Rudy Van Gelder
|
25 août 2016
|
2 novembre 1924, Jersey City, NJ - 25 août 2016, Englewood Cliffs, NJ
|
© Jazz Hot n°677, automne 2016
The Art of Sound
Décédé
à quelques centaines de mètres de son lieu de naissance, Rudy Van
Gelder, en 56 ans de carrière, dont la quasi-totalité dans son propre
studio, aura enregistré une bonne partie du gratin du jazz mais aussi
énormément de musiciens de jazz, de toute notoriété, travail qui, avec
le recul, restitue l’épaisseur et l’essence du jazz. La qualité de ses
enregistrements a rendu justice à cette mémoire particulièrement
prolifique du jazz à un âge d’or où se sont côtoyés des centaines
d’artistes d’exception dans le seul jazz, connus ou moins connus, adulés
ou moins chanceux. Mais tous ont eu la chance de rencontrer Rudy Van
Gelder qui a donné à leur art toute son attention et son savoir-faire
avec une égale exigence de perfection.
La
particularité de Rudy Van Gelder est qu’il n’a pas eu besoin de se
déplacer, à part pour quelques enregistrements live, ses qualités
unanimement appréciées ont attiré dans ses rets, c’est-à-dire son studio
fait sur mesure, un nombre incalculable des musiciens de jazz de
talent, aînés, contemporains ou des générations suivantes. Le sorcier du
son a marqué de sa patte l’histoire du jazz des années 1950 à
aujourd’hui, non qu’il les ait tous enregistrés, car le jazz a produit
des milliers d’artistes et de chefs-d’œuvre, y compris enregistrés dans
d’autres studios ou sur d’autres scènes, mais il a grandement contribué à
élever les standards de l’enregistrement, dont tous et partout ont
bénéficié.
En
27 kilomètres, du salon de ses parents qu’il transforme en studio à
Hackensack, dans le New Jersey, à son mythique studio d’Englewood
Cliffs, toujours dans le New Jersey, Rudy est devenu une icône du jazz
aux côtés des plus grandes figures qu’il enregistra: Horace Silver, Art
Blakey, Jimmy Smith, Duke Ellington, Earl Hines, John Coltrane, Miles
Davis, Sonny Rollins, Thelonious Monk, Charlie Mingus, Sonny Clark, Lee
Morgan, Eric Dolphy, Dexter Gordon, Joe Henderson, Donald Byrd, Grant
Green, McCoy Tyner, Bobby Hutcherson, Freddie Hubbard, Clifford Brown, Max Roach, Bud Powell, Johnny Hodges, Herbie Hancock, Wayne Shorter,
Jackie McLean, Hank Mobley, Lou Donaldson, Cannonball Adderley… et on en oublie énormément, forcément, la
liste est interminable des grands artistes du jazz, aînés, contemporains
ou cadets de Rudy Van Gelder, qui sont passés par son studio.
Sa
marque de fabrique se retrouve gravée dans la cire des disques long
play (LP) dont l’apparition au début des années 1950 permet de plus
longs enregistrements et libère ainsi les musiciens des contraintes d’un
minutage réduit. Si son premier enregistrement reconnu officiellement
est une session de musique classique, la quasi-totalité de son travail
sera consacrée au jazz. Plus de 3000 albums et plus de 20000
enregistrements jalonnent sa longue carrière.
Le tri reste impossible à
faire si l’on voulait isoler des œuvres d’exception, tant il a su
apporter aux musiciens un cadre et une collaboration toujours
exceptionnelle, permettant à chacun de s’exprimer dans les meilleures
conditions, et donnant une restitution parfaite des qualités de chacun.
Il a été ainsi le prolongement de centaines d’orchestres, parfois même
d’une certaine façon un membre à part entière, aussi responsable que les
autres de la réussite de ces chefs-d’œuvre. Quelques noms, parmi les
musiciens, peuvent être isolés, comme bien entendu John Coltrane (près
de 70 enregistrements), car hormis la période chez Atlantic, Rudy Van
Gelder a tenu les manettes de la plupart de ses enregistrements, chez
Prestige, Blue Note et Impulse!, même parfois en live (Vanguard et
Birdland). Mais Sonny Rollins, Miles Davis, McCoy Tyner, Jimmy Smith,
Art Blakey, Horace Silver, Grant Green, lui sont redevables aussi d’un
travail exceptionnel, et plus largement, le son des labels indépendants
des années cinquante-soixante, au premier rang desquels, Prestige, Blue
Note et Impulse!.
Sa
carrière ne s’est pas arrêtée là, comme vous le verrez ci-dessous, mais
Rudy Van Gelder est certainement un homme clé des années 1950-1960 pour
le jazz et l’édition phonographique en général, et les labels
indépendants en particulier. Il n’est pas innocent qu’après ces trois
labels que nous avons évoqués, dans la période récente, HighNote, un des
derniers indépendants de grande qualité dans le jazz ait fait si
souvent appel à son talent. Sans être LE son du jazz, Rudy Van Gelder en
est certainement l’un des sons les plus beaux, l’un des meilleurs artisans.
Lors de l’entretien qu’il accorda à Jazz Hot en 1992, il parle de plus de 20000 enregistrements auxquels il aurait collaboré (mastering, montage, supervision etc.) 1.
Il faut dire que son travail traverse les grands mouvements du jazz
contemporain. En même temps qu’il se met à leur service, il bénéficie de
la dimension exceptionnelle des créateurs du jazz, et beaucoup, la
plupart, quels que soient leurs instruments et les aléas de carrière, en
sont.
L’affirmation
de nouveaux labels indépendants dans l’après-Seconde Guerre,
l’apparition de producteurs indépendants audacieux et talentueux (Norman
Granz, Bob Weinstock, Orrin Keepnews, Lester Koenig, Nesuhi et Ahmet
Ertegun, les Frères Chess…) contribuent à dynamiser une multiplicité de
catalogues conséquents dont les buts allient créativité et rentabilité,
permettant ainsi aux musiciens, leaders et accompagnateurs, de
bénéficier de revenus complémentaires. C’est aussi la naissance d’un âge
d’or du disque –non pas support pour un succès ou la diffusion, comme à
l’âge du 78 tours, non pas support commercial ou promotionnel comme il
l’est devenu plus tard– mais du disque «œuvre d’art», conjuguant
l’excellence à tous les niveaux: créateurs, musique, production,
photographie, graphisme, façonnage, pressage et bien entendu perfection
du son. Même si ces enregistrements restent parfois d’un rapport
financier limité, ils sont pour certains musiciens, devenant des
habitués des studios, le complément nécessaire à une vie professionnelle
basée sur les concerts en clubs et les tournées pas toujours
rémunératrices. Les réussites économiques réinvesties dans la production
permettent les audaces par ailleurs et la découverte des nouveaux
musiciens. Les producteurs sont amateur d’art et pas hommes d’affaire,
même s’ils savent gérer.
Rudy
Van Gelder a collaboré avec de nombreux producteurs, mais c’est avec le
duo de Blue Note, Alfred Lion et Francis Wolff, avec Bob Weinstock du
label Prestige et avec le label Impulse!, Creed Taylor puis Bob Thiele,
qu’il crée sa notoriété puis sa légende, lui permettant de créer son
propre studio et d’y attirer ce que le monde du jazz a de meilleur.
Les fondateurs et producteurs de Blue Note, Alfred Lion et Francis Wolff, perfectionnistes
dans leur production, recherchent un son «élégant» et fidèle à la
hauteur de leurs exigences et de la musique exceptionnelle dont ils sont
les promoteurs. Rudy Van Gelder, raffiné, précis et d’un
perfectionnisme non moins grand, va constituer un complément idéal pour
créer l’esthétique durable et légendaire du label. Les productions Blue
Note d’Alfred Lion, avec Rudy Van Gelder au son, Francis Wolff à la
photographie, Reid Miles, Paul Bacon, Andy Warhol, David Stone Martin
à la conception graphique, et des textes de pochette de critiques de
jazz bien documentés sur le plan discographique, constituent un sommet
de l’art éditorial du disque, de jazz en particulier car très
innovateur.
C’est
grâce au saxophoniste Gill Mellé qui apporte quatre titres enregistrés
par Rudy Van Gelder qu’il souhaite voir édités par Blue Note qu’Alfred
Lion découvre Rudy Van Gelder à qui il restera fidèle, en raison en
particulier de la vérité, de la présence du son. Il est à noter que pour
la première fois un label paye les répétitions des musiciens, leur
permettant ainsi de préparer les enregistrements. La cohésion des
groupes et leur capacité à enregistrer en peu de prises assurent au
label une qualité artistique indéniable qui le place en tête des labels
indépendants, et constitue un catalogue artistique exceptionnel sans
cesse ré-exploité, sous toutes les formes, en fac-simile de l’original,
compilations, intégrales, avec ou sans bonus, c’est-à-dire les autres
prises (alternate Take), avec des inédits… Quand Alfred Lion dit: «Rudy
s’y connaît vraiment, c’est un être sensible. Il n’est pas de ces types
qui se contentent de surveiller l’aiguille sur le cadran.», Rudy répond: «Alfred Lion savait exactement ce qu’il voulait et prenait le temps de l’obtenir.»
On pourrait en dire presqu’autant pour les productions Prestige de Bob
Weinstock avec Rudy Van Gelder, qui ont beaucoup fait pour le jazz, sa
transmission, son indépendance et sa rentabilité, comme en témoignent les nombreuses
rééditions encore aujourd’hui de ces productions de ce temps. Le début des œuvres de Sonny Rollins, de Miles Davis, en leader, en particulier témoignent de l’intense travail de Rudy Van Gelder à Hackensack.
Impulse!, la «locomotive» John Coltrane, avec qui Rudy Van Gelder a entretenu une relation professionnelle et amicale d’une exceptionnelle densité, est enfin le dernier volet de ce triptyque que Rudy Van Gelder érige à l’Art du Son dans le jazz. Creed Taylor puis Bob Thiele dès
le début des années soixante imposent une nouvelle ligne esthétique dans
le jazz. C’est d’ailleurs à la demande expresse de John Coltrane, que Rudy Van Gelder devient le véritable complice de l’œuvre musicale du grand artiste.
Ce même Creed Taylor fera appel de nouveau à Rudy pour
son nouveau label CTI (Creed Taylor Inc.) créé en 1967 au sein d’A&M Records, et devenu indépendant en 1970.
On peut encore citer Michael Cuscuna parmi les producteurs de talent qui sont liés à Rudy Van Gelder.
De
1952 à la fin des années 1970, Rudy Van Gelder réalise un très grand
nombre d’enregistrements de ces labels en studio. On est presque
«dérangé» parfois quand on ne trouve pas les quelques lignes au dos du
disque qui signalent que le disque a été enregistré par Rudy Van Gelder à
Hackensack ou à Englewood Cliffs, NJ. C’est comme de voir le générique
d’un film de Federico Fellini sans le montage de Ruggero Mastroianni.
Malgré sa focalisation sur le jazz, la notoriété de Rudy Van Gelder dépasse largement ce cadre, car il est devenu la
référence. Il défend un absolu de l’enregistrement, une forme
d’honnêteté professionnelle rigoureuse qui confère à son travail un
statut à part, celui de pionnier et en même temps d’idéal de
l’enregistrement. Rudy Van Gelder travaillera régulièrement pour
d’autres labels (Verve, Vox, etc.). Dès 1999, il assure la
remastérisation de nombreux albums devenus des classiques pour le marché
du CD qui se développe, mais il regrette que la majorité se fasse sans
son avis, ne recevant même pas une copie sur ce nouveau support. Il aime
à rappeler que la majorité des producteurs ne lui donnaient même pas
une copie du LP ou du CD réédité; il fallait qu’il les achète…
Le
Van Gelder Recording Studio, situé exactement au 445 Sylvan Avenue,
Englewood Cliffs, New Jersey, ouvre en juillet 1959, et la première
séance officielle sera consacrée à Ike Quebec, l’excellent ténor et
conseil de la maison Blue Note, pour un single 2.
Depuis le petit génie qui expérimente avec beaucoup de flaire dans le
salon de ses parents à Hackensack (NJ), plus tard transformé en studio
pour des séances d’enregistrement, jusqu’à son mystérieux studio
d’Englewood Cliffs, l’énigmatique Rudy Van Gelder a parcouru un chemin
d’excellence. Il a voulu devenir ingénieur du son dès les années 1940.
Ce jeune amateur de jazz parcourt les clubs et écoute les nombreuses
émissions de radios tout en s’intéressant au son et à sa reproduction.
Il réalise ses tout premiers enregistrements dans sa maison de famille
du New Jersey, où les musiciens new-yorkais indépendants viennent
rapidement car elle se trouve à proximité de la Grosse Pomme. Ses tarifs
sont imbattables. Sa notoriété grandit au sein de la petite communauté
musicale. Pour se payer le matériel précis qu’il désire, il continue sa
profession d’ophtalmologiste et s’intéresse à une nouvelle génération
de micros, d’amplificateurs, de technique de gravure. Il utilisera en
particulier les micros allemands Neumann U47 qui lui permettent de
capturer et restituer l’essence des instruments et des musiciens.
«En
ce temps-là, y compris jusque dans les années 1950, la qualité de
l’équipement et celle des disques eux-mêmes étaient totalement
incapables de rendre ce que les musiciens jouaient sur scène.(…) J’ai dû
expérimenter pour trouver le meilleur moyen de disposer musiciens et
microphones de façon à ce que le son soit le plus chaud et le plus
réaliste possible.» 3,
avait-il souligné. Il est à noter que quand Rudy Van Gelder commence à
enregistrer professionnellement à l’aube des années 1950, la bande
magnétique apparaît tout juste dans les studios, et l’album microsillon
devient vite le format dominant dans le jazz. Les deux technologies
révolutionnent le jazz. En même temps, la diffusion et l’écoute
progressent sur les innombrables radios commerciales. La qualité du
matériel de reproduction (chaines, stéréophonie…) et la demande
d’enregistrements se développe dans une période où le jazz lui-même
jouit d’une notoriété grandissante.
Rudy
invente ses propres techniques pour reproduire l’intimité et la
profondeur, le relief du jazz enregistré tout d’abord dans son salon
puis en studio. Il veut restituer sur le vinyle le son qu’il entend. Il
se démarque ainsi des autres techniciens de studio de l’époque qui
derrière leur vitre s’assure simplement que les micros soient branchés,
que leurs machines tournent et que le niveau ne soit pas saturé.
Véritable aventurier du son, il imagine et teste diverses solutions de
placement de micros, de types de micros, de bonnettes qui les
enveloppent, d’acoustique… bref des astuces et des principes qu’il
gardera souvent secrets. Très professionnel et tatillon, il s’assure
aussi de la qualité des câblages, de leur parcours, de leur connexion.
Ferme,
il n’hésite pas à réprimander les musiciens s’ils se permettent de
toucher ou de déplacer les micros, mais son excentricité apparente et sa
rigueur sont acceptées. Il est devenu un personnage du jazz, aussi
respecté et révéré des musiciens que le sont les grands artistes du jazz
eux-mêmes. «Au cours de sa carrière et à travers ses nombreux
enregistrements pour les grands labels, Rudy est devenu une idole pour
les auditeurs du monde entier et les musiciens. Un album réalisé par
Rudy semble riche d’une façon organique, intime, comme si tous les
musiciens avaient enregistré dans son petit salon confortable avec des
fauteuils en cuir. Aucun des musiciens ne semble éloigné ou plus bas,
bien que les leaders soient bien distincts. Comme Rudy m’a dit pendant
ma visite en 2012 à son domicile et studio, où il s’était installé avec
sa femme en 1959, il luttait constamment pour un son naturel, réaliste.»
Marc Myers-JazzWax 3
Ses
seuls notables écarts d’avec le jazz seront pour le Label Prestige
International où il grave de la musique appelée «folklorique» à
l’époque, «world music» plus tard. On retrouve des albums du guitariste
espagnol Fernando Sirvent, Flamenco Fantanstico, ceux du folksinger Tossi Aaaron, Tossi Sings Folksong and Ballads ou encore Los Indians Taba-Jarias…
Dans le domaine de la musique classique, il signe un bon nombre
d’albums dont plusieurs du pianiste Guiomar Novaes pour le label Vox ou
encore Une symphonie Fantastique de Berlioz en 1959.
Plus
régulièrement, il enregistre sur le label Prestige Bluesville des
grands noms du blues classique tels que Blind Gary Davis, Memphis Slim
ou encore Brownie McGhee et Sonny Terry. Touché par la bossa nova, il se
met aussi au service d’Astrud Gilberto, Tom Jobim, Walter Wanderley. A
part quelques autres écarts dans la soul, (Thornel Schwartz, Ester
Phillips), de rares albums poétiques, sa carrière s’ancre totalement
dans son art privilégié, le jazz. A priori peu de cocorico pour des musiciens français: André Hodeir en 1957 pour les albums André Hodeir and the Jazz Group of Paris-The Paris Scene et American Jazzmen Play Andre Hodeir’s Essais
parus chez Savoy, le pianiste Michel Sardaby pour «Gail» et «Going
Places» sur le label japonais Mantra en 1990. Plus rare, on retrouve
Georges Arvanitas derrière Yusef Lateef chez Impulse!. Côté label
français, on note chez Dreyfus Jazz un album de Steve Grossman et Cedar
Walton Trio en 1993 et un coffret (4 CDs) dédié aux chanteuses Jazz Ladies. Côté remastering, il s’occupera de l’album de Kenny Clarke-Francis Boland and Company The Golden Eight édité en 1961 par Music Matters et reparu sur Blue Note en 2015.
Au-delà
des labels déjà cités, il collabore avec une cinquantaine de majors,
labels indépendants dont dans le désordre chronologique et alphabétique:
Bethlehem, Regent, United Artists, Signal Records, Colpix, Moodsville,
New Jazz, Atlantic, Mercury, Fantasy, Philips, East Bound Records,
Amosaya, Uptown Records, Fontana, Criss Cross, Enja, GRP, Kudu, Elektra,
ABC Records, Status Records, Delmark, Gatemouth, EMI, Flying Dutchman,
Strateside, Turnabout, Muse Records, Milestones, Concord… A
partir de 1969, les enregistrements deviennent plus rares, et Rudy se
consacre à la reparution d’albums complets, d’intégrales, l’édition
d’inédits, de compilations. Il puise dans ses tiroirs et les stocks
inexploités des maisons de disques. Il revisite la plupart des artistes
majeurs qu’il a accueillis et complète de son savoir-faire la relecture
plus ou moins commerciale des fonds de catalogue.
Dans un concert de louanges unanimes, seul Charles Mingus a contesté le
son et les mixages de Rudy Van Gelder pour proposer son propre «Sound of
Jazz»… Rudy Van Gelder, grand amateur de jazz et acteur de tant de séances d’enregistrement avec des musiciens de légende, reconnaissait qu’il lui était parfois difficile de ne pas donner son avis sur la musique enregistrée, mais en professionnel, il ajoute :«Parfois, j’ai beaucoup de peine à me retenir. Cependant tel n’est pas mon rôle, car je ne suis ni musicien ni producteur. Bien sûr, il m’est arrivé d’exprimer un avis lorsqu’on me le demande, mais on vient me voir en premier lieu pour le son et non pour recueillir une opinion sur la musique.»
Son moment d’élection dans une telle carrière, était, disait-il, la version de «Lush Life» enregistrée par Johnny Hartman et John Coltrane: «Il y avait une telle émotion, une telle tristesse aussi, renforcée aujourd’hui par le fait qu’ils nous ont tous les deux quittés… Et puis, cette sonorité!» 2 Michel Antonelli Photo : Rudy Van Gelder et Alfred Lion © Francis Wolff-Mosaic Images
1. Jazz Hot n° 491 2. Jazz Hot n° 460 3. Blog JazzWax en 20123
Rudy Van Gelder et Jazz Hot: n°460-1989, n°491-1992
SELECTION DISCOGRAPHIQUE
Cette
sélection discographique n’est pas (comme le choix des illustrations),
bien sûr, une intégrale, mais une évocation très partielle de l’œuvre de
Rudy Van Gelder au hasard des recherches.
1953 Clifford Brown. Hymn of the Orient/Easy Living, Prestige
1954 Miles Davis. Miles Davis with Sonny Rollins, Prestige
1955 Bud Powell. The Amazing Bud Powell Vol.1 et Vol2, Blue Note Erroll Garner. Penthouse Serenade, Savoy Charlie Parker. The Immortal Charlie Parker, Savoy Duke Jordan. Duke Jordan, Signal Jay Jay Johnson. The Eminent Jay Jay Johnson Vol.1, Blue Note Kenny Dohram. Afro Cuban, Blue Note Sidney Bechet. Jazz Classics Vol.1, 1958. Vol2. Blue Note 1956 Jimmy Smith. A New Star, a New Thing, Vol.2 Blue Note Elmo Hope. Hope Meets Foster, Prestige Thelonious Monk-Sonny Rollins. Thelonious Monk-Sonny Rollins, Prestige Horace Silver. Horace Silver Quintet. Señor Blues, Blue Note Charlie Mariano.Charlie Mariano, Bethlehem Phineas Newborn Jr. Here is Phineas (The Piano Artistry of P. Newborn), Atlantic Art Blakey. A Night at Birland Vol1 et Vol2, Blue Note Lester Young. Young Lester, Savoy
1957 Dizzy Gillespie.The Dizzy Gillespie Story, Savoy Sonny Rollins. A Night at the Village Vanguard, Blue Note Sonny Rollins. Sonny Rollins Quartet. Tenor Madness. Vol1 et Vol2. Blue Note Johnny Griffin-John Gilmore. Blowing in From Chicago, Blue Note 1958 Lee Morgan. The Cooker, Blue Note Cannonbal Adderley. Something Else, Blue Note Steve Lacy. Saxophone Solo, Prestige 1959 The Red Garland Trio–A Garland of Red, Metronome The Amazing Nina Simone, Colpix Donald Byrd. Off the Races, Blue Note Ellegaard. Accordion Fireworks by Ellegaard, Vox 1960 Horace Parlan. Horace Parlan Quintet–Speakin’ My Piece, Blue Note Jackie Mc Lean. Jackie’s Bag, Blue Note Stanley Turrentine. Look Out, Blue Note Benny Golson.Gettin’ With It, New Jazz 1961 Grant Green. Green Street, Blue Note Roland Kirk with Jack Mc Duff. Kirk’s Work, Prestige Dexter Gordon. Doin’ Allright.Blue Note Art Blakey and the Jazz Messengers. A Night in Tunisia, Blue Note Ron Carter with Eric Dolphy, Mal Waldrom. Where?, New Jazz Ray Charles. Genius+Soul =Jazz, Impulse! Olivier Neslon. The Blues and the Abstract Truth, Impulse! 1962 Shelly Manne. Shelly Manne 2-3-4, Impulse! Curtis Fuller. Cabin in the Sky, Impulse! Max Roach. It’s Time, Impulse! Clark Terry. All American, Moodsville Anita O’Day. Anita O’Day/ The Gary Mc Fraland Orchestra All the Sad Young Men, Verve Horace Siver. The Horace Silver Quintet-The Tokyo Blues, Blue Note Herbie Hancock. Takin’ Off, Blue Note McCoy Tyner. McCoy Tyner Trio-Inception, Impulse! Freddie Hubbard. Hub Tones, Blue Note Count Basie. Count Basie and the Kansas City Seven, Impulse! Roy Haynes. Roy Haynes Quartet – Out of the Afternoon, Impulse! Eric Dolphy with Booker Little. Far Cry, New Jazz Sheila Jordan. Portrait of Sheila, Blue Note Mal Waldrom with Eric Dolphy and Booker Ervin. The Quest, New Jazz Duke Ellington Meets Coleman Hawkins. Duke Ellington Meets Coleman Hawkins, Impulse! 1963 The Three Sounds. Black Orchid, Bue Note Herbie Hancock. My Point of View, Blue Note Joe Henderson. Page One, Blue Note Chico Hamilton.The Chico Hamilton Quintet-Passin’ Truth, Impulse! Charles Mingus. Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus, Impulse! Duke Ellington & John Coltrane. Duke Ellington & John Coltrane, Impulse! 1964 Eric Dolphy. Out of Lunch, Blue Note Lalo Schiffrin. New Fantasy, Verve Andrew Hill. Point of Departure, Blue Note Wayne Shorter. Night Dreamer & Juju, Blue Note Booker Ervin. The Freedom Book & The Song Book, Prestige Archie Shepp. Four for Trane, Impulse! Olivier Neslon. More Blues and the Abstract Truth, Impulse! Yusef Lateef. Jazz’ Round the World, Impulse! Elvin Jones/Jimmy Garrison. Elvin Jones/Jimmy Garrison Sextet featuring McCoy Tyner – Illumination, Impulse! Anthony Williams. Life Time, Blue Note West Montgomery. Movin’ Wess, Verve Jimmy Smith. The Incredible Jimmy Smith – The Cat, Verve Joe Henderson. In’ N Out, Blue Note Horace Silver. The Horace Silver Quintet Song For My Father, Blue Note Lee Morgan. Search For the New Land & the Sidwinder, Blue Note Donald Byrd. A New Perspective, Blue Note Johnny Hartman. The Voice That Is!, Impulse! Lionel Hampton. Trick Or Treat/Cute, 1965. You Better KnowIt!!!, Impulse! 1965 Sonny Rollins. On Impulse!, Impulse! Roland Kirk. The Roland Kirk Quartet-Rip Rig and Panic, Limelight Bill Evans. The Bill Evans Trio – Trio 65, Verve Stan Getz – João Gilberto. Getz/Gilberto #2, Verve Johnny Hodges and Wild Bill Davis. Wings and Things, Verve Archie Shepp. Fire Music & On this Night, Impulse! Sam Rivers. Fuschia Swing Song et Contours, Blue Note Lambert, Hendricks & Ross. Sing a Song of Basie, Impulse! Carl Tjader. Soul Sauce, Verve Larry Young. Unity. Blue Note Gabor Szabo. Gypsy ’66, Impulse! Shirley Scott. Queen of the Organ, Impulse! Benji Aronoff. The Two Sides of Benji Aronoff, Prestige Coleman Hawkins. Wrapped Tight, Impulse! Herbie Hancock. Maiden Voyage, Blue Note 1966 Attila Zoller & Don Friedman. Metamorphosis, Prestige Sonny Rollins. Esat Brodaway Run Down, Impulse! Wayne Shorter. Speak No Evil et Adam’s Apple, Blue Note Don Cherry. Symphony For Improvisers et Complete Communion, Blue Note Wes Mongomery. Tequila, Verve Ornette Coleman. The Empty Foxhole, Blue Note Bill Evans-Jim Hall. Intermodulation, Verve Cecil Taylor. Conquistador et Unit Structures, Blue Note 1967 Roland Kirk. Now Please Don’t You Cry, Beautiful Edith, Verve Stan Getz.Voices, Verve Mc Coy Tyner. The Real Mc Coy, Blue Note Jacky Byard. On the Spot!, Prestige Marion Brown. Three For Shepp, Impulse! Archie Shepp.Mama Too Tight, Impulse! Pat Martino. El Hombre, Prestige The Free Spirits featuring Larry Coryell. Out of Sight and Sound, ABC Larry Young. Contrasts, Blue Note Pharoah Sanders. Tauhid, Impulse! Antonio Carlos Jobim. Wave, A&M, CTI 1968 John Lewis. The John Lewis Piano, Atlantic George Benson. Shape of Things to Come, A&M, CTI Paul Desmond. Summertime, A&M, CTI Herbie Hancock. Speak Like a Child, Blue Note 1969 Don Cherry. Where Is Brooklyn?. Blue Note Milton Nascimento. Courage, A&M, CTI Quincy Jones. Walking In Space, A&M, CTI Gato Barbieri. The Third World, Flying Dutchman
1970 Randy Brecker. Score. Solide State Antonio Carlos Jobim. Stone Flower et Tide, CTI Freddie Hubbard. Red Clay, CTI Leon Thomas. The Leon Thomas Album, Flying Dutchman Lou Donaldson. EverythingI Plays Is Funky, Blue Note Quincy Jones. Gula Matari, A&M Stanley Turrentine. Sugar, CTI 1971 Bill Evans. Montreux II, King, CTI Kenny Burrell. God Bless the Child, CTI 1972 Georges Benson. White Rabbit, CTI Randy Weston. Blue Moses, CTI Hank Crawford. Help Me Make It Through the Night, Kudu Mongo Santamaria. Afro Roots, Prestige Grover Washington, Jr. All the King’s Horses, Kudu Airto Moreira. Free, CTI , Roy Ayers. Roy Ayers Ubiquity – He’s Coming, Polydor Joe Farrell. Outback CTI 1973 Joe Henderson. In Japan, Milestone Deodato. Deodato 2, CTI Evin Jones. Mr Jones, Blue Note Gary Bartz, Lee Konitz,Charlie Mariano, Jackie Mc Lean. Altissimo, Philips 1974 Georges Benson. Bad Benson, CTI Joe Beck. Joe Beck, Kudu Jim Hall.1974. Concierto, CTI 1975 Esther Phillips. What a Différence a Day Makes. Kudu 1976 Patti Austin. End of a Rainbow, CTI Bob James. Three, CTI Ron Carter. Yellow and Green, CTI Allan Holdsworth. Vevet Darkness, CTI 1977 Urbie Green. The Fox, CTI 1978 Horace Silver. Silver’N’ Percussion, Blue Note Roland Kirk. Pre-Rahsaan, Prestige Charles Tyler. Saga of the Outlaws, Nessa Roscoe Mitchell. L-R-G/The Maze/S II Examples, Nessa Johnny Otis. The Original Otis Show (Compilation), Savoy 1979 Jon Faddis. Good and Plenty, Buddah Wayne Shorter. The Soothsayer et the Collector, Blue Note Jim Mc Neely. The Plot Thickens, Gatemouth Ricky Ford. Manhattan Plaza, Muse Jack Walrath. Demons In Pursuit, Gatemouth 1980 Mc Coy Tyner. 4X4, Milestone Leo Parker. Rollin With Leo, Blue Note, Harold Land. Take Aim, Blue Note Eddie Daniels. Brief Encounter, Muse Dannie Richmond. Dannie Richmond Quintet, Gatemouth 1981 Mel Lewis. The Mel Lewis Quintet – Mellifluous, Gatemouth Ray Barretto. La Cuna, CTI 1982 Roland Hanna. Gershwin Carmichael Cats, CTI Chet Baker/Jim Hall/Hubert Laws. Studio Trieste, CTI Meredith D’Ambrosio. Little Jazz BIrd, Palo Alto Elvin Jones/McCoy Tyner. Elvin Jones = McCoy Tyner Quintet, Trio 1983 Abdullah Ibrahim. Ekaya (Home), Ekapa Malachi Thompson. Spirit, Delmark Jimmy McGriff. Countdown, Milestones 1984 Claudio Roditi. W/Kenia – Red On Red, CTI Larry Coryell. Coming Home, Muse Ursula Dudziak. High Horse, CTI 1985 Woody Shaw. Setting Standards, Muse Freddie Hubbard/Woody Shaw. Double Take, Blue Note Kenny Garrett. Kenny Garrett Quintet Featuring Woody Shaw – Intoducing Kenny Garrett, Criss Cross Jazz Chuck Wayne. Chuck Wayne Featuring Zoot Sims, Brew Moore – The Jazz Gutarist, Savoy
1986 Lonnie Liston Smith. Make Someone Happy, Doctor Jazz Sam Rivers. Dimensions & Extensions, Blue Note Mark Murphy. Living Room, Muse Kirk Lightsey. Kirk Lightsey Quintet Featuring Marcus Belgrave – Kirk’ N Marcus, Criss Cross Jazz
1987 Santi Debriano. Obeah, Free Lance Ralph Moore. Round Trip, Reservoir Ray Anderson. It Just So Happens, Enja Recoirds Valery Ponomarev. Means of Identification, Reservoir 1988 Wallace Roney. Intuition, Muse Charlie Haden. The Golden Number, A&M Diane Reeves.The Nearness of You, Blue Note Billy Hart. Enchance, Horizon 1989 Ornette Coleman. Dancing In Your Head, A&M Buster Williams. Something More, In+Out Don Cherry. Brown Rice et Art Deco, A&M Herb Alpert /Hugh Masekela. Herb Alpert / Hugh Masekela, A&M Helen Merril + Ron Carter. Duets, EmArcy 1990 James Spaulding. Gotsabe a Better Way, Muse Charles Lloyd. Waves, A&M Michel Sardaby. Going Places, Mantra 1991 Charles Frambrough. The Proper Angle, CTI Frank Wess. The Frank Wess Septet – Opus De Blues, Savoy 1992 Cindy Blackman. Code Red, Muse 1993 Steve Grossman, Cedar Walton Trio. A Small Hôtel, Dreyfus Jazz Jay Hoggard. In the Spirit, Muse Jackie Mc Lean. The Jackie Mac Attack-Live, Birdology 1994 Kenny Baron Trio. The Moment, Reservoir Mc Coy Tyner. McCoy Tyner Trio Featuring Michale Brecker – Infinity, Impulse! 1995 Steve Turre. Rhythm Within, Antilles Sonny Fortune. A Better Understanding, Blue Note 1996 Idris Muhammad. Legend of Acid Jazz, Prestige Carlos Garnett. Resurgence, Muse 1997 Thelonious Monk Jr. Monk on Monk, N2K Encoded Music 1998 Cindy Blackman. In the Now, HighNote 1999 Charles Earland.Cooking’ With the Mighty Burner, HighNote Gil Mellé. Gil Mellé Quintet With Don Butterfield-Five Impressions of Color, Blue Note Joey De Francesco. The Champ (Dedicated to Jimmy Smith, HighNote 2000 Eric Alexander. Eric Alexander the Great, HighNote Harris/Moran/Osby/Shim. New Directions, Blue Note Jackie Mc Lean.Nature Boy, Blue Note 2001 Scott Whitfield. Hidding In Plain Sight, Amosaya Mose Allison. Mose Allison Sings and Plays, Prestige 2002 Don Sickler. The Don Sickler Quintet – Reflections, HighNote 2003 Ned Otter. Powder Keg, Two and Four Recording Company 2004 Eric Loss. First Class, Prestige Horace Silver. The United States of Mind, Blue Note 2005 Reuben Wilson. Fun House, Savant Mike LeDonne. Night Song, Savant 2006 Cedar Walton. One Flight Down, HighNote Solomon Ilori. Solomon Ilori & His Afro-Drum Ensemble–Igbesi Aiye / Gbogo Omo Ibile, Honest Jon’s 2007 Tom Harrell. Light On, HighNote Jim Snidero. Tippin’, Savant 2008 Scott Hamilton. Scott Hamilton & Friends, Concord Jazz 2009 Eric Alexander. Revival of the Fittest, HighNote Houston Person. Mellow, HighNote John Irabagon. The Observer, Concord Jazz 2010 Christian Scott. Yesterday You said Tomorrow, Concord Jazz Houston Person. Moment To Moment, HighNote 2011 Eric Alexander. Don’t Follow the Crowd, HighNote Cedar Walton. The Bouncer, HighNote Rob Mostert. Englewood Cliffs Sessions, Music On Vinyl 2012 Houston Person. Naturally, HighNote Joey DeFrancesco. Wonderful Wonderful, HighNote 2013 Eric Alexander. Touching, HighNote Ithamara Koorax. Ithamara Koorax Sings Getz/Gilberto, Jazz Vision 2014 Eric Alexander. Chicago Fire, HighNote 2015 Eric Alexander. The Real Thing, HighNote Apparemment son dernier enregistrement…
A la rencontre de Rudy Van Gelder
http://pitchfork.com/news/67812-renowned-jazz-recording-engineer-rudy-van-gelder-dead-at-91/
http://amhistory.si.edu/jazz/VanGelder-Rudy/Rudy_Van_Gelder_Interview_Transcription.pdf http://www.jazzwax.com/2016/08/rudy-van-gelder-1924-2016.html
|
|
|