que ce soit au côté de Johnny Adams, un mentor, qu’en leader, se faisant remarquer des amateurs de blues par son style virtuose très enlevé et son jeu de guitare parfois non conventionnel mais dans la tradition, jouant même avec les dents, un moment toujours très apprécié et spectaculaire. Jazz Hot avait saisi l’occasion de l’interviewer en 1994 (n°511). Très ancré dans la vie collective de ville natale, il y est mort le 22 décembre 2022 à l'âge de 79 ans, en laissant la consigne de faire de sa disparition un moment de fête, comme il se doit à New Orleans…
Walter Washington a grandi au sein d’une famille de musiciens,
entre ses oncles Eddie Guitar Slim Jones (g, voc, 1926-1959), Otis Hicks aka Lightnin’
Slim (g, voc, 1913-1974), et cousin Ernest Kador, Jr. aka Ernie K-Doe (voc,
1936-2001), tandis que sa mère l’initiait au chant dans la chorale de l’église de la New Home Missionary Baptist Church sur Jackson Avenue.
Adolescent, il monte un groupe gospel a cappella, The True Love and Gospel Singers. Après avoir été subjugué par le guitariste du studio de la radio où il était invité avec ses partenaires, il se fabrique une guitare pour apprendre
l’instrument en autodidacte. Il est alors déjà lié au chanteur Johnny Adams
(1932-1998), dit «The
Tan Canary» (le canari ocre), comme il l’avait raconté à Jazz Hot en 1994: «Je me souviens
d’une discussion entre lui et moi alors que j’étais encore chanteur de
spirituals. Je lui avais dit mon envie de devenir musicien. "Si tu cherches un
job un jour, appelle-moi" m’avait-il répondu. A l’époque, je vivais chez mes
parents. Ils étaient assez stricts. Ma mère m’a dit: "Ou tu restes ici et tu
continues tes études, ou bien tu t’en vas vivre ce que tu as décidé". Je suis
resté jusqu’à l’âge de 16 ans, puis je me suis éloigné petit à petit. J’adorais
ma mère. Johnny m’a obtenu mon premier appartement, mon premier job, ma
première guitare et m’a montré comment aller chercher les notes les plus hautes
en chantant. Il a été une sorte de deuxième père pour moi.» Walter parvient
rapidement à maîtriser la guitare et se fait remarquer dans les clubs de New
Orleans dont les faibles cachets le contraignent à travailler de jour dans le
bâtiment pour assurer sa subsistance. Son goût pour les joutes scéniques avec
les autres guitaristes lui vaut le surnom de «Wolfman».Le blues entre les dents: Walter Wolfman Washington, Festival de Getxo Blues 1996 © Fernand Iza
A 19 ans, Lee Dorsey (voc, 1926-1986) l’engage et Walter découvre les Etats-Unis pendant plus de deux ans, et surtout l’Apollo Theater de Harlem en 1962: New York est en pleine effervescence, entre musique et droits civiques. Cette expérience lui permet de monter sa propre formation, The All Fools Band, qui accompagne notamment David Lastie, Sr. (as, 1934-1987) et Irma Thomas (voc, 1941) à New Orleans et ses environs. Il grave son premier 45t, Lovely Day/Mickey Mouse Boarding House (1967, Vic Des 1000), suivi de quelques autres, sans rencontrer le succès. C’est alors que débute son partenariat musical
de vingt ans avec son ami et mentor Johnny Adams dont il devient
l’accompagnateur privilégié. A New Orleans, ils se produisent régulièrement au Dorothy’s
Medallion Lounge.
Parallèlement, le guitariste cherche à développer sa propre carrière
en fondant un nouvel orchestre à la fin des années 1970, The Roadmasters (cf. vidéographie), et en
enregistrant son premier LP, Leader of
the Pack (1981, Hep’ Me). Il effectue également, avec la revue rhythm &
blues A Taste of New Orleans, une
tournée en Europe qui lui permet de s’y faire remarquer. Il y reviendra plus
tard à la tête de son groupe. Car c’est à partir du milieu des années 1980, en
prenant appui sur le succès des disques de Johnny Adams, que Walter Wolfman
Washington émerge véritablement en tant que leader et enchaîne les albums: Wolf Tracks (1986, Rounder), Out of the Dark (1988, Rounder), Wolf at the Door (1991, Rouner), Sada (1991, Pointblank), Blue Moon Risin’ (1995, 4-Tune Records)
et Funk Is in the House (1998, Bullseye
Blues & Jazz). Il déserte ensuite les studios et réduit les périodes de
tournées pour privilégier les clubs de New Orleans, son espace naturel
d’expression, se produisant chaque samedi, pendant plus d’une décennie, au Maple
Leaf Bar.
Il fait partie du documentaire de Michael Murphy, Make It Funky! (2005, 110 min.) sur la scène
musicale de Crescent City saisie peu avant l’ouragan Katrina. Après la catastrophe,
il est l’un des premiers musiciens de la ville meurtrie à remonter sur scène,
dans son repère du Maple Leaf alimenté par un groupe électrogène. En 2008,
après dix ans de silence discographique, il enregistre Doin’ the Funky Thing (2008, Zoho), toujours à la tête de ses Roadmasters,
mais joue aussi en trio avec Joe Krown (p, org) et Russell Batiste (dm) en
compagnie desquels il publie trois disques en autoproduction –Live at The Maple Leaf (2008), Triple Threat (2010), Soul Understanding (2013). Il reprend
les tournées internationales qui passeront par la France jusqu'en 2013. D’autres
albums suivent: Howlin’ Live at DBA New
Orleans (2013, Frenchmen Street Records), My Future Is My Past (2018, Anti) et Walter Wolfman Washington & The Roadmasters Recorded Live at The
2019 New Orleans Jazz & Heritage Festival (MunckMix).
Walter
Wolfman Washington participe activement aux fêtes et aux traditions de sa ville de naissance, préférant
l’honneur qui lui est fait de défiler pour le Mardi Gras 2019 coiffé d’une
couronne lors de la parade du Krewe du Vieux (Carré), à celui de se rendre à Paris
pour un prix décerné à son album My
Future Is My Past. Alors que sa santé, déjà éprouvée par ses excès de tabac
et d’alcool, se dégrade jusqu’à la découverte d’un cancer en mars 2022, il
participe au French Quarter Festival et au New Orleans Jazz & Heritage
Festival veillant à ne rien laisser paraître de sa maladie jusqu’à son dernier
concert, le 29 septembre au Bogalusa Blues & Heritage Festival, LA. Le 21
décembre, sa traditionnelle soirée d’anniversaire au Maple Leaf se tient sans lui.
Il décède le lendemain. Un ultime album posthume paraît en 2023: Feel so at Home (Tipitina's Record Club).
Le 4 janvier, ses funérailles se sont déroulées telles qu'il les avaient souhaitées: festives et dans la pure tradition néo-orléanaise (cf. vidéographie). Par ailleurs, un concert en sa mémoire, organisé pour aider la
famille à couvrir le coût de ses soins et de ses obsèques, s’est tenu le 8 janvier 2023
au Tipitina's, club où il avait épousé en 2021 sa compagne Michelle Bushey-Washington
qu’il laisse dans la peine ainsi que ses filles Sada, Mamadou et son fils
Brian. Jazz Hot partage leur peine.
Jérôme Partage et Hélène Sportis Photos Fernand Iza Image extraite de YouTube Avec nos remerciements
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VIDÉOGRAPHIE
Walter Wolfman Washington, New Orleans, LA, live à WWOZ, 28 mars 2019, image extraite de YouTube
Chaînes YouTube de Walter Wolfman
Washington
https://www.youtube.com/@walterwolfmanwashington6036
https://www.youtube.com/channel/UC-21s6txiFZ0LYMsQUPHjkg
1989. Walter Wolfman Washington, & The Roadmasters: Tom
Fitzpatrick (ts), David Ellington (p), Jack Cruz (eb), Wilbert Arnold (dm),
émission The Lonesome Pine Specials,
Kentucky Center for the Arts, Louisville, KY
https://www.youtube.com/watch?v=BnWqSHqCzho
1991. Walter Wolfman Washington, & The Roadmasters,
émission Ohne Filter Extra, SWF, Allemagne
https://www.youtube.com/watch?v=OAKN7NSLvtQ
2016. Walter Wolfman Washington, & The Roadmasters, Crescent
City Blues & BBQ Festival, Lafayette Square, New Orleans, LA, 15 octobre
https://www.youtube.com/watch?v=mhGU3_35R6Q
2018. Walter Wolfman Washington, & The Roadmasters, Crescent
City Blues & BBQ Festival, Lafayette Square, New Orleans, LA, 13 octobre
https://www.youtube.com/watch?v=glQG9c4co-s
2019. Walter Wolfman Washington, Steve DeTroy (kb), Jack
Cruz (eb), Live from WWOZ, New Orleans, LA, 28 mars
https://www.youtube.com/watch?v=xb_4DebhfhI
2020. Walter Wolfman Washington & The Roadmasters, sur Funky Uncle Live!, New Orleans, LA, 17 juillet https://www.youtube.com/watch?v=bMpaC4-CxWI
2023. Reportage de WWLTV sur les funérailles de Walter
Wolfman Washigton
https://www.youtube.com/watch?v=Qv5vvYRhoyY *
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