McCoy Tyner, Martigues, 1986 © Ellen Bertet
McCOY TYNER
The Greeting…
La disparition de McCoy Tyner a fait réagir un grand nombre de musiciens, des producteurs et des responsables de clubs. Pour la plupart des musiciens, ils ont joué avec McCoy Tyner, ou sont parfois des confrères pianistes. Ces réactions multiples dressent le portrait d’un artiste exceptionnel qui a profondément marqué la scène jazz par son mystérieux pouvoir incantatoire et une puissance d’expression qui découlent de l’intégrité de son parcours et de sa personnalité. L’aura de McCoy Tyner est de même nature que celle qu’a laissée John Coltrane. La force du pianiste a été d’entretenir cette flamme spirituelle 50 ans après la disparition du ténor sans jamais perdre l’intensité et la conviction qui faisaient la force du message artistique. Cette conviction ancrée dans des valeurs est sans aucun doute à l’origine de cette forte impression sur la plupart des artistes du jazz et sur les amateurs, et à la lecture de nombreux témoignages, on perçoit que l’art de McCoy Tyner a produit chez les musiciens qui ont intégré ses formations une sorte de transe, de magie qui rappellent que le grand pianiste a fondé son expression sur le blues et le spiritual. Plusieurs musiciens évoquent en particulier l’atmosphère magique de la musique de McCoy Tyner sur la scène, de ce piano qui se déplace, s’élève comme dans une transe, une des dimensions de l’expression afro-américaine. C’est un beau portrait collectif et un hommage qui rassemblent le grand cercle de ceux qui ont contribué depuis les années 1960 à prolonger la grande histoire du jazz aux côtés de Mr. McCoy Tyner, dans le sillage du Quartet «classique» de John Coltrane. Nous remercions les musiciens, producteurs et responsables de clubs, artistes qui ont envoyé leurs témoignages pour réaliser cette deuxième partie de l’hommage et du salut (The Greeting, un album et une composition de McCoy Tyner, 1978) que nous souhaitions rendre à l’un des artistes essentiels du jazz de la deuxième partie du XXe siècle. Yves Sportis
Todd BARKAN (producteur) Fondateur du Keystone Korner de San Francisco et du Keystone Korner de Baltimore, cf. Jazz Hot n°671 I was blessed to know and work with McCoy Tyner as a close personal friend for over 45 years. Much more importantly, he was one of the best friends and most central and influential creative forces in our music for over five decades. Thank you, McCoy Tyner, for seeing that our blood needs its eyes too, if only to see the light in our souls. Thank you, our friend, for playing and living the love which can’t be spoken, but only felt, and danced, and sung. McCoy Tyner, thank you for bearing the rarest kind of fire, that kills only to give birth to a brighter dawn of our souls.
J’ai eu la chance de connaître et de travailler avec McCoy Tyner en tant qu’ami intime pendant plus de 45 ans. Plus important encore, il a été l’un des meilleurs amis et l’une des forces créatives les plus centrales et les plus influentes de notre musique pendant plus de cinq décennies. Merci, McCoy Tyner, d’avoir vu que notre sang a aussi besoin de ses yeux, ne serait-ce que pour voir la lumière dans nos âmes. Merci, notre ami, d’avoir joué et vécu l’amour qui ne peut pas être dit, mais seulement ressenti, dansé et chanté. McCoy Tyner, merci d’avoir porté le type de feu le plus rare, qui ne tue que pour donner naissance à une aube plus lumineuse de nos âmes.
I just heard about the passing of piano master McCoy Tyner. Thoughts and prayers go out to his wife Aisha and his son Nurudeen and the rest of the family. I had the good fortune to hear McCoy before he left Philly for New York. He had such a strong influence on myself and just about every pianist of my generation and younger. His quiet, calm demeanor was the exact opposite of the power he wielded on the bandstand. He will truly be missed.
Je viens d’apprendre le décès du maître de piano McCoy Tyner. Mes pensées et mes prières vont à sa femme Aisha, à son fils Nurudeen et au reste de la famille. J’ai eu la chance d’entendre McCoy avant qu’il ne quitte Philly pour New York. Il avait une telle influence sur moi et sur presque tous les pianistes de ma génération et sur les plus jeunes. Son attitude tranquille et calme était exactement à l’opposé de la puissance qu’il dégageait sur scène. Il va vraiment nous manquer.
John BETSCH (dm) My senior year in high school (1963) a friend and I went to Greenwich Village in search of music and happened on an interesting place called the Speakeasy where Pharoah Sanders was playing and McCoy Tyner sat in. Two years later I experienced the «classic quartet» which was a life changing experience. I saw the Coltrane band with Pharoah Sanders and Rashied Ali, the Ascension group and always the sound of McCoy gave that special color. Later I saw trios with Scotty Holt on bass and Jack DeJohnette and Freddie Waits drumming. One night as he left the bandstand he shook my hand and said «How’s it going, brother?» and I was too in awe to answer. The most phenomenal experience was at the Village Gate where a 9’ piano had been brought in for that engagement with Joe Ford and George Adams, saxes, John Blake, violin, Charles Fambrough, bass, Eric Gravatt’s drums and Guilherme Franco on percussion, and seated far in the back I understood why the change of pianos because I saw McCoy’s head above the piano and his left hand almost parallel with his head coming down with that thunderous sound. I had a sister who was a «southpaw», left handed who played piano so I know the special soul of left handed folks and drummer Ronnie Burrage who is also «southpaw» developed a special relationship to the sound while working with McCoy Tyner. I had the unforgettable experience of playing with Archie Shepp in the Théâtre du Châtelet and McCoy’s band was after us. Listening from the dressing room Archie Shepp said «listen to that: McCoy sounds like an African drum choir!» The power of that special «southpaw» sound and the warmth of someone sitting in on an informal occasion or taking time to say hello to a stranger characterize the sound and feeling of McCoy’s special musical legacy to me. Such a strong heart has made an eternal impression on music forever and will be a special inspiration for all people for all time!
Ma dernière année au lycée (1963), un ami et moi sommes allés à Greenwich Village en quête de musique, et je suis tombé sur un endroit intéressant appelé le Speakeasy où jouaient Pharoah Sanders et McCoy Tyner. Deux ans plus tard, j’ai fait l’expérience du «quartet classique» qui a changé ma vie. J’ai vu le groupe de Coltrane avec Pharoah Sanders et Rashied Ali, le groupe d’Ascension et toujours le son de McCoy qui donnait cette couleur spéciale. Plus tard, j’ai vu des trios avec Scotty Holt à la basse et Jack DeJohnette et Freddie Waits à la batterie. Une nuit, alors qu’il quittait la scène, il m’a serré la main et a dit: «Comment ça va, mon frère?», et j’étais trop impressionné pour répondre. L’expérience la plus phénoménale a été au Village Gate où un piano de 9’ (97 touches au lieu de 88) avait été amené pour cet engagement avec Joe Ford et George Adams, aux saxophones, John Blake, au violon, Charles Fambrough, à la basse, Eric Gravatt à la batterie et Guilherme Franco aux percussions, et assis loin à l’arrière, j’ai compris pourquoi le changement de piano parce que je voyais la tête de McCoy au-dessus du piano et sa main gauche presque parallèle à sa tête descendant avec ce son tonitruant. J’avais une sœur gauchère et qui jouait du piano ainsi, donc je connais l’expression spécifique des gauchers, et le batteur Ronnie Burrage, qui est aussi gaucher, a développé une relation spéciale au son en travaillant avec McCoy Tyner. J’ai eu l’expérience inoubliable de jouer avec Archie Shepp au Théâtre du Châtelet, et le groupe de McCoy passait après nous. En écoutant des loges, Archie Shepp a dit: «Ecoutez-ça: McCoy sonne comme un chœur de tambours africains!» La puissance de ce son spécial de «gaucher» et la chaleur de quelqu’un sur scène dans une occasion informelle, prenant le temps de dire bonjour à un inconnu, caractérisent le son et le feeling de l’héritage musical spécial de McCoy pour moi. Un cœur aussi fort imprime une marque éternelle sur la musique et restera une inspiration spéciale pour tous les gens pour toujours!
McCoy Tyner, Anvers, 23 octobre 1990 © Jacky Lepage
Johnathan BLAKE
(dm) McCoy Tyner was like another one of
my musical Fathers. I’ve known him since the age of three. My father violinist
John Blake, Jr., was asked to join his band in the summer of 1979 on the
recommendation of fellow Philadelphia native bassist Charles Fambrough who at
the time was a member of McCoy’s working band. My father would go on to work
with McCoy for the next five years. McCoy was always a very nurturing
and caring person. He really took a liking to my father early on, and became
like a mentor to him. McCoy was the first person to take my father overseas on
tour. I think the first place the band went to was Japan for a couple of weeks. Years later I can remember one time
my dad picking me up from college for summer break. While we were driving back
to Philly he mentions kind of in passing that he had received a call from McCoy
the other day asking if he could put me in his band. He went on to say that
McCoy also wanted to reassure my father that he would look after me the way he
had done for him back in the day. I of course nearly jump out of my seat with
excitement that is until my dad said to me: «I told him that you would need to
finish college first before you could join his band.» Needless to say, I was
CRUSHED, but I did however have a few opportunities later on to play with the
Maestro. I will miss him, but his music and
his kind spirit will live in me forever. Rest in Peace, Power, and Paradise
Uncle McCoy.
McCoy Tyner était comme un père musical. Je le connais depuis l’âge de
3 ans. Mon père violoniste, John Blake, Jr., a été invité à rejoindre son
groupe à l’été 1979 sur la recommandation de son ami bassiste, natif de
Philadelphie, Charles Fambrough, qui, à l’époque, était membre du groupe de
McCoy. Mon père allait travailler avec McCoy pendant les cinq prochaines
années. McCoy a toujours été une personne très encourageante et attentionnée.
Il a apprécié mon père dès le début et est devenu comme un mentor pour lui.
McCoy a été le premier à l’emmener en tournée à l’étranger. Je pense que le
premier endroit où le groupe est allé a été le Japon, pendant quelques
semaines. Des années plus tard, je me souviens d’une fois où mon père est venu me
chercher à l’université pour les vacances d’été. Pendant que nous rentrions à
Philly, il a mentionné en passant qu’il avait reçu un appel de McCoy lui
demandant s’il pouvait me prendre dans son groupe. Il a poursuivi en disant que
McCoy voulait également le rassurer, qu’il prendrait soin de moi comme il
l’avait fait pour lui à l’époque. Bien sûr, j’étais prêt sauter de mon siège
avec excitation jusqu’à ce que mon père me dise: «Je lui ai dit que tu
devais d’abord finir tes études avant de rejoindre son groupe.» Inutile
de dire que j’étais ANEANTI, mais, par la suite, j’ai eu quelques occasions de
jouer avec le Maestro. Il me manquera, mais sa musique et sa bienveillance vivront en moi pour
toujours. Rest in Peace, Power, and Paradise, Uncle McCoy.
Ran BLAKE (p)One of the giants in the second half of the twentieth century. A rare case where a musician with exceptional talent was recognized every time I listen to the second movement of symphony of Charles Ives. The first two moments I think of the use of fourths. And yet, this music comes from a completely different origin. McCoy Tyner shares a place in history with his association with Elvin Jones and Trane. And in his last few years, he revisited earlier music with excursions into rag time, widening his global spectrum, keeping his identity. L’un des géants de la seconde moitié du XXe siècle. Un cas rare où un musicien au talent exceptionnel est reconnaissable à chaque fois que j’écoute le deuxième mouvement de la symphonie de Charles Ives. Il me semble que ce sont les deux premières fois que les «quartes» sont utilisées. Et pourtant, cette musique vient d’une origine complètement différente. McCoy Tyner tient une place dans l’histoire avec sa collaboration avec Elvin Jones et Trane. Au cours de ses dernières années, il a revisité les débuts du jazz, explorant le ragtime, élargissant sa palette, gardant son identité.Carla BLEY (p) I was listening to the radio the day after McCoy Tyner died, and was shocked to hear what a great and glorious voice he had left behind. Even though I had seen and heard him live many times in the sixties, I hadn’t realized that I was seeing and hearing a pianist whose playing would sound just as fresh and unique to me as it had fifty years ago.
J’écoutais la radio le lendemain de la mort de McCoy Tyner, et j’ai été stupéfaite d’entendre quelle grande et magnifique voix il avait laissée derrière lui. Même si je l’ai vu et entendu en concert plusieurs fois dans les années 1960, je ne m’étais pas rendu compte que je voyais et entendais un pianiste dont le jeu sonne aussi frais et original pour moi qu’il y a cinquante ans.
McCoy Tyner, Bergame, 2002 © Umberto Germinale
T.K. BLUE (as, ss, fl) McCoy Tyner: Maestro McCoy was a very huge influence in my development as a musician and he was part of my very earliest experiences as a teenager becoming absorbed by the sounds of Jazz. In high school I started a seque from «Motown» to Jazz via Pharoah Sanders and the LP Karma with «The Creator Has a Master Plan» Then in college at NYU, I became completely fascinated with the classic John Coltrane Quartet and because of Trane I started playing soprano saxophone. McCoy’s participation in this historical band shaped the colors, sound, and direction of this incredible music. He was a driving force in this band. Every pianist on the scene since his debut owes a huge debt to his artistry, mentorship, and profound influence. I began to follow McCoy’s performance schedule and was there anytime he played in New York, be it the Village Vanguard, the Bottom Line, or one of my favorite places to hear his band was The East in Brooklyn. I bought all of his LPs and quickly became addicted to his artistic expression with myriads of technical tenacity, virtuosic phrases, and a deep spiritual aura that permeated his music. Later in the late 1970’s I was fortunate to land my first major gig performing with South African pianist Abdullah Ibrahim. On one performance in NYC I looked up and there was Maestro McCoy in the audience. I had chills being on stage performing for my idol and it was one of the greatest musical experiences in my life. His recording Fly With the Wind is one of my all time favorite musical offerings of all time. May his soul rest in paradise surrounded by all the master musicians who have graced our planet and whose music made our world a better place. March 10, 2020
McCoy Tyner: Maestro McCoy a eu une très grande influence dans mon développement en tant que musicien, et il a fait partie de mes premières expériences d’adolescent progressivement absorbé par les sons du jazz. Au lycée, j’ai commencé une mutation de Motown au jazz via Pharoah Sanders et le LP Karma avec «The Creator Has a Master Plan». Puis, à l’Université de New York, je ai été complètement fasciné par le classique John Coltrane Quartet et, grâce à Trane, j’ai commencé à jouer du saxophone soprano. La participation de McCoy à ce groupe historique a façonné les couleurs, le son et la direction de cette musique incroyable. C’était une force motrice dans ce groupe. Chaque pianiste débutant sur la scène a une énorme dette envers son talent artistique, son mentorat et sa profonde influence. J’ai commencé à suivre le calendrier des concerts de McCoy, et j’étais là à chaque fois qu’il jouait à New York, que ce soit au Village Vanguard, au Bottom Line ou à l’un de mes endroits préférés pour entendre son groupe, The East à Brooklyn. J’ai acheté tous ses albums, et je suis rapidement devenu accro’ à son expression artistique, avec des myriades de permanence technique, des phrases virtuoses et une aura spirituelle profonde qui imprégnaient sa musique. Plus tard, à la fin des années 1970, j’ai eu la chance de décrocher mon premier grand concert avec le pianiste sud-africain Abdullah Ibrahim. Lors d’une représentation à New York, j’ai levé les yeux, et il y avait le Maestro McCoy dans le public. J’ai eu des frissons sur scène pour mon idole et ce fut l’une des plus grandes expériences musicales de ma vie. Son enregistrement Fly With the Wind est l’une de mes propositions musicales préférées de tous les temps. Que son âme repose au paradis entourée de tous les maîtres musiciens qui ont honoré notre planète et dont la musique a rendu notre monde meilleur. 10 mars 2020
Juini BOOTH (b)
McCoy joined Art Blakey’s Jazz Messengers for 9 months after leaving John Coltrane’s band… Playing with McCoy and Art was like being in between two enormous mountains. McCoy had the opportunity to hear his new tunes being played by Bill Hardman, Billy Harper and Slide Hampton. Tunes like «Passion Dance», «Search for Peace», «Four on Five» and «Blues on the Corner». Later, those songs would be heard on The Real McCoy recording… Years later McCoy wanted me to join his band with Alphonse Mouzon and Sonny Fortune, a very exciting experience it was. Later a young California sax player named Azar Lawrence joined in. He was more like Coltrane. I remember McCoy called us to his hotel room to rehearse for the Montreux Jazz Festival the next evening. McCoy had pre-recorded some song sketches on an old tape cassette. Rehearsal went for about one hour. It would become the «Enlightenment Suite». Big Al is what we called McCoy. He formulated an approach that wasn’t in any music method books or otherwise taught in any schools... It came from a higher place. A spiritual sense that could have only come from God. I played with McCoy a lot as a teenager and to this day I still can’t believe I had the opportunity to be in his band. When hearing McCoy play you heard Al Islam as well the many other styles of pianists he’d so admired. I once heard McCoy play a piano back in tune. He beat it into submission. On a few occasions McCoy would pop the bass strings of the piano and there I’d have to maneuver so as not to get struck by it. What a truly unbelievable musician. He laughed like Santa Claus. It’s a fact that great bands don’t stay together too long. You’re forced to get out and do your own thing and move on…
McCoy a rejoint Art Blakey’s Jazz Messengers pendant 9 mois après avoir quitté le groupe de John Coltrane… Jouer avec McCoy et Art, c’était comme être entre deux énormes montagnes. McCoy a eu l’occasion d’entendre ses nouveaux morceaux joués par Bill Hardman, Billy Harper et Slide Hampton. Des airs comme «Passion Dance», «Search for Peace», «Four on Five» et «Blues on the Corner». Plus tard, on entendra ces thèmes sur l’enregistrement The Real McCoy… Des années plus tard, McCoy voulait que je rejoigne son groupe avec Alphonse Mouzon et Sonny Fortune, une expérience très excitante. Plus tard, un jeune saxophoniste californien nommé Azar Lawrence s’est joint à lui. Il ressemblait plus à Coltrane. Je me souviens que McCoy nous a appelés dans sa chambre d’hôtel pour répéter pour le Montreux Jazz Festival le lendemain soir. McCoy avait pré-enregistré quelques grilles sur une vieille cassette. La répétition a duré environ une heure. Ça allait devenir «The Enlightenment Suite» (Album Enlightenment). «Big Al» est le surnom que nous avions donné à McCoy. Il a formulé une approche qui ne figurait dans aucune méthode musicale et n’était enseignée dans aucune école... Ça venait de plus haut. Un sens spirituel qui ne pouvait venir que de Dieu. J’ai beaucoup joué avec McCoy à l’adolescence et, à ce jour, je n’arrive toujours pas à croire que j’ai eu l’opportunité d’être dans son groupe. En entendant McCoy jouer, vous entendait aussi l’Islam ainsi que les nombreux autres styles de piano qu’il admirait tant. J’ai entendu McCoy jouer sur un piano mal accordé. Il l’a remué jusqu’à le soumettre. En quelques occasions, McCoy a fait exploser les cordes de basse du piano et là, je devais manœuvrer pour ne pas être touché. Quel musicien vraiment incroyable! Il riait comme le Père Noël. C’est un fait que les grands groupes ne restent pas trop longtemps ensemble. Vous êtes obligé d’en sortir pour faire votre propre truc et avancer…
Joanne BRACKEEN (p) McCoy Tyner was an awesome pianist and friend! I had the opportunity to hear him very often at the Village Vanguard in the early 70s with his own groups. He often played long solo introductions that were always amazing. Actually, he in some aspects played similar to Art Tatum at that time. And to have heard him with John Coltrane before that was unbelievable (with Elvin and Jimmy). My favorite album of McCoy’s is The Real McCoy. I often saw him in Europe with his band as I was touring with my band. He was a wonderful, inspiring, friendly human being as well as super musician!
McCoy Tyner était un pianiste et un ami génial! J’ai eu l’occasion de l’entendre très souvent au Village Vanguard au début des années 1970 avec ses propres groupes. Il jouait souvent de longues introductions en solo qui étaient toujours incroyables. En fait, il jouait à certains égards comme Art Tatum à cette époque. Et l’avoir entendu avec John Coltrane avant cela (avec Elvin et Jimmy) était incroyable. Mon album préféré de McCoy est The Real McCoy. Je l’ai souvent vu en Europe avec son groupe alors que je tournais avec le mien. C’était un être merveilleux, inspirant et sympathique ainsi qu’un super musicien!
Cecil BRIDGEWATER (tp, flh) I had occasion to play with McCoy on couple of record dates, Song of the New World and McCoy with Voices, as well as subbing with his Latin group for Claudio Roditi. McCoy seemed much older than me, but he was only 4 years my senior. I first met him in Chicago when he was with the John Coltrane Quartet. They were playing at McKie’s Disc Jockey Lounge on the South Side. At the time I was listening to a great group of musicians with the hope that one day I might attain to that status. It was to my surprise, many years later that I was in the studio with my idol. McCoy was the kind of pianist you wanted to work with. He had a way of playing chords that let you play any note and make it fit. I found it easy to play with him because he let me explore the music the way I heard it. He trusted that you were going to make the right decision. My brother, Ron Bridgewater (ts), worked and recorded with him along with Joe Ford (as), John Blake (vln), Guilherme Franco (perc), Charles Fambrough (b) and Eric Gravatt (dr). McCoy had a chance to meet our parents so any time he was around he asked how they were doing. I had an opportunity to meet his granddaughter while she was attending William Paterson University and I was able to explain to her the importance of her grandfather. It was nothing that was ever spoken of in the family. He was just grandpa. A great man and musician, McCoy Tyner…
J’ai eu l’occasion de jouer avec McCoy sur quelques dates d’enregistrement, Song of The New World et McCoy With Voices, ainsi qu’en remplacement avec son Latin Group pour Claudio Roditi. McCoy semblait beaucoup plus âgé que moi, mais il n’avait que 4 ans de plus. Je l’ai rencontré pour la première fois à Chicago quand il était avec le John Coltrane Quartet. Ils jouaient au McKie’s Disc Jockey Lounge dans le quartier sud. A l’époque, j’écoutais un grand nombre de musiciens avec l’espoir qu’un jour je pourrais atteindre ce statut. A ma grande surprise, plusieurs années plus tard, je me suis retrouvé en studio avec mon idole. McCoy était le genre de pianiste avec qui vous vouliez travailler. Il avait une façon de jouer des accords qui vous permettaient de jouer n’importe quelle note et de l’adapter. J’ai trouvé facile de jouer avec lui car il m’a laissé explorer la musique comme je l’ai entendue. Il vous faisait confiance pour prendre la bonne décision. Mon frère, Ron Bridgewater (ts), a travaillé et enregistré avec lui et Joe Ford (as), John Blake (vln), Guilherme Franco (perc), Charles Fambrough (b), Eric Gravatt (dm). McCoy a eu la chance de rencontrer nos parents et, chaque fois qu’il était dans le coin, il demandait de leurs nouvelles. J’ai eu l’occasion de rencontrer sa petite-fille alors qu’elle étudiait à l’Université William Paterson, et j’ai pu lui expliquer l’importance de son grand-père. Ce n’était pas un sujet dans sa famille. Il était simplement un grand-père. Un grand homme et un grand musicien, McCoy Tyner…
Dee Dee BRIDGEWATER (voc) (en français) McCoy Tyner a été une véritable bénédiction pour tous ceux qui sont entrés dans sa sphère, directement ou indirectement. Sa musique était une extension de l’Afrique, la patrie, car c’est ce que j’ai toujours entendu dans son jeu. McCoy était inspirant, sa musique aussi... Nombreux étaient les soirs où j’allais l’écouter seule, carnet et stylo à la main. Sa musique est devenue ma prose, ma poésie au début de ma carrière. Aaron Scott, son batteur de longue date, m’a demandé conseil pour sécuriser sa place lorsque McCoy envisageait Aaron. Il a toujours dit que je l’avais aidé à assurer sa position de batteur avec McCoy. J’ai eu l’occasion de travailler avec McCoy et son Big Band au Japon au Tokyo Blue Note. Savion Glover était également un invité à cette date (une semaine). Je garderai avec fierté très longtemps l’opportunité que j’ai eue de jouer AVEC McCoy Tyner, d’être en sa présence. Que le Feu qu’il dégage dans son jeu et à travers ses compositions continue de brûler comme une flamme éternelle.
McCoy Tyner was a real blessing for all who have entered his sphere, directly or indirectly. His music was an extension of Africa, the homeland, because that’s what I always heard in his playing. McCoy was inspiring, his music too... Many were the evenings when I went to listen to him alone, notebook and pen in hand. His music became my prose, my poetry at the beginning of my career. Aaron Scott, his longtime drummer, asked me for advice on how to secure this chair when McCoy was considering Aaron. He always said that I helped him secure his drumming position with McCoy. I had the opportunity to work with McCoy and his Big Band in Japan at the Tokyo Blue Note. Savion Glover was also a guest on this gig (a week). I will keep with pride for a very long time the opportunity I had to play WITH McCoy Tyner, to be in his presence. May the Fire that emerges from his playing and through his compositions continue to burn like an eternal flame.
McCoy Tyner, Jazz à Vienne, 2002 © Pascal Kober
Ronnie BURRAGE (dm) Growing up I always wanted to play with McCoy, he was the ultimate gig for a drummer. I viewed McCoy as one of the Greatest with the stature of like Mohammad Ali, Coltrane, Dr. King, Malcolm X … He penetrated my curiosity at such a young age as to how someone could command such power, fire, passion and soulfulness on the piano. I thought what type of integrity someone must have to be so skilled on their instrument. I was blessed to be asked by McCoy to be in his band at the age of 18, at a time that I was all about honing my personal growth. From the time I started making music with McCoy, he told me to play everything I heard and felt him do. He gave me a sense of freedom to be myself while pushing him, being responsive and laying down a cushion for the band. Of course, all that power did have a lasting effect on me, and not all good either. You see after my time with him, I was attached a stigma by some that I played too much or too loud or too powerful. It took some time to complete my growth as a well-rounded musician even though many said I was already a young so-called «prodigy». But it was not easy to navigate the internal and external pressure after McCoy. As a member of one of his, in my opinion, «last power bands», it was incredible being known as one of his alumni musicians. As a result, my roster continued to grow with a diverse array of artists and musical genres. McCoy took me to heights musically that transcended comprehension. I can truly recall us astral traveling and elevating off the stage. At the end of in those days what could be a two-hour set of pure energy, we would come down and physically find all the gear would be discombobulated, literally, the drums would be displaced, the piano in a different position. But all the while we were in it, everything was in place as to be played with ease. Hard to explain, but it is a memory well intact and etched as I’ve often been in wonder of it all and miss it madly. McCoy and I talked about the fact we did many other types of music from our collective Black experience and culture. I was his age when he joined Mr. Coltrane. We both loved playing R&B, him with Ike and Tina Turner on electric piano, me growing up playing with Fontella Bass. We were both left-handed and borderline ambidextrous. Other than that, he wasn’t too verbal during my years with him, he didn’t talk of his political affiliation, not too much about his religion and never talked down of any other artist or types of music, not to me. I am grateful to have been in the mix with McCoy. I love him dearly and wish him rest wherever he is on his journey because I know his soul will touch so many as time moves forward.
En grandissant, j’ai toujours voulu jouer avec McCoy, c’était le concert définitif pour un batteur. Je considérais McCoy comme l’un des plus grands avec la stature de Mohammad Ali, de Coltrane, du Dr King, de Malcolm X… Il a excité ma curiosité à un si jeune âge sur la façon dont quelqu’un pouvait posséder un tel pouvoir, le feu, la passion et une telle soulfulness (une telle plénitude d’âme) au piano. Je pensais au type d’intégrité que quelqu’un doit avoir pour être si doué sur son instrument. J’ai eu la chance d’être invité par McCoy à faire partie de son groupe à l’âge de 18 ans, à un moment où je voulais absolument perfectionner mon développement personnel. Dès que j’ai commencé à faire de la musique avec McCoy, il m’a dit de jouer tout ce que j’entendais et comme je le sentais. Il m’a donné un sentiment de liberté, pour être moi-même, aller au bout, en étant réactif et en installant un édredon pour le groupe. Bien sûr, toute cette puissance a eu un effet durable sur moi, et pas que du bon non plus. Vous voyez, après mon passage avec lui, certains m’ont collé une étiquette: je jouais trop ou trop fort ou trop puissant. Il m’a fallu un certain temps pour faire mon chemin de musicien accompli, même si beaucoup disaient que j’étais déjà un de ces jeunes soi-disant «prodiges». Mais il n’a pas été facile de gérer la pression interne et externe après McCoy. En tant que membre de l’un de ses derniers –à mon avis– «puissants groupes», c’était incroyable d’être identifié comme l’un de ses anciens musiciens. En conséquence, mes états de service ont continué de s’allonger avec un éventail diversifié d’artistes et de genres musicaux. McCoy m’a amené à des sommets musicalement qui transcendent la compréhension. Je me souviens vraiment de notre voyage astral et de notre élévation au dessus de la scène. A cette époque, à la fin d’un set de deux heures de pure énergie, nous redescendions et nous découvrions physiquement que tout le matériel était décomposé, littéralement, les tambours étaient déplacés, le piano dans une position différente. Mais pendant que nous y étions, tout était en place pour jouer avec facilité. Difficile à expliquer, mais c’est un souvenir bien intact et gravé, comme je m’en suis souvent étonné, et ça me manque follement. McCoy et moi avons parlé du fait que nous avons fait de nombreux autres types de musique à partir de notre expérience et de notre culture collective noires. J’avais son âge lorsqu’il a rejoint Mr. Coltrane. Nous aimions tous les deux jouer du R&B, lui avec Ike et Tina Turner au piano électrique, moi qui grandissais en jouant avec Fontella Bass. Nous étions tous les deux gauchers et à la limite ambidextres. A part ça, il n’a pas été trop bavard pendant mes années avec lui, il n’a pas parlé de son affiliation politique, pas trop de sa religion et n’a jamais parlé d’un autre artiste ou type de musique; pas à moi. Je suis reconnaissant d’avoir été dans l’environnement de McCoy. Je l’aime beaucoup, et je lui souhaite de se reposer où qu’il soit pendant son voyage parce que je sais que son âme touchera les gens jusqu’à la fin des temps.Dave BURRELL (p) McCoy Tyner made a tremendous impression on me when he associated himself with John Coltrane’s elevated approach to jazz improvisation. Coltrane’s re-arrangements of main stream classics like «My Favorite Things» is a good example of how Tyner’s re-harmonization of stock (un-doctored sheet music) harmonies made Trane’s push into the free sounding solo dialogue, logical. Tyner had actually taken Nicolas Slonimsky’s Thesaurus of Scales and Melodic Patterns perfect fourth sequences, and developed his own formula for the revolutionary sound that took John Coltrane’s quartets and expanded groups to a solid position that was respected by knowledgeable veterans like Duke Ellington. When Pharoah Sanders began practicing out of the scale books with John, every excerpt was executed, and then connected to logical resolutions. These new sounding schemes were then utilized in new compositions, by both John Coltrane and McCoy Tyner. In 1965, Pharoah Sanders began practicing with me as I was learning to utilize this approach, i.e., using intervals of fourths instead of thirds throughout my repertoire, to further clarify my technique. Sanders once told me – «You have to change your sound.» McCoy Tyner’s revisions of musical sentences in his groundbreaking accompanying and soloing with John Coltrane motivated me, as it elevated the over-all importance of the avant garde’s credibility.
Quand McCoy Tyner s’est associé à John Coltrane dans son approche supérieure de l’improvisation, il a eu un énorme effet sur moi. Les réarrangements de Coltrane des grands classiques, comme «My Favorite Things», sont un bon exemple de la façon dont les ré-harmonisations de Tyner faisaient en sorte que l’avancée de Trane dans le free semblait logique. Tyner en fait reprit l’accord de quarte parfait dans le Thesaurus de gammes et de progressions mélodiques de Nicolas Slonimsky, et il développa son propre système pour créer le son révolutionnaire qui amena les quartets de John Coltrane et ses formations augmentées à un niveau tel qu’il fut respecté par des vétérans avertis comme Duke Ellington. Lorsque Pharoah Sanders a commencé à s’exercer à partir des livres de partitions avec John, chaque partie était exécutée puis reliée à des résolutions logiques. Ces schémas nouveaux ont ensuite été utilisés dans de nouvelles compositions, à la fois par John Coltrane et McCoy Tyner. En 1965, Pharoah Sanders a commencé à s’exercer avec moi alors que j’apprenais à utiliser cette approche, c’est-à-dire en utilisant des intervalles de quarte au lieu de tierce dans tout mon répertoire pour clarifier davantage ma technique. Une fois, Sanders m’a dit : «Tu devrais changer ton son.» Les modifications de phrases musicales de McCoy Tyner dans sa façon révolutionnaire d’accompagner John Coltrane et de jouer en solo me motivaient, parce qu’elles rehaussaient l’importance et la crédibilité de l’avant-garde.
George CABLES (p) McCoy Tyner, I find it difficult to find words that could adequately describe him. There’s not a time that when I sit at the piano some part of McCoy or what I learned from him is not present. I think the best way I can express the effect that he had me is recounting a couple of experiences I had listening to him. When I was a young aspiring pianist I had the great opportunity to see and hear him play in a place in my neighborhood called Club Ruby. On the break I felt compelled to say something to him, but what? I could have said: «You sound good» or «I really like the way you play», but that would have been woefully inadequate. So, after some reflection I said: «McCoy, who are you really?» Because the music he played seemed other worldly. One of the places at which I really loved playing and listening was the Keystone Korner in San Francisco. I can remember one particular night when McCoy was playing with so much energy that to this day I could swear that the piano was being levitated. What an experience! For me I think that’s better than any academic discussion of his concept.
McCoy Tyner, j’ai du mal à trouver des mots qui pourraient le décrire de manière adéquate. Il n’y a pas un moment, quand je suis assis au piano, où une partie de McCoy, ou ce que j’ai appris de lui, n’est pas présent. Je pense que la meilleure façon d’exprimer l’effet qu’il m’a fait est de raconter quelques expériences que j’ai eues en l’écoutant. Quand j’étais un jeune pianiste en herbe, j’ai eu la chance de le voir et de l’entendre jouer dans un endroit de mon quartier appelé le Club Ruby. Pendant la pause, je me suis senti obligé de lui dire quelque chose, mais quoi? J’aurais pu dire: «Tu sonnes bien» ou «J’aime vraiment ta façon de jouer», mais cela aurait été terriblement inadéquat. Donc, après réflexion, j’ai dit: «McCoy, qui es-tu vraiment?» Parce que la musique qu’il jouait semblait venue d’un autre monde. L’un des endroits où j’ai vraiment aimé jouer et écouter était le Keystone Korner à San Francisco. Je me souviens d’une nuit particulière où McCoy jouait avec tant d’énergie que même aujourd’hui je pourrais jurer que le piano était en lévitation. Quelle expérience! Pour moi, je pense que c’est mieux que toute discussion académique sur son concept.
McCoy Tyner, Martigues, 1986 © Ellen Bertet
Gerald CANNON (b) No words can express the love and gratitude that McCoy Tyner has shown me for the past 14 years. Not to mention all the musical and life lessons most of all humility and the spirituality of music. He encouraged and expected creativity and passion. I was fortunate to spend a lot of close time with «The Chief» as I called him. One quick story of which I have many, we were playing at the Blue Note in New York playing his composition «Blues on the Corner» and we were really swinging. During McCoy’s piano solo, I was walking and it felt so good that when it came time for my bass solo I just kept walking. I looked over at McCoy and he had a funny look on his face. I thought «Oh oh, he doesn’t like walking bass solos.» I was pretty new to the band at the time, so that look made me extremely nervous. When we finished the set, I went to his dressing room and apologized for taking a walking solo and he said this to me: «Who am I to tell you how to express yourself on your instrument. That was a great solo. You were swinging.» I was blown away by his statement. McCoy wanted to hear what I had to offer to the music in my voice. I will never forget that. He was such a beautiful spirit. I would stand backstage and watch him play his solo piano piece which usually was the standard «I Should Care» and it always felt like I was watching an intense movie with a beautiful ending. I have been blessed to have been in his presence.
Aucun mot ne peut exprimer l’amour et la gentillesse que McCoy Tyner m’a témoigné au cours des quatorze dernières années. Sans oublier toutes les leçons musicales et de vie, surtout l’humilité et la spiritualité de la musique. Il a encouragé et attendu la créativité et la passion. J’ai eu la chance de passer beaucoup de temps dans la proximité de «The Chief» comme je l’appelais. Une petite histoire parmi beaucoup d’autres: nous jouions, au Blue Note à New York, sa composition «Blues on the Corner», et nous swinguions vraiment. Pendant le solo de piano de McCoy, je jouais en walking (marquer tous les temps par une noire) et ça sonnait si bien que lorsque vint le moment de mon solo de basse, je continuai en walking. J’ai regardé McCoy, et il y avait un air curieux sur son visage. Je me suis dit: «Oh oh, il n’aime pas les solos de basse en walking.» J’étais assez nouveau dans le groupe à l’époque, donc ce regard me rendait extrêmement nerveux. Quand nous avons fini le set, je suis allé dans sa loge, et je me suis excusé d’avoir pris un solo en walking et il m’a dit ceci: «Qui suis-je pour te dire comment t’exprimer sur ton instrument. C’était un super solo. Tu swinguais.» J’ai été époustouflé par sa déclaration. McCoy voulait entendre ce que j’avais à offrir à la musique avec ma voix. Je n’oublierai jamais cela. C’était un si bel esprit. Je restais dans les coulisses, et je le regardais jouer son morceau en solo qui était généralement le standard «I Should Care», et j’avais toujours l’impression de regarder un film intense avec une belle fin. J’ai eu la chance d’être en sa présence.
Valerie CAPERS (p, voc) The passing of McCoy Tyner a few days ago brought to mind a teenager fifteen years old. A teenager who played Bach, Mozart, and Beethoven all her life. At fifteen that teenager became passionate about jazz and Bud Powell. That teenager’s life was never the same. THAT teenager was me! McCoy Tyner was a true new voice to be heard. This voice was different! This voice was definitely beyond bebop; while at the same time, it was grounded in the tradition of bebop. Tyner’s playing of his instrument was exciting and inspirational to us young people who wanted to play jazz piano. However, perhaps the greatest contribution McCoy made to the music of his time was becoming the piano player in John Coltrane’s first quartet. Both John and McCoy created their music fueled by the energies of the universe –love and spirituality. These universal forces and concepts unshackled the boundaries of bar lines and beats when they performed. This is what made their contribution significant and profound in the art of improvisation. THANK YOU FOR YOUR WONDERFUL GIFT OF MUSIC! McCoy Tyner, Rest in Peace.
Le décès de McCoy Tyner il y a quelques jours m’évoque une adolescente de 15 ans. Une adolescente qui avait joué Bach, Mozart et Beethoven toute sa vie. A 15 ans, cette adolescente s’est passionnée pour le jazz et Bud Powell. La vie de cette adolescente n’a plus jamais été la même. Cette adolescente, c’était moi! McCoy Tyner était une nouvelle voix, importante qu’il fallait entendre. Cette voix était différente! Cette voix était définitivement au-delà du bebop; alors qu’en même temps, elle était ancrée dans la tradition du bebop. Le jeu de Tyner sur son instrument était passionnant et inspirant pour nous, les jeunes, qui voulions jouer du piano jazz. Cependant, la plus grande contribution de McCoy à la musique de son temps a peut-être été de devenir le pianiste du premier Quartet de John Coltrane. John et McCoy ont tous deux créé leur musique nourrie par les énergies de l’univers –l’amour et la spiritualité. Lorsqu’ils jouaient, ces forces universelles et ces concepts les affranchissaient des limites qu’imposent les barres de mesure et les beats. C’est ce qui a rendu leur contribution déterminante et profonde dans l’art de l’improvisation. MERCI POUR VOTRE MAGNIFIQUE DON DE MUSIQUE ! McCoy Tyner, repose en paix.
Terri Lyne CARRINGTON (dm) McCoy Tyner changed the sound of jazz with his unique style of chord voicings and his inventive mastery of bringing a modal and pentatonic sound to the forefront of jazz. The paradox of his strength and sensitivity on his instrument is still as captivating now as it was 60 years ago when he first came on the scene. I had the honor of getting to know him as a teenager and spending time with his family at their Alpine, New Jersey home. I would watch him play the grand piano that was in a perfectly located room off the kitchen, and jam with him on the upright piano in his basement. I’ll never forget one of my first flights by myself as a teenager to LaGuardia Airport, where he and his wife Aisha came to pick me up (quite a long trek from New Jersey because I didn’t know to book my flight into Newark) and us stopping to see the view from a turn-out on the highway. And also, over 30 years later, I have the fond memory of him telling me on a bench backstage at the Kennedy Center that I was the daughter that he and his wife never had. Now that he is gone, I wish my memories were even stronger during the earlier years of visiting with him, and wish I saw him more in later years, but I have comfort in knowing he was a spiritual man and is now at peace. McCoy was a gentle giant for sure, with a beautiful sense of humor, a deep sense of mystery and a distinguished musical offering that will live unparalleled.
McCoy Tyner a changé le son du jazz avec son style unique de voicings et sa façon inventive de mettre le modal et le pentatonique au centre du jazz. Le paradoxe de sa force et de sa sensibilité sur son instrument est toujours aussi captivant qu’il y a soixante ans, lorsqu’il est entré en scène. J’ai eu l’honneur de le connaître à l’adolescence et de passer du temps avec sa famille, dans leur maison d’Alpine, dans le New Jersey. Je le regardais jouer du piano à queue qui se trouvait dans une pièce parfaitement située à côté de la cuisine, et je faisais un bœuf avec lui sur le piano droit dans son sous-sol. Je n’oublierai jamais l’un de mes premiers voyages en avion seule, à l’adolescence, à l’aéroport de LaGuardia, où lui et sa femme Aisha sont venus me chercher (un long trajet depuis le New Jersey, car je ne savais pas réserver mon vol pour l’aéroport de Newark) et nous nous sommes arrêtés pour voir la vue depuis une sortie sur l’autoroute. Et aussi, plus de trente ans plus tard, je garde le souvenir précieux de lui me disant sur un banc, dans les coulisses du Kennedy Center, que j’étais la fille que lui et sa femme n’avaient jamais eue. Maintenant qu’il est parti, j’aurais aimé que les souvenirs de mes premières visites chez lui soient encore plus forts, et j’aurais aimé le revoir plus tard, mais je suis réconfortée de savoir qu’il était un homme spirituel, et qu’il est maintenant en paix. McCoy était un doux géant, à coup sûr, avec un beau sens de l’humour, un profond sens du mystère et une palette musicale éminente, sans précédent.
Marc CARY (p) Peace and blessings to the Greatest McCoy Tyner. I will always hold sacred the times I was in your presence, but most dear to me is the moment you shared with me deep insight into a world of music and science I was destined to be a part. I was able to appreciate that moment back in high school when you came to the Duke Ellington School of the Arts and listened and shared with us your journey in the music we call (jazz) but also known as the music of our people. McCoy was a heavy inspiration to me because of his ability to bring the emotion out of the music and build such intensity and release. His work was precise and his intentions were one of a kind.
Que la paix et la bénédiction soient avec le très grand McCoy Tyner. Les moments passés en votre présence sont sacrés à jamais, mais le plus précieux d’entre eux est celui où vous avez partagé avec moi votre connaissance approfondie du monde de la musique et de la science, auquel j’étais destiné à faire partie. Quand j’étais au lycée, j’ai été à même d’apprécier ce moment lorsque vous êtes venu à la Duke Ellington School of the Arts (Washington, D.C.) et de vous écouter partager avec nous votre parcours dans la musique, que nous appelons (jazz), connue aussi comme la musique de notre peuple. McCoy a exercé une grande influence sur moi, en raison de sa capacité à faire ressortir l’émotion de la musique et à créer une telle intensité et une telle libération. Son travail était précis et ses intentions uniques.
Ron CARTER (b)
McCoy’s influence on the jazz scene is immeasurable and will continue...
L’influence de McCoy sur la scène jazz est incommensurable et continuera de l’être...
Joe CHAMBERS (dm) To me, McCoy Tyner was the greatest of all the what I call: «post Red Garland pianist»; all the pianist that followed Miles Davis first great quintet; harmonies, voicing, piano technique, and above all rhythmic drive, he was way out front ahead of all pianist in the modern era. I also maintain, that he was the driving force in the John Coltrane Quartet; he used to drive Elvin Jones! I say this because I played with McCoy; I witnessed his «force». McCoy Tyner his musical spirit lives on. May you rest in peace.
Pour moi, McCoy Tyner était le plus grand de tout ce que j’appelle «le piano post-Red Garland». Tout le piano qui a suivi le premier grand quintet de Miles Davis; harmonies, voicing, technique du piano et surtout pulsation rythmique; il était loin devant tous les pianistes de l’ère moderne. Je soutiens également qu’il était la force motrice du John Coltrane Quartet; il conduisait Elvin Jones! Je dis cela parce que j’ai joué avec McCoy; J’ai été témoin de sa «force». McCoy Tyner, son esprit musical perdurera. Puisses-tu reposer en paix!
Cyrus CHESTNUT (p) A memorable McCoy moment: I was in Germany with the Harrison-Blanchard quintet of which McCoy opened. Needless to say, after he finished, I really did not want to play. Donald Harrison told me this: «McCoy does what he does. You do what you do.» Afterward, I saw McCoy backstage and he came to me and shook my hand saying: «Youngblood, you sound good. That piano was sad, wasn’t it?» What could I say? I got the courage to ask him how he was able to deal with different pianos. He said this: «Keep on doing what you do, Youngblood. In time you’ll get the strength in your hands to get your sound.» Thank you, McCoy.
Un moment McCoy mémorable: j’étais en Allemagne avec le Quintet Harrison-Blanchard que McCoy introduisait en première partie. Inutile de dire qu’après qu’il en ait terminé, je ne voulais vraiment pas jouer. Donald Harrison m’a dit ceci: «McCoy fait ce qu’il fait. Tu fais ce que tu fais.» Après le concert, j’ai vu McCoy dans les coulisses et il est venu vers moi et m’a serré la main en disant: «Youngblood, tu sonnes bien. Ce piano était triste, n’est-ce pas?» Qu’est-ce que je pouvais dire? J’ai eu le courage de lui demander comment il arrivait à gérer les différents pianos. Il a répondu ceci: «Continue de faire ce que tu fais, Youngblood. Avec le temps, tu auras la force dans tes mains pour obtenir ton son.» Merci, McCoy.
Marilyn CRISPELL (p) I did not know McCoy personally, except for meeting him one time long ago when he played at a club in Boston, but his solo in the «Pursuance» section of A Love Supreme was the first thing that got me into playing this music. He and Cecil Taylor were my earliest and strongest influences –both true innovators on the piano and in the music. They went beyond music into realms of pure energy. I felt that very strongly the last time I heard McCoy play in NYC. It was not about WHAT he was playing. It was about the pure primal energy he was tuning into/creating and transmitting to us.
Je ne connaissais pas McCoy personnellement, sauf pour l’avoir rencontré il y a longtemps lorsqu’il jouait dans un club à Boston, mais son solo dans «Pursuance», dans A Love Supreme, a été la première chose qui m’a poussé à jouer cette musique. Lui et Cecil Taylor ont été mes premières et les plus fortes influences –deux véritables innovateurs au piano et dans la musique. Ils sont allés au-delà de la musique dans des domaines d’énergie pure. Je l’ai ressenti très fortement la dernière fois que j’ai entendu McCoy jouer à New York. Il ne s’agissait pas DE CE qu’il jouait. Il s’agissait de l’énergie primale pure avec laquelle il communiait, créait et qu’il partageait avec nous.
Billy COBHAM (dm) In 1966, I was stationed with the 328th Army Band, Brooklyn Army Terminal. It was a small unit as Army Bands went since our mandate seemed pretty straight forward and short: we played for ships leaving for overseas locations (mornings we sent off to the west toward California and on some afternoons played for ships heading to Europe, I think). We played as a concert band, dance band, jazz band and for ceremonies from «Pass in Review» to «Captain Kangaroo» or the Merry Mailman TV show, and serenading the elderly in senior citizens homes. In my «off time» I listened to a lot of music from European classics (Bach, Beethoven, Stravinsky, Debussy) to jazz, primarily Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans, Basie, Lambert-Hendricks & Ross, Sarah Vaughn, Ella Fitzgerald, Cannonball Adderley, Nancy Wilson, Sergio Mendez & Brazil 66, Stan Kenton and, for some reason, Barbra Streisand… There was so much information within the grooves of the recordings made by these artists that my mind was on over drive back then. To be honest, the artists that I have mentioned above I do still draw from their musical offerings to this day. One artist whom I experienced back in the mid 60’s was McCoy Tyner. I cannot imagine A Love Supreme or Expressions without McCoy. Yes, it wasn’t only him in support of that musical template but in collaboration with Elvin Jones and Jimmy Garrison. They were in another league for me. Not better than any other group of performers but they did present a very distinct musical personality as could be said for the Basie Band, Duke Ellington and of course, Miles Davis. So, this was a major period for me to absorb as much as I could McCoy and all the rest. In 1977, I was living in the San Francisco Bay Area when I received a call from Orrin Keepnews, producer for Milestone Records, to record with McCoy Tyner. The album is entitled Fly with the Wind. The opportunity to record in support of McCoy was not lost on me to the point where I personally felt that I may have given too much of myself musically on that date but what was done was done... Quite a few years later I received another call to work with McCoy and Stanley Clarke in trio. Here, I felt so much more at home and comfortable. This I attribute to my looking to perform more in support of the trio as a unit so that our presentation was a unified effort. McCoy had a way to make that musical route available to any and all who came to play with and for him but each individual had to be able to identify and understand what their contribution would be so my experiences were not many but of a high-quality level in performance. This is how I choose to remember McCoy Tyner.
En 1966, j’étais en poste avec le 328th Army Band, Brooklyn Army Terminal. C’était une petite unité comme les formations de l’armée le sont devenues dès la réduction à des missions assez simples: nous avons joué pour les navires partant pour des destinations outre-mer (les matins pour ceux envoyés vers l’ouest en direction de la Californie et certains après-midis pour les navires en direction de l’Europe, je pense ). Nous jouions comme orchestre de concert, orchestre de danse, orchestre de jazz et pour des cérémonies de passage en revue à «Captain Kangaroo» (ndlr: CBS Bob Keeshan series) ou à l’émission TV de Merry Mailman, et donnant la sérénade des personnes âgées dans les maisons de retraite. Pendant mon temps libre, j’ai écouté beaucoup de musique, des classiques européens (Bach, Beethoven, Stravinsky, Debussy) au jazz, principalement Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans, Basie, Lambert-Hendricks & Ross, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Cannonball Adderley, Nancy Wilson, Sergio Mendez & Brazil 66, Stan Kenton et, pour une raison quelconque, Barbra Streisand… Il y avait tellement d’informations dans les sillons des enregistrements réalisés par ces artistes que mon esprit était à ce moment-là relié à la platine. Pour être honnête, les artistes que j’ai mentionnés ci-dessus m’inspirent toujours par leurs productions musicales à ce jour. McCoy Tyner est un artiste que j’ai connu au milieu des années 1960. Je ne peux pas imaginer A Love Supreme ou Expressions sans McCoy. Oui, il n’était pas le seul à soutenir cette musique exemplaire en collaboration avec Elvin Jones et Jimmy Garrison. Ils étaient dans une autre division pour moi. Pas mieux que d’autre formations, mais ils présentaient une personnalité musicale très distincte, comme on pouvait le dire pour le Basie Band, Duke Ellington et bien sûr, Miles Davis. C’était donc une période importante pour moi pour absorber autant que possible McCoy et tout le reste. En 1977, je vivais dans la baie de San Francisco lorsque j’ai reçu un appel d’Orrin Keepnews, producteur de Milestone Records, pour enregistrer avec McCoy Tyner. L’album s’intitule Fly with the Wind. L’occasion d’enregistrer aux côtés de McCoy n’a pas été perdue au point où j’ai senti personnellement que j’avais peut-être trop donné de moi-même musicalement en cette circonstance; mais ce qui a été fait a été fait ... Quelques années plus tard, j’ai reçu un autre appel pour travailler avec McCoy et Stanley Clarke en trio. Ici, je me sentais tellement plus à l’aise et détendu. J’attribue cela à ma volonté de jouer davantage pour soutenir le trio, de sorte que notre prestation a été une œuvre commune. McCoy savait mettre cet cheminement musical à la disposition de tous ceux qui venaient jouer avec lui et pour lui, mais chaque individu devait être en mesure d’identifier et de comprendre quelle serait sa contribution, donc mes expériences n’ont pas été nombreuses mais de grande qualité. C’est ainsi que j’ai choisi de me souvenir de McCoy Tyner. McCoy Tyner, San Sebastian, 2006 © Jose Horna Chick COREA (p) (communiqué, 6 mars 2020) Since I first heard him with the John Coltrane Quartet in the early 60’s, McCoy Tyner has inspired me tremendously. He helped me shape the way I approach the piano. I’m lucky that I got to know him as a friend and am saddened at his leaving us. I will certainly miss his beautiful presence. I spent so many nights in the audience at the Half Note and at Birdland in NYC listening to McCoy compliment and play alongside John, Elvin and Jimmy. This was some of the best music education I ever had. I retain such pleasurable memories of the few times that McCoy and I shared duets on 2 pianos. So exhilarating! No doubt the music world will miss him - and no doubt we will always remember and revere him for his immense contributions to Music and to the art of the piano. I send my and Gayle’s condolences to the Tyner family. And I send my love to McCoy on his journey forward.
Dès que je l’ai entendu pour la première fois avec le John Coltrane Quartet au début des années 1960, McCoy Tyner m’a énormément inspiré. Il m’a aidé à façonner ma façon d’aborder le piano. J’ai eu de la chance de le connaître en tant qu’ami, et je suis triste qu’il nous quitte. Sa belle présence va certainement me manquer. J’ai passé tant de nuits dans le public au Half Note et au Birdland à New York à écouter les compliments de McCoy et à jouer aux côtés de John, Elvin et Jimmy. Ce fut l’une des meilleures éducations musicales que j’ai eues. Je garde des souvenirs si agréables des quelques fois où McCoy et moi avons partagé des duos à deux pianos. Tellement exaltant! Il ne fait aucun doute qu’il manquera au monde de la musique, que nous nous souviendrons sans toujours de lui; nous le vénérerons pour ses immenses contributions à la musique et à l’art du piano. J’adresse mes condoléances et celles de Gayle à la famille Tyner. Et j’envoie mon amour à McCoy dans son voyage vers l’au-delà.
Stanley COWELL (p) I first heard McCoy Tyner playing the piano so elegantly with Benny Golson-Art Farmer Jazztet around 1960 in Detroit. That made me want to hear his trio recordings as leader, i.e., «Effendi». His power and mastery fully contrasted with other pianists on the scene and greatly influenced many of my pianist colleagues. When McCoy became a part of the historic John Coltrane Quartet, the power demands in much of Trane’s modal music really ramped up. McCoy’s left-hand intensity in playing the root and fifth of the mode, his inimitable right-hand lines and his rhythmical link with drummer Elvin Jones and bassist Jimmy Garrison became the magnificent underpinning for Trane to soar. There is a video of the quartet showing the strength of McCoy’s left hand rising to the height of his head and coming down full force right onto the notes he intended to play! McCoy’s later creative compositional output, and as a band leader, attest to him being a musical great.
J’ai d’abord entendu McCoy Tyner jouer du piano si élégamment dans le Benny Golson-Art Farmer Jazztet vers 1960 à Detroit. Cela m’a donné envie d’entendre ses enregistrements en trio en tant que leader, c’est-à-dire «Effendi» (Inception, Impulse!). Son pouvoir et sa maîtrise contrastent complètement avec les autres pianistes sur scène, et influencent grandement beaucoup de mes collègues pianistes. Lorsque McCoy est devenu une partie de l’historique John Coltrane Quartet, la demande de puissance dans une grande partie de la musique modale de Trane a vraiment augmenté. L’intensité de la main gauche de McCoy en jouant la tonique et la quinte du mode, ses lignes de main droite inimitables et son lien rythmique avec le batteur Elvin Jones et le bassiste Jimmy Garrison sont devenus le magnifique fondement de Trane pour décoller. Il y a une vidéo du quatuor montrant la force de la main gauche de McCoy montant à la hauteur de sa tête et descendant en force sur les notes qu’il avait l’intention de jouer! La production des compositions créatives plus tardives de McCoy, en tant que leader, attestent qu’il est un grand musicien.
Zaccai CURTIS (p) I remember meeting McCoy Tyner for the first time in Hartford 1999 and I ran backstage to get his autograph… I was letting everyone in front of me because I wanted to talk a bit to my hero while he was signing my CD but he had to turn away right before my CD because how tired he was… I was so disappointed but I understood… Later that year I went to see Candido play with Bobby Sanabria and Jarvis Tyner (McCoy’s brother) was the guest speaker! I met him and somehow told him my story. He asked for my address and about a week later I received a copy of McCoy Tyner and the Latin Jazz All-Stars with his signature. To this day, he’s one of my biggest inspirations and probably has the biggest impact on my playing…
Je me souviens d’avoir rencontré McCoy Tyner pour la première fois à Hartford, en 1999. Et j’avais couru dans les coulisses pour obtenir son autographe… Je laissais passer tout le monde devant moi parce que je voulais parler un peu à mon héros pendant qu’il signerait mon CD. Mais il a dû partir juste quand ça allait être mon tour, parce qu’il était fatigué… J’étais si déçu, mais je comprenais… Plus tard cette année-là, je suis allé voir Candido jouer avec Bobby Sanabria et Jarvis Tyner (le frère de McCoy) était l’invité d’honneur! Je l’ai rencontré et lui ai raconté mon histoire. Il m’a demandé mon adresse. Environ une semaine plus tard, j’ai reçu un exemplaire de McCoy Tyner and the Latin Jazz All-Stars avec son autographe. A ce jour, il est l’une de mes plus grandes influences et a sans doute eu le plus d’impact sur mon jeu…
Michael CUSCUNA (producteur) I first got to know McCoy in the mid ’70s when he and I went into the studio to review his unissued Blue Note sessions for what might be worth releasing. We became good friends quickly. McCoy was a warm, talkative person who showed everyone the utmost respect. Over the years we worked on many projects and albums together, but my favorite was a set of three albums we recorded in New York’s Merkin Hall without an audience. I’d just think of tune and if it appealed to him, he’d toss off a brilliant solo piano rendition. That’s how those albums were made and they stand the test of time.
J’ai d’abord rencontré McCoy au milieu des années 1970 quand lui et moi sommes allés en studio pour revoir ses sessions Blue Note inédites pour ce qui pourrait valoir la peine d’être publié. Nous sommes rapidement devenus de bons amis. McCoy était une personne chaleureuse et bavarde qui a témoigné à tout le monde le plus grand respect. Au fil des ans, nous avons travaillé sur de nombreux projets et albums ensemble, mais mon préféré était un ensemble de trois albums que nous avons enregistrés au Merkin Hall de New York sans public. Je pensais juste à un thème, et si ça lui parlait, il se lançait dans une brillante interprétation en piano solo. C’est ainsi que ces albums ont été réalisés et ils résistent à l’épreuve du temps.
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Richard DAVIS (b)
Most innovative person of this century.
La personne la plus novatrice de ce siècle.
Jack DeJOHNETTE (dm)
McCoy was a consistently highly creative driving force and extremely influential pianist. He was also a prolific composer. I had the great honor to play with him many times and am truly grateful for that. He left a huge legacy for us all to benefit from. May he be at peace.
McCoy était une force motrice constamment très créative et un pianiste extrêmement influent. Il était également un compositeur prolifique. J’ai eu le grand honneur de jouer avec lui à plusieurs reprises, et je lui en suis vraiment reconnaissant. Il a laissé un immense héritage dont nous profitons tous. Qu’il soit en paix.
McCoy Tyner, Jazz à Vienne, 2012 © Pascal Kober.
Dena DeROSE (p, voc)
McCoy Tyner is truly one of the most influential jazz pianists of our time and will be forever!
I first met McCoy in New York City in the early 2000s when my quartet opened for one of his solo concerts at one of the Jack Kleinsinger Presents Highlights in Jazz concerts at the Pace University Theater. Of course, Mr. Tyner did not need anyone to warm up the stage as when he started to play we all thought he was going to pound that piano into pieces… haha!! He was amazing!! One hour of some of the deepest jazz piano playing I’d ever seen in my life. After the concert he shook my hand and complimented me on my set. He was a true gentleman. I left thrilled and very inspired. I’d go to see him whenever he played in NYC, which was usually the Blue Note. He always remembered me by name, too.
The next opportunity I had of meeting him was at the Stanford Jazz Workshop about 5-6 years later. He gave a masterclass for jazz pianists. I was there teaching young jazz vocalists and brought them to this masterclass instead of teaching my own class. I’m glad I did. He talked about the importance of lyrics and how they can give you ideas for tempo, mood, and coloring whatever song you’re playing. The example he gave regarding this was «Alone Together.» He said: «I don’t know why everybody plays this song so fast. If you read the lyrics, you’ll see why!» A big lesson for me as I had just played the tune for him in the class… much too fast… trying to show off! I will love him forever…
McCoy Tyner est véritablement l’un des pianistes de jazz les plus influents de notre époque et le sera pour toujours!
J’ai rencontré McCoy pour la première fois à New York au début des années 2000 lorsque mon quartet a joué en ouverture de l’un de ses concerts en solo à l’un des événements Jack Kleinsinger Presents Highlights in Jazz au Théâtre de l’Université Pace. M. Tyner n’avait évidemment besoin de personne pour chauffer la salle. Lorsqu’il a commencé à jouer, nous pensions tous qu’il allait casser le piano en morceaux… haha!! Il était incroyable!! Une heure de piano jazz parmi les plus profonds que j’aie jamais entendus de ma vie. Après le concert, il m’a serré la main et m’a félicité pour mon set. Un vrai gentleman. Je suis partie ravie et très inspirée. J’allais le voir chaque fois qu’il jouait à New York, en général au Blue Note. Il se souvenait toujours de moi aussi.
La prochaine occasion que j’ai eue de le rencontrer, c’était au Stanford Jazz Workshop, cinq ou six ans plus tard. Il a donné une masterclass pour les pianistes de jazz. J’y enseignais de jeunes chanteurs de jazz, et je les ai amenés à cette masterclass au lieu d’enseigner ma propre classe. Je suis content de l’avoir fait. Il a parlé de l’importance des paroles et de la façon dont elles peuvent vous donner des idées de tempo, d’atmosphère et de couleur. L’exemple qu’il a donné était «Alone Together». Il a dit : «Je ne sais pas pourquoi tout le monde joue cette chanson si vite. Si vous lisez les paroles, vous comprendrez pourquoi!» Une grande leçon pour moi car je venais de jouer le morceau pour lui en classe… beaucoup trop vite… essayant de frimer! Je l’aimerai pour toujours…
Justin DILLARD (p, org)
I first met McCoy around 2001 (after having listened to him for years at the behest of my then teacher who accompanied me, as I was under age, Dave Gessner) at The Jazz Showcase’s second location on Grand Ave. in Chicago. He had with him what I consider his greatest trio of Aaron Scott on drums and Avery Sharpe on bass. The synergy they had as a group was one of the greatest naturally cohesive trios I’d seen live.
After seeing the power he exhibited as a pianist in person, I assumed his hands were like rocks. The kind construction workers have that you can strike a match off of. So, when I went to go shake his hand, I braced myself for an anaconda like grip. Three seconds into the hand shake I realized his hands were soft (a preservation/attack technique I’d learn later that he applied to the piano), dare I say more so than a normal man’s hands. So, I immediately adjusted my grip to compliment the pleasant greeting I was given. A warm smile to boot. He talked with me on his break. Gave me sage advice. Nothing I thought unusual at the time. The usual «You gotta practice», «Listen to the greats», etc., that most elders in the jazz music game give. Come to find out later, they were right. Some people are gifted true enough, but none can escape the practice room. There are no shortcuts to greatness.
I’d see him many more times (the last time would be 5 years ago at Chicago Symphony Center with Danilo Pérez and the late great Geri Allen paying tribute to the giant before McCoy took the stage himself. It’d be the last time I’d see Geri as well. Peace to the ancestor.
And each time McCoy would give me a lesson. Sometimes at the piano, sometimes not. But each centered around life and not necessarily music. One time he said he didn’t have time to give me a lesson because he’d traveled with his wife Aisha and had made plans to get back to the hotel and give her the attention a husband gives a wife. Message received. Ergo, it’s not always about music. Like the old Charlie Parker quote goes: «If you don’t live it, it won’t come out of your horn.»
One of the biggest lessons I learned on piano was about his attack approach to the piano. If you study McCoy, you know his technique endured changes, like most instrumentalists who have longevity. In the Coltrane days into the late 70’s it was raw power. Then around the 80’s he developed a different type of sensitivity to the instrument. You saw him do something that I liken to the approach of Bruce Lee and the concept of the one-inch punch. Maximum impact within a short distance. In his younger days, you can see his hands coming up a lot more. But as he got older, if I may, he became wiser in not expending as much energy, but continued to expound and control the same power he had been known for.
The last time I saw him he didn’t have the technical ability of his right hand. I thought I’d be disappointed by the performance (as I’d seen Oscar Peterson in a similar condition after the second stroke, also to which I wasn’t disappointed), but the power was still there; altered, but still very much there. The chords. The language. The sound. He did what we all must do in life, which is adapt to what we have to keep who we are in pristine condition.
He executed his task in life beautifully. Safe journey to my hero; well done, and ase.
J’ai rencontré McCoy pour la première fois vers 2001 au deuxième emplacement de The Jazz Showcase sur Grand Ave, à Chicago (après l’avoir écouté pendant des années à la demande de mon professeur d’alors, Dave Gessner, qui m’accompagnait parce que j’étais alors mineur). Il avait avec lui ce que je considère comme son plus grand trio: Aaron Scott à la batterie et Avery Sharpe à la basse. La synergie qu’ils avaient en tant que groupe était l’un des plus grands trios avec une cohésion naturelle que j’ai vus en concert.
Après avoir vu, de mes propres yeux, la puissance qu’il montrait en tant que pianiste, j’en ai déduit que ses mains étaient comme des rochers. Du genre de celles des ouvriers du bâtiment et sur lesquelles on peut craquer une allumette. Alors quand je suis allé aller lui serrer la main, je me suis préparé à une prise d’anaconda. En la lui serrant, j’ai remarqué que ses mains étaient douces (une technique de préservation et d’attaque que j’apprendrai plus tard, qu’il appliquait au piano), oserais-je dire, plus que les mains d’un homme normal. J’ai donc immédiatement ajusté ma prise pour retourner l’accueil agréable qui m’a été donné. Un sourire chaleureux pour démarrer. Il m’a parlé durant la pause, m’a donné de sages conseils. Rien de ce que je trouvais anormal à l’époque. Les habituels « Il faut s’exercer », « Ecoute les géants », etc., que la plupart des anciens répètent. J’ai compris plus tard qu’ils avaient raison. Certaines personnes sont assez douées, mais aucune n’échappe aux exercices d’entraînement. Il n’y a pas de raccourci vers la grandeur.
Je l’ai vu de nombreuses fois (la dernière fois, il y a cinq ans au Chicago Symphony Center, avec Danilo Pérez et feu la grande Geri Allen pour un hommage au géant, avant que McCoy ne monte lui-même sur scène. Ça a été aussi la dernière fois que j’ai vu Geri. Paix à l’Ancêtre.
Chaque fois, McCoy me donnait une leçon. Parfois au piano, parfois non. Chacun tournait autour de la vie, et pas nécessairement de la musique. Une fois, il a dit qu’il n’avait pas eu le temps de me donner une leçon parce qu’il avait voyagé avec sa femme Aisha et avait prévu de retourner à l’hôtel pour lui accorder l’attention qu’un mari donne à sa femme. Message reçu. Ergo, il ne s’agit pas toujours de musique. Comme le dit la vieille citation de Charlie Parker: «Si vous ne la vivez pas, elle ne sortira pas de votre instrument.»
L’une des plus grandes leçons que j’ai apprises au piano concernait son approche de l’attaque. Si vous étudiez McCoy, vous voyez que sa technique a subi des changements, comme la plupart des instrumentistes qui ont une longévité. De l’époque de Coltrane à la fin des années 1970, c’était de l’énergie brute. Puis, vers les années 1980, il a développé une autre sensibilité. Il faisait quelque chose que je compare à l’approche de Bruce Lee et de son concept du «one inch punch» (coup de poing à un pouce de distance). Impact maximal sur une courte distance. Dans sa jeunesse, vous pouviez voir ses mains se lever beaucoup plus. En vieillissant, si vous me le permettez, il est devenu plus sage et ne dépensait pas autant d’énergie, mais continuait d’exposer et de contrôler la même puissance pour laquelle il était connu.
La dernière fois que je l’ai vu, il n’avait plus la capacité technique de sa main droite. J’ai pensé que je serais déçu par la performance (j’avais vu Oscar Peterson dans un état similaire après son deuxième AVC, et je n’ai pas été déçu), mais la puissance était toujours là, altérée, mais toujours très présente. Les accords. Le langage. Le son. Il a fait ce que nous devons tous faire dans la vie, c’est-à-dire nous adapter pour rester en parfait état.
Il a magnifiquement accompli sa tâche dans la vie. Bon voyage à mon héros.
McCoy Tyner, Anvers, 23 octobre 1990 © Jacky Lepage
Lou DONALDSON (as)
McCoy was a great bebop player who made a great big band record. His legendary contributions to jazz will live on. McCoy was the piano player on my hit record Lush Life and it was a pleasure working with him.
McCoy était un grand musicien bebop qui a fait un excellent enregistrement en big band. Ses contributions légendaires au jazz perdureront. McCoy était le pianiste de mon disque à succès Lush Life et ce fut un plaisir de travailler avec lui.
Dezron DOUGLAS (b)
In 2013 a friend and mentor, John Lee, the great bassist and producer, asked me to be a part of the ceremonies honoring Gary Bartz as the 2013 Giants of Jazz Award at SOPAC in South Orange, NJ. There were many special guests who turned out to honor the great saxophonist including Roy Hargrove, Wallace Roney, George Cables, Kenny Barron, and the great McCoy Tyner. I performed with a few all-star lineups that night, but the best moment was when I was in the green room having a laugh with a group of musicians and John Lee walks up to me and says: «Dezron, I forgot to tell you, they need you on stage to play with McCoy!»
My heart dropped, and I had trouble holding my breath. The more distraught I looked that’s when John said: «Hurry! He’s on stage waiting for you.»
I scurried down the stairs to the backstage area where my bass was, and as I was picking up my bass they announced: «Please welcome McCoy Tyner» and chills went down my back.
It was like a dream.
Sulieman Saud!!!! The Maestro!!! I was finally going to share a bandstand with him. All the moments I have seen him play live and listened to him on record, they were flashing right before my face. I walked on stage, still in a hurry, found the patch cable, plugged my bass in and all of sudden I hear this powerful, and rambunctious intro into «Blues on the Corner», and to my chagrin the piano began to shake. I had only seen two pianists do this in my lifetime. McCoy Tyner and Luis de Mauro Castro. Maestro Saud’s touch alone made the piano shake and his power was evident and by the time we got to the top of the melody I was already sweating!!! I closed my eyes and just did what came natural. Play bass!!! A few choruses into Mr. Bartz’ solo I opened my eyes and looked to my right where the piano was, and Maestro Tyner was smiling ear to ear while manhandling the piano with style and grace. He played so much incredible music on that blues alone that when we were done, the crowd gave a standing ovation, and wanted more, but the event was in honor of Maestro Bartz and it was so amazing and humbling to see these two giants of this African American Classical Music giving love and respect to each other on and off the bandstand.
I still get chills thinking about that moment. Forever etched in my mind and spirit. Rest in Eternal Peace Maestro Sulieman Saud aka McCoy Tyner. Philadelphia’s finest and Black music’s greatest.
En 2013, un ami et mentor, John Lee, le grand bassiste et producteur, m’a demandé de faire partie des cérémonies honorant Gary Bartz pour son Giants of Jazz Award 2013 à la SOPAC à South Orange, NJ. Il y avait de nombreux invités spéciaux qui venus honorer le grand saxophoniste, dont Roy Hargrove, Wallace Roney, George Cables, Kenny Barron et le grand McCoy Tyner. J’ai joué ce soir-là avec quelques all stars, mais le meilleur moment a été quand j’étais dans la green room en train de rire avec un groupe de musiciens et que John Lee s’approche de moi et me dit: «Dezron, j’ai oublié de te dire , ils ont besoin de toi sur scène pour jouer avec McCoy!»
Mon cœur a flanché et j’ai eu du mal à reprendre mon souffle. Le plus bouleversant a été quand John a dit: «Dépêche-toi! Il t’attend sur scène.»
J’ai dévalé les escaliers vers les coulisses où se trouvait ma basse, et alors que je ramassais ma basse, ils ont annoncé: «S’il vous plaît, accueillez McCoy Tyner» et des frissons sont descendus dans mon dos.
C’était comme un rêve.
Sulieman Saud!!!! Le Maestro!!! J’allais enfin partager une scène avec lui. Tous les moments où je l’ai vu jouer en live et où je l’ai l’écouté sur disque, clignotaient juste devant mes yeux. J’ai marché sur scène, toujours pressé, j’ai trouvé le câble, branché ma basse, et tout à coup j’ai entendu cette intro’ puissante et exubérante dans «Blues on the Corner» et, grand frisson pour moi, le piano a commencé à trembler. Je n’ai vu que deux pianistes faire cela dans ma vie. McCoy Tyner et Luis de Mauro Castro. Le toucher de Maestro Saud seul a fait trembler le piano et sa puissance était évidente, et au moment où nous sommes arrivés au sommet de la mélodie, je transpirais déjà!!! J’ai fermé les yeux, et j’ai fait ce qui était naturel. Jouer de la basse!!! Quelques chorus du solo de M. Bartz, j’ai ouvert les yeux et regardé à ma droite où se trouvait le piano, et Maestro Tyner souriait d’une oreille à l’autre tout en maniant le piano avec style et grâce. Il a joué tellement de musique incroyable sur ce blues seul que lorsque nous avons fini, la foule a fait une standing ovation et en redemandait, mais l’événement était en l’honneur de Maestro Bartz, et c’était tellement incroyable et impressionnant de voir ces deux géants de cette Musique Classique Afro-Américaine se donnant de l’amour et du respect l’un à l’autre sur et hors scène.
J’ai toujours des frissons en pensant à ce moment. Cela sera toujours gravé dans mes pensées et mon esprit. Reposez en paix pour l’éternité Maestro Sulieman Saud alias McCoy Tyner. Le meilleur de Philadelphie et le plus grand de la Black music.
Billy DRUMMOND (dm)
McCoy Tyner has been a HUGE part of my musical life in that he was such a prominent figure in the development of the music as I was developing as a young musician. As I was learning, discovering the artists/stylings of the music, buying records, etc. as a young musician as drummer, in the 70’s, Mr. Tyner was very much a leader in so many ways. He was very active in leading bands, putting out recordings as a leader on a consistent basis (mainly for the Milestone Label at that time). He had come out of the great Coltrane Quartet which was certainly a game changer on many many levels, and of course he personally changed the way practically every pianist played the instrument in the jazz world.
As a drummer I was very much influenced by the drummers he was using in his bands during this period in the 70’s. These drummers were very much influenced of course by the Coltrane band and its drummer: Elvin Jones along with the other iconic drummer of the 60’s, Tony Williams. So, this was the thing at that time. The drummers I’m referring to are Billy Hart, Alponse Mouzon, Eric Gravatt and Sonship Theus. They were younger and relatively unknown at the time. There were a few others, including the more established drummers Elvin Jones, Tony Williams, Jack DeJohnette, Al Foster, that appeared on some of those recordings but they were not necessarily in his touring bands, but these new drummers were the touring drummers in the touring bands. The way they played was very fashionable at the time and was what was needed to match the intensity of Mr. Tyner’s music and his playing. It was very exciting, spiritual, emotional, intense, moving and inspiring. Not for the faint of heart!!!!! I was way into it. I still have all the records and they are very influential to me.
I played with Mr. Tyner for a week in NYC with Charles Tolliver’s Big Band with McCoy as special guest celebrating the music of John Coltrane’s Africa Brass recording. Needless to say, it was a thrill and highlight in my career. He was a GIANT and changed music, the way music was played and changed the way the piano was played, harmonically and rhythmically. That’s huge and only a few people have done that!!!
McCoy Tyner a été une ENORME partie de ma vie musicale en ce qu’il était une figure si importante dans le développement de la musique que je développais en tant que jeune musicien. Pendant que j’apprenais, découvrais les artistes/styles de la musique, j’achetais des disques, etc., en tant que jeune musicien comme batteur, dans les années 1970, Mr. Tyner était un leader à bien des égards. Il était très actif dans des formations de premier plan, produisant des enregistrements cohérents en tant que leader (principalement pour le label Milestone à l’époque). Il était sorti du grand Coltrane Quartet qui a certainement changé la donne à bien des égards, et bien sûr, il a personnellement changé la façon dont pratiquement chaque pianiste jouait de l’instrument dans le monde du jazz.
En tant que batteur, j’ai été très influencé par les batteurs qu’il utilisait dans ses groupes pendant cette période des années 1970. Ces batteurs étaient bien sûr très influencés par le groupe Coltrane et son batteur, Elvin Jones, ainsi que par l’autre batteur emblématique des années 1960, Tony Williams. C’était donc le truc à ce moment-là. Les batteurs dont je parle sont Billy Hart, Alponse Mouzon, Eric Gravatt et Sonship Theus. Ils étaient plus jeunes et relativement inconnus à l’époque. Il y en avait quelques autres, y compris les batteurs plus établis Elvin Jones, Tony Williams, Jack DeJohnette, Al Foster, qui sont apparus sur certains de ses enregistrements, mais ils n’étaient pas nécessairement dans ses groupes de tournée; mais ces nouveaux batteurs étaient les batteurs de tournée dans les groupes de tournée. La façon dont ils jouaient était très à la mode à l’époque, et était ce qu’il fallait pour faire correspondre l’intensité de la musique de Mr. Tyner à son jeu. C’était très excitant, spirituel, émotionnel, intense, émouvant et inspirant. Pas pour les cardiaques!!!!! J’étais bien dedans. J’ai toujours tous les disques, et ils m’ont beacuoup influencé.
J’ai joué avec Mr. Tyner pendant une semaine à New York avec le Big Band de Charles Tolliver et McCoy en tant qu’invité spécial célébrant la musique de l’enregistrement Africa Brass de John Coltrane. Inutile de dire que ce fut un frisson et un moment fort de ma carrière. C’était un GÉANT et il a changé la musique, la façon dont la musique était jouée changeait selon la façon dont le piano sonnait, harmoniquement et rythmiquement. C’est énorme et seules quelques personnes l’ont fait!!!
McCoy Tyner, Jazz à Vienne, 2002
© Pascal Kober
Kahil EL’ZABAR (dm, perc)
McCoy was and will always be a beacon of musical energy and light! I remember seeing him for the first time with Trane when I was 15 at a club in Chicago called McKie’s.
A couple of older friends brought me to check out the legendary John Coltrane Quartet. I immediately connected with McCoy’s sound and energy, especially with him being younger than the other guys in the band. I felt the seriousness and spirituality from him that I wanted to embrace as a young musician. I experienced incredible joy from Mr. Tyner as well as all the other cats in the Quartet.
The musical ritual that night, witnessing the passion and power of McCoy playing with Trane, Elvin, and Jimmy, changed my life forever. I had the chance many years later to retell this same story to McCoy. He laughed hardily and said to me: «You were just a little pup back then Kahil!» I said: «Yeah McCoy, and you didn’t even look like you were shaving your face yet back then!»
I feel so honored to have witnessed this magnificent history, and to be able to call the great McCoy Tyner my friend!
McCoy a été et sera toujours un phare d’énergie et de lumière musicales! Je me souviens de l’avoir vu pour la première fois avec Trane quand j’avais 15 ans dans un club de Chicago, le McKie’s.
Quelques amis plus âgés m’avaient amené découvrir le légendaire John Coltrane Quartet. Je me suis immédiatement identifié au son et à l’énergie de McCoy, en particulier parce qu’il était plus jeune que les autres gars du groupe. J’ai ressenti en lui le sérieux et la spiritualité que je voulais développer en tant que jeune musicien. J’ai ressenti une joie incroyable de la part de Mr. Tyner ainsi que de tous les autres cats du Quartet.
Le rituel musical cette nuit-là, témoin de la passion et de la puissance de McCoy jouant avec Trane, Elvin et Jimmy, a changé ma vie pour toujours. J’ai eu la chance, plusieurs années après, de raconter cette histoire à McCoy. Il a ri aux éclats et m’a dit: «Tu n’étais qu’un petit chiot à l’époque Kahil.» J’ai répondu: «Ouais, McCoy, et tu n’avais même pas encore l’air de te raser à l’époque!»
Je suis tellement honoré d’avoir été témoin de cette magnifique histoire et de pouvoir appeler le grand McCoy Tyner mon ami!
Robin EUBANKS (tb)
McCoy was a huge influence on me. I grew up playing funk and rock music. I was really into the high energy fusion bands like John McLaughlin’s Mahavishnu Orchestra and Chick Corea’s Return to Forever. I went to see McCoy’s band at the Bijou Cafe in Philadelphia around 1978. It blew me away! I felt the same energy from his acoustic jazz group as I did from the electrified fusion bands. That night was pivotal in getting me to love acoustic jazz.
I was fortunate enough to play in McCoy’s big band when he formed it and I wrote an arrangement of his composition «Genesis», which he recorded. I’m from Philadelphia and the jazz world lost two icons from Philly recently in McCoy Tyner and Jimmy Heath, and I’m proud to say I knew them both.
McCoy a eu une énorme influence sur moi. J’ai grandi en jouant du funk et du rock. J’étais vraiment dans les groupes de fusion à haute énergie comme le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin et Return to Forever de Chick Corea. Je suis allé voir le groupe de McCoy au Bijou Cafe à Philadelphie vers 1978. Ça m’a époustouflé! J’ai ressenti la même énergie de son groupe de jazz acoustique que celle des groupes de fusion électrifiée. Cette nuit a été cruciale pour me faire aimer le jazz acoustique.
J’ai eu la chance de jouer dans le big band de McCoy quand il l’a formé, et j’ai écrit un arrangement de sa composition «Genesis» qu’il a enregistré. Je viens de Philadelphie, et le monde du jazz a récemment perdu deux icônes de Philly en McCoy Tyner et Jimmy Heath, et je suis fier de dire que je les connaissais tous deux.
Bobby FEW (p)
I called McCoy Tyner «the hammer» because of his left hand striking the fifth and the tonic like you never heard before what a pianist and I love his style of playing and his beautiful compositions. He will live in my heart always!
J’ai appelé McCoy Tyner «le marteau» à cause de sa main gauche frappant la cinquième et la tonique comme vous ne les avez jamais entendues avant un tel pianiste, et j’aime son style de jeu et ses belles compositions. Il vivra toujours dans mon cœur!
Joe FORD (as, ss, fl)
Playing with McCoy was more than a dream come true. He was among a handful of pianists on the planet who could make the world go away. He was always true to the music and himself.
Jouer avec McCoy était plus qu’un rêve devenu réalité. Il faisait partie d’une poignée de pianistes sur la planète qui pouvaient faire disparaître le monde. Il était toujours fidèle à la musique et à lui-même.
Ricky FORD (ts)
McCoy Tyner, our contemporary muse. We are all uplifted by his commitment to music and caring for his peers during his career. Profound condolences to his family.
Peace to McCoy Tyner. Peace to McCoy Abi*. Peace to Brother McCoy. (*« Brother » in Turkish)
McCoy Tyner, notre muse contemporaine. Nous sommes tous exaltés par son engagement envers la musique et son attention auprès de ses pairs au cours de sa carrière. Toutes mes condoléances à sa famille. Paix à McCoy Tyner. Paix à McCoy Abi (Frère, en turc). Paix à frère McCoy.
Takao FUJIOKA (peintre-dessinateur)
Takao Fujioka, McCoy Tyner, www.jazgra.com
Yasuhiro «Fuji» FUJIOKA (auteur)
(John Coltrane: A Discography and Musical Biography, membre du conseil d’administration de «The Coltrane Home», NY; président-fondateur de la «Maison Coltrane», Osaka, Japon)
Without McCoy, no John Coltrane Classic Quartet in the ’60s. His left-handed comp was so powerful and amazing engine accompanied with Jimmy Garrison’s and Elvin Jones’s powers pushing Coltrane music ahead to create new horizon in jazz history. Fortunately, I had been meeting him many times over the world and one of them was in Nice Jazz, France, on July 22, 2009. He pointed me out (with left hand) in a press pit in front of bandstand and greeted.
Another time was in Blue Note New York. I called McCoy’s former wife (at that time) Aisha and their son Deen to come to McCoy’s show. After second set I brought them to his dressing room on 2nd floor and immediately McCoy hold her hands and started to talk each other. Later I knew they re-united and living together! Congratulations!
Sans McCoy, pas de Quartet «classique» de John Coltrane dans les années 1960. Son accompagnement à la main gauche était tellement puissant, une machine incroyable, accompagnée de Jimmy Garrison et Elvin Jones. Ce qui poussait la musique de Coltrane vers l’avant pour créer un nouvel horizon dans l’histoire du jazz.
J’ai eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises à travers le monde. Une fois, au festival de jazz de Nice, le 22 juillet 2009. Il m’avait désigné (de sa main gauche) dans le stand de presse, devant le kiosque à musique, et salué. Une autre fois, au Blue Note, à New York. J’avais appelé Aisha, l’ex-épouse de McCoy (à ce moment-là), et leur fils Deen pour qu’ils assistent au concert de McCoy. Après le second set, je les ai amenés dans sa loge au premier étage. McCoy a immédiatement pris les mains de Aisha, et ils ont commencé à se parler. Plus tard, j’ai appris qu’ils avaient renoué et vivaient ensemble! Toutes mes félicitations!
Deen, Aisha, McCoy Tyner, Syeeda Coltrane au Blue Note, New York, NY, 26 février 2009 © Fuji by courtesy of Yasuhiro "Fuji” Fujioka
Benny GOLSON (ts)
I was the one who discovered McCoy in Philadelphia when he was just 19 years old. I had the occasion to play with him then. What a surprise! I immediately hired him to be a member of the Art Farmer/Benny Golson newly formed Jazztet. He spent the following years becoming the giant he became to the ears and hearts of fans universally. His absence will leave a large vacant spot in the symbolic fabric of the music we lovingly call «jazz».
C’est moi qui ai découvert McCoy à Philadelphie alors qu’il n’avait que 19 ans. J’ai alors eu l’occasion de jouer avec lui. Quelle surprise! Je l’ai immédiatement embauché pour faire partie du Jazztet nouvellement formé Art Farmer/Benny Golson. Il a passé les années suivantes à devenir le géant qu’il est devenu universellement aux oreilles et aux cœurs des fans. Son absence laissera une grande place vide dans le tissu symbolique de la musique que nous appelons affectueusement «jazz».
Eddie GOMEZ (b)
McCoy Tyner was a powerful and generous artist who touched us all. It was always a great pleasure to record, perform, and spend time with him. He was a spiritual being!
McCoy Tyner était un artiste puissant et généreux qui nous a tous touchés. C’était toujours un grand plaisir d'enregistrer, de jouer et de passer du temps avec lui. C’était un être spirituel!
Eric GRAVATT (dm)
A great privilege to play with Saud. I commit to the Creator his faith, his trust and the culmination of his deeds. May the Creator grant him righteousness as a provision, forgive his sins and make it easy for him to attain good and virtue, wherever he may be.
Un grand privilège de jouer avec Saud. Je confie sa foi au Créateur, sa confiance et la grandeur de ses actes. Puisse le Créateur lui accorder la justice par avance, lui pardonner ses péchés et lui permettre d’atteindre facilement le bien et la vertu, où qu’il se trouve.
Benny GREEN (p)
McCoy Tyner has made some of the most universally influential contributions to Music for all time. His orchestral conception of the piano and his personalization of the vocabulary of Thelonious Monk, Bud Powell, Hank Jones, Tommy Flanagan, Horace Silver, Red Garland and Wynton Kelly, is something so wholly, captivatingly original and spiritually inviting, that most of the entire western world of music has in been somehow touched by his innovations. Championed by John Coltrane, McCoy’s original melodies hold the healing power of a tribal chant or incantation. McCoy is magic, he is with us forever.
McCoy Tyner a définitivement apporté l’une des contributions les plus universellement influentes à la musique. Sa conception orchestrale du piano et sa personnalisation du vocabulaire de Thelonious Monk, Bud Powell, Hank Jones, Tommy Flanagan, Horace Silver, Red Garland et Wynton Kelly, est quelque chose de si totalement captivant, original et spirituellement ouvert, que la quasi-totalité du monde de la musique occidentale a été en quelque sorte touchée par ses innovations. Distingué par John Coltrane, les mélodies originales de McCoy possèdent le pouvoir de guérison d’un chant tribal ou d’une incantation. McCoy est magique, il est avec nous pour toujours.
Darryl HALL (b)
Thank you for allowing me to share some thoughts on McCoy Tyner, a native Philadelphian like me. He was one of the greatest and best pianists in the history of jazz, a true (pure) jazz pianist in the style of Art Tatum or Hank Jones, where he did not need to studying classical music to achieve technique and a jazz sound. Thanks to his knowledge of jazz music and its culture, he was able to develop his own modern style which gave him a unique voice. From his left hand root and fifth peddles to his pentatonic permutations, his sound was very powerful, personal and identifiable. He has influenced a host of pianists including Harold Mabern, Chick Corea, Mulgrew Miller and Eric Lewis to name a few. I have had the good fortune to meet Mr. McCoy Tyner on several occasions but unfortunately I have never had the good fortune to play with him. When I think of how great his talent was, he always maintained a very gentle and humble disposition. It was an extension of his deep inner spirit. Coincidentally, Hank Jones, Mulgrew Miller, James Williams, Geri Allen, Donald Brown and Jim Ridl are some of my favorite pianists I have worked with who have also always shown humility in themselves but revered the music at the highest level. If you haven’t discovered Mr. Tyner’s music beyond the famous John Coltrane Quartet, you should discover some of his many recordings. Check out Inception, Expansions, Inner Voices, Nights of Ballads and Blues and Land of Giants to get started! An American original! Thank you Mr. McCoy Tyner and rest in peace!
Merci de m’avoir permis de partager quelques réflexions sur McCoy Tyner, un Philadelphien de naissance comme moi. Il était l’un des plus grands et des meilleurs pianistes de l’histoire du jazz, un vrai (pur) pianiste de jazz dans le style d’Art Tatum ou d’Hank Jones, alors qu’il n’a pas eu besoin d’étudier la musique classique pour atteindre une technique et un son jazz. Grâce à sa connaissance de la musique de jazz et de sa culture, il a pu développer son propre style, moderne, qui lui a donné une voix unique. Avec sa main gauche, la fondamentale et la quinte jusqu’à ses permutations pentatoniques, son son était très puissant, personnel et identifiable. Il a influencé une foule de pianistes dont Harold Mabern, Chick Corea, Mulgrew Miller et Eric Lewis pour n’en nommer que quelques-uns. J’ai eu la chance de rencontrer Mr. McCoy Tyner à plusieurs reprises, mais malheureusement je n’ai jamais eu la bonne fortune de jouer avec lui. Quand je pense à quel point son talent était grand! Il a toujours eu une attitude très douce et humble. C’était une extension de la profondeur intérieure de son esprit. A ce sujet, Hank Jones, Mulgrew Miller, James Williams, Geri Allen, Donald Brown et Jim Ridl sont quelques-uns des pianistes que je préfère, avec lesquels j’ai travaillé, et qui ont également toujours fait preuve d’humilité tout en vénérant la musique au plus haut niveau. Si vous n’avez pas écouté la musique de Mr. Tyner au-delà du célèbre John Coltrane Quartet, vous devriez découvrir certains de ses nombreux enregistrements. Découvrez Inception, Expansions, Inner Voices, Nights of Ballads and Blues et Land of Giants pour commencer! Un authentique Américain! Merci Mr. McCoy Tyner et reposez en paix!
Connie HAN (p)
McCoy Tyner’s passing marked one of the saddest days of my musical life. I feel ill-equipped to pay a proper verbal tribute to my greatest influence and unparalleled jazz piano giant. Though known for his pioneering take-no-prisoners approach at the piano, McCoy was supremely musical above all and was equally versed in elegant lyricism as he was in hard-driving and innovative rhythm. This has been a heavy wake-up call for me: he was one of the last living legends from the post-bop jazz mythos that has shaped my character and soul.
Le décès de McCoy Tyner a marqué d’une pierre l’un des jours les plus tristes de ma vie musicale. Je me sens mal outillée pour rendre un véritable hommage à ma plus grande influence et à un géant hors pair du piano jazz. Connu pour son approche du piano pionnière et sans contrainte, McCoy était avant tout suprêmement musical, avec un lyrisme élégant, un rythme très solide et innovant. Cela a été un douloureux réveil matinal pour moi: il était l’une des dernières légendes vivantes de la mythologie jazz post-bop qui a façonné ma personnalité et mon âme.
Herbie HANCOCK (p)
McCoy’s passing is a tremendous loss to the jazz community and to the entire music world. When he first appeared on the jazz scene at a such an early age, he quickly became a major force who influenced jazz pianists of all ages, including me, Chick Corea and a host of others. I personally feel like I lost a brother. His talent as a pianist and composer is an eternal gift to the world that will never die.
Le décès de McCoy est une perte énorme pour la communauté du jazz et pour le monde musical tout entier. Lorsqu’il est apparu pour la première fois sur la scène jazz à un si jeune âge, il est rapidement devenu une force majeure qui a influencé les pianistes de jazz de tous âges, dont moi, Chick Corea et une foule d’autres. J’ai personnellement l’impression d’avoir perdu un frère. Son talent de pianiste et de compositeur est un cadeau éternel au monde qui ne mourra jamais.
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Billy HARPER (ts, ss, fl) McCoy was an «old wise man» in a young man’s body. Ha-ha… that’s how I perceived him. I got the opportunity to know him a bit when he was with Art Blakey and I was in the group. We often told a few jokes (as musicians do), but he seemed to be very focused (as if he knew he had a message to deliver). And he definitely had «that» to deliver. We didn’t speak much about spirituality, but sometimes it felt as though I was in church, being around him. He would often not lead the conversation, but join in with loads of information from his personal experiences. Musically, he added «ump-teen» (old, back-home expression). Amounts of knowledge and inspiration to many, many musicians. The way he heard the voicing of «fourth-sounding chords» propelled a momentum of curiosity and excitement for many pianists, and musicians in general. I was so lucky to have had him grace my presence in this lifespan.
McCoy était un «vieux sage» dans le corps d’un jeune homme. Ha-ha… c’est ainsi que je l’ai perçu. J’ai eu l’occasion de le connaître un peu quand il était avec Art Blakey et que j’étais dans le groupe. Nous racontions souvent quelques blagues (comme le font les musiciens), mais il semblait très concentré (comme s’il savait qu’il avait un message à transmettre). Et il avait définitivement «ça» à transmettre. Nous ne parlions pas beaucoup de spiritualité, mais parfois j’avais l’impression d’être à l’église, en sa présence. Il ne dirigeait pas souvent la conversation, mais il apportait de nombreuses informations issues de ses expériences personnelles. Musicalement, il a ajouté «tant-et-plus» (expression ancienne de chez moi). Beaucoup de connaissances et d’inspiration pour de très nombreux musiciens. La façon dont il entendait les voicings «de quarte» a généré un élan de curiosité et d’excitation pour de nombreux pianistes et pour les musiciens en général. J’ai eu tellement de chance de l’avoir côtoyé au cours de cette vie.
McCoy Tyner, Martigues, 1986 © Ellen Bertet
Who knows just when, Qui sait juste quand,
one’s life is bound to end, sa vie est appelée à se terminer,
perhaps it’s written in the stars. c’est peut-être écrit dans les étoiles.
Some of us learn to live Certains d’entre nous apprennent à vivre
and cherish every breath et chérissent chaque souffle
fulfilling dreams. réalisant des rêves.
bringing beauty to the scene... apportant de la beauté à la scène...
Such was his life, Telle était sa vie,
so short but oh so strong. si courte mais oh si forte.
he filled our hearts. il a rempli nos cœurs.
with a song, avec une chanson,
and gave us oh such joy et nous a donné oh une telle joie
just with his precious gift. juste avec son précieux cadeau.
It’s not goodbye but so long. ce n’est pas adieu mais à bientôt.
we will meet again, nous nous reverrons,
it’s not goodbye but so long... ce n’est pas adieu mais à bientôt...
Louis HAYES (dm) McCoy will be greatly missed, but his legendary music will live on to inspire us forever. I am so honored to have made great music with him.
McCoy nous manquera beaucoup, mais sa musique légendaire continuera de nous inspirer pour toujours. Je suis tellement honoré d’avoir fait de la grande musique avec lui.
Eddie HENDERSON (tp, flh) McCoy was a hero to me. I was blessed to be able to play with his big band, sextet and record with the big band. It was an experience beyond belief. McCoy has left an immense hole that will be hard to fill. I will truly miss him.
McCoy était un héros pour moi. J’ai eu la chance de pouvoir jouer avec son big band, son sextet et d’enregistrer avec le big band. Ce fut une expérience incroyable! McCoy a laissé un immense vide qui sera difficile à combler. Il va vraiment me manquer.
Michele HENDRICKS (voc) Unfortunately, I didn’t know McCoy Tyner well. We’d say hello to each other when our paths crossed. He was always polite, always a gentleman. Class! He had a unique style, easily identifiable. When he played, you knew who was playing. The independence of his hands was amazing. He’d have these amazing riffs going with one hand and incredible percussive and rhythmic accents going with the other. McCoy Tyner was one of the greats. He will be sorely missed.
Malheureusement, je ne connaissais pas bien McCoy Tyner. Nous nous disions bonjour lorsque nos chemins se croisaient. Il était toujours poli, toujours un gentleman. La classe! Il avait un style unique, facilement identifiable. Quand il jouait, vous saviez que c’était lui. L’indépendance de ses mains était incroyable. Il jouait des riffs formidables avec une main et des accents percutants et rythmiques incroyables avec l’autre. McCoy Tyner était l’un des géants. Il nous manquera beaucoup.
Vincent HERRING (as) McCoy Tyner has been a source of inspiration for me and all of my musical friends. I recently had a painting of McCoy made. It hangs over my piano in the center of my living room. In my lifetime I missed hearing Louis Armstrong, Charlie Parker and Clifford Brown, and a number of other special artists. However, I am so grateful that I heard McCoy Tyner!
McCoy Tyner a été une source d’inspiration pour moi et tous mes amis musiciens. J’ai récemment fait réaliser une peinture de McCoy. Elle trône sur mon piano au centre de mon salon. Au cours de ma vie, je n’ai pas pu écouter Louis Armstrong, Charlie Parker et Clifford Brown, et un certain nombre d’autres artistes spéciaux. Cependant, je suis tellement reconnaissant d’avoir entendu McCoy Tyner!
Bertha HOPE-BOOKER (p) Lightning in the right hand and thunder in the left is what McCoy Tyner’s playing brought to the piano. His harmonic architecture of chords changed the way pianists used that structure. He influenced a whole generation of musicians with his forward thinking, modal and pentatonic expressions. He was a powerful messenger and could envelope you immediately in his passion. His contributions to African American Classical music will be preserved studied and emulated by musicians for decades.
La foudre dans la main droite et le tonnerre dans la gauche, voilà ce que le jeu de McCoy Tyner a apporté au piano. Son architecture harmonique d’accords a changé la façon des pianistes d’utiliser cette structure. Il a influencé toute une génération de musiciens avec ses expressions visionnaires, modales et pentatoniques. Il était un puissant messager, et pouvait vous envelopper immédiatement de sa passion. Ses contributions à la musique classique africaine américaine seront préservées, étudiées et serviront de modèle aux musiciens pendant des décennies.
Ahmad JAMAL (p) I have known McCoy for many years!!! We shared memorable moments together with our families. He was given a rare gift that will endure forever.
Je connais McCoy depuis de nombreuses années!!! Nous avons partagé des moments mémorables avec nos familles. Il a reçu un don rare qui durera éternellement.
Sheila JORDAN (voc) Unfortunately I never had the opportunity to work with McCoy Tyner. McCoy was a very special player with passion and dedication to this wonderful music of Jazz. He will be sorely missed by all.
Je n’ai hélas jamais eu l’occasion de travailler avec McCoy Tyner. McCoy était un musicien très important, qui avait une passion et un dévouement pour cette merveilleuse musique de jazz. Il manquera beaucoup à tous.
David KIKOSKI (p) McCoy is one of my biggest influences and his piano playing changed my musical life forever. McCoy and I played opposite each other at Madarao Festival in Japan in early 2000. That was a great honor for me as he is one of my all-time heroes. Unfortunately, I was in a cast all the way up to my shoulder and McCoy was gently teasing me about that saying: «How’s your chop today?» He was a very spiritual man. The king is gone but his spirit will live on forever.
McCoy est l’une de mes plus grandes influences et son jeu au piano a changé ma vie musicale pour toujours. McCoy et moi avons joué face à face au Festival de Madarao au Japon au début de 2000. C’était un grand honneur pour moi car il est l’un de mes héros de tous les temps. Malheureusement, j’étais dans le plâtre jusqu’à l’épaule et McCoy me taquinait gentiment à ce sujet en disant: «Comment se porte ta technique aujourd’hui?» C’était un homme très spirituel. Le roi est parti, mais son esprit vivra toujours.
Karin KROG (voc) There’s no doubt that McCoy created his own special sound -a sound which is almost as much a defining element of Coltrane’s quartet as that of Coltrane himself. He created a style of accompaniment for Trane’s modal explorations which is still an influence on pianists today. But it was not just his playing on the driving up-tempo pieces that made him so special. Just listen to his exquisite ballad accompaniment work on the John Coltrane and Johnny Hartman album which reveals the depth and range of his skills. McCoy was truly one of a kind and will be sadly missed.
Il ne fait aucun doute que McCoy a créé un son personnel, très singulier -un son qui est presque autant un élément déterminant du quartet de Coltrane que de Coltrane lui-même. Il a créé un style d’accompagnement pour les explorations modales de Trane qui influence encore les pianistes aujourd’hui. Mais ce n’était pas seulement son jeu sur les morceaux en tempo rapide qui le rendait si unique. Écoutez simplement son accompagnement de ballade exquis sur l’album de John Coltrane et Johnny Hartman qui révèle la profondeur et la gamme de ses compétences. McCoy était vraiment exceptionnel, et il nous manquera beaucoup.
Azar LAWRENCE (ts) Night after night for over five years I stood next to McCoy Tyner, a musical giant who was so caring and powerful in his convictions toward healing humanity and we set out to do that every night with our music.
Nuit après nuit pendant plus de cinq ans, je me tenais près de McCoy Tyner, un géant musical qui était très attentionné et puissant dans ses convictions de guérir l’humanité, et nous avons décidé de faire ça tous les soirs avec notre musique.
Hubert LAWS (fl) I have often been asked who was my favorite flute player... Answer? My inspiration has come from pianists, not flutists and of those the big 3 have been McCoy Tyner, Chick Corea and Herbie Hancock. McCoy told me that of all his recordings, his favorite was Fly with the Wind. What an honor when McCoy invited me to be part of that project! His spirit truly remains now by flying with the wind.
On m’a souvent demandé qui était mon joueur de flûte préféré... Réponse? Mon inspiration est venue des pianistes, pas des flûtistes et de ceux-là, les 3 grands étaient McCoy Tyner, Chick Corea et Herbie Hancock. McCoy m’a dit que de tous ses enregistrements, son préféré était Fly With the Wind. Quel honneur quand McCoy m’a invité à faire partie de ce projet! Son esprit vole vraiment maintenant avec le vent.
Victor LEWIS (dm) McCoy came to University of Nebraska, Lincoln, twice when I was a student there. In between his visits, a new recital hall was built including a new Steinway 9-foot grand piano. I saw that at the sound check that they had rolled out the old piano for McCoy to play. But when he started to play, the three piano professors who came to check him out were blown away! They stopped the sound check and rolled the old piano off and the new piano on!! Law and Order, but for McCoy who was unbeknownst to being chumped off, it was another day at the office. The REAL McCOY!!!
McCoy est venu à deux reprises à l’Université du Nebraska, à Lincoln, lorsque j’étais étudiant là-bas. Entre ses venues, une nouvelle salle de récital a été construite et comprenait un Steinway neuf de 9’ (97 touches au lieu de 88). A la balance, j’ai vu que le vieux piano avait été sorti. Mais quand McCoy s’est mis à jouer, les trois professeurs de piano venus l’entendre ont été époustouflés! Ils ont arrêté la balance et remplacé le vieux piano par le neuf!! Law and order, mais pour McCoy, qui ne savait pas qu’il s’était fait escroquer, c’était la routine. The REAL McCOY !!!Kirk LIGHTSEY (p) One day in Chicago, at a hotel downtown where we were both staying, McCoy Tyner and I met at the drink machine. And I said: «I know you! You’re McCoy Tyner». He said «Yeah», he was very soft spoken. He was there with Benny Golson, and I was there with O.C. Smith. And from that day, we became buddies. We saw each other a few more times before we both left Chicago, and he heard me and I heard him, and we both talked about how we liked each other’s playing. Years later, the next time I heard him he was with John Coltrane and I had move to New York. He was playing one night at Slugs’ with a different band. And he and I met outside after the gig and had quite a discussion I don’t know what about, Slugs’, music, playing with Trane and what an experience it was for him. He was just such a soft nice guy and everytime we saw each other, it was just a friendship with few words but deep feelings. At one festival I can remember, McCoy and his group played before Dexter and me. McCoy and I talked before, and I said: «McCoy, can we play before you because I don’t know if we can follow you? » He said: «Oh, don’t think about it, plus I have to go on right now.» And he went on and just burned it up and when he came off, he came over to me and said: «Well, you’re next.» So, I said: «Mc Coy, how do I follow you with that bad shit you’re playing, what do you suggest?». He said: «Just go on up there and hit, do what you do!» And that’s what I did. When the band came off the stage, he came over to me and said: «See?»
Un jour à Chicago, dans un hôtel du centre-ville où nous logions tous les deux, McCoy Tyner et moi nous sommes rencontrés au distributeur de boissons. Et j’ai dit: «Je te connais! T’es McCoy Tyner.» Il a dit: «Ouais», d’une voix très douce. Il était là avec Benny Golson, et j'étais là avec O. C. Smith. A partir de ce jour, nous sommes devenus copains. Nous nous sommes revus plusieurs fois avant de quitter Chicago. Il m’a entendu jouer et je l’ai entendu jouer, et nous avons parlé de ce que nous appréciions dans le jeu de l’autre. Des années plus tard, la fois suivante où je l’ai entendu, il était avec John Coltrane, et je vivais à New York. Il jouait un soir au Slugs’ avec un groupe différent. Et nous nous sommes retrouvés dehors après le concert, et avons eu toute une discussion. Je ne me souviens plus de quoi il s’agissait, Slugs’, la musique, jouer avec Trane et ce que cela a été pour lui. C'était juste un gars gentil et doux. Chaque fois que nous nous voyions, c'était juste de l’amitié avec peu de mots mais des sentiments profonds. Lors d’un festival dont je me souviens, McCoy et son groupe ont joué avant Dexter et moi. McCoy et moi avons parlé avant, et j’ai dit: «McCoy, on peut jouer avant vous parce que je ne sais pas si nous pourrons vous suivre? » Il a dit: «Oh, n'y pense pas. Je dois jouer maintenant.» Il est parti et a joué du feu de Dieu. A la fin, il est venu vers moi et m’a dit: «Bon, c’est à toi.» Alors je lui ai dit: «McCoy, comment vais-je pouvoir te succéder avec ton jeu du tonnerre? Que me conseilles-tu?» Il m’a dit: «Monte sur scène et cogne. Fais ce que tu sais faire!» Et c’est ce que j’ai fait. Quand le groupe est sorti de scène, il est venu vers moi et m’a dit: «Tu vois?»
Charles LLOYD (ts) McCoy Tyner was a serious and profound explorer, who gave the music so much depth with his rhythmic power and harmonic concept. One of the highlights in my years of making music was in 1992 when JVC Jazz Festival decided to present two concerts in tribute to John Coltrane. One in New York City at Carnegie Hall and the other in Philadelphia at the Academy of Music. I was invited to perform with McCoy and Elvin. I was extremely reluctant to perform with them and play Trane’s music. But when Alice told Dorothy that «John would love to hear Charles play his own compositions», I agreed to do it. McCoy and I are born in the same year, 1938, and we had known each other for decades. Our pathways were often parallel and it was a great joy when they converged for these two concerts. We reminisced about the years and evolution of the music. As we were in the dressing room waiting to go on stage in Philly discussing a young musician, he turned to me and said: «When you and I were coming up, we had to bake the cake. Now they get it out of a box.» We shared two magnificent nights together at the Academy of Music and Carnegie Hall - they are permanently engraved in my heart and being. And to have Elvin there, as well, was a zenith. RIP dear brother.
McCoy Tyner était un explorateur sérieux et pénétrant qui donnait à la musique beaucoup de profondeur avec sa puissance rythmique et son concept harmonique. L’un des temps forts de ma vie musicale a été en 1992 lorsque le JVC Jazz Festival a programmé deux concerts en hommage à John Coltrane. L’un à New York, à Carnegie Hall. L’autre à Philadelphie, à l’Académie de Musique. J’étais invité à jouer avec McCoy et Elvin. J’étais extrêmement réticent à me produire avec eux et à jouer la musique de Trane. Mais quand Alice a dit à Dorothy que « John adorerait entendre Charles jouer ses propres compositions », j’ai accepté. McCoy et moi sommes nés la même année, en 1938, et nous nous connaissions depuis des décennies. Nos parcours étaient souvent parallèles, et ce fut une grande joie lorsqu’ils ont convergé pour ces deux concerts. Nous avons évoqué le passé et l’évolution de la musique. Alors que nous étions dans la loge, attendant de monter sur la scène de Philly, nous discutions d’un jeune musicien puis il s’est tourné vers moi et m’a dit: «Quand toi et moi débutions, nous devions faire cuire le gâteau. Aujourd’hui, c’est du tout cuit.» Nous avons partagé deux magnifiques soirées ensemble à l’Académie de Musique et à Carnegie Hall. Elles sont gravées à jamais dans mon cœur. Et qu’Elvin soit là aussi, c’était le summum. Repose en paix, cher frère.
Jan LUNDGREN (p) McCoy Tyner was without question one of the most important voices in jazz. His sound and power was unbelievable and immediately recognizable. To me he meant everything, especially when I was 15-25,and I will always love his magic.
McCoy Tyner était sans conteste l’une des voix les plus importantes du jazz. Son son et sa puissance étaient incroyables et immédiatement reconnaissables. Pour moi, il signifiait tout, surtout quand j’avais 15-25 ans, et j’aimerai toujours sa magie.
Carmen LUNDY (voc) The sound of McCoy’s piano has left an imprint in my heart forever. McCoy’s comping on the classic recording of John Coltrane’s My Favorite Things is an iconic example of modern jazz piano.
Le son du piano de McCoy a laissé une empreinte dans mon cœur pour toujours. L’accompagnement de McCoy sur l’enregistrement classique My Favorite Things de John Coltrane est un exemple emblématique du piano jazz moderne.
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McCoy Tyner, Anvers, 23 octobre 1990 © Jacky Lepage
Roberto MAGRIS (p) As for McCoy Tyner... yes I was very touched by his passing as he was my hero. I had only one chance to meet him, at a festival when I was scheduled to perform immediately after him but I was too shy to say something like «Nice to meet you.» I had too many things to ask and tell him that I remained a step back. I think he is the father of all the modern jazz pianists. Nobody, after he made his first recordings with Coltrane, can say not to be immediately influenced nor inspired by him. For example, I mention just one (great) name: Hampton Hawes. Before him, the jazz pianists were still in the orbit of Bud Powell. After him, the jazz pianists had a new planet as a reference. In my knowledge nobody sounded like Tyner before him and I consider him a genuine innovator. This was obvious to me when I listened, as a jazz kid, the Coltrane’s album Giant Step and other with Wynton Kelly and Tommy Flanagan on piano and compared to the ones with Tyner on piano: a completely different story and a completely different musical world, from a jazz pianist point of view. I also liked the figure of Tyner as a peaceful and spiritual human being (I got this also via bassist Art Davis) and I enjoyed also his musical paths after the Coltrane period, his Milestone albums and until the most recent periods. The quality and inspiration of his music and piano mastership remained at the highest levels, even if he went (why?) quite out from the main spotlights. If I think to some «magic» Tyner’s moments roughly coming to my mind... I’d mention «Time for Tyner», «Theme for Nana» from the album Focal Point, «For Tomorrow» from Inner Voices, or the beautiful album Prelude and Sonata, which I consider one of his best. But my secret jewel is Tyner’s solo in the song «Oriental Flower» from Illumination!, the obscure (?) album by Elvin Jones and Jimmy Garrison: in that solo I can find at the best the essence of his pianism, artistry and (musical and spiritual) message. If you have a chance, check it out and I’m sure you’ll understand what I mean. A propos de McCoy Tyner... Oui, j’ai été très touché par son décès, car il était mon héros. Je n’ai eu qu’une seule fois la chance de le rencontrer, lors d’un festival où je devais me produire juste après lui, mais j’étais trop timide pour dire quelque chose comme: «ravi de vous rencontrer.» J’avais tellement de choses à lui demander et à lui dire, que je suis resté en retrait. Je pense qu’il est le père de tous les pianistes de jazz moderne. Personne, après qu’il ait réalisé ses premiers enregistrements avec Coltrane, ne peut dire qu’il n’a pas été directement influencé ou inspiré par lui. Par exemple, je cite un seul (grand) nom: Hampton Hawes. Avant lui, les pianistes de jazz étaient toujours dans l’orbite de Bud Powell. Après lui, les pianistes de jazz ont eu une nouvelle planète comme référence. A ma connaissance, personne ne sonnait comme Tyner avant lui, et je le considère comme un véritable innovateur. C’était évident pour moi quand j’écoutais, en tant qu’enfant du jazz, l’album Giant Steps de Coltrane et d’autres avec Wynton Kelly et Tommy Flanagan au piano, et que je les comparais à ceux avec Tyner au piano: une histoire complètement différente et un monde musical complètement différent, du point de vue d’un pianiste de jazz. J’ai également aimé la figure de Tyner en tant qu’être humain, paisible et spirituel –j’ai aussi ressenti cela avec le bassiste Art Davis– et j’ai également apprécié ses chemins musicaux après la période Coltrane, ses albums Milestone et jusqu’aux périodes les plus récentes. La qualité et l’inspiration de sa musique, sa maîtrise du piano sont restées au plus haut niveau, même s’il n’était pas –pourquoi?– sous les projecteurs. Si je pense à certains moments «magiques» de Tyner qui me viennent d’emblée à l’esprit ... je mentionnerais «Time for Tyner», «Theme for Nana» de l’album Focal Point, «For Tomorrow» d’Inner Voices, ou le bel album Prelude and Sonata que je considère comme l’un de ses meilleurs. Mais mon joyau secret est le solo de Tyner sur le thème «Oriental Flower» de Illumination!, l’album méconnu (?) d’Elvin Jones et Jimmy Garrison: dans ce solo, je peux trouver l’essence de son jeu de piano, de son talent artistique et de son message (musical et spirituel). Si vous en avez l’occasion, écoutez-le et je suis sûr que vous comprendrez ce que je veux dire.
René MARIE (voc) It’s always difficult when the voice of a jazz giant is silenced, but the death of McCoy Tyner feels… personal. His musical voice was instantly recognizable, beloved by instrumentalists and vocalists alike. Listening to McCoy was always inspired me to think differently about the music, to approach the lyrical melody beyond the confines of conventional wisdom. I’m never tired of listening to him. Rest in peace, Mr. Tyner. Thank you for your gentle genius. You will be sorely missed.
C’est toujours difficile quand la voix d’un géant du jazz est réduite au silence, mais la mort de McCoy Tyner touche de manière… personnelle. Sa voix musicale était immédiatement reconnaissable, appréciée des instrumentistes et des chanteurs. Ecouter McCoy m’a toujours encouragé à penser la musique différemment, à aborder la mélodie lyrique au-delà des idées reçues. Je ne me lasse jamais de l’écouter. Reposez en paix, M. Tyner. Merci pour votre doux génie. Vous nous manquerez beaucoup.
Wynton MARSALIS (tp) (communiqué du 6 mars 2020) McCoy Tyner was one of our great American originals. His piano sound and style were unlike any other. Virtuosity and virtue, soul and sophistication, tenderness and thunder; all delivered with pinpoint accuracy and concentrated intensity. A composer, bandleader and performer of unquestionable authority, proficiency and integrity, there isn’t a quality pianist playing the music today who can’t reach for some «McCoy» in their sound (when they need him). With his passing, we have lost an entire world of irreplaceable information and experience. But with the passage of time, that universe will certainly enrich and redefine the foundation of our jazz DNA. He is already missed.
McCoy Tyner était l’un de nos grands Américains authentiques. Le son de son piano et son jeu ne ressemblaient à aucun autre. Virtuosité et vertu, âme et sophistication, tendresse et tonnerre; le tout livré avec une précision extrême et une intensité concentrée. Compositeur, chef d’orchestre et interprète d’une autorité, d’une compétence et d’une intégrité incontestables, il n’y a pas de pianiste de qualité qui joue la musique aujourd’hui sans toucher à quelque tournure «McCoy» dans leur sonorité (lorsqu’ils en ont besoin). Avec son décès, nous avons perdu un monde entier d’informations et d’expériences irremplaçables. Mais avec le temps, cet univers va certainement enrichir et redéfinir les fondements de notre ADN jazz. Il nous manque déjà.
Bennie MAUPIN (fl, ss, ts, bcl) The passing of my Great Mentor and friend, is indeed a major loss to the world of creative music. During the mid-60’s McCoy reached out to me and invited me to join his band. That invitation was truly a most significant turning point in my life and career. Example #1. Tender Moments. I am eternally appreciative for having had him to compassionately guide me. Through his musical wisdom, deep inspiration and courageous heart, he encouraged me to grow. May he Rest In Peace.
Le décès de mon Grand Mentor et ami, est en effet une perte majeure pour le monde de la musique créative. Au milieu des années 1960, McCoy m’a contacté et invité à rejoindre son groupe. Cette invitation a vraiment été un tournant décisif dans ma vie et ma carrière. Exemple n°1: Tender Moments. Je lui suis éternellement reconnaissant de m’avoir guidé avec compassion. Par sa sagesse musicale, son inspiration profonde et son courage, il m’a encouragé à grandir. Puisse-t-il reposer en paix.
McCoy Tyner, Martigues, 1986 © Ellen Bertet
Eric McPHERSON (dm) Mr. Tyner’s spiritual approach and musical contributions played a huge role in my early development and understanding of music. His creative spirit opened a door that gave life and inspiration to all music. He is an all-time pioneer!
L’approche spirituelle et les contributions musicales de Mr. Tyner ont joué un rôle énorme tôt dans mon apprentissage et ma compréhension de la musique. Son esprit créatif a ouvert une porte qui a donné vie et inspiration à toute la musique. C’est un pionnier de tous les temps!
Francisco MELA (dm) I never will forget the first time I met McCoy Tyner. It was at Yoshi’s jazz club in San Francisco, California. His management company put together this new quartet with Esperanza Spalding, Ravi Coltrane and myself. At the soundcheck, I saw McCoy Tyner for the first time and I was very nervous because he was a master of jazz. He said hello to everyone, but when he asked our names and he heard my accent he knew I was not American and that was when everything started to be against me. He asked me three time’s if I knew Elvin Jones and I responded yes. But he continued asking me and I got annoyed. Until Ravi Coltrane asked McCoy to let me play and McCoy started to smile at me. That was my first lesson with him: when I understood that McCoy was trying to teach me that in that chair used to be Elvin Jones. The reason I play avant-garde music today is because after a concert in Japan that I did not play very well or not give my 100 percent. McCoy knew that something was going. He called me to the backstage and asked what was wrong with me and said: «Do you know who you are playing with? You are playing with McCoy Tyner.» He also told me in the wisest tone: «FREE YOURSELF. WE PLAY MUSIC TO FREE OUR SOULS.» That was the most memorable experience with him: when he made me believe in myself. After that, I became a free player. In the ten years that I have worked with him he’s been my storyteller, my mentor, my teacher, and most of all my friend. I am very grateful for the amazing opportunities that I’ve had to play jazz with him and for being a great master. Thank you, my brother McCoy. I will always remember you.
Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai rencontré McCoy Tyner. C’était au club de jazz le Yoshi à San Francisco, en Californie. Son agent avait réuni ce nouveau quartet avec Esperanza Spalding, Ravi Coltrane et moi-même. A la balance, j’ai vu McCoy Tyner pour la première fois, et j’étais très nerveux parce c’est un maître du jazz. Il a salué tout le monde, mais quand il a demandé nos noms et qu’il a entendu mon accent, il savait que je n’étais pas américain, et c’est alors que tout a commencé à être contre moi. Il m’a demandé à trois reprises si je connaissais Elvin Jones, et j’ai répondu oui. Mais il a continué à me le demander, et je me suis énervé. Jusqu’à ce que Ravi Coltrane demande à McCoy de me laisser jouer et que McCoy commence à me sourire. C’était ma première leçon avec lui: quand j’ai compris que McCoy essayait de m’apprendre que sur cette chaise, il y avait eu Elvin Jones. La raison pour laquelle je joue de la musique d’avant-garde aujourd’hui, c’est un concert au Japon où je n’ai pas très bien joué où je n’ai pas donné 100% de mes capacités. McCoy savait que quelque chose se passait. Il m’a appelé dans les coulisses et m’a demandé ce qui n’allait pas, et il m’a dit: «Tu sais avec qui tu joues? Tu joues avec McCoy Tyner!» Il m’a également dit sur le ton le plus sage: «LIBÈRE-TOI. NOUS JOUONS DE LA MUSIQUE POUR LIBÉRER NOS ÂMES. » Ce fut l’expérience la plus mémorable avec lui: quand il m’a permis de croire en moi. Après cela, je suis devenu un musicien free. Pendant les dix ans où j’ai travaillé avec lui, il a été mon conteur, mon mentor, mon professeur et surtout mon ami. Je suis très reconnaissant pour les opportunités incroyables que j’ai eues de jouer du jazz avec lui et d’être devenu un grand maître. Merci, mon frère McCoy. Je me souviendrai toujours de toi.Roger MENNILLO (p) McCoy Tyner était un pianiste qui vivait le jazz… il le créait. Cela se sent dans son potentiel, sa densité, son discours. McCoy ne cherchait pas ailleurs, il disait ce qu'il vivait, son état d'âme, son état d'esprit et sa vie dans cette musique. Sa collaboration avec Coltrane a été essentielle. Coltrane lui laissait beaucoup de place, de longs chorus. Cette musique n’avait pas de secret pour lui puisqu'il la portait en lui. Je ne peux décrire l'émotion et le vide que laisse son départ.
Mc Coy Tyner was a pianist that lived jazz … he created it. This is felt in his potential, his density, his language. McCoy didn't look elsewhere, he said what he lived, the state of his soul, his state of mind and his life within this music. His collaboration with Coltrane was essential. Coltrane gave him plenty of space, the long choruses. This music didn’t have any secrets for him since he carried it in him. I cannot describe the emotion and the emptiness left by his departure. Philippe MILANTA (p) Le jeu de piano de McCoy Tyner a certainement été une influence sur mon propre jeu. En plus d’un système harmonique encore innovant au début des années 1960, c’est son articulation, sa fougue, son placement rythmique, son urgence d’expression au débit implacable qui emplissent son jeu. Une gravité émerge de cette urgence en ébullition, cela est remarquable!
McCoy’s piano playing has certainly been an influence on my own playing. More than a harmonic system still innovative in the begining of the 1960’s, it is his articulation, his enthusiasm, his rhythmic insertions, his urgent expression implacably withdrawn that fills his playing. A seriousness emerges from this boiling urgence, that is remarkable! Nicole MITCHELL (fl) McCoy transcended time. He held that modal agogo heartbeat in his left hand, while his right hand took flight into interstellar rhythmic equations that recalibrated the sound of modern jazz. My Favorite Things became a map that redefined us. McCoy will never leave us because he possesses the fingers of each serious pianist in the next generation since. It seems if you take the path to jazz piano mastery, first you got to channel McCoy’s pentatonic microrhythmic ascension. Fly with the Wind reveals his sunshine spirit, an optimistic environment for his virtuosticness on keys, enshrined in harp, strings and flute. With resilience and indelible melodies, Fly with the Wind fully celebrates the brilliant light of flutist Hubert Laws. That sound from that album will always be engraved in my music DNA.
McCoy transcendait le temps. Il gardait cette pulsation modale à gogo dans sa main gauche tandis que sa main droite s’envolait dans des équations rythmiques interstellaires qui réorientèrent le son du jazz moderne. My Favorite Things est une cartographie qui nous a redéfinis. McCoy ne nous quittera jamais parce qu’il possède les doigts de chaque pianiste sérieux de la prochaine génération. Il faut croire que si vous prenez le chemin de la maîtrise du piano jazz, vous devez d’abord comprendre l’ascension micro-rythmique pentatonique de McCoy. Fly with the Wind révèle son esprit lumineux, un environnement optimiste pour sa virtuosité sur les touches, qui s’inscrit dans la harpe, les cordes et la flûte. Avec résilience et des mélodies inoubliables, Fly with the Wind célèbre pleinement la lumière éclatante du flûtiste Hubert Laws. Le son de cet album sera gravé pour toujours dans mon ADN musical.
Charnett MOFFETT (b) McCoy Tyner, «Chief» as we called him at times, was truly a great man and had a lot of love for people. He also had great wisdom and used it for good. Yes, he was a human being like all of us who are not perfect, but McCoy kept it so real. I always felt like I was evolving just from being in his presence and it was a great honor, and a lot of fun, to support his musical concepts. His genius ability to transform music through time and space was an experience I will never forget. An original innovator, he changed the sound of the piano through swinging and using different forms of techniques, harmonies, melodies, and rhythms. His compositions were free in spirit yet detailed in form. His majestic character shone brightly every performance we did and he was always warm-hearted to his fans. It was an honor to have worked with him from 2000 to 2006, almost 7 years. The iconic status that he achieved in American music came from his dedication and devotion to his life of music. Spiritually, he is now «Flying with the Wind.»
McCoy Tyner, «Chef» comme nous l’appelions parfois, était vraiment un grand homme et avait beaucoup d’amour pour les gens. Il avait également une grande sagesse et l’utilisait pour de bon. Oui, c’était un être humain comme nous tous qui ne sommes pas parfaits, mais McCoy est resté si réel. J’ai toujours eu l’impression d’évoluer juste par sa présence et c’était un grand honneur et beaucoup de plaisir de soutenir ses concepts musicaux. Sa capacité de génie à transformer la musique à travers le temps et l’espace a été une expérience que je n’oublierai jamais. Innovateur original, il a changé le son du piano par le swing et en utilisant différentes formes de techniques, harmonies, mélodies et rythmes. Ses compositions libres dans l’esprit étaient toujours travaillées dans la forme. Sa personnalité majestueuse faisait briller chacun de nos concerts, et il était toujours chaleureux envers ses fans. Ce fut un honneur d’avoir travaillé avec lui de 2000 à 2006, près de 7 ans. Le statut emblématique qu’il a atteint dans la musique américaine vient de son engagement et de son dévouement à sa vie musicale. Spirituellement, il est maintenant «Flying with the Wind.»Ralph MOORE (ts) McCoy was like a profile in grace for me, a sort of quiet gentle giant. I remember one particular day traveling on a bus in Europe with the band. Freddie Hubbard had a cassette recording that someone had given him of our gig from the night before. McCoy asked the bus driver to play it on the system. We were listening and making comments. I mentioned that I didn’t like to listen to myself play. McCoy turned to me and said that it was a good thing to record the music and listen to yourself, because if you hear something in your playing that you like then you can practice and develop that thing. That’s what he used to do. There was something so caring in the way he said it. I was completely startled by his humility…
McCoy incarnait la grâce pour moi, une sorte de doux géant tranquille. Je me souviens d’un jour en particulier voyageant dans un van en Europe avec le groupe. Freddie Hubbard avait une cassette audio de notre concert de la veille, que quelqu’un lui avait donné. McCoy a demandé au chauffeur de bus de la passer. On écoutait, on faisait des commentaires. J’ai dit que je n’aimais pas m’écouter. McCoy s’est tourné vers moi, m’a dit qu’il était bon d’enregistrer la musique et d’écouter son jeu, parce que si on entend quelque chose qu’on aime, on peut s’exercer et l’améliorer. C’est ce qu’il faisait. Sa façon de le dire était si attentionnée. Son humilité m’a stupéfié… Amina Claudine MYERS (p) McCoy Tyner, a Master of the Piano and very creative, was one of the first pianists that inspired me when I heard him around the sixties playing with Coltrane. His improvisations of modal, chord formations and melodic runs were admired by me. He elevated and opened up the music ascending it to a higher realm, making the music even more exciting. I met him only once and spoke with him, thinking that I would be on a festival with him. Although that was never to be, he was a warm and friendly artist to speak with. McCoy Tyner will be remembered as an innovator and one of the great musicians in my lifetime.
McCoy Tyner, un Maître du Piano et très créatif, a été l’un des premiers pianistes qui m’a inspiré quand je l’ai entendu vers les années 1960 jouer avec Coltrane. J’admirais ses improvisations modales et son jeu mélodique. Il a élevé et ouvert la musique en l’élevant à une dimension supérieure, rendant la musique encore plus vibrante. Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois, et je lui ai parlé, pensant que je serais en festival avec lui. Bien que cela ne soit jamais arrivé, c’était un artiste chaleureux et amical avec qui parler. McCoy Tyner restera dans les mémoires comme un innovateur et l’un des grands musiciens de ma vie.
McCoy Tyner, Anvers, 23 octobre 1990 © Jacky Lepage
Junko ONISHI (p) It is not too much to say that there are no pianists in the whole world who are not influenced by McCoy Tyner. Of course, I am a huge fan of him and I have been studying, copying a lot of his performances, including his CDs, as well as Bootlegs. The first time I met him was when I was playing as a sideman for Joe Henderson at a small concert hall. Joe purposely did not tell me that McCoy was in the audience at the time, and Joe called me out to play «Passion Dance». I was very surprised when I met McCoy himself after the show in the dressing room but he was a kind person to even praise me superlatively. Even after, I had a chance to meet him several times at jazz festivals, I still got shy and happy when we talked about my story of «Passion Dance». It has always been a great encouragement for my career and life, and it will always be. He was the greatest pianist ever. I pray for his soul. May he rest in peace.
Ce n’est pas trop de dire qu’il n’y a pas de pianistes dans le monde entier qui ne soient influencés par McCoy Tyner. Je suis évidemment une grande fan, et j’ai étudié, copié beaucoup de ses performances, y compris ses CDs et ses Bootlegs. La première fois que je l’ai rencontré, c’était quand je jouais en sideman pour Joe Henderson dans une petite salle de concert. Joe avait délibérément omis de me dire que McCoy était dans le public, et il a attaqué «Passion Dance». J’ai été très surprise lorsque j’ai rencontré McCoy après le concert, dans la loge. Il a été très gentil, au point de me faire de très beaux compliments. J’ai eu la chance de le revoir plusieurs fois lors de festivals de jazz. J’étais toujours intimidée et heureuse lorsque nous évoquions mon histoire de «Passion Dance». Cela a toujours été un grand encouragement pour ma carrière et ma vie, et le sera toujours. Il était le plus grand pianiste de tous les temps. Je prie pour son âme. Qu’il repose en paix. Jimmy OWENS (tp, flh) Back in 1966, I was on a tour to Japan with Art Blakey, Elvin Jones, Tony Williams, McCoy Tyner, Ben Tucker and Wayne Shorter. I recall on one concert McCoy played a solo version of «Have You Met Miss Jones?». It was great and to this day 55 years later I still remember how he just filled everyone’s hearts with that performance. McCoy was a wonderful musician that made each note felt by each person listening. We performed together a number of times over the years and I would see him at some of the National Endowment for the Arts Jazz Masters awards gatherings.
En 1966, j’étais en tournée au Japon avec Art Blakey, Elvin Jones, Tony Williams, McCoy Tyner, Ben Tucker et Wayne Shorter. Je me souviens d’un concert où McCoy a joué une version solo de «Have You Met Miss Jones?». C’était magnifique! Et, à ce jour, 55 ans plus tard, je me souviens encore comment il a simplement rempli le cœur de tout le monde avec cette performance. McCoy était un merveilleux musicien qui faisait ressentir chaque note à chaque spectateur. Nous avons joué ensemble à plusieurs reprises au fil des ans, et je le voyais à certaines remises de prix du National Endowment for the Arts Jazz Masters.
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William PARKER (b) I would often sit and listen to McCoy Tyner, playing with Coltrane. He was driving and pushing the music right out the box with his strong no-nonsense piano playing. He was one of my heroes. Inside the music, he seemed a quiet freedom fighter. McCoy took us back to the pyramids, conjuring images of African villages. When his left hand touched the piano, he was opening the chains of slavery and Jim Crow. He inspired all of us who could hear his sound. I will miss McCoy Tyner.
Je m’asseyais souvent pour écouter McCoy Tyner jouer avec Coltrane. Il dirigeait la musique et la poussait hors des sentiers battus avec son jeu de piano puissant et sans fioritures. Il était l’un de mes héros. A l’intérieur de la musique, il semblait un combattant silencieux de la liberté. McCoy nous a ramenés aux pyramides, évoquant des images de villages africains. Lorsque sa main gauche touchait le piano, il brisait les chaînes de l’esclavage et de Jim Crow. Il a inspiré tous ceux qui pouvaient entendre sa voix musicale. McCoy Tyner me manquera.
Jeremy PELT (tp) McCoy’s music and playing was other –wordly, which made it all the much harder for me to perceive of someone with that much depth to be such a warm soul. Above all the lessons learned through his mastery, I learned that humility is essential to achieve greatness.
La musique et le jeu de McCoy étaient au-delà des mots, ce qui rendait encore plus difficile pour moi de percevoir quelqu’un avec autant de profondeur possédant une âme si chaleureuse. Au-delà de toutes les leçons apprises grâce à sa maestria, j’ai appris que l’humilité est essentielle pour atteindre la grandeur.
Ralph PETERSON (dm) I had the privilege of playing with Mr. Tyner 3 times in my career. Twice in Japan at jazz festivals and once in NYC at the Blue Note during their 19th anniversary celebration while serving as a stand in for Elvin Jones. I also spent many hours listening to him at Sweet Basil. I would hang on every word as he talked to Avery Sharpe and Aaron Scott about the art of tension and release. So many of his recordings were game changers for the way I heard and ultimately play music even today. The Real McCoy, Inception, Quartets 4x4 and Supertrios are but a few of the records that have had a deep and permanent impact on me and many others. He was a singularity, an original voice that emerged and extended the vocabulary of not only the piano but music around the world. J’ai eu le privilège de jouer avec M. Tyner trois fois dans ma carrière. Deux fois au Japon, dans des festivals de jazz, et une fois pour remplacer Elvin Jones au Blue Note, à New York, pour le 19e anniversaire du club. J’ai également passé des heures à l’écouter au Sweet Basil. J’étais suspendu à ses lèvres quand il parlait à Avery Sharpe et Aaron Scott de l’art de la tension et de la libération. Nombre de ses enregistrements ont changé la donne pour la façon dont j’ai entendu et joué de la musique en fin de compte, même aujourd’hui. The Real McCoy, Inception, Quartets 4x4 et Supertrios ne sont que quelques-uns des disques qui ont eu un impact profond et permanent sur moi et sur bien d’autres. Il était une voix originale et singulière qui a étendu le vocabulaire non seulement du piano mais de la musique à travers le monde.
Roberta PIKET (p) It’s no exaggeration to say that McCoy Tyner was one of the most influential jazz pianists to have ever lived. His influence is heard in almost every jazz pianist to come after. In his early records such as Inception, his bebop mastery, his signature light but percussive touch and his perfect swinging time are present. His solo on the minor blues title track should be learned by all pianists. But you can also hear him developing what would become his unique and incredibly influential vocabulary. This is what stands out most in my mind about McCoy – he doesn’t sound like anyone else. There are a few other McCoy recordings that I find particularly memorable. His ballad playing on John Coltrane and Johnny Hartman profoundly influenced my approach to ballads, both as an accompanist and soloist. Listen to his solo on the incomparable track, «You Are Too Beautiful». It’s swinging and rhythmically propulsive, yet very light and flowing at the same time. He sensitively elaborates the melody, rather than obliterating it. Of course, The Real McCoy, which includes classics such as «Passion Dance» (another piano solo which every piano student should master) and «Contemplation», is seminal. Again, it doesn’t sound like anyone else’s music, while still coming from the tradition. I remember buying an 8-track tape (!) in the early 80’s of La Leyenda de La Hora. It blew my mind and I listened to it over and over. McCoy’s touch is heavier on this Latin jazz recording, cutting through the marimba, strings, and woodwinds that color throughout. It’s not one of McCoy’s most famous albums but it shows another side of him as a stunning arranger and large ensemble composer.
Il n’est pas exagéré de dire que McCoy Tyner a été l’un des pianistes de jazz les plus influents à avoir jamais vécu. Son influence se fait entendre chez presque tous les pianistes venus après lui. Dans ses premiers disques tels que Inception, sa maîtrise du bebop, son toucher léger mais percussif et son swing parfait sont présents. Son solo sur le titre éponyme de l’album, un blues mineur, devrait être appris par tous les pianistes. Mais vous pouvez également l’entendre développer ce qui allait devenir son vocabulaire unique et incroyablement influent. C’est ce qui me frappe le plus dans McCoy –il ne ressemble à personne d’autre. Il y a quelques autres enregistrements de McCoy que je trouve particulièrement mémorables. Sa façon de jouer des ballades sur John Coltrane et Johnny Hartman a profondément influencé mon approche des ballades, à la fois en tant qu’accompagnatrice et soliste. Écoutez son solo sur le thème incomparable, «You Are Too Beautiful». Il swingue et c’est propulsé rythmiquement, mais très léger et fluide à la fois. Il élabore avec sensibilité la mélodie, plutôt que de l’effacer. Bien sûr, The Real McCoy, qui comprend des classiques tels que « Passion Dance » (un autre solo que chaque étudiant en piano devrait maîtriser) et «Contemplation», est fondamental. Encore une fois, cela ne ressemble pas à la musique de quelqu’un d’autre, tout en venant de la tradition. Je me souviens d’avoir acheté une cartouche 8 pistes (!), au début des années 1980, de La Leyenda de La Hora. Cela m’a époustouflé, et je l’ai écouté encore et encore. Le toucher de McCoy est plus lourd sur cet enregistrement de latin jazz, et il surmonte le marimba, les cordes et les bois qui colorent l’ensemble. Ce n’est pas l’un des albums les plus célèbres de McCoy, mais il montre une autre facette de lui en tant qu’arrangeur étonnant et compositeur pour grandes formations. Simona PREMAZZI (p) I still remember how my mind was blown away the first time I listened to McCoy Tyner on Coltrane’s version of «My Favorite Things.» Long time has passed and his playing still sounds fresh and unique. He has been an extremely important pianist for every jazz musician, incredibly generous, inspiring to his generations and many more to come. To me McCoy represents courage to go all the way, intelligence in velocity of intent and action. When I listen to his solos I hear a stream of consciousness delivered. He is a vessel of truth. I have an enormous respect for him and keep him in a very special place. My gratitude to his work is limitless. There is no practice day that passes without thinking of him. His contribution and impact to the music has been enormous. I feel like McCoy, with all that he gave, is one of the rare artists who has completed his life mission.
Je me souviens encore de la façon dont j’ai été époustouflé la première fois que j’ai écouté McCoy Tyner sur la version de Coltrane de «My Favorite Things». Le temps a passé, et son jeu sonne toujours frais et unique. Il a été un pianiste extrêmement important pour chaque musicien de jazz, incroyablement généreux, inspirant les nouvelles générations et bien d’autres à venir. Pour moi, McCoy représente le courage d’aller jusqu’au bout, l’intelligence dans la vitesse de l’intention et d’action. Quand j’écoute ses solos, j’entends un flux de conscience (stream of consciousness). Il est le récipient de la vérité. J’ai un énorme respect pour lui et il m’est très cher. Ma gratitude envers son travail est infinie. Il n’y a pas de jour d’entraînement qui passe sans penser à lui. Sa contribution et son impact sur la musique sont énormes. J’ai l’impression que McCoy, avec tout ce qu’il a donné, est l’un des rares artistes à avoir accompli sa mission dans la vie.
Dianne REEVES (voc) The great and much-beloved McCoy Tyner’s impeccable musicianship, power and creativity was a foundation of the New Jazz Era. Moreover, his influence will continue to inspire musicians for generations to come. I was blessed to have the great honor to record with McCoy and debut his beautiful song «You Taught My Heart to Sing». McCoy certainly helped my heart to sing, and as a result of his profound impact on the musical arts generally, and me specifically, I am forever grateful.
La musicalité, la puissance et la créativité impeccables du grand et très aimé McCoy Tyner ont été à la base de la nouvelle ère du jazz. Plus, son influence continuera d’inspirer les musiciens pour les générations à venir. J’ai eu la chance d’avoir le grand honneur d’enregistrer avec McCoy et de chanter, pour la première fois, sa belle chanson «You Taught My Heart to Sing». McCoy a assurément contribué à faire chanter mon cœur, et en raison de son impact profond sur les arts musicaux en général, et sur moi en particulier, je lui en serai toujours reconnaissante.
Katy ROBERTS (p) The first time I heard McCoy Tyner live was in Boston in 1975 as a student of classical and jazz piano at Berklee College of Music. His dynamic approach stuck me: it was the first time I had ever seen someone raise a hand and arm and slam the keyboard as if an attack! The music was so powerful and beautiful that I wondered how a woman could ever be that strong! And yet years later that I became a professional jazz pianist and people told me over and over again: «You sound like a man!» or «I thought it was a man!» Well rest in peace McCoy, you will NEVER leave us! Your beautiful compositions and style of playing will never be forgotten! La première fois que j’ai entendu McCoy Tyner en concert, c’était à Boston, en 1975, en tant qu’étudiante en piano, classique et jazz, à la Berklee College of Music. Son approche dynamique m’a frappée: c’était la première fois que je voyais quelqu’un lever une main et un bras et l’abattre sur le clavier comme s’il l’attaquait! La musique était si puissante et si belle que je me demandais comment une femme pourrait jamais être aussi forte! Et pourtant, des années plus tard, je suis devenue pianiste de jazz professionnelle, et les gens me répétaient sans cesse: «Tu sonnes comme un homme!» ou «Je pensais que c’était un homme!» Repose bien en paix McCoy, tu ne nous quitteras JAMAIS! Tes belles compositions et ta façon de jouer ne seront jamais oubliées!
Cecil Taylor, Randy Weston and McCoy Tyner sharing stories in Todd Barkan’s office at Keystone Korner in 1978 © photo X by courtesy of Todd Barkan
Sonny ROLLINS (ts, ss) There is a special manifestation of God’s power for a man such as our brother, McCoy Tyner, with his musical gift for us. We all love and thank him.
Il y a une manifestation spéciale de la puissance de Dieu chez un homme comme notre frère McCoy Tyner, avec son don musical pour nous. Nous l’aimons tous et le remercions. Wallace RONEY (tp, flh) McCoy Tyner is one of the greatest pianists that has ever lived!!! He proudly came from the lineage of Earl Hines, Bud Powell and Thelonious Monk!!! I was very fortunate to work with this master artist in his band numerous times. In 1982 with Ronnie Burrage, Avery Sharpe, Jay Hoggard, John Blake, Joe Ford and Chico Freeman! Another with Ron Carter, Jack DeJohnette and Michael Brecker, and last band with Steve Turre, Donald Harrison, Eric Alexander, Charnett Moffett and Eric Gravatt!!! It was awesome playing with him and I know he was very aware that I was Miles Davis’ «chosen» one and that Miles supposedly didn’t care for his playing! But he took it in stride and kept his admiration for Miles and revealed to me that Miles was an idol of his as well and of course he loved the classic quintet with Trane, Red and Philly Joe!!! And he told me how much he loved Miles and that I had a responsibility to that blessing that was bestowed upon me!!! I feel another blessing was to play with this great artist-master-griot-pianist McCoy Tyner Sulieman Saud!!! Rest in Peace.
McCoy Tyner est l’un des plus grands pianistes qui ait jamais vécu!!! Il est fièrement issu de la lignée d’Earl Hines, Bud Powell et Thelonious Monk!!! J’ai eu la chance de travailler avec ce maître artiste dans son groupe à plusieurs reprises. En 1982 avec Ronnie Burrage, Avery Sharpe, Jay Hoggard, John Blake, Joe Ford et Chico Freeman! Un autre avec Ron Carter, Jack DeJohnette et Michael Brecker, et le dernier groupe avec Steve Turre, Donald Harrison, Eric Alexander, Charnett Moffett et Eric Gravatt!!! C’était génial de jouer avec lui, et je sais qu’il était très conscient que j’étais «l’élu» de Miles Davis et que Miles n’avait aucune considération pour son jeu! Mais il a poursuivi son chemin et a gardé son admiration pour Miles, et il m’a révélé que Miles était aussi son idole, et bien sûr il aimait le quintet classique avec Trane, Red et Philly Joe!!! Et il m’a dit combien il aimait Miles, et que j’avais la responsabilité de cette bénédiction qui m’a été donnée!!! Je pense qu’une autre bénédiction a été de jouer avec ce grand artiste-maître-griot-pianiste McCoy Tyner Sulieman Saud!!! Repose en paix.
Renee ROSNES (p) The first McCoy Tyner album I heard, during my teens, was the live recording, Atlantis. The cover image of ocean waves overtaking ancient ruins seemed to perfectly correspond with the beauty and urgency of the music. I felt an immediate affinity to the sounds, and sought out everything Tyner. No matter the context, McCoy Tyner’s playing was always enlightening, always exhilarating. He could mesmerize with the sweetest lyricism or completely astound with such a powerful command of the piano that you felt you were being transported to another dimension. Through it all he was always swinging and always connected to the blues. His playing has had a great influence on me, and I’m fortunate to have known and heard such a supreme master in my lifetime.
Le premier disque de McCoy Tyner que j’ai entendu, pendant mon adolescence, était l’enregistrement live, Atlantis. La pochette avec des vagues s’abattant sur des ruines antiques semblait parfaitement correspondre à la beauté et à l’urgence de la musique. J’ai ressenti une affinité immédiate avec cette musique et j’ai cherché tout ce qui existait de Tyner. Quel que soit le contexte, le jeu de McCoy Tyner était toujours une révélation et une expérience grisante. Il pouvait hypnotiser avec le lyrisme le plus doux ou sidérer avec sa maîtrise puissante du piano, et cela vous transportait dans une autre dimension. Tout au long de sa vie, il n’a jamais perdu le swing ni son lien avec le blues. Son jeu a exercé une grande influence sur moi, et j’ai la chance d’avoir connu et entendu, de mon vivant, ce maître suprême.
Mathias RÜEGG (p, comp, arr, dir) (en français) McCoy Tyner avec John Coltrane, c’était de la nourriture spirituelle pendant des décades. Et un plaisir musical par excellence. Quelle force, quelle lucidité et quelle inspiration!
McCoy Tyner with John Coltrane was spiritual food for decades. And a musical pleasure by excellence. What strength, what lucidity and what inspiration!
Patrice RUSHEN (p, voc) His sound on the piano could have the strength of a lion. His sound could also be as soothing as a warm blanket on a cold day. His music was always full of spirit, full of energy, full of life. He was proud, and elegant in his presentation. He was humble and encouraging. All pianists of the modern jazz era who have ever listened to McCoy Tyner have been touched and influenced by him. Although his passing marks the end of an era, the sounds of his playing and his music lives on!!!!!
Sa voix musicale au piano pouvait avoir la force d’un lion. Elle pouvait également être aussi apaisante qu’une bonne couverture par temps froid. Sa musique était toujours pleine d’esprit, pleine d’énergie, pleine de vie. Il était fier et élégant dans sa présentation. Il était humble et encourageant. Tous les pianistes du jazz moderne qui ont écouté McCoy Tyner ont été touchés et influencés par lui. Bien que son décès marque la fin d’une époque, les sons de son jeu et sa musique perdurent !!!!!
Catherine RUSSELL (voc) We truly lost one of the giants of modern jazz pianists in McCoy Tyner. I have gone back to some of my favorite recordings of his in recent days: «Greensleeves» from the John Coltrane Quartet; the Land of Giants album featuring his work with vibraphonist Bobby Hutcherson; his work with the great Freddie Hubbard on Ready for Freddie; and of course, his beautiful trio recordings, all of which bring me joy and peace, especially in these days and times. So much incredible music over the past 60 years! Thank you, NEA Jazz Master McCoy Tyner!
Nous avons vraiment perdu l’un des géants du piano jazz moderne dans McCoy Tyner. J’ai réécouté certains de mes enregistrements préférés de lui ces derniers jours: «Greensleeves» du John Coltrane Quartet; l’album Land of Giants avec le vibraphoniste Bobby Hutcherson; sa collaboration avec le grand Freddie Hubbard dans Ready for Freddie ; et bien sûr ses magnifiques enregistrements en trio, qui m’apportent tous joie et paix, surtout en ce moment. Tant de musique incroyable au cours des soixante dernières années! Merci NEA Jazz Master McCoy Tyner! Carlos SANTANA (g) The magnitude of Mr. Tyner’s heart express with his hands the galactic and ancient sounds of the pyramids and stories of supreme splendor. Listen to «Moment’s Notice» with Tony Williams and Ron Carter, live in Japan. A Mega-Ultra Giant return home to be with Trane, Elvin and Jimmy Garrison. The quartet is complete in heaven. Humanity thanks you for sharing HEAVEN on EARTH! Peace.
L’immensité du cœur de Mr. Tyner exprime par ses mains les sons galactiques et anciens des pyramides et des histoires de splendeur suprême. Écoutez «Moment’s Notice» avec Tony Williams et Ron Carter, live in Japan. Un Mega-Ultra Géant rentre chez lui pour être avec Trane, Elvin et Jimmy Garrison. Le quartet est complet au paradis. L’humanité vous remercie d’avoir partagé le PARADIS sur TERRE! Peace.
Maria SCHNEIDER (p, comp, arr, dir) I’ll never forget the moment I first heard McCoy Tyner on record. It was like being blasted out of a canon into the future. It was one of those monumental moments where my view of jazz harmony would be changed forever.
Je n’oublierai jamais la première fois où j’ai entendu McCoy Tyner. C’était comme être projeté dans le futur par un canon. Ce fut l’un de ces moments prodigieux où ma vision de l’harmonie jazz changea à jamais.
McCoy… C’est par lui, par ses notes de cristal, par ses accords massifs et obsédants, que je suis entré, il y a 1000 ans, dans la galaxie Coltrane. Pour ne plus jamais en sortir. «Softly As in a Morning Sunrise» (Live at the Village Vanguard, 1961). Alter ego magnifique, générateur de transe, passeur de sons, comme d’autres sont passeurs de lumière. La respiration du quartet. La dernière. Phrases éblouies, tantôt minimalistes, tantôt virtuoses. McCoy, la source avec Bill Evans d’à peu près tous les ivoiriens à venir. Les images (Allemagne 1961, Stockholm 1962, USA 1963, Comblain et Antibes 1965) – symbiose inégalée avec le prophète, les hommes du grave et le grand sorcier polyrythmique. McCoy, avant, le Jazztet et déjà l’autre chose. McCoy, après, l’héritage. L’émotion, il y a quelques années, de le présenter au cœur de Comblain retrouvé, à quelques centaines de mètres du grand pré, avec à ses côtés… Ravi Coltrane ! Thanks, man, for all the things you were and for the rest!
McCoy ... It was through him, through his crystal notes, through his massive and haunting chords, that I entered the Coltrane galaxy 1000 years ago. To never leave it again. «Softly As in a Morning Sunrise» (Live at the Village Vanguard, 1961). A magnificent alter ego, a trance generator, a soundmaker, like others are lightmasters. The quartet’s breathing. The last. Dazzled phrases, sometimes minimalist, sometimes virtuoso. McCoy, the source with Bill Evans of just about every Ivorian to come. The pictures (Germany 1961, Stockholm 1962, USA 1963, Comblain and Antibes 1965) –unmatched symbiosis with the prophet, the men of the grave and the great polyrhythmic sorcerer. McCoy, before, the Jazztet and already the other thing. McCoy, after, the legacy. The emotion, a few years ago, of presenting him in the heart of Comblain found again, a few hundred meters from the large meadow, with by its side ... Ravi Coltrane! Thanks, man, for all the things you were and for the rest!
McCoy Tyner, Bergame, 2003 © Umberto Germinale John SCOFIELD (g) I literally wore out his album The Real McCoy. One of the greatest albums of all time. I think McCoy is the most copied pianist in jazz. How did he come up with that unique style? I don’t know. I was so lucky to play with him on two of his albums and some gigs. When he comped I felt like I could do anything. He was so nice and supportive to me and all of us younger players. Thank you, Maestro.
J’ai littéralement usé son album The Real McCoy. L’un des meilleurs albums de tous les temps. Je pense que McCoy est le pianiste le plus copié du jazz. Comment est-il apparu avec ce style unique? Je ne sais pas. J’ai eu tellement de chance de jouer avec lui sur deux de ses albums et quelques concerts. Quand il m’accompagnait, j’avais l’impression de pouvoir tout faire. Il était très sympa’ et solidaire avec moi et tous les jeunes musiciens. Merci, Maestro.
Aaron SCOTT (dm) The culmination of my journey to work with McCoy, began while living in Paris and performing as a member of l’ONJ 86 under the direction of Maestro François Jeanneau. On a lovely evening, mid-way during that year, we shared the pleasure of performing François’ arrangement of John Coltrane’s «Syeeda’s Song Flute» at Jazz à Vienne with the evening’s invited guest, McCoy Tyner. There were several invited guests throughout the year. Each produced an internal feeling of wonder, respect. Each transported and shared their vision. After performing with McCoy that evening however, I was surprised how natural it felt. I am by no means implying I was on his level. Rather, it was simply an affirmation of the possibilities. In the scheme of things, it’s clear… that evening, my path became more evident. As time passed, occasions presented themselves where McCoy and I crossed paths –a few words here, a quick interaction and conversation there… Three years after our first musical encounter, I became a member of his trio –an honor which lasted fourteen years. The sheer organic intensity of combined experiences are too numerous to discuss. As a person, he was an excellent teacher, leader and mentor. I most appreciated the fact that he led by example. His manor was gentle, he allowed experimentation but rarely offered musical advice. The reason? The lesson… was in the music! Consequently, it (the music) was always alive. Even more so, once a unified trust was established. It not only breathed… but constantly evolved. My time with McCoy has forever enriched my life in most regards. And without question, it was a wonderful platform by which to explore and define my musical approach. As I look back… Had it not been for Marc Ducret describing our brief musical encounter one evening at the Sunset the fall of 1985, with François Jeanneau; or, François considering Marc’s premonition and contacting me later that year; or, Woody Shaw mentioning me to McCoy soon thereafter –my fate would have surely been otherwise. Please know, I will always be deeply indebted to those with whom I created, shared, explored and attempted to harness the various hues, shades, textures, and emotions of music while I lived in Paris. I miss you all and wish each of you and your families, especially during these days, the best of health. The journey continues… April 3, 2020
L’apogée de mon voyage, travailler avec McCoy, a commencé lorsque je vivais à Paris et que je jouais dans l’Orchestre National de Jazz, édition 1986, sous la direction du Maestro François Jeanneau. Lors d’une belle soirée, au milieu de cette année, nous avons partagé le plaisir de jouer l’arrangement de François de «Syeeda’s Song Flute», de John Coltrane, à Jazz à Vienne, avec l’invité de la soirée, McCoy Tyner. Il y avait plusieurs invités au cours de l’année. Chacun a éveillé en moi un sentiment d'émerveillement et de respect. Chacun partageait sa vision. Cependant, après avoir joué avec McCoy ce soir-là, j’ai été surpris de voir à quel point cela avait été naturel. Je n’implique nullement que j’étais à son niveau. Il s’agissait plutôt d’une affirmation des possibilités. Dans l’ordre des choses, c’est clair… ce soir-là, mon chemin devenait plus clair. Au fil du temps, des occasions se sont présentées où McCoy et moi nous sommes croisés –quelques mots ici, un échange rapide et une conversation là… Trois ans après notre première rencontre musicale, je suis devenu membre de son trio –un honneur qui a duré quatorze ans. Les expériences à l’intensité organique et pure sont trop nombreuses pour être racontées ici. En tant que personne, il était un excellent professeur, leader et mentor. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’il prêche par l'exemple. Il était doux. Il rendait possible l’expérimentation mais donnait rarement des conseils musicaux. La raison? La leçon… était dans la musique! Par conséquent, elle (la musique) était toujours vivante. Plus encore, une fois la confiance mutuelle établie, non seulement elle respirait… mais elle évoluait constamment. Mon temps avec McCoy a enrichi ma vie à bien des égards. Et sans aucun doute, c’était le théâtre d’échanges merveilleux pour explorer et définir mon approche musicale. Lorsque j’y repense… Sans Marc Ducret, décrivant notre brève rencontre musicale à François Jeanneau un soir au Sunset, à l’automne 1985; ou sans François, tenant compte du pressentiment de Marc et me contactant plus tard dans l’année; ou sans Woody Shaw, me signalant à McCoy peu de temps après –mon destin aurait sans doute été différent. Sachez que je serai toujours profondément redevable à ceux avec qui j’ai créé, partagé, expérimenté et tenté de tirer parti des différentes teintes, nuances, textures et émotions de la musique pendant mon séjour à Paris. Vous me manquez tous et je souhaite à chacun d’entre vous et à vos familles, surtout en ces jours, la santé. Le voyage continue… 3 avril 2020 Avery SHARPE (b) McCoy was an incredible and great spirit. I spent more than a third of my life, touring and recording with him. His influence on jazz and piano is monumental. His influence on me personally and musically cannot be measured. What people may not know about McCoy is that he had a profound sense of humor. We always had fun on the road and made each other laugh a great deal.
McCoy était un esprit incroyable et formidable. J’ai passé plus d’un tiers de ma vie à faire des tournées et à enregistrer avec lui. Son influence sur le jazz et le piano est monumentale. Son influence sur moi personnellement et musicalement ne peut pas être mesurée. Ce que les gens ne savent peut-être pas sur McCoy, c’est qu’il avait un profond sens de l’humour. Nous nous sommes toujours amusés sur la route et nous nous sommes beaucoup fait rire l’un l’autre.
Archie SHEPP (ts, ss, fl, p, voc) (en français) Nous avons grandi ensemble. Il était de West Philadelphia et moi du quartier nord de la ville. Quand il avait 15 ans et moi 16, nous avons joué deux ou trois fois ensemble. J’ai été très impressionné par la façon dont il a progressé. Quand je suis entré à l’université, il a continué à jouer, avec Max Roach, Benny Golson, Art Farmer, puis avec John Coltrane. Je l’ai envié d’être devenu un si grand pianiste alors que moi, je suivais des études de théâtre. C’était un héros pour moi. McCoy était un innovateur : il a changé le piano, augmenté et amélioré le style de Red Garland et Ahmad Jamal avec des block chords. Je suis très triste de sa disparition. C’est une grande perte pour la musique à laquelle il a apporté son originalité.
We grew up together. He was from West Philadelphia and I from the North end of the city. When he was 15 and I was 16, we played two or three times together. I was very impressed with how he progressed. When I entered university, he continued to play, with Max Roach, Benny Golson, Art Farmer, and then with John Coltrane. I envied him for having become such a great pianist while I was doing theatre studies. He was a hero to me. McCoy was an innovator: he changed the piano, enhanced and improved the style of Red Garland and Ahmad Jamal with block chords. I am very sad for his departure. It’s a great loss for the music to which he brought his originality.
Wayne SHORTER (ts, ss) McCoy Tyner was as unique a person can be, in terms of his total input as an artist and a human being. It is difficult to speak of McCoy in short sentences. McCoy’s reach far transcended his grasp as an artist of depth and transformaty. He was loyal to his work as a musician and twice as loyal to his perception of life. His magnificent contribution to the global art world will always be transported by way of the magic carpet of his eternal behavior which remains unscathed as he continues his «flight» through existence and beyond.
McCoy Tyner était aussi unique qu’une personne peut l’être, en terme de contribution totale comme artiste et être humain. Il est difficile de parler de McCoy avec de courtes phrases. La portée de McCoy a largement dépassé son emprise en tant qu’artiste de la profondeur et de la transformation. Il était fidèle à son travail de musicien et deux fois plus à sa perception de la vie. Sa magnifique contribution à l’art mondial sera toujours portée par le tapis volant de sa conduite éternelle qui reste intacte alors qu’il poursuit son «vol» à travers l’existence et au-delà.
Warren SMITH (dm, perc, vib) I first saw McCoy Tyner working with J.J. Johnson, in Denver, Colorado, around 1959. I was on the road with a show (West Side Story). J.J. was staying in a hotel room next to mine. He invited me to the club where he was playing that week and McCoy was the pianist. He was the youngest musician in the band, very quiet and, obviously, very talented. I went to see the band several times after the show. I never heard or saw McCoy say much, but he sure sounded great then too. I heard him several times with John Coltrane. After McCoy left Coltrane’s band, I don’t think «Trane» ever replaced him. He brought another approach to the instrument, and to the music itself.
J’ai d’abord vu McCoy Tyner travailler avec J.J. Johnson, à Denver, Colorado, vers 1959. J’étais sur la route avec un spectacle (West Side Story). J.J. logeait dans une chambre d’hôtel à côté de la mienne. Il m’a invité au club où il jouait la semaine et McCoy était le pianiste. Il était le plus jeune musicien du groupe, très calme et, évidemment, très talentueux. Je suis allé voir le groupe plusieurs fois après le concert. Je n’ai jamais entendu ni vu McCoy dire grand-chose, mais il sonnait très bien à l’époque aussi. Je l’ai entendu plusieurs fois avec John Coltrane. Après que McCoy ait quitté le groupe de Coltrane, je ne pense pas que «Trane» l’ait jamais remplacé. Il a apporté une autre approche de l’instrument et de la musique elle-même. Mary STALLINGS (voc) McCoy Tyner’s music had the ability to take you on a spiritual journey with an intense and emotional beauty that was always inspirational and fulfilling to one’s soul. The world will always miss the presence of seeing him in the flesh but the blessing is that we are left with McCoy Tyner’s music that will live forever in the universe…
La musique de McCoy Tyner avait la capacité de vous emmener dans un voyage spirituel, avec une beauté intense et émotionnelle, qui était toujours inspirante et épanouissante pour l’âme. Le voir en personne manquera toujours au monde, mais la bénédiction est que nous nous retrouvons avec la musique de McCoy Tyner qui vivra pour toujours dans l’univers… |
Charles TOLLIVER (tp) Our beloved McCoy Tyner is the most important modern American music pianist ever, along with Art Tatum, Thelonious Monk, Bud Powell, Sonny Clark, Barry Harris, Hank Jones, Bill Evans, Tommy Flanagan, Herbie Hancock. I might add that he was also Freddie Hubbard’s most beloved pianist as well. He possessed an unprecedented use of «fourth’s» and «dominant seven» harmonies developed as a teenager which would become the underpinnings for John Coltrane and our Artform in particular. Couple that with his unparalleled super-hip modern technique soloing on top of that was both spine-tingling and viscerally awesome. I was fortunate to be in his first band after the passing of Coltrane, and his putting me on one of his recordings, Song For My Lady. He will forever live in my music.
Notre bien-aimé McCoy Tyner est le pianiste de musique américaine moderne le plus important de tous les temps, avec Art Tatum, Thelonious Monk, Bud Powell, Sonny Clark, Barry Harris, Hank Jones, Bill Evans, Tommy Flanagan, Herbie Hancock. Je pourrais ajouter qu’il était également le pianiste le plus aimé de Freddie Hubbard. Il possédait une utilisation sans précédent des harmonies des «quartes» et des «septièmes de dominante» développées à l’adolescence qui deviendront les fondements pour John Coltrane et pour notre Art en particulier. Ajoutez à cela ses solos très frais, avec sa technique moderne inégalée, tout ça était à la fois époustouflant et bouleversant. J’ai eu la chance de faire partie de son premier groupe après le décès de Coltrane, et d’être sur l’un de ses enregistrements, Song For My Lady. Il vivra toujours dans ma musique.
McCoy Tyner, Jazz à Vienne, 2002 © Pascal Kober
Steve TURRE (tb) I feel blessed to have been in the presence of McCoy Tyner. He was a musical inspiration to me from the first time I heard him on record in 1968 and in persona at the Both and Jazz Club in San Francisco in 1970. Years later, in the 1980’s, when I met him and had the good fortune to play in his band, I realized that he enabled me to play past what had been possible for me up to that moment. It’s hard to explain in words. It’s a spiritual thing –not about thinking or technique or trying to be «different» or «creative». McCoy seemed to channel the sound, energy and spirit of the universe. He could draw you into that space if you surrendered to it, without ego. Surrender to it with an open heart and peaceful spirit –but not in a passive way– rather with full energy and commitment. I realized he was the foundation of Coltrane’s rhythm section. He set the groove and harmonic colors that enabled John Coltrane to explore. It’s all about feeling and rhythm –African rhythm to be clear. McCoy’s playing and spirit is way past technique or simple intellect –it is profound– channeling directly from the energy of the universe. I felt it every night. It was beautiful. It was powerful yet peaceful. More than helping me to be a better musician, McCoy helped me be a better human being. There will always be a special place in my heart for him, one of the most warm, generous and peaceful people I have ever known.
Je me sens béni d’avoir été en présence de McCoy Tyner. Il a été une inspiration musicale pour moi depuis la première fois que je l’ai entendu sur disque en 1968 et en personne au Both and Jazz Club de San Francisco en 1970. Des années plus tard, dans les années 1980, quand je l’ai rencontré et que j’ai eu la chance de jouer dans son groupe, j’ai réalisé qu’il m’a permis de jouer au-delà de ce qui avait été possible pour moi jusqu’à ce moment-là. C’est difficile à expliquer avec des mots. C’est une dimension spirituelle –il ne s’agissait pas de penser ou de technique ou d’essayer d’être «différent» ou «créatif». McCoy semblait canaliser le son, l’énergie et l’esprit de l’univers. Il pouvait vous attirer dans cet espace si vous vous lâchiez, sans ego. S’abandonner avec un cœur ouvert et un esprit paisible –mais pas de manière passive– plutôt avec une énergie et un engagement entiers. J’ai réalisé qu’il était le fondement de la section rythmique de Coltrane. Il a défini le groove et les couleurs harmoniques qui ont permis à John Coltrane d’explorer. Il s’agissait de feeling et de rythme –le rythme africain pour être clair. Le jeu et l’esprit de McCoy sont bien au-delà de la technique ou de l’intellect simple –il est profond– se connectant directement à l’énergie de l’univers. Je l’ai ressenti tous les soirs. C’était beau. C’était puissant mais paisible. Plus que de m’aider à être un meilleur musicien, McCoy m’a aidé à être un meilleur être humain. Il y aura toujours une place spéciale dans mon cœur pour lui, l’une des personnes les plus chaleureuses, généreuses et pacifiques que j’aie jamais connues.
Chucho VALDÉS (p) Conocí a McCoy en el Festival de Chicago, en el Grant Park. Yo estaba con Irakere, allí le dije cuanto yo lo admiraba y la gran influencia de su estilo y todo lo que había aprendido de él. McCoy creó un enfoque diferente en la composición y en los solos y su legado será para siempre. A partir de ahí nos saludábamos como hermanos. ¡Gran pérdida! I met McCoy at the Chicago Festival, in Grant Park. I was with Irakere, I told him how much I admired him, how his style influenced me greatly and everything I learned from him. McCoy created a different approach to composition and solos. His legacy will live on forever.
From that day, we greeted one another as brothers. A great loss!
J'ai rencontré McCoy au Festival de Chicago, à Grant Park. J’étais avec Irakere, je lui ai dit combien je l’admirais, la grande influence de son style sur moi, et tout ce que j'avais appris de lui. McCoy a créé une approche différente de la composition et des solos. Son héritage restera à jamais. A partir de ce jour, nous nous saluions en frères. Une grande perte!
Jean-Philippe VIRET (b) Quand je pense à McCoy Tyner, je pense à une anecdote qui met en avant la classe de ce grand seigneur. Avant le concert que nous donnions, Stéphane Grappelli, McCoy Tyner, Marc Fosset et moi, à l’Opéra de Varsovie, en 1991, on s’est tous retrouvés à la balance pour parler de ce que nous allions jouer. On se décide sur «How High The Moon», «Lady Be Good», etc. A la fin, je vois McCoy se lever et venir vers moi. Je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas, qu’il va me faire une réflexion... Et là, il me dit, avec sa voix à la Miles Davis, qu’il n’a pas joué « Lady Be Good » depuis longtemps et qu’il a oublié les accords du pont! A moi de les lui rappeler! Une belle leçon d’humilité. Le concert a été magnifique.
When I think of McCoy Tyner, I think of an anecdote that highlights the class of this great lord. Before the concert we were giving, Stéphane Grappelli, McCoy Tyner, Marc Fosset and I, at the Warsaw Opera in 1991, we all found ourselves at the soundcheck to talk about what we were going to play. We decide on «How High the Moon», «Lady Be Good», etc. At the end, I see McCoy getting up and coming towards me. I tell myself that there is something wrong, he has a comment to give me ... And there he tells me, with his Miles Davis-style voice, that he hadn’t played «Lady Be Good» for a long time and that he forgot the chords of the bridge! It’s for me to remind him of them! A great lesson in humility. The concert was magnificent.
Nasheet WAITS (dm) My most personal impressions of McCoy are filtered through my father’s experiences with him. My father worked with McCoy for a couple of years in the late 60’s, early 70’s. Some of McCoy’s most lauded recordings, Time for Tyner and Expansions, were created during this period. I remember looking through our family photo album and seeing many photos of my father and mother with McCoy, family and band. Working with McCoy was of supreme importance to my father. I think they felt that they were on a mission that had its foundation in the spiritual elements of life and music. My father had an offer from Miles Davis while he was with McCoy and stayed with McCoy. That’s how important the situation was for him.
Mes impressions les plus personnelles de McCoy passent par les expériences de mon père avec lui. Mon père a travaillé avec McCoy pendant quelques années à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Certains des enregistrements les plus loués de McCoy, Time for Tyner et Expansions, ont été créés pendant cette période. Je me souviens d’avoir regardé notre album photo de famille et vu de nombreuses photos de mon père et de ma mère avec McCoy, ma famille et mon groupe. Travailler avec McCoy était d’une importance capitale pour mon père. Je pense qu’ils se sentaient en mission avec un fondement dans les éléments spirituels de la vie et de la musique. Mon père a reçu une proposition de Miles Davis pendant qu’il était avec McCoy, et il est resté avec McCoy. Voilà à quel point cette mission était importante pour lui.
Bobby WATSON (as) I’ve heard many of my elders say over time: «(Fill in the blank) has forgotten more music than I’ll ever know.» I experienced that with McCoy the week I had the honor to play with his trio in Washington, D.C., at Blues Alley. First, we never rehearsed. Second, he would arrive at the club just in time to go on stage. In fact, the club announcer would wait until he came to the door and announce: «Ladies and gentleman, the show will start in five minutes.» He would then go upstairs, hang up his coat, and head directly to the band stand. We would call a tune and go. And finally, during one of these songs, I believe it was «Speak Low», he was absolutely playing more things than I had ever heard played before on the song. When he would get to the bridge he would play a different bridge to a different song, say «I Remember April», still playing other worldly. After about three choruses he looks up at me, while still absolutely blowing my mind, and says: «Bobby, what song are we playing?» I completely melted! I told him after the set: «I wish I could get lost like that!» WOW! It was one of the most incredible experiences of my life. R.I.P. McCoy.
J’ai entendu beaucoup de mes aînés dire au fil du temps: «(Remplissez le blanc) a oublié plus de musique que j’en saurai jamais.» J’ai vécu ça avec McCoy la semaine où j’ai eu l’honneur de jouer avec son trio à Washington, D.C., au Blues Alley. D’abord, nous n’avons jamais répété. Deuxièmement, il arrivait au club juste à temps pour monter sur scène. En fait, l’annonceur du club attendait jusqu’à ce qu’il vienne à la porte pour annoncer: «Mesdames et messieurs, le spectacle commencera dans cinq minutes.» Il montait ensuite à l’étage, pendait son manteau et se dirigeait directement vers la scène. Nous décidions d’un air et ça partait. Et enfin, pendant l’un des morceaux, je crois que c’était «Speak Low», il jouait absolument plus de choses que je n’en avais jamais entendu jouer auparavant sur ce thème. Quand il arrivait au pont, il jouait un pont différent d’un autre thème, disons «I Remember April», toujours dans un autre monde. Après environ trois chorus, il me regarde, tandis que j’étais absolument époustouflé, et me dit: «Bobby, quelle morceau jouons-nous?» J’ai complètement fondu! Je lui ai dit après le set: «J’aimerais pouvoir me perdre comme ça!» WOW! Ce fut l’une des expériences les plus incroyables de ma vie. R.I.P. McCoy.
McCoy Tyner, Blue Note, New York, 1er mars 2016 © Mathieu Perez George WEIN (producteur) I remember speaking with McCoy at one of the NEA Jazz Masters gatherings. He wanted me to know that he was proud of the fact that he wasn’t on drugs or alcohol and his music was the most important thing to him. When we used to have him on tour, he frequently wouldn’t want to travel with his group and would meet us at the venue. This could generate a little excitement, as he came very last minute on a few occasions. I remember a time in Middleton, England, Dizzy Gillespie was ready to go on with McCoy’s rhythm section, but McCoy walked in at the last minute. McCoy was so well respected by other piano players. When I talked to piano players and asked them who they felt was the leading piano player of their generation, they all said McCoy. We were friends and I will miss him.
Je me souviens d’avoir parlé avec McCoy lors de l’un des rassemblements NEA Jazz Masters. Il voulait que je sache qu’il était fier du fait qu’il ne prenait pas de drogues ou d’alcool et que sa musique était la chose la plus importante pour lui. Quand nous l’avions en tournée, il ne voulait souvent pas voyager avec son groupe, et il nous rencontrait sur place. Cela pouvait générer un peu d’affolement, car il est arrivé à la dernière minute à quelques reprises. Je me souviens d’une fois à Middleton, en Angleterre; Dizzy Gillespie était prêt à continuer avec la section rythmique de McCoy, mais McCoy est entré à la dernière minute. McCoy était tellement respecté par les autres pianistes. Quand j’ai parlé à des pianistes et leur ai demandé qui, selon eux, était le pianiste de leur génération, ils ont tous répondu McCoy. Nous étions amis et il va me manquer
Kenny WERNER (p) When McCoy Tyner would come to Boston and I was going to school at Berklee I would go to see him every night. He would be the most burning pianist I never heard every night! He’d hire the most burning drummer and then burn him out! I had to contemplate this, why was he always on this level? It was in his body. Besides being a melodic and harmonic genius, he had the training of a fighter when it came to playing those keys. McCoy was also the most sincere pianist of all of them. I once went to a concert in New York for the jazz festival and it was three piano players. First Keith Jarrett, then McCoy Tyner and after the break Herbie Hancock. Keith came out and played something that was simply sensational, like nothing you’ve ever heard. The only guy that could’ve come out after him was McCoy Tyner. He crashed his left hand on that C and G and everybody that has been standing for Keith were blown back into their seats! McCoy Tyner was honesty raw honesty from a piano genius.
Quand McCoy Tyner venait à Boston quand j’étais étudiant à Berklee, j’allais le voir tous les soirs. Je n’ai jamais entendu un pianiste jouer du feu de Dieu comme ça tous les soirs! Il embauchait le batteur le plus chaud puis le consumait! Je devais réfléchir à cela: pourquoi était-il toujours à ce niveau? C’était dans son corps. En plus d’être un génie de la mélodie et de l’harmonie, il avait la formation d’un combattant quand il s’agissait de jouer. McCoy était également le pianiste le plus sincère de tous. Je suis allé une fois à un concert à New York lors du festival de jazz, et il y avait trois pianistes. D’abord Keith Jarrett, puis McCoy Tyner et, après la pause, Herbie Hancock. Keith est entré en scène et a joué quelque chose qui était tout simplement sensationnel et ne ressemblait à rien de ce que vous aviez pu entendre auparavant. Le seul qui pouvait lui succéder était McCoy Tyner. Sa main gauche a percuté le do et le sol, et tous ceux qui étaient debout pour Keith ont été renversés dans leurs sièges! McCoy Tyner était l’honnêteté brute, l’honnêteté d’un génie du piano.
Buster WILLIAMS (b) Needless to say, McCoy was a powerful human being. As an artist, he was unquestionably unique, and individual. His sound was his and his alone. His power was also expressed in his unwavering beliefs that governed the way he acted and reacted as a man. Someone you could safely model yourself after. I trusted his powerful words as much as I trusted his music. My time with him was one of the great rewards of my career. I dare say he leaves a legacy that young artist will forever strive to emulate.
Inutile de dire que McCoy était un être puissant. En tant qu’artiste, il était incontestablement unique et individuel. Sa voix musicale était la sienne, et la sienne seule. Sa puissance s’exprimait également dans ses convictions inébranlables qui régissaient la façon dont il agissait et réagissait en tant qu’homme. Quelqu’un dont vous pourriez vous faire un modèle sans problème. Je faisais autant confiance à ses mots pleins de force qu’à sa musique. Mon temps avec lui a été l’une des grandes récompenses de ma carrière. J’ose dire qu’il laisse un héritage que le jeune artiste s’efforcera à jamais d’imiter.
In Buddhist theology, there is the occasional birth of a person called a «wheel turning king». It is a person (who may or may not be a royal leader and can be male or female) who has had such a huge spiritual impact on the world that the «wheel is turned». This is to say, the great world is altered by the presence of this being and the work they have done. I can’t help but think of McCoy Tyner in these terms. I played McCoy on the house system at Smalls all weekend and listened to some of those wonderful records that I’ve been listening to my entire life. I never stop being thrilled by his line and touch –as soon as he hits the keys he is unmistakably himself. Such beauty. Last night I was struck by the immensity of his originality. Very few in our art combine their influences to create something so new and fresh. Where did McCoy come from and how did he create such a fresh take on jazz playing? It’s simply miraculous. In our society great artists are often taken for granted if not ignored. In the plethora of non-stop corona virus fear mongering and the non-stop barrage of political talk I didn’t see any mention of McCoy’s passing. Maybe just an obituary. But an artist of this magnitude passing away should be national news. McCoy was a great artist-hero with a lineage bar none. We should have had a national moment of silence for this man, hats off, eyes closed. «Passion Dance» or something from A Love Supreme should have been played on national television. This was a major artist who lived with us, modest and with few words. Just his piano was all he needed. And so, another giant enters the pantheon of heroes. A legend before his death and now his legend guaranteed for generations to come. As for us left behind, I’ve said it before, we need to be strong and to take up the reigns of the masters. If we don’t the music will be lost and maybe even our souls will be lost. Great king, McCoy Tyner! You have moved the wheel and we are enriched for having you here.
Dans la théologie bouddhiste, il y a la naissance occasionnelle d’une personne appelée un «roi qui fait tourner la roue». C’est une personne (qui peut ou non être un chef royal et peut être un homme ou une femme) qui a eu un impact spirituel si énorme sur le monde que la «roue tourne». C’est-à-dire que le grand monde est altéré par la présence de cet être et le travail qu’il a accompli. Je ne peux pas m’empêcher de penser à McCoy Tyner en ces termes. J’ai mis du McCoy sur la chaîne de la maison au Smalls tout le week-end et écouté certains de ces merveilleux disques que j’ai écoutés toute ma vie. Sa ligne et son toucher donnent le frisson –dès qu’il pose les doigts sur les touches, il est incontestablement lui-même. Quelle beauté! Hier soir, j’ai été frappé par l’immensité de son originalité. Très peu dans notre art combinent leurs influences pour créer quelque chose de si nouveau et de frais. D’où McCoy est-il venu et comment a-t-il créé une telle nouvelle interprétation du jazz? C’est tout simplement miraculeux. Dans notre société, les grands artistes sont souvent considérés comme acquis, voire ignorés. Dans la pléthore de virus corona non-stop, la peur et le barrage incessant de discours politiques, je n’ai vu aucune mention du décès de McCoy. Peut-être juste une nécrologie. Mais un artiste de cette ampleur décédé devrait faire l’actualité nationale. McCoy était un grand artiste-héros avec une lignée sans pareille. Nous aurions dû avoir un moment de silence national pour cet homme, chapeau bas, yeux fermés. «Passion Dance» ou quelque chose de A Love Supreme aurait dû être diffusé à la télévision nationale. C’était un artiste majeur qui vivait avec nous, modeste et peu loquace. Son piano était tout ce dont il avait besoin. Et donc, un autre géant entre dans le panthéon des héros. Une légende avant sa mort et maintenant sa légende est assurée pour les générations à venir. Quant à nous, veant après lui, je l’ai déjà dit, nous devons être forts et prendre les rênes des maîtres. Si nous ne le faisons pas, la musique sera perdue et peut-être même nos âmes seront perdues. Grand roi, McCoy Tyner! Vous avez fait tourner la roue et nous nous sommes enrichis de vous avoir ici.
McCoy Tyner, Anvers, 23 octobre 1990 © Jacky Lepage Reggie WORKMAN (b) Condolences For my Dear Brother McCoy Tyner/Sulieman Saud As he Moves On To Greater Things. All of on this planet have been blessed to have experienced the brilliance, warmth, and creative inventiveness of McCoy’s inventiveness. I have known McCoy since we were both teenagers growing from the Philadelphia artist’s community. I can never forget that McCoy was always willing to make the long trip from West Philadelphia (where his family lived) to any part of the city to be where music was being created. His mother (a respected beautician in the West Philadelphia area) acquired a piano when she recognized McCoy’s love, talent, and dedication to the music. That piano was situated in near proximity to their family business and as any parent would be I venture to say that it was probably a relief for Mrs. Tyner to know that her son close and constantly developing his craft. I learned that John Coltrane would often go to McCoy’s residence to practice and compare notes with him. It was feasible that when the trio that we cooperatively created which included drummer Eddie Campbell became the steady rhythm section at «The House of Jazz» (a small but prominent venue in North Philadelphia) the management was able to get Mr. Coltrane to agree to perform several weekends with us as his rhythm section. It was McCoy who worked with me when on the road tour with the John Coltrane Quartet to assure that I was aware of subtle intricacies of John’s musical expectations. It would take many pages to write about the love and appreciation I have always had for McCoy, One of the Great Masters Of Our Times. He will be greatly missed and never forgotten.
Condoléances pour mon Cher Frère McCoy Tyner/Sulieman Saud alors qu’il passe à de plus grandes choses. Tous sur cette planète avons eu la chance d’avoir expérimenté l’éclat, la chaleur et l’inventivité créative de l’imagination de McCoy. Je connais McCoy depuis que nous étions tous les deux des adolescents issus de la communauté des artistes de Philadelphie. Je ne peux pas oublier que McCoy était toujours prêt à faire le long voyage de West Philadelphia (où vivait sa famille) vers n’importe quelle partie de la ville pour être là où la musique était créée. Sa mère (une esthéticienne respectée dans la région de West Philadelphia) a acquis un piano lorsqu’elle a reconnu l’amour, le talent et le dévouement de McCoy pour la musique. Ce piano était installé dans le cadre de leur boutique familiale et comme tout parent le serait, j’ose dire que c’était probablement un soulagement pour Mme Tyner de savoir que son fils était proche et développait constamment son métier. J’ai appris que John Coltrane se rendait souvent à la résidence de McCoy pour pratiquer et avoir des échanges de vues avec lui. Il a été possible que lorsque le trio que nous avons crée ensemble, comprenant le batteur Eddie Campbell, est devenu la section rythmique maison de «The House of Jazz» (un petit mais important endroit du Nord de Philadelphie), la direction a pu obtenir de Mr. Coltrane qu’il joue plusieurs week-ends, avec nous comme rythmique. C’est McCoy qui a travaillé avec moi lors de ma tournée avec le John Coltrane Quartet pour s’assurer que j’étais au courant des moindres subtilités des attentes musicales de John. Il faudrait plusieurs pages pour écrire sur l’amour et l’estime que j’ai toujours eus pour McCoy, l’un des grands maîtres de notre temps. Il nous manquera énormément et ne sera jamais oublié.
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McCoy Tyner © Takao Fujioka, www.jazgra.com |
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