Ellis Marsalis, San Sebastian 2016 © Jose Horna
Ellis Louis MARSALIS,
Jr.
Un prophète en son
pays*
Le patriarche de l’une
des grandes familles musicales du jazz de New Orleans, Ellis Marsalis, Jr., est brutalement
décédé le 1er avril 2020 à New Orleans des suites de l’épidémie de Coronavirus qui
sévit au Etats-Unis. Bien qu’affaibli par l’âge, il était encore actif dans son
réseau néo-orléanais très peu de jours avant son décès comme nous l’apprend Offbeat, un magazine de New Orleans.
Ellis Marsalis est
d’une certaine façon «l’iceberg» du jazz d’aujourd’hui. Cette image paradoxale
–pour un musicien hot– pour dire
que cet homme modeste ne laissait qu’apercevoir la surface d’un travail d'une grande profondeur. D’une solidité et d’une stature
exceptionnelles, Ellis Marsalis, Jr. a contribué par son rayonnement à déterminer l’état de la scène
du jazz de culture, à prolonger en la renouvelant l’ensemble culturel, et pas
seulement musical, de la communauté afro-américaine, générant, par un
travail d’une constance et d’une profondeur rares, une
descendance nombreuse et cette brillance de la culture afro-américaine comme elle était
apparue à l’orée du XXe siècle. Sur le socle d’une famille déjà solide, il a
bâti avec son entourage, par sa force de caractère personnelle, une
véritable «New Orleans Renaissance» sur les fondements de l’histoire des
Afro-Américains à New Orleans, où la tradition orale, celle de la rue aussi, a
continué de vivre en marge du développement américain.
Ellis Marsalis 2016 © José Horna
Il est bien entendu
le père de cette fratrie musicale exceptionnelle de New Orleans: Branford,
Wynton, Delfeayo et Jason; mais il est aussi le professeur d’une ribambelle de
musiciens de haut niveau qui illuminent la scène du jazz depuis les années
1980, Terence Blanchard, Nicholas Payton, Marlon Jordan, Irvin Mayfield, et
beaucoup d’autres. L’ensemble de ces musiciens, prolongent chacun à leur
manière, l’enseignement, la mission, que ce père, ce
prophète modeste ou ce professeur émérite, cet humaniste, leur a confié sans
même le dire, avec douceur, ouverture d’esprit et générosité. Sa conscience
sociale et politique le rattache à l’esprit de la Harlem
Renaissance. Ellis Marsalis est vraiment le digne descendant du Siècle des
Lumières (partage des savoirs, fraternité), un de ces esprits brillants dont le jazz et plus largement la communauté
afro-américaine ont le secret: à sa manière, pour le jazz et New Orleans,
il est un de ces penseurs-passeurs chers à ce peuple en recherche d’égalité, comme Martin
Luther King, Jr., Claude McKay, James Baldwin, et quelques autres comme Ernest J. Gaines récemment disparu. Il est un universaliste dont
l’humanisme est ancré sur la mémoire populaire. Relire son interview dans le
Jazz Hot n°602 éclairera les propos de cette introduction. Ellis Marsalis est
donc, pour le jazz et plus largement pour New Orleans et l’humanité dont nous
sommes, un personnage de grande importance, auquel on n’a pas prêté assez
d’attention, car sa conduite, sa capacité à transmettre, même dans la méthode, est de
celles qui proposent de vraies alternatives au monde dans lequel
nous vivons aujourd’hui et dans ces heures catastrophiques qui ont d’ailleurs interrompu le
cours de la vieillesse paisible et très active d’Ellis Marsalis, dans la tradition du jazz.Cet héritage d’Ellis
Marsalis passe beaucoup par l’oralité de sa transmission, par ce qu’il incarne. Il insiste d’ailleurs
beaucoup (Jazz Hot n°602) sur cette caractéristique que New Orleans a gardée, plus que toute autre
ville américaine, et qui fait de cette ville, encore de nos jours et malgré le
désastre de l’ouragan Katrina, une exception dans la culture américaine.
Voir aussi l'hommage des musiciens, dont ses fils, à Ellis Marsalis, Jr.
Né à Gert Town, aujourd’hui un quartier de New Orleans, en Louisiane,
Ellis, Jr. est le fils d’Ellis Louis Marsalis, Sr., un homme d’affaire et
activiste dans la lutte pour les droits civiques de la Nouvelle-Orleans, et de Florence Marie,
née Robertson. Ce père (1908-2004) est déjà une partie de l’explication de la saga familiale. Il
gère un hôtel et une station service dont il est propriétaire (le premier
Afro-Américain à New Orleans). Le début de l’histoire est une grange convertie en
1943 en hôtel pouvant accueillir les personnalités afro-américaines que les
lois racistes empêchent de se loger dans les hôtels de New Orleans réservés aux
euro-américains (cf. le film Greenbook). Ainsi, ce père d’Ellis, Jr., reçoit Cab Calloway, Ray Charles,
Ruth Brown, Etta James, Dinah Washington et beaucoup d’autres, ainsi que
certains des leaders du mouvement des Civil
Rights les plus influents de l’époque, dont Martin Luther King, Jr., Adam
Clayton Powell, Jr. et Thurgood Marshall.
Le précurseur Ellis, Sr. a été élu président de la Nationwide
Hotel Association, un syndicat de propriétaires d’hôtels du Sud appartenant à
des Afro-Américains qu’il a cofondé en 1963. La Marsalis’ Mansion a été fermée puis détruite en 1993, vendue en 2006, mais une plaque rappelle la contribution
sociale d’Ellis Marsalis, Sr. au mouvement des Droits civiques.
Ellis et Branford Marsalis, Jazz à Vienne 1990 © Pascal Kober Membre à vie du Parti républicain (ce qui en dit long sur la
complexité des clivages politiques américains), Ellis Marsalis, Sr. a joué un
rôle déterminant dans l’enregistrement des électeurs afro-américains de la
paroisse de Jefferson (devenue un quartier de New Orleans) de 1951 à 1966. Il a
contribué de ses deniers à l’éducation d’Ernest Nathan Morial, le premier
étudiant afro-américain à fréquenter la Louisiana State University Law School.
Cet étudiant est devenu plus tard le premier maire afro-américain de New Orleans.
Ellis Marsalis, Sr. a également contribué à l’élection du juge Lionel Collins,
le premier juge afro-américain d’un tribunal en Louisiane.
Enfin, si Ellis, Sr. est un homme d’affaire, il a une
conscience aiguë que l’expression et l’aspiration des Afro-Américains à
l’égalité passe par leur expression artistique, et il fait
beaucoup pour permettre à Ellis, Jr. de réaliser ses rêves d’artiste-musicien,
accueillant comme on l’a vu les musiciens les plus célèbres dans son
établissement mais aussi les formations de son fils (avec les frères Adderley
en particulier), parmi d’autres. Ellis, Jr. décrit très bien dans
l’interview (Jazz Hot n°602) cette
imbrication de la musique dans tous les moments et les lieux de la vie quotidienne,
des plus jeunes qui font la manche en faisant des claquettes dans les rues pour gagner leur vie, avec des capsules de bouteilles fixées à la semelle de leurs baskets, aux plus vieux qui transmettent la tradition comme au
Preservation Hall ou par la parole. Cela restitue parfaitement la pratique
sociale d’une culture populaire en action, indépendante des académies et des
pouvoirs.
Ellis Marsalis, 2016 © José Horna
Cet avant-propos est là pour comprendre les fondements de la
personnalité d’Ellis, Jr., car il ne fait aucun doute que cette famille possède
une forte conscience d’une mission collective dans le cadre de leurs activités,
qu’elles soient commerciales, culturelles ou artistiques. Les générations de
Marsalis conservent aussi un fort lien entre elles, et cet héritage d’une
conscience collective se transmet jusqu’à la génération actuelle comme on le
constate d’évidence avec les Branford, Wynton, Delfeayo, Jason, et sans doute
les deux autres frères.
Ellis, Jr. commence ses études musicales à la Xavier Junior
School of Music, catholique et dévolue à la communauté afro-américaine, située
à Gert Town, où il se consacre à la clarinette, puis, suite à un renvoi par les
sœurs du Saint-Sacrement car le jeune
Ellis, Jr. n’était pas du tout assidu à l’enseignement religieux comme il le
rappelle dans son interview (Jazz Hot
n°602), à la Gilbert Academy –alors protestante (Methodist-Episcopal). Malgré
l’importance qu’il attache au fait religieux –Ellis, Jr. évoque souvent
l’opposition culturelle catholiques-protestants comme facteur explicatif des
différences culturelles entre le Nord et le Sud américains– il conserve une
distance inhabituelle pour un Américain avec la croyance, avec toujours
beaucoup d’humour (Jazz Hot n°602). Ellis,
Jr. prolonge son apprentissage à la Dillard University, New Orleans, par le
saxophone avant d’aborder le piano par proximité, pour accompagner, les musiciens locaux ou de passage comme le violoniste Edward Frank, mais aussi grâce à l’enseignement d’une Mme Jean
Castemoro, issue de la faculté d’Oberon comme beaucoup d’Afro-Américains, dont l’enseignement de qualité a inspiré le sien.
Si Ellis, Jr. accompagne dans ses débuts des musiciens de la
tradition néo-orléanaise (Papa Albert French et ses enfants les French
Brothers), il reconnaît qu’il a manqué de sagacité en ne donnant pas suite à
l’enseignement du grand Willie Humphrey disposé à lui donner des leçons de clarinette pour
presque rien, et il le regrette plus tard.
A la fin des années 1940, il se lie avec le pianiste Roger
Dickerson, le sax ténor Earl Battiste et participe, en saxophoniste, à un
premier groupe d’adolescents, les Groovy Boys, qui jouait du rhythm & blues.
A l’époque, Ellis, Jr. s’inspire de Red Prysock, le frère d’Arthur. Puis, il
remplace Plas Johnson au sein du Johnson Brothers Group.
C’est aussi vers le début des années 1950 qu’il côtoie
pendant un an Cedar Walton, venu du Texas pour étudier à New Orleans, et qui
participe sans doute à l’orientation de la musique d’Ellis vers le bebop. Ellis, Jr.
hésite encore entre le saxophone et le piano avant de le choisir vers le milieu
des années 1950 pour accompagner le saxophoniste Nat Perrilliat, dont le talent
sur le même instrument le décourage selon ses dires. Il forme ensuite un groupe,
l’American Jazz Quintet, avec Alvin Batiste (cl), Harold Batiste (ts), Richard
William Swanson (b), Ed Blackwell (dm) qui enregistre In the Beginning (Opus/AFO 91-1028-2 ) puis Boogie Live… 1958 (AFO
92-1228-2), avec Nat Perrilliat, un American Jazz Quintet qui aura une
résurgence discographique en 1987 avec Earl Tubington (as), Alvin Batiste (cl),
Harold Batiste (ts), Richard Payne (b), Ed Blackwell (dm).
Wynton et Ellis Marsalis, Festival de Jazz de Vitoria-Gasteiz, 2001 © Jose Horna
A la fin des années 1950, Ellis Marsalis part brièvement à
Los Angeles avec Ed Blackwell et Ornette Coleman, avant de revenir à New
Orleans. Il est mobilisé, participe comme pianiste à une formation dans le
cadre militaire (The Corp. Four), puis à sa libération, il retrouve Nat
Perrilliat, Marshall Smith (b) et James Black (dm) et se produit notamment dans
les établissements de son père. Il enregistre grâce à l’association AFO (All
for One) créée par Harold Batiste (1963, New
Orleans Heritage Jazz, AFO et The Monkey
Puzzle, deux LPs repris en CD dans The
Classic Ellis Marsalis, Boplicity et plus largement dans un grand coffret The Original American Jazz Quintet, New
Orleans Heritage, Jazz:1956-1966).
Au début des années 1960, Ellis Marsalis accompagne aussi
les musiciens de passage comme les frères Cannonball et Nat Adderley avec lesquels il enregistre (1962, In the Bag, Jazzland/OJC
648-2). Mais à partir du milieu des années 1960 la carrière du musicien se fixe
à New Orleans, et elle est reléguée au second plan par celle d’enseignant qui
correspond sans doute beaucoup mieux à l’appel atavique de cette mission que se
donnent les Marsalis de père en fils. Il joue encore localement très régulièrement
et participe même en pianiste à la Rhapsody
in Blue de Gershwin avec l’orchestre symphonique de New Orleans, mais il se
tourne résolument vers l’enseignement.
Ellis Marsalis, Jr. s’est révélé être un brillant enseignant
et un passeur de la tradition du jazz, et cela à double titre: comme enseignant
au New Orleans Center for the Creative Arts, à l’Université de New Orleans et à
la Xavier University of New Orleans, et comme père, d’une famille nombreuse de
musiciens de jazz, avec la complicité de son épouse Dolores Ferdinand, décédée
en 2017. Sur les six garçons, quatre sont devenus des musiciens de jazz très
connus: Branford (ts, ss), Wynton (tp), Delfeayo (tb) et Jason (dm), Delfeayo est également producteur de nombreux disques. Ellis III
est lui devenu poète et photographe. Pour Mboya, le sixième garçon, nous
n’avons pas de précisions.
Jeff Tain Watts, Kenny Kirkland, Ellis et Branford Marsalis, Jazz à Vienne 1990 © Pascal Kober
Outre ses célèbres enfants, les musiciens actuellement de
renom passés par l’enseignement d’Ellis ne se comptent plus. Citons Terence
Blanchard (tp), Donald Harrison (as), Harry Connick, Jr. (p, voc), Kent Jordan
(fl), Marlon Jordan (tp), Nicholas Payton (tp)… et beaucoup d’autres qui ont
apporté un renouvellement dans le jazz ancré sur toutes les époques et
sensibilités du jazz, et une redécouverte de la grande tradition musicale
néo-orléanaise à travers notamment la lecture actualisée qu’en ont donné ses
fils et beaucoup de ses autres élèves.
En 1978, il retrouve une première fois les studios pour un
disque en solo, (Solo Piano Reflections,
CBS/Sony 25AP-2385), puis en quartet (1984, Syndrome,
ELM) avec Kent Jordan (fl), son élève, Bill Huttington et le fidèle James Black
(dm).
Il revient ensuite au solo (1984, Piano in E, Rounder). Dans ce début des années 1980, il participe à
des projets «familiaux» (Fathers and Sons,
Columbia) avec Wynton, Branford, et la famille Freeman (Von et Chico), il accompagne
ses fils Wynton (avec Art Blakey, Blakey’s
Theme, West Wind, Wynton Marsalis,
Columbia), Branford (Royal Garden Blues,
Columbia), mais aussi Eddie Harris, Courtney Pine, et beaucoup d’autres. Juste
retour des choses, cette incroyable floraison musicale des années 1980 a remis
en scène le pianiste, lui permettant d’enregistrer le principal de sa
discographie à partir de ce moment, en leader ou avec ses fils, avec des
musiciens de New Orleans: Kermit Ruffins, Irvin Mayfield, voire en dehors de la
scène locale: Dave Young, Jimmy Cobb, Gerald Wilson, David Fathead Newman,
Wessell Anderson, Count Basie Orchestra, etc., et de se produire
sur les scènes festivalières du monde entier. Sa réputation déborde enfin le
seul cadre de New Orleans où il est considéré comme l’un des hommes essentiels
de la transmission du jazz, la musique qui est à l’origine de la réputation
internationale de la ville. Il est d’ailleurs l’une des attractions régulières
du grand Festival de jazz local: le New Orleans Jazz & Heritage Festival au
printemps. Ses prestations dans les années 2010 sont immortalisées par plusieurs disques (cf. discographie).
Ellis Marsalis et Jesse Davis, Jazzaldia San Sebastian 2016 © Jose Horna
C’est à l’occasion de ces tournées en Europe que nous avions
eu le plaisir de rencontrer un homme, modeste et souriant, bien qu’imposant par
sa stature intellectuelle et humaine, d’abord en compagnie de son fils Branford,
croisé par hasard sur la scène du festival Jazz à Vienne (interview parue dans Jazz Hot n°480, décembre 1990) pour un
dialogue sur le vif, puis lors du festival de Vitoria-Gasteiz, en Espagne (Jazz Hot n° 602, juillet-août 2003), où
il donna la pleine mesure d’une personnalité très riche, sereine, très
structurée, au fait de la réalité sociale, culturelle et de l’histoire de son
pays et du monde, dimensions humaine et culturelle qui expliquent sa formidable
réussite de père, d’enseignant et au-delà d’acteur essentiel de New Orleans et
du jazz dans le monde…
C’est pourquoi, nous vous recommandons de vous référer à ces
deux articles pour faire plus ample connaissance avec l’un de ces hommes
déterminants du jazz, pas seulement pour leur carrière artistique pourtant déjà
plus que respectable (une quarantaine d’albums en leader, et une cinquantaine
en sideman), mais surtout par leur faculté à transmettre et enrichir la
tradition du jazz, en la renouvelant par leur rôle de passeur. Sans quitter New
Orleans, comme souvent (on en connaît d’autres exemples à Chicago, New York,
Philadelphie, Memphis…), Ellis Marsalis a réussi à redonner au jazz de culture,
à travers ses élèves, ses fils, une visibilité que les amateurs n’espéraient
plus à l’orée des années 1980. La place prise par son fils Wynton, non
seulement en tant que musicien, mais comme directeur artistique d’une des
grandes institutions américaines, le département jazz du Lincoln Center, est
d’une certaine façon la continuation et une forme de consécration de la
carrière du pédagogue Ellis Marsalis.
Son parcours de père de plusieurs musiciens de haut niveau, il
s’en étonnait avec modestie et humour: «Je
ne sais par quel pouvoir divin ou humain il m’est arrivé d’avoir la progéniture
qui est la mienne. Pourquoi ai-je été élu pour ça? Vous savez combien il y en a
des familles de musiciens à New Orleans? Un paquet! […] Et c’est sur moi que c’est
tombé! Dieu n’a pas pu me choisir: je n’allais même pas à l’église!».
Son chemin de professeur émérite, accoucheur de talents hors
normes, ne doit pas faire oublier son talent d’artiste: l’écoute de ses disques
en moyenne ou petite formation, en solo, révèle un splendide pianiste de la grande
tradition du piano jazz bop, héritière d’Art Tatum, Bud Powell et Thelonious
Monk, qui a donné tant de beautés au jazz. Son jeu clair s’est aussi enrichi de
tout ce background néo-orléanais qu’il a toujours honoré, et dont il colore son
expression. Le côté perlé et lyrique nous rappelle qu’il est de Crescent City,
la ville de Jelly Roll Morton, l’une des sources les plus fertiles de la
tradition du piano jazz. Le blues, omniprésent dans son expression, ancre son expression dans l’afro-Amérique, dans le jazz de culture, comme il l’enseigne à ses élèves. Une belle discographie est là pour nous orienter dans l’œuvre d’Ellis Marsalis, un élégant pianiste qui a aimé le jazz de toutes les
époques comme en atteste sa synthèse, et elle sera l’occasion de prendre conscience de la personnalité
multidimensionnelle d’Ellis Marsalis, Jr., un artiste, un jazz messenger, un passeur, un activiste humaniste et un père: un homme authentique.
Pour l’ensemble de son œuvre dans le jazz, Ellis Marsalis, Jr.,
a été honoré et distingué à de nombreuses reprises aussi bien par sa région et
sa ville New Orleans (Louisiana Music Hall of Fame, The Ellis Marsalis Center
of Music), par différentes sociétés savantes d’enseignement, par le Berklee
College of Music, par de nombreux festivals dont le Jazzaldia de San Sebastian. La famille Marsalis a été collectivement distinguée du NEA (National Endowment for the Arts) en 2011, une récompense qu’il a commentée avec humour…
Ellis Marsalis reçoit le prix du Festival Jazzaldia de San Sebastian, en compagnie de Branford et de Miguel Martin, le directeur, 2016 © Jose Horna
Comme il est fréquent de le dire à propos des grands artistes du jazz en raison même de l’oralité de cette culture, avec Mr. Ellis Marsalis, Jr., c’est une bibliothèque du jazz qui disparaît, et, en raison de tout ce que cet homme a transmis à tant de personnes, connues et inconnues, il est rare que l’expression soit si appropriée…
L’équipe de Jazz Hot adresse à la famille Marsalis, à ses
proches, ses fraternelles condoléances.
Hélène et Yves Sportis Photos Jose Horna, Pascal Kober * En cliquant sur le lien du titre de l’article «Un prophète en son pays», vous écoutez «Do You Know What It Means to Miss New Orleans», enregistré par Ellis Marsalis en février 1991 à Burbank, Californie, avec Reginald Veal (b) et Herlin Riley (dm), disponible aussi sur le splendide album Heart of Gold, Columbia 468834-2. Sur d’autres titres du même album, qui suivent ce titre, il est également accompagné par Ray Brown (b) et Billy Higgins (dm)…
*
Ellis MARSALIS et JAZZ HOT: n°480-1990 et n°602-2003
SITE: ellismarsalis.com
DISCOGRAPHIE
Leader-coleader CD 1956. In the
Beginning, Opus/AFO 91-1028-2 CD 1956-66. The Original American Jazz Quintet, New Orleans
Heritage, Jazz:1956-1966, Opus 43 (coffret 6 CDs) CD 1958. Ed Blackwell and AJQ2, Boogie Live... 1958, AFO
Records 92-1228-2 LP 1959. Gulf Coast Jazz,
Wade in the Water, Famous 510 (Ellis Marsalis, Alvin Batiste, Harold
Battiste, Richard Payne, Ed Blackwell, repris en CD) CD 1963. The Classic Ellis Marsalis, Boplicity 016 (Monkey
Puzzle, AFO 1001+New Orleans Jazz Heritage) CD 1978. Solo
Piano Reflections, CBS/Sony 25AP-2385 CD
1982. Freeman (Von, Chico), Marsalis (Ellis, Wynton, Branford), Fathers and
Sons, Columbia 37574 CD
1984. Piano in E, Rounder 2100 CD
1984. Syndrome, Elm 4834/19781 CD
1985. Homecoming, Spindletop 105 (coleader Eddie Harris) CD 1987. American Jazz Quintet, From Bad to Badder, Black
Saint 120114-2 CD
1989. A Night at Snug Harbor, Evidence 22129-2 CD
1990. Ellis Marsalis Trio, Blue Note 96107-2 CD 1990. Ellis Marsalis/David Fathead Newman/Cornell Dupree,
Return to the Wide Open Spaces, Amazing Records 1021 CD
1991. Heart of Gold, Columbia, CK 47509 CD
1991. Jazzy Wonderland, Columbia CK 46805 CD
1993. Whistle Stop, Columbia 474555-2 CD 1994. Joe Cool’s Blues, Columbia 66880 (coleader Wynton
Marsalis) CD
1995. The Loved Ones, Columbia 483624-2 (coleader Branford Marsalis) CD
1998. Twelve’s It, Columbia CK 69123 (Introducing Jason Marsalis) CD 1998. On the First Occasion, ELM Records 19785 CD
1999. Duke in Blue, Columbia CK 63631 CD
2001. Marsalis Family/A Jazz Celebration, Rounder/Marsalis Music 3302 CD 2003. Ruminations in New York, ESP Disk 4000 CD 2003. Ellis Marsalis Trio, On the Second Occasion, ELM
Records 19786 CD 2008. An Open Letter to Thelonious, ELM Records 19787 CD 2008. Irvin Mayfield and Ellis Marsalis, Love Songs,
Ballads and Standards, Basin Street Records 0405-2 CD 2009. Marsalis Family, Music Redeems, Marsalis Music
0013 (Branford, Wynton, Delfeayo, Jason) CD 2011. A New Orleans Christmas Carol, ELM Records19790 CD 2012. Pure Pleasure for the Piano, EmArcy 0600406215680
(coleader Makoto Ozone) CD 2012. Live at Jazzfest 2012, MunckMusic (non numéroté) CD 2013. Live at Jazzfest 2013, MunckMusic (non numéroté) CD 2014. Live at Jazzfest 2014, MunckMusic (non numéroté) LP 2014. Ellis Marsalis, 80th Birthday Celebration!, ELM Records 1061 (2LPs) CD 2015. Live at Jazzfest 2015, MunckMusic (non numéroté) CD 2017. Live at Jazzfest 2017, MunckMusic (non numéroté) CD 2017. The Ellis Marsalis Quintet Plays the Music of Ellis
Marsalis, ELM Records19793
Sideman CD
1962. Nat Adderley, In the Bag, Jazzland/Original Jazz Classics 648-2 CD
1980. Art Blakey, Wynton Marsalis : Jodi, Memo Music 4002 CD
1980. Art Blakey, Blakey’s Theme, West Wind 2045 CD
1981. Wynton Marsalis, Wynton Marsalis, Columbia CK-37574 CD 1984. Steve Masakowski, Friends, Nebula 5010 CD
1986. Branford Marsalis, Royal Garden Blues, Columbia 468704-2 CD 1987. King Midas and the Golden Touch, Rabbit Ears
Productions 74041 70762-2 CD
1989. Courtney Pine, The Vision’s Tale, Island 842373 CD
1990. Wynton Marsalis, Standard Time Vol. 3-The Resolution of Romance, Columbia
466871-2 CD
1992. Harry Connick Jr., 25, Columbia 43172 CD
1992. Heritage Hall Jazz Band, Cookin’, Ghb 287 CD
1992. Kermit Ruffins, World on a String, Justice 1101 CD
1993. Derrick Shezbie, Spodie’s Back, Qwest 45299 CD 1994-95.In the Sweet Bye and Bye,Preservation
Hall Jazz Band, Sony Classical 62363 CD
1995. Wessel Anderson, Ways of Warmdaddy, Atlantic 82860 CD
1995. Dave Young, Two by Two, Justin Time 76-2 CD
1996. Harold Battiste, Next Generation, All For One 951028 CD
1996. Delfeayo Marsalis, Musashi, Evidence 22187 CD
1996. Preservation Hall Jazz Band, In the Sweet Bye and Bye, Sony 62363 CD 1996. Kermit Ruffins, Hold on Tight, Justice Records
1103-2 CD
1996. Dave Young, Two by Two Vol. 2, Justin Time 81-2 CD 1996. Dave Young Side by Side Vol. 3, Justin Time 91-2 CD
1998. Elias Haslanger, Kicks Are for Kids, Heart Music 17 CD
1998. Irvin Mayfield, Irvin Mayfield, Basin Street 401 CD
2000. Phillip Manuel, Love Happened to Me, Max Jazz 110 CD
2001. Irvin Mayfield, How Passion Falls, Basin Street 402 CD
2002. Derek Douget, Perpetual Motion, Lockout 802014 CD 2003. Branford Marsalis, Romare Bearden Revealed, Marsalis
Music 3306 CD 2006. Jimmy Cobb, Marsalis Music Honors Series: Jimmy
Cobb, Marsalis Music 87494600-022-2 CD 2008. Irma Thomas, Simply Grand, Rounder 11661-2202-2 CD 2009. Scotty Barnhart, Say It Plain, Dig Music 137 CD 2011. Irvin Mayfield, A Love Letter to New Orleans, Basin
Street Records 0406-2 CD 2014. Delfeayo Marsalis, The Last Southern Gentlemen,
Troubadour Jass Records 081814 CD 2015. Delfeayo Marsalis, Kalamazoo, Troubadour Jass Records 093017 CD 2015. Count Basie Orchestra (dir. Scotty Barnhart), A Very Swingin’ Basie Christmas!, Concord Jazz 00010
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Ellis et Branford Marsalis, Jazzaldia san Sebastian 2016 © Jose Horna
VIDEOS
Chaîne Youtube d'Ellis Marsalis (il présente des vidéos musicales de son choix)
1982. Ellis Marsalis, Arnett Cobb (ts), Chris Severin (b), John Vidacorich (dm), Carré Français, New Orleans, 30 janvier, informations Don Sears (ingénieur du son sur cette session)
1983. The Marsalis Jazz Family, CBS Sunday Morning, Dr. Billy Taylor, 30 janvier
1990. Ellis Marsalis, Wynton Marsalis (tp), Reginald Veal (b), Clarence Penn (dm), Mt. Fuji Jazz Festival/Blue Note, «Mozartin»
1992. Ellis Marsalis, Reginald Veal (b), Herlin Riley (dm), chaîne Youtube d'Ellis Marsalis, «Do You Know What it Means to Miss New Orleans», Heart of Gold, Sony
1997. Ellis Marsalis Trio, «Syndrome», Berne
2001. Ellis Marsalis, Branford Marsalis (s), Delfeayo Marsalis (tb), Jason Marsalis (dm), Wynton Marsalis (tp), Roland Guerin (b), «Swinging At The Heaven» Kiefer UNO Lakefront Arena, New Orleans, LA
2004. The Marsalis Jazz Family, CBS Sunday Morning, 2 mai
2007. Ellis Marsalis, Bill Huntington (b), Ocie Davis (dm), «Homecoming», Snug Harbor Jazz Bistro DVD-George Brumat 2011. Ellis Marsalis et Dr. Billy Taylor, en duo de pianos, «A Night in Tunisia», «Too Late Now»
2011. Ellis Marsalis, Branford Marsalis (ts), Wynton Marsalis (tp), Delfeayo Marsalis (tb), Jason Marsalis (dm), Jason Stewart (b), At the House in Da Pocket, NEA répétition
2011. Ellis Marsalis parle de ses premières expériences de carrière avec Harold Battiste et Ed Blackwell, School of Music Industry de l'Université Loyola
2012. Ellis Marsalis, Derek Douget (ss), Jason Stewart (b), Jason Marsalis (dm), Taichung Jazz festival, Taiwan, 28 octobre
2014. Ellis Marsalis et Delfeayo Marsalis (tb) Quartet, «Autumn Leaves», «The Secret Love Affair», «Speak Low», «Nancy», «CJam Blues», interviews, Beyond Category / Eric Felten, Voice of America Music Alley , Bethesda Blues & Jazz Club, Bethesda MD
2014. Ellis Marsalis et Delfeayo Marsalis (tb), David Pulphus (b), Jason Marsalis (dm), «Can You Tell Me How to Get to Sesame Street?», «Flintstones», «Autumn Leaves»,
2014. Ellis Marsalis 80th Birthday, Jazz Night in America, Dizzy's Club, Jazz @ Lincoln Center, Ellis Marsalis, Derek Douget (s), Jason Stewart (b), Herlin Riley (dm), interviews et «Homecoming», NPR
2015. Ellis Marsalis, Brandford Marsalis (ss), en duo, «Sweet Lorraine», New Orleans LA, Cannonball Music
2015 Ellis «Papa» Marsalis piano solo, «Zee Blues», Phyllis A Greer Performance Studio, 9 décembre
2016. Ellis Marsalis Live from Nightingale Concert Hamm, The DMZone, Performing Arts Series, University of Nevada, Reno
2016. Ellis Marsalis Quartet, Jazz San Javier (Espagne), 30 juillet
2018. Ellis Marsalis, Live from the Jazz & Heritage Center, «Twelve's It», «Delilah», «Charlie Brown», «Tell Me», Gerald Watkins (dm), Jason Stewart (b), Andrew Baham (tp), Derek Douget (s), 15 décembre, WWOZ https://www.youtube.com/watch?v=GYaDeSwSDwg
2018. Ellis Marsalis: Tricentennial Moments, WYES PBS
2019. Ellis Marsalis, New Orleans Jazz & Heritage Festival, Branford Marsalis (ts), Wynton Marsalis (tp), Delfeayo Marsalis (tb), Eric Revis (b), Jason Marsalis (dm), «Tell Me», «Orchid Blue» , «After», 28 avril
2020. Ellis Marsalis, jazz master and musical family patriarch, 4WWLTV, 1er avril,
2020. Honoring Ellis Marsalis, Jazz at Lincoln Center, biographie, interviews, photos
2020. Interview de Wynton Marsalis sur Ellis Marsalis, PBS, 21 avril |