Michel Sardaby
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6 déc. 2023
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4 septembre 1935, Fort-de-France/Martinique - 6 décembre 2023, Paris
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© Jazz Hot 2023
Michel Sardaby, Studio 11, Toulon, 25 mai 2001 © Ellen Bertet
Michel SARDABY
A Jazzlife
«Le jazz est une philosophie de vie… Il y a une dignité à la base du jazz, comme dans la peinture et dans tout ce qu’on appelle «art»…» (Jazz Hot n°508, mars 1994)
Ceux
qui ont côtoyé Michel Sardaby savent qu’il était un fin gourmet, un grand gourmand,
tantôt dandy badin, parfois ermite rêveur, attaché à sa mise autant qu’à son
énergie intérieure. Il se réjouissait de recevoir, d’aller choisir ses produits chez ses commerçants, sélectionnés avec autant de soin que les
musiciens avec lesquels il élaborait ses disques (cf. discographie détaillée avec noms); il cuisinait en papotant des
nouvelles du «petit milieu», ou en racontant les histoires de son enfance qui
avaient imprimé profondément en lui des couleurs, des saveurs, des épices, des
goûts, des parfums, des textures, des densités, des sons, des feelings, des
valeurs, des idées: ses irréductibilités. De ses interviews passionnantes dans
Jazz Hot (cf. infra), ressortaient donc
aussi invariablement cette précision d’expression, entre métronome et diapason,
et la «synergie cinétique» –une autre de ses expressions– entre chaque facteur
de chaque domaine de l’existence des humains qui se répondent en un seul tout nourrissant
sa perception sensorielle pourvoyeuse de ses matériaux mélodiques, harmoniques
et rythmiques pour ses compositions et interprétations de standards: des
imbrications devenues trop complexes pour nos temps asséchés de salades de
novlangue et de langue de bois.
«Les questions que soulève une pratique artistique concernent la relation avec la sensibilité. Mon enseignement repose sur de nombreux principes fondamentaux (éthiques, techniques, physiques, socio-historiques, sensoriels, rythmiques, etc.) qui, quand ils s’expriment, ne se discernent pas les uns des autres. Ils ont un fonctionnement composite mais il est important qu’on soit initié à la compréhension de chacun d’eux. Par exemple, l’éthique: la dimension de la sincérité est fondamentale.» (Jazz Hot n°554, octobre 1998)
Michel, l’ancien de l’Ecole Boulle, ressentait
la musique en termes d’espaces, de volumes, de reliefs, de silences, d’épure,
de traits, d’atmosphères, de respiration. Lorsque le repas était fin prêt, la
jolie table ronde dressée, et qu’on attendait les convives eux aussi triés sur
le volet, il se mettait au piano, ravi de se délecter à l’avance du bonheur de
partager ce moment complet car nutritif pour lui. Celui qui avait eu la chance taquine
d’être son commis dans les règles de son art culinaire en tous points réfléchi,
«en arrosant mais pas trop ou pas au début…», apprenant chaque étape ritualisée par lui, s’asseyait alors
sur les canapés conçus et réalisés par Michel, comme la plupart des meubles de
son nid blanc-beige de la rue Carpeaux où les chaussures restaient alignées
dans l’entrée, «comme au Japon ou en Scandinavie». Il improvisait alors dans
une totale sérénité, du fait de sa confiance dans ses préparatifs aussi
parfaits que possible, sollicitant là-aussi la participation de son marmiton du
jour dans la musique apéritive jouée: à la nuit tombante, Lush Life de Billy Strayhorn, l’une de ses compositions préférées, prenait
vie sous les doigts de Michel, pour la première partie d’un
concert intime. Après la tarte aux pommes ou les œufs à la neige qu’il dégustait
en détaillant ses secrets de fabrication, on rejoignait le Pleyel de ses 5 ans
offert par son père, pour une deuxième partie: il remerciait son piano en le
caressant du bout des doigts, maintenant ainsi le lien spirituel avec ce père
adulé. Parfois, il mettait un morceau de Duke Ellington ou Thelonious Monk pour
un échange approfondi sur l’art que Michel adorait entre tous: le jazz.
«… Pour moi, l‘essentiel, c’est l’homme. Il est universel… Sinon, nous en arrivons à ce qui, pour moi, a été le plus grand désastre: la ségrégation raciale mais aussi culturelle, sociale»… «Pourquoi dois-je toujours être amalgamé au folklore des îles?Je suis musicien de jazz, et c’est tout…» (Jazz Hot n°440 et 508, mars 1994)
Michel
n’aimait pas le racisme diffus et malsain de ceux qui ne voyaient en lui qu’«un
musicien des îles», pas plus que les étiquettes accolées au jazz, qui en
détournent l’essence, l’esprit et l’universalité. Perfectionniste, il échafaudait
ses projets en flânant, notamment dans Paris, le nez au vent, les yeux dans ses
souvenirs de clubs toujours visibles pour lui seul sur le chemin, sans
pression, sans souci; il aimait rire aux éclats ou retrouver l’émotion dues aux
paroles bienveillantes de ses aînés jazzmen (Dexter
Gordon, Art Simmons,
Aaron Bridgers, Benny Waters, Ben Webster…) qu’il révérait;
mais lorsqu’il devait dire sa vérité, ses observations sonnaient comme des
sentences, comme un couperet. Sa démarche d’artiste en quête de minimalisme
percutant était très consciente, et son engagement sans faille de messenger avec ses élèves avait été
construit comme outil d’évaluation de sa propre pratique humaine et artistique.
Les meilleurs moments passés avec Michel, c’était souvent à deux, tant pour
l’écouter déambuler musicalement sans contrainte que discuter à la recherche de
son graal: l’essentiel de l’expressivité par le rythme, la mélodie clairement
exposée, les harmonies nacrées, et la fluidité des ornements pour arriver
à une évidence.
«... la performance technique devient l’enjeu dominant,
ce qui rend sans âme et éphémère l’œuvre produite. L’expression renouvelée
d’une œuvre d’art est donc justifiée si elle respecte son essence (exemples: le
blues et les standards du jazz). C’est ce qui fait sa vraie nouveauté, sans
référence à une mode…» (Jazz Hot n°554, octobre 1998)
Michel Sardaby, Studio 11, Toulon, 25 mai 2001 © Ellen Bertet
Né
le 4 septembre 1935 à Fort-de-France dans le département de La Martinique, le
troisième et l’aîné des garçons d’une fratrie comprenant cinq filles et quatre fils,
Michel admirait ses parents. Son père, Bernard (1887-1969), avait une compagnie
de taxis et d’autobus; sa mère, Emmanuelle Confiant (1910-2002), gérait la
grande famille et adorait coudre. Ses
parents tenaient une brasserie où marins et musiciens américains venaient faire
le bœuf; c’est là que Michel apprend très jeune au contact de professionnels,
alors que son père est lui-même bon pianiste de musique classique, de danses de
salons, de folklores caribéens et d’accompagnement de films muets dans les
cinémas (ndlr: la technique du parlant arrive
en 1927), un père dont il admire la main gauche virtuose. C’est dans ce
bain éducatif et un environnement choyé
malgré la Deuxième Guerre mondiale, que Michel entre à l’école primaire privée catholique, puis va au Lycée
public Victor-Schœlcher qui vient d’ouvrir ses portes depuis 1937: le bâtiment
est remarquable pour son architecture contemporaine et ses normes antisismiques à la pointe du
progrès; un des professeurs de lettres est le poète et homme politique Aimé
Césaire (1913-2008) à partir de 1939: celui-ci revient de Paris où il a
fréquenté le salon des avant-gardistes sœurs Paulette et Jane Nardal.
Le lycée compte aussi Frantz Fanon (1925-1961, écrivain des Damnés de la Terre) parmi ses plus
brillants élèves: comme en famille, dans cet établissement, Michel côtoie l’excellence
et l’exigence. Puis il entre à l’Ecole des Arts Appliqués de Fort-de-France,
dont la récente création (1943-1945), alors que La Martinique a rallié la France
libre, se signale après-guerre comme un haut lieu de contestation du pouvoir
colonial local: là aussi, chaque détail, chaque analyse compte et rien n’est
laissé au hasard des mauvaises habitudes
de la facilité. Michel y apprend diverses techniques en joaillerie, peinture, ébénisterie
fine.
Michel Sardaby, Studio 11, Toulon, 25 mai 2001 © Ellen Bertet
C’est ainsi armé de savoirs approfondis et bien structurés dans la tête
et les mains, que Michel traverse l’Atlantique en 1954 pour intégrer l’Ecole
Boulle de Paris, une autre référence incontournable en Europe et dans le monde
en matière de métiers d’arts. Diplômé en 1956 dans un Paris vibrant de jazz dans
les nombreux clubs de ses deux rives rivales(1), car la rive droite (Cigale, Mars
Club, Blue Note, cf. les Jazz Hot de
l’époque) cultive une ambiance de dining
bar international, tandis que la rive gauche (Tabou, Trois Mailletz, Club St-Germain, Bilboquet, Chat qui Pêche, Caméléon, Caveau de la Huchette) porte haut
son abord existentiel. C’est rive droite que Robert
Mavounzy (as,ss,perc,voc,
1917-1974), né au Panama, le recrute dans son orchestre, avant de poursuivre son
apprentissage pratique chez Al Lirvat (tb,g, 1916-2007 né
à Pointe-à-Pitre, connu comme compositeur dès 1935 à Paris), puis chez Jack Butler (tp,voc 1909-2003),
un ancien d’Howard (ndlr: une université
afro-américaine d’excellence à Washington) pendant trois ans aux côtés de Benny Waters
(s,cl 1902-1998), multi-instrumentiste virtuose passé par le New England
Conservatory of Music de Boston: côtoyer des artistes de ce calibre travaillant
sans relâche fut pour Michel une rampe de lancement. En 1959, alors que Michel
est le jeune père de cinq enfants, il intègre le quartet de Michel de Villers
(as,cl,bar, 1926-1992), traversant la Seine pour aller sur la très réputée rive
gauche au tournant de 1960: il y joue avec Guy Lafitte (ts, 1927-1998), Michel Hausser (vib, 1927),
Jacques Hess (b, 1926-2011), puis dans le quartet de Dexter
Gordon (ts,
1923-1990) avec Art Taylor (dm, 1929-1995), Michel
Finet (b), et part souvent en tournées. Ces huit premières années intenses de rencontres
lui permettent de graver en 1964 son premier album (non sorti immédiatement, cf. discographie), Con Alma, avec Michel Finet et Philippe
Combelle (dm, 1939),
grâce à son ami musicien et producteur Henri Debs (1932-2013). Il joue avec Kenny Clarke (dm, 1914-1985) au
Blue Note à partir de 1965 et y accompagne entre autres
J.J. Johnson, René Thomas, Ben Webster, Jimmy Gourley,
Chet Baker.
Brisa Roché et Michel Sardaby, Duc des Lombards, Paris, 2 octobre 2003 © Maï Maï
A cette époque,
il a beaucoup d’engagements, ce qui lui permet d’acheter son premier
appartement à Paris et une voiture pour rentrer tard le soir des clubs ou des
concerts en dehors de Paris; cette même année, il grave et sort Blue Sunset (Disques Debs), de nouveau en trio
avec Philippe Combelle, Gilbert Bibi Rovère
remplaçant Michel Finet à la basse. L’année mars 1966-mars 1967 est une rupture pour le jazz à Paris et donc pour Michel, du fait du retrait des
troupes américaines demandé par le Général De Gaulle: une importante partie de
la clientèle des clubs s’évapore, et Michel nous racontera plus tard les picaresques bastons avec les MP (police
militaire américaine). Si on ajoute à cette mutation dans l’écosystème du jazz,
celle de la consommation de masse d’une culture taylorisée et travestie en
loisirs lors du tsunami rock & roll/yéyé/pop/world/électronique, une
détérioration consécutive au Plan Marshall (1948) dont les effets délétères en
matière d’arts se font ressentir gravement
à partir des années 1960, les musiciens comme Michel vont devoir trouver
d’autres solutions pour subsister: certains assureront leur existence par des
revenus de la musique commerciale, d’autres se tourneront vers l’enseignement, d’autres
vers la Scandinavie, la République fédérale allemande, l’Italie, la Belgique, la Hollande, le
Royaume-Uni, le Japon, en raison de la forte présence américaine qui y demeure,
ou la Suisse en raisons de flux d’affaires avec les USA, l’activité favorisant le
jazz; les concerts avec les big bands des radios ouest-européennes, les
festivals et les campus universitaires fourniront aussi des opportunités de
travail dans le jazz qui se referme progressivement en niche.
Winard Harper, Ray Drummond, Michel Sardaby, Duc des Lombards, Paris, 16 avril 2004 © Maï Maï En 1967, Michel
participe à un enregistrement dirigé par Duke Ellington (ne jouant pas), avec Joe Turner, Errol Parker, Claude Bolling,
Stuart de Silva, Aaron Bridgers et John Lamb (bassiste du
Duke Ellington Orchestra), Tape for Billy,
pour Billy Strayhorn hospitalisé et qui décèdera cette même année, celle aussi
de la disparition de John Coltrane. Le temps s’assombrit dans le jazz: 1968 voit
l’enlisement et le discrédit américain en raison du Vietnam, les émeutes liées
au racisme de 1967 précèdent l’assassinat de Martin Luther King Jr. et la
réaction ségrégationniste, les Black Panthers se structurent, la
décolonisation/post-colonisation génèrent le Mouvement des non alignés (Festival panafricain d’Alger, 1969), et des
métropoles comme Detroit ou Pittsburg, des terroirs historiques du jazz,
s’effondrent économiquement alors que les manifestations étudiantes et
ouvrières se répandent surtout en Occident: ces chamboulements géostratégiques,
économiques, politiques, sociaux à l’échelle planétaire sont aussi le signe du
déclin démocratique du fait d’une violence qui se déchaine, notamment à New
York, sous l’effet d’une Guerre froide transformée en concurrence brutale entre
économies –la drogue s’est répandue dans toutes les classes sociales–, entre modèles de sociétés, et même entre structures sociales de
solidarités traditionnelles, de la famille aux syndicats, le règne de l’égo
arrive: autant de bouleversements dont le jazz, modèle collectif de
transmission et d’échanges par nécessité historique, fait les frais, et de
façon très visible dans le chaos de la production de disques qui mute de
la qualité vers la quantité requise par
les majors pour tirer leurs bénéfices.
«Cette appellation (jazz français) semble plus correspondre à un argument de promotion d’une famille de musiciens. Cela ne traduit pas mon idée du jazz, où la nationalité n’a pas de place.» (Jazz Hot n°554, octobre 1998)
Michel Sardaby, Reggie Johnson, John Betsch, Archipel, Paris, 21 avril 2005, Concert anniversaire des 70 ans de Jazz Hot © Christian Ducasse En novembre 1968, Michel enregistre à
Paris Good
Feelin’
(Polydor 24-4502) en sideman pour T-Bone Walker
au sein d’un collectif comprenant Lucien Dobat
et Manu Dibango et comme sideman de Sonny Grey (tp), pour l’album Sonny Grey en Directo (Sayton 1005), au Festival international de Barcelone du 8 au 12 novembre 1968. L’année 1969 est un triste tournant car son père décède; comme un besoin
profond, Michel se tourne vers l’enseignement pour guider en se guidant
lui-même dans ce monde en ébullition; il travaille en Suisse avec Jimmy Woode
(bassiste de Duke Ellington, 1926-2005) et part régulièrement pour des périodes
d’un à deux mois à New York dès 1971 pour se ressourcer, «retrouver les
fondamentaux» comme il disait, et produire ses disques: il s’y sent plus libre
et moins isolé qu’en France où ceux qui en ont le pouvoir excluent les autres à
coup de subventions et de clans. Michel ne sera programmé que rarement en club, ce qui donnera à ses apparitions le caractère d'événement. «C’est un petit milieu ici et ceux qui règnent sont sur la
défensive quant à admettre de nouveaux membres dans «le club»… Les Américains
sont beaucoup plus désireux de s’investir dans des répétitions, de travailler
en équipe afin de défendre une idée» disait-il à Mike Zwerin en avril 1987 (cf. infra Jazz Hot n°440).
Michel Sardaby, Robert Dixon (ts), Derrick Gardner (tp), Gilles Naturel (b), Dion Parson (dm, hors cadre), Studio 11, Toulon, 25 mai 2001 © Ellen Bertet
Michel Sardaby et Hirakasu Sasabe (Sound Hills), Duc des Lombards, Paris, 2 octobre 2003 © Maï Maï
Michel bâtira
sa discographie comme il a construit les meubles de sa maison, dans un tout
cohérent et solide (cf. discographie
détaillée intégrale en leader). En 1991, il trouve enfin le producteur attentif
qu’il espérait en la personne d’Hirakasu Sasabe, patron du label Sound Hills. Il travaille
aussi en festivals, dans des salles prestigieuses, et en clubs, seulement quand
ils lui procurent un environnement et un instrument convenables et le laissent
choisir ses rythmiques, toujours vigilant à faire respecter le jazz, à ne pas
brader sa musique. En 2001,
Michel crée Laude Productions (du prénom de sa dernière-née en 1993) pour faciliter
les démarches administratives lors de la signature de ses contrats. En 2002, la
perte de sa maman est un choc émotionnel profond, suivi d’un second avec le décès
de son ami et l’ancien compagnon de Billy Strayhorn, Aaron Bridgers en 2003.
En octobre 2004, Michel reçoit un prix pour l’ensemble de sa carrière décerné
par l’Université de Pittsburg à l’Unesco-Paris,
et il retrouve à cette occasion Nathan Davis
(University of Pittsburgh), l’ancien du Paris Reunion
Band, Billy Taylor
(du Kennedy Center), Jon Faddis,
Johnny Griffin,
Martial Solal,
Jean-Louis Chautemps.
Affiche de la tournée des 70 ans de Jazz Hot Printemps 2005
Au
fil des années, Michel était devenu un
des participants réguliers aux anniversaires de Jazz Hot et en
avril 2005, il fera sa dernière grande tournée de concerts avec une dizaine de
dates en France et en Belgique, organisée pour les 70 ans de Jazz Hot dont il
partageait l’année de naissance. Un double album sortira de cette tournée, Night in Paris, pour fêter
également ses 50 ans de carrière: son premier disque en France depuis 1992
produit par Paris Jazz Corner (cf. discographie
et vidéographie). Un dernier album est gravé en mars 2011, Nature, avec le bassiste Hassan Shakur
(aka J. J. Wiggins, 1956) et son ami et grand batteur résidant en Suisse, Alvin Queen (dm), avant
d’avoir trois AVC cette année-là. Il joue une dernière fois avec Gilles Naturel (b) et Philippe Soirat (dm) le 18 octobre
2014 au Reid Hall, le campus parisien de Columbia University et enseigne jusqu’en
2016. Ce trio avait fait de nombreux concerts, notamment celui du
premier festival Jazz Equinoxe à Bastia en 2000, festival
dont il était le parrain à la suite de sa rencontre avec Michel Maestracci, un ancien de Jazz Hot: il y fait aussi des master
class notamment au Lycée Jean Nicoli et rapidement son surnom devient «le
philosophe». Sur place, il joue avec la relève du jazz: Mark
Whitfield,
Eric Alexander, ne dédaigne pas les after hours dont certaines sont restées mémorables et il se produit en solo, une expression qu'il appréciait particulièrement, pour son dernier concert en 2010.
Wayne Dockery, Joe Lee Wilson, Michel Sardaby, Jack Gregg, Kirk Lightsey, Caveau de La Huchette, Fête des 70 ans de Jazz Hot, 17 mars 2005 © Jérôme Partage
A
la suite des AVC, sa santé faiblit, et son moral résiste mal car il ne peut plus
jouer en raison d’une dystonie focale des mains (appelée aussi «crampe du
pianiste»), l’empêchant également de transmettre et travailler avec ses élèves.
Michel
Sardaby s’est éteint le 6 décembre 2023 à son domicile parisien, entouré de ses
enfants. Un hommage religieux lui a été rendu au Crématorium du Père-Lachaise
le 18 décembre 2023.
La
rédaction de Jazz Hot partage la peine de sa grande famille,
dont sept de ses sœurs et frères qui lui survivent, ses enfants Alex, Sonia,
Patricia, Philippe, Véronique, Laude, et ses petits-enfants.
Hélène Sportis, Jérôme Partage, Yves Sportis Photos Ellen Bertet, Maï Maï et Jérôme Partage
Image extraite de Youtube Avec nos remerciements
1. Rive gauche: Caveau de La Huchette (1946), Trois-Mailletz (1948), Club St-Germain (1948), Bilboquet (1947), Chat qui Pêche (1957), Caméléon (1955); rive droite: Cigale (cabaret historique du XIXe s.), Mars Club (1953), Blue Note (1958): ce sont les clubs que Michel citait le plus fréquemment, mais il y en avait de nombreux autres qui, entre 1945 et le milieu des années 1960, ont ouvert ou fermé. Cf. articles, programmes et comptes-rendus dans les Jazz Hot de l’époque qui permettent de retracer l’histoire complète des clubs de jazz, notamment à Paris.
SITE INTERNET: www.michelsardaby.com
MICHEL SARDABY & JAZZ HOT
Interviews (hors les nombreuses informations, comptes rendus et chroniques)
Jazz
Hot n°323, 1976
Jazz
Hot n°440, 1987
REPÈRESArticles sur quelques-uns des partenaires de Michel Sardaby Gilles Naturel, Jazz Hot 2019 Philippe Soirat, Jazz Hot 686 Michel Denis, Jazz Hot n°573, 2000 Percy Heath, Jazz Hot n°621, 2005 Connie Kay, Jazz Hot n°517, 1995 Richard Davis, Jazz Hot 2023 Billy Cobham, Jazz Hot n°361, 1979 Billy Hart, Jazz Hot n°624, 2005 Ron Carter, Jazz Hot n°638, 2007 Monty Alexander, Jazz Hot n°611, 2004 Rufus Reid, Jazz Hot n°607, 2004 Marvin Smitty Smith, Jazz Hot n°523, 1995 Louis Smith, Jazz Hot n°676, 2016 Ralph Moore, Jazz Hot n°457, 1988 Peter Washington, Jazz Hot n°581, 2001 Tony Reedus, Jazz Hot n°648, 2009 Buster Williams, Jazz Hot n°581, 2001 Ben Riley, Jazz Hot n°598, 2003 Reggie Johnson, Jazz Hot 2020 John Betsch, Jazz Hot n°698, 2018-2019 Dion Parson, Jazz Hot n°584, 2001 Ray Drummond, Jazz Hot n°529, 1996 Winard Harper, Jazz Hot n°621, 2005
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DISCOGRAPHIE
Leader/Coleader
LP 1964. Michel Sardaby, Con Alma, Mantra 0488 (=CD Sound Hills 8102) avec Michel Finet et Philippe Combelle LP 1965. Michel Sardaby, Blue Sunset, Disques Debs 508 (=CD Sound Hills 8102) avec Gilbert Bibi Rovère et Philippe Combelle
LP 1968. Michel Sardaby, Five Cat’s Blues, Président 232 (=CD Sound Hills 8136) avec Pierre Dutour, Alain Hatot, Henri Tischitz, Michel Denis LP 1970. Michel Sardaby, Night Cap, Disques Debs 522 (=CD Sound Hills 8004) avec Percy Heath et Connie Kay
LP 1972. Michel Sardaby, In New York, Disques Debs 540 (=CD Sound Hills 8079) avec Richard Davis, Billy Cobham, Ray Barretto LP 1974. Michel Sardaby, Gail, Disques Debs 562 (=CD Sound Hills 8130) avec Richard Davis, Billy Hart, Leopoldo F. Fleming CD 1984. Michel Sardaby featuring Ron Carter, Voyage, Harmonic 8402/Sound Hills 8103 CD 1984. Michel Sardaby/Monty Alexander, Caribbean Duet, Harmonic 8504/Sound Hills 8112
CD 1989. Michel Sardaby, Going Places, Mantra 050/Sound Hills 8119 avec Rufus Reid et Marvin Smitty Smith CD 1990. Michel Sardaby, Night Blossom, DIW 602E avec Jay Leonard et Albert Tootie Heath CD 1992. Michel Sardaby, Straight On, Sound Hills 8003 avec Louis Smith, Ralph Moore, Peter Washington, Tony Reedus CD 1996. Michel Sardaby, Plays Classics and Ballads, Sound Hills 8073 avec Buster Williams et Ben Riley
CD 1997. Michel Sardaby, Intense Moment, Sound Hills 8080 avec Reggie Johnson et John Betsch CD 2002. Michel Sardaby, Karen, Sound Hills 8123 avec Reuben Rogers et Dion Parson CD 2004. Michel Sardaby, At Home: Tribute to My Father, Sound Hills 8128 avec Ray Drummond et Winard Harper CD 2005. Michel Sardaby, Night in Paris, Paris Jazz Corner Prod./Universal Music 983 646 1 avec Reggie Johnson et John Betsch
CD 2011. Michel Sardaby, Nature, Sound Hills 8142 avec Hassan Shakur et Alvin Queen
Compilations
LP 1964-1974 Michel Sardaby, Brilliant Works, Sound Hills
8075 (1997)
CD 1965-2004 The Art of Michel Sardaby, Sound
Hills 8143 (2011)
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VIDÉOGRAPHIE
Michel Sardaby dans le trio de Kenny Clarke, Jazz à Juan 1979, image extraite de YouTube
Chaînes YouTube de Michel Sardaby https://www.youtube.com/channel/UC5mG6QDRk56auzt6x99fssw https://www.youtube.com/channel/UCD-ZxjUQf_DkGZmoo2aBOcQ
1964-1965. Michel Sardaby, Gilbert Bibi Rovère/Michel Finet (b), Philippe Combelle (dm), album Blue Sunset & Con Alma, Debs/Sound Hills, Paris https://www.youtube.com/watch?v=e5A9Kp0o3Qo https://www.youtube.com/watch?v=5RaDlfLZQkQ&list=PL0q2VleZJVElvuBGjvcnlbltU11HR7btI
1969. Michel Sardaby, album Five Cats Blues, Pierre Dutour (tp), Alain Hatot (ts), Henri Tischitz (b), Michel Denis (dm), Président/Sound Hills, American Cultural Center-Paris, octobre https://www.youtube.com/watch?v=z6Fc6kbLYJI
1970. Michel Sardaby, Percy Heath (b), Connie Kay (dm), album Night Cap, Debs/Sound Hills, Paris, 30 octobre https://www.youtube.com/watch?v=zZF_LfQCRFc https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_lxnUid6yoy5TIJ8qKZRa2jBHi3fX5v6sU
1972. Album Michel Sardaby in New York, Richard Davis (b), Billy Cobham (dm), Ray Barretto (perc), Debs/Sound Hills, 3 août https://www.youtube.com/watch?v=0933mYslPF4
1975. Michel Sardaby, Richard Davis (b), Billy Hart (d), Leopoldo F. Fleming (perc), album Gail, Debs/Mantra/Sound Hills, New York, 7 février https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mXxuMRaerzRoPbxXh5HQLTRSnWx_4-Uak
1979. Michel Sardaby, Kenny Clarke (dm), Alby Cullaz (b), Festival Antibes/Juan-les Pins, Ortf, 26 juillet https://www.youtube.com/watch?v=J4pM_aVG6cw
1984. Album Michel Sardaby Featuring Ron Carter-Voyage, Harmonic Records/Sound Hills, live au Musée d’Art Moderne de Paris, 28 mars et 18 mai https://www.youtube.com/watch?v=30uJajcGsl0
1984. Michel Sardaby/Monty Alexander, album Caribbean Duet, Harmonic Records/Sound Hills, live au Musée d’Art Moderne de Paris, 24-25 novembre https://www.youtube.com/playlist?list=PLSmsZHPjLeJMwG7WqxQPMuKQXz12Ka3ET
1990. Michel Sardaby, album Night Blossom, Jay Leonhart (b), Albert Tootie Heath (dm), DIW, Tokyo, 1er aout https://www.youtube.com/watch?v=xHxDpYTz1Cc
1992. Michel Sardaby, Louis Smith (tp,flh), Ralph Moore (ts), Peter Washington (b), Tony Reedus (dm), album Straight On, Sound Hills, live aux Alligators, Paris, 15-16 mai https://www.youtube.com/watch?v=LGqZhrilgVk
1996. Michel Sardaby Plays Classics and Ballads, Buster Williams (b), Ben Riley (dm), Robert Trowers (tb), Sound Hills Records, Tokyo, 9-10 octobre https://www.youtube.com/playlist?list=PLSmsZHPjLeJMeVO84su6ZxGN_UsAzZtGa
1997. Michel Sardaby, album Intense Moment, Reggie Johnson (b), John Betsch (dm), Sound Hills Records, Tokyo, 5 juin https://www.youtube.com/watch?v=9E1eSikYlik
2002. Michel Sardaby, album Karen, Reuben Rogers (b), Dion Parson (dm), Sound Hills Records, Tokyo, 10 octobre https://www.youtube.com/watch?v=efrSgxdh8yY
2005. Michel Sardaby, album Night in Paris, Reggie Johnson (b), John Betsch (dm), l’Archipel, 21 Avril, Tournée des 70 ans de Jazz Hot, de Michel et ses 50 ans de carrière https://www.youtube.com/watch?v=n_7Hsq1mcN8
2009. Michel Sardaby, Wayne Dockery (b), John Betsch (dm), Duc des Lombards, 14 juillet https://www.youtube.com/watch?v=vQ7gP-3MWJ0
2011. Album Michel Sardaby Trio-Nature, Hassan Shakur (b), Alvin Queen (dm), Sound Hills Records, Villetaneuse, 14-15 mars https://www.youtube.com/watch?v=FwBh9D-Zo9Y
Michel Sardaby chez lui, à son piano, mai 2005 © Jérôme Partage
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