McCOY TYNER
McCoy Tyner, Bergame 2003 © Umberto Germinale
QUAND ON PERD un artiste du niveau de McCoy Tyner, après
plus de soixante ans d’un parcours artistique aussi intègre et lumineux, l’amateur de jazz qui a eu le privilège de suivre ce chemin ressent un vide qu’on ne
parvient pas à combler, et c’est également le cas pour la collectivité du jazz… C’est
perceptible aujourd’hui comme ce le fut quand le quartet de John Coltrane se priva
en 1965 de son pianiste essentiel. John Coltrane s’en ouvrit directement à McCoy Tyner quelques mois après leur séparation (Jazz Hot
n°491). Il est des présences qui construisent des mondes: McCoy Tyner est de
celles-là. Il incarne un son, un esprit du jazz. C’est ce qu’ont mal perçu la
plupart des analyses de la musique de John Coltrane parues ces dernières années
trop focalisées sur le charisme du leader pour être lucide sur une musique aussi socialement, humainement, collectivement fondée qu’est le jazz, en particulier l’œuvre du John Coltrane Quartet. Dans le même ordre d’idée, les nécrologies rédigées avant
le décès des musiciens pour être sûr d’être prêtes le jour J, ou recopiées dans l'urgence du scoop qui n’a aucun sens dans ce cas, comme on vient
encore de le lire pour McCoy Tyner, avec les lieux communs dupliqués à l’envi,
se privent d’une émotion profonde, sincère, de la sensibilité nécessaire à la perception de cette musique et des artistes qui la créent… C’est une pratique professionnelle paraît-il, mais ô combien
appauvrissante plutôt que de prendre le temps de se remémorer l’artiste de
manière personnelle et originale pour essayer de susciter, de partager la
beauté d’une telle œuvre par un commentaire nuancé pour un artiste aussi exceptionnel, pour ce
qu’il donne par son art autour du monde à
des milliers de spectateurs, d’auditeurs, d’amateurs de jazz et même à ceux qui
ne connaissent rien au jazz, mais qui ont eu ou auront un jour la sensibilité
pour l’apprécier. Pour ce salut à McCoy Tyner («The Greeting»), une de ses belles compositions, la réécoute d’une œuvre aussi importante est
nécessaire, même quand elle a accompagné notre vie, et elle prend du temps, même pour une
nécrologie, un modeste hommage à un artiste aussi accompli, aussi monumental. Voir aussi The Greeting: l'hommage des artistes, producteurs, patrons de clubs
Jazz Hot n°217
McCoy Tyner, qui s’est éteint le 6 mars 2020 à son domicile
de Bergenfield, au nord du New Jersey, est une incarnation de la grande
histoire de l’expression artistique de la communauté afro-américaine –pas la
première ni la dernière, mais d’importance–, un parcours exemplaire de ce que
le jazz a produit comme richesse.
Prénommé Alfred, un prénom qu’il n’aime pas et qu’il
abandonne sans regret, McCoy Tyner est né à Philadelphie le 11 décembre 1938
dans une configuration familiale assez fréquente relatée dans de nombreux
romans écrits par des Afro-Américain(e)s, c’est-à-dire une mère aimante et attentionnée, Beatrice (née Stevenson), qui assure la vie du foyer, l’éveil aux arts et à la musique en particulier, compensant un
père épisodique et fantomatique, Jarvis. McCoy est l’aîné de trois enfants. Le jeune McCoy grandit dans une époque de
lutte pour l’égalité des droits civiques et d’une vitalité jazzique
exceptionnelle pour cette cité, véritable creuset du jazz, une sorte
d’antichambre, autonome bien que liée, de la mégapole new-yorkaise, un
laboratoire d’art populaire au cœur d’un peuple où mûrissent un nombre impressionnant de
talents dans l’après-Seconde Guerre mondiale, un refuge aussi contre
les addictions et tentations de paradis artificiels que génère la vie nocturne new-yorkaise pour un certain nombre d’artistes, entre autres.
Le contexte quotidien, familial et du quartier, mais aussi
la tradition afro-américaine sont essentiels à son développement d’homme et de
musicien, à son devenir d’artiste. Sa mère tient un salon de coiffure dans
lequel les voisins et les voisines viennent papoter: une évocation de l’Afro-Amérique
qui rappelle –avec quelques différences car nous sommes dans une grande ville et donc pas dans la campagne louisianaise, et que c’est une femme qui l’anime– la barber shop où Ernest J.
Gaines campe ses personnages dans son dernier roman, L’homme qui fouettait les enfants. On y vient, pas nécessairement
pour se faire coiffer, mais pour parler du quartier, de la vie, des gens, des souvenirs
ou de l’actualité, de musique, de peinture ou de littérature même, ça dépend
des présences, pour être ensemble, partager, et, dans ce salon, pas que de coiffure, elle a
finalement installé un piano, car elle aime le piano–une vraie passion («Elle ne savait pas vraiment jouer, mais dès
qu’elle en voyait un, elle s’en emparait.» relate McCoy Tyner, Jazz Hot n°554). Elle l’a aussi installé
sur son lieu de travail –on peut l’imaginer sans peine– pour surveiller son
fils, ses progrès au piano, et elle a d’ailleurs le souci de lui donner les
bases aussi bien morales, culturelles (elle et lui fréquente l’église baptiste
et il chante à l’école) qu’académiques, avec un enseignant particulier, un
professeur italien, qui lui fait pratiquer Bach, Beethoven, etc., se souvient
McCoy, dans ce cadre peu ordinaire. C’est bien entendu cette mère qui fait
pencher la balance vers le piano plutôt que vers le chant, et l’artiste ne le
regrette pas: «Il a pris ma vie, mais il m’a toujours donné quelque chose.» McCoy
conserve de cette enfance musicale la force d’une éducation très structurée et
la clarté sur ce qu’il exprime dès son plus jeune âge:«Ma musique, c’est du jazz, et le jazz repose sur le blues et le gospel;
sur la musique africaine, brésilienne et sur la musique classique européenne
aussi, mais les bases sont le blues et le gospel, et elles devraient toujours
le rester. Ce sont les éléments les plus importants.» (Jazz Hot n°491, n°554 et n°618)
Dans ce salon, très intellectuel et artistique finalement, le jeune McCoy jouit
aussi du privilège maternel de convier à l’adolescence les jeunes musiciens
avec lesquels il grandit, car il dirige un groupe de rhythm and blues dans sa
première adolescence, et plus tard les musiciens confirmés qui peuplent déjà
Philadelphie depuis la fin de la Seconde Guerre (cf. la nécrologie de Jimmy
Heath, récemment disparu).
C’est cette mère très spéciale (McCoy lui a dédié un thème: «Miss Bea») qui a découvert chez ses clientes la présence
de la famille Powell dans le quartier, en la personne de l’épouse de Richie: Bud
et Richie Powell y passent donc régulièrement, et c’est là que le jeune McCoy
invite Lee Morgan, Archie Shepp, venus de North Philly et les frères Heath: Percy, l’aîné, célèbre contrebassiste grâce au Modern Jazz Quartet, Jimmy, le
saxophoniste surdoué qui dirige déjà un big band, écrit et arrange pour nombre
de formations, et le cadet Al Tootie, batteur déjà accompli qui fréquente déjà
les musiciens professionnels. Les frères Heath viennent de South Philly pour répéter dans le
salon de la mère de McCoy, entre bigoudis, boissons et spécialités; on n’a
presque pas à l’imaginer, McCoy nous l’a raconté dans Jazz Hot, avec une tendresse intacte et infinie pour cette mère: «Certaines avaient les bigoudis et le ténor
dans les oreilles.»
John Coltrane et Lee Morgan © Francis Wolff-Mosaic Images by courtesy of Blue Note
On n’a presque pas à imaginer non plus le jeune McCoy
collant aux basques de Bud Powell qui lui raconte par le clavier, car il parle
peu, son amour pour Thelonious Monk et Art Tatum, dans tous les coins d’un quartier où l’on ne pense qu’à la musique, vrai accomplissement et vraie terre
de liberté pour l’Afro-Amérique, où l’on vit littéralement de musique, de jazz
au sens large (gospel, blues, danse), une denrée aussi essentielle que le pain:
«Nous traînions dans un local de
musiciens, le Rittenhouse Hall, où l’on se retrouvait pour les jam-sessions. Le
week-end, ça faisait salle de danse. […] Bud et Richie m’emmenaient avec eux jouer dans les bals du week-end,
les gens dansaient sur du bebop, c’était des sessions de 24 heures non-stop. […] Le week-end, on faisait parfois assez
d’argent pour payer le loyer…» (Jazz
Hot n°491 et n°554). Art Tatum, Bud et Richie Powell, Thelonious Monk et
Duke Ellington resteront les artistes de référence pour le pianiste, et c’est
par la conversation de ses aînés, le disque, l’oreille et le regard que McCoy fait son
éducation en jazz, non pour reproduire mais pour apprendre à être
lui-même: «Ce que j’ai appris de
ces grands musiciens, de Bud, c’est qu’il faut être soi-même. Le jazz, c’est la
liberté individuelle, l’expression individuelle.» On n’a pas besoin de supplier pour que Bud et Richie se
mettent au piano du salon devant les yeux grands ouverts du jeune McCoy, avec
ce regard puissamment curieux, intense et attentif, qu’il garde encore sur
certaines photos du jeune artiste qui accompagnera John Coltrane au tournant
des années 1960.
Philly est une ville de pianistes d’exception (Ray Bryant, Shirley
Scott, Kenny Barron, Jimmy Smith, Bobby Timmons…), plutôt churchy
et blues, mais aussi de trompettistes hors normes comme Clifford Brown qui y
accomplit une partie essentielle de son parcours, Lee Morgan, Cal Massey, Ted
Curson et d’autres de passage comme Kenny Dorham, mais encore de batteurs exceptionnels
comme Philly Joe Jones, de bassistes splendides comme Percy Heath, de
saxophonistes enfin, avec Jimmy Heath, Benny Golson, Joe Barron, le frère de
Kenny. C’est dans cette ville que le jeune McCoy croise la route de John
Coltrane, un aîné déjà imposant, avancé dans la carrière, qui y séjourne, chez
sa mère lui aussi, une mère là aussi protectrice. McCoy est un jeune adolescent
lors de cette rencontre, et il passe des heures à discuter assis sur les
marches du perron de la famille Coltrane avec le jeune saxophoniste (la
trentaine), à partager son monde et ses réflexions, ses rêves, ses projets, à
échanger sur la marche du monde et en particulier sur leur condition dans une
Amérique qui se refuse encore, avec une insupportable violence au quotidien, à
ses citoyens d’origine lointaine africaine: «Bien sûr, notre musique était étroitement liée à ce qui se déroulait.
[…] A notre époque, il s’agissait d’un vrai mouvement. Beaucoup de leaders en
sont morts, le Président des Etats-Unis, Martin Luther King, Malcolm X aussi,
et la liste pourrait continuer. On avait à l’époque de vrais leaders et
l’impact sur la population était considérable; elle cherchait des chefs de file
et voulait obtenir des changements de taille. Aujourd’hui, les problèmes sont
toujours là. Il est question d’économie. A l’époque, il s’agissait d’un
mouvement pour une conscience noire et une identité culturelle, ce que j’aime par-dessus
tout.» (Jazz Hot n°491) Le jeune
McCoy, comme nombre de ses compagnons de son âge, adopte en signe de protestation
un nom musulman (Saud Sulieman) qu’il
n’utilise pas, avec une conversion de circonstance à l’islam, religion
d’opposition dans la société nord-américaine d’alors, sans renier son
enracinement dans l’Eglise baptiste de sa mère, qui est aussi l’église de la
famille de John Coltrane.
John Coltrane Quartet à Jazz à Juan 1965, McCoy Tyner, John Coltrane et Elvin Jones © Pierre Lapijover by courtesy of Jazz à Juan 90C’est dans ces moments, non musicaux à première vue, que se
construisent les personnalités et finalement la musique, que se bâtissent la
connivence, la complicité profonde, l’intensité humaine entre ces deux
musiciens qui se donnent un rendez-vous aussi inévitable qu’étonnant de
maturité pour de jeunes hommes, rendez-vous qu’ils attendront avec patience et
fidélité, pour le jeune McCoy Tyner, après les premières expériences
d’envergure au sein du Jazztet de Benny Golson et Art Farmer et de divers
orchestres avec Calvin Massey, Jimmy Heath, et nombre de jam sessions dans l'atmosphère si particulière de Philadelphie en ce temps (cf. le numéro Spécial 2006 consacré à Clifford Brown). John Coltrane de son côté en finit
avec l’épisode Miles Davis où il a construit, en parallèle et parfois à contre courant du célèbre trompettiste, son style si intense, si puissant de sincérité,
si différent du projet plus formel d’un Miles Davis au sommet de son art. L’amour
suprême de John et de McCoy, c’est déjà l’authenticité du jazz, et ils y sont, l’un
comme l’autre, investis body and soul,
«extrémistes» comme le dit McCoy, dans un art dont ils ont senti et sans doute
compris instinctivement toutes les implications pour l’ensemble de la condition
afro-américaine, pour leur communauté, un art si différent pour cette raison, une expression plus qu'une forme.
La maturité artistique précoce du jeune McCoy Tyner
s’explique par toutes ces présences imposantes autour de lui (Bud et Richie
Powell, John Coltrane, les frères Heath et la richesse du jazz de la cité…). Les premiers enregistrements de
McCoy Tyner en leader pour Bob Thiele chez Impulse!, dès 1962, sont à leur
sortie déjà des classiques accomplis et le restent 60 ans après. Ils se
distinguent de la construction du grand-œuvre de John Coltrane par une forme
déjà cohérente, aboutie dès Inception
(Impulse! A8). Ils vont, avec le quartet de John Coltrane, durablement
influencer l’histoire du jazz, celle du piano jazz en particulier, en créant
cette voix alternative à la musique de Miles Davis qui donnent d’autres modèles
d’envergure sur l'instrument comme Bill Evans, puis plus superficiel, Keith Jarrett, et moins profond, Herbie Hancock,
plus formel pour Bill Evans et plus sensible à l’air du temps et aux modes pour
Herbie Hancock, bien qu’enraciné, moins authentiquement et profondément jazz
dans les deux cas. Contrairement à ce qu’on vient de lire dans les nécrologies
du pianiste, McCoy Tyner n’influence pas tous
les pianistes, et ce tournant des années 1960 va générer plusieurs
esthétiques parallèles voire divergentes du jazz, difficilement conciliables,
même si McCoy Tyner a énormément de respect pour des confrères pianistes qui le
lui rendent, et une solidarité inébranlable pour ses confrères musiciens.
McCoy Tyner et Al Foster, Bergame 2003 Bobby Hutcherson, McCoy Tyner et Eric Harland, Vienne 2002 © Umberto Germinale © Pascal Kober
Ce chemin d’authenticité aussi bien de John Coltrane que de
McCoy Tyner offre une descendance particulière, une survivance au jazz qui le
préserve pendant deux décennies, malgré les difficultés liées au développement
de la société de consommation de masse et aux recherches de notoriété forcées
de Miles Davis dans un autre champ et avec un autre public que celui du jazz. La puissance qui se manifeste de 1960 à 1965 dans le fameux
quartet de John Coltrane, une symbiose expressive entre quatre musiciens partageant
plus que de la musique, a été la sauvegarde d’une certaine idée du jazz, hot comme votre revue le décrit depuis
1935 (avec quelques débats internes houleux à toutes les époques), c’est-à-dire
où la vérité de l’expression, son intensité et son enracinement dans le blues,
le spiritual et le swing, sont les moteurs essentiels de l’expression à
l’exclusion de toute complaisance et de tout enfermement dans une esthétique,
une chapelle, une époque, un académisme ou un système. Cette définition de l’art qu’on appelle le jazz, qui a eu besoin
du qualificatif hot pour se
distinguer, en fait frémir beaucoup depuis un siècle, et pourtant elle est la
seule qui soit de mise quand on parle des grands artistes depuis Bessie Smith,
Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Mahalia Jackson, Louis Armstrong, Duke Ellington,
Count Basie, Coleman Hawkins, Lester Young, jusqu’à John Coltrane, en passant
par Roy Eldridge, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Charles Mingus, Art Blakey,
Max Roach, et beaucoup d’autres encore bien entendu car le jazz est une musique
populaire, démocratique dans sa pratique, à base large, généreuse en artistes
vrais –McCoy Tyner est de ce bois– en génies, connus ou méconnus. Comme le percevait le pas si «dizzy» Birks Gillespie, le jazz n'est pas un jeu:
«Beaucoup sont morts pour cette musique.»2
C’est à partir de ce solide fondement, que va s’élaborer la carrière de McCoy Tyner, illustrée par les collaborations les plus relevées,
mais jamais dans le clinquant, la complaisance ou dans la mode, bien que le grand pianiste ait
multiplié les inventions (sur le plan technique, sa manière d’aborder le clavier
et de faire sonner l’instrument), les rencontres, les ouvertures à toutes les influences, les
atmosphères, les musiques, mais toujours en respectant ses fondamentaux, ceux
intégrés dès sa jeunesse: swing, blues
and spiritual.
McCoy Tyner, Jazz à Vitoria 1998 © Jose Horna
Tout cela vous est déjà conté par touches dans Jazz Hot depuis les années soixante,
souvent par la voix même de cet homme abordable, modeste et d’une grande gentillesse qu’a toujours été McCoy Tyner (n°217-1966, n°306-1974, n°311-1974,
n°318-1975, n°389-1981, n°491/492-1992, n°554-1998, n°618-2005). Nous avons à
cet égard le souvenir d’un déjeuner avec l’équipe en toute simplicité du côté
du jardin du Palais Royal à Paris, lors de la publication des deux numéros
consacrés à John Coltrane et à lui-même en 1992. Un moment de clarté et de
précisions dans chacune de ces phrases portant sur son histoire, celle du jazz
et de sa communauté, sans emphase, avec la simplicité d’un homme profond, d’un
sage, the Wise One qu’il est devenu dans
le sillage de son aîné, John Coltrane.
La dernière grande discographie (tous les albums en leader
sont détaillés –dates, titres, formations, références– et illustrés, ainsi que
les participations en sideman) date de 2005 dans le n°618, le numéro des 70 ans
de Jazz Hot, et il vous appartient de
relire ces articles (depuis les années 1960) et cette discographie –que nous complétons dans ce texte pour les rares productions postérieures à l'article. La discographie reste aujourd’hui une bonne mémoire d’un parcours en jazz de haut niveau,
qui s’est aussi déroulé, ne l'oublions pas, hors enregistrement, sur des centaines de scènes du
monde. La vidéographie, à la suite de cet article, fait revivre cette partie de
l’œuvre: on retrouve en live le
formidable artiste qu’est McCoy Tyner pour l’éternité. Nous avons aussi sollicité quelques témoignages de ses pairs musiciens. En cours de collecte, ils feront l'objet d'une parution prochaine.
Le style pianistique de McCoy Tyner est inspiré, bien que
magistralement transformé, par Bud Powell et Art Tatum, avec cette manière de
remplir l’espace; de Bach aussi, si on cherche plus loin; avec la profusion de
notes, la virtuosité et l’intensité. De Thelonious Monk et Duke Ellington, régulièrement
honorés par McCoy Tyner, reste une puissance anguleuse, une attaque vigoureuse. Sa
main gauche, puissante, percussive et rythmiquement complexe, est une vraie
signature, comme le sont ses déboulés de notes saccadées, ses blocks chords, son utilisation des
intervalles. C’est dans sa manière de faire vibrer et résonner l’instrument, de littéralement le mettre en
transe par la puissance conjuguée de son attaque et de son jeu de pédales, dans
ses grandes nuances d’expression du forte au pianissimo (titre de cet article et thème à écouter pendant votre lecture) de l'ampleur symphonique à la mélodie la plus douce et simple, qu’il apporte un caractère indispensable à l’originalité
de son expression, avec un style en «cinémascope» aussi impressionnant que
celui d’un de ces devanciers, Erroll Garner, dont il partage aussi la richesse
et la puissance rythmique, bien que la manière et le résultat soient très
différents au-delà du swing et du blues qu'ils partagent. Le son de McCoy Tyner est aussi indispensable à l’univers et à
toute l’œuvre de John Coltrane, impensable sans le pianiste, de «My Favorite
Things» à A Love Supreme, de
«Lonnie’s Lament» à «Alabama» et à Crescent
dans son ensemble. Le piano de McCoy sonne parfois comme un grand orgue de
cathédrale, comme des chœurs, dimension incontournable de la musique spirituelle
du quartet de John Coltrane. McCoy Tyner est de ces accompagnateurs qui se
rendent indispensables à l’expression du leader, parce qu’ils ne sont pas des sidemen comme le disait Louis Hayes qui fut un compagnon régulier de McCoy Tyner.
McCoy est un pan de la musique du John Coltrane Quartet, au même titre que son
leader, qu’Elvin Jones et ses nappes de percussions, que le tempo sombre de
Jimmy Garrison. Plus, McCoy Tyner est le principal continuateur de cette musique, de cette spiritualité du John Coltrane Quartet, avec Pharoah Sanders, et c'est ainsi qu'il a été identifié par une génération de jeunes musiciens qui ont marché dans ces pas, voire à ses côtés, qui ont fait de McCoy Tyner un leader naturel, par l’esprit, sans qu'il n'ait jamais rien revendiqué de tel.
Capable de la plus grande intensité, il est aussi à l’aise
en solo qu’en trio, quartet et jusqu’au big band. Mais McCoy Tyner possède
aussi le sens des nuances, de la mélodie, des atmosphères apaisées qui
contrastent dans un grand écart de volume et une gamme d’expressions pour faire valoir sa
poésie, ses idées fulgurantes et ses inspirations classiques, celles de
l’histoire du jazz qu’il maîtrise (le stride est une partie intégrante de son
jeu comme pour Thelonious Monk, mais un stride signé Tyner), comme
celle de la musique classique, le piano de concert de Bach à Beethoven dont il
possède le débit et le souffle en passant par Chopin et Debussy pour les envolées, le lyrisme et l’harmonie. McCoy Tyner maîtrise aussi la free form, capable de jouer in et out avec la même cohérence, la même invention, le même pouvoir incantatoire, capable donc de jouer avec David Murray, Pharoah Sanders, Bobby Hutcherson et Stéphane Grappelli, sans aucun hiatus, car il reste lui-même et que la musique devient instantanément celle de McCoy Tyner, comme on peut le dire de tous les artistes d’exception dans le jazz, à commencer par Bud, Monk et Tatum…
McCoy Tyner, Gary Bartz, Gerald Cannon, Eric Kamau Gravatt © Umberto Germinale
Son inspiration s’est sans arrêt nourrie de multiples
influences: de l’Afrique fantasmée de tout Afro-Américain (Louis Armstrong, Duke
Ellington, Randy Weston, John Coltrane, lequel d’entre eux n’a pas rêvé l’Afrique à sa manière?)
qu’il a cultivée dès son adolescence avec un percussionniste ghanéen installé à
Philly, dans la proximité de la maison familiale, de l’orient et
l’extrême-orient, du Brésil et de l’Europe. McCoy Tyner utilise ces influences
comme des couleurs, parfois violentes, parfois douces.
McCoy Tyner inspire ainsi toute une génération de pianistes
de jazz –mais pas tous les pianistes qui se réclament du jazz– sur tous les
continents. Son expression, comme celle de son ami John Coltrane, comme celle
de Thelonious Monk, sont de celles qui hypnotisent, fascinent, submergent, engloutissent.
On rentre dans un monde, comme chez Bud Powell, Art Tatum et Duke Ellington,
ses Maîtres.
McCoy Tyner à la fin des années 1970 © photo X, by courtesy of Columbia
Ce monde est aussi, il faut le souligner, celui d’un
compositeur particulier, dont le ton est étroitement lié à l’expression. Si
McCoy Tyner joue des standards choisis du great
song book (Gershwin, Berlin, Porter, Rodgers, Arlen Hammerstein…), il garde une prédilection pour le répertoire coltranien
(«Naima», «Crescent», «Lonnie’s Lament», «The Wise One»…) dont il reprend
périodiquement la thématique, pour les compositions de Duke Ellington,
omniprésentes dans son œuvre enregistrée, pour celles de Thelonious Monk, fréquentes, et de Bud Powell qu’il n’oublie jamais. A côté de ses aînés, il glisse de
splendides compositions personnelles («Blues on the Corner», «Passion Dance»,
«Ballad for Aisha», «Search for Peace», «Four by Five», «Contemplation»,
«Contemporary Focus», «The Greeting», «Song for My Lady», «Three Flowers», «Effendi», «Mode to John», «Man From Tanganika», «The High Priest», «Lee Plus Three»…) et une quantité de
belles compositions modales inspirées par l’Afrique (albums Sahara, Extensions, «Nubia»…), construites comme des suites ellingtoniennes, une série de blues originaux dans leur forme, dédiés parfois à des
anciens comme ce «Blues for Fatha» (Earl Hines), qu’il rencontra tardivement et pourtant qui présente tant de similitudes avec son jeu (ruptures de rythme, puissance, main gauche, accents, échappées libres…). McCoy Tyner, le concertiste brillant dans la lignée d’Earl Hines, Erroll Garner, ne doit pas
faire oublier le compositeur, créateur d'un monde sonore aussi original que celui de Thelonious Monk. Son écriture est d’ailleurs, comme pour son modèle, un prolongement évident de ce qu’il réalise sur son instrument, très expressive, puissante, ample et
tendre, liée à des moyens instrumentaux hors normes, comme on a pu le dire pour Chopin ou Liszt.
Sa production discographique en leader (près d’une centaine
d’enregistrements) et en sideman (près de 150 enregistrements et pas des
moindres) est un véritable trésor du jazz, et il a contribué à graver de belles
faces pour un grand nombre de labels: Impulse!, Blue Note, Milestone, Telarc, mais
pas seulement. Il expliquait que son errance entre les labels était sa manière
de gérer les relations avec une édition phonographique peu soucieuse du
développement des artistes, et qu’il avait choisi ce moindre mal.
Michael Brecker et McCoy Tyner © Umberto Germinale
Dans ce long parcours, on distinguera bien entendu la production initiale chez Impulse! qui impose son style (1962-64) avec les aujourd’hui classiques Inception, Reaching Fourth, Nights of Ballads and Blues, Plays Duke Ellington; les années Blue Note (1967-70) avec les non moins intéressants Tender Moments (avec Lee Morgan, Julian Priester, James Spaulding, Bennie Maupin, Howard Johnson, Joe Chambers), The Real McCoy, Expansions, Cosmos, Extensions, Asante(avec aux percussions le fils de Jimmy Heath, James Mtume), une période où le pianiste développe dans sa musique l’ouverture aux influences du monde, de l’Afrique, de l’Asie; la période Milestone (1972-80), très riche en albums passionnants qui poursuivent l’élargissement de son répertoire, l’affirmation d’un style luxuriant avec de véritables suites, comme Sahara, Song for My Lady, Echoes of a Friend, Enlightenment, Song of the New World, Samalayuca, Atlantis, Trident, Fly With the Wind, Together, Passion Dance, McCoy Tyner Quartet, 13th House.
McCoy Tyner, Vitoria, 2002 © Jose Horna
Après le moment intense du John Coltrane Quartet, qui ne l’a pas privé de nombreuses collaborations hors du quartet avec le meilleur du jazz chez Impulse! ou chez Blue Note (Joe Henderson, Art Blakey, Grant Green, J.J. Johnson, Wayne Shorter, Milt Jackson, Stanley Turrentine, Freddie Hubbard…), McCoy intensifie ses collaborations avec Lee Morgan, Hank Mobley, Sonny Stitt, Donald Byrd, Lou Donaldson, Bobby Hutcherson, Stanley Turrentine. Après 1967, McCoy
Tyner a attiré à lui toute une génération de musiciens impliqués à la fois dans
l’esprit combatif du temps (symbolisé par le label autogéré Strata-East Records
de Stanley Cowell, un héritier de McCoy Tyner, Charles Tolliver, Cecil McBee…)
et quelque peu orphelin du monde coltranien trop vite disparu. Ces musiciens sont
les porte-parole d’un jazz moderne qui ne sacrifie ni ses racines populaires, ni aux modes et aux systèmes, post coltranien, très expressif, enraciné,
sans compromis, mais privé de place dans les années 1970 pour des raisons de
développement des musiques de mode et de consommation de masse, adolescentes: Sonny Fortune, Avery
Sharpe, Louis Hayes, Woody Shaw, David Murray, Pharoah Sanders, Gary Bartz, Arthur
Blythe, Chico Freeman, Joe Henderson, Bobby Hutcherson, Jon Faddis, Bennie Maupin, Julian Priester, James Spaulding, Bob Northern, Howard Johnson, Joe Chambers, George
Adams, Jack DeJohnette, Joe Ford, Aaron Scott, Guilherme Franco, Jackie McLean,
Ron Carter, Tony Williams… On le voit, c’est, en dehors de quelques musiciens
installés, la relève d’un jazz de culture qui ne se soumet pas à l’air
du temps, et ces musiciens sont solidement devancés et aidés dans ce renouvellement par
un jazz très riche avec la plupart de ses grands leaders encore vivants qui poursuivent dans un chemin d’une grande intégrité artistique: Dizzy
Gillespie, Art Blakey, Horace Silver, Max Roach, Lou Donaldson, et beaucoup d'autres, même si les rangs commencent à s’éclaircir (Coleman Hawkins, 1969, Johnny Hodges, 1970, Louis Armstrong, 1971, Ben Webster, 1973, Duke Ellington, 1974, Charles
Mingus, 1979, Thelonious Monk, 1982, Count Basie, 1984).
Bien entendu, McCoy Tyner génère aussi une descendance
pianistique, Stanley Cowell, John Hicks, George Cables, Larry Willis, Mulgrew Miller, James
Williams, Harold Mabern (même si ces trois derniers ont aussi une autre forte
influence en la personne de Phineas Newborn), Kenny Barron même, dont le jeu
déjà formé ne peut manquer de s’inspirer de McCoy Tyner. C’est cette
génération, parfois en marge ou dans l’ombre, qui va prolonger et renouveler ce
que le jazz a de meilleur et de plus authentique.
Dans les années 1980, l’errance entre labels s’accentue:
Columbia, Evidence, Palo Alto, Blue Note, Denon, Paddle Wheel, Elektra, Blue
Note à nouveau, Milestone. Si Blue Note, dont c’est la réactivation grâce aux
musiciens qui ont fait sa gloire, domine, l’éclatement de la production de
McCoy Tyner est complet, ce qui n’amoindrit en rien la qualité, car le pianiste
impose ses curiosités aux labels avec une force toute souriante. Et il
varie aussi les formules, passant du big band au solo (Revelations, 1988), du trio au quintet, de l’orchestre acoustique à
l’orchestre à cordes.
Fidèles parmi les fidèles, Louis Hayes (dm, Jazz Hot n°685) et Avery Sharpe (b),
sont la section rythmique de beaucoup de ses albums. Quelques disques en hommage
à John Coltrane, avec des anciens de l’orchestre (Pharoah Sanders, Elvin Jones,
Roy Haynes, Reggie Workman…), décennie après décennie, viennent déjà nous
rappeler que le temps passe vite. Quelques belles rencontres all stars, avec
Sonny Rollins, Ron Carter et Al Foster (Milestone Jazzstars, 1978) ou Elvin Jones (1982), Roy Haynes (1987), George Adams (1989), Stéphane Grappelli (1990), Bobby Hutcherson (1993) attestent du statut et de la notoriété du pianiste.
McCoy Tyner, Steve Turre, Wallace Roney, Donald Harrison, Eric Alexander, San Sebastián 2006 © Jose Horna
Dans les années 1990, McCoy choisit plus souvent de jouer en
soliste, et donne de splendides démonstrations de son art du piano: Soliloquy, 1991, Warsaw Concert, 1991, Jazz
Roots, 2000. Il choisit parfois la rencontre au sommet et complice avec
Bobby Hutcherson (Manhattan Moods,
1993, Blue Note), ou avec Claudio Roditi, lui aussi récemment disparu (Autumn
Mood, Laserlight) avant le retour chez Impulse! pour une série
d’enregistrements explorant des géométries très variées du trio (Live
at the Village Vanguard) au grand orchestre à cordes (The Music of Burt Bacharach, pas le meilleur album en raison des compositions), en passant par le quartet-quintet (Infinity avec Michael Brecker). Chez Telarc, il continue son chemin de curiosité, au gré de
ses choix, du solo au nonet, explorant la couleur latine (And the Latin All Stars) ou le jazz le plus direct (Land of Giants, Illuminations).
Dans les années 2000-2010, McCoy Tyner, visiblement fatigué
et touché par la maladie se fait rare. Sa silhouette, devenue fragile et
filiforme, et sa musique illuminent encore quelques scènes en quelques
occasions. Il enregistre en 2006 un album (CD-DVD), Guitars, à la rencontre de cinq
guitaristes à la lisière du jazz pour la plupart (Bela Fleck, Bill Frisell,
Marc Ribot, John Scofield, Derek Trucks) pour le label Half Note, pour un résultat décevant, en
dehors de l’intervention de John Scofield, le seul à partager au fond
l’héritage du trio exceptionnel McCoy Tyner-Ron Carter-Jack DeJohnette, et qui
a déjà croisé la route de McCoy Tyner en 1989 (Things Ain’t What They Used to Be, Blue Note) avec «Joy
Spring» de Clifford Brown, dans ce disque où l’on trouve aussi un duo avec
George Adams sur «My One and Only Love».
Toujours en 2006, il enregistre, encore pour Half Note, un
disque en quartet avec Joe Lovano, dans un esprit plus proche de l'ensemble de son œuvre, avec toujours une section rythmique de luxe (Christian McBride et Jeff Tain Watts), avant de clore en 2007 son œuvre
enregistrée en leader, toujours chez Half Note, par un album en live à San Francisco, et en solo, la
formule où il se sent le plus libre, et où l’on
retrouve l’esprit et la manière de ce pianiste de légende.
Il donnera encore en 2016 des concerts à Central Park à New
York, à La Villette à Paris, au Blue Note à New York.
McCoy Tyner, Nice 2009 © Umberto Germinale
En 2002, McCoy Tyner a été distingué du titre de Jazz Master du National Endowment for
the Arts, la distinction créée par le président Lyndon B. Johnson pour honorer
la diversité culturelle des Etats-Unis. McCoy Tyner a été distingué dans sa
carrière par plusieurs Grammy Awards.
Dans le film, une comédie, Be Kind Rewind, en 2008, de Michel Gondry, McCoy Tyner est acteur en
simple figurant, et joue le rôle d’un fan de Fats Waller.
Son thème «Contemporary Focus» est intégré à la bande-son du
film Selma d’Ava DuVernay (2014), relatant un épisode crucial de la lutte pour les droits
civils, la marche de Selma à Montgomery en 1965 pour le droit de vote effectif
des Afro-Américain(e)s.
McCoy Tyner laisse dans la peine son épouse Aisha
(inspiratrice du splendide thème «Ballad for Aisha»), son fils
Nurudeen, sa sœur, Gwendolyn-Yvette, son frère Jarvis, plusieurs petits-enfants,
sans oublier la communauté du jazz, musiciens et amateurs.
Après la disparition récente de Jimmy Heath et maintenant la
perte de McCoy Tyner, on espère, sans en être sûr, que la ville de Philadelphie
aura à cœur d’honorer cette année deux éminents citoyens qui font la richesse
et la gloire de la cité de l’amour fraternel. Yves Sportis Photos © Umberto Germinale-Phocus, Jose Horna et Pascal Kober
1. «A Little Pianissimo» est une improvisation de McCoy Tyner en live (Album Milestone Jazzstars, 1978). On peut l'écouter en cliquant sur le titre de l'article. 2. «Le jazz hot, par conséquent, est une expression et une communication, une manifestation musicale et sociale, et Blue Note Records s’attache à identifier sa pulsation, pas ses apparats sensationnels et commerciaux.», Alfred Lion, mai 1939, communiqué Blue Note.
McCOY TYNER et JAZZ HOT n°217-1966, n°306-1974, n°311-1974, n°318-1975, n°389-1981, n°491-1992, n°554-1998, n°618-2005
SITE: https://mccoytyner.com
McCoy Tyner, Vienne 2002 © Pascal Kober
VIDEOGRAPHIE par Hélène Sportis
1961. «My Favorite Things», John Coltrane, McCoy Tyner, Eric Dolphy (fl), Reggie Workman (b), Elvin Jones (dm), The Reelin' In The Years/JazzIcon, 10’45’’
1963. John Coltrane, McCoy Tyner, Jimmy Garrison (b), Elvin Jones (dm), Ralph J Gleason’s Jazz Casual, National Educational Television, San Francisco, 7 décembre, 29’50’’
1965. John Coltrane, McCoy Tyner, Jimmy Garrison (b), Elvin Jones (dm), Festival de Comblain-la-Tour, Belgique, 1er août, 39’06’’, émission Jazz pour tous, archives RTBF/Sonuma
1965. «A Love Supreme», «Naima», John Coltrane, McCoy Tyner, Jimmy Garrison (b), Elvin Jones (dm), Festival Jazz d’Antibes-Juan-les-Pins, 12 juillet, INA, 12’40’’ + 7’13’’
1965. «Impressions», John Coltrane, McCoy Tyner, Jimmy Garrison (b), Elvin Jones (dm), 19’09’’
1973. «Walk Spirit, Talk Spirit», McCoy Tyner, Azar Lawrence (ts), Juini Booth (b), Alphonse Mouzon (dm), 7 juillet Montreux Jazz Festival, 19’37’’ + 32’16’’ + 18’05’’
1974. McCoy Tyner, Azar Lawrence (ts,ss), Antonio Guilherme de Souza Franco (perc), Juiny Booth (b), Wilbert Fletcher (dm), Berliner Jazztage, 1er novembre, Jazzline, WDR, 29’48’’
1975. McCoy Tyner, Azar Lawrence (s), Juini Booth (b), E.W. Wainwright Jr. (dm), Antonio Guilherme de Souza Franco (perc), Molde Jazz Festival, Norvège, Septembre, NRK, 41’11’’
1981. The New York Montreux Connection: McCoy Tyner, Arthur Blythe/Paquito D'Riviera (as), Chico Freeman (ts), Joe Ford (ss,as,fl), John Blake (vln), Avery Sharpe (b), Ronnie Burrage (dm), 18 juillet, 48’18’’
1983. McCoy Tyner piano solo, Munich Summer Piano Festival
1985. McCoy Tyner, Pharoah Sanders (s), Avery Shape (b), Louis Hayes (dm), Lugano Estival Jazz, 10’49’’ + 25’38’’ + 10’06’’
1986. McCoy Tyner, Joe Henderson (ts), Freddie Hubbard (tp), Avery Shape (b), Louis Hayes (dm), Jazz Ost-West Nuremberg, 1h02’19’’
1986. McCoy Tyner, Joe Henderson (ts), Freddie Hubbard (tp), Avery Shape (b), Louis Hayes (dm), Umbria Jazz, Italie, 15 juillet, 56’27’’
1986. McCoy Tyner, Joe Henderson (ts), Woody Shaw/Freddie Hubbard (tp), Avery Shape (b), Louis Hayes (dm), Jazz à Juan, 26’47’’
1986. Implosions, McCoy Tyner, Roger Kellaway (p), Frank Morgan (as,ss), Ernie Watts (s,fl), Randy Brecker (tp), Eric Gale (g), Stanley Clarke (b), Peter Erskine (dm), Jazzvisions TV show, décembre, Wiltern Theater, Los Angeles CA, 28’01’’
1987. «A Love Supreme Memorial Concert», McCoy Tyner, Sonny Fortune (ts), Freddie Hubbard (tp), Regie Workman (b), Elvin Jones (dm), 10ème Messina Jazz Meeting, Italie, 50’47’’
1989. McCoy Tyner, George Benson (g), Avery Shape (b), Aaron Scott (dm), Montreux, 18’56’’
1990. McCoy Tyner Trio, Newport Jazz Festival, 19 août, 30’58’’
1990. «Fly With the Wind», McCoy Tyner Big Band, Earl Gardner/Virgil Jones/Kamau Adilifu (tp), Frank Lacy/Clark Gayton (tb), John Clark (cor), Howard Johnson (tu), Doug Harris/Joe Ford (ss, as, fl), John Stubblefield (ts), Avery Sharpe (b), Aaron Scott (dm), JazzFest Berlin, 20’51’’ 1991. McCoy Tyner, Stéphane Grappelli, Marc Fosset (g), Jean-Philippe Viret (b), concert intégral + «I Didn’t Know What Time It Was», «How High is the Moon», Operetta House, Varsovie Jazz Festival, Lyra Productions, 25 Octobre, 1h24’40’’ 1991. «I Didn’t Know What Time It Was», Stéphane Grappelli, McCoy Tyner, Marc Fosset (g), Jean-Philippe Viret (b), Operetta House, Varsovie Jazz Festival, Octobre, 6’39’’1996. «Giant Steps», McCoy Tyner, Festival de Hambourg, 3’35’’
1997. McCoy Tyner, Avery Shape (b), Aaron Scott (dm), Jazz Festival de Berlin, 20 juin, NDR German TV, 56’56’’
1998. McCoy Tyner Trio et Michael Brecker (ts), Newport Jazz Festival, 15 août, 1h00’10’’
2000. Nice Jazz Festival, McCoy Tyner, Charnett Moffett (b), Al Foster (dm), Zycopolis Prod., 42’12’’,
2001. «Changes », «To Hear a Teardrop in the Rain», «Mellow Minor», «Home», McCoy Tyner, Chico Freeman (ts), Avery Shape (b), Aaron Scott (dm), JazzBaltica Salzau, Allemagne, 30 juin-1er Juillet, 15’00’’ + 14’55’’ + 9’58’’ + 15’51’’
https://www.youtube.com/watch?v=ubSu157Q7Vo
McCoy Tyner, Grenoble 2005 © Pascal Kober 2002. McCoy Tyner, Bobby Hutcherson (vib), Charnett Moffett (b), Eric Harland (dm), Stefano di Battista (as) Jazzbaltica, Salzau, Allemagne, 5 juillet, 1h22’20’’
2002. «Naïma», «Moment’s Notice»,McCoy Tyner, Bobby Hutcherson (vib), Charnett Moffett (b); Eric Harland (dm), 7’47’’ + 7’33’’
2004. A Tribute to John Coltrane, McCoy Tyner, Michael Brecker (ts), Ravi Coltrane (ts,ss), Christian McBride (b), Roy Haynes (dm), Newport Jazz Festival, 10 août, 41’30’’
2007. «Fly With the Wind»,McCoy Tyner, Gary Bartz (s), Gerald L. Cannon (b), Eric Kamau Grāvātt (dm), International Jazz Festival de Viersen, Allemagne, 12’25’’
2009. Jazz Open Stuttgart, McCoy Tyner, Bill Frisell (g), Gary Bartz (as), Gerald Cannon (b), Eric Kamau Gravatt (dm), Airport Halle H1, 24 juillet, SWR, 1h20’26’’ 2012. «Walk Spirit, Talk Spirit», McCoy Tyner, Ravi Coltrane (ts, ss), Gerald Cannon (b), Montez Coleman (dm), Jazz à Vienne, 12’52’’ 2013. Live at SFJazz, McCoy Tyner, Bobby Hutcherson (vib), Joe Lovano/Joshua Redman (ts), John Handy (as), Bill Frisell (g), Esperanza Spalding/Matt Penman (b), Eric Harland (dm), 23 janvier, NPR, WBGO, WWOZ, 23’40’’
2016. Live in Central Park, McCoy Tyner, New York, NY, Juin, 28’15’’
2016. McCoy Tyner, Jazz à la Villette, 11 septembre, 8’30’’
2018. McCoy Tyner parle de John Coltrane, Jazz Stories, Lincoln Center, New York, NY, 1’15’’
Dates indéterminées:
• Prob. 1983. Live in Greece, McCoy Tyner, John Blake (vln), Gary Bartz (as), John Lee (eb), Wilby Fletcher (dm), 18’36’’
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